| | | (#)Mar 20 Mar 2018 - 2:16 | |
| L’automne pointe le bout de son nez, amenant avec lui un vent de fraîcheur qui n’est pas pour rien dans la mine souriante qu’affiche Tad depuis quelques jours. Il avait réussi à survivre à un été supplémentaire. Une nouvelle croix sur le calendrier lui laissant le loisir de jouir du reste de l’année sans inquiétude, ou presque, puisqu’un retour au point de départ était inévitable. Calendrier qui soit dit en passant a des airs de comptes à rebour depuis quelques temps aux yeux du jeune homme. La fatalité voulant qu’à la fin de celui-ci (à quelques jours près) il marque son trentième anniversaire. Tad n’a jamais été le genre à avoir peur de grandir (un comble pour un adulte coincé à garder l’âge mental d’un gosse de quinze ans) et à regretter que les années défilent. Son quart de siècle ne l’avait pas bousculé et en elle-même, sa trentaine ne l’amène pas à compter ce qu’il lui reste de cheveux roux avant que le blanc ne fasse sa marque sur lui ou à acheter un gros véhicule pour compenser un complexe. Toutefois, il reste une chose dont il prend un peu plus conscience au fur et à mesure que les jours défilent sur le calendrier : sa stagnation. Il avait abandonné un avenir prometteur de chirurgien sans regret, il avait trouvé un emploi alliant apprentissage et divertissement à la morgue mais, il avait commencé à faire naître en lui un ennui de n’être qu’un assistant. Et cet ennui, ne sachant trop quoi en faire, il avait essayé de le combler en faisant renaître le Street Cat de ses cendres. Presque un an depuis que Lou s’est sortie d’affaire et de l’hôpital. Presque un an de sobriété. Un an, c’est ce qu’il avait fixé avec Anwar avant de commencer à voir plus loin et de faire des projets, un an, c’était l’objectif à atteindre avant de commencer les choses sérieuse et à vraiment chercher à développer le band, à faire autre chose que des soirées open-mic et des scènes partagées dans des bars un peu pourris. Et cette opportunité de faire quelque chose du groupe avait gonflé Tad à bloc ces dernières semaines, à point qu’il était parvenu à produire masse de mélodie qu’il faudrait exploiter, développer pour les produire pour de vrai et se sortir des reprises, qui bien qu’elles soient jouées avec brio, ne fait pas d’eux des personnes à prendre au sérieux. Et c’est ainsi que Tad s’était équipé de tout ce qu’il avait écrit et composé et qu’il s’est mis en route vers le domicile de son félin adoré. Parce que c’est maintenant, le moment où on donne l’élan et où les choses changent. Pas sûr pourtant que tout l’monde ait eu la note. Il n’a pas encore osé aborder le sujet lors des dernières répètes, mais quand les sons seront prêts, il n’y aura plus qu’à. « Hello ! J’te dérange ? » Qu’il annonce, tout souriant, alors qu’Anwar, pas prévenu lui ouvre la porte. « Je sais, je sais, faut que j’arrête de débarquer comme ça, mais je ne pouvais pas attendre et si je t’avais appelé, j’aurais fini par tout t’dire au téléphone et c’est bien mieux qu’on cause en face en face. » Au moins parce que c’est plus simple d’avoir fois en Tad quand on a sa p’tite dace devant soi qu’au bout du combiné. « Donc, je peux entrer ? » |
| | | | (#)Dim 22 Avr 2018 - 16:02 | |
| L’éveil sur les premiers accords d’un morceau de Gershwin avait poussé Anwar à ne pas quitter ses draps tout de suite et à refermer les yeux pour se laisser porter par les notes du piano qui s’égrenaient à l’étage du dessus. Depuis le départ de Tarek et les rares week-ends que le Queensland City Ballet autorisait à ses élèves en dehors de l’internat, le second étage du duplex avait été laissé à la disposition de celles ou de ceux qui le louaient occasionnellement ou régulièrement, profitant du grand miroir recouvrant l’un des côtés de la pièce et de la double rangée de barre fixées sur un autre, et avec dans l’atmosphère une odeur de colophane que la professeur du lundi et du jeudi soir laissait derrière elle au fil des leçons qu’elle dispensait à de petites ballerines en herbe. Elle était la seule à posséder un double de la clef qui permettait d’accéder au studio et à son parquet déjà usé par endroit par des heures et des heures de travail acharné, de larmes de fatigue, de sueur et d’entêtement du fils Zehri, et Anwar commençait à s’habituer à entendre le bruit mat des chaussons au gré des morceaux qu’elle passait pour s’accompagner. Bâillant à s’en décrocher la mâchoire, il avait tendu la main vers sa table de nuit pour attraper son téléphone et vérifier qu’il n’avait aucun message ; De Lou, principalement, qu’il s’astreignait à passer voir au moins une fois par jour depuis qu’il l’avait changée d’hôtel, pour se rassurer lui peut-être même plus que pour la rassurer elle. Elle avait grommelé lorsqu’il avait débarqué au petit matin après une nuit de boulot, l’avait gratifiée de la mauvaise humeur qui était la sienne lorsqu’on la tirait du lit, mais sans s’en formaliser Anwar s’était simplement satisfait de la trouver en un seul morceau et était reparti peu de temps après pour s’échouer dans son propre lit, épuisé. Prenant le pas sur la mélodie du dessus, les coups de bec rageurs que donnait Ibis dans le métal de sa cage avaient arraché au brun un « Ça va, ça va, j’arrive. » et un long soupir tandis qu’il s’étirait de tout son long, bâillait à nouveau et quittait enfin le lit pour rejoindre le salon. De plus en plus impatient, le perroquet avait offert à Anwar un regard sévère lorsqu’il avait retiré le drap qui recouvrait sa cage la nuit, mais s’était néanmoins exécuté lorsque le policier avait ouvert la grille pour faire grimper l’animal sur son avant-bras et l’amener jusqu’au perchoir où il pouvait à loisir déplier ses ailes comme il lui souhaitait. Moins mal luné qu’il n’en avait l’air, l’oiseau s’était fendu d’un croassement satisfait lorsque son maître était venu caresser le sommet de son crâne du bout des doigts. « On ne s’est pas levé du pied gauche ce matin, finalement ? » Un brin amusé, Annie avait laissé là l’animal pour rejoindre la cuisine et mettre la cafetière en route, avant de prendre le chemin de la salle de bain et d’une douche supposée terminer de le réveiller. Enfilant le premier pantalon de jogging et le premier tee-shirt qui passaient à sa portée, l’odeur du café était venue lui chatouiller les narines et lui ouvrir l’appétit au moment où la sonnette de l’entrée avait retentit et interrompu l’après-midi de chill le plus total qu’il s’apprêtait jusque-là à mettre en route. « Hello ! J’te dérange ? » Sur le pas de la porte, Tad avait son air souriant des meilleurs jours et un classeur semblant prêt à déborder sous le bras tandis qu’il enchaînait « Je sais, je sais, faut que j’arrête de débarquer comme ça, mais je ne pouvais pas attendre et si je t’avais appelé, j’aurais fini par tout t’dire au téléphone et c’est bien mieux qu’on cause en face en face. » et justifiait ainsi en effet d’une présence inopinée qui n’était pas la première et ne serait assurément pas la dernière. « Donc, je peux entrer ? » Les neurones encore en phase de réveil et les cheveux humides de la douche dont ils sortaient à peine, le brun s’était décalé sur le côté pour laisser Tad pénétrer dans l’appartement en répondant « Mi casa es tu casa. » avec une certaine légèreté, et sans que l’on puisse douter un instant que l’espagnol n’était absolument pas l’une des langues qu’il avait choisi d’étudier à l’école. « Ectoplasme ! Ectoplasme ! » Faisant état du vocabulaire dont lui avait bourré le crâne son premier propriétaire, Ibis avait accueilli Tad dans un bruissement d’ailes impatient, son regard curieux posé sur le rouquin qu’il commençait à connaître mais n’avait pas revu depuis des lustres. « Comme quoi il t’aime bien, moi ça fait trois jour qu’il me traite de Boit-sans-soif. » avait d’ailleurs fait remarquer Anwar, désormais incollable en insultes du Capitaine Haddock. « J’allais me servir un café, tu en veux un ? » Qu’il avait ensuite proposé à Tad tout en prenant le chemin de la cuisine, gageant que le jeune homme suivrait le mouvement et le suivrait tout court. Attrapant une banane dans la corbeille de fruits en faisant signe au guitariste qu’il pouvait se servir s’il en avait envie, il avait ouvert les placards pour en sortir des tasses et n’avait pas attendu d’avoir à nouveau Tad yeux dans les yeux pour questionner « Qu’est-ce que tu étais si impatient de me dire ? Ne me dis pas que tu t’es marié dans un casino de Gold Coast avec une gogo danseuse pendant la nuit. » Que fallait-il conclure du fait que ce soit la première hypothèse loufoque à avoir traversé l’esprit d’Anwar à ce sujet ? Oh et puis, peu importe, tant que la vanne faisait le job. « Tu tiens ça comme si ta vie en dépendait. » qu'il avait finalement fait remarquer à propos de ce que Tad gardait précieusement avec lui.
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| | | | (#)Ven 27 Avr 2018 - 1:31 | |
| Tad sait qu’il devrait se sentir au moins un peu coupable d’arriver comme ça de si bon matin, mais ce qu’Anwar ignore, c’est que le garçon n’a pas dormi de la nuit. Il voulait que ses démos soit parfaite et dès le moment où il s’est décidé qu’il ferait le pas, qu’il lancerait la machine, il était bien trop excité pour fermer l’œil. En parler à Annie, c’est la première étape avant d’en parler aux autres parce que c’est lui qui donne le bon conseil, et puis faut savoir si Lou est prête à ce qu’il lance la machine. Il n’a déjà aucun doute que Jack sera partant. « Mi casa es tu casa. » annonce le policier, sans avoir la certitude que Tad n’est pas venu le déranger pour rien en faisant tous ces mystères. « Ectoplasme ! Ectoplasme ! » Hurle l’oiseau de compagnie d’Anwar à son passage, sur le moment, Tad ne se dit pas que le perroquet l’insulte, l’idée lui viendrait presque de demander s’il lui a donné des cours de bonnes manières, mais Anwar anticipe. « Comme quoi il t’aime bien, moi ça fait trois jour qu’il me traite de Boit-sans-soif. » Hum, qu’il se contente de réagir en se demandant s’il doit accorder du crédit à l’oiseau et commencer à surveiller les habitudes d’Anwar en ce qui concerne son hydratation, puis un second regard sur le volatile qui n’est pas réputé pour être d’une grande intelligence finit par le faire ranger le projets dans les oubliettes de son cerveau. « Je dirais que c’est plus sympa que traîne potence, on devrait faire une jauge de ce qu’il dit pour mieux communiquer. Peut-être qu’il te dit ça parce que tu l’as vexé. » appuie Tad, l’air presque sérieux, comme la bestiole avait une âme alors qu’il sait que les mots qu’il répète n’ont jamais grand sens. « J’allais me servir un café, tu en veux un ? » propose Anwar, tandis que Tad le suit bien gentiment pour être plus à l’aise. Sa question laisse un doute et, avec ce sens de la taquinerie si propre à son espèce, il demande « Du vrai ou du faux ? » en matière de café, parce que Tad, il est comme maman sur le sujet et que le café doit avoir du goût et ne pas être une soupe un peu amère, ça, c’est pas du vrai. « Remarque, peu importe. » Qu’il finit par ajouter, après tout, s’il doit bien se contenter d’earl grey quand il fout les pieds chez Charlie, il peut boire du jus de chaussette chez Annie. « Qu’est-ce que tu étais si impatient de me dire ? Ne me dis pas que tu t’es marié dans un casino de Gold Coast avec une gogo danseuse pendant la nuit. » C’est vrai, il avait fait des mystères. Sa première réaction est d’afficher une mine de contentement, signe que ce que lui propose Anwar ne le gêne pas tellement. « I wish ! » Bon, après, faudrait expliquer à Ariane ce que fout la gogo danseuse chez lui, mais il est sûr qu’elle comprendrait si cette dernière avait une grosse poitrine. « Me jinx pas ! » Qu’il rétorque, des fois que d’en parler l’empêcher de réaliser ce rêve – qui n’en était pas un avant les cinq dernières secondes – de devenir réalité. « Tu tiens ça comme si ta vie en dépendait. » Qu’il fait remarquer au sujet de son classeur. Haha, s’il savait ce que Tad tient en main, il comprendrait qu’il soit aussi protecteur. Ne souhaitant pas tourner autour du pot plus longtemps, il entre dans le vif du sujet. « Tu t’souviens, quand on avait statué qu’on attendrait de voir si Lou tient après sa sortie de l’hôpital pour faire des projets ? » Qu’il demande, essayant de l’aiguiller vers là où il veut en venir. « On avait dit qu’on se donnait quoi ? Un an ? » Et là, la mémoire semble se rafraichir alors que Tad lâche un « Et ben, joyeux anniversaire. » tout en ouvrant le dit classeur. « Je te présente nos futurs sons, ce sont des ébauches, c’est pas terminé, je dois encore montrer ça à Jack, mais je voulais t’en parler le premier. » |
| | | | (#)Mer 23 Mai 2018 - 2:00 | |
| Comme dans une majorité de cas, le volatile de compagnie se chargeait mieux que quiconque de basculer dans les familiarités avec les invités de son propriétaire, et pour se rassurer autant que parce qu’il se savait irréprochable quant au soin qu’il prenait de l’animal Anwar préférait se dire que sa panoplie d’insultes était la seule manière pour Ibis d’exprimer son contentement. Et autant continuer de s’en persuader, peu importe que Tad ait de son côté une autre opinion sur la question « Je dirais que c’est plus sympa que traîne potence, on devrait faire une jauge de ce qu’il dit pour mieux communiquer. Peut-être qu’il te dit ça parce que tu l’as vexé. » Plissant les yeux comme s’il voyait dans la remarque du rouquin un affront totalement impardonnable, il avait agité le nez en jetant un regard vers le volatile « Faudrait pas qu’il oublie qui remplis sa mangeoire de graines tous les jours. » Et ce même lorsqu’il lui prenait l’envie irrépressible de faire des vocalises au milieu de la nuit pour dieu sait quelle raison, autre que la simple volonté d’embêter le monde. Rebroussant chemin jusqu’à la cuisine en invitant son pote à le suivre d’un geste de la main, il lui avait proposé du café et haussé les épaules au « Du vrai ou du faux ? » parce que du café c’était du café, quoi. « Remarque, peu importe. » Sortant deux tasses du placard, il avait attrapé le paquet de café dont il avait généreusement rempli le filtre peu avant l’arrivée de Tad et lu à voix haute « Café moulu, 100% Arabica. Voilà. » Est-ce que cela en faisait du vrai ou du faux café aux yeux de l’italien sous couverture ? Lui seul le savait. La cafetière faisant son œuvre, le policier en avait profité pour tenter d’en savoir plus sur la raison qui avait poussé son ami à débarquer ainsi à l’improviste, et avec sur le visage la même expression que sur celle des mômes un matin de Noël. Hasardant sur aussi extravaguant qu’improbable, pour la vanne, il avait arboré le sourire du gars qui n’en attendait pas moins de Tad lorsque ce dernier s’était exclamé « I wish ! Me jinx pas ! » avant de finalement désigner le véritable objet du délit, autrement dit le classeur que le bonhomme tenait à la main avec le même sérieux que si l’objet contenait des plans secrets de la NASA ou bien la recette de la pizza perpétuelle. « Tu t’souviens, quand on avait statué qu’on attendrait de voir si Lou tient après sa sortie de l’hôpital pour faire des projets ? On avait dit qu’on se donnait quoi ? Un an ? » Plus ou moins oui, comme l’avait confirmé Annie d’un signe de tête non sans repenser à la scène que lui avait fait Lou quelques semaines avant lorsqu’il avait eu la mauvaise idée de pointer du doigts les éventuelles embûches qui pourraient se dresser au travers de son apparente bonne volonté. « Et ben, joyeux anniversaire. Je te présente nos futurs sons, ce sont des ébauches, c’est pas terminé, je dois encore montrer ça à Jack, mais je voulais t’en parler le premier. » Se saisissant du classeur dès que Tad lui en avait laissé la possibilité, le brun avait commencé par faire défiler les pages en rafale et demandé avec une pointe d’incrédulité « Attends, tu veux dire que ça, c’est ce que tu as écrit en l’espace d’un an ? » Inutile qu’Anwar continue de chercher plus loin où s’en était allée sa propre inspiration : elle avait élu domicile chez Tad, à l’évidence, en colocation avec celle du rouquin. « C'est … Wow. » Y’en avait que leurs ruptures inspiraient efficacement, visiblement, et puis il y avait Anwar. Une autre histoire, moins utile et bien moins prolifique en terme de rimes ou de sons. « Je peux … ? » Il préférait demander deux fois qu’une, bien qu’il se doutait que Tad n’avait pas amené ses trésors simplement pour le plaisir de les agiter devant son nez sans lui laisser jeter un œil. Feuilletant les pages avec plus d’attention que la fois précédente tandis que l’odeur de café emplissait la cuisine, le batteur s’était interrompu un instant pour remplir leurs tasses avant de feuilleter à nouveau en silence, le doigt gardant une page vers laquelle il était finalement revenu en indiquant « J’aime vraiment beaucoup celui-là. C’est punchy, c’est léger … et ça se suffit à notre compo actuelle. » Autrement dit sans le chaînon manquant pour lequel Lou se réservait toujours le droit de garder une place, bien qu’Anwar soit lui plutôt d’avis que la place d’Elio n’était pas aussi indispensable qu’ils l’auraient pensé et que lui trouver un remplaçant n’était pas forcément une urgence, ou une nécessité. « Évite de parler à Lou de cette histoire de délai d’un an, d'ailleurs. Elle est encore un peu touchy à ce sujet. » Euphémisme. Buvant quelques gorgées, l’odeur et le goût de la caféine terminant de réveiller les derniers neurones pas encore totalement sortis du lit, il avait fini par rendre le classeur à son propriétaire. « Quand est-ce que tu trouves le temps d’écrire tout ça juste ? » En ayant le temps d’avoir un boulot et une vie à côté, surtout.
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| | | | (#)Jeu 28 Juin 2018 - 23:49 | |
| « Café moulu, 100% Arabica. Voilà. » Il se retient, parce qu’Anwar n’est pas un gars sensible à ces histoires de café et que pointer que souvent, ce n’est pas parce que c’est écrit 100% Arabica que c’est effectivement le cas et que ça n’a pas été dilué, que c’est au goût que ça se sait serait inutile de préciser et ne le ferait pas prendre conscience du débat parce qu’il ne saurait pas la différence entre un jus de chaussette et un vrai café moulu et préparer avec soin. Là se trouve un débat puéril et stérile qu’il se retient d’avoir en acceptant ce que son ami aura à lui proposer sans ronchonner. Après tout, s’il était capable de boire la soupe qu’on préparait à l’hôpital, un faux-café pourrait faire l’affaire. La raison de sa venue est pour lui bien plus importante et plus grande et sans traîner autour du pot, c’est le classeur de compo avec les petites cassettes qui viennent avec qu’il lui colle sous le nez, sans lui laisser l’opportunité de parler de ça plus tard. Non, Tad est nerveux et Annie, c’est la première étape de validation, c’est son premier allié pour que ses bouts de papiers entrent dans le répertoire du groupe et c’est celui sur lequel il compte le plus. « Attends, tu veux dire que ça, c’est ce que tu as écrit en l’espace d’un an ? » Il semble surpris. L’envie de lui demander ce que lui a écrit en l’espace d’un an le travaille, mais à l’entendre, mieux vaut rester ignorant à ce sujet. C’est juste que pour lui, et depuis que le groupe est remis sur pieds, c’est l’objectif numéro un que de produire à nouveau quelque chose et il avait fait en sorte que les choses ne trainent pas trop. Les reprises, c’est bien mais y’en a trop et il est temps de proposer du neuf. « Y’a quelques vieux trucs que j’avais déjà en boite et que j’ai re-travaillé vu que j’ai une bien meilleure oreille qu’à l’époque mais tout est signé de cette année. » Les arrangements, la mise à jour des morceaux. Il n’avait pas chômé et en même temps, il avait juste pratiqué des arrangements. Il n’avait pas eu que cette année pour s’y mettre mais également toute la période où Lou avait été absente. Pourquoi aurait-il attendu ce qu’il s’avait déjà ? « C'est … Wow. » Et il semble visiblement admiratif, ce qui étonne Tad au point de laisser croire qu’il en reste de marbre. C’est juste qu’il en parlait depuis un boutte qu’il bossait et que visiblement, il n’avait pas menti. « Je peux … ? » qu’il redemande alors qu’il a déjà le classeur en main. « Mais fais toi plaisir ! Je suis pas venu pour uniquement me contenter de te l’agiter sous le nez. » ajoute Tad avant de se lever de son siège pour se servir du café qui commence lentement à se faire. Occupation bateau tandis qu’Anwar feuillète et que Tad l’observe faire avec une petite boule au ventre de se faire entendre dire que c’est de la merde. (Quoique, Annie ne serait pas si violent dans ses propos) « J’aime vraiment beaucoup celui-là. C’est punchy, c’est léger … et ça se suffit à notre compo actuelle. » Qu’il fait remarquer à Tad, l’amenant à hausser les épaules. Il n’avait pas prévu de morceau prenant en compte l’utilisation d’un clavier. Elio n’était plus là, il ne donnait plus de nouvelle et après le bordel occasionné chez Nadia, Tad n’avait aucune envie de lui faire une place dans ce groupe. Le projet lui tient bien trop à cœur pour laisser le garçon tout foutre en l’air comme à son habitude. « Évite de parler à Lou de cette histoire de délai d’un an, d'ailleurs. Elle est encore un peu touchy à ce sujet. » Anwar précise, au sujet de l’année –anniversaire et Tad soupire en demandant « Hormis les licornes, sur quel sujet Lou n’est pas touchy dis-moi ? » Non parce que, tout était prétexte à ce qu’elle râle et qu’elle fasse un caprice. Tad est habitué. Tad sait gérer la demoiselle. Tad ne va pas se poser de filtre pour la fierté de sa chanteuse. Les tabou, ça gâche tout. « Quand est-ce que tu trouves le temps d’écrire tout ça juste ? » ajoute Anwar, lui faisant hausser les épaules une seconde fois alors qu’il termine sa tasse de soupe café « J’ai beaucoup de temps en ce moment au boulot. J’apprends plus vraiment, donc je mets moins de temps à faire les choses et inévitablement, j’dois occuper mes dix doigts. » C’est une vérité. Sans dire qu’il s’emmerde, c’est un peu le problème du garçon qui n’apprends plus rien dans son domaine, qui maitrise assez ses tâches pour se dégager du temps, et en dehors du temps libre au travail il ajoute « Puis, j’ai toujours officiellement plus de copine donc. » Donc, c’est du temps en plus qu’il préfère mettre à gratter sa guitare qu’à tripoter son autre instrument, malgré les passages d’Ariane à la maison, ça ne remplit pas comme une vraie relation. « Et vu que toi non plus, je me suis dit que du coup, on pourrait songer à des paroles à mettre dessus. Enfin, à voir avec Lou ce qu’elle veut chanter et je parlerais à Jack sur ce qu’il veut modifier. » Qu’il enchérit, ne voulant pas appuyer sur la corde –sensible ou non- de son futur divorce mais parce que ces mélodies maintenant, elles ont besoin de texte et c’est une partie qu’il préfère confier à Anwar, bien qu’il se dit que Lou doit avoir des choses à coucher sur papier également. Le groupe entier semble être mis à profit et dans le ton de sa voix, on ne peut s’empêcher de comprendre qu’il aimerait tout de même que ce qu’il fait reste autant à lui que possible et ne subisse pas une complète transformation de la part du canadien. « Je peux pas nier qu’il a une patte plus experte que la mienne. » Non, il ne peut pas même s’il aimerait et forcément, si on veut faire les choses bien, mieux vaut pour lui d’apprendre de quelqu’un de plus grand. [/size][/justify]
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| | | | (#)Dim 15 Juil 2018 - 12:11 | |
| À la vue du pavé que constituaient les compositions sur l’année écoulée de Tad, Anwar avait été pris d’un bref état de surprise, admiratif et sans doute aussi un peu envieux de l’inspiration prolifique dont le légiste semblait avoir été doté ces derniers mois. Probablement que, inconsciemment, le brun s'était imaginé que son passage à vide était une affaire de période plutôt que de mental, et qu'il n’avait pas été le seul à en pâtir. Corrigeant malgré tout un peu ce fait d’un « Y’a quelques vieux trucs que j’avais déjà en boite et que j’ai re-travaillé vu que j’ai une bien meilleure oreille qu’à l’époque mais tout est signé de cette année. » assuré, Tad lui avait tendu le classeur lorsque le policier avait quémandé l'autorisation pour jeter un coup d'œil plus détaillé au contenu « Mais fais toi plaisir ! Je suis pas venu pour uniquement me contenter de te l’agiter sous le nez. » L’accord obtenu, Anwar avait feuilleté les pages du dit classeur avec attention, le rouquin se servant en café dans sa vision périphérique. Pendant quelques minutes le silence n’avait été troublé que par le bruit du bec que le perroquet tapait avec régularité contre le rebord de la table basse, dans la pièce adjacente. Puis le brun avait finalement relevé les yeux sur Tad, lequel semblait attendre son verdict avec une décontraction trop forcée pour ne pas être feinte. Aucune raison pour Annie de descendre en flèche quoi que ce soit du travail de son ami, mais marquant néanmoins sa préférence sur certains textes, non sans remarquer qu’ils se prêtaient à la perfection à leur absence de clavier officiel. Peut-être le signe que remplacer Elio n’était pas aussi indispensable que prévu à la base. Ce qui avait également amené Anwar à toucher deux mots à propos de Lou et du fait que, pointer du doigt l’incertitude dont ils s’étaient tous les deux rendus coupables concernant sa capacité rester clean n’était peut-être pas la plus brillante des idées à l’heure actuelle. « Hormis les licornes, sur quel sujet Lou n’est pas touchy dis-moi ? » s’était alors vaguement moqué Tad en soupirant, la réflexion arrachant à son compère un « Ouais, bon. » qui lui donnait raison, avant de reprendre néanmoins un ton plus sérieux et un brin plus concerné pour ajouter « Mais pour de vrai, dans l’immédiat n’alimente pas sa psychose sur le fait qu’elle ne peut pas compter sur nous. » qu’un s’il te plait silencieux était presque venu ponctuer. Parce que ce n’était pas cool, pour commencer, mais aussi parce qu’Anwar voulait à tout prix s’éviter une nouvelle crise de colère de Lou et le risque qu’elle s’évapore du motel où il la planquait pour aller dieu sait où ; Pas alors que Mitchell paradait toujours en liberté et en toute impunité dans Brisbane. Mais ça impossible de l’opposer comme argument à Tad. Préférant donc en revenir au sujet principal et aux compositions du légiste, le brun s’était par ailleurs étonné qu’il puisse avoir été aussi prolifique en un an à peine, quand de son côté il n'avait pas écrit une seule ligne depuis ce qui lui semblait être une éternité et demi, et n’était même pas capable de se souvenir de quand remontait le dernier bouquin qu’il avait terminé. « J’ai beaucoup de temps en ce moment au boulot. » s’était alors justifié le musicien « J’apprends plus vraiment, donc je mets moins de temps à faire les choses et inévitablement, j’dois occuper mes dix doigts. Puis, j’ai toujours officiellement plus de copine donc. » Tiquant machinalement sur le « Officiellement ? » Anwar avait néanmoins acquiescé d’un signe de tête tandis que Tad ajoutait en descendant son café, et qu’il allait lui-même s'en servir une tasse dans laquelle il avait ajouté un morceau de sucre « Et vu que toi non plus, je me suis dit que du coup, on pourrait songer à des paroles à mettre dessus. Enfin, à voir avec Lou ce qu’elle veut chanter et je parlerais à Jack sur ce qu’il veut modifier. Je peux pas nier qu’il a une patte plus experte que la mienne. » Accueillant la proposition avec une légère grimace – que Tad prendrait peut-être à tort pour une réaction au goût du café – le brun avait préféré rebondir sur ce qui concernait Jack en justifiant « C'est son boulot, après tout. » au fait qu’il soit effectivement le plus calé d’entre eux. Et peut-être était-ce ce qu'il manquait aux Street Cats jusqu’à présent, d’où le fait que le canadien s’y soit si rapidement fait une place. Ça même Anwar et sa méfiance chronique envers les gens qu’il connaissait depuis trop peu pouvaient le voir, et s’en rendre compte. « Mais je … C’est tes morceaux, alors c’est probablement mieux que tu y mettes tes propres mots dessus. » avait-il finalement repris, le brin de malaise palpable tandis que le nez s’enfonçait dans sa tasse de café comme s’il espérait y disparaitre, et lâchait en marmonnant « Et je n’écris plus, de toute façon. » comme si au milieu des effluves de café et du reste il espérait que la confession passe sans soulever la moindre question. Mais il y avait quelque chose de tellement frustrant, de profondément injuste en son for intérieur, de voir Tad et sa montagne de composition et de penser à la page blanche qui le narguait depuis … Depuis des siècles, lui semblait-il.
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| | | | (#)Mar 24 Juil 2018 - 0:00 | |
| Tad se fait un plaisir d’afficher la mine fière au moment où Anwar lui donne raison au sujet de sa remarque sur Lou. Malheureusement, cela souligne une vérité, celle qu’il commence à être pénible de devoir faire attention à ses mots et ce qu’il dit pour ne pas risquer de perdre le peu de stabilité que la jeune femme a su insufflé à son quotidien. « Mais pour de vrai, dans l’immédiat n’alimente pas sa psychose sur le fait qu’elle ne peut pas compter sur nous. » Il soupire. Ils ont reformé le groupe à la minute où elle est sortie de l’hôpital, ils ont répondu présent et même que là, maintenant, Tad a les mains pleines de chanson qu’il a composé pour qu’elle les chante en public, pour qu’elle ait quelque chose qui la défonce autant que le faisaient ses piquouzes mais qui soit bien meilleur pour sa santé, son avenir, tout. Il soupire, en se demandant ce qu’il lui faudrait à Lou pour arrêter de penser que tout l’monde est contre elle. Ce n’est pas simple. A son grand regret parce qu’intérieurement, il commence à être fatigué de ces pages qui devraient être tournées depuis longtemps. Il n’enchérit pas, laissant Lou là où elle doit être. Il ne cherche même pas à travailler à Anwar pour savoir ce que tous les deux mijotent. Ariane n’avait pas tort, il était temps d’arrêter de donner. Parlant de cette dernière, il ne tarde pas à attribuer la relation bancale qu’il entretient avec elle comme l’une des raisons de son grand temps libre qu’il a mis à profit du groupe. « Officiellement ? » répète Anwar, comme si ce dernier ne comprenait directement le sous-entendu prononcé par Tad. « Officiellement. » Il le répète à son tour, avec le regard qui appuie sur le mot, sensé lui faire comprendre qu’il est pas seul mais que pour autant, chacun est chez soi à foutre la paix à l’autre et c’est probablement ça qui fait que ça marche en ce moment. Il finit par dévoiler ses intentions première en se rendant ici : lui montrer tout ça, l’inspirer, l’amener à écrire, et bien sûr, histoire que tout l’groupe passe par là, il n’hésitera pas à montrer son travail à Jack, malgré le fait qu’il ne lui fasse pas réellement confiance. C’est un gentil gars mais il a toujours du mal avec les hippies. Probablement la faute de maman qui n’a jamais fait autre chose qu’un signe de croix qu’en croisant un de ces romanichels des fois que la défonce soit contagieuse. « C'est son boulot, après tout. » Certes. Tad prend la remarque comme une tentative du policier de réduire le complexe qu’il peut sentir face à ce gars venu de nulle part et qui sait accorder une gratte en bidouillant trois accord. A cela, il hausse les épaules, étant d’accord avec lui mais ça ne l’empêche pas de devoir faire face à la vérité. « Mais je … C’est tes morceaux, alors c’est probablement mieux que tu y mettes tes propres mots dessus. » Qu’il poursuit, amenant une mine outré sur le visage de Tad. Il n’aurait pas cru qu’Anwar se défile aussi vite alors qu’il lui amène tout ça sur un plateau d’argent. « Et je n’écris plus, de toute façon. » Qu’il rajoute, histoire d’appuyer son refus mais Tad est déjà en train d’hocher la tête. Pas d’accord le gars. « Nope. Nope. » Il repousse le tout sur la table, direction Anwar. « Je suis un musicien moi, pas un poète. C’est toi qui sais écrire en plus, pas moi. » Et ça, c’est vrai, parce que si Tad était assez fort pour pipeauter quelques mots à Ariane quand elle rédige ses articles, l’exercice est tout autre. « Ne me force pas à te supplier, ça nous mettrait mal à l’aise. » Surtout quand on sait jusqu’où Tad est capable d’aller. « Je suis sûre que tu seras capable de t’y remettre. Et si jamais, je balancerais tout à Lou et elle te cassera les pieds. » |
| | | | (#)Mar 7 Aoû 2018 - 19:14 | |
| Le point Lou refermé, avec malgré tout dans un coin de la tête le mauvais pressentiment lui assurant que tout cela finirait mal – et pas forcément par la faute de Lou – un jour ou l'autre, Anwar n'avait pas insisté et pris le parti de se concentrer sur ce qui avait poussé Tad à – presque – le tirer du lit. Encore que le légiste ne pouvait pas deviner qu'il descendait tout juste d'un shift de nuit, et maintenant qu'il y songeait Anwar n'avait même pas jeté un œil à l'heure qu'il était avant de sauter dans la douche. Mais Tad, donc, Tad et sa montagne de compositions presque sorties de sa manche tel un numéro de prestidigitation, réveillant malgré lui chez Annie une pointe de jalousie pas tant dirigée contre son ami que contre sa propre incapacité à avoir produit quoi que ce soit de vaguement potable depuis pratiquement deux ans. Et bien que le rouquin se soit targué de devoir son inspiration à l'augmentation de la dose de temps libre qu’apportait le célibat, le « Officiellement. » répété d’un air entendu laissait à penser qu’il y avait plus à en dire qu’on le pensait de ce côté-là, bien qu’Anwar saisisse cinq sur cinq le fait qu’il était inutile d’insister. Au lieu de cela il s’était contenté de valider les intentions de Tad de s’en remettre à Jack pour obtenir un avis plus objectif et plus poussé sur son travail, l’expérience du vieux loup de mer ayant sans doute de quoi être partagée avec eux pauvres mortels. Mais tiquant sur la dernière suggestion du guitariste, le brun avait balayé la proposition presque d’un revers de la main et avec un certain malaise, face auquel Tad ne s’était lui pas laissé décourager pour autant. « Nope. Nope. » Avec insistance il avait de nouveau repoussé le classeur vers Anwar, se justifiant par un « Je suis un musicien moi, pas un poète. C’est toi qui sais écrire en plus, pas moi. » qui n’avait poussé Anwar qu’à quitter la table pour mieux pouvoir lui tourner le dos en prétendant que sa tasse et la vaisselle de la veille ne pouvait subitement pas attendre plus longtemps. « Ne me force pas à te supplier, ça nous mettrait mal à l’aise. » avait-il même cru bon d’ajouter pour la plaisanterie – quoi que – avant de changer de tactique « Je suis sûre que tu seras capable de t’y remettre. Et si jamais, je balancerais tout à Lou et elle te cassera les pieds. » Faisant volte-face avec dans la main droite une cuillère une bois supposément menaçante, il l’avait agitée dans la direction de Tad en répliquant « Tu diras rien du tout à Lou ! » avec sans doute plus de vigueur qu’il ne l’aurait souhaité, arrachant depuis le salon un croassement désapprobateur d’Ibis, qui n’aimait pas que l’on élève la voix. Déglutissant pour tenter de retrouver une contenance, il avait remis la cuillère dans l’évier d’un geste machinal et marmonné « Pour qu’elle me cherche un remplaçant parce que je fais plus l’affaire ? » tout en attrapant le torchon ; Finalement son élan de motivation pour la vaisselle ne serait limité à faire couler de l’eau dans l’évier pour rien. « Ça me ferait chier. » Et pas qu’un peu, bien qu’ait pas suffisamment envie de verser dans le sentimentalisme auprès de Tad pour développer à ce sujet. Soupirant d’un air las, il s’était donc contenté de hausser les épaules avec fatalisme « J'ai essayé de m’y remettre, c’est juste que ça fonctionne pas. Je pensais que c’était passager et qu’avec le retour des Street ça reviendrait, et finalement j'ai rien écrit depuis genre, le printemps 2016. Nada, le néant. » Et ça l’arrangeait bien au fond, de se voiler la face et de faire comme s’il ne comprenait pas d’où tout ça pouvait venir et à quel moment cela avait commencé. Il y avait les vérités qu’il n’était pas prêt à entendre et celles qu’il n’était même pas prêt à admettre auprès de lui-même. « Laisse tomber. T’as plus de chances d’avoir composé un second classeur aussi épais avant que j’ai aligné quatre phrases sur la première partition de celui-ci. » Peut-être même qu’il finirait par se découvrir une âme de poète en plus de celle de mélomane, et si tout ça se produisait avant que Lou ne découvre le pot aux roses l'affaire était pliée.
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| | | | (#)Jeu 16 Aoû 2018 - 0:00 | |
| Ne lui reste maintenant qu’à trouver comment convaincre Anwar de rempiler sur l’écriture de nouveaux textes parce que si Tad était capable de griffonner quelques accords pour un rendu mélodieux, mettre des paroles dessus, il ne sait pas. La faute probablement à sa grande âme non torturé qui l’en empêche. Ou simplement, parce que chacun son talent. Toujours est-il que le refus d’Anwar n’était pas dans ses plans et plutôt que de l’intimider, il avait espéré que tout ce qu’il a amené allait justement le motiver à l’aider à construire le nouveau Street Cat. Celui qui interprète en public plus de chanson originale que de cover, celui qui produit quelque chose au lieu de juste recopier. C’est ce que Tad avait en tête depuis un an et si Anwar refuse pour le moment, ce qu’il ne sait pas, c’est que Tad va insister jusqu’à obtenir gain de cause. Enfin, si le chantage ne fonctionne pas. « Tu diras rien du tout à Lou ! » Wow, ça, c’était inattendu qu’il hausse le ton à ce point, à croire que Tad ait touché un point nerveux, ou bien que le sujet ne soit pas propice à la rigolade contrairement à beaucoup d’autres. Afin de souligner sa surprise, et pour pas qu’Anwar lui casse la gueule non plus, Tad lève ses deux mains en signe de défense. Il rigolait. « Pour qu’elle me cherche un remplaçant parce que je fais plus l’affaire ? » Deuxième wow, parce que Tad ne s’attendait pas à cette réflexion, ni même à ce qu’Anwar formule cette crainte et le problème, c’est que son air sérieux n’indique pas que ce soit du jeu, ou même pas sérieux. « Ça me ferait chier. » Mais, c’est surtout que Tad ne comprend pas vraiment d’où une telle idée lui vient. Qu’est ce qui cause cette crainte subitement alors qu’il n’imaginerait même pas trouver un remplaçant pour un des gars (bon, sauf peut-être Elio mais on s’étalera sur le sujet plus tard). Ils étaient resté à deux à attendre le retour de Lou et sans jouer des violons, le groupe, c’est eux (et Jack, peut-être un jour, s’il fait sa place, qui sait). « J'ai essayé de m’y remettre, c’est juste que ça fonctionne pas. Je pensais que c’était passager et qu’avec le retour des Street ça reviendrait, et finalement j'ai rien écrit depuis genre, le printemps 2016. Nada, le néant. » Qu’il parvient à expliquer, devant un Tad qui cherche encore à comprendre les connexions dans le cerveau d’Anwar pour savoir pourquoi subitement il a peur pour sa place. Bon, il a compris, avec les conneries de Lou, la pause du groupe, il a pris son congé dont il n’est jamais revenu mais pour ce que Tad en sait, la fée inspiration revient toujours. « Laisse tomber. T’as plus de chances d’avoir composé un second classeur aussi épais avant que j’ai aligné quatre phrases sur la première partition de celui-ci. » Il finit de tomber des nues. Il n’aurait jamais pensé qu’Anwar avait ça en lui et tout ça, ça le rend songeur parce qu’il n’aurait pas assez réfléchit à la situation pour la démêler. « Mais t’es sérieux au sujet de Lou et du groupe ? » Qu’il demande, parce qu’ils ne le sont jamais vraiment lorsqu’ils sont ensemble et que ça l’empêche de vraiment savoir sur quel terrain il joue présentement. « Parce que, je pige pas le rapport entre le fait que tu galères à écrire et ta place dans le groupe. Je veux dire, ça n’a rien à voir et je te mets pas la pression, c’est juste que je sais que t’en es capable et que j’ai confiance mec’ » Parce que peut-être que c’est juste ça, Tad n’était pas venu les mains vides, il y’avait beaucoup dans son classeur mais ça ne voulait pas dire qu’Anwar devait fournir quelque chose pour chacune de ses compos et qu’il devait pondre quinze chansons. C’était pas son objectif de lui coller la pression, c’est juste qu’il aimerait pousser le groupe à aller plus loin. « Tu sais, je te demande pas de produire autant, juste de piocher quelque chose qui t’inspire, voir ce que tu peux faire. Ça reviendra forcément à un moment. » Comme il disait, il a confiance, ça revient toujours. |
| | | | (#)Ven 21 Sep 2018 - 20:16 | |
| Il se sentait comme le fautif dont on venait de débusquer le vilain secret, celui qu’il avait tant bien que mal réussi à conserver pendant un laps de temps honorable au point d’en oublier qu’un jour quelqu’un découvrirait bien le pot aux roses. Sans doute qu’il avait eu espoir que les choses se tassent d’elles-mêmes, que l’absence de Lou lui permette de noyer le poisson assez longtemps pour que problème il n’y ait plus lorsqu’elle reviendrait remplie de ses bonnes résolutions et d’un nouveau souffle de motivation. Mais Lou allait mieux – ou du moins elle en donnait l’impression – et les Street Cats avaient doucement repris du poil de la bête à sa suite, sans que ce syndrome de la page blanche clairement symptomatique n’ait pensé à quitter Anwar. Et nul n’était irremplaçable, pas vrai ? On s’était passé d’Elio sans mal et on se passerait sans doute de lui de la même manière, avec la même facilité, et peu importe que d’y songer égratigne son égo en plus de lui faire réaliser que sans ce groupe il n’aurait plus que son boulot. Son boulot et rien d’autre, comme ce cliché des flics tellement bouffés par le travail qu’ils n’en avaient plus la moindre échappatoire. « Mais t’es sérieux au sujet de Lou et du groupe ? » Le regard qu’il avait lancé à Tad suffisant à faire valoir que oui, il était sérieux et non, il n’avait aucune envie de plaisanter, le brun s’était néanmoins trouvé incapable de fournir une réponse plus concrète. « Parce que, je pige pas le rapport entre le fait que tu galères à écrire et ta place dans le groupe. Je veux dire, ça n’a rien à voir et je te mets pas la pression, c’est juste que je sais que t’en es capable et que j’ai confiance mec’ » Mis un brin mal à l’aise par cet aveu, le genre d’aveu tout bête qui tenait en trois mots mais qu’Anwar n’était pas plus habitué à entendre qu’à distribuer, Anwar avait dodeliné la tête avec incertitude pendant que le guitariste précisait encore « Tu sais, je te demande pas de produire autant, juste de piocher quelque chose qui t’inspire, voir ce que tu peux faire. Ça reviendra forcément à un moment. » Il sentait bien là une volonté de le persuader, peut-être même de l’encourager, et par souci de ne pas froisser inutilement Tad ni étaler son pessimisme outre-mesure le policier s’était décidé à acquiescer « Peut-être … Je sais pas. Tu me laisses ton classeur deux ou trois jours et j’essayerai de voir si quelque chose me parle, deal ? » Il y avait peu de chance, il partait déjà défaitiste et continuait de repenser avec amertume à cette époque désormais lointaine où il était capable de coucher des lignes et des lignes sur papier et où les mélodies de Tad auraient probablement coulé de source. « Mais je ne promets rien. » qu’il avait alors cru bon de préciser afin d’éviter de se retrouver dos au mur. Et malgré tout cela ne changeait rien à son problème principal et à sa crainte que Lou décide un beau jour de lui montrer la sortie ; Parce qu’au même titre que des pianistes il y en avait des tas, des batteurs il y en avait probablement tout autant, dont une bonne portion d’entre eux qui pourraient faire l’affaire coincé entre le trop-plein d’énergie de la chanteuse, les blagues potaches du guitariste et le silence calculé du bassiste. Et parce qu’à devoir faire avec le Anwar policier à longueur de journées depuis qu’il la ballotait de motel en motel, il n’excluait pas l’idée qu’elle décide un beau jour de compenser en n’ayant plus à faire avec le Anwar musicien, le moins utile des deux à sa survie dans l’immédiat. Mais ça, difficile de le justifier auprès de Tad sans pouvoir en parler. « Juste … dis rien à Lou, je suis sérieux. » S’il avait réussi à garder tout cela à l’abri de Tad pendant aussi longtemps il pouvait bien le garder encore un peu à l’abri de Lou. « Y’a un tas de gars qui ne sont jamais aussi inspirés que quand leur vie part en sucette, fallait que je déroge à la règle. » Roulant les yeux, il y avait ajouté un sourire crispé et avait attrapé une pomme dans la corbeille pour se donner une contenance, en oubliant presque la banane engloutie à la va-vite au début de leur discussion.
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| | | | (#)Mar 25 Sep 2018 - 0:03 | |
| Il tombe d’assez haut en écoutant les confessions d’Anwar. Jamais au grand jamais, Tad n’avait pensé qu’il avait tout ça dans la tête. C’était assez irréel pour lui une telle inquiétude. Depuis presque deux ans, ils travaillaient ensemble à faire revivre leur bon vieux groupe et c’est sûrement pas alors que celui-ci commence à se remettre sur les rails qu’ils vont s’amputer d’un de leur membre. L’idée parait ridicule à Tad, mais tellement sérieuse dans le regard qu’Anwar lui lance qu’il ne parvient pas à en rire mais vraiment à se demander d’où il peut tenir tout ça. Bon, il complexe parce qu’il n’a pas su aligner deux mots depuis un moment. Tad dirait que chaque artiste a sa traversée du désert et que s’il n’y arrive pas, ils trouveront comment mettre les mots sur ses accords. Il n’y a jamais vraiment mort d’homme avec lui et c’est ce que ressort de ses propos : qu’il est venu avec tout ça, certes, mais que ce n’était pas pour lui coller la pression et qu’il faut prendre la chose chill quitte à attendre que tout l’monde soit prêt. « Peut-être … Je sais pas. Tu me laisses ton classeur deux ou trois jours et j’essayerai de voir si quelque chose me parle, deal ? » Il n’a pas l’air convaincu. Tad le suspecterait même presque de lui répondre ça pour lui faire plaisir, mais sans réelle conviction et/ou intension d’essayer. Mais, il ne le souligne pas, choisissant de ne pas brusquer le bonhomme sous peine de le perdre à tout jamais. Il n’en revient pas qu’il y’ait telle pensée dans la tête d’Anwar qu’il ne soit quoi affirmer d’autres que ses pensées optimistes. « Mais je ne promets rien. » Qu’il rajoute, des fois que Tad s’enjaille un petit peu trop vite. Celui-ci lève les deux mains en l’air, signe qu’il ne prend rien pour acquis et qu’il ne forcera rien. « C’est à ton rythme vieux. » Parce qu’en attendant, ils trouveront bien le moyen de continuer à remplir leur répertoire de cover. Lou leur trouvera sûrement une connerie à reprendre, ça, il n’a pas de doute là-dessus. A cela, il termine sa tasse de café. L’heure a tourné et c’est pas le tout mais la journée doit se poursuivre. « Bon vieux, je vais devoir aller taffer mais pense à ce que je t’ai dit et te colle pas le bourdon pour ça. » Il coupe le silence, après que le regard d’Anwar s’occupe de lui répondre qu’il va essayer de mettre en pratique ce conseil. Avant que Tad ne parte, il ajoute une dernière précision. « Juste … dis rien à Lou, je suis sérieux. » L’idée ne lui avait même pas traversé l’esprit, mais puisqu’il s’inquiétait, Tad allait lui donner sa parole d’homme d’honneur. « Parole de scout. Tu m’en veux pas, je crache pas par terre en revanche. » Il essaie l’humour : sans succès. Mais qui serait Tad sans ses tentatives infructueuses. « Y’a un tas de gars qui ne sont jamais aussi inspirés que quand leur vie part en sucette, fallait que je déroge à la règle. » C’est là que Tad sortirait une connerie, lui répondant qu’il n’a peut-être pas encore assez touché le fond, qu’il devrait se tirer une balle dans le pieds voir si ça va pas mieux mais ne voulant pas communiquer une mauvaise idée, il se contente de répondre. « Je suis sûr que ça va se faire, de toute façon, c’est pas pressé. En attendant, évite de te faire du mal ! » Et ça, il le pense. Des fois que lui ait aussi l’idée de se saboter les harpions. Sans plus attendre, Tad repart vers d’autres horizons. Pas plus rassuré que ça cela dit, cette discussion va sérieusement lui trotter dans la tête. |
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