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Message(#)jackwar ▲ fall underneath EmptyMer 4 Avr - 6:03

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Anwar & Jack

La journée est belle, douce, calme, et le soleil tend à faire vibrer les vagues au loin, l’horizon. C’est un peu comme si je remettais les pieds dans ce passé trouble, le mien, dans ces années à chercher ma place, à ne pas vraiment la trouver aux côtés de mes parents, mais à essayer, fort pour leur plaire. Les journées entières sur le bateau du père, la côte qui finit par se perdre au loin, qu’on voit à peine, qu’on finit par oublier. Les mains expertes qui tirent les câbles, réalignent le gouvernail, visent dans l’essor et avancent encore. Puis, c’est la nostalgie qui remonte. Celle où mon paternel était encore en vie, celle où sa vieille embarcation nautique de fortune prenait la poussière dans la réserve, celle où il n’avait plus la force de l'amarrer, de le faire voguer comme tant d’autres fois. Le vide qu’il laisse, quand les vagues résonnent à mes oreilles, presque tous les matins. Le vide que je prends le temps d’inspirer, mélancolique, mais heureux. Il avait profité de chaque seconde possible, il n’avait fait qu’un avec l’eau, il en avait rêvé, parlé, bavé, entre les allers et les retours de l’armée, sur la base comme ailleurs, toute mon enfance, mon adolescence, ma vie ébauchée d’adulte. Et si, pendant de nombreuses années, j’avais refusé la simple idée de grimper sur le pont d’un quelconque bateau, de revivre ces instants avec un autre que lui, son dernier anniversaire de décès avait remis les choses en perspective.

L'envie de garder le meilleur, les souvenirs qui marquent, ceux qui m’avaient rendu si émotif les mois précédents, mais qui doucement laissaient une sensation se rapprochant beaucoup plus du calme, de la pause, de la résignation, panser mon coeur de sentimental écorché. Rien de négatif ici, rien de triste. Une simple façon de se souvenir, la mémoire qui n’a plus besoin d’être en berne, et ce qu’il a laissé dans son sillage qui me revient aujourd’hui, maintenant que je fais les derniers pas qui me séparent du quai. J’aperçois déjà Anwar s’activer, d’un côté à l’autre, gestes qu'il exécute savamment et qui me rappelle ceux que je faisais en parallèle pour aider, jadis. « Je suis content que tu aies accepté. » de me faire une place, aujourd'hui, sur ton bateau, en guise de salutation au musicien, au voisin, et maintenant, à l’ami. Quelques mois à peine qu’on se connaissait, les Street Cats qui nous avaient mis sur le chemin l’un de l’autre. Il n’était pas compliqué, il savait apprécier les bonnes choses, il avait en lui cette passion, ce feu, qu’il gardait pour le moins tari, mais ce n’était pas pour autant qu’il se confondait dans la masse. En Anwar, j’avais trouvé un lien solide, un peu de positif dans ce monde de brutes. « Tu vogues depuis longtemps? » que je finis par lui demander, une poignée de minutes plus tard, lorsque j’ai grimpé à ses côtés, que j’essaie de me rendre utile, aider à préparer le voilier d’un coup de main pas si expert que ça, mais dévoué. Il n’a pas besoin de dire grand chose, moi non plus, pour que la mécanique se fasse toute seule, pour que les derniers préparatifs soient fluides, faciles. Ce n’est que lorsque la première vague cogne sur les côtés et que l’ancre est levée que vraiment, je laisse aller un soupir d’aise. Le regard vers la direction qu’il prend, le sourire qui ne tarde pas trop à se dessiner sur mes lèvres, et c’est l’humilité typique du canadien ordinaire qui reprend les honneurs. « J’espère que je dérange pas... » pas que j’étais arrivé comme un cheveux sur la soupe, bien sûr que j’avais attendu une invitation d’Annie avant de m’inviter à bord. Néanmoins, c’est tout de même empli de gratitude, et d’une certaine gêne, que je poursuis, un peu plus bavard qu’à mon habitude, pour la cause. « … c’est juste...  » et j’attends qu’il soit à nouveau attentif, maintenant que tout semble bien posté et qu’il ne reste qu’à laisser le voilier voguer au gré du vent. « Ça me rappelle de bons souvenirs. Mon père avait un voilier, au Canada. On y passait nos étés. »

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Message(#)jackwar ▲ fall underneath EmptySam 28 Avr - 18:13

Les embruns et l’odeur d’iode qui les accompagnaient suffisaient à réveiller chez Anwar cette excitation naturelle que la navigation provoquait chez lui. Lui-même ne saurait vous dire comment le virus lui était venu, lui qui ni parent ni ami n’avait amené à cette activité entrée dans sa vie sur la pointe des pieds et par le plus grand des hasards. Elle lui semblait lointaine, l’époque où des coquilles de noix et yatchs luxueux amarrés dans la Marina il ne connaissait que les emplacements, les coques qu’il fallait nettoyer pour qu’elles brillent comme autant de sous neufs, et les nœuds marins du plus simple au plus tarabiscoté empêchant les embarcations de se faire la malle en l’absence de leurs propriétaires. De tous les jobs peu cher payés qu’Anwar avait exercé avant d’intégrer la police, celui à la Marina de Bayside était celui dont il gardait les meilleurs souvenirs, tant il l’avait éveillé à une passion que le jeune homme ne se serait jamais soupçonné auparavant, celle qui l’avait persuadé le moment venu de passer son permis bateau, et enfin de pouvoir s’en offrir un à lui quelques années plus tard. Un voilier auquel il tenait comme à la prunelle de ses yeux, un sloop bermudien qui se dressait fièrement à l’emplacement 418, son nom « Borealis » tracé en lettres calligraphiques sur la poupe, à tribord. Tel un îlot sur lequel trouver refuge, le Borealis accueillait Anwar peu importe le jour et l’heure, et l'accompagnait sur les vaguelettes de la baie dès que le temps se montrait clément, parfois plus loin et avec toujours dans un coin de la tête cette petite voix pour lui dire d’aller vers l’horizon plutôt que de surveiller la rive dont il s’éloignait. Mais pour l’heure il n’y avait pas encore d’horizon qui tenait, tandis que s’affairant à hisser la première de ses deux voiles le policier était rejoint par un Jack qui brisait pudiquement la glace d’un « Je suis content que tu aies accepté. » léger. L’invitant d’un signe de la main à monter à bord, Anwar avait enroulé autour de son bras le cordage au bout duquel l’ancre lestait l’embarcation et l’avait hissée avec vigueur, attendant d’en avoir terminé avec cette tâche pour répondre au canadien « Pas de quoi. J’ai rarement des passagers avec moi, ça me change un peu. » Lili n’avait pas plus le pied marin que la mère de Tarek, quant à ce dernier s’il lui arrivait de temps à autre d’accompagner son père dans ses virées dans la baie, au cours desquelles il lézardait volontiers sur le pont en se laissant bercer par les flots, le temps de plus en plus implacable que lui prenait le Queensland Ballet avait considérablement réduit la place accordée à cette option d’une activité père-fils. « Tu vogues depuis longtemps ? » Sans se faire prier, Jack avait entrepris de mettre la main à la patte et dénouait dans une méthode un peu bringuebalante le cordage qui les gardait amarré au ponton, tandis que le policier hissait sa grand-voile en tirant de toutes ses forces. « Une douzaine d’années. » qu’il avait ensuite répondu, les douze ans correspondant à l’époque où il avait obtenu son permis bateau ; Le Borealis, lui, était venu plus tard. « J’ai attrapé le virus à l’époque où je travaillais à la capitainerie du port. Un hasard total. » Avant qu’il ne trouve sa voie et un « vrai » métier, comme disait son oncle, le ton plus acide qu’il ne l’aurait voulu, la déception à peine voilée que le neveu qui substituait une volonté de fils n’ait pas suivi d’études supérieures comme lui, la vie gâchée par l’arrivée précoce d’un enfant aux allures d’erreur de jeunesse qu’Anwar, pourtant, referait à l’identique sans la moindre hésitation. Récupérant les lunettes de soleil sur le sommet de son crâne pour les remettre sur son nez, le policier avait lâché le bastingage et s’était laissé entrainer jusqu’à la barre, laissant à Jack la charge du winch et le guidant simplement à la voix le temps qu’ils se sortent des embarcadères. « J’espère que je dérange pas ... » avait finalement repris le canadien après un temps, lorsqu’ils avaient retrouvé plus d’espace et de fond, la baie leur ouvrant ses bras « … c’est juste ... Ça me rappelle de bons souvenirs. Mon père avait un voilier, au Canada. On y passait nos étés. » Le dos droit, les mains solidement agrippées à la barre tant qu’ils ne s’étaient pas raisonnablement éloignés, Annie avait balayé des yeux le paysage avant de reporter son attention sur son moussaillon d’un jour. « Si tu te sens d’humeur à piquer une tête, j’peux t’assurer que l’eau est bien plus chaude ici. » Laissant échapper un léger éclat de rire, amusé, il avait malgré tout repris un semblant de sérieux au moment de reprendre « Il est devenu quoi, ce voilier ? » Il avait bien remarqué que Jack en parlait au passé, sans que l’on puisse déterminer s’il faisait plutôt référence au père ou au bateau, mais pas du genre à mettre son nez dans les affaires des autres il ne se serait pas permis de poser frontalement la question de savoir ce qu’était devenu le père du musicien.
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Message(#)jackwar ▲ fall underneath EmptyMer 2 Mai - 16:53

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Anwar & Jack

Pas que c’était difficile d’en parler, pas que c’était difficile de remettre le pied à tribord comme si de rien n’était. Pas que c’était facile de voir Anwar se mettre au boulot, et que les enchaînements qu’il fait de son côté du bateau me rappellent vaguement ceux que je dois faire du mien pour aider un minimum, pour ne pas servir de loque humaine le temps qu’il se démène à tirer les câbles, ramener les voiles, entraîner le gouvernail, lever l’ancre. Et la conversation est douce parce qu’elle se teinte de mes souvenirs déjà, de cet air de famille que prend un après-midi au large, de ces bons moments où je n’avais pas particulièrement l'impression d’être le fils maudit, la mauvaise graine, le mouton noir de la famille à ne pas suivre le chemin tout tracé que l’armée avait dressé chez nous. Si Annie n’a pas la moindre idée du soulagement que je ressens dès la première bouffée d’air, dès que mon pied s’adapte au mouvement qui tangue, au bateau auquel je m’adapte plus les secondes passent, plus mes mains s’occupent, plus mon regard dérive vers l’horizon. Ce ne sont que quelques questions, une poignée d’indications, et voilà qu’il me confie qu’à son habitude, il vogue seul. Quand bien même je n’ai pas l’impression de le déranger dans toute l’hospitalité dont il fait preuve pour que je me sente le moindrement confortable, je ne peux qu’approuver le fait de naviguer en solo, de profiter de l’étendue d’eau à perte de vue le plus égoïstement du monde. Le silence, le bruit des ondes qui se cassent sur la coque, le soleil qu’on chasse, et la terre qu’on perdra vite de vue pour le simple et doux paysage d'un vide, d’un néant dans lequel je m’enliserais bien parfois, souvent. « Tarek n’a pas le pied marin? » et la question rebondit tout naturellement, alors que je me demande avec une certaine retenue si Ellie, elle, était du genre à aimer faire de la voile. Elle n’avait jamais connu mon père, et somme toute, n’avait jamais vraiment demandé à entendre parler de lui. Probablement qu’elle aimerait l’expérience, si elle se trouvait un endroit à l’ombre pour dégainer son portable et pianoter pendant des heures sans jamais lever la tête dans ma direction. Force était d’admettre qu’elle ne serait pas copilote, donc. Anwar qui raconte ses débuts, le sourire aux lèvres, et la coïncidence qui fait briller mon regard tout autant. « C’est mon genre de hasard préféré. Ceux qui durent. » ceux qui ne sont pas là que pour faire joli. Ceux qui s’ancrent tout naturellement dans notre quotidien et qui, au fil du temps, deviennent des routines, de l’inné, du facile. Ce qui, un jour, finit par prendre tout son sens, pour s’être fait une place dans notre vie sans même qu’on s’en soit rendu compte.

Je me démène comme je peux, tente de demander le moins d’aide possible, de me rendre le moindrement utile, lorsque le musicien attire mon attention, la blague à la clé et le sourire complice du bout des lèvres. « Nah, j'préfère observer les vagues, pas m’y attaquer. » et je rétorque, le coin des lèvres retroussé en un rictus d’amusement qui n’a rien de nostalgique des récifs tantôt tièdes, tantôt à la limite du glacé le long des baies de la Colombie-Britannique. Vancouver et son rapport à l’océan était une chose, mais le climat et la météo portuaires pas toujours cléments finissent par brouiller les cartes et changer la donne, rien de très paradisiaque à se geler la peau pour le simple désir de se secouer les gambettes entre les ondées. Calme et en pleine possession de mes moyens, c’était le long des rambardes que je me sentais à ma place, les iris vissés vers la ligne horizontale, si fine au loin qu’on tentait toujours de rejoindre, sans jamais réussir à l’atteindre. Puis, c’est la mention nostalgique du bateau de papa qui remonte, de moi d’abord, d’Annie ensuite. Pas le moins du monde secret envers ce genre de détails de ma vie, surtout lorsque je parle à un initié comme l’ami, je prends finalement place à ses côtés, m’appuie là où les installations me semblent suffisamment solides, relance la discussion en tentant de garder toutes intonations trop déprimantes de se faire un chemin entre nous. « Caché en territoire ennemi. » comme introduction, le coup d’oeil amusé qui pose les cartes, avant d’ajouter les détails, de clarifier le reste.  « Entreposé à la maison familiale. Ce qui reste des Epstein le surveille au grain. »  une tante par ci, un cousin par là, c’était devenu patrimoine en quelque sorte, un symbole de la belle époque où tout le monde était invité à bord, où la bière était servie, où on construisait des souvenirs au goût d’eau salée et de vent du nord. « Mon père est décédé y’a un peu plus de 10 ans. Depuis, c'est pas touche. » et avec lui, il a amené ce qui était le pilier, le tuteur de la famille. Le reste s’était effrité, tout le monde partant dans un sens comme dans l’autre, et si moi, j’avais mis les deux pieds dans ma déchéance il y avait bien trop longtemps, les autres membres de la famille n’avaient pas fait long feu avant de m’imiter et de cumuler les mauvais choix, les disputes et les réglages de compte au-dessus d’un testament qui ne les regardait pas. M’enfin, passons. « Je peux pas croire que j’ai attendu tout ce temps avant de remonter sur un bateau. » et c’est un long soupir qui accompagne mes mots, maintenant que mes prunelles suivent le trajet de celles d’Anwar pour se perdre au-delà du voilier. « Par contre, à voir les noeuds que je te fais là, ça se remarque de suite. » un brin dépité, pas particulièrement fier de mon travail malgré l’acharnement que j’y mets depuis plusieurs minutes, ce n’est pas non plus dit que je lâcherai prise de sitôt.

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Message(#)jackwar ▲ fall underneath EmptyMer 30 Mai - 19:20

Si naviguer en solitaire avait toujours constitué sa norme, les occasions d’embarquer un passager sur le pont de son voilier étaient toujours accueillie avec plaisir ; Probablement dans la mesure où elles restaient occasionnelles. C’était une sorte de règle tacite avec tous ceux qui le connaissaient, s’il ne répondait pas au téléphone alors il était probablement en mer, et dans ce cas-là rappeler douze fois et laisser autant de messages sur le répondeur ne servait à rien. Passé en mode avion à peine un pied sur le pont, le téléphone n’était rallumé qu’au retour à la Marina, jamais sans une pointe d’appréhension pour laquelle il pouvait remercier la mère de Tarek, mais sans qu’il n’ait une seule fois dérogé à sa règle. « Tarek n’a pas le pied marin ? » avait de son côté hasardé Jack lorsqu’Annie avait avoué naviguer rarement autrement qu’en solitaire, et secouant la tête le policier avait simplement assuré « Si, mais ce qu’il n’a pas c’est le temps. Il ne vit plus avec moi. » Pas le temps pour ça ou pour tout un tas d’autres choses à vrai dire, bien que son père tende à se raisonner chaque fois qu’il s’en désolait un peu trop : Tarek occupait son temps à sa propre passion, il semblait enfin s’être trouvé après des années à se chercher. C’était tout ce qui comptait. Jack le gratifiant finalement d’un « C’est mon genre de hasard préféré. Ceux qui durent. » lorsqu’il avait laissé glisser la manière dont il était tombé dans la marmite de la navigation, l’un et l’autre s’étaient ensuite concentrés sur le fait de mener le voilier droit vers la baie et hors de la Marina, le plus jeune donnant de temps à autre une brève indication lorsqu’il sentait le canadien hésiter sur la conduite à tenir, mais lui trouvant néanmoins des réflexes qui revenaient vite et des connaissances qui trahissaient son habitude des bateaux, même enfouie au plus profond de ses souvenirs. Finissant d’ailleurs par admettre que son intérêt pour la navigation n’était pas innocent, le musicien avait décliné son offre de piquer une tête et répondu à sa question avec une pointe de mystère « Caché en territoire ennemi. » avant d’expliquer « Entreposé à la maison familiale. Ce qui reste des Epstein le surveille au grain. Mon père est décédé il y a un peu plus de dix ans. Depuis, c’est pas touche. » Grimaçant d’un air confus à l’idée d’avoir commis un impair, Anwar s’était fendu d’un « Désolé, je ne voulais pas avoir l’air de me mêler de ce qui ne me regarde pas. » et avait réajusté ses lunettes de soleil en se raclant la gorge. Raison pour laquelle il avait seulement mentionné le bateau et non pas le père de Jack après que ce dernier l’ait mentionné ; Il ne se permettait déjà pas de le faire avec Tad ou Lou, après tout. Le coup de vent tendant la voile leur avait donné de quoi s’occuper à nouveau, Anwar redressant la barre pour qu’ils ne dévient pas du cap prévu et Jack admettant dans un soupir « Je peux pas croire que j’ai attendu tout ce temps avant de remonter sur un bateau. » avant que son attention de quitte le paysage pour revenir aux cordages dont le capitaine l’avait laissé en charge « Par contre, à voir les nœuds que je te fais là, ça se remarque de suite. » Laissant échapper un léger rire, Anwar avait attendu de pouvoir laisser la barre un instant et s’était rapproché de Jack pour jeter un œil aux nœuds dont il semblait dépité « Ça va, les bases sont toujours là, c’est comme le vélo ça pourrait revenir vite. » Prenant simplement la liberté d’inverser deux tours de cordes et de tirer vers la gauche plutôt que la droite, il avait tendu le cordage à son moussaillon du jour pour qu’il termine de sécuriser le tout et était retourné se poser à son poste. « Parfois je me dis que le jour où j’en aurais vraiment ras-le-bol de mon boulot, je pourrais gagner ma vie là-dessus. Balader les gens dans la baie, faire quelques courses de temps en temps, pour le challenge … » Il avait l’air pensif – à moins que ce ne soit que l’effet des lunettes de soleil – mais en réalité il y pensait de temps à autres, comme on songeait parfois à tout envoyer balader pour donner une nouvelle impulsion à sa vie. « Mais après je me raisonne et je me rappelle qu’en fait, j’aime mon job. » Aucune raison de rendre son badge et son arme, donc. Mais qui sait, le jour où la crise de la cinquantaine le frapperait de plein fouet, pourquoi pas.
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Message(#)jackwar ▲ fall underneath EmptyLun 4 Juin - 0:09

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Anwar & Jack

Les vagues contre la coque, le mouvement du bateau, les ondes que j’entends, qui rythment le voyage à peine commencé. Et si mes oreilles se dédient à tous les sons qui nous entourent, mes doigts eux, sont savamment occupés à faire ce qui ressemblera à une esquisse de noeud marin montré par papa, à l’époque. La concentration se lit dans chaque trait de mon visage, chaque ride d’effort qui est complétée d’un regard avide des étapes, qui essaie de comprendre au passage ce qu’Anwar fait de ses dix doigts le temps que je m’adapte. Et évidemment, la conversation dévie doucement vers mes racines, vers l’époque où je n’en arrachais pas autant sur un bateau, où j’accompagnais la famille le long des côtes de Vancouver ; et les idéaux de gamin allant presque aussi loin que ce que mes iris repéraient le long de l’horizon. Je voulais pas rester au Canada, je voulais voir du monde, je voulais voyager, je voulais jouer de la guitare sur tous les continents. De là était venu le problème, et les restes d’amertume qui se cassent sur mes lèvres tant bien même j’explique où se trouve le voilier familial actuel, et un voile de regret d’avoir laissé tout le beau, tout le doux qu’il représentait le jour où je suis parti. « Tu pouvais pas savoir, c’est pas grave. » parce que mis à part les quelques banalités échangées au local de répétition, on entrait peu dans le vif de ma vie, avec moi. C’était pas un reproche, loin de là, sachant que de base je n’étais pas du genre très bavard. Le sourire en coin et le regard avenant, je laisse à Anwar toute la place lorsqu’il finit par me rejoindre, s’appliquer à réparer les quelques bévues que j’ai commises par inadvertance. C’était une occasion comme une autre aujourd’hui, de parler un peu plus, quoique la musique comme conversation unique me convenait amplement. Rien de mal à m’ouvrir, pas de difficulté là-dessus, mais plutôt, j’en revenais à réaliser qu’encore une fois, mon mutisme naturel, ma capacité à rester silencieux un nombre incalculable de minutes simplement parce que trop perdu dans ma tête, dans mes pensées, suffisait surement à construire un mur, à bâtir la distance avec Annie, avec tout le monde.  « J’pense que je t’ai jamais demandé c’était quoi, ton job. »  et c’est le résultat de la constatation qui remonte, maintenant que c’est au tour du batteur de se confier un peu sur ce qui lui traverse l’esprit. La marina derrière nous, l’immense nappe d’eau qui nous longe, j’en profite pour finaliser ce sur quoi je m’acharne depuis une minute ou dix avant de lever la tête vers lui, de lui dédier toute mon attention maintenant que tout est placé, réglé, enclenché.

« C’est pas que tu vends du rêve avec cette idée de vivre sur ton bateau, mais quand même. » douce vie que celle de nomade, et ça, ça me manquait. Les tournées à travers le monde, les valises, les visages inconnus qu’on apprend à connaître par la bande. Les réveils sur un autre fuseau horaire, la route, les dizaines de centaines de kilomètres qu’on pouvait parcourir en plusieurs semaines, mois, années. Mais à ça s'associaient mes vices, mes faiblesses. C’était avant Jude ne soit plus. Avant qu’Ellie soit mon tout ; ou ma tentative de. « Le paternel y avait pensé lui aussi, pour sa retraite. » que je poursuis dans la même veine, le coeur un peu plus léger lorsque le souvenir d’entendre mon père parler de revoir le dernier chapitre de sa vie du haut de son gouvernail, de suivre les vagues le temps qu’il le pourrait me revient en tête. « Laisser l’armée derrière, voguer jusqu’à ce qu’il en soit plus capable. » parce que l’armée, la base militaire, tout ça, ça avait été son quotidien tellement longtemps. Ça l’avait cassé, brisé en mille morceaux sans que personne ne puisse faire autre chose que de l’observer à répétition s’effriter. Un peu du pourquoi je n’avais jamais voulu suivre ses traces, énormément du pourquoi j’étais parti de la maison familiale, aussi. « Le temps a décidé pour lui et lui en a pas laissé la chance. » et c’est ça qui me fait tiquer dans le discours d’Anwar. Parce que si c’est ce dont il a envie, parce que si c’est ce dont il rêve, il devrait pas attendre le bon moment. Autant son boulot lui plaît, autant s’il a envie de partir à l’aventure, s’il ressent à l’intérieur que c’est ça, la pause ou le nouveau tournant qu’il devrait prendre, je m’en voudrais de ne pas l’y encourager. « Et plomber l’ambiance, c’était tout sauf mon intention, hen. » sans faire dans le trop dramatique non plus, de grâce. Les souvenirs de papa qui remontent et la conversation que je monopolise avant de lâcher un énième rire, et de finir par prendre place contre les rambardes du bateau.

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Message(#)jackwar ▲ fall underneath EmptyDim 24 Juin - 13:21

Pour sûr que si les choses étaient arrivées dans un autre ordre la situation serait peut-être toute autre aujourd’hui. S’il avait eu l’argent nécessaire pour s’offrir un voilier dès l’instant où il avait obtenu son permis bateau, sans doute le badge de policier aurait-il été remplacé par une micro-entreprise dont il aurait été l’unique salarié – et donc le big boss – et au travers de laquelle il aurait développé ses velléités de navigation autant que son sens du contact. Mais les événements avaient été tous autres et malgré tout Anwar ne les regrettait pas le moins du monde, comme il n’avait d’ailleurs pas tardé à le faire remarquer à Jack lorsque la conversation s’y était prêtée. « J’pense que je t’ai jamais demandé c’était quoi, ton job. » lui avait à ce sujet fait remarquer le musicien, le brun regrettant alors presque d’en avoir trop dit, tant le fait de ne l’avoir jamais mentionné n’avait inconsciemment pas dû être fait sans raison. Mais sans possibilité de faire marche arrière Anwar avait simplement suivi le courant et répondu « Inspecteur de police. » du tac au tac et non sans le brin de fierté habituel lorsqu’il distillait cette information, finalement. Ça pouvait sembler n’être pas grand-chose pour les autres, mais pour lui à qui on avait rabâché à la naissance de son fils qu’il se tirait une balle dans le pied et n’arriverait jamais à rien en se privant d’études, c’était à la fois une fierté personnelle et un pied de nez aux autres. Surveillant malgré tout du coin de l’œil la réaction du bonhomme derrière ses lunettes de soleil, habitué à ce que l’information ne soit pas toujours bien accueillie, il avait laissé ses mains glisser avec habitude de part et d’autre du gouvernail et esquissé un sourire lorsque Jack avait repris « C’est pas que tu vends du rêve avec cette idée de vivre sur ton bateau, mais quand même. » Mais si l’idée était plaisante, Anwar se demandait où il pourrait bien mettre Ibis sur cette coquille de noix sans craindre qu’il ne lui fasse définitivement faux bond. « Le paternel y avait pensé lui aussi, pour sa retraite. Laisser l’armée derrière, voguer jusqu’à ce qu’il en soit plus capable. » Et il n’en fallait pas moins pour qu’Anwar se figure une version de Jack aux cheveux poivre et sel coupés ras, les traits plus marqués et le regard plus sévère, le dos droit et la posture académique comme seuls les militaires finissaient par la tenir sans même plus s’en rendre compte. « Le temps a décidé pour lui et lui en a pas laissé la chance. » avait finalement repris le canadien, laissant glisser une seconde ou deux avant d’assurer « Et plomber l’ambiance, c’était tout sauf mon intention, hen. » et de laisser échapper un rire, comme pour désamorcer la situation. Le fond de malaise distillé chez Anwar ne venant de nulle part ailleurs que de sa faible expérience dans le domaine des relations père-fils où il n’aurait pas la place du père, il avait secoué la tête comme pour assurer qu’il n’y avait pas de mal, mais avait préféré ne pas relever pour ne pas avoir l’air de se sentir obligé. « Famille de militaires, donc ? » avait-il simplement questionné après un petit temps, remontant les lunettes qui glissaient le long de son nez et réajustant la casquette vissée sur sa tête. Aujourd’hui celle à l’effigie des Queensland Bulls, l’équipe de cricket locale ; Sans doute l’une de ses plus anciennes, et en tout cas l’une de ses plus usées. « Ma … La mère de Tarek est militaire. Infanterie motorisée. C’est pas toujours une partie de plaisir pour la vie de famille. » Si l’on pouvait appeler ça vie de famille, parce qu'en définitive sa famille à elle et sa famille à lui n’avaient ni la même composition ni la même signification. « Mais bon, c'est une question de vocation, je suppose. » Elle n’était pas prête à quitter l’armée pour lui tout comme il ne quitterait jamais la police pour elle, il pouvait comprendre, c’était simplement le ratio de sacrifice de l’un et de l’autre qui flirtait avec l’inégalité la plus totale. Pas que cela intéresse Jack, ceci dit, et haussant les épaules Anwar avait changé de sujet « Tu as déjà fait un tour jusqu’à Moreton Island ? On ne pourra pas accoster, la zone est réglementée, mais le paysage vaut le coup d’œil. » La mer était calme, la météo prévoyait d’être clémente ; Si Jack n’était pas pressée l'excursion pouvait se tenter.
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Message(#)jackwar ▲ fall underneath EmptyLun 25 Juin - 22:12

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Anwar & Jack

J’aurais pu rester en tête de proue, le regard perdu sur l’horizon. J’aurais pu me laisser guider, aider lorsque nécessaire, apprécier chaque seconde de voile comme je l’avais fait depuis la toute première fois où j’étais monté sur un pont. J’aurais pu laisser à Anwar toute la beauté de l’eau, de ses vagues, de cette seconde passion qui nous unissait comme remerciement, ne pas empiéter sur son calme, ne pas le ponctuer de conversations de surface qui juraient avec la beauté, l’immensité bleue qui se dessinait devant nous. Mais la discussion coule toute seule, les sujets s’adaptent, et bien vite, je réalise que si certains détails de sa vie personnelle ne m’ont jamais été dévoilés ; ou bien que je ne les ai jamais vraiment grattés en toute tentative de politesse, n’en reste qu’Annie s’ouvre un peu plus, qu’il ne ressent pas moindrement le besoin de ne pas le faire non plus. « Entre la musique, la loi et la voile, y’a de quoi faire côté variété. » que je m’entends dire, le sourire fin qui orne mes lèvres alors qu’il garde son annonce short and sweet. Si mes démêlés avec la justice n’avaient pas de quoi dorer mon dossier aux yeux du Zehri, c’est d’un hochement de tête que je me garde d’assombrir la conversation, de parler de mes erreurs, de ce qui, à une époque révolue, m’avait défini un peu trop pour que cela reste sain, et légal. D’un sujet plus difficile on passe à un autre, et c’est moi-même que je retiens sur le coup, pour l’avoir moi-même amené sur le tapis. « Exact. De père en fils depuis des générations - jusqu’à moi. » la fatalité de la chose n’avait pas fait mes honneurs dans la famille, néanmoins j’avais appris à faire la paix avec le tout, y voyant là une façon de vivre et de laisser vivre au quotidien. Pas aussi facile que cela à comprendre par mes parents, et encore plus mon père, mais je leur avais laissé plein contrôle de leurs réactions pour miser sur mon propre bien-être et m’écouter là-dedans, aussi égoïste aie-je pu être à l’époque. « Et quelque chose me dit qu’Ellie ne suivra pas la tradition. » quoi que la connaissant, le simple fait que je lui ai prêté quelques intentions que ce soit suffirait à la motiver à faire tout l’inverse et dans ce cas ci, à s’inscrire chez les cadets dans la seconde. La simple mention en pensée me donne un frisson que je dégage d’un mouvement distrait, poursuivant sur la lancée d’Anwar et les quelques pistes qu’il me pointe verbalement au sujet de la mère de son fils. « Ça laisse peu de temps en effet ; faut en profiter quand ils passent à la maison, quand ils sont , pour vrai. » j’ignore les termes auxquels ils se plient, j’ignore même s’ils sont toujours ensemble, s’ils sont en proie à un divorce, si l’union est terminée depuis longtemps et bien honnêtement, il n’y a rien qui laisse transparaître dans mes mots ou mes gestes la moindre volonté de le forcer à m’en dire plus. Là, c’est bel et bien un terrain que je ne m’autorise pas du tout et qu’il peut être certain que je n'éterniserai pas. « C’est ce qu’ils disent en tout cas. » au sujet de cette vocation que l’armée est, au final. Puis, dans un rire, je précise mon propre point de vue.  « Puis enfin, comme j’ai trouvé la mienne avec la musique, je me suis jamais vraiment permis de juger. » la liberté des uns s’arrête là où celle des autres commence n’est-ce pas? À voir le temps que mes propres racines familiales le comprennent, cela restait relatif, mais cet adage me plaisait bien lorsqu’il nous permettait tous et chacun de vivre de ce qui nous faisait vibrer peu importe si l’on tenait un arme ou un instrument de musique en main.

« Jamais été, mais beaucoup entendu parler. » à la mention d’une possible aventure guidant le trajet du jour, je laisse mon expression s’adoucir de beaucoup, et chaque souvenir rattaché aux bribes de mon passé qui s'envolent, rendant mon visage un peu plus léger, un peu moins contrit. « Je dis jamais non à un beau paysage. » l’argument de poids, alors que lorsqu’on me connaissait, on savait que peu importe le voyage, peu importe la destination, mon âme de nomade était toujours de la partie. « C’est un peu ce qui m’a motivé, à quitter le Canada. » malgré mon amour pour mon pays d’origine, mon ton est loin d’être nostalgique, loin de frôler un ennui, une tristesse refoulée. « Même si on avait des horizons à couper le souffle, j’avais besoin de voir ce que le reste du monde avait à offrir. » et pour cela, je n’avais pas été en reste. Les tournées nous avait menés aux quatre coins du globe et j’en serais probablement reconnaissant pour tout ce qui me restera de vie à vivre. « T’as vogué dans d’autres pays, ou t’es exclusif à l’Australie? » mes souvenirs de voyage qui tentent de s’agglomérer à ceux d’Anwar, d'évidemment découvrir de nouveaux joyaux ici, ailleurs.

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Message(#)jackwar ▲ fall underneath EmptyMar 10 Juil - 14:39

Le moins que l’on puisse dire c’est que Jack ne portait pas sur lui le fait de venir d’une famille de militaires, exempté de la sévérité – voir du rigorisme – naturelle qui émanait généralement des individus dans cette situation-là. « Exact. De père en fils depuis des générations – jusqu’à moi. » avait-il néanmoins confirmé dans un brin de sourire face à la déduction hasardeuse d’Anwar, avant d’ajouter « Et quelque chose me dit qu’Ellie ne suivra pas la tradition. » sans toutefois sembler s'en émouvoir. Mais si la lignée s’était déjà achevée à Jack, après tout, sa progéniture n’avait plus sur les épaules le poids d’une tradition qui autrement serait peut-être venu l’écraser. « Elle a déjà une idée de ce qu’elle veut faire de sa vie ? » Quoi qu’elle avait encore largement le temps d’y penser, et ce n’était pas Anwar qui démentirait, lui qui avant sa première semaine de patrouille n’aurait jamais parié sur le fait que le métier de policier puisse véritablement lui plaire, et ce alors même qu’il n’avait jamais clairement su ce qu’il voulait faire de sa vie. Ce qu’il pouvait faire de sa vie, en vérité, car là où son épouse avait suivi le chemin tout tracé qu’elle avait toujours souhaité emprunter, il avait bien fallu que lui prenne en compte les contraintes liées au fait d’être devenu père avant même d’être devenu un adulte. Le métier de la mère de Tarek justement évoqué à demi-mot, Jack y avait offert un « Ça laisse peu de temps en effet ; faut en profiter quand ils passent à la maison, quand ils sont là, pour vrai. C’est ce qu’ils disent en tout cas. » résigné dont le brun, lui, n’était depuis longtemps qu’à demi-convaincu. Parce que de profiter n’avait pas estompé les rancœurs ni raccommodé les plaies que l’absence et l’impression de passer toujours second creusaient. Pas dans son cas, en tout cas. « Ils sont jamais vraiment là. » avait-il alors fait remarquer du même ton, chargé de résignation. Elle avait toujours la tête ailleurs, en tout cas. Là-bas. Mais c’était une question de vocation, probablement, c’était du moins l’explication dont se satisfaisait Anwar, et à cela le canadien avait ajouté « Puis enfin, comme j’ai trouvé la mienne avec la musique, je me suis jamais vraiment permis de juger. » en clôturant ainsi la question, obtenant du brun un signe de tête affirmatif avant que son regard n’aille de nouveau chercher le paysage et la direction à prendre pour garder le bon cap. Ne sachant pas vraiment depuis combien de temps le musicien vivait ici ni jusqu’à quel point il avait déjà utilisé ses cartes de touriste de base, il avait proposé Moreton Island persuadé qu’à défaut d’accoster la vue plairait au bonhomme, qu’il devinait sensible à ce genre de beautés naturelles. « Jamais été, mais beaucoup entendu parler. Je dis jamais non à un beau paysage. » Et alors qu’Anwar mettait donc le cap vers le Nord-Est, Jack y était allé de sa confession en admettant « C’est un peu ce qui m’a motivé, à quitter le Canada. Même si on avait des horizons à couper le souffle, j’avais besoin de voir ce que le reste du monde avait à offrir. » d’un ton qu’on devinait songeur. « T’as vogué dans d’autres pays, ou t’es exclusif à l’Australie ? » Se sentant soudainement un peu bête de la réponse qu’il s’apprêtait à offrir, Annie avait pourtant haussé les épaules avec fatalisme et avoué « Pas vraiment, et jusqu’à présent ce rafiot n’est jamais allé plus loin que le détroit de Bass, près des côtes tasmanes. » La vérité c’est que malgré son goût de la navigation et cette envie d’aventure qui le titillait un peu, régulièrement, le policier n’avait jamais sauté le pas de s’aventurer seul en haute mer, et préférait longer les côtes sans jamais perdre – ou pas longtemps – des yeux les terres australiennes. Ce n’était pas le genre de voyage qu’il avait envie d’entreprendre en solitaire, et en même temps ce n’était pas le genre d’aventure qu’il voulait imposer à quelqu’un qui ne partagerait pas son virus de la voile. « Je ne suis pas né ici, cela dit. » avait-il en tout cas repris, comme pour nuancer un brin. « Mon oncle a émigré du Pakistan quelques années avant ma naissance, je suis venu vivre avec lui quand j’ai eu sept ans. Même si ça ne fait clairement pas de moi un baroudeur. » Ni même un grand voyageur pour autant, d’ailleurs il n’avait jamais remis les pieds dans son pays d’origine et avait demandé la nationalité australienne dès qu’il en avait eu la possibilité à sa majorité. Définitivement australien à ses propres yeux. « Ça fait combien de temps que vous vivez ici, ta fille et toi ? » Puisqu’il s’était déjà posé la question un peu plus tôt, autant chercher à y apporter une réponse une bonne fois pour toutes.
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Message(#)jackwar ▲ fall underneath EmptyMar 17 Juil - 5:58

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Anwar & Jack

Loin de moi l’idée d’amener un sujet déplacé, de le déranger de mes questions. Si Anwar a envie de parler de ses escapades, s’il souhaite exposer ses voyages de voile, qu’il s’en sente bien à l’aise. Mais s’il préfère garder une distance entre nos silhouettes autour du gouvernail et ce qu’il me relate de ses souvenirs, c’est tout bon aussi. L’air marin suffit à ce que je trouve mon bonheur, le bruit des vagues calme le reste, et le silence ambiant sur l’eau me contente pleinement si tel est son désir. Pourtant, la seconde suivante, au-delà de l'ombre qui passe dans son regard, derrière ce haussement d’épaules las, ce n’est pas de la tristesse ni du dépit que j’anticipe dans sa réaction. C’est une touche de fatalisme, oui, mais également une pointe d’humour qui, même si piquante, se contente de la situation avec facilité. « Paraît que c’est un très bel endroit où aller se ressourcer, là aussi. » l’optimisme certain, relié à cette fascination pour la nature que j’avais depuis tout jeune, et on retrouvait là le parfait argument pour soutenir que ce n’était pas le nombre de kilomètres parcourus qui comptait à mes yeux, mais bien l’aventure en soit. Il n’avait pas besoin d’avoir multiplié les périples pour que je connecte avec sa passion pour la voile, il n’avait rien à vanter ou à crier à qui veut l’entendre. Pour ma part, je me contentais des longues inspirations qu’il prenait, un passage rapide à tribord, une vérification nautique plus tard. Après avoir doucement introduit la petite histoire de mes racines et quelques détails sur mon passé à la clé, le musicien ajoute à son tour une réponse supplémentaire aux informations que j’entretiens mentalement sur lui. Rien de bien détaillé, rien de trop surligné, rien qui marque, juste de petites bribes de son caractère, de sa vie, de son quotidien, qui glisse de ses lèvres à mes oreilles au gré du vent du large. « Tu y es déjà retourné? Au Pakistan? » et encore une fois, ma voix, mon regard, mon ton, tout suggère qu’il y va de la confidence seulement s’il s’en sent l’envie, et l’intérêt. Autrement, je ne creuserai pas plus, je ne dérangerai surtout pas mon hôte pour l’après-midi. Et enfin, lorsqu’Annie parle de ma présence ici, en Australie, je profite d’un remous pour replacer quelques câbles, aligner un noeud ou deux. Suivant ses mouvements tout en tentant d’être le moindrement utile, je poursuis alors que le voilier reprend doucement stabilité sur les flots. « Trois ans. » qu’on est ici, qu’on a le visa, qu’on a une adresse, un genre d’esprit d’appartenance. « Avec mon ancien groupe, j’ai eu souvent à venir dans le coin, c’était un coup de foudre à chaque fois. » l’instant d’après, je me souviens que ce genre de faits divers avait été d’abord et uniquement partagés à Lou lorsqu’on avait discuté en prévision de mon arrivée dans les Street. Je n’avais jamais été du genre à étaler mes succès, et le simple fait de parler de mon rôle chez Bananas & Blow était toujours une partie de gymnastique d’estime et de confiance en soi pas encore tout à fait assumées. De ce fait, je poursuis non sans passer en coup de vent sur un autre sujet plutôt sensible pour moi, pour mon coeur. « Et quand Jude est… quand la mère d’Ellie nous a quittés, on a eu besoin d’un nouveau départ. » le “on” est relativement important, sachant qu’Ellie ne s’était jamais vraiment opposé à notre déménagement. Ne pas confondre avec le fait qu’elle avait râlé et détesté chaque minute de sa nouvelle vie à mes côtés, mais à tout le moins, laisser le Canada derrière lui avait permis de tourner la page sur une mère qu’elle et moi avions aimée de tout notre coeur et même au-delà, et qui maintenant n’était tout simplement plus.  

« Ellie commence à s’adapter au pays, à se faire des amis, du moins, c’est l’impression qu’elle m’en laisse. » plus doux, plus posé, plus pensif, et j’alimente la discussion en aparté avec les iris qui caressent le large, trouvent un point d’intérêt, là, à l’horizon. « C’était un bateau du genre. Celui de mon père. » et du menton, je pointe le sujet de mes coups d’oeil à la dérobé, du fin sourire qui vient orner mon visage avec nostalgie certaine. L’espace d’un moment, je me rappelle à nouveaux quelques moments marquants. Des levers de soleil agrippé aux rambardes. Des nuits à la belle étoile allongés en duo sur le pont. De longues minutes à apprendre les rouages de la navigation du mieux que je le pouvais. L’un des seuls intérêts que j’avais eu en commun avec le paternel, l’une des seules choses qui nous avait intimement liés durant toute sa vie, malgré les nombreux bas de notre relation. « Tu sais, j’ai presque envie d’entamer les recherches pour en avoir un à moi. Un voilier. » parce que si je ne peux pas penser faire apparaître comme par magie le voilier familial sur la côte de Bayside ni payer un frais mensuel pour avoir le droit de m’incruster dans toutes les escapades d’Anwar, autant voir quelles autres options s’offrent à moi.

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Message(#)jackwar ▲ fall underneath EmptyLun 6 Aoû - 18:05

Malgré la coque qui glissait sur l’eau avec aisance et les voiles qui s’étiraient avec grandeur à chaque bourrasque, le Borealis n’avait jamais navigué plus loin que la Tasmanie et ses côtes à peine dépaysantes pour une âme de Queenslander. Et ce n’était pas tant l’envie que l’occasion qui manquait à Anwar, enchaîné à l’amour d’un travail qu’il ne mettrait pas en péril pour une lubie qui pourrait attendre l’heure de la retraite – si Dieu et sa propre santé le voulaient. Alors c’était la Tasmanie ou d’autres côtes australiennes en attendant, et d’après Jack « Paraît que c’est un très bel endroit où aller se ressourcer, là aussi. » alors cela faisait le job, en cela que cela suffisait pour se couper momentanément du chaos quotidien et des tracasseries habituelles. Dans un élan de conversation comme il n’en avait que rarement Annie avait néanmoins fini par admettre l’exception à la règle que constituait sa naissance, ce faux exotisme dont le simple fait d’être né le dotait mais dont il ne se rappelait pas suffisamment pour avoir la sensation que cela influe sur qui il était et sur quel adulte il était devenu. « Tu y es déjà retourné ? Au Pakistan ? » qu’avait alors questionné le canadien avec une curiosité légère, l’intéressé se contentant d’abord de secouer doucement la tête pour assurer que non, puis haussant les épaules pour ajouter « Je n’aurais personne à y voir. Et même si mon oncle détesterait m’entendre dire ça, je crois que plus les années passent moins je me sens autre chose qu’australien. » Et en réalité c’était bien plus souvent les préjugés et les raccourcis trop rapides d’autrui que ses propres actions qui tendaient à remettre en cause cette certitude à propos de lui-même. Tout dans son mode de vie, ses habitudes, ses préférences de langue ou sa manière de penser le ramenait à ce qu’il avait construit depuis son arrivée dans ce pays, cette Australie qui l’avait accueilli quand le Pakistan n’avait plus voulu de lui. Et de fil en aiguille le brun de demander à quand remontait l’arrivée de Jack sur ce caillou de la seconde chance. « Trois ans. Avec mon ancien groupe, j’ai eu souvent à venir dans le coin, c’était un coup de foudre à chaque fois. » Passant un peu vite sur ce détail qui n’en était pas, le canadien avait profité de l’ange qui passait pour rajouter du bout des lèvres « Et quand Jude est … quand la mère d’Ellie nous a quittés, on a eu besoin d’un nouveau départ. » et provoqué chez Anwar un simplement hochement de tête qui se passait de tout commentaire superflu. Mais il se sentait bête, finalement ; Nourrir autant de ressenti à l’égard de la mère de Tarek quand Jack était l’illustration parfaite de ce qu’il craignait par-dessus tout de voir arriver un jour. Et finalement il avait rebondit sur ce qui avait attiré son attention juste avant « Lou a oublié de nous mentionner ça, que tu avais déjà joué dans un groupe. C’était quoi votre nom ? À une époque j’écumais pas mal les petites salles avec une amie, on vous a peut-être déjà vus. » L’habitude s’était un peu perdue avec le départ de Tess pour l’Angleterre, mais ils en avaient vus et entendus dans les deux décennies – et des poussières – que constituaient leur amitié. Revenant malgré tout doucement au pays et à ce qu’il avait à apporter à ceux qui se donnaient la peine de le voir avec curiosité et ouverture d’esprit, Jack avait divagué un moment à propos d’Ellie avant que ne lui revienne en tête le bateau et ce que la brise tirant sur la voile lui inspirait « C’était un bateau du genre. Celui de mon père. Tu sais, j’ai presque envie d’entamer les recherches pour en avoir un à moi. Un voilier. » Lâchant enfin la barre, maintenant qu’ils pouvaient juste se laisser porter par le vent qui soufflait dans leur direction, Anwar avait abandonné Jack un instant, juste le temps de descendre dans la cabine pour en revenir avec deux bières toutes droites sorties du minuscule frigo et en tendre une au bonhomme. « J’peux me renseigner auprès de la capitainerie, si tu veux. Le boss est un vieil ami, et il est au courant de tout ce qui se vend et s’achète sur le port. C’est lui qui m’a trouvé le Borealis, il a tout de suite compris ce que je cherchais. » Ce qu’il cherchait et ce qui lui conviendrait, probablement parce qu’il avait vu naitre la passion d’Annie pour la voile et su reconnaître comment en tirer le meilleur parti.
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Message(#)jackwar ▲ fall underneath EmptyMer 15 Aoû - 5:31

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Anwar & Jack

Si je sens une pointe de nostalgie dans sa voix, presque de déception, je ne retiens que la beauté et la douceur de ses mots lorsqu’il avance qu’ici, c’est désormais sa maison, son chez soi. « Ça veut dire que t’as fait tes racines. C’est pas une mauvaise chose, au contraire. » bien sûr qu’on peut comprendre l’oncle qui lui-même regrette que la terre natale d’Anwar ne signifie plus autant pour lui que pour le reste de sa famille. Mais cela n’est pas moins une variable minimisante à mes yeux, encore moins que la promesse d’une nouvelle aventure, d’une histoire qu’il a écrite lui-même et avec laquelle il est heureux, à l’aise. S’il est comblé ici, pourquoi vouloir mieux? S’il est à sa place, s’il est sur son X, s’il est fonctionnel et accompli, ne devrait-il pas simplement être empli de gratitude envers un pays qui l’a adopté comme il en a fait de même de son côté? Pour ma part, j’oscillais entre le Canada de coeur, et l’Australie d’âme. Tout ce qui me restait de ma contrée nordique résidait en des souvenirs émouvants et essentiels, quoi que pour la plupart déchus, difficiles. Tout ce que je voyais par contre se dessiner pour moi, et évidemment pour Ellie, dans ce pays de la deuxième chance était pour le moins prometteur, ou du moins, mon esprit un brin hippie optimiste le croyait, le voyait ainsi. Alors on tenterait, des repères, des amarres, des racines, à notre tour. Parler du passé titille la curiosité d’Annie qui relance sur le groupe, sur les tournées, sur cet avant que j’ai effleuré à ses oreilles, et mentionné à Lou précédemment. Le regard perdu sur le large comme il l’est dans mes souvenirs, j’entame l’aller simple vers memory lane le coeur beaucoup plus léger qu’auparavant. « On avait un nom de travail, pas censé sortir de la salle de répèt’. Mostly Cloudy.  »  et je laisse échapper un rire incertain, un rire presque timide, devant le cliché que le tout imposait, la météo brumeuse et grise de la côte ouest lorsqu’ils s’y mettaient, elle et l’océan. « Puis, notre agent trouvait que ça nous donnait une vibe aussi bohème que mystérieuse. » en soit, il avait bien fait, puisque c’était ce qui avait le mieux collé à la tangente prise, aux mélodies composées, aux membres qui, soyons honnêtes, n’étaient pas les plus propres ni les moins paumés de l’industrie. À l’ère où le grunge se mélangeait au country rouillé et au folk d’ambiance, on avait su trouver un son alliant notre mal-être et nos idées aussi créatives que mélancoliques. « Y’a eu souvent Brisbane sur notre liste d’arrêts. Adelaïde et Darwin, Melbourne également. » alors peut-être nous a-t-il croisés à ce moment-là. La fin des 90’s et le début des années 2000 avaient été l’apogée pour le groupe, et ce jusqu’à la dissolution de MC en 2004, tout juste après ma sortie de cure. Un frisson qui traverse ma colonne, comme si j’espérais que des bribes du passé où il nous a peut-être entendus, ne restera pas la loque que j’ai bien pu être, le bagage de drogue et de mauvais choix que je larguais de scène en scène sans lendemain certain. « Mais quand est venu le temps de partir, j’ai pas eu à chercher longtemps. » de tous les choix, de toutes les villes visitées, de tous les endroits où l’on avait posé le pied, restait que Brisbane, s’était forgé instinctivement une place dans mon coeur. Allez savoir pourquoi. Même moi, je ne doutais plus de ma petite voix depuis bien longtemps.

D’un voile de regret sur mon ancienne vie, mon ancienne carrière, on passe à quelque chose d’un peu plus doux, à cet hypothétique bateau que j’aimerais bien, un jour, posséder, amener voguer jusqu’ici. « Il a fait un excellent boulot, en effet. » que j'ai pu constater depuis que j'ai mis le pied sur le Borealis. La réalité me ramènera bien vite sur terre lorsque je réaliserai à quel point les finances manquent, mais pour l’instant, l’aide qu’offre le musicien à mon égard se passe de réflexion sur mon compte en banque, sur mon incapacité à gérer ce volet de ma vie. À l’entendre, ce sont les flots qui me parlent, les ondes qui m’appellent, la brume saline qui m’inspire.  « J’dirais pas non. Enfin, c’est plus une lubie qu’autre chose, mais qui sait ce sur quoi il tomberait. Merci. » toujours laisser une porte ouverte, toujours espérer, si ce n’est pour se coucher le soir suivant le coeur léger, le sourire aux lèvres. Si Anwar le veut bien, s’il le propose, s’il a le temps et les contacts, qui sait. Autrement, la pression n’est que moindre, et une simple promenade comme aujourd’hui me fait déjà tellement de bien, l’air marin soulage mon vieux coeur meurtri d’une si paisible façon que rien d’autre ne pourrait l'entacher. Surtout avec ce que la vue m’offre, surtout avec ce que je vois au loin qui se dessine et qui, à mon sens, ressemble bien à ce que j’ai pu entendre de la destination annoncée plus tôt par Anwar.  « C’est pas ça, là, ce qu’on cherche? Parce que sinon, ça fait un beau prix de consolation. » du bout du doigt, je pointe ce qu’on arrive à peine à discerner en ombre, en silhouette, mais qui, même de là où on se trouve, promet un arrêt enviable le temps qu’il faut.

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Message(#)jackwar ▲ fall underneath EmptyMar 18 Sep - 19:58

Maintenant qu’il y réfléchissait pleinement ils ne savaient pas vraiment de quoi était fait le parcours de Jack avant qu’un beau matin il ne débarque dans les retours poussifs des Street Cats à tenter de redevenir quelque chose. Lou peut-être, mais en ce qui concernait Tad et Anwar le canadien était simplement débarqué de nulle part avec cet air étourdi et ces connaissances musicales qui avaient servi de passe-droit, et ce groupe dont il aurait fait partie dans sa jeunesse c’était la première fois que le policier en entendait parler. « On avait un nom de travail, pas censé sortir de la salle de répèt’. Mostly Cloudy. » qu’il lui avait alors précisé, Anwar n’éliminant pas la possibilité de les avoir déjà vu jouer à cette période où Tess et lui claquaient tout l’argent de leurs loisirs en petites salles et en groupes inconnus ou presque. « Puis, notre agent trouvait que ça nous donnait une vibe aussi bohème que mystérieuse. » S’en amusant d’un sourire, Annie avait dodeliné la tête « Et il ou elle aurait pensé quoi du nom Street Cats, à ton avis ? » Probablement pas le même mélange de mystère et de bohème, mais c’était sans connaître ce qui s’en dégageait et les personnalités qui le composaient et donnaient, somme toutes, un sens à ce nom sorti de l’imagination d’une Lou semblait y tenir avec sérieux. Pour en revenir à son précédent groupe en tout cas, dont Jack parlait comme s’il appartenait à une autre vie, un autre espace-temps que celui dans lequel se trouvait leur discussion actuelle, il semblait avoir parcouru une grande partie du pays – et d’autres régions du monde, probablement « Y’a eu souvent Brisbane sur notre liste d’arrêts. Adelaïde et Darwin, Melbourne également. Mais quand est venu le temps de partir, j’ai pas eu à chercher longtemps. » Anwar pour sa part n’avait jamais réellement pris la peine de visiter d’autres régions d’Australie, son oncle et sa tante tous deux relativement casaniers, et sa belle-famille originaire tout comme eux de Samsonvale n’étant pas non plus un prétexte à aller voir si l’herbe était plus verte ailleurs. Il n’y avait pas que le Borealis qui ne se soit jamais aventuré plus loin que le raisonnable sous son gouvernail, en fin de compte. Et puisqu’ils en étaient à parler bateau, Anwar avait noyé le poisson et préféré proposer de s’en remettre à la capitainerie où l’on saurait le renseigner sur tout ce qui s’achetait et se vendait à l’instant T dans la Marina. « Il a fait un excellent boulot, en effet. » Pour mettre la main sur le Borealis, adapté à la fois aux aspirations d’Anwar et à un budget pourtant loin d’être illimité. « J’dirais pas non. Enfin, c’est plus une lubie qu’autre chose, mais qui sait ce sur quoi il tomberait. Merci. » Réajustant ses lunettes, le brun avait assuré d’un ton calme « Ça n’engage à rien, de toute façon. » avec la certitude profonde qu’un bateau ne s’achetait que si l’on savait que c’était LE bateau à la seconde où l’on mettait un pied sur le pont. « Et sinon t’es pas forcé d’avoir ton propre bateau à toi pour naviguer. » Entre les plaisanciers qui prêtaient leur bateau pour le simple fait de lui faire quitter son emplacement quelques fois dans l’année, et ceux qui faisaient de la location de leur bateau un véritable business, il y avait de quoi s’en tenir aux avantages de la navigation sans forcément avoir à se soucier des inconvénients. De quoi s’offrir des virées loin du brouhaha du centre-ville, et des couchers de soleil auxquels aucune carte postale ne rendrait jamais justice. Le genre sur lequel Jack venait de poser les yeux, pointant le doigt vers les falaises bordant l’un des versants de l’île « C’est pas ça, là, ce qu’on cherche ? Parce que sinon, ça fait un beau prix de consolation. » Le sourire s’étirant sur ses lèvres avec calme, le marin avait donné un coup sur le gouvernail pour virer de bord, le vent s’engouffrant un instant entre la voile principale et eux et secouant leurs tignasses brunes « C’est presque ça. Attends qu’on atteigne l’Est de l’île. » Ils n’auraient alors plus qu’à attendre le moment exact où le soleil déciderait d’accélérer sa course pour disparaître pour de bon derrière la ligne d’horizon, baignant au passage la baie et les cimes d’arbres de Moreton Island dans un dégradé d’orange et de rose. « Rien que pour ça je me dis que je voudrais vivre nulle part ailleurs qu’ici. » La réflexion faite à lui-même presque plus qu’à Jack lui échappant dans un murmure, il s’était autorisé à lâcher la barre et avait remonté ses lunettes de soleil sur le sommet de son crâne pour profiter du spectacle à sa juste valeur, le clapotis des vagues contre la coque du voilier apaisant et dissuadant de gâcher l'instant en mots forcément superflus.
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