Allongé sur le canapé dans le salon de mon père, jambes allongées, ma main gauche repose sur mon ventre tandis que mon bras droit soutient ma tête et je soupire. Les paupières lourdes, vestige du manque de sommeil de ces deux derniers jours, j'avoue que, quelque part, je donnerais énormément pour retrouver mon lit, dans ma colocation, chez mon meilleur ami. A cette pensée, mon cœur se sert brusquement et j'ai du mal à avaler ma salive. Fermant les yeux, je pose mes mains sur mon visage et secoue la tête. Deux semaines déjà, que j'ai quitté la compagnie des jumeaux Macleod et bon dieu ce que ça me manque. Je suis pris d'une méchante mélancolie en repensant à ces derniers mois pendant lesquels mon amitié avec Ambroise n'a fait que grandir encore et encore jusqu'à s’essouffler brusquement il y a deux semaines. A cause de quoi ? De mes conneries. De mon impulsivité. Mais surtout de mon incapacité de dire la vérité à Ambroise.
La dernière chose que je souhaitais c'était de les savoir ensemble, lui et Andreï. Ça me tuait de me dire qu'ils étaient entrain de profiter du reste de la nuit ensemble. Pire encore, dans le même lit, entrain de faire l'amour. Qu'Ambroise prenne du bon temps est une chose relativement normale. Le pire, en vrai, c'est que ce soit Andreï, l'une des personnes de la northlight Company pour qui j'ai le plus de respect, qui a découvert le corps de mon Australien, mon meilleur ami. En vrai, je n'en veux pas tant à Ambroise, je pourrais même le comprendre d'avoir craquer sur Andreï, tout comme je peux totalement comprendre comment et pourquoi Andreï ait jeté son dévolu sur le plus jeune. En y réfléchissant, la seule personne à qui j'en veux ici c'est moi. Comme d'habitude. A cause de mes agissements, de mon incapacité d'avoir pu faire part de mes sentiments, j'ai mit en péril mon amitié si précieuse non seulement avec Ambroise mais aussi avec Andreï.
Un bruit sourd puis le poids de deux pattes se posant sur mon épaule me font ouvrir les yeux et tourner la tête. Lorsque mon regard croise celui de ma chienne, celle-ci me pousse avec son museau avant de passer sa langue sur ma joue. Je grimace, grogne un peu pour la forme et me passe la main sur la joue pour en essuyer la bave. « T'es dégueulasses ...» me plaignais-je en soupirant en repoussant la tête de l'animal. Mais elle ne semble pas l'entendre de cette façon et, attrapant la manche de ma chemise dans la gueule, commence à tirer sur mon bras. Tout d'abord doucement mais, remarquant que je ne réagis pas, elle y met plus de force. Je souffle mollement et me redresse avec quelques difficultés, remarquant clairement mon manque d'énergie dû à mes insomnies et les innombrables remises en questions.
Une fois assis et la raideur dans mon genou vaincue, je me passe une main dans les cheveux et me redresse alors que Moana jappe joyeusement. « C'est bon, c'est bon, j'ai compris, on va sortir» marmonnais-je. Prenant appuie sur mes cuisses je me lèves, test un peu la mobilité et la sensibilité de mon articulation avant de me mettre en route vers la porte. Je mets mes chaussures et attrape la laisse de Moana avant d'ouvrir la porte. « Je sors Momo» lançais-je au-dessus à mon épaule à mon père et passe le seuil sans même attendre une réponse de Daniel.
Enfonçant les mains dans les poches de mon jogging, je laisse Moana courir et renifler à droite et à gauche comme bon lui semble. Pour ma part, je marche simplement sans faire attention où je vais. Et au moment où je relève les yeux, je remarque que mes pas m'ont menés à Fortitude Valley. Juste en face du bâtiment dans lequel se trouve l'appartement des Macleod. Mon cœur ratte un battement alors que Moana, sans doute par habitude, est déjà devant la porte d'entrée. Déglutissant, je m'avance vers ma chienne qui n'a pas envie de bouger. Alors qu'au même moment, je vois notre voisin de pallier qui s'avance puis sort. Nous échangeons un sourire de circonstance, il offre une caresse à ma chienne puis garde la porte ouverte. Sans doute pense-t-il que j'avais envie de rentrer ? J'avoue que je serais presque tenté de faire demi tour mais, encore une fois, c'est ma chienne qui décide pour nous deux. Avant même que je ne puisse faire quoique ce soit, elle est déjà en haut des escaliers.Expirant discrètement, je fini par monter à mon tour et retrouve ma chienne assise sur le troisième palier, devant la porte de notre ancienne demeure. « T'es idiote» murmurais-je « Allez vient, je ...»
«Clément ! » s'exclame brusquement une voix féminine derrière moi. Je reconnaît sans problème le ton jovial de Sybille qui me prend dans ses bras avant même que je ne puisse me tourner totalement vers elle. «T'as décidé de revenir finalement ? » demande-t-elle en ouvrant la porte de l'appartement «Je ...hm...en fait c'est Moana, elle ... » « C'est Bonnie qui va être content ! » me coupe la jumelle Macleod, ignorant totalement mes paroles « Il ne le dit peut-être pas, mais tu lui manques, je le sais » reprend-t-elle en se tournant vers moi, posant son regard vert sur moi. Je déglutis, mal à l'aise tant je me rends réellement comptes que ces yeux ressemblent à ceux d'Ambroise. «Je ne sais pas. Vraiment je ... » «Je ne sais pas ce qui s'est passé entre vous » me coupe-t-elle à nouveau et je sais parfaitement qu'elle est entrain de mentir. Elle a le même tic que son frère quand il ne dit pas la vérité et de toute manière je sais parfaitement qu'Ambroise lui a sans doute tout expliqué jusque dans les moindres détails.
«Allez Idiot » sourit-elle en désignant l'entrée de l'appartement « Viens, tu verras bien comment réagira Bonnie. Mais tu peux pas rester là dans l'entrée !» continue la jeune femme. Moana, ayant -encore une fois ...- décidé pour moi, a déjà reprit ses habitudes et est directement allez se coucher à sa place habituelle. J'hésite encore une seconde de plus et fini par entrer à mon tour. Refermant la porte derrière moi, j'indique à Sybbie qu'un thé ne sera pas de refus et retire mes chaussures. En m'avançant vers le salon je me rends compte à quel point cet appartement m'avait manqué et que vivre avec mon père n'est clairement plas pour moi.
Une fois la tasse de thé fumante posée sur la table basse et après une dernière accolade suivi d'un rapide baiser sur ma joue, Sybbille fini par m'abandonner pour aller dans sa chambre, me laissant donc seul avec ma chienne dans le salon. J'observe l'animal qui est allongé sur le carrelage froid avant de m'installer sur le canapé. Allongeant ma jambe pour soulager et masser un peu mon genou, je prie pour qu'Ambroise ne revienne pas tout de suite. Ou peut-être espérais-je qu'il rentre et me voit ici, sur le canapé ? Je ne saurais réellement le dire.
Bonnie s’est plongé dans ses cours récemment, un surplus de travail qu’il prend avec le sourire, comme toujours. Pour une fois, il n’y a pas de raison cachée derrière, pas de besoin de s’évader d’une réalité qui l’étouffe. Mise à part... Cela fait deux semaines qu’il n’a pas revu Clément autrement qu’au détour d’un couloir de l’université, de loin. Il n’a pas fait le premier pas. Pour plusieurs raisons. D’abord, il lui en voulait encore un peu, un petit peu, pour sa réaction l’autre soir. Ensuite, il a déjà fait le premier pas la dernière fois, quand il avait merdé en s’amusant à ses dépends sous l’attirail de Véga, c’est au tour du comédien, d’autant plus que c’est lui qui a initié l’embrouille. C’est à lui de s’excuser. Et pour finir, Bonnie ne saurait même pas par où commencer. Il ne regrette absolument pas la nuit passée avec Andreï. Pour rien au monde il ne changerait quelque chose. D’ailleurs, son numéro est bien tranquillement blotti dans son répertoire, encore inutilisé. Une sécurité quelque part, même s’il doute l’utiliser un jour. Or, il ne comprend pas plus la jalousie de Clément, ou encore sa réaction. Sybbie a bien essayé de lui faire comprendre mais ça n’a servi à rien, d’autant qu’elle n’avait pas plus d’élément que lui. Après en avoir parlé quelques fois avec elle, il a arrêté. Attendant simplement un signe de vie de son meilleur ami.
Cependant, après tout ce temps, la distance devient pesante, et le doute s’insinue dans son esprit. Et si Clément ne revenait jamais vers lui... ? Aussi merveilleux soit le russe, il ne pourrait jamais remplacer son meilleur ami, qui lui manque de plus en plus sérieusement. Ici et là, son quotidien en est affecté, sans qu’il ne le remarque. Il dort moins, mange moins, sourit moins. L’appartement est bien vide, aussi. Et il a appris la blessure du comédien ; résister à l’envie d’aller le voir n’a pas été aisé. Mais, comme dit précédemment, c’est ce moment qu’on choisit ses professeurs pour monter le niveau, et Ambroise en a été ravi. Casque sur les oreilles, il pense d’ailleurs à quelques théories sur le chemin du retour, en fredonnant un air connu des 80s. Il ne se doute pas qu’en passant la porte de son appartement, il tombera sur Clément. Alors c’est la surprise qui se peint sur le visage lorsqu’il s’arrête net, en le voyant assis sur le canapé. Figé un instant, il se reprend alors que Moana vient le saluer gaiment. Porte refermée, il se baisse légèrement pour caresser la chienne et lui dire bonjour avec un sourire ; elle aussi lui a manqué. Il se redresse ensuite pour enlever ses chaussures, ne sachant toujours que dire face à son meilleur ami. En voyant les affaires de Sybbie, il se doute qu’elle est là, mais déplore son absence ; cependant il n’ira pas la chercher. Ils ont des choses à régler... Peut-être.
« Hey... » lance-t-il vaguement, en s’approchant du canapé. Mal à l’aise, comme s’il n’était pas chez lui, il garde même son sac épaulé. Il allait proposer quelque chose à boire, s’accrochant aux règles de la bienséance, quand il remarque une tasse de thé sur la table basse. Sybille est plus douée que lui. Il se passe une main sur la nuque. « Tu.. euh... Qu’est-ce que tu fais là... ? » demande-t-il, espérant que cela ne tourne pas au reproche. Le ton de sa voix empêche une telle idée de toute façon. Bien loin se trouve leur complicité, leur proximité. Au fil des mois à partager le même toit, ils étaient devenus encore plus proches qu’avant, surtout en terme tactile. Aujourd’hui, après deux semaines, et l’ombre d’une dispute, Bonnie garde une nette distance. Il ne sait pas du tout ce qui va se dire, si l’ombre d’Andreï, cet homme respecté par le néo-zélandais, plane entre eux, ou si tout va rentrer dans l’ordre. Lui, il ne souhaite que cela. Bien que parfois chiant, Clément l’a plus d’une fois laissé partir avec une personne – même si c’était plus aisé de le faire lorsqu’il n’était pas dans le coin, puisque la compagnie de Clément avait rarement d’égal, mais, du coup, il ne pouvait pas coucher ensuite. C’est déjà arrivé donc pourquoi cela a été source d’une telle mésentente qu’il se tape enfin l’homme qui le faisait planer depuis si longtemps ? Il s’est avéré que le monde est petit, mais il n’arrive à comprendre où est le mal... Il ne veut pas, malgré tout que sa vie sexuelle empiète sur son amitié avec Clément, mais c’est de sa faute si les barrières sont floutées. Il en a voulu trop ; rêvant de son meilleur ami, attiré physiquement (et un peu plus) par lui, il a cédé à ses pulsions, rompant ses propres habitudes de compartimenter sa vie. Il ne sait pas quoi dire de plus, alors qu’il joue machinalement avec le cordon de son casque reposant dans son cou. Bon sang, il n’est pas bien.
En entendant la porte de l'appartement qui s'ouvre, ma respiration se bloque subitement et mon cœur rate un battement, tandis qu'une multitude de questionnement me passe par la tête. Que faire ? Que dire ? Comment me comporter face à celui qui a été mon meilleur ami depuis ces trois dernière années ? Naturellement. Voilà la réponse. Il faut que j'agisse naturellement. Mais qu'est-ce que le naturel ? Ça fait deux semaines que je n'ai plus vu Ambroise et nous n'avons jamais été séparé aussi longtemps. En entendant les pas de mon meilleur ami sur le parquet, j'ai l'impression de perdre tous mes moyens, que si j'ouvre la bouche ce sera pour dire quelque chose d'insensé qui aura l'air plus forcé qu'autre chose. Quelque chose qui risque de vraiment de nous faire perdre l'équilibre alors que la ligne de notre amitié devient de plus en plus fine et risque de se briser dès le prochain faux pas.
Alors je reste assis là, silencieux, n'osant même pas poser ma tasse sur la table basse tant j'ai peur que le moindre mouvement va tout gâcher. Je garde le regard poser sur le sol, le corps tendu au maximum tandis que les bruits de pas s'arrêtent et que la voix de mon meilleur ami retenti à mes côtés. Bizarrement, je n'entend aucune animosité dans sa question, juste de l'étonnement. Pinçant les lèvres, je me penche en avant et pose ma tasse sur la table basse avant de relever enfin mon regard sur Ambroise.
Et ce que je remarque en premier est bel bien le regard troublé de mon meilleur ami. Il n'est pas à l'aise, ne sait pas sur quel pied danser et à sans doute du mal à se dire que je lui fait face actuellement. Toutefois, je remarque bien un certain soulagement et peut-être une once de joie dans ses yeux, mais ne peux m'empêcher de trouver ses iris un peu trop ternes pour être parfaitement heureux. Déglutissant à l'idée que j'y suis probablement pour quelque chose, je fini par soupirer et me passe une main dans les cheveux avant de me lever pour faire face à Ambroise.
« Je ...» commençais-je en déviant le regard «J'en avais marre. De ne plus te voir » avouais-je d'une petite voix. «Je veux dire tout ça, toute cette situation ce ...oui je t'en ai voulu de ne rien m'avoir dit par rapport à Andreï et tout ça, mais ...ça ne vaut pas le coup de gâcher notre amitié pour ça. » relevant mon regard sur le jeune australien, je m'avance vers lui, me tendant un peu à cause de mon genou qui recommence à faire des siennes «Tout ça, tout ce qu'on a construit et vécu pendant 3 ans et surtout ces derniers mois, ce ...je sais pas, c'est juste pas possible de tout gâcher à cause de ...ça» je fini par soupirer en baissant à nouveau le regard « Donc voilà, je suis là pour … m'excuser. De ces deux semaines de silence mais surtout de ma réaction beaucoup trop excessive dans le bar» je me passe la main droite sur mon coude gauche, montrant bien à point je ne suis pas à l'aise « Désolé Ambroise, vraiment, je ...sais pas quoi dire d'autre ...» je laisse un léger sourire enjouer mes lèvres afin de montrer toute la sincérité qui découle de mes paroles.
Ce n’était pas du tout le type de fin de journée qu’espérait Ambroise. Il croyait pouvoir se plonger dans ses cours pendant quelques heures, avant de sûrement geeker devant Star Wars Battlefront ou binge-watcher une de ses séries en retard. Mais non. Clément est là, assis sur le canapé, presque comme si de rien n’était. A sa décharge cependant, il a l’air aussi mal à l’aise que l’australien – ce qui n’arrange rien de son côté non plus, mais savoir qu’on est pas seul dans la gêne ne peut faire de mal. Bonnie a du mal à trouver les mots, à savoir ne serait-ce quoi dire dans un moment pareil. Il ne va tout de même pas s’excuser, c’est hors de propos. Ses yeux se baladent furtivement sur le visage de son meilleur ami, qu’il trouve assez fatigué, puis se déplacent pour ne pas croiser davantage son regard. Quelque chose fait mal dans ces prunelles chocolat. Réminiscence de leur dispute, de la blessure dans leur amitié qu’il a ressentie presque physiquement. De tout ce bordel de sentiments qu’Andreï avait réussi à calmer par son silence. La nuit s’était finalement très bien déroulée, comme prévu. Il avait eu ce qu’il voulait et raison de plus de son manque de mots, il ne changerait sûrement pas le cours des choses. Refaire cette soirée, revivre cette dispute, et il n’agirait pas autrement. Décision égoïste oui, mais il l’assumait parfaitement.
Clément était celui à les avoir mis dedans, à lui de les en sortir. En premier lieu, Ambroise initie la discussion par un « hey » assez faible, suivit par une question qui montre bien son incompréhension. Cependant, aucune animosité en lui demandant pourquoi il se trouve dans le salon, qu’ils ont partagé pendant des mois et, une fois même, plus intimement que d’ordinaire. Le comédien n’a pas l’air de savoir plus de quoi il parle. Se levant d’abord, une main glissant dans ses cheveux en signe de nervosité, il s’approche ensuite du plus jeune de quelques pas. Bonnie ne bouge pas, il n’ose pas. Heureusement le néo-zélandais retrouve l’usage de la parole et explique qu’il lui manquait, que ne plus le voir lui était devenu trop difficile. Déglutissant, l’australien baisse un instant les yeux, sentant une émotion qu’il ne comprend pas serrer son cœur. Pas vraiment de la joie, pas plus que de la tristesse. Mais Wolf continu sur sa lancée – heureusement, il a toujours été le plus bavard des deux. Il lui en a effectivement voulu au début d’avoir gardé ça secret, néanmoins il en a marre de cette situation, ce qui s’est passé ne doit pas briser leur amitié, pourtant rendue si fragile. Il est donc venu s’excuser, pour ces deux semaines de vide, et essentiellement pour sa réaction démesurée au bar, cependant il ne sait qu’ajouter d’autre.
Le léger sourire qu’il arbore laisse Ambroise de marbre, extérieurement parlant. A l’intérieur, c’est un vrai bazar, encore pire que celui sur son bureau, avec comme autre différence le fait qu’il ne se retrouve pas dans le bordel de ses émotions. Il détourne les yeux qu’il avait posés dans ceux de Clément, soupire et crispation des mâchoires. Il a pourtant des excuses, comme espéré. « Ne sois pas si tardif la prochaine fois Clément, deux semaines c’est long... » marmonne-t-il presque plaintivement, avant de lui jeter un coup d’œil et d’écouter pour une fois ce que son corps a à lui dire. Sans attendre, il franchit les derniers mètres pour passer ses bras autour des épaules de son meilleur ami dans une étreinte franche. Nécessaire. « Ne refais plus jamais ça, plus de silence, ok ? » demande-t-il d’une voix affectée ; parce que la distance est bien la pire chose qui puisse avoir entre eux. Quelques secondes plus tard il se recule, observe son ami, puis le relâche tout à fait et le contourne pour aller déposer son sac sur la table de la cuisine, ainsi que son casque et son portable, puis il se sert un verre d’eau. Tout n’est pas encore rentré dans l’ordre, il reste ce truc qui le chiffonne, et qu’il a en travers de la gorge dès qu’il y pense. Comme en ce moment.
Après avoir descendu cul sec son verre – pas de la vodka cette fois, mais bien de l’eau claire et rafraîchissante –, il se tourne vers Clément. « Et plus jamais tu ne crois que je t’appartiens ok ? Je n’ai pas de.. je n’ai pas à tout te raconter, j’ai besoin d’avoir mon jardin secret comme on appelle ça, t’sais bien. » Il soupire légèrement, ses épaules s’affaissant alors qu’il regarde son ami. « Je sais que Marvin n’a pas aidé et tout mais... c’est ma vie, ce n’est pas parce qu’on a couché ensemble que.. que je sais pas, qu’on est un couple ou ce genre de connerie. » Ah qu’il est beau, encore aveugle et inconscient. Mais clairement, ce qui l’a blessé, c’est d’avoir l’impression que Clément le connaisse si peu, au point d’oublier qu’il a besoin d’espace et de liberté, d’indépendance. La meilleure façon de le perdre est de l’emprisonner. « Je suis seulement désolé que ça se soit déroulé comme ça, j’veux dire, j’t’en aurais évidemment parlé d’Andreï, pis t’façon lui et moi on se serait un jour croisés quand même et on aurait compris, mais là, au bar, c’était tellement inattendu que... Enfin bref, tu pouvais pas savoir non plus. » Il se passe une main dans les cheveux, puis esquisse un léger sourire. Il le pardonne ouais, très facilement, puisqu’il n’attendait que cela. « On passe à autre chose... ? »
C'est la première fois que, face à Ambroise, je perds mes moyens. Peut-être est-ce à cause du temps que j'ai mis avant de me décider à venir ? Et encore, si je suis ici ce n'est qu'à cause de Moana. Sans elle, qui sait combien de jours voire semaines seraient encore passées avant que je ne me retrouve dans ce salon face à celui qui a été mon meilleur ami pendant plus de 3 ans. Ce même jeune australien qui ne semble pas forcément être plus à l'aise que moi dans son propre appartement. Si ça ne le concernait que lui, on resterait là, silencieux, à simplement observer l'autre. Sauf que si j'ai débarqué ici ce n'est pas pour détailler cet homme, aussi magnifique soit-il, mais bel et bien pour m'excuser. Et c'est ce que je fais. Je me trouve fort idiot je dois l'avouer, mais je ne sais pas quoi dire de plus. J'explique un peu le fond de ma pensée, avoue que tous ces secrets n'ont sans aucun doute pas aidé, mais que je me considère en grande partie comme responsable de cette situation dans laquelle je nous ais mise.
Après quelques secondes de silence, Ambroise me pardonne. Il le dit, certes, de façon détournée, mais c'est un énorme poids qui me tombe des épaules. Je me sens bien plus serein et l'étreinte que m'offre mon meilleur ami est considérable ! Le yeux fermés, bras entourant la taille du jeune home, je l'attire contre moi et me blottis contre lui, profitant de ce franc enlacement pour me ressourcer en énergie nouvelle. L'énergie dont seul mon meilleur ami est la source et dont le manque commençait à se faire ressentir physiquement. Je laisse durer ce rapprochement encore quelques secondes puis me détache en même temps qu'Ambroise et hoche la tête pour lui faire comprendre, silencieusement, que je n'attendrais plus jamais aussi longtemps la prochaine. Cela dit, je vais aussi tout faire en sorte qu'il n'y pas de prochaine fois.
Au final, après s'être reculé et m'avoir contourné pour aller se servir un verre d'eau, c'est au tour d'Ambroise de se montrer un peu plus bavard. Et ce qu'il dit me fait l'effet d'un coup de poignard dans le ventre et un autre dans le dos. Je remercie cependant mes années de théâtre pour ne pas réagir à l'extérieur et simplement hocher la tête en signe d'approbation, mais à l'intérieur la douleur est horrible. Il me dit qu'il ne m'appartient pas, que le fait que nous ayons couché ensemble ne signifie rien pour lui. Je suis donc une énième biche au tableau de chasse de mon meilleur ami et ça fait mal. Ça me brûle à l'intérieur, de me dire que tout ça n'était qu'une partie de plaisir éphémère et que ça ne voulait rien dire. Lorsqu'il me parle d'Andreï, du fait que de toute façon il m'en aurait parlé tôt ou tard mais que ça c'est fait de façon tellement inattendue, je dois réellement prendre sur moi pour garder une mine neutre. En temps normal j'aurais sans doute réagi excessivement, je lui aurais sûrement aussi coupé la parole et lui aurait fait comprendre que ce n'est pas de ma faute, que je ne pouvais pas savoir qu'Andreï et lui se connaissaient et que ça ne serait sans aucune doute pas déroulé de cette façon s'il avait évoqué son attachement au scénographe. Au Mctavish, j'avais vraiment l'impression que toute la faute était rejetée sur moi dès le début. C'est sans doute pour ça que Marvin n'était qu'une excuse pour exploser.
Mais je ne dis rien, je garde ces pensées pour moi et me contente de sourire en hochant la tête lorsqu'Ambroise me demande si on peut passer à autre chose « Oui bien sur, oublions» dis-je en balayant mes paroles d'un signe de la main avant de m'asseoir à nouveau lorsque mon genou commence à refaire des siennes. «ça va sinon ? A l'université, en cours ? » demandais-je afin de clore le sujet initial comme il m'a demandé de le faire «Désolé, d'ailleurs, de pas avoir pu venir aux réunions avec le groupe.... comme j'en ai pour au moins deux mois à pas pouvoir danser, Charles en a profité pour me donner un peu plus de travail au sein de la compagnie » et ce pour ne pas dire qu'il m'a totalement blindé et que ça empiète sur mon temps de révision pour les examens futurs. «Je vais essayé de me libérer pour la prochaine fois mais je ne promet rien » dis-je sur un ton qui montre bien que je ne suis absolument pas convaincu moi-même et que ce sont plus des paroles en l'air pour me donner bonne conscience qu'autre chose. «Bref. Tu m'acceptes de nouveau ici, en temps que colocataire ? » demandais-je finalement en levant mon regard sur Bonnie «Dans ce cas va falloir que j'aille chercher mes affaires chez mon père... » pensais-je à haute voix comme si c'était la chose la plus naturelle que je puisse dire.
Toujours lié à sa sœur, mais marqué par l’éloignement de son père, Ambroise a mal vécu l’absence de Clément. Être abandonné est une peur assez naturelle, pas plus exagérée que cela chez lui, sauf en termes de jalousie et de possessivité. Pourtant, il n’a pas une seule fois imaginé que son meilleur ami ne revienne jamais vers lui. Cela lui paraissait inconcevable et, en le voyant dans son salon, il ne s’est pas trompé. Cet instinct-là a eu raison. Ils sont trop proches pour qu’une broutille et une dispute viennent sévèrement rompre leur amitié. Il y a eu pire en trois ans, car ils ne sont pas simples à vivre tous les deux. Encore une fois il faut mettre les choses à plat, les mots sont un peu durs à trouver, à dire, mais l’étreinte dont a besoin Bonnie les soulage tous deux de cet écart imposé. Il lui pardonne, évidemment, soufflant au passage qu’il a trop attendu pourtant, et qu’il supportera mal un nouveau silence radio de plusieurs semaines. Être en colocation avec son meilleur ami pour qu’il disparaisse d’un coup, sans nouvelle... Compliqué. Vide. Pourtant Ambroise ne changerait pas ce qu’il s’est passé entre lui et Andreï, mais comme Clément le sous-entend, il est en grande partie responsable de leur embrouille.
Alors qu’ils se séparent, le comédien hoche doucement la tête, montrant sa compréhension. Mais c’est au tour du plus jeune de parler, de s’expliquer, ayant espoir que son ami comprenne les raisons de son emportement et ce qui l’a vraiment énervé. Histoire de ne pas recommencer les mêmes erreurs. Se servant un verre d’eau et le terminant quasiment cul-sec, il lui dit clairement qu’entre eux, il n’y a pas de petit-copain qui tienne. Ambroise n’appartient à personne, amour ou non, couple ou non. Il n’est pas prêt à faire des efforts, sans doute ne le sera-t-il jamais car il met à point d’honneur à être lui-même. Chercher à être un autre de lui a jamais réussi, il ratait lamentablement d’ailleurs, les railleries et harcèlements continuels ne disparaissaient pas. Ça n’a été qu’en s’assumant qu’il a pu s’en libérer ; et il est reconnaissant envers sa sœur et l’univers, d’autres n’ont pas cette chance. Maintenant, il s’écoute avant tout. Et même son meilleur ami ne pourra changer ce fait. Pourtant, ils ont couché ensemble, ça n’a pas été rien aux yeux de Bonnie, néanmoins lui arrive à différencier sentiments et sexe. Ils sont toujours meilleurs amis, et c’est à ses yeux bien plus important que tout le reste. Même Andreï, aussi attirant soit-il, n’a pas plus de droit sur sa personne. D’ailleurs, il aurait fini par parler de lui à Clément, c’est certain, et que son ami lui en veuille pour cela, il a l’impression d’être en quelque sorte piégé, forcé de se dévoiler. Aux antipodes de sa nature réservée. Il décide encore de ce qu’il partage ou non. Seule sa sœur a ce statut de confidente ultime.
Et le néo-zélandais ne s’emporte pas. Il se contente d’acquiescer, passant directement à autre chose comme conclu par Bonnie. Ce dernier est surpris de ne pas avoir de remarques, de réponses. Il est content d’éviter une nouvelle dispute mais en même temps… Un goût amer au fond de la gorge lui fait savoir qu’il n’est pas plus satisfait de ce silence. Comme si, au final, ça ne comptait pas. Comme si, après tout, Clément s’en fichait. Le oui oui, le hochement de tête creux. Il est cependant incapable d’en percevoir la sincérité ou son absence, alors il repousse tout cela, respire, et se calme. Il le rejoint bientôt sur le canapé, s’affalant un peu au passage avant que Moana ne vienne quémander quelques caresses. « Oui, rien de neuf... Et toi ? » demande-t-il naturellement, avant de secouer la tête avec un sourire quand son meilleur ami évoque la bande et son absence notable des dernières retrouvailles. « Ca va comment d’ailleurs ton genoux ? Et t’inquiète, on leur dit que t’étais très occupé, et puis ils comprennent. July aussi, et c’est pas la seule, est très portée sur ses cours en ce moment. Mais c’est cool si c’est le théâtre qui t’occupe », rajoute-t-il avec un léger sourire, connaissant plus que bien la passion de son ami. Il hausse les épaules quand ce dernier lui dit qu’il sera là la prochaine fois, et ne lui fait pas l’affront de répondre alors qu’il se doute que ça n’arrivera pas.
Le sourire qu’il offre est ensuite plus franc, plus lumineux. Il rit même légèrement, comme si Clément avait dit une blague. « Bien sûr que j’t’accepte, tout est encore en place on a rien touché », le « on » signifiant, comme souvent, sa jumelle et lui-même. Son expression s’estompe alors. Le père. David Winchester. Ses sourcils se froncent en comprenant que c’est chez lui que le comédien a trouvé refuge. Son esprit fonctionne rapidement, il essaie de se rappeler depuis quand David est en ville et surtout les dernières choses que Clément lui a dites ; et il n’y en a pas beaucoup en faveur de l’homme qui les a abandonnés lui et sa mère il y a de longues années. Naïvement peut-être, il croyait d’ailleurs qu’il était chez elle, mais il a oublié Billy et, en y réfléchissant, c’est illogique. Du coup, il ouvre la bouche. « T’étais chez ton père… ? » Il est encore incrédule, et un peu perdu. « Va falloir que tu me raconte tout ce qu’y s’est passé parce qu’aux dernières nouvelles c’était un connard. Et c’est toi-même qui le disait. » Il lève les mains en signe d’innocence, car les quelques fois où le sujet est tombé sur le tapis, Clément n’a pas été tendre. « Il habite où du coup ? Et j’peux t’aider j’veux dire, aussi, pour tes affaires », précise-t-il en se rappelant de son genou notamment.
Je ne m'emporte pas, ne répond pas. Je viens de retrouver mon meilleur ami, j'ai jouis d'une magnifique étreinte de sa part, ce n'est pas le moment de gâcher tout ça. De plus, je me sens vidé de ma force depuis qu'il m'a étreint. Même si sur le coup ce contact physique m'a fait énormément de bien, je crois que ses explications ont remit un coup de pression sur mon esprit et un poids sur mes épaules. C'est pour ça que je ne dis rien, autant pour éviter une nouvelle prise de tête inutile que parce que je n'ai pas la force de lui répondre de manière acerbe comme je le fais d'habitude. Alors je change tout simplement de sujet, auquel l'australien répond rapidement. Il me retourne rapidement la question, voulant savoir comment on va, mon genou ou moi. Il enchaîne en m'expliquant que de toute manière tout le monde est un peu prit par les cours et les examens futurs mais qu'il est content que ce soit le théâtre qui m'occupe.
Un léger sourire, sans joie et presque fatigué, passe sur mon visage avant que je ne reprenne une mine neutre. Oui le théâtre m'occupe et heureusement que je l'ai, ce théâtre. Sauf que la pièce que nous sommes entrain de monter ne m'enchante absolument pas et que du coup je n'arrive pas à apprendre correctement mon texte, ce qui m'emmerde et me met une pression de malade étant donné que la date butoir arrive à bien trop grand pas. Mais je décide de ne rien dire, je n'ai pas envie de donner l'impression de me plaindre. Étant donné que le théâtre est ma grande passion, il faut que j'assume absolument tout ce qui concerne cet art. Que ce soit les pièces faciles ou les scènes plus dures, celles qui ne nous conviennent pas forcément. Comme je veux en faire mon métier, je ne peux pas faire la fine bouche. Alors je me tais et j'assume. Tout.
«Ouais, mon genoux ça va » dis-je en passant ma main sur mon articulation « ça tire encore un peu au niveau de la rotule, mais d'après ma kiné c'est normal. Et puis bon, après une luxation, le contraire m'aurait plus étonné en fait» expliquais-je, haussant les épaules avec sourire. «Sinon....y a pas grand chose de neuf chez moi en fait »
Rien de neuf ? Ah non, a part avoir passer mes deux dernières semaines chez mon père, celui que je ne cesse de traiter de tous les noms possible depuis que je connais Ambroise. Il doit avoir une très mauvaise impression de cet homme qui nous a abandonné plusieurs années auparavant alors qu'en vrai il n'est pas si mauvais que ça. Toutefois, lorsque j'avoue le tout à mon meilleur ami, celui-ci ne peut retenir la surprise de s'afficher sur son visage. Et un bon nombre de questions s'en suivent. Des questions logiques et évidentes. C'est avec une moue entendue que j'hoche la tête «Oui, un vrai connard et un salaud, comme je ne cesse de te le dire, pas vrai ? » demandais-je avec un léger sourire avant de soupirer « En vrai, jamais je n'aurais pensé débarquer chez lui. Mais ...suite à ma chute à la danse et mon genou qui a foutu la merde, je ne me voyais pas aller ma mère. A cause de Billy et tout ça, tu sais» je soupire « J'aurais pu revenir ici, mais … c'était tout aussi impossible de te faire face. J'avais beaucoup trop honte de ma réaction et je ...enfin bref.» je déglutis et réfléchis à mes mots «En fait, il a deux mois, Daniel a débarqué ici. Ni toi ni Sybille n'étaient présent, donc ...Voilà. On s'est expliqué, il m'a parlé, m'a dit pourquoi il nous avait abandonné et tout » je me passe une main dans les cheveux puis grimace légèrement «J'avoue que retrouver mon père est quelque chose d'incroyable. J'ai toujours eu énormément de respect pour lui, on est très différent l'un de l'autre, et pourtant on arrivait à se comprendre et...j'ai eu l'impression de réellement retrouver le père qui nous avait quitter. » j'hausse les épaules «ça peut paraître bizarre mais en vrai c'est plus vraiment le connard dont je parlais depuis des années. » avouais-je finalement en souriant doucement. «Du coup ouais, si tu peux m'aider avec les quelques petites affaires que j'ai chez mon père, ce serait vraiment cool »
Clément ne répond pas même s'il doit bien avoir des choses à dire, et il ne sait pas trop si c'est une bonne ou une mauvaise. Au moins, pas de dispute qui s'éternise, repart de plus belle, mais Bonnie a conscience que ça ne sera sans doute que partie remise. Les non-dits ici finiront par ressortir, comme toujours, et ça le blase par avance. Il n'a pas toujours de patience, surtout lorsqu'il s'agit de sa propre personne, et c'est sûrement une des raisons qui fait qu'il adore sa relation fusionnelle avec sa jumelle, où tout est toujours dit, sans détours, au présent. Ça évite les effets boomerangs, car juste parler pourrit régler bien des soucis, et malgré son jeune âge et son inaptitude parfois flagrante en relations humaines, il a vite compris que ça facilitait la vie à tout le monde. Un réflexe donc, qui le pousse aujourd'hui à rappeler à Clément qu'il n'a aucun droit sur lui, qu'il n'a jamais été question d'être couple, et autres détails du même acabit. Et cela dit, même en couple, Bonnie restera indépendant, c'est trop ancré en lui pour changer. Mais il ne voulait pas non plus repartir dans une dispute, juste mettre les points sur les i, sans colère, simplement une explication pour comprendre les erreurs et ne plus les commettre à l'avenir.
Evidemment qu'il pardonne son meilleur ami, cela va de soi, et encore plus évidemment il est ravi de le retrouver et de ne serait-ce que l'imaginer partager de nouveau l'appartement. L'étreinte que l'australien pourtant peu tactile a donné en est bien une preuve de plus. Le sujet revient sur plus de banalités, les exams, le théâtre, le genou qui fait encore des siennes mais rien d'étonnant, pour terminer par un Clem qui avoue à demi-mot avoir dormi chez son père tout son temps. Ambroise bug clairement, observant son ami avec des yeux ronds de surprise, avant qu'une expression méfiante ne déforme ses traits. Sourcils froncés, il pose quelques questions pour être sûr d'avoir bien entendu et compris... Et c'est le cas. Clément a bien passé les dernières semaines chez son père, et ce qu'il apprend ne parvient pas à décider Bonnie sur la marche à suivre. Il est extrêmement perplexe, sachant qu'il n'a jamais connu ce gars autrement que par les descriptions de son fils qui, blessé au plus profond de son être par son abandon, le traitait comme le pire des enfoirés. Mais s'ils se sont réconciliés alors... Il ne sait vraiment pas quoi en penser, alors du coup il se contente de hocher la tête, sans oublier de dire qu'en tout cas il donnera un coup de main pour aider Clément à ramener ses affaires ici.
« Et pourquoi il vous a abandonné du coup ? » demande-t-il sans y réfléchir à deux fois. Nul besoin de revenir sur le fait que la présence de Billy était une très bonne raison d'éviter la maison de sa mère (ça n'aurait réellement fait que compliquer les choses), ni sur le fait que ça n'était pas plus mal qu'il ne revienne pas à l'appartement pour quelques jours le temps qu'il se calme, mais ça s'était transformé en semaines. Soit. Encore un truc qui a fait soupirer Ambroise, c'est qu'il aura fallu deux mois à son meilleur ami pour lui raconter que son père qui les avaient laissé tomber sa mère et lui venait de réapparaître en ville. Comme si ça n'était important. Surtout que tout va bien visiblement, pourquoi ne pas en parler plus tôt. Enfin bon, Clément est ainsi, et ensuite parvient à s'énerver pour une histoire de flirt tenue secrète. Ambroise ne fait même pas remonter le sujet de son silence à l'égard de son père et emmagasine simplement les infos, en tentant de se faire à l'idée que les cartes ont changées même s'il a encore du mal à comprendre pourquoi. « Sinon, ton respect pour lui était sacrément bien caché vu comment tu m'en parlais », fait remarquer Bonnie en arquant un sourcil, un peu amusé tout de même.
« Mais c'est cool du coup si tout s'est bien passé.. c'est vraiment cool... » ajoute-t-il avec un fin sourire. C'est le plus important non ? Il attendra tout de même de rencontrer ce type pour changer réellement d'avis, si Clément n'est pas rancunier, il l'est à sa place dans cette histoire. Son propre père l'ayant, de son point de vue, abandonné aussi, il lui pardonnerait bien plus difficilement. « Et ben on y va tout de suite alors ? Ça sera fait comme ça, avant que je me mette à réviser et à me poser un peu », lance-t-il alors qu'il est question des affaires de Clément. Il a pas mal de pain sur la planche ce soir, et après avoir parcouru l'université pour ses différents cours miraculeusement éloignés, il commence à en avoir plein les pattes. Autant faire ça tout de suite, et puis il est un peu curieux aussi... Là où habite ce gars, ce Daniel... Ambroise se lève d'ailleurs, prêt à amorcer le mouvement immédiatement. Et en voyant cela, Moana se dresse aussi sur ses pattes.
J'ai l'impression que le fait de ne pas répondre aux explications de mon meilleur ami, ne lui plaît pas des masses. Et en vrai, cette conversation à un arrière goût de non fini, comme si quelque chose manquait à tout ça. J'aurais peut-être, au final, dû m'emporter ? Faire sortir le sentiment de trahison qui m'abrite depuis deux semaines ? A moins que j'ai prise la bonne décision ? J'avoue être un peu perdu mais décide de cacher le tout grâce à la maîtrise de mes émotions et passe rapidement à autre chose. Nous échangeons quelques banalités concernant notre groupe d'amis ainsi que nos réunions hebdomadaires -qui sont de plus en plus mensuelles à vrai dire ...- avant que je n'avoue, de manière détournée, avoir passer les deux dernières semaines chez mon père.
Le choc est visible sur le visage d'Ambroise et il a raison de l'être. Jusqu'à présent, lorsqu'il entendait parler de Daniel Winchester, ce n'était que sous les dénominations les plus horribles et les plus ignobles. Jamais, en trois ans, je n'ai dit un seul mot de gentil et agréable concernant mon père. Et pourtant, là je reviens de deux semaines où j'ai été 24h/24 en la présence du canadien ? C'est pour le moins déconcertant. De ce fait, je m'empresse donc d'avouer à Ambroise qu'au final, Daniel n'est pas l'enfoiré de père qui nous abandonné mais qu'en vrai il est bel et bien quelqu'un d'adorable. Un peu maladroit ce qui n'empêche pas le fait qu'il soit le père qu'il a toujours été : attentionné, stricte, pas toujours tout à fait sincère, un peu instable, mais gentil, charismatique, entreprenant, authentique et avenant.
La première interrogation de Bonnie est de savoir où il habite afin qu'il puisse m'aider avec mes affaires. Je lui offre un simple sourire, qui disparaît lorsqu'Ambroise ouvre à nouveau la bouche : pourquoi nous a-t-il abandonné, ce père ingrat ? Je baisse le regard et pince les lèvres, haussant les épaules «Il est resté assez vague en vrai. Je veux dire... après le tsunami l'ambiance à la maison s'est vachement dégradé. Encore plus après la mort de mon frère. C'était vraiment pas une situation agréable et je … en vrai je pourrais presque le comprendre d'être parti, tant l'ambiance devenait pesante. » je joue nerveusement avec mes doigts, les entortillant avant de prendre une profonde inspiration et soupirer «Je veux dire, moi-même je passais plus de temps sur les planches et dans la salle de danse qu'à la maison donc …. » je déglutis et pince légèrement les lèvres «donc il a craqué. Et il est parti. Je ne lui trouve pas d'excuses, mais plus je réfléchis, plus je pense que s'il était resté, la situation se serait empiré et il aurait finit par faire quelque chose que je n'aurais jamais pu lui pardonner » je lève mon regard sur Ambroise et hausse les épaules, soupirant.
Je ne réagis pas au fait que, d'après l'australien, mon respect pour mon père était parfaitement bien caché, n'ayant de toute manière rien à dire là-dessus, mais fini par me redresser lorsqu'il me propose d'y aller tout de suite. «Ouais, c'est une bonne idée » hochais-je la tête, mon regard se posant sur Moana qui, encore une fois, décide pour moi « Par contre il me semble que mon père ne sera pas là. Il avait prévu d'aller rendre visite à un de ses clients» je me relève et me dirige vers la porte, Moana sur mes talons. Toutefois, avant de l'ouvrir, je me retourne à nouveau vers mon meilleur ami « D'ailleurs, ce qui m'a fait relativiser par rapport à mon père c'est Billy mais aussi mon beau père/oncle/je-ne-sais-quoi» déclarais-je amèrement «Le père d'Alex est un vrai connard ... » soufflais-je en baissant mon regard sur Moana.
La dispute est soudain vachement loin lorsque Clément mentionne son père. Biologique. Bonnie ne cache absolument pas sa surprise, pose des questions, et reste globalement perplexe des réponses qu'il obtient. Daniel n'aurait pas tant changé que ça, il serait encore le père d'avant, comme Clem s'en souvient, celui qu'il regarde avec respect et qui le soutient dans ses choix même s'ils ne se comprennent pas toujours. En trois ans, il n'a pas souvenir d'un mot de gentil envers cet homme qui les a lâchement abandonnés, et ce revirement de situation le laisse un peu sans voix. Si bien que sa seule question est la raison de cet abandon, puisque le néo-zélandais vient d'avouer en avoir parlé avec Daniel. Mais celui-ci est resté vague. Et Clément commence à prendre sa défense en parlant, en expliquant que sans doute il a bien fait de partir car l'ambiance à la maison était déplorable, pesante, que suite à la mort de son frère tout est allé en s'empirant... Et qu'une séparation était sans doute la meilleure chose à faire. Ambroise fronce le nez, prêt à arguer que ça n'est pas une raison de faire ça de façon violente, et que l'abandon reste la pire chose au monde ; surtout qu'en trois années, Clément n'avait pas revu son père. Mais il se retient fortement de dire quoique ce soit. Prenant exemple sur Clément qui n'a pas rien dit plus tôt.
A la place, après avoir simplement hoché la tête pour marquer sa compréhension du sujet, il repart sur l'idée qu'ils doivent aller chercher les affaires du brun chez son père, et bien sûr, Ambroise filera un coup de main. D'ailleurs, il remarque sans problème la façon dont son meilleur ami se tient, à toujours privilégier sa jambe valide. Son genou doit le faire souffrir constamment. Il se perd un court instant dans cette contemplation avant de revenir à lui et d'aller récupérer les quelques affaires nécessaires pour être prêt à sortir. Moana est déjà sur les talons de son maître, à la porte d'entrée. Celui-ci informe que son père de ne sera sûrement pas là, ce à quoi Bonnie arque un sourcil.« Comment ça par contre ? Tant mieux plus tôt », lâche-t-il, laissant encore une fois parler sa franchise. Quelque chose lui dit que ça sera en effet bien mieux si Daniel n'est pas présent. Et, s'il poursuit un raisonnement logique, Clément aura sans aucun doute parlé de lui, et de leur dispute, et il n'a pas envie de regard en coin ou autre chose du genre. A la place, il se concentre sur un autre détail. Et ça en deviendrait une habitude. « Et il bosse dans quoi ton père ? » demande-t-il presque nonchalamment alors qu'ils atteignent la porte.
Là, c'est le néo-zélandais qui marque ensuite une pause, pour expliquer qu'il a réussi à beaucoup relativiser. Car par rapport à Billy, et au père de son demi-frère, Daniel peut être considéré comme un ange. Bonnie fronce les sourcils en détaillant un instant son expression, avant d'ouvrir la porte pour sortir. Il reste silencieux encore quelques secondes puis ils commencent à descendre les marches des deux étages pour rejoindre la rue. « Ca non plus tu m'en as pas parlé. » Déclara-t-il sans accusation dans le ton. « Ca s'est passé y'a pas longtemps du coup, j'imagine ? » Il lui lance un regard, attendant donc la suite de cette explication qui s'annonce aussi haute en couleur. « Ah tu m'avais dit qu'Alex t'avais proposer d'aller manger chez eux non ? Genre un pour un BBQ ? C'est ça ? Et il t'a dit quoi ce gars qui confirme mes soupçons qu'on fait face à une génération de vieux con ? » L'art et la manière de ne pas mâcher ses mots.
En débarquant ici, aujourd'hui, je ne pensais pas aborder tous ces sujets. Toutefois, il est inévitable que je parle de mon père et que j'évoque celui d'Alex qui m'a très franchement déçu pour ne pas dire choqué. Mais, alors qu'Ambroise me propose d'aller m'aider maintenant, tout de suite, avec mes affaires restées chez Daniel, je lui indique que celui-ci ne sera sans doute pas présent à la maison. Cet aveux à l'air de fortement soulager mon meilleur ami et je ne peux que le comprendre. Je serais pareil à sa place, absolument pas à l'aise face à son propre père. Pas seulement à cause de ce que Bonnie m'a déjà raconté sur son cas, mais surtout à cause du fait qu'on a déjà fait l'amour ensemble et à plusieurs reprises et, sachant exactement ce que le géniteur d'Ambroise pense des homosexuels, je n'aurais sans doute pas la force de le regarder dans les yeux et faire comme si de n'était. Même si j'ai confiance en mon talent de comédien, lorsque ça concerne Ambroise de prêt ou de loin, j'ai du mal à cacher mes réelles émotions. Sauf aujourd'hui. Et c'est assez contradictoire en vrai. Mais peu importe.
« Je te comprends» dis-je avec un sourire, hochant la tête «T'inquiète, au pire tu restes dehors et ...enfin t'auras pas besoin de lui faire face. Aujourd'hui » je précise le jour car je compte bien faire en sorte que mon meilleur ami et mon père se rencontrent. Dans un avenir plus ou moins proche. Et plutôt moins que plus. «Et puis de toute manière tu fais bien comme tu veux » concluais-je en haussant les épaules, me dirigeant vers la porte, Moana sur mes talons. Mais, au moment de sortir, je me stop subitement et me tourne vers Ambroise. Je l'observe quelques instants puis soupire en avouant que je relativise énormément face à mon père quand je le compare avec Billy ...ou le père d'Alex.
Le ton d'Ambroise n'est pas accusateur, mais je le sens déçu. Et en vrai, je me rend réellement compte à quel point j'ai été injuste avec lui. Ça fait près de deux mois que mon père est revenu et je ne lui ai jamais parlé de lui jusqu'à présent. Je lui ai fait exactement ce qu'il m'a fait avec Andreï. Même si ce n'est pas du même ressort et que je ne couche pas avec mon père, moi, dans le principe c'est la même chose. Et cette idée vient tout juste de m'effleurer l'esprit. Toutefois, Ambroise ne me laisse pas le temps de faire ou dire quoique ce soit car déjà il embraye sur une autre question : est-ce que ça c'est passé il y a peu de temps ? La réponse est très facile et très claire «oui » répondais-je en hochant la tête « C'était hier soir» expliquais-je en suivant Ambroise en bas des escaliers et hoches la tête pour confirmer les propose de l'Australien « C'est ça, exactement» dis-je simplement, avant de me concentrer quelques instants sur les marches, afin que mon genou ne me lâche pas en plein milieu de l'escalier.
Arrivé en bas, je suis Ambroise en dehors du bâtiment puis hausse les épaules en enfonçant mes mains dans les poches de mon jeans «Ben comme je suis pas son fils à lui, il n'a pas comprit ce que je faisais là, m'a traité de 'squatteur', que je n'avais rien à faire dans la famille » je pince les lèvres «Il a même dit qu'il pourrait interdire à Mary de me voir» je pose mon regard sur Moana et prend une profonde inspiration « j'ai essayé de rester calme. J'ai bien dit 'essayer' hein» continuais-je avec un sourire «parce que bon, tu me connais hein … j'ai du mal à rester calme face à l'injustice. Même si ce n'était pas injuste ... » je rigole doucement et me passe une main dans les cheveux «Enfin bref, ça c'est mal fini. Et j'ai comme l'impression que c'est fini, que je ne les verrais plus » je grimace et abaisse ma main « En tout cas j'ai pas envie de revoir Charles pour le moment» dis-je, tapant distraitement dans une pierre avec mon pied « Mais je vais au moins reprendre contact avec Alex dans les prochains jours, j'attends juste que ça se tasse un peu et … bref, on verra bien » concluais-je en enfonçant à nouveau ma main dans ma poche.
Je reste silencieux quelques instants, observant Moana qui slalome, reniflant de droite à gauche avant de relever le regard vers Ambroise « ça te dirais, toi, de rencontrer Alex un jour prochain ? » interrogeais-je mon meilleur ami «Et mon père ? » osais-je, sachant pertinemment que la réponse sera sans doute négative.
Ambroise se réjouit du retour de Clément, bien qu’enterrer le sujet Andreï ne soit sans doute pas une bonne idée. Il aimerait faire comprendre son point de vue à son meilleur ami, au moins ça. Et peut-être comprendre aussi, lui-même, pourquoi une telle dispute et une telle réaction ; les explications d’alors n’étant guère satisfaisantes. Juste la déception de ne pas avoir été mis au courant de ce petit coup de cœur ne justifie que peu une telle violence envers Bonnie. Enfin, ça n’est pas non plus la première fois, bien que plusieurs semaines sans se parler soit une première. Comme souvent, Ambroise est vite passé à autre chose, bien aidé par la nuit avec Andreï certes, mais comme ensuite il était résolu à ne pas faire le premier pas puisqu’il n’était pas en tort... Aujourd’hui, il en fait de même, comprenant que Clément ne désire pas s’étendre sur le sujet. La conversation dérive, jusqu’à ce qu’il apprenne que son meilleur ami était chez son père adoptif, qui les abandonné sa mère et lui il y a plusieurs années et qui est de retour. Peut-être pour le mieux, puisque l’expression du néo-zélandais et les qualificatifs qu’il utilise sont bien plus élogieux.
Bonnie reste sceptique, et il est surtout ravi d’apprendre que Daniel ne sera pas là, alors qu’ils partent tout deux pour récupérer les affaires de Clément, qui ne pourrait le faire seul à cause de son genou. Ils parlent aussi du père d’Alex, le beau-père de Clément donc, qui a été un sacré connard. Si Ambroise en veut un peu à son ami de ne pas l’avoir tenu au courant pour Daniel, depuis deux mois, il ne le montre pas. Mais il n’est clairement pas prêt, et il n’a pas plus l’envie, de rencontrer cet homme dès maintenant. Le père a toujours été, chez les deux amis, une chose étrange, à éviter. Entre Daniel, Billy, et maintenant le père d’Alex, Clément est servi. Au moins Bonnie n’a que son père à supporter, malgré ses vues archaïques sur la morale et autres joyeusetés. Pourtant, Clément insiste subtilement sur le fait qu’il aimerait bien que Daniel et Ambroise se rencontrent, mais le plus jeune ne fait aucune remarque. A part dans sa tête. Il laisse couler, choisissant de suivre le thème de leurs retrouvailles qui consiste à éviter les prises de bec et donc à se taire.
Au final, il repart sur le sujet de la famille biologique, et apprend – avec un certain soulagement – que ce n’était qu’hier la première rencontre. Au moins, le comédien ne lui a pas caché ça. Ils sortent enfin, la discussion prenant le chemin des explications. Son ami lui explique pourquoi cet abruti n’a pas bien réagit. Puis que Clément n’est pas son fils, il n’avait pour lui aucun droit de s’inviter chez eux pour un BBQ familial, même si c’était sur une invitation de son demi-frère. Le néo-zélandais est resté calme face à ses inepties, mais ça n’a pas tenu longtemps. Et oui, c’était profondément injuste, Clément n’y est pour rien dans les circonstances de sa naissance. Même si le pauvre homme a le constant souvenir des évènements à cause du jeune comédien, Mary doit le vivre plus difficilement, et pourtant elle a bien accepté de le voir. Il fronce franchement les sourcils lorsqu’il dit avoir l’impression qu’il ne les reverra plus. Il parle encore un peu de comment tout s’est fini, et qu’il essaiera au moins de contacter Alex.
« C’est sûrement un peu rapide pour une telle décision... Ça m’étonnerait que Mary ne veuille plus te revoir pour obéir à l‘autre con, si c’est ta mère biologique elle doit avoir un peu plus de cran que ça, sinon faut faire un test ADN parce que là j’suis sceptique », lâcha-t-il très franchement. Il a bien le droit de ne pas revoir l’homme sinon, après tout ça n‘est pas son père, simplement celui de son demi-frère. « Et c’est aussi un peu rapide pour baisser les bras Clément. » Finalement le silence s’installe un peu, Ambroise commence à se perdre dans ses pensées, jusqu’à ce que son ami lui propose de rencontrer son demi-frère, un jour, bientôt. Un sourire s’amorce, jusqu’à ce qu’il soit question de Daniel. « Non. Pas tout de suite en tout cas. On verra s’il disparaît pas dans les prochains mois et ensuite on en reparle. » Franc, toujours. Bonnie n’a pas envie de s’embêter avec un homme qui a si profondément blessé son meilleur ami. « Alex en revanche pourquoi pas. » Une note positive. Il est vrai qu’Ambroise est curieux à son propos, au fur et à mesure d’en entendre parler. Mais il glisse tout de même une remarque quant au fait que Clément pense que “tout est fini”, suivit d’un sourire en coin sarcastique. Finalement, ils ne croisent pas Daniel, comme prévu, en allant récupérer les affaires du néo-zélandais. Et dans leur discussion, au retour comme à l’allé, on aurait pu penser que rien n’avait séparer ces deux jeunes gens pendant quelques semaines. Ils se remettent vite, une fois ensemble c’est comme s’ils ne s’étaient jamais quittés.