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 isaac & ginny ▲ getting cold on this island

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Message(#)isaac & ginny ▲ getting cold on this island EmptyLun 16 Avr 2018 - 20:11

getting cold on this island
Isaac & Ginny

L’alarme annonçant la fin des classes tinte au même moment où je tourne le coin, presse le pas, sent l’air embrumé de Brisbane et remarque le gros nuage, lui, l’unique, qui couve le ciel et risque d’éclater dans la minute. Mais rien, pas une goutte, et c’est encore mieux, alors que patiente, je m’appuie sur la rambarde, visse mes yeux vers la sortie de l’école avec la même impatience que celle d’une gamine à la veille de Noël. Même si Noah a repris les cours depuis la rentrée des classes de février, même s’il est inscrit en temps qu’étudiant on en peut plus normal depuis plusieurs semaines déjà, c’est toujours avec la même fébrilité que je passe le chercher chaque soir. Il emplit mon petit coeur d’un bonheur inouï quand je le vois s’exhiber du gros bâtiment massif que j’avais moi-même fréquenté y’avait pas si longtemps que ça, le sac au dos, les cheveux hirsutes, les potes qui le suivent à la trace. Noah laisse les amis derrière lorsqu’il réalise que maman est toujours là, fidèle au poste, l’oeil humide, et c’est un soupir qui accompagne ses pas à ma hauteur, sachant très bien que mon émotion se voyait, et que ce n’était pas particulièrement ce qu’il y avait de plus cool à afficher quand on tente de se faire une petite réputation au collège, loin de celle d’ancien gamin malade et trompe-la-mort de service. Sachant que peu de sujets réussiront à me remettre sur pied et à rendre la scène un peu moins mélodramatique, mon fils enclenche la discussion sur une valeur sûre, et me file sous le nez les résultats de ses derniers tests, son premier vrai bulletin que je vois concrètement, depuis mon retour du Japon. Tout fier, il baratine sur un quiz surprise qu’il a réussi haut la main, sur un exercice un peu plus difficile qu’il a passé de justesse, et accompagne chacun de ses petits pas à mes côtés de réponses plus que satisfaisantes. « Et en anglais?  » que je demande, sachant qu’il a passé pas mal de temps à réviser avec Tad pendant mon absence. « Un B. »  et j’hoche de la tête, les iris qui passent sur les feuilles pour repérer la note, décrite avec les quelques commentaires du professeur en aparté. « Et en arts plastiques? » là, c’est me faire violence que de tenter de garder à l’intérieur la curiosité malsaine de voir s’il suivra mes pas et se découvrira une passion pour l’art plus que celle de gribouiller sur mes canevas à l’atelier. « Un A-! » et je souffle, et je souris, et je tente à peine de réprimer l'envie de faire une petite danse de la victoire pour la peine. Un bref coup d’oeil à la note de l’enseignante me fait un peu plus sourire, sentant Noah qui glisse doucement sa main dans la mienne maintenant que ses potes sont à une distance raisonnable pour ne pas voir le geste. « Tu as dit à Ezra que tu t’étais inspiré de votre visite à l’aquarium pour ton collage? » c’est bien écrit noir sur blanc qu’il a rapporté tout ce qu’il a appris de cette sortie avec son père pour colorer un immense carton et y apposer des tonnes de poissons en découpage. Il hoche de la tête de la négative, et c’est presque automatiquement que je sors mon téléphone de la poche de mon jeans. « Tiens, je l’appelle, tu pourras lui... » et je marmonne doucement, les chiffres qui trouvent avec facilité leur chemin sur mon écran. C’était étrange quoi que tellement salvateur de composer le numéro du Beauregard sans la moindre appréhension maintenant. De discuter avec lui de notre fils, de prendre de ses nouvelles, de faire partie de sa vie aussi facilement qu’il fait désormais partie de la mienne. Jusqu’à ce que la voix de Noah me fasse surauter, et qu’il se dérobe de ma main pour se précipiter à la course vers l’avant. « Isy! Maman, c’est Isy! » pour seule explication, et déjà, le gamin slalome sur le trottoir pour arriver à la hauteur de l’infirmier qu’il connaît par son surnom. Et c’est là que ça me frappe. Isaac qui n’était pas à l’hôpital lors de mes dernières visites, Isaac qui avait fait office de pilier pour nous un nombre incalculable de fois à l’hôpital. Isaac qui, comme on avait fini par me dire entre deux conversations, avait eu à passer à travers une bien mauvaise passe à la fin du mois dernier et qui avait presque commis l’irréparable. Isaac et son air fatigué, ses yeux un peu plus voilés, son sourire qui tarde à remonter. « Hey, salut.  »  que j’annonce, mollement, l'impression de déranger et Noah déjà aux côtés du brun depuis une bonne minute. Le jour où j’avais appris pour lui, c’était un flot incessant de sentiments contradictoires, de remords, de regrets qui étaient remontés, de vieux souvenirs aussi, les pires. On n’avait pas trop pensé, voulant répondre à bien lorsque j’avais demandé où se trouvait l’infirmier préféré de mon gamin, celui qui lui mettait un sourire instantané sur les lèvres dès l’instant où il rentrait dans la pièce. Et on n’avait pas trop pensé non plus, en m’en disant bien trop sur son quotidien, croyant à tort que plus de détails expliqueraient mieux son silence, son absence. « On te voit plus à l’hôpital! Maman est allée avant-hier, elle a peint avec les enfants. T’étais pas là. » comme l'innocence dont il a toujours fait preuve, c’est Noah qui aborde le sujet qui fâche, alors que d’un geste je le rapproche de moi, glisse nerveusement mes doigts dans ses mèches, tente de calmer d’un contact maternel son engouement, et de chasser le malaise qui plane au-dessus de nous. « Isaac a le droit de prendre des vacances lui aussi, non? » que je demande doucement au gamin, un sourire bienveillant sur les lèvres à l’égard du grand brun face à nous. Isaac ne savait pas qu’il y avait un peu plus de 6 ans, j’avais ressenti exactement le même trou noir, la même impuissance, la même douleur que lui. Il ne savait pas que je ne serais pas ici aujourd’hui si la même chance l’ayant sauvé ne s’était pas aussi pointé sur le pas de ma porte. « Et elle fait du bien, cette… pause?  » c’est tout en douceur que je finis par demander, m'assurer, gardant les détails ailleurs, et espérant surtout qu’à mon regard il comprenne que c’est tout sauf mon intention de dévoiler la véritable raison de sa disparition.

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Isaac Jensen
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le coeur au bout des doigts
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isaac & ginny ▲ getting cold on this island FQgUS3L Présent
ÂGE : 34 ans (13.05.90)
SURNOM : Isy
STATUT : Penny est le soleil et l'amour de sa vie, l'évidence avec laquelle il écrit sa plus belle histoire et s'autorise à réaliser des rêves de bonheur (06.07.2021)
MÉTIER : Infirmier au service des urgences, président de l'association Run for Judy, infirmier bénévole à la Croix Rouge et aux Flying Doctors, sapeur-pompier volontaire et surtout : papa comblé de Jude (13.09.2018), Maia (14.06.2022), Jack et Mila (01.08.2023)
LOGEMENT : Penny et lui ont quitté Toowong en 2024 pour s'installer avec leurs enfants à Bayside et y créer leur cocon à l'image entière de leur amour
POSTS : 28708 POINTS : 0

TW IN RP : dépression, anxiété, automutilation, idées suicidaires, tentative de suicide, mentions d'abandon d'enfant
PETIT PLUS : Emménage à Brisbane en 2003 ∆ il exerce en qualité d'infirmier au st vincent's depuis 2006 puis est affecté aux urgences en 2013 ∆ une suite de blessures anéantit sa carrière de joueur de football australien en 2010 ∆ il attente à ses jours en mars 2018 et reprend le travail en septembre 2018 ∆ finaliste de ROA en 2020 ∆ il se soigne contre son anxio-dépression, après avoir longtemps refusé son diagnostic
CODE COULEUR : Isy s'exprime en #9966ff ou slateblue
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(roa, juin 2020)
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grisy
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(s2) grace #4grace #5grace, elias, kieraneliasivylove #5love #6
(s3) elias, kieran, grace, sienna, jack
(s4) épreuve semaine 4grace #6martin
(s5) épreuve 1 semaine 5épreuve 2 semaine 5épreuve 3 semaine 5résultats
(finale) grace #7raftinggrace #8grace #9
AVATAR : Will Higginson
CRÉDITS : cheekyfire (ava), solosands (sign), loonywaltz (ub), la confiserie (illustration personnalisée), (gif may0osh (gif olivia), stairsjumper (starter pack)
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INSCRIT LE : 08/04/2018
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Message(#)isaac & ginny ▲ getting cold on this island EmptyJeu 19 Avr 2018 - 0:36

toowong :: st anthony's school

Ce matin, tandis que je fixais sombrement le plafond de ma chambre à coucher, écoutant distraitement les divers bruits suivant une courbe exponentielle et émanant de la rue sous ma fenêtre, je m'imposais l'indétrônable constat que cette existence que je menais depuis des semaines ne m'appartenait pas. Je n'avais aucunement le désir de réitérer l'acte que j'avais posé fin mars, armé de la volonté acharnée de mettre un terme à une autre vie à laquelle je n'appropriais dès lors ni bonheur, ni nécessité. La culpabilité me rangeait les entrailles avec une telle avidité qu'il était devenu inconcevable de ne pas m'accorder une seconde chance. A mesure des jours, la lucidité venait palier le malheur, le manque, la colère ; mais elle voyait également s'installer l'incompréhension.

J'essayais de réaliser un travail décousu allant à l'encontre des vœux de mon psychiatre. Telle une rébellion contre un praticien que je n'assumais pas encore faire partie de ma routine, je m'élançais, le cœur naïvement vaillant, dans des projets d'un futur qui ignorait tout mon passé. Le déni dans tout sa splendeur. Néanmoins, les éléments ne tardaient jamais à apparaître pour me rappeler qu'une vie est telle un livre, chaque chapitre docilement lié, dont on ne peut y arracher les pages, sans perdre son dessein. Alors, j'en venais au fait que mon présent, mon passé et mon futur arboraient une bien triste mine, désarticulés de mon incapacité à les nouer, inspirant ce désolé constat que cette vie ne m'appartenait pas. La conclusion en elle-même était risible, comme si la vie ne pouvait pas posséder un être par définition vivant. Cependant, dans les nuances, je me persuadais que c'était le cas.

J'étais, je suis censé être, le type qui n'arrête pas une minute de ses journées. Mon travail en qualité d'infirmier aux urgences donne à l'idée d'être assis sur une chaise une allure grotesque. Et si cela ne suffisait pas, je suis de ceux qui, comme les nouveaux employés qui veulent marquer des points, rôde dans les services au-delà des heures attitrées. Evidemment, je n'ai jamais eu l'ambition de prouver quoi que ce soit ou impressionner qui que ce soit. J'ai toujours agi ainsi naturellement, j'ai toujours voulu m'assurer que tous ceux qui m'avaient touchés, qui avaient laissé leur empreinte dans ma mémoire, avaient leurs besoins de base respectés. C'est ce même sentiment qui inscrivait mon nom dans plusieurs activités bénévoles. Et malgré tout cela, je parvenais à avoir des loisirs, une vie sociale, j'avais espéré même démarré une vie de famille. Je jonglais souvent avec les horaires et je ne vais pas me leurrer, je n'arrivais jamais à terme d'une journée avec le sentiment d'avoir complété toutes les tâches que je m'étais fixées. Néanmoins, le plus important demeurait en le fait que j'avais fait de mon mieux. Le mieux est l'ennemi du bien, répétais-je souvent.

Mais là, quel bien avais-je à vivre à l'arrêt ? J'étais coupé de mon travail, des mes activités bénévoles, de mes loisirs même. De mauvaise foi, une partie enfantine de mon être ne se voyait pas reprendre le sport par exemple en n'étant plus accablé d'un arrêt maladie. J'avais peut-être peur que les gens s'interrogent sur mon cas - Comment Isy peut-il participer au match de football australien mais pas arpenter les couloirs de l'hôpital ? Craignais-je vraiment le regard d'Autrui ? J'étais à un stade où je me disais que je me sentais trop coupable pour avoir honte de mon geste. Cela ne changeait pas que je n'avais toujours pas prévenu ma famille qu'ils avaient passé à quelques minutes de me perdre et que je refusais de parler de cette pierre fatale à mes proches informés.

J'avais joué au jeu de l'interrupteur. Un mécanisme que je m'étais inventé lorsque j'étais adolescent et que des sentiments bien trop forts menaçaient de me terrasser. Je me décrivais un énorme interrupteur blanc cassé et me percevais l'éteindre dans un "crac" catégorique. Sous ce son, mes émotions se voyaient sous pause. A trente-deux ans, je m'imaginais de nouveau ce vieil interrupteur et repoussais toutes les sensations que je ne voulais gérer pour m'extirper de mon lit. Je me forçais jusque sous le jet d'eau fraîche de ma douche et attrapais en soupirant des vêtements. M'imaginais cette fois-ci des coups de pieds imaginaires, je sortais du numéro 17 de Toowong.

Je me sentais comme un imposteur à véhiculer dans cette ville sans avoir de but précis. J'avais certes un rendez-vous à l'hôpital, cet entretien représentant le seul moment marquant de ma journée. J'aurais presque pu me lever uniquement pour ça. Même enfant, ma vie était plus remplie qu'elle l'est désormais. J'entreprenais de marcher pour tuer le temps. Un interprète que je connaissais depuis des années et qui travaillait aux urgences de temps à autres m'avait un jour confié un de ses petits mécanismes à lui. Lorsqu'il avait vu trop d'horreurs dans une journée et ignorait souverainement comment les digérer, il marchait. Une simple promenade pour libérer son esprit. Je l'avais écouté, incrédule, mais aujourd'hui, je me disais que je pouvais bien l'essayer. Je n'étais plus à ça près.

Sur mon retour de l'hôpital, je devinais au loin la marée de parents et d'enfants en provenance de St Anthony's School. Mon cœur se pinçait sans cérémonie et j'envisageais sérieusement de faire demi-tour. Néanmoins, une voix stoppa derechef mon ambition, et bien vite, je reconnaissais un visage connu. Un sourire sincère aux lèvres, je m'agenouillais de manière à être à la hauteur de l'enfant, qui posa une main sur mon épaule, autant pour freiner sa course que pour obtenir l’entièreté de mon attention. J'avais remarqué que les enfants, dans tous les cas ceux que j'avais rencontrés et fréquentés en tant qu'infirmier, étaient très tactiles. Une psychologue m'avait expliqué que beaucoup d'entre eux ressentent ce besoin de toucher les personnes en qui ils ont confiance pour s'assurer qu'ils sont bien présents. En effet, dans un monde, tel que l'hôpital, où les soignants ont tendance à se relayer sans relâche, établir un contact physique aussi minime soit-il avec un visage familier peut être salvateur. « Salut bonhomme ! Dis donc, j'ai failli ne pas te reconnaître, tellement tu as grandi ! Bientôt, tu vas me dépasser ! »  « Hey, salut. » Je levais les yeux et reconnaissais Ginny, sa courageuse mère. Je me redressais, prononçant : « Salut. Tu vas bien ? » Mon ton était sincère, comme il l'était toujours lorsque je demandais comment une personne allait, que le cadre soit professionnel ou non. Néanmoins, mon sourire relevait désormais plus de la politesse figée que du jovial. J'avais beau jouer la comédie, il y avait certains éléments de son apparence que l'on peut voiler. Les propos inquisiteurs de Noah voltigeaient ensuite vers moi, dans leur candide honnêteté. « On te voit plus à l’hôpital! Maman est allée avant-hier, elle a peint avec les enfants. T’étais pas là. » J'ignorais si c'était de l'inquiétude, de la déception ou de la pure curiosité qui étirait les traits du garçonnet. Je lui faisais un clin d’œil rassurant alors que sa mère l'attirait vers lui, ses mains caressant tendrement ses cheveux et ses lippes rappelant mon droit aux vacances. L'information appuyée par mon geste paraissait suffire à l'écolier dont mon regard s'en détachait complètement pour croiser celui de Ginny plus d'une seconde. « Et elle fait du bien, cette… pause? » Un rictus apparut sur mon visage. Parfois, il était si simple de mentir, de faire semblant. Être impassible était un pré-requis dans le métier d'infirmier, dont la vocation n'était pas d'alerter les patients mais de les réconforter, sans les leurrer. Mon interlocutrice n'était pas une patiente cependant, et Noah farfouillait dans les documents que tenait sa mère. Je devinais promptement qu'elle avait eu vent de mon arrêt magistral, sans avoir conscience de la dimension des détails qu'elle avait en sa possession. « Elle change le quotidien, » avouais-je, proche de la vérité, enfouissant les termes imprononçables devant un enfant de sept ans. Le malaise nous étreignant semblait croître à mesure des secondes silencieuses et j'avais beau vouloir revirer la conversation vers un sujet plus léger, toutes mes idées d'alternatives goûtaient le faux. « Les ateliers à l'hôpital se passent toujours bien ? » finis-tu par questionner, ayant connu trop de mutisme ces dernières semaines.




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Dernière édition par Isaac Jensen le Lun 14 Aoû 2023 - 22:39, édité 1 fois
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Message(#)isaac & ginny ▲ getting cold on this island EmptyLun 23 Avr 2018 - 15:45

getting cold on this island
Isaac & Ginny

Il y avait de ces gens avec qui tout était facile, tout était simple. Des visages familiers sans qu’on les connaisse d’une vie ou d’une autre. Un sourire qui rassure, alors qu’aucune parole n’a été prononcée. Une façon d’agir, des actions qui par leur douceur, leur justesse, soulagent tout de suite le coeur. Isaac était calme, était stoïque, était toujours apprécié, jamais déplacé. C’était bien ce qui avait été un support innommable dans les pires moments. Sa simple présence faisait l’effet d’un baume, suffisait à chasser bien des maux d’une main apposée sur l’épaule, d’un regard entendu, d’une écoute impeccable. Et cette tranquillité, cette empathie, c’était probablement ce qu’il l’avait eu à petit feu. On ne pouvait pas être aussi bon, on ne pouvait pas être aussi dénué de la moindre malice et survivre dans ce monde de brutes trop facilement. Les embûches devenaient difficiles à porter, la douleur des autres prenait place sur ses épaules, véritable éponge à émotions qui se drainaient au fil des jours. Les détails sur le pourquoi du comment n’étaient pas venus à mes oreilles, et je ne voulais pas les entendre. Une grande partie de cette ignorance me plaisait, au sens où déjà, tout ceci était tout sauf mes affaires. Je n’avais pas à lui faire l’affront de me mettre le nez là où il n’était pas bienvenu ; et au-delà, j’ignorais ce que mes démons auraient à dire si je confrontais les siens. N’avais-je pas été à sa place, un peu plus tôt dans ma vie? N’avais-je pas eu les mêmes envies, les mêmes idées, le même besoin criant, douloureux, impossible à taire d’en finir? « Ça veut dire que j’ai assez mangé de légumes pour cette année ça, maman? » la voix de Noah qui s’amuse, le sourire aux lèvres et l’oeil brillant de s’être fait dire par l’infirmier qu’il avait grandi. Et la plate excuse pour gagner un centimètre ou deux que je lui sortais matin après matin, prendre au moins 2 ou 3 gorgées de son smoothie vert supplémentaires dans l’espoir qu’il ait un peu plus de légumes qu’autre chose dans le sang au fil du jour. « You wish. » que je rétorque, avant d’échanger un regard faussement outré à Isaac, avant d’éclater de rire devant la blague. Puis il est là, le masque que je connais par coeur, pour l’avoir porté des années durant. Le masque qu’on enfile quand on ne veut pas inquiéter personne oui, mais surtout quand on veut se prouver à soi-même qu’on gère, qu’on n’a pas besoin de l’aide de quiconque, que tout est sous contrôle et vise la meilleure des destinations. Formalités échangées, un hochement de tête de la positive lorsqu’il me demande comment je vais, et un coup d’oeil dédié pour m’assurer que lui aussi. Je n'insisterai pas, pour la seule et unique raison qu’il n’a pas besoin d’en rajouter, qu’il n’a pas besoin de se justifier, tout du moins, pas avec moi. Il m’a bien vu dans les pires états, il a bien été là alors que j’étais persuadée que Noah ne s’en sortirait pas, il m’a bien assez vue vidée, brisée, exténuée, défaite pour savoir qu’elle est loin, et tout sauf nécessaire, la barrière entre nous deux. Noah s’emporte sur les ateliers, suffisamment pour que d’un geste maternel je le rattrape dans son élan, quelques caresses à travers ses mèches comme un “tout doux, respire mon amour, tout va bien” qui se veut comme un frein, comme un stop à ce gamin qui part dans tous les sens avec ses questions et qui, malheureusement, risque de ne pas lâcher le morceau si on ne le distrait pas de l’affaire. L’excuse de la pause vacances me semble juste et pas trop brodée, pas trop accusatrice non plus. Isaac poursuit dans ce sens, assurant que sa routine en est changée. Un fin sourire se dessine sur mes lèvres, j’acquiesce tout en gardant mes iris à même de soutenir son regard, un peu moins voilé que quelques minutes plus tôt. Bien, bien. « Tant qu’elle l’améliore. » tant que le changement est pour le mieux, tant que ce qui lui faisait mal, ce qui l’étouffait, ce qui était à la base de sa douleur était loin, très loin. J’ai envie d’ajouter plus, j’ai envie d’aider plus, d’aimer plus surtout, mais la présence de Noah et de cette épée de Damoclès que je n’arrive pas à situer au-dessus de nos têtes me gardent de faire quoi que ce soit de plus que de tenter de sous-entendre, d’espérer qu’il voit, qu’il assimile dans mon discours de quoi le rassurer, de quoi lui offrir une épaule, une oreille, n’importe quoi, lui qui a été là pour moi et qui mérite le plus sain et le plus généreux des retours d'ascenseur. Évidemment, le brun prend des nouvelles des ateliers qu’il avait à peine eus le temps d’entrevoir à l’hôpital avant... avant. Une idée comme une autre eue en parlant avec Hassan. L’envie d’aider ceux qui avaient tout donné pour Noah et moi des années durant, de faire ma part, d’offrir du temps et de la couleur là où ces denrées étaient si rares. « On trouve doucement une façon de ne pas finir avec tous les murs de la salle commune repeints aux couleurs de l’arc-en-ciel. »  par là, j’entends que c’est encore totalement impossible et insensé de croire que je ne perds pas tout le contrôle des enfants présents dès l’instant où je leur refile crayons et brosses entre les doigts. Le bordel en camaïeu de bleu, de vert, de jaune, de rose qu’ils m’ont fait les fois précédentes suffit amplement comme preuve de mon incapacité à avoir la moindre bribe d’autorité envers n’importe quel gamin, et pas seulement le mien. Parlant de lui « Regarde, j’ai dessiné ça l’autre jour! » Noah dans un éclair de génie se met à fouiller dans son sac, tout fier de pouvoir exhiber le dernier dessin qu’il a justement tracé la semaine précédente, alors qu’on tentait de mélanger cire et gouache dans un chaos qui a, mine de rien, soulagé les épaules de parents fatigués laissant leur regard bercer des enfants enfin sortis de leurs chambres toutes plus beiges les unes que les autres.  « Je ne dirais pas non à un allié de plus pour tenir les pinceaux. Hassan passe quand il peut, mais il aurait nettement besoin d’un second adulte responsable dans la pièce, parfois. » le temps que mon fils soit concentré à chercher le croquis à travers ses affaires, j’en profite d’une légère prise de conscience, doux commentaire dans le simple but de faire sourire Isaac, de lui montrer que même si le monde continue de tourner avec lui en aparté, il nous tarde tous qu’il revienne y jouer. « Tu nous manques Isy! »  Noah qui, maintenant enthousiaste de tendre le papier à Isaac, ajoute son grain de sel. Cet enfant, je jure, lisait dans mes pensées à force. « Pour ce que ça vaut, c’est vrai tu sais. » et j’insiste, et je sourie, et j’ignore les grondements qui bordent les nuages tout en haut, mon attention toute dédiée à Isaac pour la peine.

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PETIT PLUS : Emménage à Brisbane en 2003 ∆ il exerce en qualité d'infirmier au st vincent's depuis 2006 puis est affecté aux urgences en 2013 ∆ une suite de blessures anéantit sa carrière de joueur de football australien en 2010 ∆ il attente à ses jours en mars 2018 et reprend le travail en septembre 2018 ∆ finaliste de ROA en 2020 ∆ il se soigne contre son anxio-dépression, après avoir longtemps refusé son diagnostic
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(s4) épreuve semaine 4grace #6martin
(s5) épreuve 1 semaine 5épreuve 2 semaine 5épreuve 3 semaine 5résultats
(finale) grace #7raftinggrace #8grace #9
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Message(#)isaac & ginny ▲ getting cold on this island EmptyLun 30 Avr 2018 - 4:36


S'oublier devant un enfant était pour moi un automatisme. Lorsque je croisais leur regard innocent, tous mes malheurs se voyaient placés en sourdine, accablés d'un caractère dérisoire frisant le risible. Même au fond du gouffre, je parvenais à taire mes chagrins, le bien-être des jeunes passant toujours en premier lieu, indétrônable, indéfectible. Ainsi, agir tel l'infirmier d'il y avait encore quelques semaines avec Noah composait une obligation, et bien que mon physique arborait encore les traces de ma descente aux enfers, je faisais remarquer à l'écolier à quel point il avait grandi. En réalité, ce n'était pas tant les centimètres supplémentaires que je notifiais, mais bien le poids qu'il était parvenu à emmagasiner, ses joues beaucoup moins creusées, les cernes estompées s'apparentant à l'invisible, ses mouvements plus vifs. La vitalité transperçait enfin généreusement les veines du petit, propulsée dans chaque partie de son corps qui avait dû essuyer injustement des années entières de combat contre la maladie. Malgré tout, le garçonnet conservait traditionnellement ce regard espiègle qui lui était propre, doté d'une intelligence, d'une détermination et d'une malice inégalables.

Stratagème, une négociation de consommation de légumes débuta, que sa mère stoppa derechef. Un fin sourire étirait mes lèvres, qui relevait davantage du réflexe désormais. Aux aguets, Ginny palliait avec douceur les candides interrogations de son fils sur ma soudaine disparition. Je devinais promptement que ma tentative de suicide était connue de mon interlocutrice et jouant le jeu des vacances, je lui assurais que mon quotidien s'était vu transformé.

« Tant qu’elle l’améliore. » J'acquiesçais sans conviction, laissant un inaudible soupir filer entre mes lèvres. Voir Noah imposait un véritable baume sur mon cœur, mais sa vision avait aussi l'effet d'enflammer la culpabilité que je nourrissais face à mon passé besoin de mettre un terme à mon histoire. Je n'assumais plus le geste que j'avais posé, lorsque je savais que des centaines d'individus rêvaient d'une vie en santé et se battaient bec et ongles pour quelques heures supplémentaires sur cette planète. En réalité, cette culpabilité était la pointe visible de l'iceberg que constituait le déni en bloc que je préservais face à ma décision fatidique. Tapie sous ces plausibles remords, la prestigieuse banalité se voyait priée. C'était facile de clamer à tous mes proches que je ne croyais pas au suicide, que je n'avais pas voulu en finir. C'était aisé de leur mentir, si cela impliquait qu'on me croie et que je reprenne ma vie telle que je l'avais laissée, que je n'avais pas à faire face à mes démons. Or, à mesure des jours qui agonisaient, je prenais conscience que cette soit disant vie que j'avais laissée derrière moi n'existait plus qu'en lambeaux. Une reconstruction complète m'attendait et sincèrement, j'étais incapable de dénicher le procédé qui me permettrait de la réaliser. Alors, je m'aveuglais de faux semblants, les répandant éperdument sur la fresque brisée qui s'étalait devant moi, incertaine, frémissante.

Je cillais et croisais le regard de la McGrath. Je repoussais de nouveau mes réflexions, anesthésiais mes sentiments, pour m'intéresser intégralement à sa personne et les ateliers artistiques qu'elle animait au centre hospitalier. Un sourire tendre apparut sur mon visage en m'imaginant Ginny et toute une marmaille de petits patients, militant pour que les murs de la salle commune de pédiatrie ne finissent pas en aquarelle désorganisée. « La gaieté agitée des petits guerriers, » commentais-je, m'imaginant l'allure que devaient afficher les murs désormais.

Je n'étais pas infirmier en pédiatrie de profession, mais j'avais œuvré dans ce service un bon nombre d'heures. Avant d'être infirmier aux urgences, j'étais sur le pool de remplacement, ce qui invoquait ma présence n'importe où dans l'établissement. Puis, même après avoir décroché le poste aux urgences que je convoitais, je n'avais jamais cessé d'y faire un tour. Ce service m'avait touché, bien que je ne souhaitais pas y faire ma carrière. J'y avais appris davantage sur l'humanité, la persévérance et le courage que dans n'importe quel autre secteur de l'hôpital. Je me sentais rapidement des ailes pousser dans l'enceinte du service pédiatrique et c'était plus que aisé de ne pas y compter ses heures supplémentaires.

J'avais fini par devenir expérimenté en super-héros et dessins animés populaires. Vivant sur une exploitation de betteraves, avec des parents boulonneurs ne possédant qu'une seule télévision qui était allumée uniquement pour écouter les nouvelles du jour, autant dire que la majorité des personnages enfantins m'étaient inconnus. Si Pinnochio, Peter Pan et Dumbo m'étaient familiers, c'était uniquement via les livres qui leur étaient dédiés que l'on étudiait en école primaire. Par ailleurs, si en tant que jeune adulte j'avais du mal à concevoir qu'un homme aussi âgé que Walt Disney puisse croire autant en la magie, prôner les bienfaits de vivre sa vie en couleurs et redorer le blason de la curiosité estimée malsaine dans toute mon éducation, mon expérience en pédiatrie m'avait inculqué le don salvateur de cette idéologie. Les souris Mickey et Minnie, la famille canard avec Donald, Daisy et Picsou étaient d'incontournables héros qui réconfortaient inlassablement tous les maux. Dingo représentait la mascotte idéale pour arracher un sourire aux plus peinés. Même lorsque des triplets avaient été admis en urgence dans le service, leur jour étant comptés vu leur prématurité alarmante, Riri, Fifi et Loulou avaient fini par être de la partie. En effet, entre infirmiers, on n'avait pas trouvé mieux que de surnommer ces bébés, dont les parents n'osaient pas prénommer de peur de les perdre alors qu'ils les aimaient déjà tant. Finalement, les trois canetons durent arriver aux oreilles des parents, car Ryan, Finley et Lucy retrouvèrent tous leur foyer après deux mois d'hospitalisation. Aussi, c'était franchement serviable de faire avouer les enfants ce qui n'allait pas en prétextant que leur nez s'allongeait, ou de comparer les épreuves imposées par leur maladie à la baleine de Pinnochio, à la méchante sorcière de Blanche-Neige ou à la marâtre de Cendrillon. Si seulement les adultes avaient encore la force de croire en tous ces jolis contes, ces aventures qui finissent infailliblement bien.

Noah agitait son oeuvre devant mes yeux et je me penchais de nouveau pour l'observer plus en détail, le garçonnet à mes côtés, me pointant chaque élément de son ouvrage pour me l'expliciter, sous mes interrogations. « Hé bien, tu es un véritable artiste, dis-moi ! Ta mère doit être très fière de toi ! » J'adressais un clin d’œil à Ginny, avant de questionner : « Est-ce que tu vas l'afficher quelque part ? » Je laissais Noah réfléchir à cette question et me redressais, entendant l'invitation chaleureuse de sa mère à son atelier. Sa main tendue m'offrait énormément de réconfort, néanmoins, une partie de moi redoutait secrètement remettre les pieds à l'hôpital. J'étais persuadé que je devrai y effectuer un mea culpa honorable, dont je n'étais que très peu certain jouir les capacités. C'était paradoxal, car j'étais impatient de reprendre mon travail, reprendre ma vie en main, mais je restais bancal, craintif, incertain. Le leurre de fermer les yeux sur ma tentative de suicide  pour continuer mon chemin comme si de rien n'était pâlissait. Les aveux de Noah comme quoi je lui manquais m'arrachèrent un sourire, dont la durée fut allongée par l'enchère de sa mère. « Vous m'avez manqué aussi. » Les secondes de silence qui suivirent me semblaient chargées en émotions et affection, si bien que j'avais du mal à les abandonner, les rompre de mes prochaines paroles : « Vous alliez quelque part à pied ? Je peux peut-être marcher un peu avec vous, question de ne pas retarder vos plans, » suggérais-je.





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Dernière édition par Isaac Jensen le Sam 5 Mai 2018 - 4:37, édité 4 fois
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Message(#)isaac & ginny ▲ getting cold on this island EmptyMar 1 Mai 2018 - 3:42

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C’est un de ces moments où le temps s’arrête parce qu’on est assez chanceux pour faire une pause. Entre le brouhaha de la cours de récré qui est maintenant à des mètres derrière nous, entre les passages des voitures dans la rue adjacente qui ont l’air de s’être calmés depuis. Entre le quotidien qu’on a mis on hold, duquel on n’a plus vraiment besoin, qui fait bien en aparté le temps d'une conversation. Je n’avais jamais vraiment pris le temps de détailler le visage d’Isaac, parce que toujours occupée à autre chose, l’esprit ailleurs. Et malgré les rides d'inquiétude, malgré les cernes que je reconnaîtrais entre mille pour avoir porté les mêmes jadis, il était beau. Il avait cette candeur, il avait cette douceur dans les traits, il avait ce regard qui écoute, qui comprend. Il s’en sortirait, parce qu’il était fort, parce qu’il tenait bon, parce que des gens pensaient à lui, tenaient à lui. Et si Noah et moi pouvions être d’une quelconque aide dans le processus, grand bien m’en fasse, j’en serais qu'on ne peut plus rassurée. « J’ai montré à infirmière Emily comment faire les ombres sur son dessin aussi. » qu’elle s’emballe, ma petite tête blonde, mon héritier, maintenant qu’il relate ses plus grands succès artistiques et qu’il vante son trait de crayon qui oui, bien sûr, me rend particulièrement fière. Loin de moi l’idée de copier mes parents et de vouloir lui imposer un chemin tout tracé, d’user de persuasion et de manigances pour l’amener directement là où je voulais qu’il soit, mais l’envie qu’il ait la fibre créative, qu’il aime se jouer de pinceaux, de fusains, de canevas, que son imagination n’ait de limite que la boîte de couleurs à laquelle il aura accès ce jour-là me comble d’une joie infinie - et Isaac le verra bien au sourire que je lui renvoie, qu’il a touché un point sensible. « Tu peux le garder, j’en ai d'autres à la maison. » Noah qui fait la conversation, qui gâte son interlocuteur, et qui me sauve de devoir revoir l’arrangement et la logique derrière l’affichage des dessins de mon fils qui ont pris en ampleur maintenant qu’il vogue entre les vraies classes à l’école, et les ateliers que je donne un peu à la maison, un peu à l’hôpital. J’ai créé un monstre - et je ne pourrais pas en être plus heureuse. La conversation qui tangue vers le quotidien, vers ces moments où justement, je tente avec Hassan d’amener un peu plus d’imaginaire dans une aile où la douleur et la tristesse cohabitent un peu trop à mon goût, blanc et noir, nuage gris qui plane en tout temps. « On n’est pas les seuls. Il y a une armée de petits humains qui n’attendent que de te sauter au cou quand tu seras prêt à revenir. » et un sourire de plus, je n’insisterai pas. Isaac a compris le message, et surtout, je n’ai pas envie d’ajouter de la pression supplémentaire sur ses épaules, lui qui doucement se reprend à jouer avec le rythme de son ancienne vie. Mon esprit le moindrement logique note le fait qu’il est sorti prendre l’air, qu’il est propre, qu’il n’a pas l’air d’une loque, qu’il semble faire tout bon ce qu’on conseille chez le psy, qu’il applique les recommandations de base à la perfection le temps que tout passe. Parce que c’est de ça, du temps, dont il aura besoin. Aussi plate et fade cette réponse puisse-t-elle être, aussi vide de sens et de saveur, c’est bien la seule chose qu’il lui reste, et à laquelle s’il s’accroche, tout n’irait que pour le mieux. « À l’arrêt de bus. Quelques blocs plus loin. » je m’entends répondre, une poignée de secondes après que l’infirmier m’ait proposé de se joindre à notre marche le temps qu’il fait encore relativement beau, le temps qu’on veut. Et du menton je pointe le trajet, l’air malicieux. « C’est complètement dans la direction opposée à celle vers laquelle tu allais, mais comme je sens que tu ne veux pas lui briser le coeur...  » et comme s’il avait tout entendu, et comme il joue toujours le meilleur des alliés, et comme mon gamin est le gamin le plus cool au monde lorsque je lui tends une perche, voilà Noah qui force un air piteux, qui agite sa lèvre inférieure, les yeux de chat botté qui se vissent dans la direction d’Isaac sans la moindre envie de faire dans la demie-mesure. S’il résiste à ça, c’est qu’il n’a pas de coeur. Et je rigole, et je m’esclaffe encore plus lorsque mon fils entraîne le grand brun avec nous dans la foulée, le laissant à peine répondre, chantonnant sa ruse. Ce n’est que lorsque les mèches hirsutes de ma terreur de huit ans sont à quelques mètres devant nous à chasser les rayures sur les dalles de trottoir que je profite d’une ouverture, faible brèche, pour tourner mon attention, ma bienveillance vers Isaac. Le silence dans lequel nous étions plongé avait tout de doux, apaisant petit cocon où on n’avait besoin de rien ni personne du moment où on n’avait aucun compte à rendre. Et comme dans un murmure, et comme dans un secret, j’attends qu’il sente mon regard sur lui pour m’avancer. « Ça finit par se calmer un jour. C’est pas facile, ça fait mal, c’est injuste, et la culpabilité est horrible. » et ça fait tout aussi mal de le vivre que de le dire. Parce qu’on est confronté à l’erreur qu’on aurait pu faire. Parce qu’on vit avec le poids d’avoir été faible, alors que la vie ne nous a pas cru, et qu’elle nous a donné une seconde chance à la place. Parce qu’on ne se comprend plus, parce qu’on ne comprend pas tout court, et parce que bien souvent, personne d’autre ne pourra mettre des mots sur ce qu’on a vécu. « Mais ça s’adoucit. Et on en sort plus fort. » bien sûr, Isaac entendra à la gravité de ma voix que je ne parle pas de quelque chose que j’ai pu lire dans les livres, ou qu’on m’a raconté dans les couloirs de l’hôpital. Il verra bien au voile qui caresse mes prunelles que tout ça, je l’ai vécu. « C’était un peu après sa naissance. Il n’a jamais su. »  un bref coup d’oeil vers mon fils qui lève la tête vers le ciel qui gronde, qui laisse aller un petit cri de surprise au premier coup de tonnerre qu’on entend résonner au loin. Ce n'était pas dans mes habitudes de parler de cela, ce n'était pas dans mes habitudes de retourner gratter cette partie de mon passé. Mais avec lui, ça me semblait normal, essentiel.  « J’imagine aussi que tu dois être vidé d’en parler alors… je suis là, tu sais. Si un jour tu veux ne pas en parler avec quelqu’un. » ni plus, ni moins. Il a sûrement des tas d’amis, peut-être même quelqu’un avec qui partager sa vie, une famille qui tient à lui. Mais si jamais mon oreille peut aider, mon expérience peut servir, ou ma capacité à ne rien dire peut faire office de point d’ancrage, be my guest. Et lorsque les premières gouttes de pluie tombent sur le carrelage, et lorsque je sens la première averse d’eau chaude venir se casser sur mon crâne, tremper mes mèches et ralentir notre pas, tout ce que je vois, tout ce que j’entends, c’est un Noah hilare qui se tourne vers moi, l’oeil brillant. « Maman? Je peux aller jouer dans les flaques? » et j’hoche positivement de la tête, et je le regarde faire, l'envie d'agripper Isaac par le poignet et de rejoindre avec lui le bambin dans sa lubie.

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Isaac Jensen
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le coeur au bout des doigts
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MÉTIER : Infirmier au service des urgences, président de l'association Run for Judy, infirmier bénévole à la Croix Rouge et aux Flying Doctors, sapeur-pompier volontaire et surtout : papa comblé de Jude (13.09.2018), Maia (14.06.2022), Jack et Mila (01.08.2023)
LOGEMENT : Penny et lui ont quitté Toowong en 2024 pour s'installer avec leurs enfants à Bayside et y créer leur cocon à l'image entière de leur amour
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Message(#)isaac & ginny ▲ getting cold on this island EmptySam 5 Mai 2018 - 21:34


Je me sens dangereusement perdre l'équilibre dans mes faux semblants, tanguer douloureusement entre les manichéens vrai et faux. Bâtir un quotidien sur des dalles fissurées, bancales, malmenées compose un labeur éreintant, où chaque acte se noie dans l'incertain. Ça passe ou ça casse, où j'ignore même les conséquences de cette casse et suis incapable de me ravir des éléments qui passent, inapte à leur faire confiance. J'ai le sentiment de nager dans des eaux troubles constamment, où n'existe même plus de zone de confort. Les jours qui avaient suivi l'éradication de ma sombre volonté, je m'étais senti pousser des ailes, animé par la détermination de quitter cet hôpital où je réfutais l'affichage de mes faiblesses, désirais calmer la culpabilité, la peur, la tristesse des proches qui témoignaient de mon fatal choix. J'avais été fort et féroce pour eux ainsi que pour mon orgueil, et cette ténacité avait perduré tout le temps où je sentais des yeux tantôt inquisiteurs, tantôt méfiants, tantôt larmoyants posés sur le reste de ma personne arrachée à son envol, ancrée à son existence. Ce mécanisme était naturel, instinctif : enfant, j'avais toujours joué aux plus forts, étant l'aîné d'une fratrie de quatre enfants. Adolescent, mon ego surdimensionné rejetait la moindre faiblesse. Adulte, je me consacrais à une vocation sans failles où mon propre bien-être n'avait aucune parole puisque seuls mes patients et leurs proches comptaient à mes yeux - et lorsque je quittais l'hôpital, c'était le tour des personnes à qui je tenais. La femme que j'aime tant encore passait systématiquement avant mes peines et difficultés, tant j'étais obnubilé à ma mission de la rendre heureuse et panser ses propres blessures. Ses peines auxquelles je m'accordais parfois une certaine responsabilité. Je servais sans relâche le même tableau calme et paisible au clan Jensen qui ne me voyait le minois que très rarement, résidant à plus de 80 kilomètres de Brisbane. Noa pouvait apercevoir quelques fois les failles qui s'érigeaient sournoisement en mon être, étant la seule personne de mon entourage à qui je savais me confier véritablement. Cependant, même elle n'aurait jamais pu se douter que j'allais si mal, puisque de toute évidence, j'étais incapable de le démontrer, de l'assumer, d'appeler à l'aide. Je m'étais convaincu, au fil des premiers mois, que des solutions se dessineraient, que je détiendrai les armes à vaincre ces démons. Ces arguments candides s'étaient vus étouffer de plus en plus par les coups que je recevais et ne parvenais plus à encaisser. Ils s'étaient vus annihilés et remplacés par les stratégies assassines que j'établissais secrètement, des jours, puis des semaines durant, jusqu'à ce que ceux-ci m'obsèdent et deviennent vérité, cessant leur macabre chant retentissant depuis quelques mois dans ma boîte crânienne.

Je conservais mon sourire lorsque Noah me présentait son ouvrage et qu'il m'expliquait avec enthousiasme avoir communiqué son savoir-faire à l'une de mes collègues. « Elle en a de la chance, Emily, » prononçais-je sur un ton de félicité. J'enchérissais en demandant le prochain lieu d'affichage de ce dessin coloré et m'étonnais de le voir être positionné entre mes mains, le garçonnet me le cédant en précisant qu'il en possédait d'autres chez lui. Je jetais un coup d’œil à Ginny, y cherchant une confirmation. Je m'imaginais rapidement plusieurs dessins dans la maison familiale. A l'hôpital, il suffisait de trouver une activité qu'affectionne Noah pour le voir s'élancer dans une production importante de bonheur. « Hé bien, me voilà encore plus chanceux qu'Emily. Merci beaucoup Noah, c'est très généreux de ta part. Je vais lui trouver une place de choix chez moi. » Je roulais le dessin et l'abritait dans une poche interne de mon blouson. Je confirmais la réciprocité des aveux regrettant ma présence et offrais un regard moins ombragé à Ginny lorsqu'elle évoquait les petits patients du service pédiatrique.

Nous nous mouvèrent en trio vers l'arrêt de bus désigné par la jeune mère. Le silence qui s'installa entre nous deux n'arboraient rien de pesant, d'inconfortable. Je me ressourçais des gestes comblés de l'écolier savourant les moindres détails de la vie comme elle le méritait. Puis, je finissais par décrocher mon regard de la jeune silhouette, effleurant les perles noisettes de l'artiste « Ça finit par se calmer un jour. C’est pas facile, ça fait mal, c’est injuste, et la culpabilité est horrible. » Et mon regard qui fuit instantanément face à la vérité cinglante, mon cœur qui manque un battement face à la dureté de cette dernière. « Mais ça s’adoucit. Et on en sort plus fort. » Demi-tour, je quête refuge à la lueur de ses yeux, espère y lire espoir et élan, y calquer une franchise infaillible. « C’était un peu après sa naissance. Il n’a jamais su. » J'inspire lentement, m'emplissant de cet air humide et menaçant. De cette atmosphère aussi délicate que puissante, qui me prend aux tripes par la simplicité de ces aveux si lourds de signification qui ricochaient sans gène en moi. Un coup de tonnerre me fit légèrement sursauter, alors qu'éclatait le rire tonitruant du garçonnet nous précédant, agissant en éclaireur aventurier de l'urbanisme de Brisbane. Je suspectais que même s'il faisait ce trajet plusieurs fois par jour, Noah était capable de toujours y dégoter un intérêt, une surprise, un jeu. « J’imagine aussi que tu dois être vidé d’en parler alors… je suis là, tu sais. Si un jour tu veux ne pas en parler avec quelqu’un. »

« Maman? Je peux aller jouer dans les flaques? » Mes yeux passent de l'enfant à l'arrêt de bus, quelques mètres plus loin. L'acquiescement de sa mère doit me faire autant plaisir qu'à lui, tous deux ne désirant pas que ce moment prenne fin, bien qu'armés de raisons diamétralement opposées. Je ressens ce besoin de demeurer davantage auprès de Ginny, sa confidence agissant tel un plâtre sur ce monstre indécis, nébuleux, qui croît à mesure des heures agonisantes et se pétrifie à la vue du futur. Elle n'est pas la première personne que je rencontre qui a tenté de mettre fin à ses jours, mais elle est la seule qui a su continuer son histoire. « Merci pour tes mots, » finis-je par articuler, coupant court à mon mutisme causé par des interrogations dotées d'un caractère astronomique. Comment un sentiment que l'on avait partagé dans les grandes lignes était parvenu à la mener à aujourd'hui ? Comment avait-elle su ne pas retomber dans les travers de la dépression lorsque son enfant vivait les pires instants de son innocente et fébrile existence ? Comment avait-elle pu gérer ses relations, son identité transformée à tout jamais une fois cet acte posé ? Comment se sentait-elle, aujourd'hui ? Comment faisait-elle, tout simplement ?  Mes interrogations sont parsemées des éclats de joie de Noah, et je le soupçonne d'avoir pu répondre à certains de ces dilemmes pour la McGrath.

« Tu es la première personne que je rencontre qui... » Je me perds entre mes termes, tous synonymes du même passé, coincés au fond de ma gorge, accumulés, forgeant une boule indigeste. Est-ce qu'un jour je pourrais cracher ces mots crus ? M'approprier ces termes interdits ? La première personne qui te dit qu'elle a voulu se tuer, Isy. La première personne qui a voulu se suicider. Pourquoi est-ce si difficile à exprimer, à assumer même si j'évoque son histoire à elle et alors que je lui fais confiance, que la confidentialité est respectée entre nous ; personne ne peut nous entendre, l'orage étreint notre conversation de ses grondements, les piétons se sont volatilisés, Noah règne dans son monde aquatique dynamique. Ma communication de ce sujet ne se fait pourtant qu'à demi-mots, laissant entrevoir un long chemin à parcourir.

« J'ai la chance d'avoir des amis qui m'aident beaucoup dans leurs gestes et leur présence. Mais j'entends aussi énormément de fabulations sur ce que j'ai fait et sur ce qui m'attend. J'entends tout, je retiens tout, j'apprécie tout ce qu'on me dit mais... » Je marque une pause, comme je le fais toujours lorsque je m'apprête à sortir une vérité amère. J'ai toujours été quelqu'un d'honnête, mais cela ne m'a jamais empêché de peiner à dire du mal. « C'est difficile de croire ou d'obéir à quelqu'un qui ne sait pas ce que c'est personnellement. » Je plongeais mes mains dans mes poches. J'avais le pressentiment de ne pas être très clair, de ne servir que des propos incompréhensibles - ou alors, d'être juste ingrat face à l'aide qu'on me livrait, ce qui n'était néanmoins pas le cas. Je tentais d'expliquer péniblement : « J'ai vu plusieurs sortes de malheurs à l'hôpital dans le cadre de ma profession. Mais jamais je n'ai su quoi dire pour consoler ou réconforter les gens qui venaient de se faire violer, d'apprendre qu'ils avaient un cancer, de perdre un parent... Jamais je ne me suis autorisé à leur dire que ça irait mieux, ou de dire comment faire pour aller mieux. Parce que je ne sais pas ce que ça fait, je ne sais pas ce que c'est. Je trouvais ça malhonnête de leur faire la promesse que tout irait bien, quand j'étais incapable de l'assurer. Alors, tout ce que je sais faire - que j'ai su faire -, c'est être là pour les aider comme je pouvais. Être patient, les soigner physiquement, améliorer leur quotidien autant que possible... » Mon interlocutrice en avait connu les frais, je ne m'étais jamais risqué à lui dire que Noah guérirait, ou de lui assurer qu'il passerait la nuit lorsqu'il allait vraiment mal dans le temps de ses hospitalisations. Plutôt, je lui conseillais de voir les choses un jour à la fois, je soulignais les efforts et les réussites de son fils, je lui promettais de passer régulièrement dans sa chambre pour s'assurer qu'il n'ait besoin de rien, je me montrais présent dans la mesure de mes moyens...

Je me pinçais nerveusement les lèvres quelques instants, redoutant la réaction de Ginny face à toutes ces paroles décousues et s'apparentant aux jérémiades. Qui a envie d'entendre parler du malheur des autres ? Surtout lorsqu'on n'a rien demandé, que l'on croise une vieille connaissance dans la rue et qu'on se trouve avec son enfant de quelques années ? Certes, l'australienne venait de me proposer son aide, mais je me sentais gougeât de la saisir instantanément et si avidement. Je me faisais la promesse de bientôt m'arrêter, il fallait seulement que je vienne aux termes de ce que je venais de débuter. « On dit de sortir, on dit de réfléchir, on dit de faire du sport, on dit de voir sa famille, on dit d'écrire... On m'a tout dit, je crois. Sauf ce qui peut avoir un véritable impact sur moi ces temps-ci... » Je n'avais pas besoin qu'on me dise que tout s'arrangerait, j'avais besoin qu'on me dise qu'on me pardonnait. Je n'avais pas besoin qu'on me change les idées, j'avais besoin de trouver des réponses pour éclaircir toute la pénombre qui m'entourait et m'attendait. Je n'avais pas besoin qu'on me dise que c'est possible de s'en sortir, j'avais besoin qu'on me montre quelqu'un et qu'on me dise : regarde, elle a survécu. Et ce dernier point, Ginny, naturellement, me l'avait offert. Ce premier poids, elle venait de l'ôter de mes épaules dans un geste banal, duquel je lui serai reconnaissant éternellement. Et lorsque l'artiste dépeignait toute la laideur des jours à venir, je parvenais à la croire, à assimiler l'éventualité que ça finisse par se calmer un jour, ça s’adoucisse. Qui sait, peut-être même pouvais-je en sortir plus fort, aussi inconcevable cela puisse paraître aujourd'hui. Et peut-être qu'un jour, j'aurais assez de témérité pour lui demander comment est-ce possible. « ...Mais tes mots, ils ont en un. »




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Le rythme de la marche ralentit, son souffle aussi. C’est une suite de petits détails que je remarque, l’esprit affûté, attentive à ce qu’il me donne le ok sans vraiment le savoir. Le ok de m’avancer sur ce sujet, le ok de me mettre le nez là où, ma foi, il n’a peut-être pas sa place. Le ok pour être celle qui lui tend la main, ne pas le forcer à prendre l’aide dont il n’a pas besoin, dont il ne veut peut-être pas. Le ok d’être là, pour lui, dans tout le chaos qui suivra, le chaos actuel, celui qui l’a rendu là. Isaac n’a pas besoin d’une nouvelle personne à qui se justifier, d’une nouvelle tête à rassurer, d’un nouveau coeur à calmer, s’il fait une rechute. Néanmoins, j’ose, je fais le pas qu’il faut, peut-être de trop, sûrement au final. Mais le regard doux, la voix qui tangue, les yeux qui se vissent aux siens, j’espère. J’espère qu’il verra qu’aucune attaque n’est faite en son sein. J’espère qu’il sera à l’aise de m’écouter, sans ressentir la nécessité de me devoir quelque chose, de me rendre des comptes. J’espère qu’il gardera silence, qu’il n’aura pas un mot ou une question ou un commentaire forcé contre ses lèvres, simplement parce que j’ai apporté un point de vue, simplement parce qu’il se doit de ne pas me laisser pantoise. À aucun moment il ne m’interrompt, me demande d’arrêter, soupire, change de trajectoire. Et il est attentif, à ce que j’apporte bien humblement. Je n’en demandais pas tant. Je ne demandais pas qu’il soit scotché à mes mots, qu’il insiste des prunelles, qu’il soit là et pas nulle part ailleurs, son attention dédiée à ce que je peux bien savoir sur la situation, sur son mal-être, sur ce qu’il a bien pu faire, vouloir faire, empêché de l’accomplir à la dernière minute pour être si valable. Même après ma tirade, même après ma confession et nos deux têtes qui rebondissent en direction de Noah, rien ne sort, rien ne brise le calme, rien ne le complète. L’orage commence doucement à tomber lorsque le bambin finit par dériver vers les premières flaques aux abords de la rue, et j’en profite pour aller m’abriter avec l’infirmier sous le petit toit faisant office d’arrêt d’autobus, nous cacher le temps de reprendre notre souffle, ou de se laisser respirer, c’est selon. Maintenant que je lève les yeux vers lui, mon coeur palpite un brin d'anticiper avoir été trop loin, d’avoir probablement brûlé le seul lien de confiance qu’il avait si bien entretenu depuis toutes nos rencontres, depuis toutes les fois où il avait su trouver les mots justes pour calmer mes craintes, pour soulager ma peine au chevet de Noah. Isaac est muet. Le bruit d’une voiture qui passe en aparté, le bruit du vent qui se lève, le bruit de la pluie qui tombe à ravage maintenant, les rires de mon gamin qui danse, trempé de la tête aux pieds. Mais rien de la part du grand brun ; jusqu’à un soupir, jusqu’à un merci. Et c’est là où je sens mes épaules doucement descendre, mes muscles se détendre, l’expression beaucoup moins tendue qu’il n’y a qu’une fraction de secondes à peine. « J’aimerais pouvoir faire plus, mais c’est tout ce que j’ai sur le moment. » et j’esquisse un sourire en coin, encore si peu certaine de l’effet que mon petit discours à peine assumé ait pu avoir sur lui. Le mélange d’émotions à vif, l’overdose d’angoisse qui tente de remonter le long de ma colonne vertébrale, d’aller jusqu’à ma gorge, ma tête, et le souvenir limpide de ce moment-là, pour moi. Ma coeur qui se brise un peu plus, de savoir qu’il est passé tout autant par là. « Tu es la première personne que je rencontre qui... » et, c’est à peu près à cet instant-là que le temps s’arrête. Qu’il fait arrêt sur image, et que le reste est en suspens, flotte autour de nos têtes comme une sentence bien claire, bien évidente, qu’on a à peine évitée volontairement. Tentant de le calmer, de le rassurer au mieux, de lui assurer qu’il n’a pas besoin de le dire, encore moins à moi, à personne, qu’il peut très bien y aller à son rythme, pas à pas sans être tiré, forcé, brimé, je complète la voix posée. « Toi aussi. Tu es le seul qui peut comprendre. »  bénissant un peu pas mal quiconque ait eu la mainmise sur le fait que l’abri est complètement désert mis à part nous deux, et le microbe que je devrai ramener à l’ordre un jour ou l’autre avant qu’il n’attrape le pire rhume de l’existence.  

Alors que je croyais qu’Isaac en resterait là, alors que j'espérais, vainement, qu’il ait vécu bien assez d’émotions fortes aujourd’hui et qu’il préfère simplement garder mon offre dans un coin reculé de son cerveau, pour plus tard, lorsqu’il serait plus fort, lorsque mon aide aurait une signification et ne serait pas une nouvelle épine dans un pied qui tente si bien et si fort d’avancer, il renchérit. Il renchérit et mon souffle se serre, et rien ni personne ne pourrait réussir à me faire détourner le regard du jeune homme qui doucement se mouvoie dans une discussion à sens unique, dans un élan qui vient du coeur et de nulle part ailleurs. S’il fronce les sourcils à quelques reprises, se perd dans ses pensées, revient à la charge pour mieux contracter son expression et ne pas s’avouer vaincu si facilement, jamais je ne lui demande de préciser quoi que ce soit, jamais je n’en viens à le couper dans le flot qui déferle, sa langue qui se délie plus encore que ce à quoi j’étais habituée à son sujet. C’est un tout nouvel Isaac que je découvre et même s’il aborde ce qui fait mal, ce qui dérange, il n’y a rien qui suggère qu’il n’en a pas foncièrement besoin, qu’il n’assume pas un peu plus chaque énoncé au fil des minutes qui passent. Tout dans ce qu’il raconte me ramène à huit ans et des poussières en arrière, à la sensation qui presse la poitrine, aux démons qui remontent, au tunnel, le long tunnel sans issue aucune sauf celle de tout laisser tomber, de lâcher prise une bonne fois pour toute. Le retour à la normale, à la lumière. Les personnages qui apparaissent autour de nous, leurs enseignements, leurs recommandations, leurs dossiers, des piles et des piles de papiers où ils gribouillent tout sur ce qui nous concerne, tout sur ce qui se passe là, à l’intérieur, sans qu’on puisse y jeter ne serait-ce qu’un simple coup d’oeil. Aucun repère, pris à respecter les exigences de ceux qui ont les clés, mais qui se refusent à nous les donner. « On m'a tout dit, je crois. Sauf ce qui peut avoir un véritable impact sur moi ces temps-ci… mais tes mots, ils ont en un. » le choc, la décharge, le ressenti qui passe de mes orteils à mon crâne. La tension à couper au couteau. Et mon rire, un brin timide, nerveux, jaune, qui ponctue le silence, comme si c’était inconcevable que je puisse apporter quoi que ce soit de mieux. Et pourtant il reste là, et pourtant il ne me demande pas de me taire, et pourtant il ne me ferme pas la porte au nez pour avoir été comme tous les autres, à croire avoir la réponse absolue. À ce propos, « Il n’y a pas de recette magique. Il n’y a rien de ce que les gens peuvent te dire, même moi, qui est à toutes épreuves. Il n’y a pas de livre, pas de marche à suivre, pas de mode d’emploi, encore moins de repères où se poser pour reprendre des forces. » que j’essaie d’expliquer au mieux, sachant à quel point moi-même j’avais pu me perdre dans les diagnostics et la quête impossible de réponses à des questions qu’on n’arrive jamais totalement à prononcer. « Il y a seulement toi. Et la volonté de t’en sortir. » et je pourrais jurer que s’il me dit tout ça, que s’il est toujours ici avec moi, que s’il ne bouge pas, c’est qu’elle est présente la volonté, l’envie de gagner envers et contre tout. « Je suis là pour Noah. Je suis restée pour lui. »  et un coup d’oeil par-dessus mon épaule me confirme qu’il est bel et bien noyé sous la flotte, mais rarement plus heureux que maintenant. « À la seconde où j’ai compris ce que j’avais fait, pourquoi je l’avais fait, et les conséquences que ça aurait pu avoir je... » une pause, un soupir, un tremblement que je ravale sans la moindre intention d’ajouter un poids supplémentaire sur les épaules d’Isaac pour avoir ouvert la boîte de Pandore. « … je me suis promis de ne plus jamais être faible. De n’être que forte, pour lui. » c’est bien ce qui m’a permis de tenir, à Londres. À travers Edward, Matt, mes parents - la seule chose à laquelle je me rattachais, c’était mon fils. Même dans sa maladie, ce n’était que pour lui, que je tenais debout. « J’ai trouvé une raison de me battre. Une raison de m’accrocher, de tenir le coup, d’être patiente. »  le pourquoi derrière tout ça, le pourquoi, maintenant, j’arrive à parler de cette épreuve comme d’un apprentissage, comme d’un levier. « Isaac, je... » et à nouveau, je sens mes doigts qui se triturent dans les poches de mon jeans, je sens l’hésitation qui fait le pas sur l’audace. « … j’ai envie de te demander comment tu vas, j’ai envie de savoir ce dont tu as besoin, j’ai envie d’aider. » un peu comme tout ceux qui l’entourent, non? En quoi tu serais bien différente Ginny, en quoi tu servirais à quelque chose? « Quand c’est arrivé, il n’y avait personne à qui je pouvais en parler, vraiment. »  mis à part quelques docteurs aux doigts trop longs et une masse de gens qui comptaient tellement, mais n’avaient pas les mots. « J’étais entourée, j’avais mon mari, ma famille mais… personne qui puisse savoir ce qui se passait, là. et du menton, je pointe sa tête, là où toutes les idées noires doivent s’accumuler à une cadence folle. Et même si je voulais tellement m’en sortir, et même si je tenais tellement à remonter la pente, ce n’était pas toujours simple, tout sauf facile. » doucement, la pluie commence à se calmer tout autour, un nuage puis un autre et on finira bien par voir le soleil se montrer. « Je veux être là, je veux être utile là où j’aurais moi-même eu besoin. »  pourquoi? « C’est sûrement très égoïste au fond. » c’est une façon comme une autre de faire la paix avec mon passé, i guess. « Mais je veux que tu me promettes que s’il y a quoi que ce soit, tu sauras que je suis là. » pourtant, si cela aide à chasser ses propres terreurs, on en sortira l’un aussi gagnant que l’autre.

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Isaac Jensen
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le coeur au bout des doigts
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Message(#)isaac & ginny ▲ getting cold on this island EmptySam 12 Mai 2018 - 6:30



Souvent, dans la pénombre de ce nouveau chapitre de vie né d'une rupture évitée par un fil frisant l'invisible, je perds pied. Des tourments torrentiels m'invitent, des déferlantes lancinantes m'habitent. La valse étourdissante des mêmes sentiments, devenus royalistes, ne cesse jamais : culpabilité, honte, colère, tristesse, peur, malaise. Ils se mêlent, s'entremêlent, silhouettes macabres me menaçant de la noyade, rejetant parfois leur dévolu de manière si glaciale que j'en crains l'hydrocution. Et pourtant, ce palpitant martèle inlassablement ma poitrine, résistant, persévérant, tenace. Le fil ne s'étiole pas, il brode vers le futur, bon gré mal gré.

Les aveux de Ginny me heurtèrent en plein cœur, tandis que je cueillais précieusement l'image qu'elle me rejetait pour l'ancrer dans mon esprit. L'afficher telles des paroles réconfortantes, telle une mélodie encourageante, tel un symbole de réussite, de triomphe, de paix. Elle m'indique son désir de m'offrir davantage, sans réaliser le grandiose qu'elle vient d'invoquer entre nous. Je ne peux espérer davantage, j'ai du mal à concevoir qu'il y ait plus. Son cadeau retentit à la même mélodie que l'inespéré qui tombe du ciel. J'essaie de le lui signifier, de m'accrocher à cette notion que finalement, je ne suis pas seul – plus seul ? De toutes les mains qui se tendent vers moi généreusement, affectueusement, humblement, en voilà une qui arbore les couleurs que mon être supplie. Néanmoins, les termes s'étouffent dans ma gorge, ces mots trop imposants, trop féroces, trop puissants, trop effrayants. Je me convaincs qu'un jour, je parviendrai à déclarer haut et fort que j'ai attenté à mes jours. Je me promets qu'un jour, je raconterai cette histoire à ceux qui auront besoin de l'entendre pour leur prodiguer la force qu'en seulement quelques termes interdits, Ginny vient de m'apporter. Un jour, j'accepterai mon suicide dans toute sa fatalité, toute sa pénombre, toute sa force. Cependant, ce jour était encore loin de mon présent précaire qui tantôt le reniait, tantôt l'affrontait.

Ce sont d'autres paroles qui s'extirpent de mon cœur, s'éclatent sans retenue sur la silhouette de la jeune mère. Une partie de mon être s'en veut de lui affliger de tels aveux, néanmoins, mon cœur bat la mesure de la vérité que je prononce, que je jette entre nos deux âmes qui se sont vues arrachées de manière similaire. Mon regard se perd, parfois dans le sien, parfois sur l'enfant qui inspire la joie de vivre à quelques mètres, parfois dans le vide, tout bonnement. L'imminent vide dont je suis plus que familier. Je désire ardemment lui faire comprendre à quel point elle m'est salvatrice, à quel point je lui suis reconnaissant, et à défaut de trouver les bons mots, je plante mon regard dans le sien, espérant qu'elle y lise l'espoir à l'état brut qu'elle vient de me livrer, cette denrée si riche, si nécessitée.

Puis je me tais dans une conclusion qui, à mon sens, boucle ma tirade. Un silence lourd s'installe entre nous, la culpabilité glace sournoisement mon sang. Je redoute avoir fait fuir Ginny, trop avide de saisir cette opportunité au bien. L'image de noyade me revient, suis-je tel l'homme qui s'agrippe à tout ce qui peut le mener au serein rivage, sans réaliser que dans sa précipitation, il détruit peut-être ce qui est censé l'aider ? Le déluge se perpétue, finalement abasourdi par la voix de l'australienne, qui solidifie le besoin du premier outil que je soupçonnais : ma volonté. Je compose le moteur principal vers ma guérison, vers ma survie. Je suis celui qui détient les armes et les secrets de ma réussite. J’extrapole : personne ne pourra m'apporter le moindre bonheur, tant que je ne sais être heureux. Personne ne pourra m'apaiser, tant que je me refuse quelconque paix. Personne ne pourra m'épauler, tant que je n'appelle pas à l'aide. Mes dents se creusent discrètement un sillon dans ma lèvre inférieure et j’écoute attentivement les éléments que me relate Ginny, ces bribes de son passé qui me happent, me tordent le cœur. Lorsqu'elle me parle de conséquences, ma culpabilité s'enflamme. Lorsqu'elle me parle de faiblesse, la honte me terrasse. Lorsqu'elle me parle de patience, néanmoins, tout s'effondre, invoquant un nouveau vide, imposant un répit de quelques minutes au moins.

Je ferme les yeux l'espace d'une fraction de secondes, comme si les dimensions de ce monde me submergeaient un peu trop. J'essaie de me recadrer tout en mémorisant soigneusement les propos de la McGrath, qui finalement, font du mal et du bien. Mais surtout, ils m'atteignent, ils me touchent, de toute leur sémantique, de toute leur pertinence. Ressentir quelque chose à ce niveau est bienvenu. L'espace d'une timide seconde, je me risque à considérer quelle raison me permettrait d'avancer. Je m'interroge sur la possibilité que ce motif me soit extérieur, comme il le fut pour Ginny. A moins de mal la cerner, Noah a constitué le phare de sa tempête. Mais moi, qui ai-je ? Les noms ne manquent pas à me venir à l'esprit, mais la vérité, c'est que je ne pense pas qu'ils suffisent, aussi égoïste et horrible cela puisse sonner. La vérité, c'est que je crains que personne d'extérieur ne suffise aujourd'hui, parce que je n'ai pas l'unique lien qui peut exister entre un parent et sa progéniture et je suis démuni d'amour. Je le fuis, je le redoute : il me terrorise depuis Chloe. Alors, si l'amitié est un atout mais uniquement des munitions à l'arme de mon futur, si l'amour et la famille sont proscrits, je dois m'appuyer majoritairement sur ma personne. Ce constat m'arrache un sourire sans joie. D'une manière ou d'une autre, la solution ultime est de trouver volonté et force en moi, quand je ne suis que fractures et flous. Il me faudra recoller les morceaux, pour moi. Il faudra que je déniche un moyen de me trouver une valeur, pour moi. Oui, bien entendu, je peux le faire pour mes proches et leur soutien m'est inestimable, mais je doute que ce sera suffisant pour afficher un bien-être pérenne.  
Ma raison de m’accrocher, de tenir le coup, d’être patient, il faut qu'elle soit ma vie et non celle des autres. N'est-ce pas ?

Je cille, incrédule, tandis que Ginny articule mon prénom. Je décontracte les muscles de mon visage, que je reconnais tendus. Mes lèvres restent marquées quelques secondes par la pression que j'ai exercée contre celles-ci dans ma nervosité. La jeune femme me propose généreusement son aide, en y teignant de nouveau les nuances qui s'accordent à mes besoins. Un fin sourire étire mes lippes, mon regard se brouille dangereusement lorsqu'elle me dit vouloir savoir comment je me porte, ce dont j'ai besoin, comment elle peut m’aider. Elle dresse le même portrait que je connais, où même si nous sommes entourés de personnes qui nous sont chères, la solitude nous étreint douloureusement, parce que dans ces moments-ci, nous avons besoin de quelqu'un qui comprenne sans que l'on explique, et souvent, il n'existe pas de telle personne dans notre entourage. Lorsque Ginny souligne la difficulté que j'affronte entièrement depuis quelques semaines, la gratitude gonfle mon cœur. Bien sûr, c'était effrayant de se faire dire que l'on ne peut pas s'en sortir aisément, mais c'était réconfortant de se faire confirmer que ce n'était pas aisé, quand soi-même, l'on est toujours au bord du gouffre, à essayer de remonter une pente si abrupte, si pénible, que baisser les bras s'impose souvent comme la solution la plus sage. Il faut savoir lâcher prise, l'adage toxique qui me hante constamment. Je ne peux pas lâcher prise, je ne peux plus lâcher prise. Je ne m'autorise même plus à y songer, criant intérieurement pour taire cette récalcitrante voix impériale. De plus en plus, je me demande néanmoins qu’est-ce qui me fait crier, et je crains un jour ne plus avoir de voix.

Un nœud s'intensifie dans ma gorge alors que j'imagine ce que mon interlocutrice a traversé, seule, avec pour unique aspiration son enfant. Son histoire m’inculque du courage et de la force, mais happe mon empathie d’une tristesse sans nom. Aujourd'hui, Ginny souhaite représenter la personne qui a cruellement manquée dans sa convalescence. Elle veut être ma personne et j'ai conscience que c'est un réel fardeau, un pur calvaire qu'elle sollicite. Si l'artiste se catalogue d'égoïste, je la perçois au contraire armée d'un altruisme dangereux. Et en réponse, une peur se matérialise au sein de mon être : Et si je l'entraînais dans ma chute ? Je l’emprisonne au fond de mes entrailles tant bien que mal, persuadé que s’abandonner à cette crainte, c'est rejeter tout l'espoir qu'elle m'a offert quelques minutes plus tôt et qui me réchauffe encore l'être, que je chéris précieusement, bec et ongles. L'image de Ginny s'est secrètement dressée dans mon esprit tel un symbole, une survivante, un modèle à emprunter mais surtout, une preuve que l'on peut s'en sortir, aussi ardu cela puisse l'être, aussi impossible cela puisse paraître. Envers et contre tout, c'est faisable. Quelques bus s’approchant de l’arrêt où nous sommes postés attire mon attention et je constate que la pluie perd en intensité. Je m’attarde sur le rétroviseur métallique qui reflète un rayon de soleil aveuglant et sens une perle nouée de détresse comme de soulagement taquiner mon œil. D’un geste discret, je l’efface et fais écho au vœu de mon interlocutrice : « Je te le promets. »

Les premiers bus continuent leur route sans s’arrêter, personne ne procurant de raison aux conducteurs de garer leur engin. Un nouveau silence s’installe entre nous et je plonge mes mains dans les poches de mon blouson, la tête embuée, le cœur à la fois en miettes et plus fort qu’il y a plusieurs mois. « Merci, Ginny. » J’ai l’impression de me répéter mais à mes yeux, c’est à la fois le plus essentiel et le plus honnête que je peux prononcer sans aucune difficulté. J’inspire profondément cet air chargé de précipitations et finis par oser, à demi-mot : « Je ne sais pas comment je vais faire. » Mon regard se perd sur la route, je me concentre sur les inépuisables cris de joie de Noah. J’avais le sentiment de tout avoir à construire, en ne pouvant me baser que sur un très faillible moi. « J’ai peur de dégringoler et de faire du mal à mes proches dans ma chute. » De les décevoir, de les fâcher. Eux que j'avais déjà fait trop vivre de tracas. « Je n’ai pas le droit à l’échec. Je n’en ai plus le droit. » Une pensée pour mes patients, ces malades parfois partis trop tôt, alors qu’ils voulaient encore se battre, qu’ils avaient des éléments non conclus dans leur existence. Il fallait que j’intègre le fait que je n’étais pas responsable de ces infortunes mais buté, j’en étais toujours incapable. J’inspirais profondément, invitant bravoure. « Mais je vais… Je vais élucider mon futur grâce à ton passé. » Je lui offrais un sourire en coin, tristement honnête. Je laissais quelques secondes silencieuses agoniser, puis tentais l’interrogation qui me brûlait les lèvres mais que je craignais poser, de peur que Ginny se froisse, ou que sa réponse m’anéantisse : « Ne te sens surtout pas obligée de me répondre mais... Est-ce que tu es heureuse ? » Je grimace, « heureuse » était juste tout en n’étant pas l’état que je recherchais. Être heureux est éphémère dans une certaine mesure. Même moi, actuellement, je ne cherchais pas le bonheur en premier lieu, mais plutôt l'acceptation. « Enfin... Est-ce que tu te sens bien dans ta vie ? Est-ce que tu apprécies où tu es, qui tu es ? » Parce que de toute évidence, elle n’avait pas choisi des fragments de son existence, comme la maladie de son fils et des dizaines d’autres malheurs, imprévus et déceptions qui l'ont rythmée. Cependant, Ginny était-elle en paix avec qui elle était aujourd’hui et la manière dont elle menait sa vie ?



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Message(#)isaac & ginny ▲ getting cold on this island EmptyLun 14 Mai 2018 - 3:47

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Isaac & Ginny

Et je prends mes marques au rythme où il prend les siennes. Parce que tout ceci est nouveau pour moi, parce que ce genre de conversation, on l’évite au plus, au mieux. Je ne compte plus le nombre de fois où mes parents ont essuyé toutes possibilités de discuter de ma tentative à l’époque, une fois le bureau du psychiatre derrière nous. Les silences, les regards plongés dans le vide de Matt lorsqu’il voyait en moi un hâle de noirceur qui se pointait avec subtilité aucune. Les tentatives toujours fondées pas toujours réussies d’Edward de me changer les idées, de me distraire, de penser à tout sauf à ça. Personne n’avait voulu étouffer mon mal en se laissant guider par de mauvaises intentions, mais personne n’avait insisté pour que je me vide le coeur non plus, pour que j’expie ce qui restait gravé, attaché, collé à mon âme comme un boulet difficile à traîner ; seule. Alors j’avais ravalé. Parce que c’était plus simple pour tout le monde, de faire comme si de rien n’était. D’enterrer l’ancienne version de moi, celle qui s’était éteinte à Londres ce soir-là. De la laisser partir avec mes troubles, de croire les diagnostics, de poser tous les espoirs sur les cachets que j’arrimais religieusement à mon horaire depuis, comme une béquille, comme l’assurance que tant qu’ils étaient là, je l’étais aussi. C’était un univers entier qui se construisait en parallèle, qui me faisait oublier la Ginny d’avant, l’impression de voir la scène se jouer d’un oeil extérieur, surélevée, à ne plus déceler autre chose qu’un faisceau indirect, qu’une réalité à laquelle je n’appartenais plus. Ce n’était pas moi, étendue, dans les bras de Matt. Ce n’était pas moi, une poignée de minutes plus tôt, qui avait gobé d’autres pilules, plus nocives, plus dangereuses, calquées sur mon mal-être. Ce n’était pas moi, dans ce lit d’hôpital, qui s’était réveillée comme d’un mauvais rêve, sans repère aucun. Mais c’était bel et bien Ginny qui était là, pluie battante, les prunelles noisettes alignées à celles d’Isaac, une voix que je reconnais et la promesse que je lui arrache plus sérieuse encore que je l’ai été bien souvent dans ma vie. « C’est ce que je voulais entendre. » que j’adoucis, que je calme, maintenant que la météo fait de même et que le grand brun accepte le pas, le tout petit pas supplémentaire que je fais dans sa vie. La crainte de m'incruster, la crainte d’être de trop qu’il balaie d’un sourire pas le plus assuré du monde, mais suffisamment confiant pour que je vois la possibilité d’être utile, de l’être pour lui du moins. Je ne sais pas comment je vais faire. Mon coeur qui se brise un peu plus de l’entendre aussi franc, aussi vif, aussi mal. Et je lui laisse à peine le temps de reprendre que déjà, j’abuse, que déjà, j’ai l’impression de me précipiter dans un sens unique auquel il aurait tous les droits de me refuser l’accès. « Tu as le droit à tout ce que tu veux. C’est toi qui importe, et personne d’autre. » j’ai rarement été aussi autoritaire avec Isaac dans les parages. Lui qui est habitué à une Ginny timide, à une Ginny qui s’efface, qui tentait doucement de reprendre ses marques de mère durant les derniers mois - mais mon ton est irrévocable. S’il y a bien une chose sur laquelle je veux insister, s’il y a bien un élément sur lequel je suis prête à me brûler s’il le faut, si cela m’assurera qu’il sera sain et sauf aussi longtemps que possible, c’est cela. Non aux autres, non à leur regard sur lui, non à leurs attentes, non à ce qu’ils lui demandent, à ce qu’il leur doit. « De quoi est-ce que tu as besoin en ce moment? Qu’est-ce qui t’aiderait à aller mieux? » et j’appuie sur les questions, et je prends le temps de doucement interroger avec l’importance qui s’insinue dans ma voix, la priorité mise sur Isaac et seulement lui. Les autres l’aimeront toujours. Les autres auront toujours confiance en lui. Les autres voudront toujours son bonheur, coûte que coûte. Mais d’emblée, ce ne sont pas les autres qui auront tout ce processus à faire. Ce ne sont pas les autres de qui il devra dépendre pour être heureux. Mon passé qui glisse sur ses lèvres, et la gêne qu’il pourra lire sur mon visage de réaliser qu’encore une fois, il en sait bien plus que quiconque. C’est une confiance infinie qui se construit juste ici, au creux d’une rue que je ne remarque même plus, de voitures, de gens, de vies toutes autour qui me semblent n’être que les coulisses de notre conversation. Est-ce que tu es heureuse ? Et ses mots claquent tout autant si ce n’est plus que les miens. Parce que sans le savoir, il enfonce le doigt là où je ne suis plus allée, là où je n’ai pas pressé depuis des mois si ce n’est des années. Parce que cette question, j’en ai maîtrisé toutes les feintes, toute la gymnastique possible pour l’éviter, pour la diriger ailleurs, pour ne pas, ne plus y répondre. « Je… je ne me suis jamais vraiment posé la question, après. De peur de la réponse sûrement. »  pas la force, pas le courage, l’autruche dans toute sa splendeur. L’interrogation qui me semble toute nouvelle, et je me donne le temps qu’il faut, avant d’inspirer longuement, de laisser couler à nouveau mon regard le plus naturellement du monde vers mon fils qui s’émerveille des faisceaux de pluie coulant le long du trottoir.  « Oui, je… I guess. »  elle est honnête, Ginny, elle fronce les sourcils, elle pense, mine d'enfant qui se concentre à bien faire, à dire la vérité. Elle prend le temps qu’il faut, elle ne se presse pas, elle enclenche ses méninges, authentique au possible, le temps d’un sourire, d’une esquisse de complicité avant de retirer le masque qu’elle a porté pendant plus d’une décennie maintenant. « Si j’avais su qu’on ferait dans l’introspection des deux côtés, j’aurais pris le bus d'avant... » et il est jaune, mon rire. Mais il soulage comme il peut. « Mais oui, je vais bien maintenant. Je suis heureuse. » et la réflexion ne fait que se poursuivre, et je suis un peu plus assurée, alors que les morceaux de puzzle se mettent tous en place, et que je ne doute pas de l’affirmer, ce bonheur tout nouveau, tout simple. Cette vie qui se dessine pour nous, cette liberté que je touche enfin, laquelle je me tâte à apprivoiser comme je peux. Tout ce dont j’ai rêvé qui se met enfin en place, plus aucune touche de drame, juste du doux, juste du simple, juste du beau, et enfin je me l’entends dire. Oui, je suis heureuse. Et enfin, j’y crois. « C’est étrange à dire, parce que les dernières années ont été tellement intenses que je n’ai jamais vraiment osé me demander moi-même comment j’allais. »  et de raison. Qui veut vraiment s’interroger sur son moral quand son gamin est sur son lit de mort? Quand on apprend que ses parents ont éloigné volontairement l’amour de sa vie? Quand on est déracinée en une nuit de ce qui a été notre maison, notre foyer depuis toujours? « Après que Noah soit sorti de l'hôpital, je n’aurais même jamais pu assumer de ne pas répondre un gros oui bien criant à ta question. » parce que la vie était meilleure, mais qu’elle n’était pas plus facile. Parce qu’on avait une chance de s’en sortir véritablement, mais que ce n’était pas non plus évident. Pourtant, la gratitude que j'éprouvais face à cette deuxième vie repoussait tous les tracas du revers sans me laisser le malheur même bref de me morfondre. « Il y a des jours où j’y pense, d’autres où je veux tout oublier. Il y a des moments où j’ai peur de revivre la même descente douloureuse, et d’autres où je suis fière de l’avoir vécue, d’y avoir survécu. » et je le guide doucement Isaac, vers ce qui risque de ponctuer son chemin, vers ce qui sera son quotidien au fil de sa rémission. « Mais il n’y a aucune journée depuis que j'ai décidé de rester où je n'ai pas été heureuse, ne serait-ce qu'une fraction de seconde. »  et c’est bien l’important. À chaque réveil, à chaque coucher ; je le sais, je le sens. Une seconde, une minute, une heure, une journée entière - de bonheur. « Maman, le bus! » Noah s’exclame, saute sur ses pieds, pointe droit devant, et évidemment je sursaute plus que de raison, le souffle court. Si le bruit du moteur vrombit de plus en plus près de nous, ce n’est que lorsqu’il s'arrête au dernier feu rouge avant notre station que je finis par tourner la tête vers Isaac, l’impression de l’inachevé qui stagne, qui plane. « J’ai pas envie de te laisser seul. » et elle peine à passer de mes lèvres à ses oreilles ma demande, comme une complainte, comme une crainte qu’il reste derrière alors que tout ce qui a été évoqué précédemment est encore si vif, si cru à mon sens. Alors qu'il a tous les droits de refuser et de ne penser qu'à lui justement, comme je lui targue de faire depuis le début. « Si… si tu n’as rien de prévu, si tu veux, tu pourrais venir avec nous, à la maison. »  un peu plus, et l’autobus se poste à notre hauteur. Un peu plus, et il a le choix de laisser couler, de prendre le temps dont il aura besoin pour jouer avec toutes les informations que je lui ai données, trouver un sens, une réponse à sa question pour lui-même : est-ce qu’il le sera un jour aussi, lui, heureux? « Oh oui, Isy, viens avec nous! » Noah qui ajoute, et déjà j’engage le mouvement vers le bus, question de ne pas insister si Isaac ne s’en sent plus la force.  

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Isaac Jensen
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le coeur au bout des doigts
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isaac & ginny ▲ getting cold on this island FQgUS3L Présent
ÂGE : 34 ans (13.05.90)
SURNOM : Isy
STATUT : Penny est le soleil et l'amour de sa vie, l'évidence avec laquelle il écrit sa plus belle histoire et s'autorise à réaliser des rêves de bonheur (06.07.2021)
MÉTIER : Infirmier au service des urgences, président de l'association Run for Judy, infirmier bénévole à la Croix Rouge et aux Flying Doctors, sapeur-pompier volontaire et surtout : papa comblé de Jude (13.09.2018), Maia (14.06.2022), Jack et Mila (01.08.2023)
LOGEMENT : Penny et lui ont quitté Toowong en 2024 pour s'installer avec leurs enfants à Bayside et y créer leur cocon à l'image entière de leur amour
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PETIT PLUS : Emménage à Brisbane en 2003 ∆ il exerce en qualité d'infirmier au st vincent's depuis 2006 puis est affecté aux urgences en 2013 ∆ une suite de blessures anéantit sa carrière de joueur de football australien en 2010 ∆ il attente à ses jours en mars 2018 et reprend le travail en septembre 2018 ∆ finaliste de ROA en 2020 ∆ il se soigne contre son anxio-dépression, après avoir longtemps refusé son diagnostic
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Message(#)isaac & ginny ▲ getting cold on this island EmptyLun 21 Mai 2018 - 6:21


Ginny venait d'inviter une nouvelle sensation à la valse étourdissante de sentiments qui m'étreignait et m'entraînait solidement depuis des semaines. Grâce à son don d'elle, que ce soit en termes de paroles, de compassion ou d'amitié, elle avait su imposer cette nouvelle entité comblée d'espoir et confortant le courage qui persistait au fond de mon être, jadis allié que d'une supposée chimère. Je m'efforçais à ancrer précieusement tout ce dont Ginny m'avait révélé ce jour, que ce soit par des mots, des gestes ou un simple regard. Je me promettais de les conserver et les prioriser lors de mes combats quotidiens, lors de ces instants parfois si ardus que je perdais temporairement pied dans ma quête de la sérénité.  

Je promettais sincèrement à la jeune femme de garder en mémoire le fait qu'elle me soit simplement accessible, qu'elle fasse partie de mon existence, de ma guérison. Je saisissais cette main qu'elle me tendait, bien que je redoutais férocement la blesser, l'affaiblir, la ternir. Je recueillais son aide, avide de réponses, de preuves, d'appartenance à un individu qui était apte à assimiler mes émotions, aussi mal articulées puissent-elle l'être. Je l'enlaçais pour l'abriter au fond de mon être, tel un trésor aussi inestimable qu'indéniable, tel un besoin vital, tout en insufflant cet égoïsme qui pinçait ardemment mon cœur. Avais-je vraiment le droit d'affubler la McGrath de mes peines ? Je savais pertinemment que je ne lui avais rien demandé et que son offre n'était issue que de sa personne ; cependant, je ne pouvais secouer cette peur de faire souffrir Autrui à nouveau.

Alors, je lui confiais que j'ignorais comment j'allais faire, que j'étais incapable de percer une voie dans la pénombre qui m'étouffait religieusement et de laquelle je m'évertuais à me familiariser, quitte à prier la nyctalopie. J'essayais de faire la part des choses, comme on me l'avait suggéré, simplement, instinctivement, bien que j'étais incapable d'apporter une sémantique à cette alliage de mots. Obtenir du recul sur mon geste, les conséquences qu'il avait invoquées et les raisons pour lesquelles je l'avais posé ne m'était pas encore possible. J'étais bien trop noyé dans cette marée de sentiments toxiques et découvertes alarmantes sur un présent que je n'avais jamais même envisagé. J'endurais ma terreur de l'échec, ce sentiment de marcher sur des œufs, chaussé de véritables parpaings ; les œufs étant ici les cœurs de mes proches. Je me sentais sur un fil, basculant constamment avec tant de véhémence que je m'étonnais régulièrement d'être toujours debout, de dénicher la motivation pour ajouter encore un pas, encore une action, encore un jour. Les prouesses appelaient parfois à l'épatant, mais je les réalisais.
Je déglutissais et repoussais mes doutes, assurant à Ginny que je trouverai un chemin vers mon futur, en m'inspirant de son parcours. J'en avais bien l'intention : je m'en faisais même timidement la promesse, au fond de mes entrailles, parmi cette fiole d'espoir et de bonheur qu'elle m'avait allouée.

L'artiste prend la parole et je me surprends à pincer de nouveau nerveusement mes lèvres. Ses propos ont l'effet d'une douche froide : un réveil instantané, une ouverture brutale du regard que je pose sur mon comportement, mes décisions, mes conjectures. Comme il me semblait étranger d'assumer le fait que j'aie le droit à tout ce que mon cœur me dicte. Que j'importais en maître solitaire. Autant ces mots me marquent, autant je les scrute avec perplexité sur la mosaïque de mon combat. Faire la part des choses, me répétais-je. Quelle tâche incompréhensible. Alors, marchandant de songer à cette éventualité plus tard, je relâchais l'interrogation qui me brûlait les lèvres depuis un long moment maintenant. La question voleta vers mon interlocutrice, pour y laisser des traces sur ses traits, qui se tiraient, qui s'enquéraient. Le bonheur, quel drôle de phénomène, que je corrigeais en bien-être, un état qui me paraissait bien plus net.

J'écoutais attentivement la réponse de la jeune mère, mon visage se décontractant parfois, osant même un semblant de sourire motivé par un cœur n'y était plus qu'à moitié, qui réclamait de plus en plus de repos. J'essayais de m'inspirer de la joie purement phénoménale de Noah tout en demeurant pendu aux lippes de la McGrath qui me relatait une part de sa propre histoire. Comment pouvait-elle mal se porter, lorsque son enfant souffrait abominablement aux yeux de tous ? Comment pouvait-elle se stopper à s'interroger sur sa santé mentale lorsque sa vie avait emprunté un tournant ahurissant, étourdissant dans sa rapidité ? Sa générosité me laissait admiratif tout en me crevant le cœur. Elle m'apprenait ses craintes, ses triomphes, ses hontes, ses acceptations, puis surtout, ses dénis. Ceux qui retinrent toute mon attention parce que je m'y accordais aujourd'hui entièrement. J'apprends par cœur sa conclusion, comme quoi un soleil ne se couche pas tant qu'il ait abreuvé son bonheur, armé non d'envie mais de volonté d'inviter ultimement cette coutume à mon quotidien.

Le manège des bus continue, jusqu'à ce que la voix de Noah nous rappelle à l'ordre, reconnaissant, malin, le bus qui le conduira chez lui. Cette maison qu'il m'avait tant décrite, dotée de cette chambre qui possédait des allures de paradis, soulignées par son impatience d'abandonner l'aile pédiatrique. Chaque enfant trépignait à l'idée de retrouver le confort de son domicile, mais celui de Noah, j'avais fini par me l'imaginer, tant il se plaisait à me le décrire ; si bien que pour le distraire après ses cauchemars ou pendant ses douleurs, je l'interrogeais une énième fois sur un élément que j'avais su retenir de son toit douillet.

Je me perds à me rappeler les descriptions du garçonnet, alors que Ginny m'avoue qu'elle ne souhaite pas me laisser seul. Je hoche la tête doucement, en signe de dénégation, dans une ambition de lui figurer que ça irait. Doucement, je sombre de nouveau dans mes pensées, concentré sur les bons sentiments de mon interlocutrice et les paroles que je compte placer tels des outils contre mes émotions tétanisantes, tels des épouvantails à ces images fantomatiques qui me hantent, ces raisonnements malsains qui analysent de loin ma tentative de suicide, qui se dessinent Chloe, encore nullipare, dans mon quotidien, qui s'esquissent des raisons insignifiantes.

L'invitation me raccroche à l'instant présent, enchéri par l'enthousiasme de Noah. Je souris sincèrement à l'écolier et remarque sa mère gravir les marches de l'autobus. Mon cœur se serre, mitigé entre l'idée d'aller découvrir ce paradis et d'y solliciter de nouvelles réponses, d'indices qui permettaient aujourd'hui d'éclairer davantage ma route, ma noirceur. Mais vraiment, au de-là de craindre d'abuser de la sympathie de l'artiste, je redoutais me sentir prisonnier de cette maison. De m'étouffer à trop vouloir bien paraître et lâcher prise contre mon gré. Tristement, lamentablement, je ne me sentais pas la force de rendre honneur à Ginny et tout ce qu'elle m'avait prodigué, tout ce qu'elle représentait, tout ce qu'elle demeurait. De plus, ce besoin de me répéter ses paroles inlassablement dans ma solitude croissait, aspirant à convier tout le bon qu'elles pouvaient me faire. « Je ne peux pas mais peut-être une autre fois, d'accord ? » Je saisissais Noah par la taille et le propulsais au-dessus des marches, invoquant des éclats de rire amusés de l'enfant, le distrayant du refus que je venais de formuler. Alors qu'il prenait place avec sa mère, je l'aperçus me faire un signe de la main, auquel je répondais avec un clin d’œil, avant d'attirer mon attention sur Ginny et espérer lui faire comprendre, d'un regard et d'un geste de la tête, à quel point elle me sauvait.

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