La journée touche à sa fin, elle a été beaucoup plus longue que d'habitude. En cause ? Sa cheville complètement immobilisée par une atèle. Incapable de bouger le pied. Incapable de danser. Lily se sent presque inutile dans ses cours de danse. Le médecin lui a dit de se reposer pendant un mois. Mais un mois, c'est beaucoup trop long pour elle. Elle ne peut pas abandonner ses élèves aussi longtemps. Alors ouais, elle n'écoute pas les prescriptions du médecin. Elle devrait être chez elle, dans son canapé à regarder la télé toute la journée au lieu d'être au studio de danse. Mais c'est plus fort qu'elle. Elle a pris des engagements et elle se doit de les tenir. Heureusement qu'il y a quelques danseuses qui ont bien suivi les cours précédents et qui peuvent rectifier les autres. Lily ne sait pas comment elle ferait sinon. Certainement qu'elle aggraverait son cas encore plus. Non, la jeune femme n'est pas non plus suicidaire. Elle essaie de faire, quand même, attention. Elle a encore quelques rêves à réaliser par rapport à la danse qui nécessite de danser. Elle ne se voit pas encore arrêter complètement de donner des leçons. Très certainement qu'elle rendra son tablier un jour ou l'autre, ne pouvant plus bouger aussi qu'aujourd'hui, n'étant plus aussi souple qu'elle ne l'est encore. Mais ce jour n'est pas encore arrivé alors elle compte en profiter jusqu'à la dernière seconde. Elle sort difficilement du studio de danse pour se rendre... Elle ne sait même pas où aller. Elle n'a pas envie de rentrer chez elle tout de suite et se retrouver seule comme tous les soirs. Il y a des soirs où elle ne supporte plus cette solitude que lui impose le célibat. Parfois, elle aimerait rentrer et retrouver l'homme qu'elle aime pour partager sa journée avec lui et qu'il en fasse de même avec elle. Elle aimerait partager un repas avec cette personne et rire de tout et de rien. Mais dès qu'elle se retrouve en couple, rien ne se passe comme elle aimerait et ça ne dure jamais bien longtemps. Dispute sur dispute, haussement de ton sur haussement de ton, ce n'est pas la vie amoureuse que veut mener Lily. Mais elle sait qu'elle y est pour quelque chose parce qu'une fois en couple, elle a l'impression de rejeter la personne dès qu'il y a trop d'amour, trop d'affection, trop de sérieux. Elle ne se comprend pas elle-même, comment les autres pourraient la comprendre ? Elle a décidé de voir une psychologue sous les conseils de sa sœur. Elle ne sait pas si elle doit faire confiance en ces professionnels mais elle tente. De toute façon, elle n'a rien à perdre si ce n'est du temps et de l'argent. Elle a eu un rendez-vous en début de semaine mais elle ne sait pas trop quoi en penser. Elle verra aux prochains. Après quelques secondes de réflexion, la jeune femme décide de se poser dans un bar pour boire un verre ou deux avant de rentrer. C'est une chose qu'elle ne faisait jamais par le passé. Ce n'est pas non plus devenu une habitude mais parfois, ça lui fait du bien de se détendre après une longue journée comme celle ci. Elle voit du monde. Parfois qu'elle connaît. Souvent qu'elle ne connaît pas. Elle discute et ça lui fait du bien. Elle entre et se pose à une table après avoir commandé un cocktail au nom imprononçable. Elle le trouvait sympa alors elle en a fait son choix.
Ça fait un peu plus d'une heure qu'elle est ici et elle vient de terminer son deuxième verre. Elle pense qu'il est temps de rentrer chez elle mais quand elle tente de se lever pour payer et s'en aller, elle voit Arthur. Elle se rend compte que leurs rencontres ne marchent qu'au hasard depuis le retour de Lily à Brisbane. Sauf la fois où il a débarqué chez elle avec une boite de cookies à la main. Mais toutes les autres, ce n'était qu'une question de hasard. Elle sourit quand son regard passe devant elle et lui fait un petit signe pour qu'il la voit. Elle ne sait pas si c'est une bonne idée mais Lily n'a pas l'habitude de boire et l'alcool lui monte assez vite à la tête. Elle n'a pas bourré, ni quoi que ce soit, elle est encore consciente de ses faits et gestes. Ou presque. Hé, qu'est-ce que tu fais là ? Ça fait plaisir de te croiser. Elle essaie de se relever pour embrasser sa joue mais le moindre geste de la vie quotidienne devient un calvaire pour la jeune femme. Et d'accord, sans alcool, elle ne réagirait sans doute pas comme ça. Ils s'entendent à peu près mais pas au point de s'embrasser dès qu'ils se croisent. Elle n'arrive pas à se relever alors tant pis, elle laisse tomber et soupire. Je suis censée me reposer pendant un mois. Un mois ?! Tu te rends compte ? Lily n'a toujours pas digéré cette annonce et a vraiment du mal à s'y faire mais elle va devoir faire avec. Elle ne fera qu'empirer la blessure et il en est hors de question. Elle ne veut même pas y penser. Je t'offre quelque chose ? Demande-t-elle sur un ton plus calme, plus doux et moins en colère que précédemment.
Depuis qu’Abel est entré dans ta vie, tu sors moins mais cela ne veut pas dire que tu ne sors pas du tout. Tu ne peux que moins sortir quand tu as ton fils chez toi une semaine sur deux et il est hors de question que ces soirs là tu ne les passes pas avec lui. Une fois que tu avais eu la preuve qu’Abel était bel et bien ton fils, il avait été impensable pour toi de ne pas le reconnaître et de ne pas lui offrir un père. Tu ne savais pas si tu étais un bon père et peut-être que tu ne sauras jamais mais au moins tu seras là pour lui tout au long de sa vie, tu ne le laisseras pas tomber comme le tient avait osé le faire. Mais ce soir, Abel est chez Angelina et quand des amis te proposent de les retrouver pour un verre, tu ne vois pas l’intérêt de dire non. Tu arrives un peu en retard car tu coaches l’équipe de baseball après les cours et tu ne peux pas arriver au bar salle. Pas quand tu pouvais possiblement faire des rencontres intéressantes. Tu étais toujours persuadé que tu ne rencontreras pas la femme de ta vie dans un bar mais cela ne t’empêche pas d’y aller et d’avoir toujours envie de plaire. Il est hors de question pour toi de te priver de compagnie féminine tant que tu n’avais pas trouvé une personne qui te donnait envie de lui laisser une chance et qui aurait envie de t’en laisser une aussi. Tu avais bien conscience que c’était un peu compliqué mais tu refusais de perdre espoir. Après tout, tu avais trente-deux ans, tu étais encore jeune et tu savais qu’avoir un enfant était une contrainte supplémentaire sur le marché amoureux. Après l’entraînement tu étais donc rentré chez toi pour te doucher et t’habiller d’un t-shirt moulant et d’un jean cintré. Rien de fantastique mais cela suffisait pour faire son effet. Tu pris le bus pour te rendre au Canvas. Tu n’étais pas un fanatique de la voiture et puis tu allais certainement boire donc mieux valait la laisser garée devant la maison et prendre un Uber pour rentrer. Tes amis sont déjà installés quand tu arrives et tu t’installes en commandant une bière pour te joindre à eux. C’est pour l’instant une soirée entre hommes mais tu ne doutes pas que cela va rapidement changer. Tu peux déjà voir les regards de tes compagnons se poser sur diverses demoiselles du bar et tu te contentes de sourire. Tu décides de profiter pour l’instant que vous soyez tous ensemble et vous parliez du dernier match de baseball de l’équipe de Brisbane et puis des derniers exploits de chacun. La plupart étaient célibataires mais certains étaient en couple ou mariés. Tu savais que pour eux la soirée serait de courte durée à part si leur moitié venait les rejoindre.
Vous discutez sans discontinuer mais au bout d’un moment tu sens que l’attention de tes amis est ailleurs. Tu continues de discuter avec ceux en couple et mariés alors que les autres ont déjà filé aborder des demoiselles. Alors qu’ils parlent des derniers exploits de leurs compagnes, tu laisses ton regard vagabonder dans le bar. Tu ne l’as pas fait pour l’instant et tu arrives à peine à en croire tes yeux quand ton regard se pose sur Lily. Tu fermes les yeux pour les ouvrir à nouveau de manière à être certain de ne pas te tromper mais ce ne peut être qu’elle car elle te fait un signe de la main. Assise seule, sur une petite table, une atèle au pied. Ouch … Voilà une situation qu’elle ne doit pas beaucoup apprécier. Tu ne te poses pas trop de questions et attrapant ta bière, tu t’éclipses après avoir salué tes amis qui n’ont pas manqué de te faire quelques remarques taquines. Mais c’est Lily que tu vas voir, il n’est pas vraiment question de la ramener dans ton lit. « Hé, qu'est-ce que tu fais là ? Ça fait plaisir de te croiser. » Un petit sourire se dessine sur tes lèvres alors que tu te rends compte que Lily, sans être saoule est légèrement joyeuse. Elle essaie de se lever pour te faire la bise ? Tu ne sais pas vraiment car elle finit par abandonner. « Fait attention à toi. » Lui dis-tu, prêt à lui venir en aide si elle perdait l’équilibre. « Je suis venu boire un verre avec des amis à moi. » Dis-tu en les désignant du doigt. « Et toi qu’est-ce que tu fais là ? » Lui demandas-tu car il semblait qu’elle soit venue seule. Cela t’était déjà arrivé, tu ne jugeais pas la jeune femme mais tu devais avouer que c’était le dernier endroit où tu pensais croiser Lily. « Je suis censée me reposer pendant un mois. Un mois ?! Tu te rends compte ? » Oui, c’est le problème de ce genre de blessure, seul le temps et le repos permet de s’en remettre et tu n’as aucun mal à imaginer la frustration de Lily car il y a un an, c’est toi qui as eu le bras dans le plâtre pendant un mois et ce n’était pas une période que tu avais adoré vivre. Et puis cela empêchait Lily de danser donc ce n’était pas difficile de comprendre sa frustration. « Il va falloir apprendre à être patiente et à te reposer pour une fois. Je comprends ta frustration, je me suis fait une fracture au bras l’année dernière, un mois dans le plâtre c’était le calvaire. Tu te reposes au moins ? » Dis-tu avant d’ajouter : « Tu t’es fait ça comment ? » Tu t’assis en face de Lily car si vous alliez discuter, autant le faire autour d’une table. Tu te rendis compte que pour la première fois depuis son retour à Brisbane, tu étais heureux de la croiser. La discussion que vous aviez eue lors de votre dernière rencontre avait été salvatrice. « Je t'offre quelque chose ? » Tu avais laissé la fin de ta bière sur la table avec tes amis alors tu ne voyais pas pourquoi tu dirais non. « Je ne dis jamais non à un verre offert par une jolie demoiselle. » Lui dis-tu avec un clin d’œil.
Lily est consciente qu'un bar n'est pas le meilleur endroit où se retrouver le soir pour une femme. Ni même le plus glamour. Elle sait que les hommes qui l'abordent ont parfois des idées mal intentionnées à son égard. Pourtant, elle aime y venir après une longue journée et se retrouver entourée. Elle y fait parfois de très bonnes rencontres ou retrouvailles. Comme ce vieil ami qu'elle avait rencontré à son entrée à l'université et qu'elle a retrouvé l'an dernier. Une belle surprise à laquelle elle ne s'attendait pas. Et si ça se trouve, ce ne sera pas la seule personne qu'elle retrouvera de cette façon. Peu importe, elle ne vient pas spécialement pour ça. Elle profite de la soirée, son verre à la main. Son deuxième de la soirée. Elle n'a pas forcément l'habitude de boire plus d'un verre d'alcool dans une même soirée. Elle peut dire qu'elle ressent déjà les effets de l'alcool mais très légèrement. Elle a encore toute sa tête. Ce soir, elle ne s'attendait pas à y voir Arthur mais sa présence lui fait plaisir et quand son regard croise le sien, elle lui fait un signe pour le saluer. Elle le regarde se lever et s'approcher d'elle, une sourire plaqué sur son doux visage. Elle salue son ancien petit-ami lorsqu'il se trouve en face d'elle et elle essaie de se lever pour le prendre dans ses bras mais c'est une mission impossible alors elle laisse rapidement tomber cette option et reste assise dans cette chaise qu'elle occupe depuis le début. Fait attention à toi. La jeune adulte soupire, ça l'énerve de ne plus pouvoir bouger comme elle mais Lily n'a pas d'autre choix que d'accepter cette situation. C'est entièrement de sa faute après tout. Je suis venu boire un verre avec des amis à moi. Elle regarde dans la direction qu'il lui montre mais elle n'a pas l'impression de les connaître. La vie d'Arthur a évolué sans elle et puis, elle n'a jamais connu toutes les personnes qu'il connaissait et inversement. Et toi qu’est-ce que tu fais là ? C'est vrai que c'est à se poser des questions. Une femme seule dans un bar, ce n'est pas commun. D'habitude, elles sont toujours accompagnée d'au moins un ou une ami(e). Je n'avais pas envie de rentrer chez moi tout de suite. Un haussement d'épaules de la part de la jeune femme, elle préfère être honnête. De toute façon, elle n'en a pas honte. Pas devant Arthur. Elle continue en se plaignant du fait qu'elle doit garder son atèle pendant un mois entier. Peut-être plus si elle ne fait pas aussi attention qu'elle le devrait. Il va falloir apprendre à être patiente et à te reposer pour une fois. Je comprends ta frustration, je me suis fait une fracture au bras l’année dernière, un mois dans le plâtre c’était le calvaire. Tu te reposes au moins ? Tu t’es fait ça comment ? Elle grimace alors qu'il s'assoit en face d'elle, à la place libre depuis un petit moment. En dansant. Je crois que j'ai un peu trop forcé et mon corps n'a pas supporté. Et voilà dans quel état je me trouve. J'ai l'impression d'avoir pris cinquante ans d'un coup. Elle rit mais c'est vraiment la sensation qu'elle a. Elle ne se sent plus aussi jeune dans son corps, ayant besoin de ses béquilles pour le moindre déplacement. Elle regarde son verre mais il est définitivement vide. Plus une seule goutte. Disons que, j'essaie de faire le moins d'effort possible mais je continue de donner les cours de danse. Et elle essaie de rester en place, c'est-à-dire sur sa chaise en face de ses élèves. Elle a du mal à ne pas se lever pour leur remontrer les pas mais elle fait attention. Et toi ? Tu t'étais fait ça comment ? C'était pas trop compliqué de vivre avec un bras en moins ? Elle lâche un mini rire. Elle essaie d'en rire plutôt que d'en pleurer. Parce qu'un bras ou une jambe, c'est la même chose. C'est très handicapant quand le sport est une activité principale. Ou l'enseignement du sport. Alors elle peut très bien le comprendre. Lily lui propose de lui offrir un verre. Parce que le sien est vide et que le garçon n'en a pas avec lui. Un verre pour la réconciliation peut-être. Je ne dis jamais non à un verre offert par une jolie demoiselle. Dit-il suivi d'un clin œil qui fait sourire la jeune femme. Ça la fait même rougir un peu, étant toujours gênée des compliments que l'on peut lui faire. Une bière ? Ou tu préfères autre chose ? Elle demande, préférant s'assurer de prendre une boisson qu'il a envie. Et quand il lui a donné sa réponse, Lily appelle l'un des barmans et commande les deux boissons avant qu'il ne reparte et qu'elle ne repose son attention sur Arthur. Alors, dis-moi. Comment tu vas ? Tu n'as pas Abel cette semaine ? Elle est pratiquement sûre que la réponse est non puisqu'il est ici ce soir mais elle n'a pas réfléchi avant de poser la question. Les verres arrivent assez rapidement et Lily prend le sien entre ses mains. Une bière, rien de plus simple. Elle la lève un peu, réfléchissant rapidement. À quoi allons-nous trinquer ? Elle le regarde, voyant passer quelques raisons pour lesquelles ils pourraient trinquer. À ce renouveau, à son nouveau rôle de père, à son retour définitif à Brisbane et encore plein d'autres. Mais en faut-il vraiment une seule ?
Encore une coïncidence. Voilà ce qui continuait de vous réunir avec Lily. Des rencontres hasardeuses alors que vous étiez tous les deux au même endroit au même moment. Tu n’aurais jamais pensé croiser Lily en allant boire un verre avec des amis car tu n’avais pas le souvenir que les bars étaient un endroit qu’elle appréciait énormément mais cela te ramena à la réalité et au fait qu’aujourd’hui, tu ne connaissais plus vraiment Lily. Vu le groupe d’amis qui t’accompagne aujourd’hui, tu sais que le partie de la soirée que vous allez passer ensemble va être relativement courte car bientôt ils se dirigeront vers la demoiselle qui a attiré leur attention pour ce soir à part pour ceux déjà mariés ou en couple qui finiront par rentrer chez eux ou resterons pour s’amuser des râteaux que certains vont prendre car oui, on ne peut pas gagner à tous les coups. Toi tu n’es pas vraiment décidé pour ce soir et quand tu vois Lily, tu sais que ta soirée ne prendra pas ce tournant. Parce que c’est Lily et pas une demoiselle que tu essaies d’attirer dans ton lit pour te sentir moins seul pendant quelques heures. C’était peut-être une tactique ridicule mais c’était une tactique qui te permettait de ne pas te faire briser le cœur encore une fois. Tu avais fait la paix avec toi-même et tu étais prêt à le donner une nouvelle fois mais pas aussi facilement et naïvement qu’avant. Tes amis te taquinèrent quand ils te virent te diriger vers la belle blonde. Tu n’avais pas de type de fille en particulier, tu te laissais facilement tenter mais tu avais toujours eu un faible pour les blondes, un cliché que tu assumais. Tu allais donc retrouver Lily qui était assisse à une petite table en train de boire tranquillement son verre. Tu ne manquais pas de remarquer l’atèle à sa cheville et tu sais déjà qu’elle doit en être frustrée. Tu ne sais pas si cela lui est arrivé depuis qu’elle a quitté Brisbane mais c’était un miracle qu’elle ne se soit pas blessée pendant votre relation vu ce qu’elle infligeait comme entraînement à son corps. Tu répondis à sa question, lui expliquant ce que tu faisais dans ce bar et en lui désignant tes amis avant que tu ne lui retournes la question et qu’elle te dise : « Je n'avais pas envie de rentrer chez moi tout de suite. » Tu hoches la tête, comprenant ce qu’elle veut dire. Ce n’est pas toujours simple de rentrer et de trouver son logement vide. Toi qui as vécu en colocation depuis des années, la semaine où Abel n’est pas chez toi, tu as du mal à te faire à ce silence qui s’installe dans ta maison mais chacun a sa vie désormais et tu ne peux pas demander à tes amis de venir te rendre visite tous les soirs. Tu n’ajoutas rien à ce sujet préférant demander à Lily comment elle s’était blessée même si au fond tu connaissais déjà la réponse. « En dansant. Je crois que j'ai un peu trop forcé et mon corps n'a pas supporté. Et voilà dans quel état je me trouve. J'ai l'impression d'avoir pris cinquante ans d'un coup. » Tu laissais échapper un petit rire qui accompagna le sien mais tu sentais qu’elle était frustrée de cette situation. A vrai dire, tu avais du mal à imaginer une Lily qui n’était pas en train de danser. Mais malheureusement, on ne peut pas contrôler notre corps. « J’avoue avoir du mal à t’imaginer ne pas danser pendant plus de quelques heures mais un peu de repos ne peut pas te faire de mal. Rien ne sert de malmener ton corps tu sais ? Tu es déjà passée par Broadway, tes élèves à Brisbane n’ont pas besoin de la même intensité. » Lui dis-tu avec un clin d’œil pour la taquiner. Tu étais légèrement inquiet de ce que Lily te racontait car tu te souvenais pendant votre relation des nombreuses fois où tu avais dû lui dire stop, pour son bien plus qu’autre chose. Qui s’occupait de faire cela pour elle aujourd’hui ? « Disons que, j'essaie de faire le moins d'effort possible mais je continue de donner les cours de danse. » Tu lèves un sourcil, peu convaincu de la manière dont la jeune femme gérait la situation. Elle faisait quoi exactement quand elle donnait des cours de danse ? « Et quand tu dis que tu donnes des cours de danse, c’est sans bouger d’un pousse assise sur une chaise à regarder les autres faire n’est-ce pas ? » Oh quelle douce torture cela devait être pour la jeune femme … Toi tu t’étais déjà blessé plusieurs fois dans ta carrière, tu avais appris à gérer ce genre d’inconvénient. « Et toi ? Tu t'étais fait ça comment ? C'était pas trop compliqué de vivre avec un bras en moins ? » Ca avait été un enfer de vivre avec un bras dans le plâtre, un enfer que tu espérais ne jamais avoir à revivre surtout maintenant qu’Abel était dans ta vie. Avec un bras en moins, tu n’étais pas certain de pouvoir tout gérer. « Un des élèves que j’entraîne m’a donné un violent coup de batte sans faire exprès alors que je venais corriger son mouvement. Mon bras n’a pas réellement apprécié. J’ai dû prendre le bus pendant un mois et ne manger que du surgelé ou ce que mon colocataire avait eu la bonté de me préparer, se doucher était un calvaire enfin c’était compliqué mais je n’avais pas le choix. Heureusement, c’était avant qu’Abel entre dans ma vie. » Tu aurais fait comme tout le monde sinon, tu aurais géré Abel avec un bras en moins mais vu comment les choses avaient commencé avec Angelina, elle aurait pris ça comme un prétexte d’incapacité de t’occuper de ton fils et tu aurais encore dû attendre pour l’avoir avec toi une semaine sur deux. Lily t’offrit ensuite un verre que tu acceptas avec plaisir. « Une bière ? Ou tu préfères autre chose ? » Un sourire apparut sur ton visage. Tu n’avais aucune envie de trop boire ce soir. « Une bière c’est très bien merci. » Le serveur ne tarda pas à venir prendre votre commande et une fois la chose faite, Lily te demanda : « Alors, dis-moi. Comment tu vas ? Tu n'as pas Abel cette semaine ? » Tu secoues la tête. Lily doit se douter que ce n’était pas le cas vu que tu étais là. « Abel est chez sa mère cette semaine. Quand c’est le cas j’essaie d’en profiter pour sortir un peu vu que quand il est avec moi je lui accorde toute mon attention. » Lui dis-tu avec un petit sourire avant d’ajouter : « Et je vais bien. Rien à signaler, la vie suit son cours. Et toi quoi de neuf à part ta blessure handicapante ? » Lui demandas-tu sur un ton légèrement taquin. Le serveur ne tarda pas à revenir avec vos boissons qu’il posa devant vous. Tu le remerciais avec un sourire avant que Lily ne demande : « À quoi allons-nous trinquer ? » Très bonne question. Tu y réfléchis pendant quelques secondes avant de dire : « Au fait qu’on arrive à s’asseoir autour d’une table et à discuter sans se crier dessus et sans s’en vouloir ? » Un toast un peu long mais c’était quelque chose qui pouvait être fêté car un an plus tôt, tu n’aurais pas imaginé être où tu en étais aujourd’hui avec Lily.
La solitude, c'est la raison pour laquelle Lily est dans ce bar ce soir. Pour l'éviter et l'esquiver encore quelques heures. Elle n'aime pas ça Lily et parfois, elle songe à prendre un ou une colocataire. Elle ne serait plus seule et pourrait raconter ses journées ou ses moments de blues à quelqu'un. Encore faudrait-il qu'elle s'entende bien avec cette personne. Ce serait sûrement le plus compliqué parce que Lily ne veut pas partager son quotidien avec n'importe qui non plus. Elle demanderait bien à sa sœur mais elle est mariée et a une vie bien rangée avec son mari. Elle ne peut pas lui demander ça. Elle ne voit pas à qui elle pourrait demander à son entourage. Ou personne ne lui vient en tête. Et en même temps, elle se demande si ça ne l'embêterait pas au bout d'un moment, de vivre en colocation. C'est spécial quand même. Lily y réfléchit mais elle n'est pas encore décidée sur la question. Pour le moment, elle a trouvé son refuge en cas de solitude trop forte, le bar. Attention, elle n'est pas devenue alcoolique. Elle boit toujours avec modération ou la plupart du temps en tout cas. Elle fait toujours très attention parce qu'elle sait que l'alcool peut faire des ravages. Des ravages pas forcément jolis à voir sur le long terme. Et Lily ne veut pas foutre sa vie en l'air pour... Pour pas grand chose au final. Pour une émotion passagère peut-être. Enfin, elle l'espère qu'elle ne va pas rester traîner trop longtemps dans sa vie parce qu'elle ne va pas le supporter des années. La danseuse a besoin d'être aimée et de sentir qu'on l'aime. Mais quand on l'aime trop, elle s'enfuit sans trop savoir pourquoi. Elle a peur. Mais peur de quoi ? Peur d'être aimée ? Peur d'être étouffée par amour ? Peur de ne pas savoir aimer autant en retour ? Elle ne sait pas mais elle a peur. Comme elle a peur de ne plus pouvoir danser aussi bien qu'avant sa vilaine chute et son atèle. Lily raconte à son ex petit-ami comment elle s'est faite ça. Elle aurait dû se douter que ça allait arriver un jour. Elle avait eu de la chance jusque là, elle n'avait été arrêtée que quelques jours par le passé. Aujourd'hui, c'est différent. C'est un mois entier. Elle rit quand même de cette situation, celle d'avoir l'impression d'avoir pris vingt ans d'un coup. Elle a bientôt trente ans mais elle a l'impression d'être bien plus vieille. Et marcher avec des béquilles lui donne mal au dos et aux bras. Ça n'arrange vraiment rien. J’avoue avoir du mal à t’imaginer ne pas danser pendant plus de quelques heures mais un peu de repos ne peut pas te faire de mal. Rien ne sert de malmener ton corps tu sais ? Tu es déjà passée par Broadway, tes élèves à Brisbane n’ont pas besoin de la même intensité. Lily sait parfaitement qu'il a raison, ça ne peut pas lui faire de mal. Bien au contraire, ça ne peut que lui faire du bien de s'arrêter un peu et de prendre soin de son corps. Mais Lily est un peu trop têtue et trop passionnée pour admettre qu'il a raison. Ils payent pour avoir des cours de qualité et pour progresser, je me dois de me donner à fond. Elle se donne certainement trop à fond. Elle se met peut-être même trop de pression sur ses épaules. Lily connait la réputation qu'elle a dans le milieu de la danse à présent, elle sait que beaucoup de ses élèves ont rejoint ses cours parce qu'elle est passée par Broadway pendant quelques années. Peut-être qu'elle ne veut juste pas les décevoir et donner tout ce qu'elle a et tout ce qu'elle a appris durant son passage dans la compagnie. Elle a envie de faire rêver ses élèves et de les aider à devenir de grands danseurs. Je t'avoue que j'ai du mal à réaliser que je ne vais pas danser pendant tout un mois. Mais j'ai déjà du mal à marcher alors danser, c'est impossible. Le repos s'impose à moi. Elle a essayé de danser avec son atèle mais elle n'y est pas parvenue. Elle continue à donner ses cours mais elle fait le moins d'effort possible, c'est ce qu'elle dit à Arthur quand il lui demande si elle se repose. Elle se repose mais pas comme elle le devrait, elle en est consciente. Mais tant pis. Et quand tu dis que tu donnes des cours de danse, c’est sans bouger d’un pousse assise sur une chaise à regarder les autres faire n’est-ce pas ? Lily semble réfléchir un peu en faisant une petite moue. Elle ne peut pas répondre par l'affirmation à cette question parce qu'elle sait très bien que c'est faux. Et Lily ne veut pas mentir. Elle retrouve Arthur un petit peu à chaque fois et elle ne veut pas commencer à lui mentir sur des choses aussi futiles. Reconstruire une relation sur de bonnes bases, c'est son objectif. Disons que, je passe le plus clair de mon temps assise sur ma chaise mais qu'il m'arrive de bouger un peu. Elle ne pouvait pas s'approcher plus que ça de la vérité. Mais pour contourner la conversation, Lily lui demande comment il s'était retrouvé avec un bras dans le plâtre. Elle image ce qu'il a pu endurer même si ça devait quand même être un peu plus facile. Rien que pour se déplacer. Aujourd'hui, Lily se déplace à la vitesse d'une mamie et elle a horreur de ça. Un des élèves que j’entraîne m’a donné un violent coup de batte sans faire exprès alors que je venais corriger son mouvement. Mon bras n’a pas réellement apprécié. J’ai dû prendre le bus pendant un mois et ne manger que du surgelé ou ce que mon colocataire avait eu la bonté de me préparer, se doucher était un calvaire enfin c’était compliqué mais je n’avais pas le choix. Heureusement, c’était avant qu’Abel entre dans ma vie. La jeune femme grimace à l'évocation des circonstances qui l'ont amené à se retrouver avec le bras dans le plâtre. Elle imagine qu'un violent coup de batte ne devait vraiment pas faire du bien et elle ne souhaite même pas imaginer la douleur que ça a dû être. Elle se rend compte que les inconvénients sont tout aussi nombreux que pour elle. J'ai toujours pensé que c'était un sport violent, tu vois que j'avais raison. Elle rit, se rappelant du passé et des excuses qu'elle cherchait pour éviter un match. Elle finissait toujours par y aller parce qu'elle savait que c'était important pour Arthur et puis, elle doit avouer que ça lui faisait plaisir de partager quelque chose avec lui. Mais ça n'empêche qu'elle n'appréciait pas spécialement ce sport et qu'elle ne comprenait pas toujours tout. Mais je vois que ça va mieux, il est comme neuf. Tu as gardé des séquelles ? Elle demande plus pour se rassurer sur son avenir qu'autre chose. Evidemment, ça l'intéresse de savoir comment ça s'est passé après pour lui. Elle lui propose un verre payé par ses soins, qu'il accepte avec plaisir. Une bière c’est très bien merci. Et à la suite de sa réponse, elle commande deux bières au serveur qu'elle venait d'appeler. Quand il part, Lily reporte toute son attention sur le garçon en face d'elle. Alors, dis-moi. Comment tu vas ? Tu n'as pas Abel cette semaine ? Elle se doute de la réponse parce qu'elle a compris qu'Arthur prend ses responsabilités de père quand Abel est avec lui. Jamais il ne serait venu dans ce bar en laissant Abel chez lui, seul ou confié à quelqu'un. Elle sait qu'il n'est pas comme ça et qu'il ne ferait pas quelque chose comme ça. Abel est chez sa mère cette semaine. Quand c’est le cas j’essaie d’en profiter pour sortir un peu vu que quand il est avec moi je lui accorde toute mon attention. Lily hoche de la tête. Elle ne connait pas Abel et encore moins la relation qu'ils entretiennent mais de par ce qu'Arthur lui raconte, elle trouve ça touchant. Et je vais bien. Rien à signaler, la vie suit son cours. Et toi quoi de neuf à part ta blessure handicapante ? Elle sourit suite au ton taquin qu'il venait d'employer. Ça se passe bien avec la mère d'Abel ? Enfin, je veux dire, vous vous entendez bien ? Parler de l'ex de son ex, ce n'est pas forcément un sujet que Lily souhaitait aborder avec Arthur. Et elle doit avouer que c'est presque étrange. Mais la question lui brûlait les lèvres. Déjà la dernière fois qu'ils se sont vus. Et quoi de nouveau dans sa vie ? La danseuse ne sait pas trop si elle a envie d'aborder ce sujet avec lui, ni même si elle a envie que ça se sache. Elle réfléchit un peu et se lance finalement. Je vais bien. J'ai... J'ai commencé à voir une psychologue. Elle lance ça comme ça, sans gêne, sans honte. Et elle se dit qu'il n'y a aucune honte ou gêne à aller voir une psychologue. Si ça peut l'aider après tout. Le serveur revient à leur table et pose les deux verres de bières en face d'eux. Lily le remercie avant qu'il ne s'en aille et qu'elle ne lève son verre pour trinquer mais... À quoi ? C'est ce qu'elle demande à Arthur qui se met à y réfléchir. Au fait qu’on arrive à s’asseoir autour d’une table et à discuter sans se crier dessus et sans s’en vouloir ? Elle rit, ne pouvait s'en empêcher. Ça lui semble loin derrière elle maintenant. Mais elle s'en rappelle très bien. Ça me va. Et elle trinque avec lui avant de boire une gorgée de sa bière. Si on m'avait dit que je serais là avec toi, aujourd'hui, il y a un an, j'aurais ri au nez de cette personne. Ça me semblait impossible qu'un jour, on puisse discuter sans se crier dessus. Mais elle est contente de cette évolution et d'avoir pu mettre les choses au clair avec lui. Comme quoi, rien n'est impossible. Un sourire sur les lèvres, elle regarde le garçon en face de lui. Rien n'est impossible, effectivement.
La relation qui se construisait avec Lily depuis que vous aviez eu votre discussion était une relation que tu avais beaucoup de mal à qualifier. Elle s’approchait d’une relation amicale mais tu n’étais pas certain que ce soit le bon terme pour la qualifier. C’était peut-être idiot mais tu ne pouvais t’empêcher de te dire que ta relation avec Lily ne pourra jamais être qu’amicale. Ou alors elle pourra l’être mais tu n’es pas vraiment capable de l’envisager pour l’instant. Tu te souviens, de votre première rencontre, de ce café et de cette constatation qui avait été indéniable. Il était facile de parler avec Lily, vous vous compreniez et même si votre relation avait rapidement pris un tournant romantique, il n’en restait pas moins que la jeune femme avait été une très bonne amie, du début à la fin de votre relation. Son soutien avait été sans faille, comme tu espérais que le tient l’avait été pour elle et c’était quelque chose que l’on ne retrouve pas tous les jours, cette connexion. Tu le regrettais des fois mais en même temps, c’était ce qui rendait ta relation avec Lily si particulière et aussi pourquoi tu ne semblais pas pouvoir t’empêcher d’être attiré par la jeune femme. Tu aurais pu te contenter d’un signe de la main en la laissant boire son verre toute seule mais à vrai dire l’idée ne t’avait même pas traversé l’esprit. Tu ne savais pas ce que tu recherchais ou ce que tu attendais de cette relation avec Lily mais après l’avoir poussée à sortir de ta vie, tu te retrouvais aujourd’hui à vouloir l’y laisser entrer de nouveau. Tout cela était bien compliqué et tu décidais de ne pas trop te poser de questions, de te contenter de profiter du moment sans y rajouter des complications qui pourront se gérer le moment venu, si ce moment venait en fait. Une Lily blessée et incapable de danser était quelque chose que tu n’arrivais pas à imaginer et pourtant, vu les béquilles qui trônaient près de la jeune femme, elle devait subir cette situation de plein fouet. Mais Lily ne serait pas Lily si elle ne repoussait pas encore et toujours les limites. « Ils payent pour avoir des cours de qualité et pour progresser, je me dois de me donner à fond. » Un petit sourire amusé se dessina sur ton visage. Lily avait toujours détesté décevoir les gens. Oh elle en avait déçu un grand nombre sur son passage, toi en premier mais elle détestait tout particulièrement décevoir les personnes qui lui avaient donné une chance. « Tu te dois de te reposer. Se reposer quand on est blessé c’est leur donner le bon exemple. Je suis certain que leur portefeuille s’en remettra. » Lui dis-tu avec un sourire en coin pour la taquiner. Tu ne doutais pas que Lily donnait des cours dans les meilleurs studios de danse de la ville, ceux où les plus riches accédaient mais ce n’était pas parce qu’ils payaient cher cette prestation qu’il fallait faire n’importe quoi. « Je t'avoue que j'ai du mal à réaliser que je ne vais pas danser pendant tout un mois. Mais j'ai déjà du mal à marcher alors danser, c'est impossible. Le repos s'impose à moi. » Quand on a une partie de la jambe immobilisée, on n’a pas vraiment d’autres choix que d’attendre que cela passe. Mais rien que le fait que Lily soit dans ce bar ce soir et pas dans son lit te laissait penser qu’elle devait se reposer bien moins qu’elle ne te le laissait entendre. « Ce sera un peu plus d’un mois, tu ne pourras pas reprendre un rythme effréné de suite. Mais c’est peut-être un bon moment pour te rendre compte que tu peux avoir d’autres passions que tu n’as pas eu le temps d’explorer. » Lui dis-tu avec sincérité. La danse avait toujours été la passion de Lily, comme le chant mais il y avait certainement d’autres choses qu’elle aimerait faire mais qu’elle n’avait jamais eu le temps de faire auparavant. Si elle n’essayait pas maintenant, elle ne le fera jamais. Quand tu demandes à Lily de clarifier ce qu’elle fait réellement pendant ses cours, tu ne manques pas de remarquer qu’elle hésite un peu à te répondre et sa réponse est bien vague à ton goût : « Disons que, je passe le plus clair de mon temps assise sur ma chaise mais qu'il m'arrive de bouger un peu. » Si tu t’inquiètes et que tu insistes, ce n’est pas pour être pénible ou pour faire la morale à Lily. Mais tu avais déjà vu des joueurs se blesser, jouer au plus malin et finir par ne plus pouvoir jouer de leur vie parce qu’ils avaient refusé de se reposer quand on le leur avait demandé. Tu ne souhaitais pas cela pour la jeune femme. « Tu ne devrais pas bouger. Je sais que ça te démange mais ton corps a besoin de temps pour guérir et imagine que tu te blesses sur ta blessure, tu pourrais ne plus jamais pouvoir danser. Des fois il faut savoir s’arrêter miss Fairchild. » Lui dis-tu en essayant de terminer malgré tout sur une note un peu plus positive. Tu racontais ensuite à la jeune femme ton épisode avec le bras dans le plâtre. Un élève qui ne t’avait pas vu arriver, un accident dont ce dernier semblait toujours ne pas s’être pardonné ce qui t’amusais beaucoup. Malheureusement pour lui, il allait encore devoir te supporter un an et demi. « J'ai toujours pensé que c'était un sport violent, tu vois que j'avais raison. Mais je vois que ça va mieux, il est comme neuf. Tu as gardé des séquelles ? » Tu es amusé par la remarque de la jeune femme. Elle n’a jamais vraiment compris ton amour pour le baseball mais elle l’a toujours respecté. Tout comme tu l’as fait pour sa passion pour la danse. Les taquineries étaient belles et bien là mais Lily était dans les tribunes à tous tes matchs à l’université et tu étais dans le public à toutes ses représentations. « C’est l’un des sports le moins violent du pays je pense. » Dis-tu car face au rugby et même au hockey, cela n’avait rien à voir. « Et non, je n’ai pas gardé de séquelles. Enfin si, une petite cicatrice mais rien de grave, mon bras comme neuf ! » Lui dis-tu, sentant bien qu’elle avait besoin de se rassurer. Pour toi, si elle voulait mettre toutes les chances de son côté, elle devait arrêter de courir Brisbane et arrêter de donner des cours quelques temps pour se reposer mais ce n’était pas le genre de Lily donc tu n’y croyais pas vraiment. Lily te proposa de t’offrir un verre et après avoir accepté, vous commandâtes deux bières. La conversation devint alors plus générale et se tourna assez naturellement vers Abel qui était ce soir chez sa mère bien entendu. Tu prenais ton rôle de père au sérieux et ayant ton fils qu’une semaine sur deux, tu le faisais passer en premier cette semaine là. « Ça se passe bien avec la mère d'Abel ? Enfin, je veux dire, vous vous entendez bien ? » C’était la première fois que Lily te posait des questions sur Angelina et que vous parliez de la mère d’Abel tout court en réalité. Mais Lily mettait le doigt au bon endroit car même si les choses allaient mieux aujourd’hui, ce n’était pas aussi simple que ça n’y paraissait. « Ca va mieux qu’avant. On … Angelina voulait savoir qui était le père de son enfant, on a fait des tests de paternité mais je pense qu’elle n’avait pas pensé que le père une fois trouvé veuille jouer son rôle. Alors quand j’ai demandé une garde alternée, ça n’a pas été simple pour elle d’accepter d’être privée de son fils une semaine sur deux. Ca a été une année compliquée pour nous mais ça commence à s’arranger, à petits pas. Nous n’avons pas trop le choix car Abel est un enfant très perspicace. » Dis-tu à la jeune femme en tout sincérité. Ta relation avec Angelina était compliquée et encore aujourd’hui incompréhensible pour beaucoup de ton entourage. Ayant retourné la question à Lily pour savoir comment elle allait, la blondinette te surprit en te disant : « Je vais bien. J'ai... J'ai commencé à voir une psychologue. » Tes yeux s’écarquillèrent à ses paroles. Tu étais surpris certes mais tu ne jugeais pas la jeune femme. Si elle sentait qu’elle avait besoin de voir un psychologue, il fallait qu’elle le fasse, c’était important. « J’espère que ça pourra t’aider, peu importe ce qui te tracasse. » Oui parce que même si tu aurais aimé savoir ce que c’était tu n’étais pas assez prétentieux pour prétendre à une quelconque confession. Le serveur vous apporta vos boissons et Lily proposa un toast, un toast que tu ne tardais pas à compléter. « Ça me va. Si on m'avait dit que je serais là avec toi, aujourd'hui, il y a un an, j'aurais ri au nez de cette personne. Ça me semblait impossible qu'un jour, on puisse discuter sans se crier dessus. Comme quoi, rien n'est impossible. » Non, rien n’est impossible mais le chemin pour en arriver là n’avait pas été facile non plus. « J’aurais ri aussi. Mais des fois il faut savoir faire la part des choses. » Dis-tu en haussant les épaules. L’arrivée d’Abel dans ta vie avait mis pas mal de choses en perspectives.
Tu te dois de te reposer. Se reposer quand on est blessé c’est leur donner le bon exemple. Je suis certain que leur portefeuille s’en remettra. Ça l'énerve un peu, Lily. Parce qu'encore une fois il a raison et qu'elle n'a pas grand chose à rétorquer à ça. Elle n'a rien à répondre, elle a beau cherché mais elle ne trouve rien. C'est plus facile à dire qu'à faire. Minable, totalement minable. Elle aurait dû se taire plutôt que de répondre ça. Peut-être juste qu'elle n'a aucune envie d'arrêter, même pendant un mois. Même si son avenir est remis en jeu et qu'elle ne pourra peut-être jamais danser de nouveau plus tard. Ou en tout cas, pas aussi bien qu'aujourd'hui. Pourtant, elle n'avait pas le choix parce qu'elle avait déjà du mal à faire deux pas sans manquer de tomber. Et un mois dans ces conditions, elle a du mal à en voir le bout. Ça ne fait que commencer d'ailleurs. Ce sera un peu plus d’un mois, tu ne pourras pas reprendre un rythme effréné de suite. Mais c’est peut-être un bon moment pour te rendre compte que tu peux avoir d’autres passions que tu n’as pas eu le temps d’explorer. D'autres passions ? Mais lesquelles ? Qu'est-ce qu'elle peut faire alors qu'elle peut à peine bouger ? Du trico ? Très peu pour elle. La lecture ? Pourquoi pas, mais toute la journée, peut-être pas. Rattraper son retard sur les news people ? Ça va rapidement l'énerver. Ce sont les seules choses qui lui viennent en tête, elle n'y met pas du sien, elle le sait pertinemment. Elle sait que mettre la danse de côté ne pourrait lui faire que le plus grand bien. Mais peut-être qu'elle a peur que ça ne lui manque pas, de se rendre compte qu'elle n'a plus rien dans la vie. Elle s'y accroche comme si sa vie tournait autour de ça depuis des années. Et à vrai dire, c'est le cas. Sans ça, elle n'a pas l'impression d'être quelqu'un. Ne commences pas à me déprimer alors que ça commence à peine. Elle rit un peu. Mieux vaut en rire qu'en pleurer, n'est-ce pas ? Puis, les paroles d'Arthur lui font réfléchir. Il a toujours eu le don pour la remettre en question et voir les choses autrement. C'est une autre chose qu'elle aimait chez lui. Il lui demande comment elle donne des cours, si elle bouge ou reste assise, elle lui répond le plus honnêtement possible. À quoi bon mentir de toute façon. Il la connaît trop pour savoir quand c'est le cas ou non de toute façon. Tu ne devrais pas bouger. Je sais que ça te démange mais ton corps a besoin de temps pour guérir et imagine que tu te blesses sur ta blessure, tu pourrais ne plus jamais pouvoir danser. Des fois il faut savoir s’arrêter miss Fairchild. Elle le regarde un peu amusée. Elle se souvient que le médecin qu'elle a eu à son arrivée aux urgences, lui a dit presque exactement la même chose. Dans l'idée en tout cas. Tu veux bien arrêter d'avoir raison ? Elle rit un peu avant de continuer. Je sais que je devrais arrêter absolument toute activité physique et de faire le moindre effort. Que je devrais juste me reposer un maximum pour que ça guérisse. Mais c'est vraiment difficile à appliquer au quotidien. Elle hausse un peu les épaules, jouant avec son verre vide entre les mains. Un mois à ne rien faire et se reposer, Lily deviendrait folle. Elle n'aime pas rester sans rien faire, c'est bien son problème à vrai dire. Elle lui pose des questions sur son accident à lui. Un bras dans le plâtre, elle aurait préféré. Pour le coup, ça aurait été plus pratique pour faire cours et se reposer. Mais elle ne doit pas avoir autant de chance visiblement. C’est l’un des sports le moins violent du pays je pense. Elle sourit, elle le sait. Elle aime juste l'embêter par rapport à ça, comme elle l'a toujours fait depuis le début. Et non, je n’ai pas gardé de séquelles. Enfin si, une petite cicatrice mais rien de grave, mon bras comme neuf ! Son histoire l'a rassure, évidemment. Elle se dit qu'elle ne gardera pas trop de séquelles par la suite. Mais chaque histoire, chaque corps est différent et elle se dit que peut-être, ce sera différent pour elle. Elle verra bien d'ici un mois, ce que son médecin lui dira. Elle redoute un peu, elle l'avoue. Ça ne t'empêche pas de continuer, c'est le principal. Ça lui fera toujours des histoires à raconter à ses enfants et ses petits-enfants, si jamais. Lily lui propose de lui payer un verre, qu'il accepte avec grand plaisir avant qu'elle n'appelle le barman pour commander deux bières. À la suite, elle lui parle de la mère d'Abel, lui demandant comment ça se passe entre eux. Ça ne devait pas être une situation facile pour l'un comme pour l'autre. Elle n'avait pas osé poser de questions la dernière fois. Elle était déjà contente qu'ils aient pu mettre les points sur les i, pas besoin d'aborder ce genre de sujet. Puis elle ne sait même pas quelle relation ils ont tous les deux, peut-elle aborder ce sujet avec lui ? N'est-ce pas trop tôt ? Elle n'en sait rien mais l'alcool l'aide un peu à se lancer. Ça va mieux qu’avant. On… Angelina voulait savoir qui était le père de son enfant, on a fait des tests de paternité mais je pense qu’elle n’avait pas pensé que le père une fois trouvé veuille jouer son rôle. Alors quand j’ai demandé une garde alternée, ça n’a pas été simple pour elle d’accepter d’être privée de son fils une semaine sur deux. Ça a été une année compliquée pour nous mais ça commence à s’arranger, à petits pas. Nous n’avons pas trop le choix car Abel est un enfant très perspicace. Elle hoche de la tête, écoutant attentivement la réponse du garçon en face d'elle. Elle ne veut prendre aucun partie mais elle trouve justifiée qu'Angelina ait eu du mal à accepter cette garde alternée. Surtout à une personne avec qui l'on est plus. Mais elle trouve aussi admirable de la part d'Arthur, de prendre ses responsabilités par rapport à son fils. Certains ne l'auraient pas fait. Le principal, c'est que ça aille mieux aujourd'hui et que vous aillez trouvé un terrain d'entente. Pour vous, comme pour Abel. Un sourire s'étire sur tes lèvres, heureuse de voir que cette histoire se termine bien même si elle ne l'a pas suivi depuis le début. D'ailleurs, si elle n'était pas partie, cette histoire n'aurait certainement jamais existé et Abel ne ferait pas parti de la vie d'Arhur. Ou peut-être que si ? Qui sait ce que serait devenu leur couple si Lily avait décidé de ne pas partir et d'accepter sa demande en mariage ? Personne. Tout ça lui fait penser à la conversation qu'ils ont eu la dernière fois et au fait qu'elle voit à présent un psychologue. Les échanges qu'ils ont eu, ont fait réfléchir Lily et se poser des questions sur le pourquoi elle agit comme ça et est comme ça. Elle n'a aucune réponse à donner et elle a ressenti le besoin de les trouver. Elle s'est dit qu'un psychologue pourrait l'aider à se comprendre. Alors elle lui annonce ça, sans prendre de pincettes, sans tourner autour du pot, sans prévenir. Elle balance ça comme si elle venait d'acheter un nouveau téléphone ou un nouveau set de couverts. Arthur semble surpris et ne pas s'être attendu à une telle révélation. Elle ne sait même pas pourquoi elle lui en parle maintenant, elle n'a eu qu'un seul et unique rendez-vous pour le moment. J’espère que ça pourra t’aider, peu importe ce qui te tracasse. Elle lui sourit, contente de constater qu'il ne l'a juge pas. Il ne l'a jamais fait jusqu'à présent, elle aurait été surprise et peut-être un peu déçue de voir que c'est le cas à présent. Je l'espère aussi. Dit-elle en détournant un peu le regard. Notre conversation de l'autre jour m'a beaucoup fait réfléchir et j'ai eu envie de... De comprendre et de voir ce qui n'allait pas chez moi. Mais je t'avoue que ce n'est pas facile de se confier et de déballer sa vie à un inconnu. Elle lâche un petit rire parce qu'elle préfère en rire encore une fois. C'est un peu la devise de Lily en ce moment et ça lui plaît. Ça lui permet de voir les choses du bon côté et de ne pas se morfondre sur son sort. Les bières qu'elle a commandé un peu plus tôt arrivent finalement à leur table. Elle prend l'un d'eux et demande à quoi ils peuvent bien trinquer. Arthur propose quelque chose et elle ne peut s'empêche de faire un petit commentaire dessus. Parce qu'elle ne pensait pas que c'était possible qu'ils puissent se parler sans se crier dessus jusqu'à aujourd'hui. Mais elle en est très contente. Arthur est important pour elle malgré tout, elle lui doit beaucoup de choses. J’aurais ri aussi. Mais des fois il faut savoir faire la part des choses. Lily hoche la tête, ayant totalement raison avec les paroles du garçon. Puis, ils ne sont plus des adolescents aujourd'hui, ce sont des adultes et ils doivent agir et se comporter en adulte. Même si la réaction d'Arthur était compréhensible et légitime. Puis, on a suffisamment de recul pour pouvoir faire la part des choses aussi. Elle sourit et repose son verre sur la table, regardant par dessus l'épaule d'Arthur. Elle remarque depuis plusieurs minutes que les amis du jeune homme les regardent avec insistance, parlant peut-être d'eux aussi. Elle ne sait pas, elle n'entend rien de là où elle se trouve. Et c'est un peu bruyant ce soir. Tes amis attendent quelque chose ? Ils nous observent depuis tout à l'heure, c'est presque gênant. Dit-elle alors qu'elle rit un peu en reposant son attention sur celui qui fut autrefois son petit-ami.
Lily n’avait jamais été raisonnable, pas quand il s’agissait de danse en tout cas. Et pourtant, l’atèle qu’elle avait au pied était le signal qu’il était peut-être temps de lever un peu le pied. Connaissant la passion de Lily pour la danse, une passion qui était au final devenue sa vie, tu n’avais aucun mal à t’imaginer que la jeune femme ne suivait pas vraiment à la lettre les recommandations du médecin. Et pourtant, tu avais côtoyé assez de sportifs et d’élèves blessés pour savoir que continuer à pratiquer sur une blessure fraîche n’était pas une bonne idée. « C'est plus facile à dire qu'à faire. » Tu ne pus t’empêcher de laisser échapper un petit rire face à la mine boudeuse de Lily. C’était sa manière à elle d’avouer que tu avais raison sans le dire. Toutefois elle n’avait pas tord. C’était toujours plus facile à dire aux gens de lever le pied que de le faire quand on est dans leur situation. Il se trouve qu’il y a un an, tu étais dans la situation de Lily donc tu as le droit de lui donner quelques leçons même si tu espères qu’elle les prendra pour des conseils. Ce n’est pas certain, tu sais que ta relation avec Lily est encore sur un fil rouge et vous zigzaguez autour de ce fil sans trop savoir où positionner le curseur pour l’instant. Tu en profitais pour faire remarquer à la jeune femme que cette pause forcée pouvait peut-être être un moment où elle découvrirait de nouvelles passions qu’elle avait pu négliger toutes ces années. Personne n’est destiné à se consacrer à une seule passion, il est possible d’en avoir plusieurs. Ou au moins de se découvrir des hobbies, le mot passion pouvant être un peu fort. « Ne commences pas à me déprimer alors que ça commence à peine. » Tu souris à cette remarque. Déprimer Lily n’était pas du tout ce que tu voulais faire. Tu savais que la jeune femme exagérait mais il y avait quelque chose derrière cette histoire qui la tracassait et tu ne savais pas dire quoi, tu étais incapable de mettre ton doigt de dessus. Mais tu ne te sentais pas vraiment assez à l’aise avec la jeune femme pour la challenger sur ce sujet, pour lui tirer les vers du nez comme tu avais pu le faire auparavant. Tu laissais donc cette phrase tranquille avant de faire remarquer sérieusement à Lily qu’il vaudrait mieux qu’elle arrête plutôt que de courir le risque de ne plus jamais pouvoir danser si elle se blessait sur sa blessure trop gravement. « Tu veux bien arrêter d'avoir raison ? Je sais que je devrais arrêter absolument toute activité physique et de faire le moindre effort. Que je devrais juste me reposer un maximum pour que ça guérisse. Mais c'est vraiment difficile à appliquer au quotidien. » Tu ne doutais pas que cela devait être un calvaire pour elle. Tu ne savais pas grand chose de la vie de Lily ces sept dernières années mais si elle avait vraiment réalisé son rêve alors cela voulait certainement dire qu’elle avait enchaîné les prestations pendant des mois et des mois voire qu’elle avait fait une tournée de son spectacle à l’étranger et si c’était le cas, tu n’avais pas de mal à comprendre qu’elle ait du mal à s’arrêter. Cependant, tu ne pouvais t’empêcher de penser que ce serait sans doute bénéfique même si elle ne le voyait pas comme ça aujourd’hui. « J’ai toujours aimé avoir raison. » Lui dis-tu sur un air taquin avant de dire : « Je sais que c’est difficile mais commence par ne pas décoller tes fesses de ta chaise pendant tes cours de danse et ce sera déjà un bon début. Quand je me suis blessé, j’assistais aux entraînements mais c’était mon assistant coach qui s’occupait de presque tout. J’étais là pour la stratégie et pour veiller au grain sur les progrès de mon équipe. » Lui dis-tu avec un petit sourire. Tu n’avais pas de mal à passer les responsabilités à ton assistant coach qui se trouvait être un de tes anciens élèves qui était à l’université et qui avait besoin d’un peu d’argent. Mais il est évident que c’était frustrant de ne pas pouvoir participer aux entraînements de la même manière qu’auparavant. Lily sembla d’ailleurs intriguée par ta mésaventure et tu compris rapidement qu’elle cherchait à se rassurer quand elle te demanda si tu avais gardé des séquelles. Non, ce n’était pas le cas pour ton plus grand bonheur. « Ça ne t'empêche pas de continuer, c'est le principal. » Tu hoches la tête. Etrangement, tu n’as jamais pensé que cette blessure au bras allait t’empêcher de jouer mais contrairement à Lily, cela fait un long moment que tu ne joues plus professionnellement et que tu n’as pas besoin d’avoir un très bon niveau. « J’ai laissé le baseball professionnel derrière moi il y a longtemps, je n’ai pas besoin d’un bras au top de sa forme pour continuer à jouer pour le plaisir. » Dis-tu à la jeune femme. Elle avait été à tes côtés quand tu avais fini l’université et quand les offres de recrutement pour diverses équipes australiennes étaient arrivées. Tes coéquipiers qui avaient été assez chanceux pour en avoir les avaient acceptées sans hésitation. Tu aurais dû aussi mais tu avais choisi une autre voie que tu ne regrettais pas aujourd’hui. Alors que Lily prenait des nouvelles d’Abel, elle ne tarda pas à te poser des questions sur Angelina et votre relation. Cela ne t’étonnait pas vraiment qu’elle soit curieuse, tout le monde finissait par l’être. Mais étrangement en parler à Lily te mettait mal à l’aise. Tu lui racontais cependant ta relation compliquée avec Angelina en quelques mots et elle te répondit : « Le principal, c'est que ça aille mieux aujourd'hui et que vous aillez trouvé un terrain d'entente. Pour vous, comme pour Abel. » En effet, c’était le principal. Cela avait été difficile et tu avais traversé de longs moments de doutes mais désormais, vous pouviez avancer et dans la bonne direction car Abel semblait heureux de ce nouvel arrangement ce qui n’était pas gagné au départ. « J’espère simplement que cela va durer. » Dis-tu pour lui répondre car avec Angelina, on n’est jamais certain que la status quo est quelque chose sur quoi on peut compter. Lily lâcha ensuite dans la conversation qu’elle allait voir un psychologue. Tu ne t’attendais pas à une pareille révélation de sa part car à tes yeux, c’était un sujet personnel mais qu’elle l’aborde sans gêne voulait certainement dire que Lily te faisait plus confiance que ce que tu ne pensais. Tu ne pus cacher ton étonnement cependant. Tu avais été toi aussi voir un psychologue après que ton beau-père ait été arrêté quand tu étais adolescent mais depuis tu n’y étais jamais retourné. N’étant pas du genre à trouver ce type d’aide inutile, tu encourageais Lily à se confier à ce professionnel si cela pouvait l’aider. Tu ne pus t’empêcher de te demander pourquoi exactement elle avait besoin d’aide mais une nouvelle fois, demander serait déplacé. « Je l'espère aussi. Notre conversation de l'autre jour m'a beaucoup fait réfléchir et j'ai eu envie de... De comprendre et de voir ce qui n'allait pas chez moi. Mais je t'avoue que ce n'est pas facile de se confier et de déballer sa vie à un inconnu. » Tu te souviens de votre conversation et de l’incohérence que tu avais relevé sans le vouloir chez Lily qui voulait des enfants mais qui semblait incapable de réellement s’engager. Tu espérais qu’elle finirait par trouver les réponses à ses questions ou si elles les connaissaient, qu’elle pourrait les accepter pour dépasser ses blocages mais cela prendra certainement du temps. « C’est quand même plus facile de le faire devant un inconnu qui ne te connaît pas et ne peux pas vraiment te juger. » Lui fis-tu remarquer avant d’ajouter : « On a tous nos blocages, je suis certain que tu finiras par trouver. » Lui dis-tu avec un sourire que tu voulais rassurant. C’était déjà un pas énorme qu’elle ait décidé de parler à un professionnel, tout le monde n’avait pas le courage de se lancer dans cette démarche qui vous obligeait à faire face à vos démons. La conversation se fit plus gaie par la suite et Lily te fit remarquer qu’il y a quelques mois, une pareille rencontre vous aurait parue impossible. « Puis, on a suffisamment de recul pour pouvoir faire la part des choses aussi. » Tu ne savais pas si c’était d’être adulte qui permettait de faire la part des choses. A son retour, tu n’avais pas été tendre avec elle, loin de là et pourtant tu avais été un adulte. Mais tu te contentais d’hocher la tête avant de prendre une gorgée de ta bière qui passa légèrement de travers quand Lily te dit : « Tes amis attendent quelque chose ? Ils nous observent depuis tout à l'heure, c'est presque gênant. » Tournant le dos à tes amis, tu ne les voyais pas mais tu n’avais aucun mal à imaginer qu’ils étaient en train de jouer les commères et d’attendre avec impatience que tu embrasses la jeune femme devant toi prouvant que tu avais trouvé chaussure à ton pied pour la soirée. Soupirant, tu dis à Lily : « Ils attendent probablement qu’il se passe quelque chose qui prouverait que j’ai réussi à te charmer. » Pour expliquer le pourquoi du comment, tu rajoutais : « J’avais dit à mes potes que je les accompagnais prendre un verre mais que je ne comptais pas rentrer accompagné ce soir. Mais me voilà devant une belle demoiselle et ils ne savent pas que j’ai déjà réussi à te charmer une fois. » Lui dis-tu avec un sourire en coin et un clin d’œil. Tu cherchais à taquiner Lily mais ce que tu disais n’était pas faux. Tes amis ne la connaissaient pas, ne connaissaient pas son existence car tu les avais rencontrés bien après le départ de Lily et tu étais déjà un homme à femmes à ce moment là, choix de vie qu’ils n’avaient jamais questionné. Et à leur défense, en général, quand tu allais discuter avec une jeune femme, c’était en général fort peu innocent.
J’ai toujours aimé avoir raison. Elle rit à ses mots, c'est la remarque qu'elle se fait depuis plusieurs jours. Même lors de leur précédente conversation, elle s'était faite la réflexion. Mais après tout, elle ne pouvait pas prétendre que ce qu'il disait était faux. Elle le savait au fond d'elle qu'elle devrait l'écouter lui et les recommandations du médecin mais... Il y a des fois où elle n'a envie d'écouter personne. Seulement son cœur et ses envies qui lui dictent tout le contraire. Je sais que c’est difficile mais commence par ne pas décoller tes fesses de ta chaise pendant tes cours de danse et ce sera déjà un bon début. Quand je me suis blessé, j’assistais aux entraînements mais c’était mon assistant coach qui s’occupait de presque tout. J’étais là pour la stratégie et pour veiller au grain sur les progrès de mon équipe. Elle écoute attentivement son vécu mais elle sait que leur situation est complètement différente. La danse, c'est différent d'un sport traditionnel comme le baseball, le foot ou encore le tenis. Il y a des règles bien précises et même si la façon d'entraîner peut être différente, ça n'empêche que ça marchera quand même. En danse, il y a une chorégraphie à apprendre qui est pour la plupart du temps, propre au professeur. C'est compliqué pour Lily de se faire remplacer que dans d'autre cas. J'aimerais bien me faire remplacer mais... Je suis la seule à connaître la chorégraphie. La danseuse grimace un peu, c'est une option qu'elle avait pourtant envisagé lors des premiers cours qu'elle a donné dans cet état mais... Elle l'a vite envoyé valser. Ce n'est pas pour autant que je continue de leur apprendre la chorégraphie que j'avais commencé avec mes élèves. Je leur propose des jeux, des exercices en attendant. Je n'ai pas trop le choix. Et puis ça change, ça permet de mettre à contribution ses élèves et de leur faire voir autre chose. Ça l'amuse de les voir aussi investie et de voir parfois une nouvelle facette de leur personnalité. Lily pense qu'elle devrait faire plus souvent des cours de ce style parce que ça lui plaît au final. Un mal pour un bien comme on dit. Elle examine discrètement et rapidement ses bras pour constater qu'ils n'ont aucunes différences l'un de l'autre, pas même avec les siens. Alors elle lui dit que ça ne l'empêche pas de continuer, même si elle ne sait pas vraiment s'il donne toujours des cours aujourd'hui. J’ai laissé le baseball professionnel derrière moi il y a longtemps, je n’ai pas besoin d’un bras au top de sa forme pour continuer à jouer pour le plaisir. Un sourire se dessine sur ses lèvres. Lily sait qu'une carrière pro dans le sport ne dure malheureusement pas toute une vie. C'est pratiquement impossible. Il y a un moment où le corps ne suit plus, il faut savoir l'écouter. Le principal, c'est que tu sois épanouie dans ta vie et dans ce que tu fais. Être pro, ça ne dure qu'un temps. Elle porte son verre jusqu'à sa bouche et en boit une gorgée avant de le reposer en face d'elle. L'alcool, même le peu qu'il peut y avoir dans cette bière, lui fait du bien et lui permet de moins souffrir intérieurement de cette situation. Peut-être que la présence d'Arthur lui fait du bien aussi, et lui remonte le moral. Il a toujours eu ce... Ce pouvoir sur elle de lui faire retrouver le sourire même dans les instants les plus sombres. Peut-être plus à l'époque où ils étaient ensemble, qu'aujourd'hui. Leur relation a changé et c'est compréhensible après ce qu'ils ont traversé séparément. Lily lui parle finalement d'Abel, un sujet peut-être plus joyeux. Elle ne saurait vraiment dire mais ça l'intéresse. Même si rajouter à ça, elle lui parle d'Angelina, la mère d'Abel et ex du garçon. Ça lui fait un peu mal au cœur à Lily, de les imaginer ensemble. Même si elle n'a pas de raison puisque c'est elle qui est partie et qui a en quelque sorte, provoqué ça. Mais imaginer Arthur avec une autre femme qu'elle, ça fait toujours bizarre à Lily. Mais c'est normal après tout, c'est pareil pour tout les personnes qui voient et imaginent leur ex avec quelqu'un d'autre, pas vrai ? Elle sent quand même Arthur mal à l'aise et elle se sent bête d'avoir abordé ce sujet. C'était certainement trop tôt ou pas le bon moment. Quelle idiote. J’espère simplement que cela va durer. Lily l'espère pour lui aussi parce qu'il semble vraiment heureux avec Abel et qu'être père lui va si bien. Elle préfère ne rien répondre et surenchérir pour couper court à ce sujet. C'est certainement mieux pour lui, comme pour elle. Elle préfère lui dire qu'elle a commencé à voir un psychologue. Ce n'est pas une chose que les gens disent généralement, ils ont trop honte d'avouer qu'ils ont besoin d'aide. Mais Lily n'a pas de honte et a assez confiance en Arthur pour le lui révéler. Elle lui avoue que c'est quand même difficile de se confier à un inconnu, qu'à quelqu'un que l'on connaît bien. Peut-être pas autant mais tout de même. C’est quand même plus facile de le faire devant un inconnu qui ne te connaît pas et ne peux pas vraiment te juger. On a tous nos blocages, je suis certain que tu finiras par trouver. Elle répond à son sourire, par un sourire. Elle espère bien les trouver parce qu'elle fait ça pour ça justement. Elle en a marre de se bloquer elle-même sans comprendre véritablement les raisons. On verra bien. Elle n'a rien d'autre à ajouter à ce sujet. De toute façon, il n'y a pas grand chose à en dire pour le moment, elle ne fait que commencer et il n'y a rien eu de bien concluant pour le moment. Ils parlent, ils trinquent, ils parlent encore, ils remarquent qu'ils s'entendent mieux qu'avant et c'est plutôt une bonne chose sachant le désastre que ça pouvait être il y a encore un an. Lily ne veut même pas y penser. Elle trinque et boit avant de s'apercevoir que les amis d'Arthur ne font que les regarder et qu'ils semblent parler sur eux. S'ils voulaient être discrets, c'est loupé en tout cas. Ils attendent probablement qu’il se passe quelque chose qui prouverait que j’ai réussi à te charmer. Lily ne peut s'empêcher de rire un peu. Non pas pour se moquer, loin de là. C'est juste la situation. S'ils savaient tout ce qui s'est passé et s'ils connaissaient leur histoire, ils ne seraient certainement pas là à les mater, attendant patiemment quand il y aurait un signe pour aller plus loin. J’avais dit à mes potes que je les accompagnais prendre un verre mais que je ne comptais pas rentrer accompagné ce soir. Mais me voilà devant une belle demoiselle et ils ne savent pas que j’ai déjà réussi à te charmer une fois. Lily comprend beaucoup mieux maintenant. Elle leur lance un dernier regard et reporte toute son attention sur le jeune homme. Ce qui ne veut pas dire que tu ne peux pas réussir une deuxième fois. Qu'elle lance sans même réfléchir à sa réponse. C'est juste sorti de sa bouche, comme ça. Elle n'en est aucunement choquée ou désolée. Certainement l'alcool qui doit faire ses effets maintenant qu'il a bien pris le temps de se mélanger à son sang. Ce n'est qu'une phrase anodine et un peu taquine quand on y pense mais Lily ne se serait pas permise en étant complètement sobre. Tant pis, après tout, ils ne font rien de mal et ne sont pas en couple chacun de leur côté. Je suis sûre qu'ils n'attendent que ça derrière. On dirait presque qu'ils sont devant un match de foot. Elle rit sans forcément les regarder pour ne pas leur donner trop d'importance même s'ils ne s'empêcheront sûrement pas de continuer comme ça.
Se blesser ce n’est jamais agréable. Particulièrement quand ce sont des blessures qui réduisent votre motricité. Tu admirais beaucoup les personnes handicapées qui devaient vivre tous les jours avec ce genre de problème parce qu’il fallait être motivé pour continuer à se déplacer quand tout n’était pas fait pour vous aider. Mais dans son malheur, Lily avait la chance de s’être blessée à Brisbane et pas au milieu de ses représentations à Broadway. Certes elle ne pouvait pas enseigner ce qu’elle voulait à ses élèves vu qu’elle devait le moins bouger possible mais au moins elle pouvait continuer à enseigner avec un peu d’aide. A Broadway, elle aurait dû se faire remplacer et ensuite reprendre sa place mais tu ne savais pas si cela fonctionnait aussi facilement que cela. Peut-être pas. Tu ne connaissais pas bien ce milieu et tu ne te sentais pas de lancer Lily sur ce sujet, pas maintenant, tu n’étais pas prêt à entendre toutes les choses merveilleuses qu’elle avait faites parce qu’elle t’avait quitté. C’était égoïste mais tu ne pouvais pas encore entendre ce récit. Un jour tu y seras prêt, tu n’en doutes pas mais pas aujourd’hui. « J'aimerais bien me faire remplacer mais... Je suis la seule à connaître la chorégraphie. Ce n'est pas pour autant que je continue de leur apprendre la chorégraphie que j'avais commencé avec mes élèves. Je leur propose des jeux, des exercices en attendant. Je n'ai pas trop le choix. » Tu hoches la tête, en effet, elle n’avait pas trop le choix. Tu préfèrerais qu’elle se fasse remplacer quand même quitte à faire des jeux, d’autres pouvaient les animer à sa place mais ce n’était pas tes affaires. Lily était une grande fille, une ancienne star de Broadway, elle n’avait pas besoin de son ex petit-ami pour lui dicter sa conduite. Tu avais toujours eu un côté protecteur, particulièrement après ce qui s’était passé avec Amelia mais tu savais aujourd’hui le contrôler et l’essentiel était qu’elle guérisse bien. « L’essentiel c’est qu’ils s’amusent et qu’ils passent du bon temps. » Tu ne savais pas si Lily donnait des cours amateurs ou un peu plus professionnels mais dans les deux cas, s’amuser te semblait le plus important. Particulièrement pour les jeunes pour lesquels c’était du loisir. Tu avais hésité à t’engager dans un club de baseball et à coacher une équipe le week-end, sur ton temps libre mais l’arrivée d’Abel dans ta vie avait fait que tu préférais lui consacrer tout le temps qu’il méritait, le baseball passera toujours en deuxième position. Tu parlais à Lily de ta blessure au bras l’année dernière de laquelle tu n’avais gardé aucune séquelle et qui ne t’empêchait pas de jouer aujourd’hui. Mais tu jouais avec des amis pour plaisanter, tu n’avais pas besoin d’un bras en pleine forme. « Le principal, c'est que tu sois épanouie dans ta vie et dans ce que tu fais. Être pro, ça ne dure qu'un temps. » Elle a raison. On ne peut pas être pro toute sa vie mais toi tu ne l’as jamais été. Enfin si, quand tu jouais à l’université. Et puis quand les offres étaient tombées, tu les avais refusées préférant te tourner vers l’enseignement. Tes anciens coéquipiers n’avaient pas compris au départ mais ils avaient accepté ton choix et tu gardais de très bons liens avec eux qui jouaient maintenant pour les plus grandes équipes du pays. Tu suivais leur carrière avec intérêt et tu n’hésitais pas à encourager tes lycéens et les aider quand ils étaient à l’université quand ils le méritaient. Car ta génération allait prendre sa retraite dans les années à venir et certains deviendront des coachs, d’autres des agents et si tu as des talents à promouvoir, tu n’hésiteras pas à leur faire savoir. « C’est l’avantage d’être enseignant, ça dure pour toujours. » Dis-tu avec un sourire. Tu pensais à Lily qui enseignait aujourd’hui et qui t’avait parlée de son école. Finalement, cela vous faisait un point commun important. A ta plus grande surprise, Lily te parla d’Abel. Tu en vins à lui parler d’Angelina également parce qu’elle était la mère de ton fils et ce n’était pas toujours facile entre vous. Mais cela allait mieux, jusqu’à la prochaine crise bien entendu. Tu espérais qu’elle n’arriverait pas encore cependant, tu savais qu’il y en aurait une parce qu’Angelina avait toujours fonctionné comme cela. A ta dernière remarque, Lily n’ajouta rien et il n’y avait pas grand chose à rajouter. Il fallait laisser faire le temps et tu espérais être un bon père pour ton fils. Tu en doutais beaucoup mais tu essayais de faire au mieux. Ce fut au tour de Lily de se confier et elle te dit qu’elle allait voir un psychologue pour essayer de comprendre ce qui la bloquait dans ses relations. Tu fus surpris qu’elle te confie cela mais tu l’encourageais. Tu avais vu un psychologue après ce qui s’était passé avec Amelia et cela t’avait aidé donc si cela pouvait aider Lily, il fallait qu’elle fonce. « On verra bien. » Tu lui souris de manière encourageante. Lily était quelqu’un de déterminé. Quand elle se fixait un objectif, elle l’atteignait et même si atteindre celui-là allait être plus difficile que ce à quoi elle s’attendait, elle y arriverait tu n’en doutais pas. Tu ne pus t’empêcher de te dire que finalement, peut-être que votre séparation n’avait pas eu des effets que sur toi. Lily n’avait pas semblé avoir de problèmes dans votre relation qui avait durée plusieurs années. A part l’engagement officiel mais vous étiez engagés sur tout le reste à l’époque … « Moi j’y crois. » Lui dis-tu avec un clin d’œil. C’est alors que Lily te fit remarquer que tes amis vous regardaient avec insistance. Cela te fit rire car bien entendu qu’ils vous regardaient. Ils étaient certainement en train de spéculer, voire de lancer des paris. Tu avais déjà confié à Lily être devenu un homme à femmes après son départ et c’était quelque chose que tu assumais généralement mais en parler avec Lily te gênait un peu sans que tu ne saches vraiment pourquoi. Cependant, tu ne te défilais pas et tu lui expliquais ce que tes amis devaient attendre impatiemment. « Ce qui ne veut pas dire que tu ne peux pas réussir une deuxième fois. » Tu ne pus t’empêcher de lever un sourcil à ces paroles. Un petit sourire en coin apparut sur ton visage. Elle était sérieuse ? Tu ne savais pas très bien mais cela t’amusait de savoir que tu pouvais toujours charmer la jeune femme. « Est-ce un défi miss Fairchild ? » Ne pus-tu t’empêcher de lui demander parce que tu ne pouvais nier que c’était un défi que tu essaieras de relever sans trop te faire prier pour le coup. « Je suis sûre qu'ils n'attendent que ça derrière. On dirait presque qu'ils sont devant un match de foot. » Tu laissais ton rire accompagner le sien. Le pire c’est qu’elle n’avait pas tord, ils n’attendaient en effet que ça derrière vous. Mais Lily et toi saviez que même si tu la taquinais à ce sujet, ce n’était pas au programme de la soirée, peu importe les encouragements que tes amis te donneraient si tu te retournais. « Il faut les excuser. Ils sont mariés et même s’ils adorent charmer leurs femmes, ils adorent aussi vivre à travers les conquêtes de leurs amis célibataires. » Lui dis-tu légèrement amusé. Ils étaient insatiables à ce sujet et cela t’amusait beaucoup parce que c’était un moyen pour eux de s’amuser en restant fidèle à leur moitié. C’est un peu le problème des sorties entre potes quand certains sont mariés et d’autres non, les soirées ne sont pas les mêmes. « Mais ils sont plutôt inoffensifs. » Dis-tu à la jeune blonde avec un clin d’œil.
L’essentiel c’est qu’ils s’amusent et qu’ils passent du bon temps. La jeune femme hoche de la tête en souriant, c'est exactement ce qu'elle pensait. Ça ne peut en aucun cas leur faire de mal de changer un peu et de faire des exercices un peu plus amusant et fun à faire. C'est vrai qu'elle peut mettre la barre haute par moment et leur en demander beaucoup, Lily en est parfaitement consciente mais les élèves qui s'y inscrivent viennent pour ça aussi, n'est-ce pas ? C'est ce que je me dis. Qu'elle dit en souriant avant de parler de sa blessure à lui, lui posant beaucoup de questions. Plus pour rassurer mais aussi pour savoir comment il a vécu la chose. Le bras ou la jambe, c'est pareil. Dans tous les cas, ça les a obligé à se calmer et les a empêché de pratiquer le sport qu'ils aiment. Mais surtout de l'enseigner. Elle peut comprendre que ça n'a pas été facile pour lui non plus même si c'est de l'histoire ancienne pour lui. Pour elle, ça le sera aussi, d'ici un mois. Voir même un peu plus. Elle va devoir muscler de nouveau son pied et ne pas le brusquer. Surtout si elle veut pouvoir re-danser comme avant. C’est l’avantage d’être enseignant, ça dure pour toujours. Il a raison. Pour elle aussi, c'est le cas. Elle enseigne maintenant mais elle ne sait pas si ça durera pour toujours. Dans quelques années, elle n'aura sûrement pas la même souplesse et énergie qu'aujourd'hui. Alors peut-être qu'elle ne l'enseignera plus passé un temps, peut-être qu'elle se consacrera plus à faire tourner l'école qu'elle conçoit de monter. Elle gérera la paperasse et tout ce qui va avec. Pour le moment, elle profite au maximum de la chance qu'elle a et continue tant qu'elle le peut. Après, il sera trop tard. Elle n'aura plus le corps qu'il faut. Mais elle ne veut pas penser à ça maintenant parce qu'elle est encore jeune et elle se sent encore jeune. Même si la trentaine approche à grand pas, même si ça lui fait peur et qu'elle fait tout pour ne pas y penser. Trente ans, c'est un cap qui lui fait peur et qu'elle n'a pas envie de franchir. Elle ne sait pas trop pourquoi. Peut-être à cause de tout ce qu'elle peut entendre à ce sujet. Aucune idée, mais elle le redoute. Pour ne plus y penser, elle lui parle d'Abel et glisse quelques mots sur Angelina, qu'elle ne connait même pas d'ailleurs. Ou peut-être qu'elle l'a déjà croisée mais qu'elle ne s'en souvient plus. Lily a croisé beaucoup de monde dans sa courte vie et pourtant, elle n'a pas une si bonne mémoire que ça, sauf pour la danse et les choses/personnes qui lui tiennent à cœur. Elle continue en lui avouant qu'elle voit un psychologue depuis très récemment sans trop comprendre les raisons de cette révélation. Elle ne l'a même pas dit à sa petite sœur et encore moins à sa mère. Mais c'est dit, ce n'est peut-être pas plus mal que quelqu'un sache. Moi j’y crois. Ses paroles la faisaient sourire jusqu'aux oreilles. Ça lui faisait du bien et elle avait l'impression d'être soutenue en quelques sortes. De toute façon, avec Arthur, elle n'en doutait pas une seule seconde. Les amis du garçon en face d'elle lui font détourner la conversation qu'ils avaient et qu'ils avaient d'ailleurs terminé. Ils les regardent avec insistance et semblent parler sur eux. Ça l'intrigue. Pourquoi ? Que disent-ils ? Lily fait la remarque à Arthur, peut-être qu'il pourrait l'éclairer. Mais elle est presque surprise par sa réponse mais elle rit parce qu'elle n'y aurait même pas pensé. Ils attendent qu'il se passe quelque chose. Que pourrait-il se passer ? Après tout, il s'en était passé des choses entre eux, des choses qu'ils ignoraient peut-être. Lily lance quand même une petite phrase lourde de sens sans vraiment y avoir réfléchir au préalable. Elle ne sait même pas si elle dit ça sérieusement ou plutôt dans le feu de l'action et de la conversation. Ça sort juste de sa bouche comme une enfant qui dit ce qu'elle pense sans se soucier que ça puisse être méchant ou trop direct. Elle ne sait pas s'il va prendre ses mots sérieusement mais ça semble l'amuser en tout cas. Tant mieux, elle n'aurait pas voulu jeter un froid ou le gêner. Est-ce un défi miss Fairchild ? Un sourire malicieux se dessine sur son visage. Est-ce un défi ? Elle ne saurait même pas répondre à la question. Elle n'a plus toute sa tête ce soir. Elle sait seulement qu'elle n'aurait jamais dit ça en temps normal. Je ne sais pas, tout dépend si tu as envie que ce soit un défi. Lily ne pourrait pas résister à ses tentatives pour la charmer de nouveau, même si leur histoire est du passé et qu'elle n'a pas pour projet de remettre leur relation au goût du jour. Au fond d'elle, elle sait qu'il y aura toujours une part d'elle qui restera amoureuse d'Arthur. C'est son premier amour, son seul et véritable amour. On ne peut jamais l'oublier complètement et enfouir ses sentiments à jamais. Lily est convaincue de ça. Il faut les excuser. Ils sont mariés et même s’ils adorent charmer leurs femmes, ils adorent aussi vivre à travers les conquêtes de leurs amis célibataires. Elle rit un peu à ses mots et espère qu'ils ne se font pas trop d'idées devant elle mais tant pis. Lily veut juste passer une bonne soirée et ne penser à rien d'autre que la bonne humeur de la conversation. Et c'est sûr toi qu'ils comptent pour ça, mon pauvre. Elle disait ça pour rigoler. Elle trouvait plutôt la situation assez drôle et en même temps, ils avaient tout son respect. Après tout, ils pourraient très bien être infidèles à leurs femmes, ce n'est pas le cas de tous les hommes. Certains ne se gêneraient pas et de plus en plus. Mais ils sont plutôt inoffensifs. Et elle n'en doute pas une seule seconde. Ils n'ont pas l'air bien méchant à première vue. La soirée suit son cour et les discussions s'enchaînent durant la soirée. Elle est contente de retrouver un semblant de relation avec le jeune homme. Ils ont brisé la glace et ça va mieux, ils peuvent parler de nouveau sans se crier dessus comme des animaux. Ça fait du bien à tout le monde, mais surtout aux concernés. La soirée se poursuit un peu mais pas si longtemps. Jusqu'à ce que Lily décide qu'il est temps pour elle de rentrer. Elle a enchaîné trop de verres d'alcool ce soir, elle sent déjà le mal de tête arriver demain matin. Elle l'espère le moins douloureux possible. Mais elle se couche heureuse et sereine.
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