| I'm just a product of the system || Andreï |
| | (#)Lun 16 Avr 2018 - 5:50 | |
| Ce qui devait arriver, arriva. A force d'avoir l'esprit trop occupé et ne pas pouvoir se concentrer comme il se doit, ses enchaînements devenant brouillons, un faux mouvement fût fatal au genou du jeune homme. Une violente douleur et l'impossibilité de poser le pied au sol ont fait qu'il a atterri aux urgences. Et au final le diagnostique est bien moins grave qu'il ne l'imaginait. Une simple luxation de la rotule et une entorse du ligament croisé antérieur. Rien qui ne nécessite un autre traitement que quelques séances de kiné et deux semaines d'immobilisation. Rien de grave en somme mais tout de même très douloureux et surtout aux conséquences assez désastreuses, car qui dit entorse dit pas d'activités physique. Et qui dit pas d'activités physique, dit pas de danse. Problème : la saison des concours va reprendre et ils ont une représentation en équipe à faire. A l'hôpital, Clément a tourné de l'oeil lorsque le médecin lui a remit l'articulation en place et ne s'est réveillé que quelques minutes plus tard lorsque la douleur s'est amoindrit grâce aux anti douleurs. C'est d'ailleurs à cause de cette perte de connaissance qu'il a été décidé que Clément restera la nuit à l'hôpital.
Le lendemain, Sara a insisté pour qu'il vienne passer quelques jours chez lui. Mais Clément a tout bonnement refusé. Toutefois il ne se voyait pas rentrer chez lui et être confronter à Ambroise qui est une des raisons pour laquelle il est privé de danse pour les prochaines semaines. Il a donc appelé son père et c'est chez Daniel qu'il se trouve actuellement. Ce n'est pas non plus la situation ae plus idéale, mais c'est mieux que rien. Tout ça c'est déroulé la semaine dernière. Aujourd'hui, huit jours après l'accident, son genoux a finalement dégonflé et est de moins en moins sensible. Il a donc décidé qu'il était grand temps pour lui de reprendre au moins le théâtre et ce sans mauvaise conscience. Cette semaine, le jeune néo zélandais a prit pas mal d'avance sur ses cours et a même eu le temps d'apprendre la suite de la pièce, si bien qu'il n'a pas plus aucune excuse pour ne pas aller à la répétition de ce jour.
Arrivé devant le théâtre, il a tout de fois un mouvement de recule et s'immobilise. Aujourd'hui, vendredi et à cette heure-ci, Andreï travail. Clément est sûr à cent pour cent qu'il va au moins croiser la route du scénographe et ça le fait hésiter si oui ou non il doit aller à cette répétition. Depuis cette soirée où cet homme a finit dans le lit d'Ambroise, Clément a tout fait pour l'éviter. Donc sa semaine d'absence est tombée plus ou moins à point nommé. Mais aujourd'hui est le jour où il va devoir se confronter à nouveau à Andreï. Il ne peut, tout simplement, pas le fuir encore longtemps. Alors, soupirant, prenant son courage à deux mains, il réajuste son sac à dos sur son épaule et pousse la porte d'entrée. Il salue les gens présent dans le hall puis entre dans la salle de théâtre.
Sur la scène, Clément voit la silhouette de Charles en grande discussion avec quelques uns des comédiens et Andreï. Malgré tout, un sourire s'affiche sur le visage du jeune homme lorsqu'il s'avance vers eux. « Clément !» s'exclame Charles en le voyant. Il saute de la scène et, avec un rire joyeux, s'avance vers le comédien qu'il salue en bonne et due forme en une accolade. Clément ferme un instant les yeux, son sourire se faisant plus détendu alors qu'il tapote le dos du metteur en scène «ça fait plaisir de t'avoir à nouveau parmi nous» reprend-t-il en le poussant vers la scène. « Tu connais ton texte ? Ça va ?» demande-t-il en posant son regard sur Clément «Ou ..oui bien sûr. Évidemment ! » assure le jeune néo zélandais « Parfait, tu vas nous montrer du coup ce que c'est que de gérer un vrai monologue» indique l'australien.
Clément a tout juste le temps de poser son sac à dos avant de monter sur la scène -avec quelques difficultés à vrai dire, son genou n'ayant toujours pas retrouver la souplesse d'avant- et se place au centre alors que les autres vont s'asseoir sur les sièges, le laissant tout seul en haut. « Quand tu veux» annonce Charles en s'installant à côté d'Andreï. Clément croise rapidement le regard de ce dernier puis baisse le regard sur le sol et ferme quelques instants les yeux pour se concentrer et se remémorer le texte qu'il doit réciter.
Et au moment même où le premier mot sort de sa bouche, il ressent ce sentiment qu'il pensait perdu depuis quelque temps. Ce plaisir incroyable, ce bonheur et surtout cette paix intérieure comme lorsqu'on est chez sois. Retrouver cette allégresse, c'est comme retrouver un vieil ami qu'on pensait avoir perdu pour toujours mais qui, en vrai, ne nous a jamais quitté. Il en oublie tout. Son genou qui se plaint du fait qu'il doive supporter trop longtemps le poids de Clément, le froid qui s'est installé dans la colocation avec les Macleod et qu'il a décidé de fuir en allant chez son père, Andreï dont le regard est rivé sur lui. Mais il n'en n'oublie pas son texte, scotchant Charles sur place. A vrai dire, personne ne réagit dans les secondes qui suivent la fin de son monologue et, au lieu de se dire que c'était bon et qu'il a bien géré, c'est un voile de doute qui s'abat sur son visage alors qu'il est là, debout et silencieux, attendant une quelconque réaction d'un de ceux présent. |
| | | | (#)Jeu 3 Mai 2018 - 2:31 | |
| -Ty menya dostal Vassili -Haha, j’ai beau faire chier, le deal c’est le deal Andreï : le premier à finir le carton plume est celui qui doit le racheter ! -profiteur-va, j’aurai du te laisser le finir au vu du fait que tu avais déjà tout utilisé -Profiteur ? je dirais plutôt stratège ! -C’est ça. En attendant le stratège il va me rendre le cutter emprunté et s’en trouver un. J’ai fini de me faire entuber. -Mais t’as pas besoin de ton cutter pour aller au théâtre ! Tu taffes pas avec la Northlight aujourd’hui Andrioucha ? -Si. Mais tu fais chier, je fais chier. Nouveau deal. -Ty menya dostal -C’est bien ce que je disais, faut croire que c’est de famille. Et mon cutter contre le carton plume c’est pas cher payé. Allez, à ce soir Vassik !
La porte qui se referme derrière moi, c’est un franc sourire qui vient se dessiner sur mes lèvres. Ce même sourire qui reparaît de façon régulière depuis maintenant 3 semaines, date d’emménagement de mon frère dans mon appartement. Là où je me faisais un voisin bien silencieux, le silence de ma pièce à vivre simplement troublé de temps à autres par des playlists musicales que je prends plaisir à réécouter, ce sont à présent des conversations animées qui viennent interrompre la tranquillité de l’appartement. Sous des airs de faux conflit, tout est prétexte pour se taquiner. Bien trop heureux de s’être retrouvé pour se laisser aller dans de véritables disputes qui ont toujours été chose rare entre nous, la querelle apparente comme vecteur de l’affection que nous avons l’un pour l’autre. Nos chamailleries par téléphone et notre volonté d’avoir le dernier mot à présent expérimentés quotidiennement. Au final, j’en viens souvent à me marrer intérieurement dans la rue le matin en partant en direction du boulot, levant les yeux au ciel en repensant à toutes les conneries que nous pouvons nous sortir et nos accords à la con. Et ce matin ne fait pas exception. Preuve en est de la mission qui m’a été assignée pour la journée bien contre ma volonté : celle de racheter le matériel nécessaire pour la réalisation de nos maquettes à Vassili et moi. Car il faut dire qu’entre un étudiant en architecture et un scénographe, le carton plume part vite. Très vite. Et en matière de règles de vie stupides pour mener à bien la colocation, notre politique de rachat de fournitures ne s’est pas révélée non plus de la plus grande logique. Bien que Vassili ai totalement liquidé notre stock, il a suffit que je m’empare d’une dernière planche pour me retrouver à devoir tout renflouer. Un détour en boutique qui s’impose après mon travail au théâtre où ma présence est requise. C’est de bonne guerre. Mon humeur joviale et détendue comme traduction de cette pensée alors que j’en viens à traverser les couloirs du théâtre pour parvenir jusqu’à la salle où se tiendront les répétitions aujourd’hui.
Ponctuel comme à mon habitude, seul Charles est déjà sur place. Son cahier dans les mains au premier rang, se faisant sûrement un récapitulatif des notes prises la veille avant de m’en faire part. Il est toujours coutume de discuter ensemble de quelques points avant l’arrivée des comédiens sur le plateau. Un moyen de me mettre à la page des éventuelles modifications qui ont été réalisées les jours précédents si je n’étais pas présent aux répétitions et pour moi de lui exposer l’avancée de mon travail. Ce de la façon la plus efficace possible. C’est alors par une apostrophe que je ne manque pas de signaler ma présence à notre metteur en scène, le saluant par la même occasion et à laquelle il ne manque pas de répondre. Un sourire, un signe de tête et c’est notre réunion matinale qui commence. Précision, concision. Le très peu d’informations échangées suffit à nous mettre sur la même page alors que la moitié de la troupe prend déjà ses quartiers sur la scène pour un court échauffement avant le début des répétitions. Le temps pour moi d’apporter quelques modifications à mes propres notes, prenant en compte tout ce qui m’a été dit précédemment par notre metteur en scène. La hauteur des panneaux devrait être réduite d’1 mètre pour permettre aux projecteurs d’avant scène de filtrer à travers, mais surtout accentuer les jeux de transparence avec les différents voilages. Rien de bien compliqué néanmoins important. En plus de ces informations d’ordre technique, ce sont quelques nouvelles de chacun des comédiens qui me sont apportées. Plus particulièrement de Clément que Charles n’a pas manqué de m’évoquer en premier. Il faut dire que depuis sa blessure, sa rémission l’a empêché de pouvoir assister aux répétitions et de continuer le travail sur ses scènes. Plus particulièrement sur le monologue qui lui a été attribué. Et, à son évocation, je ne peux m’empêcher de penser que cela fait bien longtemps que je n’ai moi-même pas vu Clément. Depuis son emportement au pub, à la suite de l’enterrement de vie de garçon de Myrddin et plus particulièrement de mes retrouvailles inattendues avec Bonnie… Une pensée bien vite reléguée au second plan : le travail dans un premier temps, la vie privée ensuite. Et pour l’heure, la consigne de Charles est claire : sans Clément, il est inutile de se focaliser sur certaines scènes. Les comédiens profiteront alors de ma présence pour travailler les déplacements avec la contrainte du décor dans lequel ils doivent évoluer. “Bon, c’est pas mal ! Mais vous manquez en permanence de précision dans vos gestes et votre addresse. Ca n’est pas parce que le public vous verra au travers de voiles pour cette scène qu’il faut jouer flou, au contraire. Je sais que vous savez qu’il faut toujours en faire plus, mais alors montrez-le moi… Des remarques ? Andreï ?” Un hochement de tête négatif de ma part. Je ne vois pas ce que je pourrais ajouter de plus aux critiques constructives de Charles qui a déjà fait part de l’essentiel. D’une exigence pointilleuse, il sait reconnaître les qualités de ses comédiens tout en cernant les endroits où le jeu pêche. Et après avoir traduit sa demande en matière de scénographie, il a très bien pris en compte la contrainte du voile pour l’exposer au reste de la troupe. J’aborderai l’épaisseur des voilages avec les comédiens plus tard, quand ils auront le décor sous les yeux. Pour l’heure je n’ai rien à ajouter sur les déplacements. Le topo de la dernière fois leur a pleinement suffit. “Fort bien. Dans ce cas je vous laisse le temps de quelques italiennes pour reprendre et… Clément !” Une exclamation de la part de Charles qui nous fait nous retourner. Effectivement, c’est bien Clément qui est en train de s’avancer en direction de la scène. Un retour qui ne manque pas de renforcer l’entrain de notre metteur en scène sautant sur l’occasion pour le remettre dans le bain. Sans précipitation, il n’y a pourtant jamais de temps à perdre. Une prise rapide de l’état de Clément avant de le lancer dans son monologue. Car pour Charles, un retour en bonne et due forme est synonyme de travail et lui faire passer sur son texte est un bon moyen pour se réimprégner de l’ambiance du théâtre.
Chacun prenant une place dans les sièges de la salle, c’est bien vite que Charles vient s’installer à mes côtés pour incliner Clément à se lancer. Mon regard déjà posé sur le jeune comédien en milieu de scène, c’est son retour qui fait émerger de brefs souvenirs de notre dernière soirée passée ensemble dans mon esprit : son expression de colère alors que Bonnie et moi nous étions interposés dans son accrochage au pub pour finalement se retourner contre nous. Et nous, ne plus s’en inquiéter pour le reste de la nuit. Il est pourtant bien plus agréable de le revoir ainsi sur les planches, près à nous délivrer son texte, une expression de concentration ancrée sur son visage. “Et bien, je vais demander à t’envoyer en quarantaine un peu plus souvent : ça faisait longtemps que je ne t’avais pas senti si détendu dans ton phrasé ! C’est un bon retour parmi nous !” C’est la voix enjouée de Charles qui retentit dans la salle alors qu’un court silence avait suivi la prestation de Clément. Se levant de son siège pour se diriger vers la scène comme pour témoigner de son enthousiasme. “Je suis satisfait de voir que tu as pu travailler ton monologue malgré la blessure.” Et effectivement, ce que Clément vient de nous donner de voir n’a plus rien à voir avec la dernière répétition dans laquelle je l’ai vu jouer. Hochant doucement la tête depuis mon siège comme pour moi-même en signe d’approbation, je ne peux que comprendre la gaieté de Charles. Discret dans mon rôle de scénographe, si ça n’est pas à moi de faire des remarques sur le jeu de Clément mon fort intérieur ne manque pas d’être de la même façon satisfait. Et du retour de notre comédien, et de son implication. Un retour qui signifie également un changement dans l’organisation des répétitions de la matinée, et en effet, Charles à bien vite fait de nous faire part de son programme. Monté sur scène, s’adressant à l’ensemble de l’équipe.
“Ducoup, nous voilà au complet pour certaines scènes principales qu’il serait bon de voir avant la pause déjeuner avec Clément. Cependant, je n’ai pas envie de reléguer au second plan les scènes qui étaient initialement prévue avec son absence. Donc, je veux voir tout de suite sur le plateau les personnages de l’acte 1 scène 3 et 4 pendant que Andreï tu te chargeras de faire part des modifications de déplacements qui ont été vu aujourd’hui avec Clément et du jeu demandé par rapport au décor. Ok pour tout le monde ?” Un oui général, il n’y a pas souvent à discuter avec les décisions de Charles. C’est mon regard qui revient sur Clément alors que je me lève de mon siège pour le rejoindre sans empressement. Car si je reste plutôt serein, calme à l’idée de cette association de dernière minute, je ne sais toujours pas ce qu’il en est de lui. Ne lui tenant en aucun cas rigueur de notre dernière altercation, simplement heureux de le revoir après son absence prolongée, il n’est pas certain qu’il en soit de même pour mon ami comédien.
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| | | | (#)Dim 6 Mai 2018 - 4:46 | |
| Alors que Clément entre dans la salle de théâtre, il remarque très rapidement tous les regards qui sont tournés vers lui. Mais le regard qui l'intrigue le plus est bel et bien celui d'Andreï. Bizarrement, il a beau être installé là, dans l'ombre, c'est son regard qui est le plus perçant. Le bleu de ses iris est bien plus visible que l'émeraude de celles de Charles ou que le regard des autres. Où peut-être pense-t-il ça car Andreï est la dernière personne qu'il souhaite voir ? Ou est-ce la seule personne qu'il a envie de voir ? Il ne saura réellement le dire et laisse un sourire s'inviter sur son visage alors que Charles s'exclame en se levant et se dirigeant vers lui. Propre à ses habitudes, il ne lui laisse pas le temps de débarquer, que déjà il l'oblige à monter sur scène. Heureusement, Clément connaît son monologue sur le bout des doigts. Et même s'il ressent une brusque monté de stress, c'est surtout un incroyable bonheur qui se propage en lui avec force et vigueur alors qu'il se retrouve sous la lumière des projecteurs.
Il ne récite pas seulement son texte, il le joue. Avec passion, avec allégresse. Il le vit, il ressent le texte en son fort intérieur. Aux paroles, il joint les déplacements, les gestes. Et surtout les intonations, les plaçant aux endroits stratégiques. Il incarne le personnage qu'il est, il le sent en lui, le chérissant et l'adoptant tel un animal blessé. Le genre d'animal qui lui en sera éternellement reconnaissant et qui lui montrera toute son affection. Il accueil son personnage avec chaleur tel il saluerait un vieil ami avant de le laisser doucement s'évaporer et ce sans aucun regret car il est certain d'une chose : il retrouvera très rapidement cet ami.
Après une dernière expiration, le regard de Clément s'ajuste à nouveau sur le metteur en scène qui met quelques secondes avant de réagir. Des secondes qui semblent durer des heures aux yeux du jeune comédien, si bien qu'il a le temps de commencer à douter de sa performance. Mais au final, c'est tout le contraire qui se produit et les paroles de Charles illuminent très rapidement et assez facilement le visage de Clément. Croisant les bras derrière le dos, il affiche une mine fière sous les compliments et l'enthousiasme de Charles et laisse même échapper un petit rire quand Charles menace de le mettre un quarantaine mais qu'il est content qu'il ait pu bosser son texte malgré sa blessure au genou «En vrai j'avais rien d'autre à faire si tu veux savoir » dit-il en haussant les épaules «La danse étant compromise pour moi pour le prochain mois encore j'ai eu beaucoup de temps. En plus des cours » ajoute-t-il «Je suis chez mon père depuis deux semaines, j'ai personne qui risquais de me perturbé, donc...voilà» finit-il son explication.
Charles lui sourit et hoche la tête avec fierté avant de se lancer dans d'autres explications concernant la suite des répétitions. Etant donné qu'il en a raté pas mal, Charles ordonne à Andreï de travailler avec Clément le jeu qui a changé par rapport au décor. Le regard du jeune Néo zélandais croise celui du slave qui est déjà levé. Aussi obéissant qu'un chien bien dressé, voilà la pensé qui ne peut s'empêcher de traverser l'esprit de Clément. Toutefois, c'est un sourire de circonstance et poli qu'il accueil la présence d'Andreï à ses côtés. « Très bien Charles» dit-il en hochant la tête avant de se détourner.
C'est, en boitant encore un peu, que Clément se dirige vers l'arrière de la scène puis passe dans les loges. Il entre et laisse Andreï le rejoindre, tout en se disant que c'est exactement l'endroit où ils se sont vu la dernière fois que Clément a pété les plombs. Heureusement que le russe était là à ce moment, sinon le jeune comédien aurait sans doute abandonné le théâtre. «Tu m'excuseras » marmonne-t-il en attrapant une chaise. Il la tourne puis s'installe de façon à être face à Andreï. Allongeant sa jambe, il se passe une main sur le genou afin de calmer un peu la douleur «Je t'écoute » dit-il finalement, simplement, presque froidement. Et ça peut concerner autant ce que Charles leur à dit de faire, comme ça peut concerner leur dernière soirée dans le bar. Et surtout la nuit qu'il a passé avec Ambroise. SON Ambroise. |
| | | | (#)Lun 4 Juin 2018 - 14:13 | |
| Finalement, c’est au complet que se déroulera cette journée de répétition pour les comédiens, l’arrivée imprévue de Clément source de réjouissement sur les visages de chacun et plus particulièrement de Charles. Car il faut dire que s’il ne s’inquiétait pas du bon déroulement des répétitions, le retour prochain de Clément restait une question en suspens qui demandait une organisation nouvelle du point de vue du planning à tenir. Un questionnement laissé au passé au vue de sa scène de monologue plus que bien exécutée et qui ne laisse pas Charles de marbre. Son enthousiasme de metteur en scène qui parle pour lui, nous autres bien plus spectateurs de la scène qu’autre chose. Pourtant, c’est bien vite que je suis arraché à mon rôle de contemplateur, gagé par Charles de voir avec Clément les détails qui pourraient lui être essentiel au sujet de la pièce. Une tâche qui n’est pas pour me déranger mais dont je devine déjà le malaise qu’une telle situation pourrait engager. Car il faut dire que la façon dont nous nous sommes quittés la dernière fois n’était pas des plus cordiales. Son animosité envers moi au Mctavish assez vive pour me demander s’il en est toujours de même malgré 3 semaines écoulées. Ayant pour seules informations nouvelles à son propos celles qu’il vient d’énoncer à Charles : sa blessure lui a laissé le temps de se concentrer sur l’apprentissage du monologue et la révision de ses scènes et il s’est récemment installé chez son père. Pourtant, c’est un sourire poli que celui-ci m’adresse alors que je viens à sa rencontre. Une expression d’une neutralité dont tous dirait habituelle sur mon visage alors que je lui emboîte le pas, lui, boitillant légèrement jusqu’en direction des loges tandis que la voix de Charles se fait plus faible au lointain.
Des rares fois pour lesquelles il m’arrive de me retrouver dans les loges, c’est la deuxième où j’en reviens à être avec Clément. Une situation d’entretien sans rapport quelconque avec la première où je l’avais trouvé plutôt par hasard à la suite d’une répétition. Une conversation qui avait au final inconsciemment bien fini par nous rapprocher tous deux par le caractère privé de celle-ci. M’écoutant avec intérêt, moi le questionnant. Une situation en toute cordialité en contraste avec nos dispositions actuelles, car je ne crois pas me tromper en disant que sa phrase à mon égard n’est pas aussi chaleureuse que notre première conversation dans ces loges. Son “je t'écoute” froid m’envoyant plutôt la volonté de me taire que de lui exposer les directives de Charles. J’aurai au moins la réponse à mon questionnement précédent : l’animosité envers moi ne s’est pas totalement dissipée, je peux en être sûr. Tant pis. Il faudra faire avec. J’ai passé l’âge de m'appesantir sur de tels détails et ça n’est pas un problème pour moi de composer avec. Un simple signe de tête positif alors qu’il s’était saisi d’une chaise pour y laisser reposer sa jambe, c’est à mon tour de me saisir d’une de façon à m’installer en face de lui sans empressement aucun. L’esprit simplement pratique et méthodique. La chaise dans une main, mon carnet de notes dans l’autre. Ne l’ouvrant qu’une fois assis face au jeune comédien pour l’affaire de quelques secondes. Il faut dire que beaucoup de choses ont été dites ces dernières semaines et que c’est d’ordre dont j’ai besoin pour me lancer dans des explications claires et précises. Déjà commencer par les indications de la journée, on verra pour le reste.
“Bon, je vais commencer par un récapitulatif de ce qui a été dit ce matin. J’essaierai de redéchiffrer le bordel de mes notes sur les autres jours si tu as des interrogations...” Cahier ouvert, les pages pliées sur mes genoux, c’est droit dans les yeux que j’en viens à formuler mes explications à Clément. Consciencieux dans ma tâche de retranscripteur des indications de Charles. “Pour te faire dans les grandes lignes, Charles a beaucoup travaillé avec les autres comédiens les placements et les intentions en fonction du décor qui sera installé la semaine prochaine. Comme tu le sais dans les scènes d’ouverture de ton monologue les personnages sont censés être visible du public mais invisible les uns des autres et un système de voile avait été évoqué.” Une courte pause, rythmant naturellement des explications simples mais concises. “Ces voiles ne doivent pas vous empêcher de jouer et les intentions de jeu d’être perçues du public. D’où l’insistance de Charles de donner assez d’ampleur à votre jeu et d’intégrer les déplacements précis qui vous sont propre. Des déplacements qu’il verra sûrement avec toi aujourd’hui...” Baissant les yeux vers mon carnet de notes, soucieux de ne pas omettre une information qui sortirait du lot. “... Mmm, et c’est finalement la première proposition de jeu qui a été retenue dans la scène 1 pour ton dialogue : vous ne vous asseyez pas autour de la table mais restez debout chacun d’un côté pour vous lancer les répliques. Et il me semble que c’est le plus important pour toi, le reste concerne les autres comédiens.” Reposant le regard vers Clément de cette même neutralité apparente. A vrai dire, je ne vois pas quoi dire de plus et n’éprouve pas le besoin d’en dire plus. Egal à ma volonté d’aller à l’essentiel sans en rajouter de trop. Ajoutant à mon naturel peu bavard le professionnalisme de vigueur à mon lieu de travail. Une dernière parole de bon sens peut-être, laissant transparaître ma sympathie envers mon ami comédien malgré sa froideur apparente. Car si j’ai toujours le sentiment qu’il m’en veut pour X raison, pour ma part, la dispute du Mctavish est déjà bien loin et je ne vois pas pour quelles raisons je lui en tiendrait rigueur. “Bon, je pense tout de même qu’avec ton genoux Charles te fera jouer cette scène assis à la table...D’ailleurs, tu es proche du rétablissement ? Ca va aller pour la danse ? ” Apparente banalité traduisant cependant mon réel soucis pour sa personne. Ne sachant que trop bien à quel point cette discipline compte à ses yeux. Un autre moyen de m’enquérir peut-être du déroulement de ces trois semaines sans le croiser une seule fois dans les couloirs. Trouvant peu avisé de m’en informer de but en blanc.
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| | | | (#)Jeu 7 Juin 2018 - 0:42 | |
| Se retrouver dans le vestiaire avec Andreï semble devenir une habitude. Une habitude qui a quelque chose de fortement dérangeant, tant il n'a pas envie d'être au près du scénographe en ce moment même. Toutefois, il faut qu'il mette de côté son animosité afin de pouvoir se concentrer sur le côté professionnel de cette situation. C'est plus à facile à dire qu'à faire, Clément s'en rend réellement compte alors qu'il est là en face de cet homme qui lui a volé Ambroise, mais il faut qu'il le fasse. Il faut qu'il arrive à se défaire de ses ressentiments envers Andreï et à se concentrer sur ce qu'il a à dire. Fort heureusement, le russe prend sa question à la lettre et lui répond de façon parfaitement professionnelle.
Gardant le regard baissé, Clément l'écoute toutefois avec attention. Il parle d'un système de voile qui doit être mis en place mais qui, toutefois, ne doit en aucun cas mettre à mal leur jeu et leurs intentions sur scène. Il est ensuite question de la table à laquelle seul Clément sera assit et ce seulement à cause de sa blessure. A ces mots, le jeune néo zélandais relève enfin les yeux sur Andreï, la surprise se lisant forcément sur son visage. « sérieux … ?» une question simple et non dénuée de sens. Soupirant lourdement, serrant les dents il secoue la tête en détournant les yeux à nouveau «J'ai pas envie d'avoir un putain de traitement de faveur et ça Charles le sait» se redressant, repliant son genoux il ferme les poings sur ses cuisses «Et puis sérieusement, à quoi l'image de scène va-t-elle ressembler si je suis le seul assis, hein ? » il secoue la tête «Non, on va pas changer quoique ce soit juste parce que j'ai fait le con à la danse, j'ai pas envie qu'à cause de moi la pièce perde de son charme et sa saveur » reprend-t-il en haussant les épaules.
«Et ouais ça va. C'était juste une simple luxation de la rotule et une petite entorse du ligament croisé antérieur. Rien de bien grave. J'en ai encore pour un mois à peu près avant de pouvoir reprendre la danse, mais ça va, je m'en sors bien, pas de problème» assure-t-il alors qu'en vrai il n'est absolument pas sûr de reprendre la danse avant la prochaine saison. Voire la sur prochaine. Mais là n'est pas la question.
En parlant de question... « Vous vous êtes revu ?» demande-t-il finalement en posant à nouveau son regard sur Andreï. « Ambroise et toi. Vous vous êtes revu depuis que vous avez couché ensemble ?» bien sûr le scénographe n'aurait pas eu besoin de ces précisions, mais Clément a quand même eu cette soudaine envie de prononcer le prénom de son meilleur ami. Et ça fait toujours aussi mal, sinon plus. |
| | | | (#)Mar 3 Juil 2018 - 21:44 | |
| Le regard toujours baissé au sol, je sais pourtant que Clément aura enregistré avec attention mes explications. Je le connais assez bien pour lui reconnaître cette oreille attentive. Mais il faut dire que pour l’heure il n’a pas vraiment le choix de faire autrement : après deux semaines d’absence, je suis avec Charles bien le mieux placé pour lui faire ce compte-rendu. Ca n’est d’ailleurs qu’à l’évocation de ce dernier que Clément pose un regard sur moi, surpris par ma réflexion. Une surprise qui laisse place à un certains mécontentement au sujet d’un “putain de traitement de faveur”. Et si mes sourcils froncés laissaient paraître une certaine incompréhension face à la réflexion d’un Clément sortant de son mutisme, c’est bien vite que je comprends le malentendu que mes propos avaient pu laisser planer. En d’autres circonstances, j’aurais bien pu rire du quiproquo car comme le dit Clément, il n’est pas question de modifier le sens donné par la mise en scène de la pièce et je serais bien le dernier à envisager cette possibilité. Mais il n’y a pas de doute que me mettre à rire au nez de Clément serait bien malvenu de ma part : n’en déplaise à ma spontanéité je préfère me référer à mon bon sens. Attendant que Clément finisse de s’exprimer pour rectifier le tir et clarifier mes dire, couper la parole n’étant pas de mon usage. “Non, tu m’as mal compris. Il n’est pas question de modifier la mise en scène pour le jour de la représentation. Seulement je pense que pour les premières répétitions Charles na va pas te demander de rester debout si besoin est de faire et refaire cette scène.” Ma faute. J’aurais sûrement dû préciser ce détail avant de le questionner sur son état de santé, ça nous aurait évité des contrariétés. Et surtout prêter à Charles et moi des décisions qui ne nous ressemblent pas.“Ca n’est pas du genre de Charles ou de moi-même non plus d’entreprendre ce genre de compromis. Tu l’as dit : le sens véhiculé ne serait pas le même si les comédiens se situent à des niveaux différents et nous en sommes plus que conscient. ” L’essence même de mon métier de scénographe il faut dire. Et pour ma part j’en ai fini avec mes explications. Refermant mon carnet de notes avec fermeté, une intonation volontairement conclusive. “Mais si tu te sens au mieux de ta forme, alors je ne vois pas pourquoi il y aurait besoin de te faire asseoir, même pour les premières répétitions. Mais c’est à toi de voir avec Charles, ça n’est pas mon rôle.”
Si de mon côté la méprise est réparée, il me semble que la réponse est bien moins évidente pour l’état de la jambe de Clément. Mes connaissances médicales bien médiocres, il ne m’a pourtant jamais semblé que luxation de la rotule et entorse du ligament croisé soient des blessures qui s’accordent avec les qualificatifs “simple” et “petite”. Mais soit. Je suis très bien contenté de ces explications tant que Clément tient le coup. Il serait dommage que sa fierté ne lui fasse prendre des risques inutiles. Hochant la tête, ayant bien pris en compte sa réponse, il me semble que je n’ai rien à ajouter à l’entretien. Presque prêt à partir pour incliner Clément à quitter les loges, c’est ce dernier qui me retient d’esquisser le geste de me lever. Une première question attendue portée à ses lèvres. Le regard de Clément remontant vers le mien. Si je savais qu’il ne manquerait pas de trouver un temps pour aborder le sujet, inévitable quand on sait que la dernière fois que nous nous sommes vus remonte à la dispute au Mactavish, c’est peut-être dans un autre contexte que notre lieu de travail que j’aurais pensé le moment plus adéquat. Et bien que je n’ai aucune justification à apporter sur le pourquoi du comment avec Bonnie, je comprends tout de même sa curiosité. Toutefois étonné que ce soit à moi que cette question soit posée et non pas à son ami. Enfin, si je suis enclin à répondre à cette interrogation ça n’est certainement pas avec l’intention de rendre des comptes. Je ne crois d’ailleurs pas que ce soit non plus la volonté de Clément malgré un dernier apport de précisions bien inutile qui pourrait laisser penser le contraire. D’abord d’avis d’apaiser les tensions et de mettre au clair certains points, on verra ensuite ce qu’il veut me laisser entendre pour sa part. Et à question simple, réponse simple : “Non, nous ne nous sommes pas revus.” Pas de nouvelles depuis d’ailleurs. Et si Bonnie a été différent de bien des autres, l’instant plus intense, le terme bien plus doux, je ne crois pas que la conclusion différera du reste. Malgré la possibilité donnée de nous recontacter, cette nuit a mis fin à un jeu plaisant que le temps ne parvenait pas à essouffler. Peut-être à regret. Et d’un aspect toujours sobre pour ma part, je ne saurai dire quelle expression se pare sur le visage de Clément à ma réponse. Me faisant simplement émettre quelques raisonnements intérieurs. La possibilité que les deux ne se sont pas revus depuis non plus. Ou dans le cas contraire, l’improbable pensée que la possibilité m’est donnée d’avoir des nouvelles de Bonnie par le biais de mon actuel interlocuteur. M’étonnant moi-même de me laisser aller à ce type de divagation, préférant m’attacher au concret de notre entretien.“Écoutes Clément, j’ai bien compris que tu accordais une importance particulière à Ambroise et que le déroulé des évènements a eu de quoi te déplaire. Et si sur ce point je n’estime pas te devoir une quelconque explication, j’aimerai tout de même que tu vides ton sac sur le sujet pour être au clair.” Car mine de rien, ce froid instauré entre nous deux n’a rien de plaisant pour ma part non plus. “Ou du moins pour réinstaurer une ambiance de travail plus cordiale.” Car si je ne lui demande pas de mettre de côté son animosité envers moi, nous restons néanmoins collègues de travail et il n’y a pas de raisons que l’esprit de la troupe en patisse.
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| | | | (#)Dim 8 Juil 2018 - 22:32 | |
| Effectivement, les paroles d'Andreï ne sont pas forcément celles qu'on puisse comprendre. D'habitude très carré, très juste et très direct, cette fois-ci le sens de ses paroles a échappé à Clément. Peut-être est-ce sa faute, peut-être n'a-t-il, à l'instant, qu'écouter seulement ce qu'il voulait entendre ? Ou peut-être qu'il y a simplement eu une brèche dans le perfectionnisme d'Andreï. Dans tous les cas, Clément s'emporte un peu trop rapidement, disant qu'il ne veut pas de traitement de faveur car ça va changer absolument tout l'essence de la scène. Ils faut que nous soyons tous au même niveau pour que cette scène puisse être aussi parfaite qu'elle le soit.
Toutefois, Andreï reprend rapidement le jeune homme en lui disant qu'il a mal comprit, qu'il ne proposait, en vrai, cette alternative que pour les répétitions, le temps que son genoux aille mieux et qu'il puisse s'appuyer à nouveau totalement dessus sans se fatiguer. Fixant quelques instant le slave dans les yeux, Clément fini par hocher doucement la tête, comprenant du coup bien mieux ce qu'il veut dire. Pinçant les lèvres, il se prend le temps de réfléchir et peser ses mots. « Je comprend mieux du coup» reprend-t-il la parole « Cela dit, je n'ai pas envie de m'habituer à être assit pendant la scène. Je veux dire, je vais calquer tout mon jeu en étant dans cette position et j'ai peur de ne pas pouvoir gérer le changement lors de la présentation » c'est un peu idiot quand même. Un comédien se doit d'être assez polyvalent et savoir s'adapter aux changements de dernière minute, mais Clément ne se sent pas prêt de le faire tout de suite.
Au final, après un temps de silence, le changement de sujet est radical : Ambroise. Le jeune néo zélandais n'a parlé de cette soirée à personne d'autre. Il n'a pas eu l'occasion d'en parler avec l'intéressé numéro un, du coup il sent le besoin d'évoquer le sujet avec l'intéressé numéro deux. Ça a l'air d'être sorti un peu de nul part, mais c'est un thème que Clément se sent obligé d'évoquer aujourd'hui. S'il ne le fait pas aujourd'hui, il ne le fera sans doute pas de si tôt. Le russe a l'air déconcerter pendant une ou deux secondes avant de soupirer et répondre que non, ils ne se sont pas revu. C'est un poids assez important qui tombe des épaules de Clément. Peut-être n'était-ce vraiment qu'un coup d'un soir comme Ambroise a l'habitude d'en faire ?
Mais Andreï ne s'arrête pas là. Il continue en disant que de toute manière il a remarqué que Clément tenait énormément au jeune homme, qu'il a beau ne pas avoir à lui donner d'explications, il a tout de même envie qu'il vide son sac afin de retrouver une entente et une ambiance de travail cordiale. «Je trouve pas qu'il y ait de problème » dit-il sur un air détacher en haussant les épaules «Je veux dire ...ouais j'ai pas aimé comment s'est déroulé la soirée mais surtout parce que j'avais l'impression d'être le fautif dans l'histoire. Alors qu'au final ...ben … je pouvais pas savoir quoi et ... » il soupire doucement en secouant la tête «Bref je … oui je tiens énormément à Ambroise. Vraiment beaucoup. Peut-être même un peu trop. Et ... » il relève son regard sur Andreï « e tiens beaucoup à toi aussi » il pince les lèvres « Je … j'ai parfois l'impression qu'Ambroise n'a pas la même vision d'amitié que moi, il est très libre. On … n'est pas ensemble, il n'a de compte à rendre à personne, encore moins à moi » même si on a déjà couché ensemble, rajoute-t-il pour lui-même « J'ai juste eu l'impression d'être de trop et je déteste perdre le contrôle des situations. Je ...» il soupire et se passe une main sur le visage «C'est tellement idiot, mais j'ai juste l'impression qu'Ambroise ne tient pas autant à moi que je tien à lui » il baisse à nouveau le regard « Et on ne s'est plus revu depuis» ajoute-t-il dans un souffle. |
| | | | (#)Dim 22 Juil 2018 - 12:13 | |
| Des explications claires et précise, c’est ce à quoi j’ai habitué mes collègues de travail à la Northlight et particulièrement lors de comptes-rendus initiés par Charles. Ce dernier en présence de Clément n’échappant pas à la règle. Et si je me suis bien évertué de faire preuve de précision, c’est certainement de clarté dont manquaient mes propos au vu du malentendu qui a su s’installer entre nous. Clément visiblement contrarié par ma façon de devancer les décision de Charles sur son jeu sur scène, pensant à un traitement de faveur au vu de sa blessure. Contrariété compréhensible si tel avait été le cas, mais c’est bien vite que je m’en vais rectifier le tir à son plus grand soulagement. Une affirmative de sa part signe que nous avons sur ce point retrouvé une même longueur d’onde. Considérant déjà la solution émise avec moins de véhémence, cependant clair dans sa réponse apportée : c’est debout sur ses deux jambes qu’il préférerait donner la réplique. Un hochement de tête de ma part, réitérant toutefois mon propos précédent à son égard. Cette même raison portée à mes lèvres : la charge de ces questions techniques reviennent à Charles et non à moi.
Nouvelle question que j’aurais pu penser ne pas m’être destinée, celle posée par Clément au sujet de Bonnie. Car de nous deux, celui qui aurait bien été le plus en mesure de prendre contact avec ce dernier reste lui. Et il est vrai qu’il m’aurait semblé plus naturel de faire part de ses interrogations à son meilleur ami. Mais soit. Bon ou mauvais lieu, moment bien ou mal choisi, c’est le cadre qui nous est donné pour mettre au clair ce qui n’a jamais été abordé depuis. Et s’il est certains que ça n’est pas de moi que viendrait une telle initiative, contraint bien malgré moi de porter sur un plateau ma vie intime auprès de Clément, il serait stupide de vouloir contourner le sujet. En poser les limites, oui. L’ignorer, certainement pas. Et s’il me semble qu’il trouve auprès de Clément une importance capitale, loin de moi l’envie d’en faire une affaire d’état. Simplement clarifier la situation auprès de mon collègue et ami qui prend toujours soin de m’éviter du regard depuis son entrée au théâtre. Une invitation, la mienne. Celle de laisser Clément s’exprimer plus amplement sur tout ce qui pourrait le tarauder depuis la dispute du McTavish. Et à sa première réponse désinvolte, c’est mon sourcil qui vient à se lever, mes bras croisés contre mon torse de cet air peu dupe signifiant qu’il reste difficile de “me la faire à moi”. Conservant pourtant le silence, de ces silences qui entraînent à la confidence bien plus que la parole qui vient chercher des révélations. Attendant seulement que la langue vienne à se délier d’elle-même. Et ce sont des aveux quelques peu décousus néanmoins sincères que Clément parvient petit à petit à me faire part. Peut-être seulement étonné de le voir se dévoiler ainsi sans animosité aucune. Relevant le regard vers moi non sans une gêne passagère : si j’ai bien compris que c’est de la jalousie dont il était question, c’est avec un mélange d’étonnement et de bienveillance que j’accueille le temps de silence succédant sa précision : si Clément tient à Bonnie, il en est tout autant pour moi. Recevant sa confidence dans un poli battement de paupières, réagissant difficilement autrement à ce type d’attention, l’inclinant dans un second temps à poursuivre. Comprenant enfin que le plus dur pour lui est sûrement de savoir Bonnie si indépendant et ne répondant qu’à sa propre volonté. Toujours fidèle à ce premier trait de caractère auquel je me suis heurté autant lors de nos diverses rencontres aux bars que jusqu’à ce jour sous ces airs mutins. Un air qui m’a décidément bien marqué. Et c’est un dernier souffle de Clément qui vient répondre à mon interrogation précédente, faisant la lumière sur la raison qui l’a poussé à me questionner en premier lieu : lui et Bonnie ne se sont pas revus depuis.
Prenant une courte inspiration, fin laps de temps duquel de l’ordre est mis dans mes idées, c’est un silence qui succède au monologue de Clément. Cherchant de quoi répondre à ce qui vient d’être dit, cartes sur table. Au final, il n’avait pas si tort en affirmant ne pas croire qu’il y ait de problèmes. Car si je ne peux aider le fait que j’ai été motif de conflit entre les deux amis, c’est au final bien plus avec Bonnie que mon jeune comédien aurait besoin de s’expliquer. Et autant je sais me montrer utile lorsqu’il s’agit de donner des conseils liés à la pratique du théâtre, autant je ne suis pas ici pour jouer les conseillers amicaux. Cependant conscient que c’est ici d’une parole amicale dont aurait besoin Clément. L’atmosphère nous enveloppant bien moins anxiogène. “Écoutes, si je sais d’expérience que les disputes entre meilleurs amis sont les plus violentes, il va bien falloir que l’un ou l’autre face un premier pas. Donc pour ce qui est d’Ambroise, le mieux serait encore d’aller vous expliquer de votre côté..” Et pour cette étape, je n’y puis pas grands choses. “...Mais je peux déjà te dire que j’ai le sentiment que tout le monde aurait préféré que le passage au McTavish se déroule autrement” Les présentations avec mon “inconnu”, la tension palpable entre chaque gorgées, la rixe avec Clément en protagoniste principal… Il est certains que l’on a connu meilleur comme after. Et de cette conversation avec Clément, je n’aurai au final rien à ajouter. Une fonction pleinement remplie : celle de lever le tabou sur un sujet qui n’avait déjà que trop traîné. Profitant de l’instant pour renouer avec d’autres détails de la soirée plus plaisant aux yeux de Clément. “D’autant plus que de l’évènement avant l’after, je ne garde que des bons souvenirs !” De celui le précédant également. Pensée furtive que mon bon sens sait conserver pour lui-même, évoquant simplement à Clément l’enterrement de vie de garçon de Myrddin que la journée avait su combler et dont nous n’avons au final jamais pu parler. Changeant de sujet non par volonté de contourner le premier, mais bien parce qu’à mes yeux celui-ci est clos. N’ayant nullement besoin de pardonner à Clément ce que je ne lui ai jamais reproché : son emportement au pub, son usage des poings et de m’avoir fait perdre une consommation de bière. Mes propres questionnements à présent comblés par ses réponses.
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| | | | (#)Lun 30 Juil 2018 - 1:40 | |
| Andreï est bien la seule personne à qui Clément peut se confier autant concernant les doutes sur son amitié avec Ambroise. Et pourtant, le slave est la dernière personne que cela intéresse réellement. Il est cet homme qui ne s'immisce jamais dans la vie des autres, il reste poli et cordial, mais parce que c'est dans sa nature et son boulot. Mais jamais il ne s'intéresserait de lui-même à la vie des autres. Et pourtant il est celui qui donne les meilleurs conseils. Déjà la dernière fois lorsqu'ils se sont retrouvés tous les deux dans ces mêmes loges, c'est Andreï qui a su lui donner de nombreux conseil plus que judicieux que Clément a essayé d'appliquer à la lettre. Il aime beaucoup le slave, mais peut-on dire que c'est réellement une amitié ? Encore une fois, le jeune comédien a l'impression que ce n'est qu'à sens unique, qu'il s'attache beaucoup trop vite à des personnes qui, au final, risquent de le laisser tomber dès que ça ne va pas.
Et pourtant il est toujours là, Andreï. Est-ce ça ne signifierait pas qu'il tienne quand même à lui ? A sa façon. Clément soupire doucement, alors qu'il commence à lui expliquer ce qu'il a réellement sur le cœur. Et ça concerne Ambroise. En vrai, s'il en veut à quelqu'un pour ce qui s'est passé au Mctavish, c'est bel et bien à lui-même. Et si, pendant quelques heures, il en a voulut à Ambroise de l'avoir laissé dans le secret et surtout d'avoir agit comme si c'était de sa faute qu'il ait vu Andreï à ce moment là, Clément a très rapidement décidé qu'il était le seul et unique fautif. Il n'a jamais été rationnel, il a toujours été impulsif et pas forcément très réfléchit, et ça s'est à nouveau retourner contre lui. Peut-être que Marvin pourrait porter 50% de la faute ? Mais il n'est pas là, et ça serait lui donner trop d'importance aussi.
Le jeune néo zélandais fini par relever son regard sur le slave lorsque celui-ci reprend la parole, lui expliquant qu'il sait, par habitude, que les disputes entre meilleurs amis sont les plus violentes mais qu'il va bien falloir qu'un des deux, Clément ou Ambroise, fasse le premier pas et que lui, Clément, devrait aller s'expliquer avec le jeune australien. Baissant le regard, le danseur soupire doucement et entrelace nerveusement ses doigts. Il ajoute aussi être persuadé que tout le monde aurait préféré que les événements au Mctavish n'aient jamais eu lieu. «cela va sans dire » dit-il après avoir souffler d'hilarité par le nez «Si c'était à refaire, crois moi que je ne te t'inviterais pas à finir la soirée au bar. Je serais rentré et je vous aurais laissé vous débrouiller tout seuls comme des grands pour vous retrouver. Je n'aurais pas joué les putain d’inter metteur, je me serait pas foutu dans cette position à la con et Ambroise et moi on serait encore amis et .. » s'emporte-t-il avant de se taire à nouveau brusquement, sert ses poings et les poses sur ses yeux en se penchant en avant afin de se calmer. Il retient quelques instants sa respiration avant de finalement souffler doucement après avoir reprit le contrôle sur les battements de son cœur et ses poumons.
Il finit par déglutir et relever le regard lorsqu'Andreï change de sujet, pour dire qu'il ne garde que de bons souvenirs de ce qu'ils ont fait avant d'after. En temps normal Clément aurait sauté sur l'occasion du changement de sujet et son humeur se serait mise en mode 'total happiness' mais pas aujourd'hui. Il parvient tout de même par esquisser un très léger sourire en coin et hoche la tête «C'est vrai que la partie de paint ball était pas mal » dit-il en haussant les épaules. C'est tout. Il ne peut pas en dire d'avantage, il ne peut décemment pas montrer plus de joie. Prenant une profonde inspiration, il finit par se redresser en sa passant une main dans les cheveux et grimace un peux « Je ...hum...sinon, on est bon ? Avec la scène et tout ça ? Tout est clair ? Ou t'as autre chose encore à me dire ?» |
| | | | (#)Jeu 23 Aoû 2018 - 22:54 | |
| Je ne suis pas de ceux à être apte à offrir un soutien émotionnel, cela va sans dire. Se rapprochant à mon goût trop vivement de l'apitoiement, c’est bien plus le rôle de conseiller que je me vois arborer. Façon de conserver mes distances ou croyant simplement avec ferveur que le meilleur moyen de lui témoigner mon soutien est d’agir. J’agis de cette façon avec Clément. Peut-être sensiblement contre mon gré, toujours désireux de conserver compartimenté les différents aspects de mon quotidien mais tout de même satisfait de voir que les choses ont pu être tirées au clair avec ce dernier. Amateur d’efficacité et ne supportant pas voir les choses traîner, c’est droit au but que les questions sont posées. Si problème il y a, le moment lui est donné de faire ses réclamations et-ce quelque soit le sujet. Et au final, c’est presque avec étonnement que je l’entends me faire part de doutes plutôt que de reproches. M’attendant pourtant à tout, moins à une aisance dans l’échange et le dialogue. C’est par paliers que sa parole à lui est libérée et que sa langue se délie pour le mieux. Comprenant bien vite que la véritable nature du problème n’est pas tant moi-même que sa façon de percevoir sa relation avec son meilleur ami, il serait bien inapproprié de m’y immiscer. M’important peu des détails, c’est cependant avec naturel que je tiens à le rassurer : la meilleure façon de connaître le point de vue d’un autre étant tout bonnement de lui demander. Ce que le bon sens et l’expérience n’ont pas fini d’enseigner. Pourtant, si le ton est cordial et conciliant, il ne va pas sans dire que le sujet du McTavish reste un sujet épineux à aborder. Du moins, dans la bouche de Clément. S’emportant quelque peu à son évocation comme voulant balayer d’un revers de la main son souvenir. Si la suite de son déroulé laisse dans ma mémoire une saveur bien plus douce il n’y a pas besoin d’être fin analyste pour savoir qu’il n’en fut pas de même pour mon jeune ami comédien. Ses paroles emplies d’aigreur, s’en prenant presque à lui-même ou au temps qu’il lui est impossible de rembobiner, c’est de mon même silence tranquille que je préfère le laisser se calmer seul. N’ayant plus rien à dire de constructif, plus rien à apporter à la conversation et considérant en avoir déjà dit assez. Ne faisant toujours pas dans le “small talk” et sentant la conversation toucher à sa fin, j’en fini au final par changer de sujet. Moins par gêne et ou convention que pour m’assurer de quitter les loges avec plus de sérénité. En dépit du caractère privé de la conversation, n’en oubliant pas le cadre. Les loges, le théâtre et le lieu de travail. La scène sur laquelle Charles doit finir de répéter avec les autres, probablement dans l’attente de l’arrivée de Clément à la fin de ce “débriefing”.
Court acquiescement de la part de Clément. Une partie de paintball pas mal et une dernière question à propos des informations que je lui ai précédemment délivré. Je pense qu’on est bon pour retourner auprès des autres comédiens. Ne m’attendant pas à le retrouver si confiant en ma présence de sitôt, c’est au moins le dialogue rétabli que nous pouvons quitter ces loges. L’affaire sûrement pas classée espérant tout de même le voir pouvoir la laisser de côté le temps des répétitions. Après tout, une reprise du théâtre après un arrêt de travail d’une certaine durée ne peut que lui être bénéfique. “Et bien écoutes, ça me semble ok. Tu as toutes les infos essentielles pour les parties de ton jeu donc je propose que l’on retourne voir Charles.” Lui emboitant le pas et refermant la porte de la loge à sa suite. Des loges qui auront décidément beaucoup plus de choses à dire que nous n’en aurons jamais dit.
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| | | | | | | | I'm just a product of the system || Andreï |
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