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 Ladies in the Sky with Diamonds ☆ (joarene)

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Message(#)Ladies in the Sky with Diamonds ☆ (joarene) EmptyVen 23 Mar 2018 - 22:58


Ladies in the Sky with Diamonds
Picture yourself in a boat on a river With tangerine trees and marmalade skies Somebody calls you, you answer quite slowly A girl with kaleidoscope eyes Cellophane flowers of yellow and green Towering over your head Look for the girl with the sun in her eyes

"Mars 2018". Les yeux rivés sur la page plus tout à fait immaculée de son carnet, la pointe du stylo effleurant à peine le papier, juste quelques millimètres au-dessus du trait élégant qui terminait la courbe du dernier chiffre, Irene échouait à écrire. Lasse, le bras fatigué par la tension inutile qu’elle infligeait à son muscle, elle se leva alors, laissant derrière elle journal intime et obligation de remplir sa page blanche, et vint jusqu’à la baie vitrée. Sa villa construite en hauteur lui offrait une belle vue sur la mer, un panorama resplendissant pourvu qu’on se situe dans sa chambre, dans son bureau, ou dans le grand salon en bas. Un ciel bleu presque sans nuage la contemplait, invitant aussi bien à la méditation relaxante dans son jardin qu’à une balade énergique sur les sentiers de Bayside.

Irene n’était rentrée de Londres que quelques jours auparavant, encore un goût amer sur la langue. Elle avait quitté Brisbane en décembre, pour rejoindre sa famille et passer Noël avec eux, et le jour de l’an. Victor l’avait accompagné pour quelques jours, faisant une escale dans la capitale britannique chez sa future belle-famille avant de reprendre l’avion pour les terres ensoleillées de l’ouest américain. Elle ferma les yeux brièvement, coupant la lumière bleue de son décor australien. Ces fêtes de fin d’année n’avaient pas été les plus heureuses. Alors qu’elle aurait dû rentrer pour se marier, elle avait dû encore une fois affronter la déception de ses proches, les regards sévères et les commentaires durs. Encore, disait-ils. Encore un caprice d’Irene, encore une aberration… l’Australie ne lui réussit pas. Cette fois-ci elle ne s’était pas attardée sur les sourcils froncés et les moues désapprobatrices, faisant bonne figure autant que possible, restant bien accrochée au bras de Victor pendant les jours passés ensemble, son diamant de bague de fiançailles à nouveau étincelant à son doigt. Comme s’il ne s’était rien passé, comme si leur bonheur ne se fissurait pas de tous les côtés. Comme si elle ne lui mentait pas, comme si elle ne le trahissait pas.

Irene s’était noyée dans les festivités de Noël, redoublant d’ardeur pour finir de décorer le manoir familial et même l’appartement à Londres ; faisant du shopping dans les grands magasins avec sa nièce espérant y trouver de beaux cadeaux ; dansant et buvant peut-être plus que d’habitude pour insuffler à son cœur vacillant un semblant de joie réelle, bien qu’éphémère. Elle ne voulait pas voir Victor s’éloigner. Elle ne voulait pas non plus voir son père, Lord Arthur, s’éteindre, à presque 80 ans. Mais il s’en était allé à la fin du mois de janvier. Irene avait repoussé son départ pour rester auprès de lui, encore un peu. Leurs relations tumultueuses depuis plus d’un an avaient enfin trouvé une paix dans leurs échanges en tête à tête, faisant renaître dans leurs coeurs la complicité qu'ils avaient toujours eu ; leur permettant de se quitter sur des sourires malgré les larmes. Lord Arthur n’avait jamais été un homme particulièrement démonstratif. Il incarnait le patriarche par excellence et les valeurs de l’aristocratie britannique ; il était le socle de la famille Delaney, une sorte de dieu, presque, un symbole, une référence. Et maintenant, il était un souvenir.

Elle essuya ses larmes avec pudeur, frissonna malgré la caresse du soleil sur sa peau. La Lady était restée à Londres aussi longtemps qu'elle avait pu le supporter, pour son deuil, pour soutenir sa mère, pour être réconfortée, aussi. Victor était revenu, Cat avait partagé sa peine. Mais la vie continuait et c'était bien l'un des principes qu'Arthur avait essayé d'inculquer à ses enfants, même si leurs relations n'avaient pas toujours été au beau fixe. Maintenant il semblait à Irene avoir un trou à la place du coeur qu'elle ne savait comment remplir. Ça n'aidait pas, non plus, de voir George hériter de la fortune, de Gresham, et des titres, la reléguant elle non plus au rang de fille héritière mais de soeur dépendante du bon vouloir et des humeurs de son frère aîné quant à la place et à la réputation qu'il voudrait bien lui céder dans la haute société. Sa psychologue à Londres lui avait conseillé de commencer un journal intime pour y livrer ses pensées, pour mettre des mots sur ses émotions ; carnet relié à la belle couverture illustrée qui gisait à présent sur un coin de son bureau. Irene ne savait pas faire ça, s'exprimer facilement, et peut-être encore moins lorsqu'elle était seule avec elle-même. Elle gardait ses tourments bien au chaud dans sa tête et son cœur, répondant à son besoin de forteresse émotionnelle. Les seules choses qu'elle avait écrit jusqu'à présent étaient une liste de courses, la date, et la météo.

Mais le temps passait et elle ne pouvait pas éternellement rester insensible au cours du monde ; d'autant plus que d'heureuses nouvelles lui étaient parvenues. Apprendre le mariage de Joanne et Jamie l'avait incroyablement réjouie, et depuis l'Angleterre Irene s'était empressée de leur faire parvenir deux longues lettres, à chacun, pour les féliciter et leur souhaiter le meilleur. Et puis, bien sûr, elle se réjouissait de pouvoir les retrouver. Elle avait donc convié Joanne à venir la rejoindre dans l'après-midi : son amie et elles partageaient désormais le même statut... celui de Lady. Et cela ravissait Irene qui savait désormais qu'elle comptait une réelle amie parmi les femmes de son rang. La brune espérait que retrouver la petite blonde lui permettrait de retrouver le sourire aussi, et de profiter de la positivité et de la douceur qu'elle savait toujours faire partager.

Jetant un oeil à sa montre, Irene déduisit que la nouvelle Mrs Keynes n'allait pas tarder à arriver. Se détournant de la baie vitrée, elle rangea le carnet dans un tiroir (ce sera pour plus tard, pensa-t-elle), et descendit dans la cuisine où elle avait préparé un panier. Elle espérait pouvoir faire une ballade avec Joanne sur la marina, peut-être même s'arrêter pour pique-niquer dans les environs. Effectivement, quelques minutes plus tard et alors que l'anglaise était en train de couvrir la tarte qu'elle avait cuit - sa toute première réalisation personnelle, elle entendit le son clair de la sonnette retentir.

« Entre, Joanne, la porte est ouverte ! Je suis dans la cuisine, j'arrive ! », cria-t-elle en se dépêchant. Irene se lava les mains, et apparut enfin dans le vestibule pour accueillir Joanne, l'enlaçant presqu'immédiatement - un geste très familier pour elle, mais elle avait aussi besoin de ça. Irene avait permis à ses employés, cuisinière, jardinier et majordome, de prendre des vacances, souhaitant rester seule pour un moment. Mais elle n'avait revu personne depuis son retour et se retrouver soudain en présence d'une personne si bienveillante lui fit réaliser à quel point le contact humain lui manquait, tout simplement.  

« Je suis si heureuse de te revoir ! Entre, je t'en prie, fais comme chez toi. »

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Message(#)Ladies in the Sky with Diamonds ☆ (joarene) EmptySam 24 Mar 2018 - 15:12


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La rupture totale de la relation entre Joanne et son père était difficile. Sa désapprobation totalement vis-à-vis de son mariage l'était encore plus. Mais elle ne regrettait en rien son choix. La petite blonde ne regrettait absolument pas son choix, bien que son paternel le trouvait stupide et beaucoup trop hâtif. Rigide d'esprit et bien trop ancré dans certaines traditions, il ne tolérait absolument pas que sa plus jeune enfant ait enfreint autant de ses principes. Joanne restait campée sur sa position, prenant ainsi la défense de sa propre famille, et Martin, son père, ne voulait pas même leur laisser l'ombre d'une chance. Sa mère, en revanche, semblait un peu plus ouverte. Il était d'ailleurs prévu qu'elle vienne dîner, elle qui voulait prendre le temps de tout mettre à plat de faire, enfin, plus ample connaissance avec Jamie. La date n'avait pas encore été convenue. Joanne n'était pas très bavarde à ce sujet, d'ailleurs. Dès qu'elle sentait que l'on s'en approchait un petit peu trop, elle déviait la conversation, saisissait la moindre opportunité pour discuter d'autre chose. C'était encore trop récent, Joanne en avait encore la gorge serrée. La soirée fut éprouvante sur un autre point, lorsque Jamie avait englouti en quelques mots un rêve, un projet que Joanne pensait réalisable et qu'elle aurait adoré exécuter. Mais il avait eu le rôle de lui remettre les pieds sur terre. Il savait combien elle était rêveuse, combien il était facile pour elle de se laisser transporter. La petite blonde avait bien vu que son époux avait glissé l'adresse mail du chef de projet qui s'occupait déjà de reconstruire l'histoire de Grace et Celso, mais Joanne ne l'avait pas contacté. Elle avait été un peu trop refroidie et restait pour le moment plutôt éloignée de la vie à retracer de ce couple qui avait pourtant occupé son esprit depuis plus d'un an. Jamie était certain qu'elle allait trouver quelque chose d'autre à faire, un autre projet, une autre occupation pour elle. Mais pour le moment, rien de très convaincant ne lui était venu à l'esprit. Joanne avait trouvé un certain plaisir à faire un petit peu de scrapbooking pour personnaliser les albums photos qu'elle avait, mais rien de plus. Les mariés avaient un rêve commun, le projet d'agrandir leur famille, d'avoir un deuxième enfant. Ils y avaient songé tous les deux, ils savaient que chacun des deux le désirait plus que tout. Joanne était tout de même surprise que ce soit Joanne qui l'exprime à haute voix en premier. Une belle surprise. Les semaines étaient bien chargées, avec leur emploi respectif. C'est pourquoi elle se montrait intransigeante lorsqu'elle disait qu'elle consacrait entièrement ses weekends à sa famille. Elle trouvait qu'elle ne les voyait pas assez, qu'elle ne profitait pas assez d'eux. Quand Irene l'avait contacté, elles avaient donc convenu de se voir un jour en semaine. La petite blonde s'était débrouillée pour quitter un petit peu plus tôt le travail, en milieu d'après-midi, pour aller la voir. La brune avait disparu du paysage de Brisbane durant des mois, étant retourné en Angleterre durant cette longue période. Joanne sonnait donc à la porte et entendit Irene l'inviter à rentrer, de loin. La blonde restait tout de même près de l'entrée, attendant que son amie ne fasse son apparition. Elle n'avait jamais été du genre à se sentir tout de suite à l'aise dans la maison de quelqu'un d'autre, loin de là. Il suffisait de se rappeler à quel point elle ne se sentait pas chez elle à Logan City même si Jamie et elle habitaient sous le même toit. Une tare qui lui avait parfois beaucoup coûté. Joanne ne s'attendait pas à ce qu'Irene vienne l'enlacer, de but en blanc. Irene était loin d'être une femme aussi tactile. Du moins, pas à la connaissance de Joanne. Elle posa une simple main sur son dos, toujours un peu déroutée par ce geste, mais cela lui faisait tout de même plaisir. Elle était heureuse de la revoir, enfin, après tout ce temps. "Ca faisait bien longtemps." répondit-elle avec un sourire, se rendant compte que ce n'était pas la première fois qu'elle disait cela. "Difficile de se séparer trop longtemps de Brisbane, pas vrai ?" Du moins, c'était ce que ressentait Joanne à chaque fois qu'elle partait en vacances à l'étrange. Autant elle adorait les voyages et savait en profiter pleinement, mais au retour, elle se réjouissait toujours de retrouver la ville qui l'avait adoptée il y a bien longtemps. "Et c'est lorsque tu es partie qu'il y a beaucoup de choses qui se sont passées." Il était évident qu'Irene ait été rapidement informée du mariage de Jamie et Joanne. Il était discret, sans aucun artifice, aussi surprenant que ne l'était leur relation. A leur image, en somme. "Nous pourrions peut-être profiter encore du beau temps, en allant nous promener un petit peu. Les jours automnaux arriveront bien assez vite." Et Joanne n'était jamais contre une balade, dès que l'occasion se présentait. La blonde avait beaucoup apprécié la lettre qu'elle lui avait envoyé suite au mariage, de longues phrases en guise de félicitations. Joanne n'était pas du genre à exhiber son alliance à tout le monde même si elle en était particulièrement fière. Elle aimait énormément le bijou que son époux avait sélectionné pour l'occasion. Il lui arrivait régulièrement de jouer avec, ou de la regarder, tout simplement, dès qu'elle était seule dans son bureau au travail, par exemple. Elle la montrait à ceux qui voulaient la voir. Joanne avait eu vent du décès du père d'Irene, elle lui avait envoyé une carte de condoléances dès qu'elle en avait eu l'occasion. Si la brune avait besoin d'en parler, elle savait où trouver son amie.
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Message(#)Ladies in the Sky with Diamonds ☆ (joarene) EmptyLun 26 Mar 2018 - 2:40


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Rompant leur brève étreinte, Irene se détacha de la petite blonde qui lui offrait son doux sourire. Joanne semblait aller bien : les joues un peu rosies, le regard clair de souci, ou de doutes, il y avait comme quelque chose de changé dans sa posture, quelque chose d'infime mais d'indéniablement différent. « Oui, ça fait du bien de revenir... de pouvoir voyager entre les deux pays, librement. Pour une fois, elle n'avait pas attendu dix ans avant de revenir. Et puis je t'avoue que je ne suis pas mécontente de retrouver un peu de soleil, la mer, un ciel clair... J'ai eu l'impression que le ciel de Londres s'assombrissait de plus en plus. La Lady marqua un temps, avec un sourire triste qu'elle s'appliqua à efface rapidement. Je te remercie pour ta carte de condoléances. Ça m'a beaucoup touché. D'ailleurs j'espère que la prochaine fois que vous viendrez à Londres avec Jamie, je pourrai te présenter ma mère... Elle t'aimera beaucoup. Et puis, nous sommes comme des soeurs, maintenant, » ajouta-t-elle avec plus d'entrain. Enfin, presque soeurs, car Jamie n'était pas son frère de sang ; même si Irene l'avait toujours considéré comme tel. Plus que George, en tous cas, qui ne faisait que lui mettre des bâtons dans les roues depuis toujours. Et ainsi au sein des Delaney, les partenaires des membres de la famille la rejoignaient également par les liens du mariage, dans la tradition religieuse et sociale que l'aristocratie perpétuait. La brune s'entendait bien avec avec les époux et épouses de ses cousins et cousines, mais c'était autre chose d'avoir une vraie amie dans son cercle proche familial. Surtout en ce moment. Les questions d'héritage intéressaient toute la branche descendante de Lord Arthur et Irene ne voulait pas être là pour assister au déchirement qui allait s'en suivre, même si la majorité des biens revenait à sa mère, son frère et sa famille, et elle. Sous leurs airs toujours si policés et flegmatiques, les nobles britanniques pouvaient se montrer particulièrement féroces lorsque ces questions s'invitaient à l'ordre du jour. Irene n'avait pas le coeur à se battre avec des vautours ; des loyautés avaient été brisées pour moins que ça.  

« J'ai en effet cru comprendre que la fin de l'année avait apporté son lot de réjouissances. Encore toutes mes félicitations ! Quand je repense à la conversation que nous avions eu dans ton salon... ça me paraît tellement loin, et presque irréel compte tenu de ce que vous avez réussi à surmonter depuis. Et je suppose que Daniel doit être aux anges, ». Irene avait une grande affection pour son filleul, et elle s'avouait aussi soulagée de savoir que ses parents pouvaient à nouveau envisager de faire leur chemin ensemble. Si dans son monde les divorces et ruptures s'étaient pour ainsi dire démocratisés, les occurrences restaient rares, tout le monde préférant sauver les apparences.

Invitant Joanne dans le salon ( « Je crois que tu n'es d'ailleurs jamais venue ici, n'est-ce pas? » ), la Lady eut vite fait d'acquiescer avec ferveur à la proposition de la blonde. « J'ai préparé un panier pour faire un pique-nique, éventuellement. Vin blanc, petits fours et tarte aux pommes. Ma toute première ; elle a l'air plutôt comestible. Irene était certes un peu naïve parfois mais elle avait pleinement conscience que ses talents de cuisinière se situaient largement en-deçà de toutes les moyennes nationales mondiales. Quoique la recette n'avait pas été trop difficile à suivre, après deux essais de pâte. Le regard tourné vers la fenêtre, elle poursuivit. Je pensais qu'on pourrait aller du côté de la marina, et puis se poser sur un coin de verdure ? Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de monde en semaine, et je trouve que c'est agréable de se promener si près de l'eau. Qu'en dis-tu ? » Ç'aurait été encore mieux si elle avait eu un bateau, songea Irene. Mais l'anglaise n'avait pas investi dans un yacht luxueux à son arrivée en Australie, profitant à la place d'un bateau déjà un peu ancien, mais plein de charme, qu'un vieil ami de son père pilotait parfois pour elle, lorsqu'elle avait envie de faire une excursion. Elle n'avait pas non plus eu tellement le temps de s'adonner à ce genre de loisirs, avec la réhabilitation du Domaine et son lancement. Plus simple mais pas moins agréable, la balade leur ferait sans doute du bien, et Bayside restait de toute façon un endroit plein de charme. Surtout, cela forcerait Irene à prendre l'air et à ne pas rester enfermée, broyant du noir sur son carnet aux pages blanches, même si elle ne voulait pas l'avouer. Les bouleversements familiaux récents la choquaient beaucoup, même si elle éprouvait des difficultés à y faire face, demeurant dans un certain déni malgré la triste réalité.

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Message(#)Ladies in the Sky with Diamonds ☆ (joarene) EmptyMar 27 Mar 2018 - 0:49


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Irene avait la chance de ne pas avoir de frein financier lorsqu'il s'agissait d'aller à où elle voulait quand elle le désirait. Alors, qu'est-ce qu'un aller-retour Londres-Brisbane ? Trois fois rien pour elle, certainement. Mais cela semblait lui avoir fait du bien en dépit des circonstances. "Je n'ai pas été très souvent à Londres, mais à chaque fois, nous étions relativement chanceux par rapport à la météo. Du moins, rien qui ne puisse confirmer la légende des pluies incessantes de l'Angleterre." dit-elle avec un léger rire. Parfois, Joanne se surprenait lorsqu'elle réalisait que Chilham et la fondation Keynes lui manquaient. Elle adorerait y retourner à l'occasion, rien que pour revoir le manoir, découvrir des pièces qu'elle n'avait peut-être pas encore vu. Elle savait combien son époux adorait cet endroit, et rien que pour cela, elle voudrait y retourner avec lui et Daniel. "J'ignore quand nous aurons l'occasion d'y retourner, mais ce serait avec plaisir." Ils avaient une cérémonie de mariage à organiser, entre bien d'autres choses. Jamie n'était revenu de sa convalescence il y a quelques mois plus tôt à peine. Et Joanne travaillait au QAGOMA depuis moins d'un an, la petite dernière à arriver. Elle prendrait les semaines de congés que l'on voudrait bien lui donner. "C'est une première étape pour me présenter à toute l'aristocratie anglaise ?" demanda-t-elle avec un rire, sur le ton de la plaisanterie. Elle n'avait pas vraiment réalisé qu'elle était une Lady, sur le papier. Jamie l'appelait de temps en temps, mais c'était purement affectif. La petite blonde ne se voyait absolument pas faire changer ses papiers d'identité juste pour rajouter ce petit mot supplémentaire devant son nom. "Mais je serai ravie de faire sa connaissance un jour." dit-elle d'un ton plus doux. Vivre un deuil n'avait rien d'évident, Joanne était encore en plein dans le sien, par rapport à sa grand-mère. Un deuil qu'elle avait mis sur pause pendant toute une année car elle avait à s'occuper de Daniel, de sa maison, de son travail seule. Il suffisait de l'évoquer pour entendre sa voix trembler et ses yeux s'humidifier. "Pas que la fin de l'année." Le début de 2018 avait amené déjà une sacrée dose de bonheur à la jeune femme. "Merci beaucoup. Nous avions beaucoup discuté à Noël et le réveillon s'était merveilleusement bien passé, et tout était devenu évident." Rien qu'à se remémorer Noël, un léger sourire étirait les lèvres de la jeune femme. "Nous sommes tous aux anges, je pense." ajouta-t-elle dans un rire. Ils étaient heureux, ils vivaient tous ensemble dans une harmonie qui leur faisait le plus grand bien. "Je ne m'attendais pas à tant." Elle n'était pas non plus certaine d'être très méritante, mais elle en profitait chaque jour. "Il y a juste l'annonce à mes parents qui ne s'est pas vraiment bien passé." Joanne haussait les épaules. Elle ne voulait pas s'étendre sur le sujet, elle ne voulait surtout pas parler de son père. Irene approuvait totalement la suggestion de Joanne, elle avait même préparé le nécessaire pour aller grignoter à l'ombre d'un arbre. "Oui, c'est la première fois que je viens chez toi." lui répondit-elle. Irene avouait qu'elle s'était lancée dans la cuisine pour la venue de la blonde.  "Tu n'aurais pas du." dit-elle, touchée de son attention. "Je goûterai cette tarte avec plaisir." Joanne se doutait que son amie ne devait pas être habituée à passer des heures dans la cuisine. Qu'elle s'essaie à faire quelque chose pour elle la touchait tout particulièrement. "Faisons cela, alors." se réjouit-elle. Le programme était tout tracé, il n'y avait plus qu'à l'exécuter. Elles ne tardaient pas trop récupérer le panier et de sortir de la maison, Irene fermant bien la porte à clé derrière elle. "Il y a de bonnes odeurs qui émanent de ce panier en tout cas." commenta Joanne avant qu'elles ne commencent leur promenade. Dans un premier temps, la marche était plutôt silencieuse. Elle profitaient simplement du soleil, du simple fait de passer un peu de temps ensemble après la longue absence de la brune. La jeune femme se permit de montrer son alliance à Irene. C'était la première fois qu'elle la montrait intentionnellement à quelqu'un. "C'est Jamie qui l'a choisie." Un mariage surprise, inattendu, il avait été le seul à le préparer. La petite blonde s'était demandée ce qu'il aurait fait des alliances si elle avait dit non, ce soir-là. "Il m'a promis qu'il y aura une cérémonie. Il l'a même juré." Et Irene le connaissait suffisamment pour savoir combien Jamie mesurait ses mots et qu'il les choisissait avec soin. "On ne fait pas vraiment les choses dans l'ordre, mais étrangement, moi qui suis d'habitude très traditionnelle, ça ne me surprend pas plus que ça. Je veux dire, je pense qu'intérieurement nous avions besoin d'une cérémonie beaucoup plus intime et une pour célébrer le mariage avec toutes les personnes que nous aimons. Nous ne regrettons rien." Une petite cérémonie, un restaurant en tête-à-tête, une soirée que Joanne trouvait parfaite. Elle n'avait pas crié sous les toits qu'elle était mariée, elle laissait les personnes remarquer ou non qu'il y avait désormais une bague à son annulaire. "Nous n'avons rien planifié du tout, mais nous ne l'oublions certainement pas." Ou du moins, Joanne serait constamment là pour le rappeler, elle y tenait tant, à cette cérémonie.
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Message(#)Ladies in the Sky with Diamonds ☆ (joarene) EmptyMar 3 Avr 2018 - 13:06


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Irene se sentait étrangement soulagée que Joanne ne fut pas une femme comme elle. Pas l'une de celles bien nées et incessamment tourmentées par le fait d'être dignes de cette vie sous une bonne étoile. Il existait chez la blonde une humilité et une insouciance qui ne prenait pas chez la brune. Et ainsi même si Joanne n'avait rien d'une enfant naïve, elle restait aux d'Irene tranquillement perméable à ce que son mariage avec un Lord impliquait. Pour Irene, c'était au contraire presque une obsession... son fiancé à elle cochait toutes les cases, lui donnant ainsi l'occasion d'assumer avec zèle et sourire toutes ses obligations. Elle était fière d'incarner cette tradition, d'être une vraie princesse appartenant au camp de celles qui n'ont rien de terrible à se reprocher. Mais son monde bouleversé depuis son installation à Brisbane lui avait aussi permis de se rendre compte qu'il existait autre chose, un autre monde, une autre façon de vivre. Que certaines personnes voyaient au-delà des titres, de la fortune, se fiant à autre chose qu'aux bruits de salons. Evidemment, les épreuves que chacun rencontrait étaient une chose, mais grandir et s'épanouir à l'abri des scandales, des racontars et du jugement féroce d'une société souvent hypocrite était un luxe qu'ironiquement, les Lords et Ladies ne pouvaient se permettre, intégrant ces défenses toutes leurs vies. Les frères Keynes avaient été brisés par cette machine infernale, Irene avait failli y passer. Elle ne souhaitait pas que son amie vive la même chose - même si elle avait probablement dû se frotter aux épines des roses anglaises lors de ses précédents voyages. « Tu as tout le temps pour ça, » se contenta-t-elle de répondre alors, son enthousiasme de la minute précédente quelque peu tempéré suite à cette réflexion personnelle.

L'australienne entreprit alors de décrire à Irene les détails de la fin de l'année, se remémorant ses souvenirs avec un sourire qui amenait des étincelles jusque dans ses yeux bleus. Irene n'insista pas lorsque son amie mentionna l'annonce du mariage à ses parents. Elle ne pouvait que trop bien imaginer la situation, espérant simplement qu'avec le temps, les choses se normaliseraient avant qu'il ne soit trop tard.  

Elles se mirent rapidement en route, laissant la spacieuse villa pour profiter de ce que la nature dehors avait à leur offrir. Marcher à côté de Joanne était confortable. Elles avaient peu trouvé l'occasion de se promener ensemble, et Irene appréciait sa compagnie: nul besoin de trop parler pour combler un blanc gênant, ni de se retirer dans un silence mutique pour éviter une conversation vaine. Au contraire ; Joanne choisit cet instant de sérénité pour montrer à Irene son alliance, qui la trouva très belle.« Je suppose que l'important c'est qu'elle soit là, dit-elle en faisant référence au bijou. Plus que la cérémonie, ou tous les artifices autour, c'était l'engagement qu'elle représentait qui importait. Irene avait beau toujours porter sa bague de fiançailles au doigt, elle savait que la cérémonie avec Victor serait... royale. C'était ce qu'elle avait toujours voulu, aussi, au fond, mais avec le recul et plus de sagesse, elle troquerait aussi bien volontiers les rêves de robe blanche et de dragées pour une promesse et leur coeur d'un autre. Il n'y a rien à regretter, au contraire. C'est unique, dans un sens. Un souvenir qui vous appartient, vraiment, seulement à vous. Je trouve ça très beau. Et j'espère avoir une place au premier rang le grand jour, ajouta-t-elle en riant. Est-ce que vous vous marierez à l'Eglise ? » La question curieuse, certes, un peu inattendue, intéressait Irene. Elevée dans la foi anglicane elle n'imaginait pas se soustraire à cette tradition, mais Joanne et Jamie n'avaient peut-être pas les mêmes désirs. Ils ne voulaient probablement pas non plus l'équivalent de Westminster Abbey. De surcroît, Joanne avait déjà été mariée... tout comme Jamie, en fait. Ce ne serait pas leur première cérémonie, pas leur premier bonheur partagé - même si les conditions de leurs premières noces avaient été bien différentes pour tous les deux. Irene se demanda si la conservatrice y songeait, mais se refusa de poser la question, par pudeur. Bien qu'elles soient proches, Irene ne voulait pas s'immiscer dans les pensées de Joanne; et la question lui semblait délicate. Elles avaient abordé le sujet la dernière fois qu'elles s'étaient vues, mais maintenant, ça semblait dérisoire. La jolie blonde semblait avoir définitivement ancré son bonheur à Jamie et c'était certainement suffisant.

Après quelques minutes de marche, les Ladies jetèrent leur dévolu sur un petit coin de verdure qu'éclairait le soleil et s'y installèrent. Ouvrant le panier, Irene en sortit un long morceau de tissu - qu'elle se refusait à appeler une nappe, et les provisions, enjoignant Joanne à se servir sans hésiter si elle le souhaitait. La situation était idéale et pour la première fois depuis longtemps, le cadre extérieur parvenait à la faire se sentir mieux.

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Message(#)Ladies in the Sky with Diamonds ☆ (joarene) EmptyVen 6 Avr 2018 - 2:11


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Joanne avait déjà eu de multiples occasions de côtoyer des personnes de l'aristocratie anglaise. Elle n'en avait pas eu le meilleur exemple lorsqu'elle avait fait la connaissance des parents de Jamie. A vrai dire, elle ne les avait jamais porté dans son coeur. Ils avaient passé leur temps à rabaisser Jamie, à lui faire croire qu'il n'était qu'un moins que rien et il avait fini par y croire. Il était en quête constante d'obtenir leur satisfaction et ne serait-ce que d'un semblant d'affection de leur part, et il fut déçu à chaque fois. Fort heureusement, Irene avait largement relevé le niveau de ce qu'elle pouvait des nobles britanniques. La preuve vivante qu'ils n'étaient pas tous des monstres sans coeur. Elle en avait certains traits, des caractéristiques que l'on associait aisément à cette classe sociale, mais la brune était dotée d'une véritable gentillesse et compréhension. Elle était bien plus compréhensive que le père de Joanne en tout cas, qui lui avait refusé son mariage en bloc, sans laisser la moindre chance. La petite blonde ne s'était pas étalée sur le sujet car elle supposait que son amie allait aisément deviner que tout n'allait pas dans le meilleur des mondes. Mais cela ne l'empêchait pas d'être heureuse et de vivre sa propre vie avec sa propre famille. Irene fut la première personne à qui Joanne montrait son alliance. Elle acquiesça joyeusement à sa phrase, ne pouvant qu'être d'accord avec elle. Ils étaient désormais, enfin, et c'était bien là où se trouvait l'essentiel. "Bien sûr que tu seras invitée." lui assura-t-elle dans un même rire. C'était une évidence. "Nous n'avons pas véritablement parlé de la cérémonie pour le moment, mais je doute que nous fassions quoi que ce soit de religieux." En y repensant, Joanne ne s'était jamais mariée à l'église. Hassan n'était pas de la même confession qu'elle et l'un comme l'autre n'avait jamais voulu forcé l'autre moitié à se convertir sous le couvert d'un mariage. "Ce n'est pas quelque chose qui nous ressemblerait, ça ne nous correspondrait pas." Joanne était baptisée, issue d'une famille purement catholique, mais cela ne faisait pas d'elle une croyante. Elle avait pourtant fait ses communions, surtout parce que son père et sa grand-mère y tenait énormément. Elle avait ses propres croyances."Nous viendrons bien assez tôt à toutes les modalités pour la cérémonie. Ca va être quelque chose." dit-elle en riant. Parce qu'elle savait que sur certains sujets, il allait y avoir un sacré bras de fer et des négociations houleuses. Ils avaient parfois des avis bien différents et bien tranchés et ils étaient tous les deux très têtus, mais suffisamment amoureux que l'un d'eux finisse par céder. "Nous dérisons avant tout d'avoir un événement durant lequel nous pouvons célébrer l'événement avec les personnes que nous aimons. L'essentiel." Là était le plus important pour eux. Les deux jeunes femmes finirent par arriver à destination, Irene déployer un drap sur lequel elles purent toutes les deux s'asseoir. Les mets et boisson sortis du panier, elles avaient désormais tout le loisir de discuter afin de rattraper le temps perdu sans se voir durant ces derniers mois. "Eh sinon... Tout va bien au travail, ça me plaît toujours autant. Il y a largement de quoi faire." Les journées de Joanne étaient bien remplies. Depuis que Jamie lui avait fait comprendre qu'elle ne pourrait jamais être la personne qui pourrait enfin placer Celso et Grace dans l'Histoire, elle se cherchait à nouveau. Depuis, elle guettait de très près les marchands d'art et comptait se rendre dans plusieurs galeries et antiquaires quand elle en aurait l'occasion. Il fallait enrichir la collection, c'était ce que Simon lui faisait fréquemment comprendre. Elle voulait se trouver un nouveau centre d'intérêt, qui puisse être bénéfique pour son travail. Tomber sur un objet rare, sur une sculpture dont la valeur avait été longuement sous-estimée, n'importe quoi. Ce petit truc qui allait lui permettre de se passionner à nouveau pour une nouvelle chose et qui permettrait d'enrechir la galerie dont elle avait la charge. Cela lui rappelait que la prochaine fois qu'elle croisait son supérieur, si elle pouvait prendre une journée dans le but de sillonner galeries et boutique d'antiquités. "Il faudrait que tu reviennes pour visiter un peu plus les galeries." La dernière fois qu'elle était venue, Irene n'avait vraiment pas beaucoup vu de ce que le QAGOMA avait à montrer. Après avoir marqué une courte pause, elle finit par lui demander."Et toi, comment vas-tu ?" dit-elle de sa voix douce. Ce n'était pas la question anodine que l'on pose juste par politesse. Non, Joanne demandait comment elle allait par rapport à son père, à Victor, à tout ce qui pouvait chambouler son quotidien. Joanne se faisait du souci pour elle. Elle avait bien conscience qu'Irene gardait beaucoup de choses pour elle, et qu'elle le dissimulait parfaitement derrière un visage impeccable et une attitude irréprochable. "Comment te sens-tu ?" Irene savait que la blonde était une bonne oreille. Toujours à l'écoute, sans le moindre jugement, juste des conseils et, plus simplement, une présence, une personne à qui partager ce qui pouvait bien peser si lourd sur ses épaules. Joanne se servit en petit four avec un certain appétit. Elle avait souvenir que la vie amoureuse de son amie n'était pas de tout repos non plus.
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Message(#)Ladies in the Sky with Diamonds ☆ (joarene) EmptyVen 13 Avr 2018 - 16:46


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Le rire de Joanne était communicatif, son optimisme aussi. Cela faisait plusieurs semaines qu'autour d'Irene tout prenait une couleur grise et que les sourires se faisaient rares ; il lui fallait revenir à l'autre bout du monde pour s'entourer de personnes capables de lui faire retrouver ce réflexe. Elle acquiesça aux paroles de la blonde, comprenant ce besoin et cette envie de vouloir créer une cérémonie qui leur ressemble. Elle espérait qu'il s'agirait d'une journée inoubliable pour eux deux.  

« Tu travailles sur un projet en particulier ? » Le travail de Joanne avait toujours beaucoup fasciné Irene, elle-même passionnée par l'art. La Lady brune gardait un excellent souvenir de ses expériences professionnelles chez Christie's, et à la galerie d'art, lorsqu'elle avait décidé de s'établir en plein cœur de Londres avec l'une de ses plus vieilles amies. Ça l'avait véritablement passionnée que d'être plongée dans le monde artistique, de pouvoir rencontrer les créateurs actuels mais aussi de saisir toutes les opportunités pour découvrir de plus près des œuvres de maître, de visiter des collections privées, d'organiser des expositions avec des tableaux rarement offerts aux yeux du grand public. N’ayant jamais eu besoin de travailler et possédant un excellent carnet de relations, Irene n’avait jamais été confrontée à la difficulté de trouver un emploi ou des fonds pour soutenir son entreprise, ce qui rendait les choses beaucoup plus faciles, même dans un milieu aussi exigeant. D’ailleurs, la tentation de revenir vers sa passion première faisait surface de plus en plus fréquemment dans ses pensées. Bien entendu, elle était attachée au domaine viticole, et encore plus depuis le décès de son père. Quelques mois auparavant, peut-être, elle aurait pu songer à partir et à s’investir dans une autre activité, son objectif primaire de réintégrer la maison Delaney au rang des exploitations de luxe achevé. Maintenant… maintenant, elle doutait un peu. Son père le lui avait recommandé, lors des fêtes de fin d’année : de chercher à s’épanouir au maximum, de ne pas arrêter de travailler mais de trouver sa vocation. Des mots suffisamment puissants pour faire réfléchir Irene. Pourtant, ces vignes représentaient maintenant un héritage, un lien avec la terre qui avait été si cher à son père, et le souvenir de cette bataille juridique qu’ils avaient mené côte à côte des années auparavant pour protéger leur patrimoine. Elle ne savait pas si elle pouvait s’en détacher, en tous cas, pas maintenant. Elle ne voulait pas avoir l’impression de trahir la confiance, les responsabilités que Lord Gresham lui avait confiées. « En tous cas, j’adorerais revenir. Et d’ailleurs, je me demandais… est-ce que vous cherchez toujours des mécènes ? Je suppose que oui, car l’art est toujours une cause à soutenir, mais à vrai dire, j’aimerais me tourner à nouveau vers ce milieu. C’est ma première formation, mes premiers pas dans le monde… je ne veux pas laisser le domaine, mais si je pouvais m’investir à nouveau d’une manière ou d’une autre pour la culture ça me ferait du bien je pense. Je ne sais pas si ma famille me laisserait récupérer les tableaux que nous avons en Angleterre mais au moins, je pourrais soutenir le QAGOMA, les expositions, des actions... » Elle sourit, l'air songeur. Si jamais Joanne pensait que c'était une bonne idée, alors Irene pourrait s'investir de cette manière-là, et retrouver sa connexion avec ce milieu. Et tant qu'on ne lui opposait pas un non ferme et définitif, pour Irene, tout paraissait possible.

Ce fut d'abord le cri des mouettes qui répondit à Joanne, Irene demeurant silencieuse, prenant le temps de réfléchir. Objectivement... elle n'était pas malade, elle était toujours fiancée, entourée, soutenue. Elle ne se retrouvait pas à la rue, avait un emploi, un toit, une famille, des amis. « Je vais bien, commença-t-elle d'une voix lasse. Inutile de préciser qu'elle pourrait aller mieux, mais le cours de la vie pouvait difficilement être inversé, même grâce aux prières les plus intenses. Mais je me sens vide. » acheva-t-elle doucement. Elle pouvait compter sur Joanne pour être une personne de confiance, une alliée. Mais Irene avait conscience qu'elle devait faire des efforts pour s'ouvrir aussi, pour essayer de sortir de son mutisme émotionnel - selon l'expression de la psy. La brune ne doutait pas de Joanne, le problème venait d'elle. Trente ans de leçons apprises sont difficiles à défaire. « Les fêtes étaient un peu tendues. Tout le monde faisait semblant d'être heureux comme c'est de coutume mais l'état de santé de mon père n'était pas vraiment pour nous rassurer tous. Et sans parler de ça, juste le fait d'avoir repoussé le mariage, dear Lord. Mes parents se sont montrés plutôt compréhensifs, je crois, ou en tous cas se sont abstenus de me lancer des remarques trop acerbes. Le reste, par contre... ça se voyait dans leurs yeux. Je dois passer pour la plus ingrate du clan, » soupira-t-elle. Décidément, elle avait beau essayer de suivre les règles à la lettre, elle n'aurait jamais l'approbation pleine et entière de ses pairs - et ce, en fait, depuis ses vingt-quatre ans.

« Victor prétend ne rien remarquer. Il me soutient beaucoup depuis... janvier, mais je dois dire que ce n'est plus comme avant. Je surprends ses regards, parfois, et je sais qu'il se demande quelle idée saugrenue m'a prise. Si tout s'était déroulé normalement, je devrais être sa femme depuis trois ou quatre mois. Au lieu de ça... Elle haussa les épaules sans terminer sa phrase, faisant de son mieux pour ne pas paraître trop défaitiste. Irene préférait se reposer sur l'enthousiasme de Joanne que de l'attirer dans ses pensées moroses. Ma psychologue pense que je n'arrive pas à gérer la situation parce-que je ne m'exprime pas assez, que je ne "visualise pas mes émotions". Je trouve ça idiot. On me dit de prendre mon temps mais je suis consciente que ce n'est pas une ressource dont je dispose de manière illimitée. Victor n'attendra pas encore longtemps avant que nous fixions une nouvelle date pour le mariage. » Et je n'ai pas envie d'aborder le sujet avec lui, acheva Irene en pensée. En vérité, le statut de fiancée éternelle lui convenait très bien, en tous cas, en attendant d'avoir un signe de vie de Jonathan. Lui, en revanche, semblait ne pas se rendre compte que les jours et les semaines filaient.

S'exprimer aussi longtemps était un exploit en soi. Sa pudeur se trouvait bien mise à mal, même si celle à recueillir ses confessions n'était autre que Joanne, la Lady trouvait l'exercice difficile. Ses pensées intimes le restaient, d'habitude. « J'aimerais juste avoir fait des choix différents. » Cet accès de nostalgie ressemblait guère à Irene. Pourtant, tout aurait été plus simple si elle avait dit « oui » à Victor directement. Ou si elle avait rompu. Ou si elle avait parlé à Jonathan à coeur ouvert. Mais ce n'était pas dans son tempérament. « J'espère que je ne casse pas l'ambiance, » ajouta-t-elle finalement avec un petit sourire en coin, profitant de l'instant pour ouvrir la bouteille de vin et prendre quelque chose à grignoter.

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Message(#)Ladies in the Sky with Diamonds ☆ (joarene) EmptyMar 17 Avr 2018 - 13:17


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Le doux sourire de Joanne s'effaça en l'espace de quelques secondes lorsque la brune lui demandait si elle avait un projet en cours. Si la question avait été posée quelques temps plus tôt, elle aurait certainement répondu autrement. Jamie avait coupé court à ses rêveries et il préférait que ce soit lui qui soit confronté à sa réaction que quelqu'un d'autre. Parce que lui savait gérer les larmes et la déception. Joanne avait grandement minimisé sa réaction, en mentant, en disant que ce n'était pas grave. Mais le fait était que remettre ce coup-ci les pieds sur terre avait été particulièrement brutal et douloureux. Un mal pour un bien, dirait-on, mais Joanne n'arrivait toujours pas à digérer. C'était difficile, car elle y tenait véritablement. Son époux avait jugé bon de glisser l'adresse email du responsable des recherches, si jamais il lui venait l'envie d'en savoir plus sur les avancements, mais elle n'en avait tout simplement pas le coeur pour le moment. Perdue un moment dans ses pensées, Joanne réalisa qu'elle était ailleurs depuis certainement déjà trop longtemps et retrouvait un discret sourire après avoir secoué négativement la tête pour enfin pouvoir répondre à sa question. "Rien de très particulier, non." dit-elle après s'être éclaircie la voix. "Je dois finaliser quelques dossiers car un musée de Sydney désire emprunter quelques oeuvres pour une exposition et après ça, je dois prévoir du temps pour arpenter galeries d'art, marchands d'art et antiquaires pour trouver une nouvelle perle rare." Car l'un de ses devoirs était aussi d'enrichir les collections permanentes et jusqu'ici, Joanne n'avait pas fait de trouvailles. Elle savait que Simon, son supérieur, en attendait beaucoup d'elle. Concernant l'administratif et la conservations des oeuvres déjà présentes, il n'y avait aucun soucis, mais Joanne avait la ferme intention de repousser un petit peu ses limites et de montrer ce dont elle était capable. Le plan sur lequel elle avait le plus misé était tombé à l'eau, il fallait qu'elle se remette rapidement en selle, qu'elle trouve autre chose. Mais encore éreintée par cette chute, il y avait encore un certain manque d'enthousiasme, bien que ces recherches allaient certainement beaucoup plaire à la jeune femme. Dans quelques jours ou semaines, elle se sentirait certainement bien plus d'attaque. Elle avait conscience qu'il y allait avoir des journées sans résultat, sans avancement, mais c'était un risque à prendre. "Nous n'avons jamais trop de mécènes." dit-elle finalement, avec un sourire plutôt encourageant. "Tu devrais directement les contacter, je suis certaine qu'ils s'en réjouiraient beaucoup, qu'importe ton investissement. On est tous des passionnés là-bas, certains bien plus exigents et perfectionnistes que d'autres. Mais je suis certaine que ça te plairait en de nombreux points. Même moi, qui suis pourtant bien plus tournée vers l'art plus... ancien disons, j'y ai trouvé mon compte." Joanne se surprenait même à apprécier certaines oeuvres modernes. Elle ne pouvait que se montrer encourageante envers l'initiative d'Irene, elle savait que la direction serait ravi de compter un nouveau mécène – et pas des moindres. Elle savait combien Irene était passionnée pour l'art. Vint une question beaucoup plus intime. Après un long moment de silence, la brune se mit à parler. Joanne ne la pressait pas, elle lui laissait tout le temps nécessaire pour exprimer ses émotions. Elle l'écoutait avec attention, sans l'interrompre, sans juger. Joanne se prit le temps d'assimiler toutes les informations qui lui avaient été transmises avant de prendre la parole. "C'est ce que tu veux vraiment ? L'épouser, je veux dire." lui demanda-t-elle finalement, avec un sourire bienveillant. "Parce que moi, là, ce que je vois, ce que je sens, c'est que tu ne le veux pas." Le fait que le mariage soit repoussé à plus tard ne l'attristait pas outre mesure, la nouvelle date n'était même pas encore fixée... Il y avait là de bien nombreux signes qui montraient qu'elle ne voulait tout simplement pas être mariée. Elle ne pouvait décemment pas comparer sa situation à celle d'Irene. Mais elle savait que Jamie et elle deviendraient fous s'ils étaient menés à décaler leur union bon nombre de fois. Mais maintenant, c'était fait. "Je sais que l'on juge aisément dès que l'on n'est pas comme les autres. Certains sont nés et ont grandi avec des principes très strictes, que si quelqu'un d'autre s'en écarte de trop, on le fusille du regard. Mon père est comme ça, ta famille l'est apparemment aussi." Sans oublier les parents de Jamie, mais c'était encore une autre histoire. "Peut-être que les récents événements t'ont permis de revoir tes priorités, de réaliser ce que tu désires réellement. Il y aura forcément de la casse, des personnes blessées. Mais il vaut mieux tout mettre à plat aussi vite que possible pour mieux repartir ensuite. Et ne pas faire attendre autant de monde. Crois-moi, je sais de quoi je parle." dit-elle d'un air triste. Elle s'était comportée bien trop longuement ainsi avec Hassan et Jamie et ils en avaient terriblement souffert tous les deux. "Sinon, tout s'enlise, et au final, tu finiras par être celle qui en souffre le plus, avec le risque de tout perdre." C'était fataliste, mais Ô combien vrai. "Tu as fait des choix, mais tu peux toujours en faire. Ce n'est pas facile, il y aura des moments où ça ne sera pas plaisant, je ne le sais que trop bien. Mais il faut en faire, et ne pas rester dans l'attente. Tu n'as pas encore la bague au doigt." Joanne avait gardé sa voix douce tout du long. "Pose-toi cinq minutes et demande toi ce qui te rendrait véritablement heureuse, avec qui ou quoi tu vois ton avenir. Là, rien que là, tu veux à nouveau t'investir dans l'art, c'est déjà une belle étape. Ca montrerait que ton retour à Brisbane est un signe de renouveau. Tente de faire la même chose avec tes sentiments et tes émotions." Un exercice bien difficile, Joanne le savait bien. "Et je t'assure qu'après tous ces instants de réflexion, viendra un moment où tout te semblera clair et limpide, un chemin tout tracé, et il te suffira juste de foncer ensuite." C'était ainsi que Joanne avait vécu les choses. "Et tu ne gâches pas l'ambiance. Je me doutais que tu en avais énormément sur le coeur et je me suis dit que ça te ferait peut-être du bien d'en parler." lui dit-elle avec un clin d'oeil et un léger rire. Elle regardait Irene servir deux verres de vin et en prit un volontiers pour en boire une petite gorgée. "J'ai réussi à me sortir d'une situation compliquée, je suis heureuse, et c'était aussi grâce à ton aide. J'aimerais pouvoir en faire de même pour toi."
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Message(#)Ladies in the Sky with Diamonds ☆ (joarene) EmptyDim 13 Mai 2018 - 22:56


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Le silence qui suivit la question dura peut-être une seconde de trop pour passer inaperçu, pour être juste le signe d'une réflexion. Le regard voilé de Joanne sembla confirmer cette impression, pourtant sa réponse indiquait autre chose. « C'est une sacré responsabilité, d'enrichir la collection. Enfin, je suis sûre que tu trouveras une oeuvre à valoriser... je ne t'ai jamais vue en action mais te connaissant j'ai toute confiance en ta capacité à dénicher une perle. Tu comptes sortir de la ville pour cela ? » L'une des choses qu'Irene préférait, dans les métiers qu'elle avait exercé, étaient les voyages qui s'y associaient. Que ce soient les déplacements pour sortir de la ville ou un voyage plus long vers un pays étranger, il y avait toujours une excitation à sortir de son espace pour aller explorer les autres options ailleurs. Et l'Australie regorgeait sûrement de cavernes au trésor: rien qu'à Brisbane il y avait nombre d'antiquaires et galeries d'art, Irene supposait que les autres métropoles n'étaient pas en reste. « Je vais faire ça, oui. Aurais-tu un contact particulier à me conseiller ? C'est toujours plus facile d'avoir un point d'entrée direct. » En vérité Irene ne s'imaginait pas une seconde passer plusieurs appels avant de trouver le bon interlocuteur, ni attendre qu'on la redirige de bureau en bureau jusqu'à la bonne ligne. De même qu'elle faisait rarement la queue, elle n'était certainement pas habituée à attendre pour les services ou ses requêtes. Et si c'était le cas, elle se débrouillait généralement pour déléguer cette tâche ingrate à quelqu'un de son entourage.

Irene commençait déjà à regretter le tour que prenait la conversation. Elle avait beau se montrer parfois philosophe elle redoutait les introspections et la simple question de Joanne mettait en panique toutes les cellules de son corps. Elle retint son souffle, incapable de penser à autre chose que la phrase lourde de sens de Joanne. Parce que moi, là, ce que je vois, ce que je sens, c'est que tu ne le veux pas. Irene baissa les yeux, confirmant malgré elle les propos de la petite blonde. La Lady retint un soupir, se préparant presque à ce que Joanne lui donne un conseil semblable à ceux qu'elle avait entendu mille fois dans la bouche des autres. Mais ce fut un tout autre genre de réaction qui suivit. Une réaction compatissante. Irene sourit intérieurement: elle n'aurait pas dû en douter une seconde. C'était d'ailleurs la raison pour laquelle elle s'était confiée à Joanne. Bien que l'anglaise soit naturellement naturellement - elle avait essuyé des remarques plus acerbes - il y avait quelque chose chez la douce blonde parvenait à éclipser ses réticences. Irene acquiesça: ce ne devait pas être difficile de deviner qu'elle venait d'un milieu où les principes et l'apparence régnaient en maître. Mais alors qu'elle s'en était plutôt très bien accommodée jusqu'alors, la brune se sentait soudain prise au piège par ce monde, ce monde sur lequel elle croyait régner. Elle aurait dû se montrer plus avisée... l'empathie était une émotion aussi rare que la sincérité dans les demeures dorées de l'Angleterre.

Comment se faisait-il que personne dans ses proches amis anglais qui la connaissaient depuis le début, ou dans sa famille, n'ait été capable de trouver les mots que Joanne employait actuellement ? Irene sentit ses yeux piquer, son coeur se serrer. Elle n'était peut-être pas la plus courageuse des femmes mais elle n'était pas ignorante: elle savait que tout ce que disait son amie était vrai. Mais faire ce genre de choix demandait du courage qu'elle n'était pas sûre de posséder, et cela faisait si longtemps qu'elle mettait ses émotions en réserve qu'elle était convaincue de ne jamais pouvoir exprimer quoique ce soit sans que son sentiment soit géré par son cerveau.

Irene finit par sourire, même si le coeur n'y était plus vraiment. « Je t'en suis reconnaissante. Si tu es heureuse, je le suis encore plus d'avoir pu t'aider. Elle but un peu, se donnant le temps de formuler sa pensée, profitant de ce répit pour contrôler la vague d'émotion qu'elle sentait arriver, faisant d'ailleurs légèrement trembler sa main. Elle n'avait avoué à personne ce qu'elle s'apprêtait à avouer à Joanne d'une voix très douce, presque inhabituelle pour Irene, d'habitude si confiante. J'ai cru que je voulais vraiment faire ma vie avec Victor. Il était le seul que j'ai jamais sérieusement considéré épouser, avec lequel fonder une famille. Revenir en Australie, retrouver Jon... c'était plus fort que moi mais je voulais en avoir le coeur net. Et puis maintenant je sais que je l'aime encore et que je ne pourrais jamais me défaire de l'impression que c'est là, à portée de main. Mais j'ai peur. Elle croisa le regard bleu ciel de Joanne en soufflant ces derniers mots. Les fois où elle avait dû exprimer ses craintes à haute voix pouvaient se compter sur les doigts d'une main. Parce-que malgré tout ce qui me retient je sais que maintenant je serais prête à renoncer à tout ce que j'ai pour lui, à rompre mes fiançailles, à renoncer à mes privilèges, même si ce serait un sacrifice difficile. Elle eut une amère pensée pour son frère George. Il ne se priverait pas de lui mener la vie encore plus dure s'il apprenait que sa soeur quittait Victor pour le roturier duquel il l'avait déjà séparé une première fois. Il pourrait sans soucis anéantir sa réputation personnelle auprès de leurs relations tout en conservant la pureté du nom Delaney. Mais que lui importait, au final? Quoiqu'Irene fasse, George se démènerait toujours pour anéantir ses chances de bonheur. Victor serait plus difficile à gérer mais elle ne souhaitait pas encore y penser. Ça leur briserait le coeur à tous les deux et elle était bien consciente de l'amour qu'il lui portait... lui expliquer la raison de son abandon serait un déchirement auquel Irene n'était pas tout à fait prête à faire face. Et dieu merci, pour le moment elle n'y était pas encore. Ce que j'ignore, c'est si lui serait prêt à faire la même chose. Et je ne supporterais pas qu'il ne veuille pas de moi comme je veux de lui. »

Voilà, c'était dit. Irene se mordit la lèvre, clairement mal à l'aise, mais quelque part aussi soulagée. Peut-être que les sommes faramineuses qu'elle dépensait chez sa psychologue se justifiaient, finalement... même si elle ferait mieux de faire une session par semaine avec Joanne. La brune inspira un grand coup, et expira de même, s'efforçant de laisser s'en aller les pensées négatives par cette action. « Il faut vraiment que je sois à l'autre bout du monde et la tête à l'envers pour avoir les pensées retournées de cette manière » conclut-elle avec un sourire sincère.

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Message(#)Ladies in the Sky with Diamonds ☆ (joarene) EmptyMar 15 Mai 2018 - 11:49


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Il fallait savoir avant tout saisir les opportunités. Un talent dont ne disposait pas réellement Joanne, à foncer sans hésiter. Certains agissaient avant même de réfléchir, chez elle, c'était plutôt l'inverse. Une spontanéité rare mais particulièrement appréciée dès qu'elle pointait le bout de son nez dans le regard de la jeune femme. "Mais ça fait partie de mon métier, d'enrichir une collection." ajouta-t-elle avec un sourire. Sauf qu'elle n'en avait pas eu franchement l'occasion depuis qu'elle avait commencé au QAGOMA. Il fallait déjà qu'elle prouve à ses collègues qu'elle gérait en matière d'administratif et d'organisation – de ce côté là, elle était irréprochable. Puis il y a eu les problèmes de santé de Jamie et elle avait accumulé un retard qu'elle se devait de rattraper durant le reste de l'année. La période de bilan de l'année 2017 était en fin terminée et il fallait enfin se pencher sur les prochaines expositions et acquisition. Le QAGOMA avait une réputation à tenir et la direction comptait énormément sur ses employés pour cela. "Je ne sais pas encore." répondit-elle au sujet d'éventuels déplacements professionnels. "J'aimerais commencer par Brisbane, faire un tour chez des antiquaires notamment. Les galeries préfèrent exposer des oeuvres moins anciennes, or, c'est ce qui m'intéresse moi." dit-elle avec un rire. "Après, je pense qu'il s'agit surtout d'opportunités. Je doute que l'on m'autorise à aller trop loin en terme de distance si je n'ai pas déjà montré que je suis capable de repérer des oeuvres qui sont bien plus proches." Et Joanne n'avait pas à se restreindre sur un seul domaine, bien que son coeur la guidait automatiquement vers la Renaissance Italienne. Mais sa galerie couvrait plusieurs périodes sur lesquels elle avait du se pencher et s'expertiser pour pouvoir dénicher un tableau qui pourrait éventuellement devenir une acquisition très précieuse et intéressante. Il n'y avait plus qu'à, désormais. "Je t'enverrai par mail les coordonnées de mes supérieurs afin que tu puisses les contacter." promit Joanne avec un sourire. Leur conversation dérivait peu à peu sur des sujets plus personnels, qui concernaient avant tout la belle brune. Joanne était mariée, et heureuse d'être avec sa famille à elle. Le conflit avec son père et sa dernière discussion avec Hassan lui procuraient toujours de vifs pincements au coeur. Elle désirait tellement de pouvoir rétablir une relation avec lui. Ca s'annonçait bien compliqué mais elle ne perdait pas totalement espoir. Irene en révélait enfin un petit peu plus sur ses sentiments, ses émotions. Choses qu'elle gardait très précieusement pour elle depuis toujours, certainement. Une première chose interpella la petite blonde : le nom de l'autre qu'elle aimait. Jusqu'ici, la brune n'avait laissé transparaître aucun détail qui puisse révéler un peu l'identité de l'élu de son coeur. Dans son entourage proche comme éloigné, Joanne ne connaissait qu'un seul Jon. "Jon... Jonathan Deauclaire ?" demanda-t-elle, curieuse. Joanne serait particulièrement surprise d'apprendre que le dragon puisse ressentir un quelconque sentiment amoureux. C'était surprenant. Peut-être se trompait-elle, mais elle voulait en avoir le coeur net. Peut-être qu'il s'agissait d'un tout autre homme. Elle écoutait attentivement et comprenait bien les craintes de son amie. "Si tu y arrives, tu devrais peut-être le lui demander. Lui demander si, tu renonçais à tout ceci, est-ce qu'il serait toujours là ?" S'il était tout aussi amoureux qu'elle ne l'était, la question ne se poserait même pas. Irene avait des craintes d'être reniée par sa famille, de générer ainsi de nombreuses déceptions. "Jamie a cherché à s'éloigner de tout ce que tu vis actuellement, de toutes ces faveurs, mais il s'en est plutôt bien sorti, tu ne trouves pas ? Certes, il y a eu des périodes difficiles, mais la finalité est juste là." Et il était heureux. "Je suppose que ce sacrifice doit énormément peser, mais je ne pense pas que cela vaut le bonheur que tu peux y trouver au bout. Ce genre de choses, ça n'a pas de prix." lui assura-t-elle avec un sourire confiant. "La période où les mariages sont une obligation, pour le seul intérêt de la famille et de l'héritage, c'est terminé. Je suis très vieux jeu sur de nombreux points, mais je pense que la question des sentiments est une priorité lorsqu'il s'agit de tels engagements. Et je t'entends te dire que tu es prête à renoncer à de nombreux privilèges rien que par amour. A mes yeux, c'est la plus belle chose, la plus belle preuve qui soit." Joanne était une très grande romantique, très fleur bleue. Ce n'était un secret pour personne. "L'amour, ça fait toujours peur. C'est un engagement, les sensations qu'on ressent sont tellement singulières que cela ferait paniquer n'importe qui. Cela force parfois à certaines confrontations, à des remises en question, cela bouleverse parfois tout un ensemble de priorités. Mais une fois que tu peux l'exprimer comme tu l'entends, et que c'est réciproque, c'est indescriptible." A l'époque, Hassan était tombé dans le dépourvu quand il avait réalisé qu'il avait des sentiments pour Joanne. Jamie, lui, avait pris du temps à accepté qu'il puisse être aimé pour ce qu'il était, pour la personne qu'il était. Jusqu'alors, ses parents lui avaient fait croire des années durant que personne ne voudrait de lui, qu'il n'était pas aimé, et Joanne était ensuite arrivé dans sa vie. Malgré une relation longuement bancale, la vérité restait toujours la même : ils s'aimaient, plus que tout. "C'est l'air australien, ça." dit-elle avec un rire pour répondre au commentaire de la jeune femme. "Pense à ton bonheur à toi, tu en as le droit, ce n'est pas quelque chose dont tu devrais te priver."
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Message(#)Ladies in the Sky with Diamonds ☆ (joarene) EmptyJeu 14 Juin 2018 - 20:21


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L’enthousiasme avec lequel Joanne se vouait à son travail était particulièrement touchant aux yeux d’Irene. La nouvelle Lady semblait toujours si investie, prenant vraiment à cœur ses responsabilités et désireuse de faire au mieux pour suivre sa vocation. Elle savait ce qu’elle voulait et comment conduire son expertise, et elle avait raison quand elle disait qu’il valait mieux se tourner d’abord vers les trésors enfouis au coin de la rue plutôt que de chercher à explorer tout le pays. « C’est effectivement plus sage », conclut Irene, avant de remercier Joanne pour les coordonnées. Elle se sentait heureuse à l’idée de pouvoir apporter sa contribution au monde de l’art. Elle n’y travaillait plus, et cela lui manquait. Pourtant elle préférait se concentrer sur son entreprise et aller au bout de l’aventure : contribuer financièrement ou en prêtant des œuvres qui se trouvaient dans la famille était une manière de se réconcilier avec sa première passion. Au moins une chose stable et sûre dans sa vie. Elle avait l’impression que des pans entiers de sa vie étaient sur le point de s’écrouler – ou étaient déjà tombés en ruine, en fait, mais cette petite lueur dans l’incertitude de son monde la rassurait. C’était concret, ça lui permettrait de tenir bon.

Quelque part, sa confession la soulageait autant qu’elle la choquait. S’entendre dire les vérités qu’elle gardait pour elle depuis trop longtemps et qu’elle refusait de s’avouer avait quelque chose de vertigineux. Les mots étaient là, suspendus quelque part dans l’atmosphère : elle ne voulait pas épouser Victor, et elle voulait autre chose pour son futur. Quelque chose qu’elle choisirait elle, pour elle. En retour, elle lut la douceur dans le regard de Joanne, avant d’y découvrir la surprise. Bien sûr, ça ne pouvait pas en être autrement. « Le seul et l'unique... tu le connais ? » Son soupir était audible. En y réfléchissant bien, elle aurait dû s’en douter. Après tout, Jamie n’était-il pas un ami proche de Jonathan ? Irene eut un rictus éphémère. Ainsi deux de ses amis les plus proches semblaient connaître Jon, sans qu’il n’ait jamais fait référence à elle, sans qu’aucun lien ne soit établi entre leurs deux existences parallèles. Elle n’arrivait pas à savoir si cela l’ennuyait ou la réconfortait… « On s’est rencontrés il y a plus de dix ans, maintenant. Ici même, à Brisbane. La brune leva la tête vers le ciel, cherchant une manière de raconter l’histoire à Joanne en restant concise, en ne gardant que l’essentiel sans laisser transparaître la douleur qui la hantait. On a passé un an ensemble, on était inséparables. Jusqu’à ce que ma famille l’apprenne et me force à choisir. Elle haussa les épaules, comme si tout cela était depuis longtemps bien derrière elle, regrettant de ne pas avoir caché ses yeux sous des verres noirs. J’ai choisi, et j’ai passé les dix dernières années à regretter ce choix ». A se tourmenter, aussi. Avait-elle été piégée, avait-elle eu le choix ? Elle ne voulait plus penser à ce qui aurait pu être différent. Et maintenant, elle réalisait petit à petit qu’elle pouvait choisir, librement.

« Je ne sais pas. Je devrais, oui… Mais elle était loin de s’en sentir capable, pour le moment. Joanne fit la comparaison avec Jamie, et cela fit sourire Irene. Je suis loin d’être aussi résolue que Jamie. Il a toujours été le plus volontaire de nous deux, bien sûr. Et je suis incroyablement heureuse pour lui aujourd’hui, qu’il ait trouvé son bonheur avec toi et Daniel, avec sa vie ici. Mais il a su partir plus tôt que moi, refuser de subir plus longtemps les torts qu’on lui a infligé... et dieu sait qu'il y en a eu. Il a subi beaucoup d'injustices chez nous. Mais moi j’ai fini par intégrer que la voie qu’on avait choisi pour moi était la meilleure. Sinon, j’aurais juste sauté dans le premier avion pour revenir. » Elle soupira, sentant poindre le mal de tête. Parler de soi et de ses émotions était épuisant, heureusement que ça n’arrivait qu’une fois par décennie… « Je te l'accorde, ce genre d'impératif a été aboli partout... sauf chez nous. Quand tu es née avec un titre et des obligations, tu as un devoir qui prévaut sur tes aspirations personnelles. C’est ce que j’ai toujours appris, c’est ce que tout le monde a fait autour de moi. Mes parents, mon frère, mes amis du même rang. On a tous dû à un moment sacrifier quelque chose qui nous tenait à cœur pour l’intérêt général. » Et c’était comme ça. La règle, informelle, avait même eu du sens pour elle jusqu’à très récemment. « Mais tu as raison, aussi. Je crois que j’ai appris ça ici… vivre pour soi. Aussies do it better, on va dire. » Parler avec Joanne lui faisait réaliser qu’elle pouvait choisir pour elle, la vie qu’elle souhaitait mener dès aujourd’hui. Qu’au moins, elle avait une chance d’essayer de réparer les dégâts avant qu’il ne soit trop tard. Et enfin, de s’émanciper des emprises et des règles qu’elle avait pourtant toujours accepté sans rechigner, et des hommes qui les avaient créées pour elle. Son père, d'abord, avec son désir de contrôler son avenir. Son frère, avec la perversité qu'il mettait à contrer ses espoirs. Et Victor, à qui elle était prête à promettre sa vie sans le vouloir sincèrement. Malgré l’immense tendresse qu’elle éprouvait pour lui, malgré l’amour qu’elle lui portait, elle ne serait jamais capable de l’aimer comme elle aimait Jon. Et elle ne tenait pas à se lever chaque matin des trente prochaines années en regrettant que la bague ornant son doigt ne soit que le résultat d’un sacrifice. Elle ne pouvait décemment pas choisir cette voie, pas après les encouragements de Joanne, pas après sa dernière rencontre avec Jon.  

« Enfin, je suppose que je verrai bien où ça me mènera. Par contre, si tu n’y vois pas d’inconvénients… je préférerais que tout ce que je t’ai dit là reste entre nous. Je détesterais devoir dire à ma psy qu’elle avait raison quand elle disait que parler de nos sentiments était libérateur. Sérieusement, jamais de la vie. C'est quand même beaucoup plus facile de tout garder pour soi, » acheva-t-elle avec un petit rire.
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Message(#)Ladies in the Sky with Diamonds ☆ (joarene) EmptyJeu 21 Juin 2018 - 1:03


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Intérieurement, Joanne rêvait de faire mouche, de montrer ce qu'elle véritablement dans le ventre, impressionner ses collègues et son supérieur. Si elle parvenait à dénicher une oeuvre, et que le musée en fasse l'acquisition, elle serait aux anges. Elle n'avait jusqu'ici jamais cette opportunité là et elle espérait sincèrement faire ce bond là au QAGOMA. Cette envie lui trottait dans la tête depuis plusieurs mois déjà. Irene espérait autant qu’elle de connaître cet essor, surtout que la brune comptait rejoindre à sa façon le monde de l'art, qui semblait véritablement lui manquer. Elle allait s’y investir d'une toute autre façon que son interlocutrice. Joanne savait qu'elle n'aurait aucun mal à y retrouver sa place. La conversation prenait une toute autre tournure lorsqu'elles abordaient les problèmes de coeur de la belle brune. Une situation à prendre avec des pincettes. Irene était déjà fiancée et était amoureuse d'un autre homme. Jusqu'ici, son identité avait été précieusement gardé secrète. Mais son amie venait tout juste de la lui révéler, Joanne ignorait si cela était volontaire ou non. Impossible de cacher sa surprise. Encore moins lorsque la brune lui confirmation qu'il s'agissait bien du même Jonathan. Elle acquiesça d'un signe de tête, se sentant subitement bien mal à l'aise. Il avait tenté d’avoir son attention, de se l’approprier alors qu'elle était avec Jamie. Joanne n’y avait vu que du feu. Elle ne l'avait pas vu depuis des lustres, cela dit. Elle ignorait totalement ce qu'il devenait et Jamie et elle n'en parlaient pas vraiment lorsqu'ils discutaient ensemble. La petite blonde avait l'impression qu'elle découvrait tout un chapitre de Jamie, Irene et Jonathan, dont elle n'avait pas soupçonné son existence avant que la brune ne parle davantage de son histoire. Joanne peinait à voir Jonathan comme un homme fidèle, lui qui draguait qui bon lui semblait. Elle se mit à espérer que le styliste ait des sentiments aussi sincères que ceux d’Irene, sans quoi la jeune femme se berçait dans une illusion qu'elle entretenait avec ce dilemme. Joanne réfléchissait en même temps qu'elle écoutait. Elle se demandait ce que son mari pensait de cette situation. Avec l’instabilité de Jon en matière de relations amoureuses, elle doutait que Jamie soit pour qu'ils se remettent ensemble. Juste un pressentiment, comme ça. Elle se sentait triste pour Irene, que sa famille l’ait ainsi forcée à choisir. Elle était contrainte à renoncer à l'homme qu'elle aimait pour avoir encore grâce aux yeux de ses parents. Joanne ne savait pas trop quoi dire face à tout ceci. Elle lui souriait de temps en temps, mais voilà plusieurs minutes qu'elle était bien plus perdue dans ses pensées. Il était vrai que Jamie avait eu toutes les raisons du monde de quitter sa famille, et cela lui avait réussi. Il était parvenu à construire sa propre vie, à la sueur de son front, se rapprochant d'un idéal auquel il n'avait jamais songé avoir droit un jour. Et pourtant, le voilà épanoui et heureux, avec une famille à chérir. Joanne pensait qu’Irene pouvait prendre exemple sur son ami. Ils se connaissaient depuis de très nombreuses années. Mais elle admettait avoir manqué le coche, et selon elle, c'était trop tard désormais. Irene se sentait coincée, dans une situation où elle ne voyait passé réelles issues. “Jamie est-il au courant de… toute cette situation ? De tes doutes, de ce que tu veux  ?” finit-elle par demander non sans hésitation. Il était certain qu'il ne permettrait pas à Jon de faire du mal à Irene. De plus, Jamie était bien plus à l'aise sur tout ce qui touchait sur le milieu dans lequel ils avaient tous les deux grandis pour être de très bon conseil pour elle. Cela dit, elle se demandait bien quel était son positionnement dans toute cette situation. Une autre histoire d'amour qui semblait tumultueuse, Joanne avait l'impression d’en effleurer que la surface. De nombreux éléments devaient lui manquer, toute une backstory qu'elle ne connaissait pas. Et le milieu était aussi un énorme frein : Joanne ne connaissait pas toutes les subtilités de l'aristocratie britannique. Certes, elle était aussi une Lady et Jamie prenait toujours un plaisir de l’appeler ainsi en signe d’affection. C'était surtout sur le papier, et pour le peu de fois où elle le voyait défiler sous ses yeux, cela lui faisait bizarre. Mais elle adorait associer son prénom avec son nom marital. “Ne te laisse pas trop entraîner malgré tout. Je sais que pendant longtemps, je le faisais. Comme dans un torrent où tu penses que tu n'as plus de contrôle sur quoi que ce soit. Parce que ce n'est pas vrai. Tu trouveras toujours un moyen de reprendre le contrôle des choses.” Joanne aurait pu tombé bien bas si elle n'avait pas trouvé cette force jusqu'ici cachée pour gérer sa vie de mère célibataire l'année passée. Elle s'était véritablement redécouverte. Elle s'était opposée à son père pour sa famille, elle avait mis de côté tous ses principes en se mariant avec Jamie sans cérémonie. La petite blonde comprenait qu’Irene ne veuille pas que ses confessions ne s’ébruitent et elle doutait bien que ce n'était pas qu'à cause de sa psychologue. “Tu peux compter sur moi.” lui assura-t-elle. Joanne savait très bien garder un secret. Elle espérait juste que cette conversation ne tomberait pas un jour avec son époux, sinon elle finirait par se retrouver dans une situation bien étrange. Elle rit doucement avec elle, comprenant ce qu'elle voulait dire.“Tu as tout raconté à ta psychologue ?” lui demanda-t-elle. Joanne voyait moins régulièrement le sien. Elle se sentait mieux et les séances s’écartaient de plus en plus. “Après, en parler te permet d’avoir d'autres points de vue, d'autres approches. Des éléments qui pourraient t'aider dans ta propre réflexion, des choses auxquelles tu n'aurais peut-être pas pensé auparavant.” Joanne haussa timidement les épaules. “J'espère simplement que ça ne te pèsera pas, à la longue, de garder tout ça pour toi.” Oui, c'était un peu d'inquiétude qui pouvait se lire dans le regard bleu de la jeune femme. Elle craignait qu’Irene ne finisse par être totalement dépassée par les événements, sans savoir quoi faire, totalement démunie. La situation était déjà très complexe. “En tout cas, si jamais tu ressens le besoin de partager quoi que ce soit à ce sujet, tu sais que tu peux compter sur moi.” dit-elle avec un sourire. “Si ça se trouve, il y aura un jour où tu ne voudras plus tout garder pour toi, qui sait.” dit-elle dans un rire, avant de boire une nouvelle gorgée de sa boisson.
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Message(#)Ladies in the Sky with Diamonds ☆ (joarene) EmptyJeu 16 Aoû 2018 - 19:58


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Rien n'avait changé, tout autour d'elles restait drastiquement semblable depuis qu'Irene avait parlé. Pourtant, sur ses épaules, un poids s'en était allé, libérant aussi son coeur et lui permettant de respirer à pleins poumons, sans entraves, sans secret. Elle se sentait différente, et elle se demanda brièvement si elle l'était devenue aux yeux de Joanne. Quelqu'un de plus... humain, ordinaire, en proie à de vrais tourments que la douce blonde avait elle-même expérimenté, et vaincus. Ni sa famille ni sa fortune ni ses titres ne l'avaient protégée de la douleur, du deuil, de la perte, ni surtout de l'espoir qui l'avait conduit à l'autre bout de la Terre. Etrangement, Irene se sentait perdre une part de son mystère, maintenant que ses émotions si jalousement gardées pouvaient trouver un chemin hors de ses masques impassibles, mais sentait autre chose naître à la place. Une résolution. Une petite libération, une petite victoire sur elle-même et sur tous les mensonges qu'on l'avait contrainte à dire, et qu'elle avait pareillement répandu, enterrant la vérité, sa vérité, sous des couches de débris de souvenirs et de fausses excuses. Ce que Joanne lui avait dit lui faisait aussi réaliser une part de vérité : elle n'avait plus à mentir. Ni aux autres, ni à elle-même, ni à fuir de la vérité. Elle méritait de récupérer ces années et de vivre les suivantes avec ses choix, ses armes, ses décisions.

« Jamie sait ce qu'il s'est passé, évidemment. Il m'a sauvée. Sans lui j'aurais abandonné. » Elle offrit un maigre sourire à Joanne. La Lady ne souhaitait pas se complaire sur son sort d'alors ni évoquer la maladie qui avait rongé sa vie pendant deux ans, laissant de profondes séquelles et ne la laissant jamais vraiment tranquille, mais elle ne pouvait pas passer sous silence ni le rôle de Jamie dans sa guérison ni son importance. Sans lui à ses côtés, elle aurait sombré dans un sommeil infini, fermant les yeux sur son monde pour les siècles à venir, une Belle au Bois Dormant déchue. Son prince n'était pas venu, mais Jamie l'avait sauvée des ronces et du point de non retour. « Il sait que j'ai retrouvé Jonathan, et je crois qu'il désapprouve. Elle se souvenait très bien de leur dernière discussion à ce sujet. De son regard, de leurs réactions. De sa déception, et de ses avertissements. Irene baissa les yeux une seconde, et pour donner le change haussa les épaules, avant de reprendre, se voulant moins dramatique. Je peux comprendre. Je n'ai pas été facile à... remettre sur pieds. À cette époque il a mis de côté beaucoup de choses pour me redonner le sourire, alors je comprends ses réserves. » S'investir dans la reconstruction physique et mentale de quelqu'un était une chose, mais le risque que cela recommence en était une autre. Irene comprenait Jamie mais elle ne pouvait aller dans son sens. Jonathan était tout ce qu'elle désirait. Elle n'avait plus vingt-quatre ans, ce n'était plus une gamine. Son père était mort, son frère loin d'ici sans aucune prise sur sa vie. Les seuls obstacles désormais étaient la bague à son doigt et sa capacité à dire non et à briser un coeur. Elle se passerait des bénédictions. Trop jeune et trop naïve à l'époque elle avait échoué à écouter son instinct et lui avait préféré la promesse finalement fade d'une vie sécurisante. Maintenant, elle souhaitait donner le tout pour le tout, tenter de réparer le temps perdu. Et si ça ne marchait pas... la brune regarda autour d'elle. Le port animé, les passants, les mouettes dans le ciel. Elle ne souhaitait pas penser à une potentielle issue négative, après tous les mots qu'il avait murmuré à son oreille et qu'elle gardait près de son coeur. Qui vivra verra, comme disait le dicton. Mais je vais le lui dire. J'espère qu'il verra les choses comme je les vois. » Trop facile, de demander à son ami de se mettre à sa place quand elle-même s'obstinait à refuser son point de vue ? Elle regarda Joanne, une légère interrogation dans ses yeux bruns. Puis, elle se rapprocha de son amie et prit doucement les mains de Joanne dans les siennes, les serrant brièvement.  

« Merci. D'être là. D'écouter. C'est une vieille histoire que peu connaissent, et à part Jamie, personne n'en possède tous les détails. Et... parler avec toi... ça aide. Tu as raison, c'est comme un torrent. Ça s'est amplifié avec le décès de mon père et je me suis longtemps sentie... oui, entraînée. C'est encore le cas, mais j'ai bon espoir maintenant.   Un étrange sourire sur les lèvres, Irene répéta ses premiers mots, cette fois, un peu plus fort. Merci d'être mon amie, Joanne. La sincérité de Joanne touchait sincèrement Irene, l'émouvant également. Elle avait eu peu d'amis et d'amies proches, trouvant souvent trop insignifiants les gens hors de sa caste et trop vaniteux ceux de la sienne, incapable de trouver sa place. Ç'avait été une de ses craintes en arrivant à Brisbane, mais maintenant, elle savait que ce n'était pas le cas. Je... j'espère que tu sauras me trouver le jour où tu auras besoin. » Et elle désirait lui montrer qu'elle pouvait lui rendre la pareille.

Quant à sa psychologue...  « Oh, non, bien sûr que non. Quelle idée saugrenue que d'aller raconter les détails intimes de sa vie avec une inconnue. Elle voyait ce que Joanne voulait dire par les bienfaits de la parole, mais Irene restait sceptique vis à vis de cela, même si les choses prenaient un tournant un peu plus naturel, depuis l'Australie, depuis ses nouvelles rencontres. Ça va mieux, en tous cas. » La dernière remarque de Joanne la fit sourire, et son rire communicatif l'atteignit aussi. « Oh my, le jour où je ne garderai plus tout pour moi... il faudra faire une alerte à la bombe ! Sur ce, elle leva son verre et le fit tinter contre celui de Joanne. « Aux confessions. »

Alors qu'elles enchaînaient sur autre chose, quelques vers revirent à Irene, d'un poème lu dans un livre qu'on lui avait prêté. Quelque chose sur l'amour, sûrement.

most importantly love like it's the only thing you know how
at the end of the day all this means nothing
this page where you're sitting your degree your job the money
nothing even matters except love and human connection
who you loved and how deeply you loved them
how you touched the people around you
and how much you gave them
.

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