-55%
Le deal à ne pas rater :
Friteuse sans huile – PHILIPS – Airfryer HD9200/90 Série 3000
49.99 € 109.99 €
Voir le deal

 jariane ▲ so much further to go

Anonymous
Invité
Invité
  

jariane ▲ so much further to go Empty
Message(#)jariane ▲ so much further to go EmptyMer 21 Mar 2018 - 15:32

so much further to go
jariane


L’attente est interminable, chiante au possible, et je dois me faire violence pour ne pas soupirer une énième fois devant les airs qu’Anna se donne, maintenant qu’elle me fait la faveur, que dis-je, l’honneur de lire mon dernier texte pour la rubrique dating que l’on se partage depuis peu. Elle semble beaucoup trop concentrée pour que ce soit bon signe, et à force de tapoter de l’index sur le bureau qui nous sépare, je me dis qu’elle finira par comprendre que c’est là son moment d’arrêter de jouer les connasses et de me dire vraiment ce qu’il en est. « Et je crois que ça ferait du bien à la rubrique un coup de neuf. » que j’insiste, pas certaine du pourquoi derrière mon besoin de me justifier, mais assurée qu’à force d’entendre mon ton devenir de plus en plus sec, elle captera que son silence ne fait qu’empirer la situation. « J’ai quelques esquisses, je te montre. » que je complète, lui tendant un carnet enfoui dans mon sac, les schémas de cette prochaine série d’articles que j’ai envie de rédiger, changer un peu la donne, ce à quoi j’étais habituée, le ton que je prenais qui s’étire en articles concis plutôt qu’en chroniques question & réponse. C’était qu’à force d’être comparée à une version plus ou moins accurate de Carrie Bradshaw, j’avais envie de voler de mes propres ailes. Le courrier du coeur roulait bien, le podcast prenait de la graine, ça allait dans le meilleur des mondes et j’aurais bien pu m’en contenter, laisser ça aller, grandir là-dedans sans rien demander de plus. Le congé de maternité de Sofy était tombé pile poil à point, me laissant une chance de mettre le pied dans une rubrique, une vraie, et de signer enfin de ma main plus que de simples paragraphes acerbes et flirtant parfois trop avec les états d’âmes. Là, j’avais accès à de vrais articles soutenus, de vrais textes, mes mots et mes idées en phrases, 1500 caractères au minimum, 3 pages et illustrations comprises. Les nouvelles responsabilités qui donnent le vent dans les voiles, et l’envie d’oser une nouvelle façon de faire, une nouvelle suite d’articles qui paraîtraient à chaque numéro, des chroniques plus solides, plus authentiques, plus virulentes sur des débats de sociétés, sur l’amour au 21e siècle, sur mes propres expériences et celles de la majorité de nos lecteurs au final. « Ariane, c’est vraiment pas ton style ça. J’suis pas trop sûre. » le verdict tombe et je ravale, parce qu’elle le dit avec dépit, mais qu’il s’agit bel et bien de l’effet escompté. J’étais d’avis qu’il fallait que ça change, que je change. Que c’était pas suffisant, que je pouvais faire mieux. À voir qu’elle était aussi bien dans ses vieilles habitudes que moi, j’étais inconfortable, blasée.  « Bah, j’essaie un truc nouveau. » et je me cale dans ma chaise, après avoir repris la pile de papiers d’entre ses mains pour y poser un regard, noir. « Mais écoute, si Jamie dit oui, on avisera. »  évidemment, c’était lui qui avait le dernier mot sur tout ce qui se passait dans le magazine - ou ne se passait pas. C’était le boss des boss, l’oeil acéré, c’était le patron - et c’était pas trop la joie entre nous depuis Noël. En soit, ça n’avait vraiment jamais été la joie au sens où ni lui ni moi n’avait envie de s’éterniser dans une relation d’apparences pour faire joli. On était collègues, il y avait son nom tout au bas des courriels importants, et de mon chèque de paie. Les arrêts à la machine à café pour moi, et à la théière pour lui ne se passaient pas sans quelques formules de politesse, mais elles étaient rares les vannes et les pointes envoyées comme à la soirée où je l’avais accompagné, de mois plus tôt. Pas déçue, mais résignée, je finis par lui faire suivre le dossier proposé plus tôt à Anna, comme j’aurais dû le faire de base plutôt que d’envoyer ça à l’autre pimbêche qui ultimement, n'aura rien à dire si l’idée passe, ou ne passe pas avec le Keynes. M’enfin.    

La journée passe, rien ne revient en guise de réponse. Et si je finis par ranger le tout dans le dossier “ne pas se faire chier avec ça, y’a personne qui va mourir” c’est tout de même un brin excédée que je déboule au bureau de Marianna quand 17h est presque passé, quand j'ai eu le temps de boucler une quantité respectable de travail, que le bureau retrouve doucement son calme d’après-tempête, et que j’ai remarqué que Jamie vient à peine de sortir d’un meeting pour s’engouffrer dans ses locaux. « C’est un bon moment? » la Rodriguez valide rapidement l’agenda, hoche de la tête, me tend même un gobelet plein de thé à rebord en guise de drapeau blanc, avant de me faire signe de profiter des quelques minutes de libres au planning du rédacteur en chef pour oser troubler son quotidien de ma présence. « Ça vient de Nathalie. » un toc rapide des phalanges, puis la porte cède sous mon épaule et j’exhibe d’abord le thé, l’offrande, la posant sur son bureau en justifiant qu’il n’a rien à craindre d’un mélange dégueulasse dont j’aurais pu avoir la main mise sur la concoction. Et parce que je n’ai pas de temps à perdre, et lui non plus, j’avorte le silence d’un coup sec. « Je viens aux nouvelles ; vous avez eu le temps de regarder ce que je vous ai envoyé? » pas besoin de faire dans la dentelle, et encore moins de passer par 10 chemins. C’est pas vrai que je rentre à l’appartement ce soir sans avoir une quelconque confirmation de sa part, positive ou non.

Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

jariane ▲ so much further to go Empty
Message(#)jariane ▲ so much further to go EmptyMar 3 Avr 2018 - 20:05

There's so much further To go - and my mind was Fixed on running everything Too close to decipher A voice so I ask her What would you have me say?
La sacoche rebondit sur le canapé de mon bureau et manque d'atterrir par terre après que j'en ai extirpé mon ordinateur et les feuilles concentrées en petits caractères des meetings de l'après-midi. L'appareil sort de sa veille, le logo du magazine apparaît en fond d'écran -pas de photo de famille, ni là, ni sur le bureau, ni sur les murs, uniquement du professionnel. Je viens d'atterrir, de débouler, sans pour autant me poser et souffler un coup ; je n'en ai pas le temps, une main frappant déjà à la porte. Et je lance un “entrez” sans même le penser, par automatisme, pendant que mes doigts tirent sur le noeud de ma cravate afin de desserrer mon cou et me permettre d'avoir l'impression de mieux respirer. C'est une tasse bien fumante qui entre avant que la visiteuse ne se dévoile, et j'attrape le thé avec un enthousiasme, un soulagement qui ne peut être dissimulé. Voilà exactement ce qu'il me fallait. “J'aime les sacrifices de feuilles aromatiques en mon nom. Merci.” dis-je en soufflant sur la surface de la boisson, vibrante en un tas de vaguelettes aux bord du mug. Une première gorgée brûlante se faufile entre mes lèvres, et autant la senteur que l'arôme, où flottent l'âme d'un chez soi qui voyage partout où du thé se trouve, procurent le réconfort nécessaires à me faire même oublier que je ne me suis pas encore assis depuis mon retour dans les locaux de GQ. Ariane fait quelques pas de plus dans le bureau, l'offrande faisant son effet, et s'il est évident que la jeune femme ne se trouve pas devant moi uniquement pour me plaire et me demander comment je me porte, je pallie à l'absence de banalités en rapportant tout de même ; “J’ai passé l'après-midi à tenter de discuter d'intégrité avec des publicitaires. Et tu sais ce que n'ont pas les publicitaires ? De l'intégrité.” La bataille contre la prolifération d'articles achetés n’est qu'à son début, la plume des rédacteurs corrompue afin de limiter la casse de la migration du lectorat vers le net, mais qu'ils appellent simplement “sponsorisés” comme s'il n’y avait pas plus inoffensif, innocent que ce procédé. Je ne suis pas là pour me sentir comme un petit manager d'une armée d’instagrammeurs, souriant avec complaisance et remerciant à tour de bras les annonceurs nous faisant l'honneur de nous faire écrire à leur sujet. Aussi présomptueux cela soit, j'ai moins l'intention de lécher des bottes que de leur rappeler qu'une mention dans ces pages nécessite de me manger dans la main. Néanmoins, ce n'est pas cela qui intéresse Ariane. Sa venue n’est motivée que par un mail que j'aurais éventuellement vu passer au cours de l'après-midi, entre deux crises de nerfs autour de la table de réunion. “Non. Pas le temps.” je réponds avant de reprendre une gorgée de thé. Nul besoin de justifier la charge de mon emploi du temps, elle en a parfaitement conscience pour ne pas s'offusquer de ne pas me voir tout mettre sur pause afin de lui répondre au milieu de problématiques plus importantes. Mais puisqu'elle est là, et que l'ordinateur roule, j'ouvre ma messagerie et recherche rapidement son mail, la tasse ne quittant pas le bord de mes lèvres tant qu'elle ne soit pas vide. Tout ce temps là, je demeure debout, préférant être penché sur mon écran plutôt que de m'asseoir. Ces réunions me donnent l'impression d'avoir le postérieur taillé au carré, moi qui suis généralement de ce genre d’enfants qui ne tiennent pas en place. “Bien…” J'ai le mail sous les yeux, mes lunettes sur le nez afin de dissocier les caractères. Un double-clic sur la pièce jointe m'ouvre un pdf de plusieurs pages, et à peine ai-je commencé à lire les premières lignes que le même enfant terrible souffle un “boring”, faisant décrocher mon attention. Alors je referme l'écran du pc sur son clavier, et continue de dégourdir mes jambes en effectuant quelques pas dans la pièce. “Pitche-le moi.” dis-je, puisqu'il est visiblement hors de question que je lise présentement, sagement, sa présentation. De toute manière, je ne comprendrais sûrement jamais aussi bien ses idées que si elle m'en parle à voix haute directement, et si elle est venue ici d'elle-même afin d'en discuter, c'est qu'elle a tout le temps du monde pour m'en faire une petite présentation. “Fais-moi rêver. J'écoute.”
 
LOONYWALTZ
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

jariane ▲ so much further to go Empty
Message(#)jariane ▲ so much further to go EmptyVen 6 Avr 2018 - 0:12

There's so much further To go - and my mind was Fixed on running everything Too close to decipher A voice so I ask her What would you have me say?
La tornade Jamie entre dans son bureau comme dans son royaume, lance son sac d’un côté, attrape le thé de Nathalie de l’autre. Et mes iris le suivent au taquet, calmement appuyée sur le mur faisant face à sa table de travail, me tenant bien éloignée et hors de nuire aux gestes et autres mouvements qu’il cumule avant de finir par lâcher un long soupir d’aise qui m’arrache un sourire. Beaucoup avaient encore un peu peur de lui entre les couloirs de GQ, plusieurs le craignaient, lui, mais surtout son caractère bien trempé et sa facilité à trancher entre plusieurs choix d’un simple coup d'oeil incisif. Pour ma part, c’était presque toujours avec satisfaction que je lui suivais des yeux, sachant toujours où, quand, comment, pourquoi il finirait par avoir ce qu’il veut, pour la simple et évidente raison qu’il savait exactement ce dont il s’agissait, et encore mieux, que sa volonté s’avérait plus souvent qu’autrement être ce dont le magazine avait besoin. Alors qu’il s’agite, qu’il prenne ses aises, qu’il s’installe, râle un peu, laisse derrière lui une énième journée éreintante qui l’a complètement vanné. J’attendrai. « Ils tentent de faire passer quoi dans le magazine cette fois-ci? » que je finis par demander, relativement intéressée tout de même. Parce que j’avais dû céder avant les Fêtes à mentionner un éventail de marques complètement connes entre chaque nouvel appel sur le podcast, simplement pour plaire aux gros portefeuilles publicitaires qui semblaient en avoir quelques autres de bonnes derrière la cravate pour nous, et le numéro printanier. Jamais certaine de ce que le statut de Jamie l'autorisait à me dire - mais sachant toujours que les fuites sortiraient de toute façon dès le lendemain entre deux échanges à la machine à café, je reste attentive, mais pas accrochée à ses lèvres comme la moindre sangsue à ragot peuplant les ressources humaines. Le boss fait mine d’ouvrir ses mails, de laisser son regard dériver sur mon envoi, je devine qu’il lit en diagonale, pas particulièrement heurtée que mon labeur des dernières soirées et du week-end précédent soit vu par les yeux accusateurs d’Anna, avant d’être effleurés par les iris blasés de Jamie - on peut pas trop leur en tenir rigueur ni l’une ni l’autre. Elle passe ses semaines à réviser des articles parlant de comment aider monsieur à retrouver sa libido de jadis malgré la calvitie, il est probablement ici pour 15 minutes top chrono avant d’avoir à se barrer en réunion pour combler les fossés si bien entretenus entre les différentes équipes. « J’m’en doutais. » et j’hausse l’épaule, compréhensive, faisant mine de me diriger vers l’une des deux chaises prévues pour les invités. J’ai tout mon temps, ma journée est terminée, Vitto a promis de cuisiner si j’arrivais après lui - et j’ai une folle envie de le voir se casser la tête à faire des gnocchis comme ceux qu'il aime tant à Rome. Puis, y’a le Keynes qui finit par reporter son attention sur moi, et qui, pour l’une des premières fois depuis qu’il est à GQ, me laisse tout le terrain, toute la place. C’était arrivé à un seul autre moment, en kick off de team, quand j’avais fini par lui pitcher la pertinence d’ajouter mon nom à la rubrique dating qui battait de l’aile depuis le congé de maternité de leur rédactrice attitrée. Une nouvelle corde à mon arc, et surtout l’opportunité d’écrire, pour vrai, et pas juste en formule “cher journal”. Mes arguments, il les avait entendus, et fallait croire qu’au final, j’étais pas si à côté de la plaque que ça. 1 mois et des poussières plus tard, quelques articles de rédigés, et des idées pour les prochains plein la tête. D’ailleurs. « Aussi étonnant que ça puisse vous paraître, c’est venu du fait que j’en ai marre d’être mise de l’avant. » quand on me connaissait le moindrement, on savait de suite que mon caractère, mon ego et mon exubérance étaient probablement mes traits principaux, et ceux que j’adorais mettre le plus en valeur. Pourtant, j’étais pas non plus une accro de l’attention, et même si ma verve m’avait coûté les meilleures soirées et souvenirs de ma vie, n’en restait pas que j’étais lucide. Ce que j’apportais au courrier du coeur et à la ligne sexo était une chose, mon opinion, mon avis, mes mots, ma voix. Mais ce que j’apportais maintenant comme journaliste ne pourrait pas éternellement se reposer sur ce même schéma. Déjà, parce que j’allais finir par me lasser de traiter les gens d’aveugles, de bébés refoulés ou de dépendants affectifs, mais surtout parce que ce n’était plus moi, le sujet principal, la raison pourquoi on m'écrivait ou me téléphonait.  « Avec mes nouvelles tâches sous la rubrique dating, j’ai pensé que ça pouvait être cool de présenter chaque mois un dossier sur un couple en particulier. »  et j’abrège au possible, je résume, une phrase, rien de plus, pour que déjà Jamie sache où se situer là-dedans. « Et ça serait qu’eux, mis de l’avant. Eux et leurs soucis, eux et leur routine, eux et leur histoire. Pas de flafla, pas de vedettes. De vraies personnes. » plus d’appels à l’aide et de demandes voulant gratter mon opinion. Plus de commentaires acerbes de ma part, et de jugements faciles. De l’objectif, du beau, du vrai, de l’authentique, de l’honnête. Bien sûr, je garderais le côté plus acide, celui qui m’a bien justifié une place dans l’équipe depuis presque 4 ans, pour le courrier du coeur et le podcast, mais les articles, eux, sonnaient déjà plus justes à mon oreille. « J’ai déjà une banque de 20 intéressés, qui ont quelque chose de censé et de différent à dire. » et je me lève, passe à mon sac pour en sortir les dossiers où chaque fiche de couple a déjà été dûment remplie. Une bonne partie des duos de candidats sont soit des lecteurs assidus de ma rubrique ou de mon blogue, ou ont répondu à l’appel d’intérêt que j’ai passé sur les réseaux sociaux y’a quelques jours concernant un nouveau projet secret sur lequel je bossais. Lui laissant le temps de regarder à son aise, je reprends ma place sur le siège. « Le contenu est là, il est bon. Le contenu est béton. » je sais bien à quel point ce genre d’études de cas fonctionnent à merveille de nos jours. Comment on pourra exposer différentes façons de faire, différentes options de vivre l’amour au 21e siècle, différents couples et différentes problématiques. C’est bien la confiance que j’aie au bord des lèvres, c’est bien l’assurance qui fait briller mes prunelles. Mais il reste tout de même un blocage de taille. « Je sais juste pas comment tourner ça pour que le lecteur moyen aux gros muscles et à la garde-robe griffée y trouve son compte. » et encore et toujours, c’est ce qui m’empêche de voir à terme mes idées de restructuration de cette section du magazine, de les voir bien clairement. Ouverte à la discussion, encore plus au brainstorm et à l’évolution d’idées, c’est patiente que je lève le menton dans sa direction, attendant le verdict.
 
LOONYWALTZ
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

jariane ▲ so much further to go Empty
Message(#)jariane ▲ so much further to go EmptyMar 1 Mai 2018 - 14:39

There's so much further To go - and my mind was Fixed on running everything Too close to decipher A voice so I ask her What would you have me say?
Une main dans la poche, l’autre portant régulièrement mon thé à mes lèvres, je vagabonde dans le bureau, l’air dissipé mais l’oreille attentive aux explications d’Ariane, l’exposé de ses idées. Après s’être imposée dans la rubrique, je ne sais pas pourquoi je m’étonne encore de l’entendre me dire qu’elle souhaite tout démolir et tout refaire selon sa vision. J’ai moins de mal avec les ambitieux qu’avec les présomptueux, et la jeune femme flirte tout du long avec une frontière déjà bien fine. J’aurais pu l’interrompre dès le départ. Si elle se croit ultra progressiste avec ses portraits si humains de gens banals qui ouvriront le monde sur un nouvel univers d’amour de son prochain ; d’autres ont essayé, d’autres ont échoué lamentablement. Les soucis, la routine, c’est l’histoire de tout à chacun, et personne ne perdra de son précieux temps à lire la vie commune d’autres plutôt qu’à se consacrer à la sienne. Il y aurait eu un vague intérêt si Ariane avait ajouté qu’elle possédait sous le coude les numéros des Beckham, Knowles-Carter, Brangelina et autres emblèmes de l’amour parfait, l’amour business et amour déchu afin d’alimenter sa rubrique, car Dieu seul sait pourquoi, dans la conscience collective, tout ce qui est dit par une célébrité a soudainement autant de crédit qu’un discours de Gandhi. Sauf que, bien évidemment, sa prétention est de s’éloigner des paillettes, quand bien même ce sont elles qui captent l’oeil du lecteur. J’ai un rictus en coin face au genre de débordement de naïveté dont je ne pensais pas qu’Ariane soit sujette un jour. Non, nul besoin de l’interrompre avant la fin, car elle-même met le doigt sur le principal problème de son grand projet, et pas des moindres : personne ne lira ceci. « Donc, ce n’est pas béton. » je conclus. Approchant de mon bureau, je sirote une dernière gorgée de thé avant de livrer la réponse la plus exhaustive qui soit, afin de lui servir plus de trois lettres qu’elle jugera injustes en claquant la porte derrière elle comme une adolescente contrariée. Je pose ma tasse et m’appuie des deux mains sur le dossier de ma chaise, toujours pas décidé à y poser mes fesses. « Commençons par le haut de la chaîne : comment, moi, j’y trouve mon compte ? » Car si je tire la couette de mon côté hors de portée des annonceurs qui se fichent parfaitement des mots "ligne éditoriale", ce n’est pas pour confier cette marge à un projet qui me paraît parfaitement ridicule. « Admettons que nous sommes dans un monde parfait où je trouve cette idée si révolutionnaire que je suis prêt à me battre pour -spoiler alert : ce n’est pas le cas. Mais admettons. Admettons que j’accepte de publier, à mes risques et périls, disons, dix pages de ta tambouille mielleuse, pub et icono compris. » Ce qui est particulièrement généreux, néanmoins je pars du principe que, me connaissant, s’il est question d’effectuer une prise de position de ce genre, juste pour me payer le monde, je serais jusqu’auboutiste. « Le lecteur, gros portefeuille ou non, a bien assez à faire avec ses propres histoires de coeur. Soucis de couples, mariages, divorces, gamins en route, gamins à problèmes, familles recomposées, décomposées, mixtes, homosexuelles, il y en a pour tous les goûts, bien concentrés sur leurs propres personnes. » Et qui peut les blâmer de n’être préoccupés par leur quête du bonheur, ou juste d’un jour de paix ? « Des gens qui croient qu’ils ont des choses intéressantes à dire, à partager, des gens qui se pensent exceptionnels, avec une histoire hors du commun, de grandes leçons de vie à donner… Il y en a pléthore, et très peu le croient avec raison. Et de cette minuscule partie de la population, tout le monde s’en fout. » Qui peut lui en vouloir aux Messieurs toutlemonde, lorsqu’ils ont une demi-heure pour eux, pour souffler, mettre ce monde injuste et hors d’haleine entre parenthèse, de ne chercher à ouvrir un magazine uniquement dans le but de penser à autre chose ? « Principalement les hommes, d’ailleurs. Notre coeur de cible, tu sais. Objectivement, quel pourcentage de notre lectorat a, d’après toi, assez d’intérêt pour la petite vie d’autrui, dans un premier temps, puis, dans un second temps, assez de capacité de remise en question, pour en avoir quoi que ce soit à cirer de la bouleversante histoire d’amour de Brendon et Brenda et en tirer la moindre conclusion pour lui-même ? » La réponse est dérisoire. Je ne serais pas intéressé. Le type dont elle était accompagnée à Noël ? Sûrement pas intéressé non plus. Et elle-même ? Si ce n’était pas son boulot, elle s’en ficherait tout autant. « Du coup, la finalité, c’est : moi qui perd en crédibilité, des annonceurs mécontents, un lectorat qui ne s’y retrouve pas. Et tout ça pour satisfaire ton envie de devenir la nouvelle Oprah. » Car sa lassitude de diva locale, je n’achète pas. « Désolé Ari, mais le seul papier où cette idée a le droit d’exister, c’est chez Cosmopolitan, à côté d’une pub pour un numéro qui te révèle si ton ex pense encore à toi. »
 
LOONYWALTZ
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

jariane ▲ so much further to go Empty
Message(#)jariane ▲ so much further to go EmptyDim 6 Mai 2018 - 19:47

There's so much further To go - and my mind was Fixed on running everything Too close to decipher A voice so I ask her What would you have me say?
Pas une fois, je ne dis quoi que ce soit. Pas une fois, je baisse le regard non plus, scotchée à ses lèvres, visage impassible. Il dégomme le truc avec un calme olympien, il n’hausse pas le ton, il est limite patient dans sa série d’insultes et de raisons toutes plus chiantes les unes que les autres à entendre. Quand j’étais venue ici chercher un mentor ou un semblant de, quand je m’étais posée face à lui avec l’intention de brainstormer, de se challenger, de sortir de son bureau avec quelque chose de cool pour le magazine, de nouveau, de peaufiné, il me renvoie bredouille en gaspillant plus de salive là que durant les quelques mois qui ont suivi depuis son entrée ici. Mais c’est d'abord mon silence qui lui répond, une fois qu’il s’est égosillé, que je suis toujours bien installée dans mon siège, les iris vissés vers lui, grand, sur ses pieds, prêt à l’attaque. C’est le meilleur angle que j’aurais pour lui foutre le pied au ventre. Pour le cogner violemment, direct au sternum, où il perdrait le souffle, pencherait la tête, tenterait de respirer au mieux. De là, ce serait mon genou qui viendrait percuter son front, causant peut-être avec un peu de chance une commotion. Je rêve de finir le tout en lui craquant le poignet, le droit, pour plus de drame, ainsi il devrait se coltiner la main gauche tout le temps de sa convalescence comme un rappel vicieux. Mais mes envies de violence passent, je crois. Elles passent derrière ma langue qui claque, et mon corps qui ne bouge pas d’un millimètre.  « Je sais pas si c’est comme ça que vous pensez me démonter, mais ça le fera pas. »  ouais, ouais, c’est le boss. Ouais, ouais, il a la mainmise sur tout le contenu, il a la science absolue, la réponse magique. « J’imagine que ça prend parfaitement avec certains, le syndrome du papa autoritaire en plein pouvoir qui tire la couverture et coupe toute possibilité de négocier. » oh que je l’imagine, sa blondasse, qui se plie au moindre de ses caprices, à chaque fois où il lui coupe l’herbe sous le pied pour qu’elle reste à la maison à faire des gâteaux et pondre ses héritiers. Mais il a pas affaire à ce genre de cas-là avec moi, et même si je me ferais un plaisir de continuer en ce sens, y’a du boulot qui doit être fait, y’a du constructif dans ses commentaires, y’a aussi des stats que j’ai réussi à avoir et un potentiel certain en comparant le truc avec ce qui se fait ailleurs. « Mais je sais que je tiens quelque chose. Et si ça prend des têtes d’affiche pour vous le prouver, croyez-moi, je vais les avoir à l’usure vos people. » il ne sait pas à qui il refuse quelque chose, s’il croit que je vais abandonner si facilement. Il ne me connaît pas du tout s’il croit que son discours dépréciatif me démoralisera.  « Qu’est-ce qui ferait que vous accepteriez de publier ça? En test? Qu’est-ce que ça prendrait, concrètement? » parce qu’on ne peut pas se permettre de critiquer si on n’a pas la solution, parce qu’on est en aucun droit de dire que quelque chose est de la merde si on n’a pas mieux. Je comprends les faits, je comprends les chiffres, je comprends le lectorat, mais j’ai aussi la tête dure, les textes à la clé, et l’intention de publier ça, soit ici, soit ailleurs. Et dans tous les cas, son input sera nécessaire, s’il se sort les doigts du cul et a le moindrement assez de colonne pour être utile dans ses critiques. J’en demande pas tant, non? « Si j’entends qu’une de vos potes de chez Cosmo a repris le truc, je fais une scène. »  et le coup d’oeil est complice, amusé. Parce qu’il a beau être le chef de meute, le mâle alpha de service, le César qui accorde un oui ou un non, n’en reste qu’il a fait ses preuves. Qu’il est bon dans son siège, qu’il a amené de bonnes idées, qu’il mène la barque beaucoup mieux que ce à quoi on s’attendait, quelques jours après que son altesse soit arrivée. C’est ce qui motive le fait que je n’ai pas sauté à sa gorge déjà, oui, mais surtout que je me penche dans sa direction, yeux sur sa personne dans l’attente, et que je renchéris, honnêtement curieuse. « C’est si étonnant, que je veuille ajouter un peu de profondeur à la rubrique? Ça vous surprend tant que ça que j’ai envie de parler d’autres chose que des sex toys en vogue ce trimestre? » parce que si c’est le cas, elle a la réputation superficielle la Ariane. Parce que si c’est le cas, elle est la nana à l’huile à massage chauffante, à la lingerie provocante, et rien qu’à ça. Ce à quoi je n’aspire pas, même si j'adore mon boulot, même si je le fais mieux que quiconque. Et il devrait le savoir, pour avoir entendu parler de mon manuscrit, savoir que j’ai l’aspiration d’écrire plus, d’écrire mieux. M’enfin, il n’a surement pas porter attention à tout ça, le petit peuple, on doit crever devant les yeux des artistos pour qu’ils daignent lever le nez sur nous. « Ça vous manque pas, Gaza? Les articles de fond, le solide? » le comparatif sort tout seul, le point commun est là, et la curiosité aussi. C’est à ce Jamie là que je veux parler, à celui qui écrivait par passion, par envie de changer le monde. Pas à celui qui se fait contrôler par les annonceurs et les budgets.
 
LOONYWALTZ
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

jariane ▲ so much further to go Empty
Message(#)jariane ▲ so much further to go EmptyMer 23 Mai 2018 - 14:28

There's so much further To go - and my mind was Fixed on running everything Too close to decipher A voice so I ask her What would you have me say?
Dire que j’ai peu de foi dans l’idée d’Ariane est un euphémisme, ce que la jeune femme comprend amplement en buvant d’une traite les paroles sans dentelle que je lui sers, démontant point par point son concept qui n’a, au final, plus rien d’aussi solide et concret que ce qu’elle me vendait en arrivant dans ce bureau en premier lieu. Et l’idée n’est pas de la décourager, d’enterrer son esprit d’initiative, bien que n’importe qui puisse baisser les bras face à pareil mur de béton ; je compte sur l’esprit d’Ariane, les airs de revancharde qu’elle vend à longueur de journée, sa tête dure et ses gros sabots fumants pour contourner la difficulté. Je reste de marbre, imperturbable face à la critique que me renvoie sa frustration compressée depuis quelques minutes, je laisse parler ; j’ai reçu bien pires insultes que ‘’papa autoritaire’’ par le passé, et je ne tiens de toute manière pas rigueur à de simples paroles qui encaissent le coup des miennes. Je frappe, elle répond, c’est de bonne guerre. Je passe outre, également, son air de pimbêche qui me réclame des comptes, exigeant une solution qu’il n’est pas mon rôle de lui fournir. Néanmoins, elle n’a pas claqué la porte du bureau face à mon rejet de ses idées, alors je peux, éventuellement, faire honneur à sa ténacité en me montrant un brin plus complaisant. « Je vais faire passer un de tes articles sur le web. Si ça dépasse la moyenne des clics, on fera un test en print. Sinon, tu n’auras plus qu’à ouvrir un blog. » Honnêtement, je me trouve magnanime. Ariane, elle, vous dira que ce n’est que la moindre des choses. Je termine mon thé avec un sourire amusé flirtant au bord de la tasse. Le dernier article signé Cosmo que j’ai vu passer expliquait comment faire le sandwich idéal, alors je me félicite de ne pas multiplier les contacts là-bas. De toute manière, jamais n’enverrais-je réellement l’un des miens chez eux. Ariane les mangerait tout crus. Je finis par m’asseoir de l’autre côté du bureau, enfin. Mes jambes font légèrement pivoter l’assise de droite à gauche comme un mauvais élève du fond de la classe. « C’est toi qui fait ton poste, Ariane, je réponds à son court instant Caliméro. Je vous laisse de l’amplitude vis-à-vis de vos sujets. Je n’ai rien contre les nouvelles idées, et si tu veux donner de la plus-value, c’est tant mieux. Moi je suis là pour m’assurer que ça sera lu, qu’il y a de l’intérêt, et que le magasine reste cohérent. Ne me taxe pas de grand méchant loup juste parce que ce que je dis ne colle pas avec ce que tu espérais. Si je te bouscule, c’est dans ton intérêt. » Personne ne va loin en se reposant sur ses acquis, en se faisant caresser dans le sens du poil et en évitant la remise en question. Cela est frustrant, irritant, parfois décourageant, mais si mon intention était de claquer la porte au nez de la jeune femme, alors elle ne serait pas de ce côté du palier. Qu’elle ait de l’ambition m’est égal, et une réputation n’est qu’un label. Ce qui me fait tiquer, c’est le piédestal sur lequel elle s’est placée elle-même, et d’où elle regarde de haut ce qui met du pain sur sa table depuis des années, comme si cela n’était tout à coup plus assez bien pour sa personne dont elle nous fait l’honneur au quotidien. Peut-être que la radio lui est montée à la tête. Quoi qu’il en soit, le commentaire me déçoit. Mon visage se ferme alors qu’elle évoque les années BBC, la vocation rapidement avortée de reporter de guerre, et le détail qu’elle oublie ; je suis ici, pas là-bas. « Non, ça ne me manque pas. » Être dans ce bureau et non ailleurs est un choix. J’ai quitté ABC forcé de constater que cela ne me correspondait plus. Les articles de fond, paradoxalement, sont ce qui existe de plus éloigné des gens. Les politiques brassent du vent, les experts sont incompréhensibles et les journalistes s’écoutent parler, le tout sur un fond d’actualité déprimante qui couvre des guerres d’égos démesurés. Je ne suis pas mécontent de m’en être arraché. Celui qu’Ariane a accueilli le premier jour, c’est ce que font de vous ce genre d’environnement. Celui qu’on idéale, celui du "vrai" journalisme. « GQ n’est pas parfait, dis-je. Je me contrefiche du top dix des meilleurs brunchs à Sydney à un point que tu ne peux pas imaginer. Mais je crois que nous sommes utiles au quotidien sur d’autres plans, des petites choses qui font la société. Comment se mettre en valeur, se vendre, se sentir mieux au travail, chez soi, prendre soin de son couple, et au final être la meilleure version de soi-même. » Et peut-être que je sonne comme un teaser promotionnel, mais c’est ce qui m’a poussé à convoiter ce fauteuil-là plutôt qu’un autre. C’est ce qui m’anime quand je suis ici. « Mais si c’est trop frivole pour toi, je peux t’écrire une lettre de recommandation  pour un média plus solide. »
 
LOONYWALTZ
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

jariane ▲ so much further to go Empty
Message(#)jariane ▲ so much further to go EmptyLun 4 Juin 2018 - 5:16

There's so much further To go - and my mind was Fixed on running everything Too close to decipher A voice so I ask her What would you have me say?
À son tour de faire sa sérénade, à Jamie de déballer sa tirade avec verve et arguments, et son côté papa autoritaire qui ressort encore et toujours, maintenant que j’assiste à tout ce qui rend mon idée complètement crade à ses yeux, à tout ce que j’ai fait de pas correct dans mon exposé, à tout ce que j’ai dit qui n’a pas de sens pour le portefeuille de nos annonceurs, aux risques, à la débandade qu’il prévoyait de facto. J’assiste à son discours bien calée dans mon siège, lui qui a patiemment attendu que je finisse mon résumé pour entrer dans l’arène ; je peux bien lui offrir le même traitement. Et elles sont loin les joutes animées en salles de réunion, mes objections qui arrachaient toujours des soupirs d’un côté de la salle, des roulements d’yeux de l’autre. J’étais chiante, comme employée, et je le savais. Mais y'avait de ces moments, isolés, où parfois j’arrivais avec une bonne idée, un truc qui change, un potentiel qui décale. Et de base, je les gardais pour le podcast, où j’avais tellement plus de latitude. L’envie de conserver le concept d’aujourd’hui pour mes propres projets m'avait bien sûr tenté, plus que de raison à voir le refus salace dont Jamie ne se gêne pas de me tartiner, mais le simple défi qu’il me lance, le challenge qu’il m’offre sur un plateau, compromis qui doit le faire grincer des dents de l’intérieur de me céder un centimètre même si je m’attendais à un empire, est suffisant pour que je me redresse contre le dossier. Je plante mon regard dans le sien, réprime à peine le sourire victorieux qui couronne mon visage, qui lui servira probablement pour nourrir ses cauchemars me mettant en vedette, la grande harpie qui lui vole son âme une nuit sur six. « C’est tout ce que je voulais entendre. » à son offre, maigre mais présente, un pas dans ma direction que je ne néglige pas non plus. Pas depuis qu’il a mérité son poste ici, pas depuis que j’ai vu derrière son petit jeu des premiers jours, et que le Keynes a bel et bien fait plus que ses preuves au sein de l’équipe. Un genre de mentor - ce que je ne lui articulerai jamais, autant me taillader les veines que de me l’avouer à haute voix, mais de même c’est son guts que j’étais venue chercher, c’est son oeil critique, c’est sa franchise sans gants blancs devant un projet qui malgré mon dossier monté au mieux de mes connaissances n’était pas infaillible. « Et c’est aussi bien mal me connaître de penser que je veux partir. » et encore une fois, je ne retiens pas le fin retroussement naissant à la commissure de mes lèvres, sourire encore plus grand que je lui dévoile, comme s’il allait se débarrasser de moi cet après-midi. « Puis, je suis persuadée que ça ferait plaisir à bien trop de gens pour que je cède si facilement. » lui le premier, même si au final, que je retourne sagement prendre place dans l’open space ou que j’y fasse mes boîtes de départ ne lui ferait ni d’une ni de deux le moindre pli. J’étais une épine dans son pied, j’étais une voix aigüe en acouphène, j’étais dérangeante, mais tant que je faisais le boulot, et que je le faisais bien, que ce soit moi ou une autre, à quoi bon. Puis, j’y pense, à sa justification, à son beau déversement d’amour et d’inspiration, lui qui m’accuse de vouloir jouer les Winfrey, il se prend pour Maya Angelou. Et ça me fait rire. « Pour une fois, je crois qu’on pense pareil. » du moins, ça m’aurait fait rire, si je n’avais pas eu la décence de souligner avec sérieux le fait que sur ce sujet, on s’entendait à merveille. C’était pas parce que je semblais ridiculiser le magazine avec ma suggestion que c'était ce qui se passait vraiment, dans ma tête. C’était parce que j’y voyais le potentiel de tenir quelque chose d’un peu plus vrai, d’un peu plus cru pour une fois. Et j’abondais dans son sens, qu’on allégeait le quotidien, qu’on servait ultimement à quelque chose. « Sabrez le champagne. »  le rire est mutin, le sourire complice. C’était pas tous les jours que le grand Jamie Keynes et la furie Ariane Parker avaient le moindre point commun. C’était jour de célébration de voir que là-dessus, y’avait de quoi faire - et c’est sûrement ce pourquoi je colle encore un peu, alors que la rencontre improvisée, que le pitch spontané est derrière nous. « Votre discours de l'autre soir, il prend tout son sens aujourd’hui vous savez. GQ, c’est bel et bien votre place. » bien sûr, je pense à ce qu’il avait baratiné le soir de son assermentation, soir de gala, ou un truc du genre, juste avant sa phase crooner. Quand il avait en quelques mots à peine justifié bien des trucs à mes yeux, et gagné un semblant d’estime. Ce que plusieurs ne pourraient jamais vraiment toucher même du bout du doigt - et ça, c’était pas négligeable. « Je dis pas ça pour avoir de meilleures recommandations le jour où mon ego passera plus la porte de Conde Nast ; mais pour la peine, ça vaut ce que ça vaut. » oh et la précision est nécessaire à mon sens, même si je me doute qu’il s’en balance de ça aussi, de mon avis sur la question. Que tant que ses patrons sont heureux, lui l’est aussi. Que l’avis du petit peuple de qui il signe les chèques de paie est trop peu important pour qu’il s’y attarde. Pourtant, ça fait du bien à dire, parce que c’est vrai. Et lorsque je me lève pour aller chercher la chemise qui trône sur son bureau, et lorsque je feuillette distraitement les feuilles qui y rassemblent l’ébauche d’un truc auquel je tiens trop pour le laisser filer, c’est avec une idée derrière la tête. Faisant volte-face et attrapant son regard au même moment, je poursuis sur ma volée pas le moins du monde gênée d’abuser des bonnes choses. « Si vous avez encore du temps, ça serait cool de choisir ensemble l'histoire de base que je prendrai pour la version web de l’article. »  j’imagine qu’il a des tonnes de trucs à faire et que l’option de rester cloîtré avec la tornade de service sur les talons n’est pas des plus alléchante pour lui, néanmoins j’ai l’argument facile pour le faire céder, ou tenter de. « Ça vous assurera que je propose pas une tambouille mielleuse pour satisfaire mon envie de devenir la nouvelle Oprah. »  reprendre ses mots avec le ton bien acide, bien moqueur, bien joueur. Juste parce que.
 
LOONYWALTZ
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

jariane ▲ so much further to go Empty
Message(#)jariane ▲ so much further to go EmptyVen 15 Juin 2018 - 19:35

There's so much further To go - and my mind was Fixed on running everything Too close to decipher A voice so I ask her What would you have me say?
C'est acté, et désormais j'espère avoir un peu de paix de la part d’Ariane -pour, disons, vingt-quatre heures- après lui avoir donné ce qu'elle voulait, à savoir une chance d'explorer un nouveau genre, diversifier sa plume et la rubrique. Le compromis est plus que sage et équitable, bien que la barre soit assez haute ; son essai devra s'imposer vite et bien pour obtenir une suite, et à vrai dire je ne doute pas que les quelques curieux qui souhaiteront aller au-delà du titre de l'article ne seront pas assez nombreux pour que le contrat soit rempli. Néanmoins, s'il ne faut que cela pour démontrer à la jeune femme que j’avais raison, qu'il en soit ainsi ; le verdict tombera bien assez tôt. Quant à ma suggestion de la recommander pour un autre poste d'où elle pourrait regarder le monde d'encore un peu plus haut, elle est toute aussi sérieuse ; je ne tiens pas à avoir des frustrés qui prennent leur travail pour une obligation dans la rédaction, des gens qui se voient pas de moyen de s'épanouir, qui ne comprennent pas le sens des mots qu'ils couchent sur des articles peinant à capter leur intérêt. Cela se sent sur le papier jusqu'au lecteur, qu'importe la qualité de la plume. Cela se devine également au jour le jour, et je préfère de loin laisser leur chance à ceux qui seront heureux d'être là. Ariane ne m’a jamais donné l'impression de ne pas être à sa place, seulement d'être un gros poisson dans un petit bocal, désirant plus, dans une perpétuelle quête de mieux. Difficile à contenter, je ne peux que lui suggérer d'aller ailleurs et profiter de la main que je lui tends pour l'aider à trouver une place, qu'elle décline vivement. Me gardant d’alimenter son orgueil, je ne lui précise pas qu'il y aurait plus de peine que de joie à la voir quitter la rédaction, qu'elle manquerait dans son rôle de peste en chef, à moi le premier. "Ravi de l'entendre." dis-je simplement, un fin sourire flirtant sur mes lèvres, à peine élargi par l'enthousiasme dont la jeune femme fait étalage à l'idée que nous ayons enfin une opinion commune. À vrai dire, cela arrive sûrement bien plus souvent que ce que notre passion pour l'amour vache nous permet de l'admettre. Comme un petit jeu qui a aujourd'hui droit à une rare parenthèse, alors qu'Ariane se montre presque agréable, quasiment sentimentale, en nous remémorant le discours court et incisif que j'avais servi à la soirée de mon institution à ce poste. Mes sourcils se froncent sur le coup de la surprise ; je me demande ce qu'elle exigera d'autre après avoir pris la peine de passer un petit coup de brosse dans le sens du poil du patron. Mais elle ne formule rien d'autre qu'un gage de sincérité. "J'apprécie, merci." Obtenir estime et légitimité de la part d'Ariane tout comme du reste de l'équipe n'était pas gagné d'avance à mon arrivée, et nous avons tous subi cette tempête là de plein fouet avant qu'un semblant de calme et de stabilité parvienne à s'installer. La soirée de Noël avait été une régression particulièrement violente et il ne fut pas aisé de réparer les morceaux de cette confiance ébranlée par la verve de la rousse et de mon assistante. Jusqu'au prochain réveil du volcan, les choses sont rentrées dans l'ordre. Sans mettre Ariane dehors, je m'attends à ce qu'elle quitte désormais mon bureau, satisfaite de sa partie de chasse ; au lieu de cela, elle propose que nous travaillons ensemble sur le fameux article test qu'elle est parvenue à m'arracher. Je souris en coin, jette un coup d'oeil à un agenda libéré jusqu'en début de soirée. "Je dois bien avoir cinq minutes." D'un signe de tête, je lui fais signe de s'installer plutôt dans l'un des fauteuils de l'autre côté de la pièce, où se trouvent également une table basse et une bonbonnière pleine. "Et il nous faut du thé." Évidemment, le précédent étant déjà vidé. J'appelle rapidement Marianna qui se chargera de nous apporter cela, quand bien même continue-t-elle de scander que son travail ne consiste pas à être ma serveuse personnelle -et que je fais mine de ne pas l'entendre. À mon tour, je prends place dans un fauteuil ; l'espace en question est moins formel et bien plus confortable que les chaises de part et d'autre du bureau. J'aime autant ne pas avoir l'air d'un médecin en consultation ou d'un directeur d'école prêt à sévir. L'eau chaude, les sachets de thé et les deux tasses arrivent en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire et mon mutisme mutin face au regard assassin de May laisse deviner tout le plaisir que j'ai à la taquiner de la sorte. "Il n'y a pas de bourbon dans un minibar secret pour l'agrémenter, désolé." dis-je à Ariane avec un sourire. L'arôme infuse, l'eau fume, et pendant ce temps je défends mon dos au fond de l'assise, l'excès d'énergie enfin apaisé -pour les prochaines dix minutes et jusqu'au prochain besoin de me dégourdir les jambes. "Alors, dis-moi que tu as du Roméo et Juliette moderne, du Roxanne en puissance ou des apprentis Lannister dans tes papiers. Du bien racoleur avec un titre qui fait du clic." je lance, toujours cynique et prenant les travers du métier avec autant de réalisme que de second degré, conscient que dans la boutade il y a du vrai, mais que nous ferons au mieux pour limiter les dégâts.
 
LOONYWALTZ
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

jariane ▲ so much further to go Empty
Message(#)jariane ▲ so much further to go EmptyMer 20 Juin 2018 - 6:50

There's so much further To go - and my mind was Fixed on running everything Too close to decipher A voice so I ask her What would you have me say?
Probablement que les heures qu'il a accumulées aujourd'hui suffisent à ce qu’il veuille me couper dans mes simagrées le plus tôt possible. Après avoir épuisé tout ce qui lui reste de crocs et de serres en rencontre marketing, Jamie n’avait plus aucune munition contre mes railleries de gamine pas du tout satisfaite de se faire dire non, et mon refus au sien a vite vu un genre de compromis. C’est pas la page centrale, c’est pas l’exemplaire papier que je peux foutre sous le nez de Nathalie le sourire vantard qui s’étire, mais c’est déjà mieux que rien si on colle le tout au web. Si j’ai appris quelque chose concernant Jamie depuis son arrivée à GQ, c’est de lire ses rictus, c’est d’analyser son visage. Plus il est fermé, moins mes enflammées ne vont logiquement l’atteindre. Plus il est contrit, plus je dois y aller dans le concret, le direct, lui expliquer les vrais points, et ne laisser aucune marge de manoeuvre. Là, il est juste en phase avec la fin de sa journée. Il veut retirer ses chaussures hors de prix, s’affaler dans son gros canapé de vieux riche anglais, passer ses lunettes sur son nez et féliciter son portefeuille de maintenir un niveau acceptable dans les 0, positifs of course. Mon discours se scinde donc rapidement, ma contre-offre à la sienne, et on finit par se mettre d’accord sur une potentielle trêve qui allège de beaucoup l’ambiance du bureau, ambiance qui avait toujours une tangente un peu plus enflammée quand l’un ou l’autre ne voulait pas laisser de terrain, de jeu - toujours en fait. « Deal. » honnêtement, je le voyais déjà me foutre hors du bureau à la seconde où j’avais ajouté un point à ma dernière phrase. J’aurais pas râlé, sauf peut-être juste pour pousser la peste à son maximum. Autrement, ça m’allait de faire comme si on était des collègues et pas juste un boss et son employée, sa sous-fifre. Il m’accorde 5 minutes, je prends mes aises, lâche mon sac à mes pieds, ma veste dans l’angle, récupère les papiers de son bureau et suit son regard vers le plus gros, le plus généreux des fauteuils à disposition. Baskets lancés au sol, je m’installe en indien au même moment où Marianna passe le cadre de porte pour nous resservir du thé ; ne manquant pas son regard en coin accusant le fait que je me sois gratté du temps supplémentaire avec le Keynes ; comme si ça étonnait tout le monde, qu’on soit capable de rester dans la même pièce en duo sans que la tête de l’un ou de l’autre se retrouve sur un bûcher. Fallait dire qu’on semblait être tous les deux dans un bon mood - autant en profiter avant la prochaine fois où il me fera chier. Parce que oui, c’est fréquent - et je serais prête à parier que l’inverse était toute aussi vraie. « Et après y’en a qui envient votre poste ; ils ont trop écouté Mad Men. » et je roule exagérément des yeux, sauvant tout de même la donne pour ma part ; à voir si lui en voudra en pas, en dégainant de mon sac une mini-bouteille de whisky toujours prête à toutes éventualités « Par chance, certains font des réserves. » polie pour la peine, j’en vide la moitié dans mon gobelet, pose le format poche sur la table basse pour qu’il se serve, s’il est pas si coincé que ce qu’il laisse entrevoir la plupart du temps. De ses suggestions de love story adaptées, je joue de la tête, tangue d’un sens et de l’autre, dodeline à la recherche de ce qui, je crois, pourrait faire office de bon point de départ dans le matos accumulé au fil des jours précédents. « J’ai une Bennett qui cherche son Darcy, et qui ferait une belle figure de proue pour défendre le sexisme au 21 siècle. » la nana plutôt forte, pas le moins du monde besoin d’un homme, mais prête à tout sacrifier pour partager son quotidien avec un Alpha me fait limite pitié, quoi qu’elle a tout pour soulever les rages des féministes, pour lancer des débats, pour alimenter la toile de commentaires salaces qu’on prendra plaisir à noter en salle de réunion la semaine suivante, synonymes de vues par milliers et de rants aussi vicieuses que parfaites pour faire parler. Nos community managers adoreraient - not - le boulot de modérer le tout, mais au final, ça ferait un papier qui avait du potentiel viral bien de son temps. Pourquoi pas miser sur une corde sensible et une autre? Le temps que Jamie prend à éplucher le dossier, je me cale dans les coussins, mes iris vissés à son visage concentré, la curiosité qui se lit sur mon visage. « Allez-vous vraiment le publier, ou vous faites juste ça pour que je me la ferme? » sa réponse importe peu au sens où il a déjà dit oui, que l’accord est déjà pris, néanmoins, je suis tout de même curieuse de savoir si ma théorie du moindre effort est venue jouer en ma faveur dans sa décision. « Parce que je le remarquerai, si l’article saute pendant mes vacances. » autrement dit, qu'il joue pas au plus malin. Malgré le fait que j’ai une petite semaine de prévue à suivre maman à Londres le temps qu’elle passe de librairies en salons du livre pour présenter son dernier bouquin publié, ce serait bien stupide de croire que je verrai pas si la date de tombée sera pas reléguée aux oubliettes sous prétexte qu’une Ariane en congé ne surveille pas le site web à la loupe. « En passant, faut me dire si vous voulez que je vous ramène un souvenir. » et j’additionne mes paroles d’une longue gorgée de thé, encore assez chaud pour que ma langue tressaille sous le choc de température. « Autre qu’un string de l’Union Jack deux tailles au-dessous. » mes sourcils dansent, je joue du malaise auquel il n’accordera pas la moindre bribe d’attention bien sûr, sûrement trop enfantin pour qu’il s’y abaisse. Mais l’idée de lui exhiber un soutif bien moulant bien malaisant en prochaine rencontre de staff me branche tout de même, et l’idée fait doucement sa place dans mon cerveau salace. « J’avais oublié ceux-là! »  et je m’active de retour au programme principal, dégainant une nouvelle feuille de mes affaires en narrant son contenu une fois que Jamie l’a sous les yeux. « Un love triangle entre deux vieux et une jeune. On peut faire passer ça pour une étude de cas de la quarantaine - et la p’tite est à un autre niveau de canon. Ça va vendre du rêve comme clickbait. »
 
LOONYWALTZ
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

jariane ▲ so much further to go Empty
Message(#)jariane ▲ so much further to go EmptyMer 27 Juin 2018 - 0:20

There's so much further To go - and my mind was Fixed on running everything Too close to decipher A voice so I ask her What would you have me say?
Mes yeux roulent en apercevant la petite flasque personnelle d’Ariane, dégainée de son sac à main -la réserve comme elle l’appelle, comme si elle se préparait à toutes les éventualités à tout moment, allant d'une épidémie zombie laissant la civilisation à sec ou une simple prise de bec dans la queue du Starbucks. Je désapprouve, c'est évident, mais sachant que toute forme de réprimande serait parfaitement contre-productive, entre la probabilité de me faire à nouveau taxer de papa moralisateur et celle de ruiner l’ersatz de bonne entente qui se dessine à cet instant, je m’abstiens d'émettre le moindre commentaire. Au final, cela aurait été fort déplacé de ma part, puisqu'au moment où elle dépose l'alcool sur la table basse entre nous deux, à côté des tasses de thé, j'envisage sérieusement d'ajouter une goutte dans la mienne. Et l'idée fait son chemin jusqu'à ce que je cède, haussant les épaules et admettant que “ça ne peut pas faire de mal”.. Je n'en verse pas plus que l'équivalent d'une généreuse cuillère à soupe néanmoins, pour l'odeur et l'arrière goût en fin de bouche. J’hume la surface du thé, la fumée frôlant mes narines délicatement avant que je n'approche mes lèvres du bord de la tasse. Un boisson chaude se buvant, comme le nom l'indique, chaude, j'attends rarement avant de l’attaquer. Pendant ce temps, ayant suggéré à Ariane de m'énumérer quelques unes des études de cas dont recèle son dossier béton, celle-ci me propose ses pépites capables de faire office de pilote à son hypothétique série d'articles. “Tu veux dire, deux dramas queens aux égos mal placés et armés d’une sérieuse obsession d’attirer l’attention ?.” je réponds à sa première suggestion, le ton monocorde de celui que la perspective blase au plus haut point. Non, je n'ai rien contre l'oeuvre de Jane Austen, même si je n'en ferais pas mon roman de plage tous les étés (printemps, automne et hiver dans le cadre d'un climat comme celui de l'Australie), mais le classique est tombé dans le cliché à tel point qu'il en est ennuyeux. Et puis, je doute de saisir où Ariane y voit une once de féminisme, d'autant que cela n’est pas tant mon rayon. Je sirote encore, une jambe amplement croisée sur l'autre, inspectant l'éraflure sur la pointe de mes bottines et me laissant une note mentale à propos d'un détour futur par le cordonnier. C'est le changement de sujet d'Ariane qui me fait relever les yeux, sa remise en question de ma décision, de ma parole même, s'attendant à un coup en traître de ma part à la moindre occasion. Sans patience pour ce genre de discours, et facilement heurté par un manque de confiance que je ne crois pas mériter en quoi que ce soit, mon visage se ferme un instant -et je me dit que pour la peine, vu ses égards pour mes engagements, j'aurais bien pu lui faire remarquer que se balader avec une flasque lui donnait l'air plus ivrogne que chic. “Ariane, je suis là, et tu es là. Ca devrait déjà répondre à ta question.”. je réponds, las et détaché, tentant de passer l'éponge sur ces commentaires idiots de la part d'une jeune femme qui prouve à chaque entrevue que ses propos stupides mériteraient une compilation. Et puis je me revois à son âge -rien que de le penser me déprime- et je me rappelle que personne ne vaut vraiment mieux à ce moment-là de la vie. Elle essaye de me décrisper, et je lui accorde un rictus vaguement amusé, me refusant à rire dans un premier temps face à l'image d'un dessous mille fois trop petit qu'elle aurait dégoté dans une boutique de souvenirs douteux quelque part pas loin de Camden. Et finalement, avec un sourire plus large de seconde en seconde, vaincu peut-être par son humour qui ne vole pas bien haut ou par la fatigue qui m’y rend plus réceptif, je renchéris ; “Si tu trouves le crop top assorti tu feras de moi un homme heureux..” Je ne vais pas jusqu'à m'imaginer le tout sur moi, le ridicule pouvant bien me terrasser d'une nouvelle crise cardiaque, sait-on jamais. Enfin l'objet de son temps supplémentaire dans mon bureau reprend le dessus sur ces divagations et Ariane dégote un trio de sujets bien plus intéressants à exploiter pour son premier article en ligne. En une ligne, l'histoire me séduit ; qu’elle mette un sourire sur le visage, qu'elle inspire le dégoût, que l'on trouve cela révoltant ou qu’on veuille défendre l'amour libre, elle fera forcément réagir d'une manière ou d'une autre, et c'est ce détail qui nous intéresse, qui peut rendre viral un contenu banal. “Alors petit un, tout doux avec le mot “vieux” à partir de quarante ans..” je corrige Ariane, l'index levé devant elle et directement touché par ce détail. Parce que la quarantaine approche, et je ne me trouve ni vieux, ni en passe de l'être. Et parce qu'on ne voudrait pas vexer une partie du lectorat en plus du rédacteur en chef. “Petit deux… t’as une photo de la fille ?”. je reprends, tout particulièrement intéressée par ce qu’Ariane appelle un canon -et quelque chose me dit que nous n'avons pas forcément les mêmes canons de beauté. Quoi qu'il en soit, la question n’a aucune valeur éditoriale et ne vise qu'à satisfaire ma curiosité d'un petit coup d'oeil sur le châssis en question. “Mais j’aime l’idée., je conclus, presque emballé. C’est un brin glauque, ça éveille la curiosité… Tu peux faire mouche.” C'en est presque à croire que je le lui souhaite, mais la perspective d'avoir eu tort m'en dissuade rapidement.
 
LOONYWALTZ
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

jariane ▲ so much further to go Empty
Message(#)jariane ▲ so much further to go EmptyVen 6 Juil 2018 - 18:36

There's so much further To go - and my mind was Fixed on running everything Too close to decipher A voice so I ask her What would you have me say?
Faut vraiment que je me fasse violence pour ne pas rouler des yeux lorsque le Keynes s’insurge que je doute de ses intentions honorables. Je les connaissais, les simagrées du genre, l’attitude autoritaire par excellence qui confirme que oui, oui, on vous a bel et bien entendu le temps que l’autre partie se calme, puis qu’on n’en parle plus. « Je fais que surveiller mes arrières. » et un chill, impoli but well deserved, qui reste en suspens sur mes lèvres scellées, plus souvent que ce qu’on croirait, par soucis de hiérarchie encore et toujours. Jamie a tout de même atteint son objectif s’il veut que je me la boucle, et le simple fait de savoir qu’il a remporté cette bataille là me convainc à boire d’un trait ce qu’il reste de mon gobelet de thé alcoolisé. Bon, là ça va mieux. Si mon premier prospect ne semble pas le séduire, c’est le moment parfait pour parler de quelque chose qui, à mon oeil, aurait le potentiel de combler mes moindres désirs et autres kinks non assumés. Qu’il se balade avec un string cliché à souhait m'arrache un éclat de rire, l’entendre ajouter le crop top au-dessus est aussi inattendu que séduisant pour la blague. C’est qu’il savait se lâcher finalement, le patron, et même si sarcastique au possible, je prends bonne note de veiller à remplir ma tâche, la mission gravée dans ma mémoire comme un joli prank qui ressortira à la prochaine échange de cadeaux organisée par Nath. « I aim to please. »  qui confirme que même s’il a lâché le truc à la blague, je ne peux pas être plus sérieuse. Retour au dossier qui trône sur la table, à sa mine le moindrement impatiente d’en avoir fini, et à mes sourcils froncés une fois que je capte qu’il reste un trio pas si mal que ça dans le lot. « Ça va, il vous reste encore quelques années à être jeune et fringant. » entendre tiquer Jamie sur son âge ne me fait pas grand chose, à savoir que n’importe quel mec à l’approche de la quarantaine avait toujours plus ou moins une remise en question. Je le vivais déjà avec Hugo qui passait un nombre incomparable d’heures quotidiennement à revoir le sens de la vie de gauche à droite, de haut en bas, et dans toutes les diagonales possible, alors y’avait pas grand chose ici qui m’étonnait, m’épatait. « Et après, ce seront vos golden years à la Clooney. » même pas attentive à lui jeter un coup d’oeil, répondant par automatisme blasé, mes iris poursuivent la fouille de la pochette où s’empilent les feuilles que je cherche avidement, avant de lui tendre la dite photo demandée. « Elle-même. » laissant à Jamie le temps d'observer une brunette aux tâches de rousseur, à la poitrine bien remontée, à la silhouette gracile et aux jambes longues de plusieurs mètres à mon oeil pas du tout exagérateur, je me cale dans mon siège, joue avec une mèche de cheveux au hasard. « C’est votre genre? » ou vous préférez toujours les blondes pendues à votre cou et à vos lèvres? que je pense bien fort. L’épisode Noël toujours en travers de sa gorge - et de celle de Marianna additionnée à la mienne - je la joue safe. Loin de moi l’envie de papoter sur sa vie sentimentale anyways, il m’a prouvé en une soirée que j’avais rien à creuser là et que comme tout boss typique, il avait tapé en plein dans le mile côté relation clichée. Mon esprit flirte toujours avec le potentiel des boutiques de vêtements crades du Londres punk, décidé à ce qu’un format moulant medium soit juste assez révélateur pour exhiber ce que sa trentaine a de mieux à offrir. Le Keynes qui approuve prestement le sujet est tout de même encourageant, même si je sais qu’absolument rien n’est gagné. Il sera sanguinaire quand viendra le temps de lui filer mon texte, je sens déjà les critiques et les marques rouges et le travail en double, en triple que j’aurai à faire sur le document une fois qu’il l’aura lu de travers. « J’irai dans leur sens alors. » stoïque, calme, je regroupe les papiers, hoche de la tête, planifie déjà rester ici et ce soir, et demain dans la foulée. « Vous l’aurez sur votre bureau avant la fin de la semaine. » sachant que je partais déjà avec plus d’appréhensions que de hâte, valait mieux que je profite jusqu’à la dernière seconde de son intérêt avant qu’il ne le couve vers quoi que ce soit d’autre, et de plus lucratif à ses yeux. L’entente est prise, c’est tout juste si je ne la scelle pas d’une poignée de main de rigueur, avant de me lever de mon siège. Il a d’autres chats à fouetter pour terminer sa journée, et j’ai un article parfait en tous points à lui écrire pour lui fermer le clapet. Les choses ont tout à gagner de se remettre en marche rapidement. Dans un élan de bonne foi ; et surtout parce que ça m’amuse de l’imaginer pompette sur mon vieil alcool qui doit valoir à peine le huitième des bouteilles de friqués qu’il se paie un mardi soir peinard, je vide le reste de ma flasque dans son gobelet, un grand sourire de gamine mal intentionnée sur le visage. « Allez, c'est parce que vous êtes le boss. » un clin d’oeil, un déhanchement de plus, et hop, je ne suis plus dans son champ de vision pour le meilleur, et pour le pire.

LOONYWALTZ
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

jariane ▲ so much further to go Empty
Message(#)jariane ▲ so much further to go EmptyJeu 19 Juil 2018 - 8:54

There's so much further To go - and my mind was Fixed on running everything Too close to decipher A voice so I ask her What would you have me say?
Le fond de whisky chatouille les narines tandis que le thé mêle son amertume au breuvage. Le tout glisse aisément dans ma gorge pendant que je parcours du regard tous les dossiers de la rédactrice en mal de nouveauté. Pas sentimentaliste pour un sou, pas choquée, pas intéressée et quasi-robotique, Ariane ne s’émeut pas de mes protestations à propos de sa seconde proposition de sujet. Elle balaye d'un revers de la main mon tout récent complexe d'approche de la quarantaine et me le fait remballer vite fait. J’arque un sourcil et me retient d'ajouter quoi que ce soit, d'en dire trop, et me montrer plus à fleur de peau que je ne devrais l'être devant elle. C'est, en soi, une bonne piqûre de rappel. “Si tu le dis.” je souffle en haussant les épaules, pas convaincu. Coupé court, le sujet passe à la jeune femme dont Ariane m’a vendu la beauté et dont je souhaite effectuer la validation -ou juste assouvir ma curiosité, pour être honnête. Je saisis la photographie entre deux doigts et la scrute une fois sous mes yeux. Franchement impassible, je ne m’extasie pas devant la jeune femme qui n’a, à mes yeux, rien de plus qu'une autre. Et si sa personnalité venait à lui conférer un charme supplémentaire, ce n’était pas le cliché qui m'en ferait part. Je m’attendais autant à mieux qu'à pire, alors la validation se passe sans difficulté. “Pas vraiment, je réponds à Ariane. Mais belles jambes, en passant.” C'est sûrement ce qui a détourné l'attention du léger strabisme que je lui devine, aux yeux des deux messieurs qui la convoitent pour notre plus grand plaisir. Toujours épileptique, mon téléphone posé sur la table clignote constamment avec frénésie, rappel tout en LED que la journée n’est pas tout à fait terminée après cette entrevue avec la jeune femme. Il y aura toujours un mail, un coup de fil, quelque chose pour me retenir là dix, quinze, trente minutes de plus ici et là. Les notifications attendent en ligne, dont un message de Joanne se demandant vers quelle heure je serais à la maison cette fois. La réponse est rarement bonne, mais je ne compte pas m'éterniser ce soir. Je sais d'avance que je ne serais plus absent que présent durant la période de Fashion Weeks à venir. En parcourant l'écran d'accueil de l'appareil, mon attention s'éloigne déjà d’Ariane qui remballe ses affaires, voyant ses dernières paroles simplement acquiescées bouche close. Nous nous reverrons pour parler de son article de toute manière, il y aura forcément des corrections, une nouvelle confrontation, et elle me grignotera allègrement encore un peu plus de patience et d'énergie avec je ne sais quelle joute verbale allant de paire avec son humeur du moment. “Ca ne presse pas.” dis-je, monotone. Non pas que je repousse l'échéance ou ne me montre pas un tantinet plus excité par le projet que je ne l'étais lorsque Ariane a mis un pied dans ce bureau, au contraire. Il n’y a simplement aucun intérêt à presser la chose, à mes yeux, plutôt que de le travailler encore et encore, peaufiner, ce qui doit être l'article vitrine d'un plus grand plan. Je préfère encore qu'elle revienne à la charge dans un mois, véritablement béton cette fois, plutôt qu'en fin de semaine avec une plume approximative. Je laisse l'angle et le ton à ses bons soins, souhaitant avoir la meilleure idée possible de l'orientation qu'elle compte donner au tout avant qu'elle ne subisse le passage obligé et pénible de mes filtres. Lorsque je relève les yeux de mon téléphone, Ariane est en train de me céder la fin de sa flasque personnelle. J'esquisse un sourire, demeure silencieux et laisse mon attention se faire prendre en otage une nouvelle fois par une énième vibration de l'appareil entre les mains. Elle disparaît du bureau en un claquement de doigts. Et je n’en sors à mon tour que deux bonnes heures plus tard, sans avoir pris le temps de répondre à Joanne au final. Marianna s'en est allée un peu plus tôt. Je verrouille la porte derrière moi, jonglant avec deux trousseaux de clés, ma sacoche et ma veste. J’arrange le cuir sur mes épaules en passant à travers l'open space où, sans surprise, une irréductible rousse continue de taper sur son clavier entre deux boxes vides. Et j'hésite à approcher, lui suggérer de potasser ensemble son bouquin dont j'ai enfin lu les premiers chapitres qu'elle m’avait envoyé il y a des mois de ça. Peut-être autour de take out chinois, sans passer par la case coincés une heure dans l'ascenseur. Elle pourrait obtenir une revanche au babyfoot, en prime. Mais j'entends venir la verve dont elle se targue me renvoyer chez bobone qu'elle n'estime guère, à la manière de la joute qu'elle avait instigué à Noël. Et la journée a été trop longue pour s'infliger ce genre de punition. Alors, quand elle relève la tête, me détaillant sûrement planté là, je me contente de la saluer d'un signe de tête, considérant mon devoir bouclé pour aujourd'hui.

LOONYWALTZ
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé
  

jariane ▲ so much further to go Empty
Message(#)jariane ▲ so much further to go Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

jariane ▲ so much further to go