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 joamie + when I pronounce the word future

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Message(#)joamie + when I pronounce the word future EmptyLun 2 Avr 2018 - 23:23


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Les couleurs automnales dominaient toute la végétation de la ville, rendant le paysage particulièrement chaleureux malgré les températures qui commençaient à se rafraîchir. Rien d'extravagant non plus, mais les petits courants d'air frais se faisaient un petit peu plus fréquents. Daniel avait découvert le plaisir d'aller jouer dans les tas de feuilles mortes, là où Milo adorait sauter dedans et même disparaître jusqu'à ce qu'il pointe à nouveau le bout de son museau et de remuer dans tous les sens tant cela l'amusait. Son attitude amusait beaucoup le plus jeune des Keynes, qui avait même fini par se perdre dans un fou rire pendant plusieurs minutes. Il riait aux larmes et Joanne aurait pu parier que ses zygomatiques en devenaient douloureux. La jeune femme était rentrée à la maison un petit peu plus tôt que son époux et elle profitait du beau temps en étant dans le jardin avec son fils et avec les chiens. Ben avait plus tendance à faire son petit tour des jardins. Les soirées en semaine avaient souvent le même rituel. Les variantes étaient nombreuses mais le schéma restait relativement le même. Ils rentraient tous les deux assez tards le soir et Daniel se fatiguait rapidement après ses journées passées à la crèche. La prospection d'école maternelle avait également démarré, car ils ne souhaitaient évidemment que le meilleur pour leur petit. Une réalité qui accentuait davantage l'envie d'avoir un deuxième enfant. Cela faisait quelques semaines que Joanne se sentait un peu plus fatiguée, un peu nauséeuse. Elle se souvenait de la dernière fois où elle avait ces quelques symptômes. La petite blonde n'en faisait pas part, ne souhaitant pas placer trop d'espoir avant d'avoir la moindre confirmation. Elle avait une consultation de routine avec son médecin prévue quelques jours plus tard, elle comptait en profiter pour faire les examens nécessaires à ce moment-là. Joanne avait beaucoup d'espoir, elle espérait tant. Mais durant la nuit, elle comprit rapidement que quelque chose ne tournait pas rond. La jeune femme fut réveillée en plein milieu de la nuit par une vive douleur au niveau de son dos et de son ventre, similaire à des contractions. Elle en gémissait dans un premier temps, jusqu'à hurler tant cela était devenu subitement insupportable. Cela avait forcément réveillé toute la maisonnée, Jamie le premier. Les pleurs de Joanne se mêlaient à ses cris, tant à cause de la douleur que par rapport à sa signification. Les draps tâchés de sang confirmaient surprenaient, Joanne pliée tordue de douleurs, encore plus. Elle qui espérait échapper à l'hôpital pour de mauvaises nouvelles, c'était raté. Le temps du trajet, elle ne cessait de dire à son mari qu'elle était désolée, que c'était de sa faute, la souffrance physique et psychologique l'empêchant de penser clairement. Aux urgences, prise de sang et échographie étaient de rigueur, mais ce n'était que pour confirmer le diagnostic. Le médecin avait recommandé au couple d'aller voir un généticien, mais la jeune femme avait jugé bon de spécifier qu'elle savait déjà que l'anomalie génétique venait d'elle.

Le plus inattendu était certainement la réaction de Joanne. Une fois les douleurs passés et qu'ils étaient rentrés à la maison, il n'y avait pas de larmes. Elles viendraient plus tard, peut-être. Le sujet de conversation aussi, certainement. Elle était, pour le moment, plutôt renfermée sur elle-même, à encaisser du mieux qu'elle le pouvait. Le médecin lui avait recommandé de ne pas travailler le reste de la semaine – ce n'était que deux jours, mais cela la dérangeait quand même. Elle ne doutait pas que son mari en souffrait tout autant, elle restait auprès de lui autant que possible. Joanne détestait retrouver ce sentiment de culpabilité, et d'incapacité à concevoir normalement, comme n'importe quelle autre femme. La petite blonde se blottissait régulièrement contre lui, sans rien dire. Il savait, de toute façon. Même Daniel semblait avoir perçu que quelque chose ne tournait pas rond, et que cela ne se limitait à la pâleur de la peau de sa mère, quelque peu livide. Le samedi après-midi, ils profitaient à nouveau du beau temps en étant allé se promener au parc pour ensuite prendre le goûter à l'ombre d'un arbre. Assis dans l'herbe, les parents gardaient un oeil sur Daniel, qui s'occupait tranquillement de son côté. "J'ai eu une autre idée, il y a un moment." dit-elle au bout d'un moment. Joanne ne s'était pas montrée très loquace depuis son bref passage aux urgences. "C'est sans doute bien plus réalisable que le reste." Entre ses rêveries et son projet concernant Grace et Celso, et l'impuissance qu'ils avaient par rapport à la survie de l'enfant que Joanne pouvait porter, il n'y avait pas photo. "Ca m'est venue à l'esprit lorsque tu avais dit que la maison ici allait être trop petite, le jour où nous nous sommes mariés." commençait-elle. "Et je me suis rappelée du jour où tu avais décidé de tout retirer du séjour quand nous vivions à Logan City, parce que tu savais que je ne m'y sentais pas chez moi. Quand j'ai perdu les eaux, pour Daniel." Difficile d'oublier cette journée là, qui annonçait tout un tas de renouveau dans leur vie, à l'époque. "Ces changements là nous avaient plutôt bien réussi, nous nous y plaisions beaucoup, dans ce séjour, qui nous correspondait à tous les deux." La voix de Joanne était faiblarde, un peu éteinte, elle avait les yeux bas depuis qu'elle avait commencé à parler. Assise en tailleur, sa main gauche jouait avec quelques brins d'herbe. Enfin, son regard se levait vers lui. "Et je me suis dit... Pourquoi pas ne faire la même chose, mais avec une maison entière ?" Elle marqua une courte pause, essayant de jauger la réaction de Jamie, mais elle préférait tout de même décrire le fond de sa pensée. "Je ne veux pas que l'on en achète une autre, et que l'on s'adapte aux murs déjà bâtis, non. Je pensais plutôt à... prendre un terrain vague, et construire la maison de nos rêves. Quelque chose qui nous correspond. Et nous pourrions y mettre la main à la pâte. Je suis loin d'être bricoleuse mais je pense être capable de tenir un pinceau pour peindre un mur." Elle esquissa un faible sourire avec sa plaisanterie. "Nous déciderions du terrain,de la composition de la maison, avec les matériaux que nous désirons. Tout, de A à Z." Avec l'intervention des professionnels nécessaires, bien évidemment. "Tu pourrais avoir un grand atelier où tu pourrais t'isoler quand tu en aurais besoin, pourquoi pas une salle de jeux pour Daniel parce qu'il a quand même beaucoup de jouets. D'autres chambres... Dont nous trouverions l'utilité si tout ne se passe pas quand nous le souhaiterions." Sa voix devenait de moins en moins forte au fur et à mesure de sa phrase, jusqu'à s'éteindre totalement. Elle marquait une longue pause, le visage triste, avant de faire l'effort de se ressaisir. "Je sais que c'est un énième projet, que nous avons aussi un mariage à prévoir et... d'autres projets qui nous sont chers. Mais construire une maison, celle dont nous rêvons, est aussi un très bel accomplissement, je trouve. Nous pouvons nous le permettre." Joanne avait aussi une certaine somme d'argent à côté, qui ne valait pas grand chose par rapport à ce que Jamie pouvait avoir. Mais c'était deux sommes qui s'additionnaient, qui leur était communes. Elle ignorait totalement ce qu'il pouvait bien penser d'une telle idée, Joanne mentirait si elle disait qu'elle n'appréhendait pas. Elle en avait déjà envoyé, des plans sur la comète, et il avait toujours eu le devoir de remettre les pieds sur terre. "C'était juste une idée qui me passait par la tête." dit-elle, pour tenter de relativiser toute seule, afin de ne pas être trop déçue si Jamie n'approuvait pas. Sa méthode n'allait certainement pas être efficace, parce qu'elle y tenait beaucoup aussi, à cette idée là.
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Message(#)joamie + when I pronounce the word future EmptySam 7 Avr 2018 - 12:34

L'image est bloquée dans ma tête. Dès que je ferme les yeux dans l'espoir d'avoir un semblant de repos, dans les moments de silence, d'inattention, dans les détails. C'est dans le bruit de la machine à laver qui efface les traces, dans la couleur de la nuit, le reflet d'un verre de vin rouge, sur le volant de la voiture, jusque dans le timbre de la voix de Joanne. Et malgré tous les détails qui me font instantanément retrouver jusqu'au rythme cardiaque de ce soir-là, aussi longtemps puis-je m'y replonger derrière mes paupières, je ne retrouve jamais la scène dans sa totalité. Seulement les détails, et les mille excuses de la jeune femme qui me faisaient perdre mon sang froid. Le reste du tableau, l'ensemble, est aussi flou que s'il ne s'agissait que d'un mauvais rêve. Pourtant je me sens hanté par ces sensations, ces visions qui m'empêchent autant de dormir que de me concentrer. Une chose pareille ne vous heurte jamais autant que lorsque vous le voyez de vos propres yeux. L'imagination ne suffit pas à vous projeter dans ce que l'on ressent, ce que l'on pense, ce que l'on fait dans ce moment-là. Cette nuit m’a laissé avec cette impression d'être totalement désemparé que je ne parviens pas à dissimuler. Je ne me sens relativement tranquille, en voie pour surmonter ce souvenir, que dans le silence et la solitude. Les mots, et même les gestes, sont de trop et me laissent amer. Pourtant je sais que Joanne a besoin de ces étreintes, qu'elle apprécierait un sourire, un de ces regards tendres et confiants qui insufflent de l'optimisme -tout ce que je ne parviens pas à donner depuis lors, trop occupé à digérer les évènements moi-même, à replacer le flux des émotions dans leur lit, incapable de partager tout ce qui me traverse l'esprit. Et dans l'herbe, allongé à côté de Joanne, l'oreille attentive aux aboiements et aux babillages, à la caresse d'un soleil doux, j'aurais presque pu trouver un peu de paix si je n'avais pas été tiré hors de cette torpeur. Dès lors où la jeune femme mentionne une autre idée, mon cœur se serre, la formulation ayant des airs de clôture d'un sujet appartenant déjà au passé -mais qui me tourmente pourtant encore. L'idée, “plus réalisable que le reste”, sonne définitivement comme un abandon. Et je n'ai pas baissé les bras, je procède toutes ces émotions dans l'espoir que la prochaine fois sera plus concluante ; mais peut-être qu'à force, il est plus difficile pour elle, à chaque fois, de se remettre sur pieds. Quoi qu'il en soit, je conclus rapidement qu'il est déjà l'heure de faire le deuil de ce projet de bébé. Joanne propose un déménagement, tel que je le comprends dans un premier temps, jusqu'à ce qu'elle précise son idée et suggère plutôt de faire construire une maison. Un chez nous sur mesure. Il est vrai que ma prédiction concernant le manque d'espace dans cette maison que j'avais acquise pour moi seul, les chiens et les visites trop rares de Daniel suite à notre séparation, s'est rapidement révélée réaliste. Joanne, Nunki et Sirius s'étant ajoutés à l'équation, les pièces conçues pour une vie de célibataire aux priorités professionnelles ne sont plus adaptées. Je songe que j'adorerais avoir un atelier à nouveau, que si j'en avais un je l'utiliserais immédiatement. Quant à anticiper d'autres chambres, Joanne semble faire mourir sa propre idée dans l'œuf. Mais j'imagine que nous leur trouverons une utilité, oui, par la force des choses. Mes lunettes de soleil me permettent de glisser mon regard de Joanne vers le ciel discrètement. “Donc on a essuyé un échec, on oublie et on passe à l'idée suivante, comme ça ?” je demande, le ton monocorde, las et fatigué. Ni pour, ni contre ; le fait est que je ne sais pas comment me sentir face à cette proposition, ce projet bien plus énorme qu'il n’y paraît, et qui ressemble, face à ce timing, à une simple compensation, presque un moyen de ne pas s'ennuyer. J'essaye de relativiser, de me dire que le besoin d'espace est réel, que nous pourrions en effet nous tenir occupés, que cela serait une aventure intéressante pour Daniel, et peut-être nécessaire pour Joanne qui, malgré ses airs rêveurs, trouve son bonheur dans des achèvements concrets plus qu'elle ne veut l'admettre. Avoir notre propre maison sortant de terre au fil des mois après avoir conçu ses moindres recoins est une idée tout ce qu'il y a de plus excitante, pourtant elle ne suscite pas encore d'enthousiasme de ma part. Je garde simplement les yeux rivés vers la grande étendue bleue qui apaise mes pensées, laisse mes doigts glisser sur la surface de l'herbe, et retient mes paupières, lourdes, derrière lesquelles je sais que je ne trouverais que l'image nette de ma femme tordue de douleur dans notre lit.
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Message(#)joamie + when I pronounce the word future EmptySam 7 Avr 2018 - 14:58


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Si on lui avait laissé le choix, elle aurait préféré que Jamie ne soit pas témoin de tout ça. Cela aurait très bien pu se passer au travail ou en se promenant dans la rue. Mais pas au milieu de la nuit alors que toute la maisonnée dormait paisiblement. C'est une souffrance qu'elle n'aurait pas souhaité lui infliger, la douleur de la nouvelle annoncée aurait été largement suffisante pour lui. Mais il avait été là, il l'avait conduit à l'hôpital, et puis ramené. Depuis ce retour, il n'était plus le même. Jamie était distant, peu affectueux, beaucoup dans ses pensées. Il devait lui aussi faire face à ce véritable traumatisme, une affliction qu'il avait vécu d'un tout autre angle et d'une toute autre façon que les fois précédente. Chacun tentait, autant que faire se peut, de digérer, d'assimiler la nouvelle. Cette tristesse commune mais non partagée allait finir par leur faire du mal aussi. Joanne finissait par croire qu'il ne venait pas près d'elle parce qu'il était déçu, en colère, peut-être dégoûté. Difficile pour elle de discerner le vrai du faux, mais elle avait bien deviné qu'il en souffrait tout autant. Au lieu de se serrer les coudes, ils parlaient peu, ne partageaient rien. Prendre l'air ne pouvait que leur faire du bien, au parc. Cela changeait du jardin et surtout, c'était un excellent moyen pour remarquer que la vie continuait. D'autres promeneurs, quelques joggeurs, des chiens qui venaient saluer ceux de la famille Keynes. Une atmosphère bien plus douce qui soulageaient les souffrances et qui avait poussé la jeune femme à partager une de ses idées. Elle en avait bien d'autres, mais c'était la première qui lui était venu à l'esprit. Joanne espérait voir un époux plus enthousiaste suite à cela, mais il restait last. Cela ne lui faisait ni chaud, ni froid. En voyant sa réaction, Joanne se demandait sur le coup, comment tout ceci se serait passé s'ils n'avaient pas été mariés. Elle l'ignorait, et préférait ne plus y penser. "Ce n'est pas ce que je voulais dire." murmura-t-elle, le regard et les épaules bien basses. La jeune femme redressa la tête pour regarder Daniel, qui s'évertuait à ramasser les plus belles feuilles aux couleurs de l'automne que l'on trouvait dans les environs. Nunki et Sirius le suivaient à la trace, adorablement perplexes en regardant ce que leur petit maître pouvait bien faire. L'amour qu'elle portait pour son fils était indescriptible, le regarder lui mettait systématiquement du beaume au coeur. "Quand je vois Daniel, je me dis que nous sommes capables de faire de si belles choses. Qu'en dépit de tous nos échecs, nous avons réussi à avoir ce qu'il y a de plus beau et de plus adorable, au moment où nous y croyions le moins." Une surprise, la plus belle des surprises. Qu'importe s'il était arrivé peut-être trop tôt dans leur relation, ça n'était pas trop tôt pour eux. Ils avaient accepté la nouvelle, ils s'en étaient enthousiasmés malgré les quelques appréhensions. Jamais ils ne leur étaient venus à l'esprit d'y renoncer de quelque manière que ce soit. "Quand nous nous rendions à notre maison de campagne, toutes ces chambres vides me rendaient un peu tristes, parce que je savais que je ne serais peut-être pas capable de les remplir d'enfants comme nous le souhaitions. Ca me mettait beaucoup de pression." Elle marquait une pause. "Mais j'aimais tellement cet endroit. Et plus nous y étions, plus je trouvais comme... une motivation. Et cette pression est devenue finalement une envie. C'est difficile à expliquer autrement. Mais j'en avais tellement envie, c'est ce que je désirais le plus au monde. Je me mettais à imaginer la disposition des meubles dans chacune des chambres, les couleurs que nous choisirions, ce que je ressentirais une fois que tous ces espaces vides étaient comblés de rires et de jeux." Daniel finit par s'approcher afin de donner les quelques belles feuilles qu'il avait trouvées à sa mère. Celle-ci le remerciait avec un baiser sur la joue, et une longue étreinte. Le petit avait ensuite rapidement eu envie d'aller courir et s'amuser avec les chiens. "J'aimerais beaucoup retrouver cette envie là." finit-elle par dire doucement. "Parce que j'ai envie de continuer d'essayer." Sa tête se tournait finalement vers lui. Il était toujours allongé, les yeux rivés vers le ciel. "Ca fait mal, à chaque fois. Ca fait terriblement mal, et ça m'épuise. Mais ça ne va pas me dissuader de continuer d'y croire. Je sais que nous le pouvons, et je me sens prête à endurer encore ça s'il le faut. Ca m'effraie un peu oui, de ressentir à nouveau toute cette douleur, mais pas assez pour que j'abandonne. Pas maintenant." dit-elle finalement après une longue pause, lâchant enfin une larme –même si ce n'était qu'une seule– pour exprimer sa peine autrement que par une passivité et une lassitude déconcertantes. La souffrance était autant physique que mentale et il y aura certainement un moment où, après un énième échec, elle finirait par être à bout. Mais ce moment n'était pas encore arrivé. Malgré sa tristesse apparente, Joanne ne perdait pas espoir. "Ce n'est pas passer à l'idée suivante c'est... quelque chose en plus, de complémentaire. Si... Je parviens à retomber enceinte, l'espace que nous avons sera à retravailler, pour pouvoir accueillir un nouveau bébé. Nous manquerions de place, mais si nous savons que derrière, il y a cette maison qui se construit, à notre image, nous serions sereins. De pouvoir faire vivre notre famille et voir grandir nos enfants dans les meilleures conditions." Timidement, Joanne venait glisser ses doigts sur le dos de la main de son époux, qui était sur l'herbe, et venait les croiser avec les siens. L'une des rares marques d'affection depuis ces derniers jours. Si ça ne tenait qu'à elle, elle viendrait se blottir contre lui, ou elle lui volerait un baiser, mais elle ne parvenait guère à deviner s'il allait y être réceptif ou non. "Tu veux bien... qu'on réessaie ?" Finalement, l'idée de la maison n'était en rien compensatrice. Ce n'était que la suite des événements, une suite logique. Joanne avait bien conscience qu'il y avait un risque, une possibilité que les chambres qui seraient prévues ne soient pas occupées. Mais elle était surtout dans une optique plutôt optimiste. Que si elle parvenait à tomber enceinte, la famille Keynes dispose de suffisamment d'espace pour accueillir le bébé. Ce n'était qu'une idée, parmi tant d'autes, qui prouvaient qu'elle n'avait définitivement pas perdu espoir.  
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Message(#)joamie + when I pronounce the word future EmptyMar 1 Mai 2018 - 13:12

Je n’aurais rien pu faire, c’est là le plus difficile à accepter. Le manque de pouvoir, d’emprise sur les événements, la manière dont ils s’abattent sans laisser d’autre choix que de subir, mis devant le fait accompli. Et l’on cherche à se pardonner tout ce qui n’est pourtant pas entre nos mains, les freinages brusques et les virages serrés de la vie, les moments où l’on perd le contrôle, et l’on demeure simple spectateur. A la fin d’un véritable marathon émotionnel, lorsqu’il est enfin possible de souffler, nous regardons en arrière en ayant conscience que rien n’est de notre faute, rien ne dépend de nous, et c’est alors que l’on se sent vide, et seul. J’ai pourtant l’habitude de ces instants, cette sensation d’avoir le coeur en apesanteur, figé entre la colère et la peine dans parfaite balance. Mais cela paraît presque plus facile lorsqu’il n’est question que de moi, que lorsqu’il est question d’elle, et surtout d’elle. Je n’aurais pas pu faire plus sur le moment, je n’aurais pas pu l’empêcher, mais je pourrais faire mieux depuis, et je le devrais. Si Joanne ne souhaite plus risque de vivre cela à nouveau, je ne peux que le comprendre, je dois l’accepter, sans broncher. Ce n’est pas qu’un échec. Du moins, ce n’est pas son premier, à elle. J’imagine la même scène, à deux autres reprises, tandis qu’elle était seule. Tellement de tentatives et de pertes avant de parvenir à avoir Daniel. En faudra-t-il autant à chaque fois ? Un équivalent de peine au bonheur de les voir venir au monde un à un ? Cela ne me paraît pas être une option viable, supportable, ni pour la jeune femme ni pour moi. Je me résigne à croire que de toute manière, nous n’aurions jamais pu remplir toutes les chambres de l’ancienne maison. Persister dans l’échec nous aurait simplement rendus tristes et usés. Pourtant, elle souhaite tenter à nouveau ; sur le moment mon coeur se serre, je ne sais que répondre. J’ai peur de la confronter encore une fois à ce risque, d’y assister moi-même à nouveau et repasser par cette léthargie des sentiments qui garde une partie de moi paralysée dans ce moment dans le temps, juste quelques jours avant. Comment puis-je l’accepter ? Comment puis-je le lui refuser ? Tout ceci me laisse perdu et je ne souhaite que me reposer sur le jugement de Joanne. Je suppose que, après tout, elle demeure la mieux placée pour savoir ce qu’elle peut supporter ou non. Si elle ne laisse pas tomber, alors je ne le dois pas non plus. Pas parce que je m’y sens contraint, mais parce que ce souhait commun n’est pas mort pour autant. Il y a, en attendant, cette réalité à laquelle je dois concrètement faire face pour l’avoir vue de mes propres yeux. Mais si nous avons eu Daniel, c’est que nous parlons pas d’impossible. Au final, bien que le postulat de départ n’y ressemblait guère, l’idée de faire pousser notre propre maison hors de terre peut-être une manière de partir du fait que ce bébé arrivera forcément un jour où l’autre. A condition d’accepter d’essayer à nouveau. Mes doigts se referment sur ceux de Joanne, puis je me redresse, appuyé sur mes coudes dans l’herbe. Mon regard tombe d’abord sur notre garçon qui joue à peine plus loin sans se douter de rien, puis sur ma femme aux grands yeux qui ne réclament qu’un peu de la tendresse qui lui a été refusée depuis ces derniers jours. “Oui, je souffle finalement, forçant un léger sourire afin de paraître moins triste et inquiet. On réessayera.” Délicatement, je porte sa main dans la mienne à mon visage et déposer un baiser dessus. Le dire à haute voix a cet effet positif, cette manière de me convaincre un peu plus. Peut-être que nous abaisserons nos objectifs, plus tard. Nous nous sommes toujours accordés à dire que Daniel ne devait pas être un fils unique, car il est tant de choses que l’on apprend qu’au contact d’un frère ou d’une sœur, des expériences à partager, et cette responsabilité de l’un envers l’autre, ce devoir de se protéger tout au long de la vie. Celle-ci offre déjà de bien trop nombreuses occasions de se sentir seul pour ne pas avoir un allié en toutes circonstances. C’est ce qui est important pour nous. Et si nous persistons jusqu’à concrétiser cette vision, alors nous avons bel et bien besoin de plus de place. Faire bâtir une maison peut nécessiter tant de temps, des années pour les projets les plus complexes et selon les difficultés rencontrées, que si nous décidons de nous lancer dans cette aventure supplémentaire, nous ferions mieux d’en être certains et de nous y mettre sans attendre. “Donc… dis-je en relevant mes lunettes de soleil sur mon crâne, dis m'en plus sur cette idée de maison.”
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Message(#)joamie + when I pronounce the word future EmptyMar 1 Mai 2018 - 15:57


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Le manque d'affection de ces derniers avaient été d'autant plus difficiles que le reste. Pourtant, Joanne en ressentait le besoin. Elle aurait donné n'importe quoi pour pouvoir se lover dans ses bras et fermer les yeux dans l'unique but de profiter de sa chaleur et de son amour tout en lui donnant de la tendresse en retour. Mais elle avait deviné que rien que dans la manière avec laquelle il lui parlait, de la façon dont il se tenait, qu'il n'en voulait pas. Jamie gérait ce deuil, ce traumatisme, comme il le pouvait et lui ne ressentait apparemment pas le besoin de partager sa peine avec son épouse. Cette dernière s'était sentie particulièrement seule et elle gardait ses pensées pour elle. Elle aurait aimé pouvoir en discuter avec son psychologue mais il était en vacances et elle ne pouvait rien faire d'autre qu'attendre son retour pour libérer un peu son esprit du lourd poids des mots qu'elle avait à prononcer. Malgré le fond douloureux qu'elle pouvait sentir par moment – à moins que ce ne soit qu'une sensation vécue à chaque fois qu'elle songeait à sa fausse-couche –, Joanne ne perdait pas totalement espoir. Oui, la souffrance physique et morale était très importante à chaque fois, particulièrement insupportable. Mais elle savait qu'ils en étaient capables et cela lui crèverait le coeur de se dire que Daniel n'aurait jamais de petit frère ou de petite soeur avec qui jouer et partager des moments ensemble. La petite blonde s'était risqué, en approchant sa main de la sienne. Juste un contact, juste sentir à nouveau ne serait-ce que la douceur et la chaleur de sa peau. Elle avait eu le coeur dans un étaux ces derniers jours, à ne pas oser l'approcher, à savoir qu'il ne voulait pas d'affection de sa part pour le moment. En d'autres circonstances, avec l'état d'esprit dans lequel elle avait pu être pendant quelques mois, Joanne aurait pu croire qu'il ne voulait plus d'elle. Mais là, elle savait que ce n'était pas le cas, sinon, il n'aurait pas voulu lui mettre la bague au doigt. Pourtant, le fait de ne pas avoir d'enfants avait été la cause de nombreux divorces et couples brisés. Enfin, il lui serrait un peu les doigts, il venait même embrasser la paume de sa main avec délicatesse. Cela était suffisant pour Joanne de sentir son coeur se gonfler un peu plus à nouveau, après des jours de sécheresse affective. Joanne voyait bien qu'il n'était pas serein. Il avait désormais vu à quoi ressemblait une fausse-couche, l'inquiétude n'en était que plus grande. Surtout qu'il était toujours quelqu'un qui cherchait à avoir le contrôle sur beaucoup de choses, là, il ne pouvait rien faire de plus que ce qu'il avait déjà fait. Mais il était prêt à réessayer, à faire confiance à Joanne et à sa capacité à tenir le coup malgré les nombreux échecs qu'elle avait du essuyer. Bien sûr, pour elle, les autres moyens d'avoir un enfant était inconcevable. Son gynécologue avait rapidement compris qu'il ne valait pas mieux lui parler d'insémination artificielle ou de fécondation in vitro. De toute façon, le problème n'était pas là. Néanmoins, savoir que Jamie était toujours partant malgré tout la rassurait et elle ne put s'empêcher d'esquisser un léger sourire soulagé. Désormais légèrement redressé, son époux semblait plus intéressé à cette idée de maison, qu'il pensait d'abord comme étant le signe qu'elle abandonnait le fait de vouloir un enfant. Non, il avait compris que c'était un complément, c'était en plus, une nécessité pour leur vie future et leur bonheur. Joanne sourit timidement, le regard bas. Ses doigts jouaient avec quelques brins d'herbe. "J'ai quelques idées précises ou, plutôt, des envies. Certains parviennent à construire leur maison de rêve directement dans leur imagination, mais si je le faisais, ça ne prendrait pas en compte tes désirs à toi. Et j'ai vraiment envie que ce soit quelque chose qui soit imaginé à deux." commença-t-elle avec un léger sourire. "Je me disais que ça te ferait certainement plaisir d'avoir à nouveau un atelier quand tu ressentiras le besoin de te retirer. Un grand séjour lumineux où nous pourrions tous nous retrouver sans se marcher dessus, avec une cuisine ouverte, une belle terrasse où nous pourrions dîner le soir, un jardin dans lequel les chiens peuvent se défouler quand bon leur semble. La chambre de Daniel, pourquoi pas une petite salle de jeux où nous pourrions mettre tous ses jouets, les autres chambres pour, espérons-le, d'autres enfants. Je pensais aussi à une petite pièce pour moi, où je pourrais mettre tous mes livres et bouquiner tranquillement, ou..." Joanne allait dire qu'elle pourrait continuer ses recherches sur Grace et Celso mais c'était au dernier moment qu'elle se souvenait que ce projet là était mort depuis longtemps. Y repenser lui faisait toujours un sacré pincement au coeur. Elle s'était énormément attachée à ce couple, même elle trouvait que c'était indécent, par moment. "Qu'importe." dit-elle pour conclure cette phrase, avant de passer à autre chose. "Un espace juste pour nous deux aussi, avec la chambre, la salle de bains. Enfin... un espace pour notre vie de couple, en somme." Il était certain que plus il y aura d'enfants, plus leur intimité sera difficile à conserver, et leur vie conjugale  aussi. Elle aimerait ses enfants avec une affection sans limite, mais elle tenait aussi à donner toujours autant d'amour à son époux dès qu'ils auraient un moment pour eux. Et ce moment là, ce sera bien souvent le soir, une fois que les bambins seront au lit et quand la maison sera plongée dans le calme et l'obscurité. Elle se montrait particulièrement protectrice lorsqu'il s'agissait de sa bulle familiale et de sa bulle qu'elle formait avec son époux. Deux biens on ne peut plus précieux qu'elle comptait entretenir et soutenir coûte que coûte. Mais Joanne ne se voyait pas vivre à nouveau de longs jours sans son affection, sous couvert d'être trop occupés avec les enfants, ou le travail. "Avec du parquet. Du bois, beaucoup de bois. Une ambiance chaleureuse et cosy, où nous nous sentirions bien. Que, à peine où nous mettrions le pied à la maison, nous saurions que c'est chez nous, notre havre de paix." dit-elle avec léger sourire. "Après je n'ai pas d'idée précise sur la structure de la maison même, mais je sais quels éléments j'aimerais y mettre. Je me dis que peut-être, j'aurais une image plus claire quand on saura dans quel quartier nous trouverons un terrain." Joanne supposait qu'en voyant le cadre dans lequel cette maison pourrait se construire, ils sauraient immédiatement à quoi elle ressemblerait. "Toi qui aime les espaces ouverts, nous pourrions mettre de grandes baies vitrées. A Logan City, nous profitions bien de la piscine avec Daniel, alors pourquoi pas en avoir une à nouveau. Nous aimions le fait d'être un peu en dehors de tout lorsque nous étions à la campagne, pourquoi pas ne pas retrouver le même esprit en plantant de grands arbres autour du terrain. Avec une belle balançoire pour les petits et, je suppose qu'ils termineront par demander à ce qu'on leur construise une cabane." Le ton de Joanne se fit plus rêveur, ses yeux regardaient ailleurs, s'imaginant toutes ces petites scène de la vie quotidienne qu'il y aura dans cette nouvelle maison. Bien sûr, dans ses rêveries, elle comptait plusieurs enfants. "Une maison à notre image." dit-elle plus tard, bien songeuse. "Rien que d'y penser, rien que d'effleurer la possibilité de construire, de se dire que ce ne sera pas à nous de s'adapter aux murs déjà présents, à faire en sorte de se rapprocher un peu plus de notre idéal, me motive." Cela gonflait son coeur davantage, des étoiles plein les yeux. "Je me suis dit que nous pourrions un moment passer un temps ensemble, pour ébaucher tout ça. Si le projet tend à se concrétiser, si c'est que nous désirons tous les deux plus que tout. Comme lorsque nous avions pris le temps de nous asseoir au milieu d'un séjour totalement vide, à revoir ensemble comment ça pouvait ressembler en couplant nos idées." Joanne avait adoré ce moment plein de complicité, même si leur vie de couple n'était pas au beau fixe à ce moment là. "Et nous pourrions faire appel à un architecte pour les aspects plus pratiques et détails auxquelles nous penserions. Peut-être apporterait-il de nouvelles idées, même si je suppose que nous resterons particulièrement psychorigides sur certaines de nos idées." dit-elle avec un léger rire. "Je dois paraître un peu mégalo, en disant tout ça. Je sais que c'est un budget, que ça coûterait cher. Entre le terrain, la construction, l'ameublement... Mais l'investissement en vaudrait le coup, tu ne penses pas ?" Elle se doutait bien qu'elle se couvrirait de ridicule devant son mari si elle disait qu'elle avait pas mal d'argent de côté. Une somme qui, pour Jamie, ne représenterait certainement pas grand chose. Mais elle tenait véritablement à y contribuer, de quelque manière que ce soit. Seulement, elle ignorait comment aborder ce sujet là avec lui en étant afin d'être prise au sérieux. "Et toi, de but en blanc, tu dois certainement avoir des envies aussi, des choses, qu'idéalement, tu adorerais avoir." Elle adorerait entendre ce que lui désirerait avoir, dans sa maison idéale. "Qu'est-ce que tu voudrais à tout prix avoir, dans cette maison ? Même si ce n'est qu'un détail." Même s'il ne s'agissait que d'un tableau, d'une couleur ou d'un luminaire.  
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Message(#)joamie + when I pronounce the word future EmptyVen 18 Mai 2018 - 18:49

Le soleil pique un instant ma rétine, le temps que celle-ci s'adapte. La luminosité n'est plus si dérangeante au bout de quelques secondes ; puis l'environnement reprend ses couleurs naturelles. Mon regard se pose régulièrement sur Daniel. Il ne s'éloigne jamais beaucoup, et au delà d'une certaine limite, il serait immédiatement rappelé à l'ordre. Seule la compagnie des chiens autour de lui me rassure. Si cela ne tenait qu'à moi, il n'irait pas plus loin qu'un mètre de Joanne et moi. Il est reparti ramasser des feuilles, infatigable. L'inconvénient de ne pas être un natif du pays, c'est de se demander quelle genre de bestiole peut bien se cacher derrière chacune d'entre elles ; quelle araignée, quel serpent, plus ou moins dangereux, le piquera et nous enverra tous soudainement à l'hôpital. Néanmoins, c'est une angoisse que je mets de côté ; il y en a bien trop d'autres qui méritent mon attention, et Joanne, elle, est une habituée de cette faune agressive. Ce qui doit arriver arrivera, et s'il le faut, sa mère saura exactement quoi faire. C'est un sacré pays où s'installer. Difficile à croire qu'il me fallait venir ici pour me bâtir véritablement une vie à moi. Désormais, je suis à la maison ici. Je me souviens du jour où je me suis esquivé d'une réunion non loin d'ici aussi rapidement que possible afin de rejoindre Joanne, dans ce même parc. Nous nous connaissions à peine à ce moment-là. Aujourd'hui notre fils nous accompagne. Si la vie le veut, un autre enfant suivra ; mais cela n’est pas entre nos mains. Bien que j'accepte de changer de sujet et de me pencher un peu plus sur le projet de maison dans lequel Joanne souhaite que nous nous lancions, je garde le cœur alourdi et la raison de cette amertume dans un coin de ma tête. C'est indélébile, flottant, là, à peine voilé, à peine berné par les sourires que nous forçons dans l'espoir de rapidement passer à autre chose, faire gagner l'optimisme sur la déception. La jeune femme énonce ses idées, et bien vite je me laisse à nouveau noyer, bercer par ses paroles écoutées trop distraitement, l'esprit se mettant à vagabonder, parfois imaginer à quoi ressemblerait cette demeure sortie de terre. Joanne rêvassant tout autant, sinon plus, je suppose qu'elle ne remarquera pas que mes pensées se baladent entre ici, Daniel, le travail, et l'écho de ses râles râles de douleur dans la voiture. J’acquiesce de temps en temps, marque ici et là que j'entends, je note. Le flux de parole se poursuivant, je n'interrompt pas, jusqu'à ce que mon avis ait sa place. Cependant, je me contente de hausser les épaules. “Je ne sais pas trop. On dirait que tu as pensé à tout.” Finalement, je rabaisse mes lunettes de soleil sur mes yeux et me rallonge dans l'herbe tout du long. “Et je ne suis pas du tout un expert alors je compte bien appuyer ce genre de projet sur les conseils d'un architecte. Quelqu’un qui saura nous cerner, comprendre ce que nous voulons, et y ajouter tout ce dont nous n’aurions pas songé. Quelqu'un qui sait ce qu'il fait.” Car ce n’est pas notre cas, et nos ambitions pourraient atteindre les limites du réalisable ou du raisonnable ; ce pourquoi le spécialiste recadrera, adaptera. Quelqu’un qui ne roule pas des yeux au mot “écologie” sera indispensable, puisque ce point me tient à cœur et se trouvera à l'épicentre de ce projet. “Il faut d'abord trouver le terrain, je reprends, mettant les étapes dans l'ordre. Je pense que les idées nous viendront en fonction de l'endroit.” À nous de nous mettre en quête d'un lopin de terre qui nous parlera. Un endroit qui nous prendra en otage dès le moment où nous aurons mis le pied dedans, posé les yeux dessus. Un environnement, une ambiance, un esprit qui nous corresponde ; le chez-nous qui nous appelle. “J’aimerais rester sur la côte. Quitte à faire un peu de route tous les jours pour rejoindre Brisbane. Ici, nous avons plus de tranquillité, un beau cadre…” Les avantages de la ville sans sa densité. Cela doit faire partie des priorités lorsque l'on vieillit, car il me semble sonner pile comme mon âge, à mon plus grand désespoir. “Peut-être que je devrais acheter un bateau…” j'ajoute, pensif. L'idée me trotte dans la tête depuis quelques temps, cela n’est pas nouveau. Je trouvais cela prétentieux, la première fois que l'éventualité m'avait effleurée, et sans grande utilisé. Mais j'imagine aujourd'hui prendre le large avec mon petit garçon, ou pour un moment de solitude, et l'idée se fait plus séduisante encore aujourd'hui qu'avant. “Ce qui serait parfait, c’est une maison tout au bord de l’eau, avec un ponton où laisser le bateau.” Une suggestion qui réduit de beaucoup les possibilités, et donc, le champ des recherches. Une option qui, d'ailleurs, fait monter en flèche le prix de cette fameuse maison de rêve -mais quitte à rêver, autant voir grand et faire en sorte que l'investissement en vaille bel et bien le coup. “Je sens que nous allons faire pâlir mon comptable avec ce genre d'idées.” dis-je avec un petit rire, bien qu'il ait conscience que son avis ne compte guère dans la manœuvre. Son unique utilité est de s'assurer que l'argent rentre, que les taxes sont payées, et que je n'aurais jamais d'ennuis à ce sujet. Du reste, ses sourcils froncés, ses yeux ronds, sa bouche pincée ou ses dodelinements désapprobateurs n'ont aucune portée. “J’aurais pu avoir une femme qui me réclame une nouvelle paire de Louboutin tous les mois, mais non, je plaisante non sans me remémorer que cela a déjà été le cas durant mon union avec Enora, quand bien même avait-elle les moyens de répondre à ses propres envies compulsives elle-même. Cette fois il m’en fallait une qui veuille toute une maison.” Je taquine Joanne, apprentie mégalo, qui ose enfin se servir dans les caisses, elle qui n’avait pas l'audace de m’emprunter ma carte de crédit pour s’acheter une simple robe de soirée il n’y a pas si longtemps de ça.
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Message(#)joamie + when I pronounce the word future EmptyVen 18 Mai 2018 - 21:12


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Il était peut-être difficile de faire preuve d'enthousiasme. La fausse-couche était encore récente et en dépit du quotidien, des obligations, du travail et des sourire, elle restait toujours là, prenant beaucoup de place dans la tête. Ils ne pouvaient rien y faire, il fallait que ça passe tout simplement. Joanne restait persuadée que tout aurait été plus simple si Jamie n'en avait pas été témoin. Désormais il devait faire avec. Mais depuis, il était distant, évasif, et ne semblait pas avoir d'intérêt pour beaucoup de choses. Parler d'une maison à construire, ce n'était pas une mince affaire. Il fallait être motivé, le vouloir, s'enthousiasmer à cette idée. Et Joanne n'avait pas l'impression que son époux le désirait autant qu'elle. Cela la désolait un petit peu. Elle ne voulait pas qu'il voit uniquement cela comme une obligation, juste pour satisfaire les envies de sa femme, par dépit. Elle ne l'imaginait pas non plus sauter au plafond, mais au moins un sourire, un pétillement dans son regard, mais rien de tout cela. Il ne se projetait pas, ne trouvait rien à rajouter à ce qu'elle avait pu dire. Pas même un détail, aussi anodin pouvait-il être. Elle avait pensé à tout, disait-il. Joanne baissa la tête, sans faire de commentaires. Le beau brun, quant à lui, s'était finalement rallongé avec ses lunettes de soleil sur le nez. "A partir du moment qu'ils  n'imposent pas leurs idées. Je ne voudrais pas que notre musée devienne comme un modèle d'exposition." précisa-t-elle. Les architectes étaient aussi des artistes. Ils avaient une vision qui leur étaient propres, certains étaient bien plus têtus que d'autres et restaient bien fermés sur leurs idées, se fichant parfois bien de l'avis de ses clients alors qu'ils sont ceux à satisfaire. Joanne serait véritablement agacé que l'architecte à qui ils feraient appel imposent ainsi sa vision. Elle ne voulait pas, qu'en rentrant dans son futur chez-elle, la première pensée soit "c'est l'architecte qui a voulu que ce soit comme ça". Il est bien connu que Joanne prenne du temps pour qu'elle se sente bien quelque part, elle se rappelait sans mal combien elle peinait à se sentir chez elle à Logan City. "Après, nous trouverons certainement chaussures à notre pied, qui apporterait des idées complémentaires et qui parviennent à donner du sens à ce que nous désirerions." La jeune femme avait une collègue du QAGOMA qui avait eu bien des déboires avec l'architecte à qui elle avait fait appel. Jamie se montrait particulièrement cartésien, en voulant faire les choses dans l'ordre et en se concentrant sur un terrain, dans un premier temps. Et, enfin, le bel homme fit part de ses désirs. De ce qu'il aimerait avoir. Sentir qu'il se projetait enfin fit sourire Joanne, pendant qu'elle le regardait avec beaucoup de tendresse. "Alors tu te prendras un bateau." lui dit-elle doucement. L'idée le rendait pensif, elle se doutait que ce n'était pas une envie aussi soudaine que compulsive. Peut-être avait-il un peu besoin d'évasion, de ce sentiment de solitude que l'on ne ressentait que lorsque l'on prenait le grand large. Joanne reconnaissait qu'elle ne dirait pas non à une petite escapade de ce genre, dès que l'envie leur prenait. "Au moins, nous avons une idée précise de ce que nous voulons, ça ciblera nos recherches." Peut-être que c'était un peu trop restrictif. Pour Joanne, être au bord de l'eau n'était pas une priorité, ni un souhait particulier. Mais Jamie semblait véritablement y tenir et elle était toujours persuadée que combiner leurs désirs pouvaient donner quelque chose de très beau. "On peut commencer à jeter un oeil sur internet en rentrant, tout à l'heure." proposa-t-elle. "Ne serait-ce que pour se faire une idée et voir ce qui se vend. Sinon, nous pourrions toujours faire appel à une agence immobilière qui saurait nous aiguiller." Elle haussait les épaules. Il semblait prêt à injecter la somme nécessaire pour trouver ne serait-ce que le terrain de leur rêve. Joanne aurait aimé pouvoir y mettre la somme qu'il lui avait donné lorsque leur ancienne résidence secondaire avait été revendue. Mais cela revenait au même : ça restait, à ses yeux, l'argent de Jamie. Elle était gênée à la simple idée qu'il soit celui qui paie le tout. Elle craignait de se sentir redevable, qu'elle devait faire quelque chose en retour en guise de remerciements, quelque chose du genre. Une manière de pensée peut-être inutile, mais pourtant bien présente dans l'esprit de la jeune femme. Celle-ci rit discrètement lorsqu'elle entendait Jamie parler de son comptable. "Tu aurais préféré que je te réclame une paire de chaussures tous les mois ?" lui demanda-t-elle sur le ton de la plaisanterie. "Si c'était le cas, nous n'aurions quand même plus beaucoup de place au final, et il faudrait quand même un espace plus grand. La finalité serait la même : le manque de place." poursuit-elle, amusée. N'en pouvant plus de cette distance affective établie depuis la fausse-couche, la petite blonde prit le risque de venir s'allonger à côté de lui, la tête sur son torse. Tous ses gestes étaient lents, et elle observait avec attention la moindre potentielle réaction négative. Ce n'était pas un baiser, ce n'était pas une étreinte, mais c'était le plus proche qu'elle était de lui depuis une période qui lui avait semblé bien trop longue. "Je le veux seulement si tu le désires aussi. Et comme tu songes déjà à comment serait le terrain idéal, ça m'a l'air d'être le cas." dit-elle avec un petit rire. Mais Joanne ne voulait pas lui imposer cela. C'était une envie, elle voulait réaliser d'aussi grands projets avec lui parce qu'elle savait qu'ils en étaient capables. Forcément, Daniel, jaloux que ses parents fassent un câlin sans lui, se précipita vers eux. Il imita Joanne, en posant également sa tête sur le torse de son père, le regard malicieux. "On ne te changera pas toi, hein." dit-elle en appuyant sur le bout de son nez, ce qui le fit bien rire. Elle se redressa, pour pouvoir regarder Jamie. Elle dégagea ses lunettes de soleil pour pouvoir admirer ces yeux verts qu'elle aimait tant. D'une main, elle caressait tendrement sa joue. Ce n'était pas grand chose, mais c'était déjà beaucoup pour elle. Des mots d'amour qui se glissaient à travers chaque regard, chaque contact. Ils n'avaient pas vraiment discuté de ce qu'il s'était passé, peut-être n'avait-il rien à dire. Mais Joanne n'était pas confortable face à tout ceci. Il n'avait pas partagé ce qu'il pensait, elle ignorait même s'il ressentait le besoin d'en discuter. Elle s'inquiétait pour lui mais elle ne voulait pas le forcer. Il viendrait elle vers s'il en ressentait le besoin. Là, elle profitait simplement du fait qu'elle puisse lui donner un peu de son affection. Elle s'essayait même d'effleurer ses lèvres avec les siennes avant de reposer sa tempe sur son torse. "Nous aurons une maison parfaite, j'en suis persuadée. Avec un ponton, et un bateau, en bord de mer. dit-elle avec un sourire. Voilà que l'idée d'avoir un tel terrain la séduisait tout particulièrement. Joanne se réjouissait véritablement. De commencer les recherches, de tomber sur la perle rare – parce qu'il était évident qu'ils finiraient par la trouver. "Et nous pouvons aussi déjà commencer à regarder les différents architectes de la ville aussi. Ils doivent avoir des sites internet où ils mettent en avant leurs principes, leurs volontés, leurs valeurs et ce qu'ils ont déjà réalisé... Juste pour se faire une idée. Et lorsque nous aurons trouvé le terrain, nous aurons déjà une idée, peut-être une liste, de professionnels vers qui nous pourrions nous tourner." Peu à peu, les choses se construisaient dans sa tête. L'ordre de ce qu'il y avait à faire, sans brûler d'étapes, en pensant minutieusement à chaque détail. Ils avaient le temps, mais pas vraiment. Tout deviendrait plus urgent le jour où Joanne tomberait à nouveau enceinte, et personne ne saurait dire si cela allait arriver dans le mois qui arrivait ou l'année suivante. Et neuf mois pour mettre sur pied une maison était un délai particulièrement court, si l'on tenait compte du choix de terrain, de la conception et de la construction. Joanne ressentait véritablement ce besoin, d'habiter une nouvelle maison, leur maison. Un endroit où elle s'y sentirait en sécurité et aimée dès qu'elle y entrerait.
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Message(#)joamie + when I pronounce the word future EmptyDim 20 Mai 2018 - 0:22

Me voiler la face et agir comme si de rien n'était s'avère plus compliqué que je ne le prévoyais, pour ne pas dire que la tentative est vaine. Malgré l'effort, et toute la bonne volonté du monde, je me sens coincé dans cette léthargie, bloqué là, le cœur serré, la cage thoracique étroite, à la fois engourdi et endolori de toutes parts. Les mots s'arrachent à ma bouche du mieux qu'ils le peuvent avec une maigre crédibilité. Cela paraît mal, cela sonne faux, de simplement vouloir parler d'autre chose, parler tout court, revenir à la banalité, au quotidien, et passer un coup de balai sur cette nuit-là comme.pour jeter la poussière sous le tapis. Peut-être que l'exercice est plus simple pour Joanne, mais pas pour moi. Une partie de moi ne souhaite qu’être pleinement avec elle à cet instant, songer à la maison qu'elle veut faire bâtir pour nous, partager dans l'espoir de passer à autre chose. L’autre ne cesse de mouliner, pense, ressasse, réfléchit, même si cela ne changera rien, même si cela fait plus de mal que de bien. Je tente d'entretenir l'illusion, de m'intéresser aux suggestions de la jeune femme, mais ses rêvasseries m'irritent presque ; elle essaye trop fort, pousse trop loin, et les plans qu'elle envoie sur la comète m'oppressent finalement. J'ajoute à cela la culpabilité, celle de ne pas être fichu de suivre le mouvement, d'être le rabat joie de service. Mais je ne peux pas, je ne comprends pas ; pourquoi nous n'en parlons pas, pourquoi nous ne nous laissons pas le temps. Comme s'il y avait une urgence, soudainement, tout autour de cette idée de maison qui ne peut tout à coup pas attendre, qui doit s'imposer, à laquelle je dois adhérer et fournir l'attention et l'énergie dont je ne dispose pas à cet instant. Mon esprit est ailleurs, définitivement, quoi que mes mots veulent faire croire. C'est lorsque Joanne s'approche et décide de se blottir contre moi que ma patience se craquelle. Je laisse faire, sans réagir, songeant que l'inconfort passera d'ici quelques secondes, le temps que je réalise qu'un contact avec ma femme pourrait en effet me faire du bien et me procurer du réconfort. Puis Daniel s'ajoute et je me sens définitivement étouffer, drainé par l'affection qu'on me réclame et que je ne suis pas disposé à donner depuis des jours. Mes lèvres restent closes face à la tentative de baiser de Joanne. Elle ne semble pas cerner, où se soucier le moins du monde de la manière dont je suffoque à cet instant. Et tandis qu'elle poursuit le plus naturellement et insupportablement du monde à me baragouiner à propos d'architectes pour ce projet qui n'est en réalité que le sien, je finis par me dégager de son étreinte et repousser Daniel également. “Désolé, je…” Je ne parviens pas à prétendre, à me convaincre que les choses vont parfaitement bien si rapidement. Je me redresse puis me relève, un peu d'herbe sur le pantalon. “J’ai besoin d'espace.” dis-je, profondément désolé face aux regards interloqués de ma femme et mon fils qui ne se voient absolument jamais refuser une étreinte. Mais pour une raison qui m'échappe, le contact m'est insupportable à cet instant. Il me faut de l'air, encore de la solitude, du temps. Mes pensées ne sont pas en ordre, mon cœur est serré, mon estomac encore retourné. Le moment est mal choisi pour évoquer la suite et attendre de moi d'être disponible pour de nouvelles ambitions. “Je vais faire un tour. Rentrez sans moi.” j'ajoute en confiant les clés de la voiture à Joanne. Sans attendre d'avis, de confirmation ou de contestation, j’entreprends quelques pas dans le parc. Plus vite que je ne l'aurais imaginé, je me ferme à tout élément extérieur ; mes mains sont dans mes poches, les yeux rivés sur mes pieds, et mon esprit constamment rivé sur le passé. Et je marche, machinalement, suivant un chemin terreux menant je ne sais où, durant je ne sais combien de temps ; le fait est que je pourrais avancer ainsi durant encore bien longtemps si je n’avais pas remarqué que le soleil s'était baissé dans le ciel et qu'il me fallait rentrer à la maison, moi aussi, avant que Joanne ne s'inquiète. Quoi que cela doit déjà être le cas. J'imagine parfaitement la réaction du psy lorsque je lui raconterais tout ceci, lui qui le répète de continuer de ménager mes émotions depuis mon attaque, encore sur le fil du rasoir. Je le plains sincèrement, celui qui lui jongler entre la versatilité de mes réactions et tous les évènements qui entravent toute tentative de guérison, ajoutant plus de problèmes à l'équation. Je vois bien que des choses ont changé depuis la fin de l'année dernière, que je me sens moins solide qu'avant, plus vulnérable. Ces derniers jours n'en sont qu'une preuve supplémentaire. Quelques pas de plus et une heure entière passe à nouveau sans que je ne m'en aperçoive. J'ai quitté le parc et me suis aventuré dans des rues qui ne me rappellent rien, d'où la ville prend des airs de dédale ;  j’attrape un taxi afin de rejoindre la maison. Arrivé avant le dîner, j'entre discrètement et n'est trahi que par les chiens qui ne manquent rien de mon retour en catimini. La fanfare dans l'entrée attire bien assez d'attention, et quand je parviens à me frayer un chemin jusqu'au salon malgré les autres boules de poils dans mes pattes, je ne fais pas le fier. Daniel m'accorde peu d'attention, visiblement vexé par mon soudain départ tout à l'heure. Quand à Joanne, je m'en approche, les bras croisés, à la fois navré et contrarié. J'ai eu le temps de penser, de réfléchir, faute d'être capable de me motiver à quoi que ce soit d'autre. “Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu étais peut-être enceinte ?” je demande, là depuis moins de dix minutes, mais ressassant cette question depuis un très long moment. “Même si ce n’était qu'une suspicion, rien de certain, tu aurais dû me dire.” Cela ne change plus rien aujourd'hui, mais peut-être que cela aurait pu avoir une incidence avant. J'aurais eu conscience de l'éventualité que ce début de grossesse se stoppe soudainement et n'aurais pas été si choqué, pris de court lorsque cela est arrivé. Du moins, c'est ce que je me dis désormais, sans certitude que cela soit vrai. Je cherche surtout un blâme, n'importe quel moyen irrationnel de croire que nous aurions pu faire quelque chose, qu'il ne s'agit pas d'un simple coup de poker du destin.

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Message(#)joamie + when I pronounce the word future EmptyDim 20 Mai 2018 - 17:00


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Mettre la table, préparer le dîner, s'occuper de ceux des chiens tout en répondant aux sollicitations de Daniel, rien de tout ceci ne permettait à Joanne d'oublier ce qu'il s'était passé. Le coeur serré, les lèvres scellées, elle faisait passer le temps en s'occupant comme elle le pouvait. A tout moment, elle s'attendait à ce qu'il l'appelle, qu'il lui écrive un message en disant qu'il ne fallait pas compter sur lui pour le dîner, ni pour la soirée. Elle s'inquiétait énormément pour lui. C'était déjà arrivé à Jamie, une fois, de s'évader ainsi une soirée, à rentrer à pas d'heures, dès que la présence de la jeune femme le gênait, dès qu'elle l'étouffait. De son côté, Joanne se laissait bouffer par des remords, des remises en question, et quelques idées noires. Ce pincement au coeur, insupportable et douloureux, était constant, omniprésent, quoi qu'elle fasse. Daniel ne posait pas de questions au sujet de son père, il n'avait certainement pas apprécié que celui-ci ne s'éloigne de sa famille de cette façon et Joanne ne désirait pas venir sur ce sujet. L'air peiné, elle retenait des larmes qui ne demandaient qu'à sortir depuis des jours, un chagrin qui ne voulait que s'extérioriser pour que son esprit puisse entamer ce deuil. L'attente lui semblait interminable et elle commençait pas appréhender plus qu'autre chose le retour de Jamie, car elle savait très bien qu'une conversation peu plaisante allait suivre. Il aurait pu se faire aussi discret qu'une petite souris, son retour à la maison se fit largement remarquer par les aboisements des quatre chiens, que Joanne avait du également conduire elle-même jusqu'à la voiture, avec en plus un bambin de deux ans dans les bras. Autant dire que cela n'avait pas été une mince affaire et elle se demandait encore comment elle y était parvenue. Joanne se sentait dans un soudain inconfort, en le voyant s'approcher, les bras croisés et le regard fermé. Son regard à elle était fuyant et elle détestait la manière qu'avait son coeur à accélérer ses pulsations. Et voilà que ses phrases résonnaient comme des reproches, comme s'il cherchait quelqu'un à accuser, sur qui rejeter la faute. Un phénomène des plus normales, mais dont Joanne se sentait être la fautive. Elle se rejetait suffisamment la faute sur elle-même pour qu'il vienne en rajouter une couche. "Parce que tu aurais espéré." souffla-t-elle à cause de sa gorge serrée, et son regard bien bas. Joanne n'avait jamais aimé parlé de ses fausses couches. Cela restait pour elle des événements dont elle avait honte, qui étaient impardonnables. "Tes yeux auraient brillé, tu aurais souri. Et même si tu connais les risques, tu aurais quand même espéré, tu aurais quand même eu ces attentes. Tu te serais peut-être déjà projeté. Et j'aurais voulu au moins être sûre de l'être avant de te donner trop d'espoir, et de devoir avorter la bonne nouvelle, qui n'aurait finalement qu'une illusion." C'était plus fort que soi, de voir le verre à moitié plein. Peut-être qu'ils se seraient dits qu'ils méritaient que tout se passe bien cette fois-ci, qu'il fallait simplement faire attention. Et la finalité n'aurait été qu'une déception encore plus grande. "Si je te le disais, à chaque fois que je ressens un semblant de symptômes similaires à ceux que j'ai pu avoir en portant Daniel, tu aurais espéré, et espéré, et espéré encore une fois. Et à chaque fois, ça aurait été une déception. Puis encore une, et encore une." Et enchaîner ces déceptions n'auraient fait qu'accroître le sentiment de culpabilité de la jeune femme, et rendre Jamie peut-être plus triste et de moins en moins optimiste. "Et je suis terrorisée à l'idée que chaque faux-espoir vienne effriter un peu plus notre couple, à chaque fois." avoua-t-elle, la voix tremblante. Joanne passait une main sur son visage. Ayant bien compris que son époux avait besoin d'espace, s'il faisait un pas vers elle, elle reculait. Elle ne voulait pas revivre ce qu'il s'était passé au parc. Certes, son affection lui manquait énormément et elle en avait véritablement besoin, mais elle préférait creuser ce manque que de se sentir ainsi rejetée une nouvelle fois par son propre mari. C'était une sensation insupportable qui la forçait à se poser des questions, à penser des choses on ne peut plus fausses. Son regard fuyant s'humidifiait un peu, attristée par l'ensemble de cette situation. "Ca n'aurait rien changé, à ce qu'il s'est passé." dit-elle dans un murmure. "Ca ne t'aurait pas préparé à cette éventualité." Le peine n'aurait été que plus grande. Il n'aurait rien pu faire de plus que ce qu'il avait déjà fait. "Et pour l'avoir vécu un certain nombre de fois, on ne s'y fait pas." Sentant les larmes monter, elle passait ses mains sur ses yeux avant qu'elles ne s'écoulent sur ses joues. Prenant une profond inspiration, elle croisait à son tour les bras. "Si tu as besoin de trouver un coupable, à qui faire tous les reproches possibles, cette personne là se trouve just en face de toi." dit-elle finalement. "Comme à chaque fois, je ne peux pas m'empêcher de me dire que je ne peux que m'en prendre à moi-même." Joanne se souvenait de leur première conversation à ce sujet, ils étaient ensemble depuis peu de temps et elle lui avait déjà fait part de ce sentiment de honte qu'elle avait ressenti à sa première fausse couche, et qui s'est réitéré à chaque récidive. "Jamais je n'aurais voulu que tu en sois témoin." Désormais, il savait, et Joanne craignait qu'il n'ait désormais que ces images et ces cris qui lui reviennent à chaque fois qu'elle lui dirait qu'elle était peut-être enceinte. C'est un traumatisme dont on ne se défaisait pas, qui restait à jamais graver dans la mémoire. Elle aurait préféré simplement être celle qui lui aurait dit ce qu'il s'était passé, encaisser, et passer à autre chose. Elle ne voulait pas qu'il vive avec ces craintes pendant des semaines, jusqu'à ce qu'il soit possible de faire des examens pouvant confirmer ou infirmier la viabilité de l'embryon. Des jours et des jours à être entre l'espoir et l'appréhension. "Ca fait tellement mal, à chaque fois." dit-elle après une petite pause d'un silence bien lourd. "C'est insupportable." Se souvenir de la douleur et de la peine ressentie au moment des faits eut raison de la jeune femme, dont le visage se crispait par le chagrin. Elle lui épargnait les détails, tout son ressenti, tout ce qu'elle pouvait penser. Elle n'avait de toute façon jamais été très loquace lorsqu'il s'agissait de discuter de ses fausses couches. Joanne ne cherchait qu'à le protéger de tout ceci. Il avait déjà du endurer beaucoup de choses. Elle ne voulait pas lui infliger ces douleurs supplémentaires, d'avoir des faux espoirs et d'être témoin de la perte de leur enfant. Elle doutait qu'il puisse comprenne tout ceci, qu'il perçoive sa démarche d'un bon oeil. Joanne s'attendait à ce que le ton de cette conversation ne monte, pour que cela aboutisse à une dispute. Elle en avait un noeud à l'estomac, tellement cela la terrifiait. "Mais si tu veux tant que je te dise à chaque fois que je pense être enceinte, alors soit, je te le dirai." céda-t-elle. Joanne n'était vraiment pas pour cette initiative et en craignait beaucoup les répercussions. Mais s'il y tenait tant.
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Message(#)joamie + when I pronounce the word future EmptyLun 21 Mai 2018 - 19:45

Il faut un coupable, cela rend la chose plus facile. Il faut un couac, une faille, un élément sur lequel rejeter la faute ; rationaliser, croire qu’il y a quelque chose à corriger, et qu’une fois fait, les choses rentreront dans l’ordre. Je ne peux pas m’en prendre aux difficultés qu’a Joanne a garder un enfant, un facteur sur lequel elle n’a pas la main et qui la peine presque plus que moi. Mais sa manière de le gérer, de prendre les choses en main, le manque de communication, est une bonne cible sur laquelle focaliser ma frustration, quitte à m’en prendre à elle lorsqu’elle en a le moins besoin. Le coup est difficile à encaisser pour nous deux et cela peut paraître injuste, mais à force de faire le tour de la question, j’en suis venu à la conclusion, sûrement idéaliste, que ce soir-là aurait été sensiblement différent si la jeune femme n’avait pas voulu me mettre de côté. Bien sûr, je comprends sa volonté de me protéger de la déception, mais j’aurais appris la nouvelle dans un cas comme dans l’autre et aurais vécu le contrecoup quoi qu’il arrive ; au détail près que je l’aurais découvert après la fausse couche, mis devant le fait accompli, prenant le train en retard. Certes, jusqu’à présent la distance que cette manière de procéder mettait entre moi et chaque perte rendait le tout plus digeste. C’était avant de comprendre, de voir de mes propres yeux ce dont Joanne souhaite me préserver, et réaliser à quel point je ne remplis mon rôle qu’à moitié. Est-ce une question de confiance de sa part ? Car cela m’échappe, la raison pour laquelle elle pense que les échecs atteindraient les fondations de notre couple. “Vraiment ? Après tout ce qu’il s’est passé, quelques mois après s’être mariés, tu crois vraiment que c’est ce qui va nous achever ?” dis-je de manière rhétorique. L’on peut aisément deviner à quel point cette hypothèse est absurde à mes yeux. Ce qui nous a toujours atteint plus que quoi que ce soit d’autre, c’est le manque de communication, les choses que nous gardons pour nous sous couvert de croire mieux que l’autre ce dont il doit être protégé. C’est les secrets, les non-dits, c’est la clé dans la serrure de l’appartement, à Londres. Pour Joanne, être au courant ou non n’aurait pas fait la différence pour moi. Je la toise, récuse d’un signe de tête dépité. “On ne le saura jamais.” De toute manière, il est trop tard pour tergiverser à propos de ce qui aurait pu être ou non ; le tout est de corriger pour l’avenir, changer quelque chose dans l’espoir que cela fasse la moindre différence. Mes yeux roulent au ciel, je lâche un gros soupir, un “oh, please” dénué de patience alors qu’arrive le refrain redondant de la jeune femme qui maîtrise mieux que personne la victimisation et la culpabilité. Cela ne changera sûrement jamais. C’est irrationnel, incohérent, de croire une seule seconde qu’elle soit coupable de ses fausses couches. Puisqu’il n’est jamais rien qui puisse lui arracher l’idée de la tête, je ne perds pas mon temps à tenter une énième fois ; ma réaction suffit amplement à marquer le désaccord. Au final, Joanne me sert sur un plateau ce qu’elle croit être ce que je veux entendre afin de mettre fin à la joute verbale, ce qui n’est pas si satisfaisant que ça. “Je ne devrais pas avoir à le négocier, Joanne.” dis-je fermement. “Tu n'aurais pas ces complications, tu pourrais attendre d'être sûre que tout se déroule bien avant de m’en parler. Mais nous devons faire avec les cartes que nous avons, et je préfère mille fois affronter quelques déceptions plutôt que la panique de l'autre soir parce que tu t'obstines à croire que ceci n’est qu'à propos de toi. Je suis là, avec toi. Tu es ma femme, bon sang. Quand quelque chose arrive, nous sommes dans le même bateau. Alors arrête de te croire seule coupable ou en charge de la manière dont je dois être impliqué ou non. Je le suis de toute manière alors m'en parler devrait être ton premier réflexe.” L’idée n’étant pas de s’autoproclamer enceinte à la moindre nausée ou à la première fringale, mais face à un certain retard de cycle, un test de grossesse positif, quelque chose de concret ; de là, je devrais être mis au courant immédiatement, et partager la nouvelle, bonne ou mauvaise, dès ses prémices. Maintenant que tout ce que j’avais sur le coeur est lâché, je souffle, sentant ce poids en moins oppresser ma poitrine. Mes bras se dénouent, ballants, et j’approche de Joanne d’un pas. Elle recule. J’approche à nouveau et il n’en faut pas plus pour comprendre son ridicule petit manège consistant une fois encore à prendre la moindre de mes paroles au pied de la lettre. En quelques grandes enjambées, je réduis assez la distance pour pouvoir lui attraper le bras sans qu’elle ne puisse reculer assez pour l’empêcher. “Arrête ça.” j’ordonne en l’incitant à faire un pas vers moi à son tour. La poigne est ferme mais mesurée; l’idée n’est pas de lui faire mal, et je la lâche d’ailleurs rapidement. C’est seulement après coup que je me souviens que nous nous étions accordés sur le fait de ne pas avoir ce genre de conversations tendues près de Daniel. Mon regard se pose sur lui ; il ne semble pas prêter beaucoup d’attention à nous, mais une seule fois peut être une fois de trop. Je me radoucis. “Je sais que je ne gère pas tout ceci de la meilleure des manières, je reprends. Ça a été… très difficile. Pour nous deux. Je sais que tu veux me préserver, mais je peux encaisser. Et la prochaine fois, je veux pouvoir être préparé à l'éventualité, et avoir la bonne réaction.” Puisque jusqu’à présent, j’ai bien conscience que ma manière d’agir est fausse. Fausse sur toute la ligne.  

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Message(#)joamie + when I pronounce the word future EmptyLun 21 Mai 2018 - 21:35


when i pronounce the word future
the first syllable already belongs to the past

Leur relation avait des lacunes, il suffisant de voir tout ce qu'ils avaient du traverser ensemble pour en arriver là où ils étaient. Enfin mariés, avec un petit garçon en bonne santé. Mais à quel prix ? Elle avait perdu le compte de tout ce qui avait pu leur tomber sous le nez, que ce soit intérieur ou extérieur à leur couple. Pourtant, malgré ses défauts, Joanne n'y voyait que du bon. Que ces tares montraient finalement la sincérité des leurs sentiments, parfois trop intenses pour pouvoir être gérés correctement. Ne pas contrôler sa force dans un accès de colère, préférer se taire pour sauver les meubles, chercher à protéger l'être aimé même si cela manquait de sens et gagnait malgré tout en absurdité. Ils avaient toujours eu énormément de mal à communiquer. L'un ne trouvait pas toujours les bons mots, l'autre avait peur que ses moindres pensées partagées ne déclenchent un raz-de-marée. Pourtant, ils en avaient tous les deux besoin, de parler. Rien que de la fausse-couche, il y aurait tant à dire, et pourtant, ils ne se lançaient pas dans le vif du sujet. Jamie était principalement focalisé sur le fait d'être informé à la moindre suspicion, à la moindre possibilité qu'elle puisse être enceinte. Il en avait gros sur le coeur et tenait à s'exprimer sur ce point, de manière suffisamment ferme pour impressionner la jeune femme. Il n'en fallait pas beaucoup pour que ce soit le cas, et malgré son timbre dur, il n'avait pas besoin d'hausser la voix pour se faire comprendre. Il semblait on ne peut plus lasser du sentiment de culpabilité que ressentait la jeune femme avec ses fausses couches à répétition, c'était pourtant un phénomène particulièrement récent chez les femmes ayant le même problème. Elle ne pouvait pas faire arrêter cette sensation en un claquement de doigt, sinon elle l'aurait fait depuis bien longtemps. Sur ce point, la réaction de son époux, ce simple roulement d'yeux, ne faisait qu'accroître un sentiment de solitude sur ce point. C'était quelque chose qu'elle devait garder pour elle, apparemment. Et dire que leur plus gros problème était les non-dits. Et c'était encore une fois dans une conversation particulièrement tendue qu'ils parvenaient à se faire entendre et à exprimer des pensées qui n'avaient pas été partagées jusqu'ici. Au bord des larmes, Joanne ne savait pas quoi dire. Elle acquiesçait de temps en temps la tête, en signe de compréhension de ce qu'il pouvait dire et d'approbation. De toute manière, elle avait la gorge bien trop serrée pour être capable d'exprimer quoi que ce soit, si ce n'est quelques rares hoquetements. Elle avait tant horreur de ce genre de confrontation. Pourtant, cela les faisait toujours sentir plus léger après coup, et ils avaient l'impression de s'aimer encore plus. Jamie ne voulait que ça, partager sa peine à défaut de pouvoir partager la douleur des contractions ressenties au moment de la fausse-couche, il ne voulait pas la laisser toute seule là-dedans, prendre son rôle d'époux très au sérieux en étant impliqué au possible. Ils étaient fusionnels sur beaucoup de choses, ils devaient l'être aussi pour les moments les plus durs. Rester soudés. Pour le meilleur et pour le pire, dit-on. Peu à peu, les muscles de Jamie se relâchaient, se détendaient, tandis que ceux de son épouse était encore bien crispée, abasourdie par tout ceci. Parler de sa fausse-couche ne la rendait que plus réel. Le fait que cela se soit passé au beau milieu de la nuit rendait la scène presque illusoire. Comme si ça ne s'était pas vraiment passé. Joanne savait que c'était bien réel, elle en avait conscience, mais elle avait l'impression que cela s'était passé durant un moment suspendu dans le temps – un moment qui lui avait semblé être une éternité. Joanne et son premier degré très prononcé la forçait à prendre tout ce qu'on lui disait au pied de la lettre. Il y eut un moment où Jamie lui avait dit qu'il était préférable qu'elle se taise, alors elle s'était tue. Cette fois-ci, il avait fait comprendre qu'il avait besoin d'espace, alors elle y tenait compte. Elle avait toujours cette difficulté à savoir quand les barrières là étaient tombées, quand est-ce qu'elle avait le droit de refaire certaines choses ou pas. Quelque chose qui avait apparemment le don d'énerver son époux, forcé de la prendre par le bras et de lui donner un ordre afin qu'elle cesse ces automatismes qui viraient parfois au ridicule. Jamie ne voulait que s'approcher d'elle à nouveau. Le ton de sa voix et les traits de son visage se radoucirent après avoir jeté un oeil sur un Daniel qui semblait particulièrement occupé. A chaque fois que Joanne posait les yeux sur lui, elle se disait toujours à un moment donné qu'il ferait un grand frère merveilleux. Il est de nature si attentionné, il était certain qu'il prendrait soin de son petit frère ou de sa petite soeur. Jamie admettait que le comportement adopté ces derniers jours n'étaient pas idéal, elle le voyait bien, qu'il culpabilisait. Il avait compris que sa manoeuvre était avant tout pour le protéger mais il lui assurait qu'il pouvait assurer, qu'il pouvait encaisser la moindre récidive, le moindre accident. Lessivée, Joanne se permit de déposer sa tête sur son épaule avant de fondre en larmes, déchargeant enfin tout son chagrin en rapport avec les récents événements. Elle était plutôt silencieuse malgré tout. Mais elle avait juste besoin de se décharger un peu, à sa propre manière. Malgré les non-dits, parfois les mots n'avaient pas vraiment leur place, c'était quelque chose d'assez régulier dans leur vie de couple. Elle espérait tellement que tout fonctionne bien, la fois suivante. Elle voulait réessayer, c'était certain, mais elle ignorait si elle allait pouvoir être capable d'essuyer un nouvel échec si cela venait à se réitérer. Ses bras finirent par passer doucement sur ses épaules, ses doigts se glissant progressivement dans les cheveux de son époux. Une nouvelle tentative d'approche, ayant l'impression qu'elle serait peut-être un peu plus la bienvenue que son dernier essai. Ils s'étaient à peine touchés pendant des jours, sans échanger leur ressenti ou leurs pensées, et ce manque de proximité commençait cruellement à lui manquer. "J'espère tellement que ça va fonctionner, la prochaine fois." souffla-t-elle tout bas, entre deux reniflements. "Tellement." répéta-t-elle, regardant dans le vide. Elle n'avait caché ses désirs de maternité. Non pas que ça l'obsédait jour et nuit, mais elle y pensait tout de même régulièrement. Ils y pensaient tous les deux. Ce serait une nouvelle étape dans leur vie, ce désir d'agrandir leur famille. Elle posa son front contre le sien, parvenant enfin à retrouver un peu son calme. "Je te le dirai, s'il y a quoi que ce soit. Je te le promets." lui assura-t-elle enfin de vive voix. "J'éviterai seulement les tests de grossesse, je sais qu'il y a souvent des faux-positifs, et ça, je n'en veux pas." De toute façon, Joanne savait qu'elle passerait automatiquement par la case prise de sang avec ou sans test de grossesse, alors autant en avoir la certitude exacte. La suite de la soirée se passait sans de véritables encombres. Le dîner était calme et après le dîner, Daniel était venu réclamer de lui-même à ce que ce soit son père qui lui lise une histoire. Son petit regard bleu, dont certaines expressions venaient sans le moindre de doute de sa mère, laissait comprendre que c'était à lui de le lire pour qu'il se fasse pardonner de son départ précipité du parc. Il était d'ailleurs plutôt déterminé à ce sujet, avec ses petits sourcils froncés, ce qui faisait légèrement rire Joanne, retrouvant le sourire pour quelques secondes. Il avait été captivé jusqu'à la fin. L'ensemble de la maisonnée ne s'était pas couchée bien tard, certains étaient exténués d'avoir couru partout au parc, d'autres étaient épuisés par les montagnes russes émotionnelles de la journée. Une fois qu'ils étaient au lit, Joanne observait son époux quelques secondes, puis elle l'apella, avant qu'il ne s'assoupisse pour commencer sa nuit. "Je t'aime." lui dit-elle d'une voix douce, réalisant qu'ils ne s'étaient pas échangés ces quelques mots depuis bien trop longtemps.
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Message(#)joamie + when I pronounce the word future EmptySam 26 Mai 2018 - 22:12

Face aux états d’âme de Joanne, j’ai appris à me taire avec le temps. Laisser parler, pleurer, écouter, réconforter. Je n’ai, de toute manière, jamais les mots qu’il faut. Face à mes propres émotions, les choses ne sont pas si simples, et je ne sais ni me taire, ni me cacher. Je tape du poing, je décharge, j’évacue, je fais les dégâts nécessaires afin de me sentir mieux. Je ne crois pas que cela soit capable de changer, qu’importe à quel point j’y travaille. Jusqu’à présent, lorsqu’il était question des fausses couches de la jeune femme, je savais donc quoi faire ; le fait est que je n’avais pas la moindre idée de ce dont j’avais affaire. Maintenant que cela m’affecte, que je perçois à quel point je suis autant en première ligne qu’elle, l’appréhension de cette réalité est différente ; ma réaction l’est aussi, radicalement. Et j’ai conscience que je me suis égaré dans mes propres angoisses, dans la panique flottante laissée par ce soir-là, s’effaçant bien trop lentement. Je me suis laissé submerger, ressasser, broyer du noir jusqu’à ne plus voir que ma peine dans cette histoire. Cela sera sûrement la première et unique fois, néanmoins, c’est là ; l’égoïsme qui n’a laissé aucune place aux besoins de ma femme, qui ne s’est pas penché sur sa perte, sur sa douleur. Je n’aurais rien eu besoin de dire, juste d’être là, comme à chaque fois. Offrir une épaule sur laquelle s’appuyer, des bras dans lesquels pleurer, mais je n’ai pas été capable de lui offrir quoi que ce soit de tout cela. Elle avait besoin de moi ; j’ai imposé de la distance. Elle voulait tenter de tourner la page et voir de l’avant ; j’ai gardé ce souvenir comme un boulet à mon pied. Je le sais, et je veux que Joanne sache que j’ai conscience de toutes mes maladresses, et de tout ce que je voudrais corriger. Il n’y a pas assez d’excuses à donner pour me faire pardonner de ce lâche abandon. Alors, quand la jeune femme s’approche et fond en larmes, je lui accorde cette fois l’étreinte dont je l’avais privée ces derniers jours. J’enroule les bras autour d’elle, glisse une main dans ses cheveux, et attend que le chagrin passe. Du coin de l’oeil, je surveille la réaction de Daniel face à la scène, mais il est bien trop absorbé par ses crayons de couleur. « Ca fonctionnera. » j’assure à Joanne, sans certitude, sans pressentiment, sans promettre, mais avec un brin d’espoir et d’optimisme qui nous permettront de retenter le coup plus tard. Je garde la petite blonde tout contre moi, caresse ses cheveux, son dos, continue d’apaiser les émotions qui tourbillonnent comme j’aurais dû le faire depuis le début. J’acquiesce tout simplement à sa promesse de ne plus garder ses suspicions de grossesse pour elle. Je ne sais pas à quoi m’attendre de sa part, honnêtement, et si elle me fera regretter d’avoir insisté ; l’avenir le dira, et pour le moment, je me satisfais d’avoir sa parole. Lorsque le calme revient, les estomacs se réveillent. Lorsque l’appétit est comblé, la fatigue survient à son tour. C’était un beau gâchis d’après-midi que le calme de la soirée contrebalance à peine, simplement un mauvais jour. Daniel entend rattraper les heures perdues par ma faute en me confiant son histoire du soir. Son truc consiste à pointer les animaux des livres et imiter leur cri pour bien montrer à quel point il sait les faire, et il est toujours particulièrement adorable. Généralement, une lecture suffit à le mettre au lit, mais cette fois, à peine suis-je arrivé à la dernière page que le bonhomme me referme le livre sur les doigts et le rouvre à la première page. « Encore ? » Il approuve vivement, et puisqu’un refus ne sera pas toléré, je le laisse me monopoliser encore un moment pendant que le lion part pour le lac et rencontre sur son chemin tous les animaux de la savane pour la deuxième fois. Armé de son doudou, les paupières closes, Daniel daigne enfin dormir peu après l’extinction des feux. Les chiens ont regagné leurs paniers respectifs, et je retrouve mon lit où m’attend Joanne. Il ne fait aucun doute que personne ne fera long feu. Prêt à m’assoupir, j’entrouvre les yeux en devinant le murmure de la jeune femme, puis un léger sourire s’inscrit sur mes lèvres. « Je t’aime aussi. » je souffle de la voix enrouée du dormeur. D’un bras lourd et engourdi, j’enveloppe mon épouse tout contre moi jusqu’à ce qu’elle soit parfaitement blottie, sa tête près de mon torse, son souffle frôlant ma peau, ses mèches blondes chatouillant mon menton. Je dépose un baiser sur le haut de son crâne, ainsi confortablement installé. Il n’y a plus d’utilité pour les paroles, pourtant je murmure à bouche fermée, tout bas, quelques couplets d’un Love me tender qu’elle a toujours apprécié. Une mélodie pour le réconfort, afin que sa nuit démarre doucement.
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