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 And the world seems to disappear + Gautelisa

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Message(#)And the world seems to disappear + Gautelisa   EmptyMer 18 Avr 2018 - 16:02

And the world seems to disappear
Gautelisa

Le soleil tape sur ses épaules, sur sa nuque, sa casquette visée sur la tête. Une dernière vérification des cordages et il jette un regard furtif vers sa montre. Dans une minute il sera l’heure de partir et Elisabeth le sait - Gauthier n’est jamais en retard, il n’attend pas non plus. Si elle n’est pas à l’heure c’est qu’elle ne viendra pas. Un instant l’idée l’effleure, les choses semblaient aller si bien entre eux - une accalmie au milieu de leur périple. Un instant de répit où il aurait presque pu croire qu’ils redeviendraient amis - qu’il pourrait oublier le passé, oublier l’attirance et tout ce qui lui donne toujours aussi envie d’elle. Mais les choses ne sont pas si simples et la distance que la blonde impose entre eux depuis quelques semaines ressemble à s’y méprendre à un signe avant-coureur. De quoi il ne le sait pas trop - est ce que c’est quelque chose qui le concerne ? Il n’est pas assez égocentrique pour le penser vraiment, mais c’est une possibilité. La certitude qu’il a c’est que quelque chose ne tourne pas rond. Et s'il a longtemps mis ça le compte d’une mauvaise grippe ou d’un rhume qui s’éternise il n’est pas dupe. Elisabeth n’est pas dans son état ordinaire depuis plusieurs semaines. Avant il aurait laissé couler sans doute, n’aurait pas posé de questions - parce qu’il est très doué pour ça. Mais il y a eu Maureen… Maureen et cette révélation qui est venue si tardivement - presque dans la peur. Une révélation qu’il aurait pu anticiper s'il n’avait pas mis des oeillères. Il ne veut pas risque de reproduire les erreurs du passé.

Alors il l’a invitée sur son voilier.

Le prétexte était tout trouvé. Parler de Daniel et de cette procédure de divorce qui s’est finalisée - de ce que cela veut dire pour lui aujourd’hui. Pour eux peut être aussi. Jusque-là Elisabeth était une femme mariée et peut-être que ça l’arrangeait bien. Ca lui évitait toute sorte de questions qu’il devrait pourtant probablement se poser un jour.

Mais Elisabeth ne viendrait peut-être pas.


Il entend presque le son de sa montre, la fameuse minute qui passe. L’heure pile. Et quand il relève le regard elle est là, sur le pont. Son sourire qui lui ferait presque tourner la tête - mais il préfère ce dire que c’est le soleil. Son coeur se serre pourtant en l’observant, parce qu’il a l’impression de la voir plus faible et étrange à chaque fois. Le teint pale, les cernes un peu plus prononcées sous ses yeux, comme si elle n’avait pas dormi depuis trop longtemps. Malgré tout elle est belle - comme toujours. « J’étais à deux doigts partir sans toi. » Il lui tend une main pour l’aider à monter. L’habituelle électricité qui parcourt tout son corps quand la peau d’Elisabeth frôle la sienne. « Tu veux boire quelque chose ? » Il aurait pu commencer par plus basique, lui demander comment elle va. Mais il sait bien qu’elle mentira, juste pour laisser passer la question. Alors il ne le fera pas. « J’ai reçu ta photo de Gabriel, magnifique déguisement. » Les deux garçons étaient invités cet après-midi à un anniversaire déguisé. Allez savoir pourquoi - sur tous les déguisements possibles Oliver avait choisi celui d’un fromage - ce n’est quand recevant Gabriel en souris qu’il avait compris. Les deux garçons semblaient encore plus proches depuis l’annonce de leur lien de parenté. Comme si rien ne pouvait les ébranler. Parfois son âme d’enfant lui manquait… mais à bien y réfléchir il n’avait pas l’impression d’avoir un jour été comme eux. Comme si la pression de cette empire familiale qui devait lui revenir avait toujours pesé sur ses épaules. Cette insouciance il ne se souvenait pas de l’avoir vécu - bien trop tard il avait refusé la succession qui lui revenait de droit. Bien trop tard il s’était séparé de ce lien parfois toxique avec ses parents.
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Message(#)And the world seems to disappear + Gautelisa   EmptyJeu 19 Avr 2018 - 15:33

Tu accepterais un tour en bateau ? Je voudrais te parler. De Daniel, et de la procédure.’ Mes yeux ne quittent plus l’écran de mon téléphone. Mes paupières se ferment, mes mains passent sur mon visage et je tente d’expirer toute l’air que j’ai pu emmagasiner. L’air me brûle mais ma respiration ne se bloque pas ce qui me calme doucement. Cela va faire presque un mois que je repousse nos sorties avec Gauthier. Alors que tout allait parfaitement entre nous, j’ai décidé de prendre ce recul, pour lui, pour moi. Une larme s’échappe, j’aurais préféré ne pas savoir… « Maman ? Tu vas bien ? » Un sourire, presque faux, se dessine sur mes lèvres alors que mes iris se fixent sur le visage angélique du petit garçon dans l’antre de la porte. J’agite la tête pour ne pas l’inquiéter mais ne sait pas si ma voix sera assez fiable pour ne pas l’alarmer. « Tu es encore au lit ? » Un simple coup d’œil sur mon réveil m’indique l’heure : neuf heures. Sauf réellement malade, ou suite à une grosse soirée, je ne reste jamais aussi tard dans mon lit, détestant la flânerie inutile. « Oui, j’étais très fatiguée. » La bouche grande ouverte, il mime la surprise à la perfection avant de prendre de l’élan et de sauter à mes côtés où je l’accueille rapidement contre moi. Ma gorge se serre et je dois prendre une inspiration difficile pour ne pas craquer. Mon fils est ma raison de vivre ou plutôt… Je n’ai pas compris ce qu’il représentait pour moi pendant bien trop longtemps et aujourd’hui, j’échangerais absolument tout pour au moins pouvoir refaire les premières années de sa vie. Déposant un baiser sur sa chevelure touffue, je le laisse rire aux éclats alors qu’il m’adresse son sourire sans dents mais magnifique. « Alors, qu’est-ce que tu veux faire aujourd’hui ? » Trop de choix doivent s’offrir à lui car il part dans une réflexion intense que je n’imaginais pas possible. Son petit doigt se lève alors qu’une idée probablement lumineuse investie son esprit. « Faut qu’on finisse mon déguisement et j’aurais bien voulu aller voir Ready Player One et puis passer la journée avec toi toute seule. » Cette fois-ci, je ne peux retenir mon sourire en le serrant un peu plus fort dans mes bras. A y réfléchir, nous n’avons pas réellement passé de journée seuls depuis un bon moment. Entre les week-end à échanger avec Daniel depuis le divorce, ceux passés avec Gauthier pour qu’ils apprennent à se connaîtrent et ceux avec Maïa qui ne me lâche plus depuis plusieurs semaines maintenant… « C’est pas pour les grands ce film ? » De nouveau, ses gencives vides depuis quelques jours se montrent à moi. « Mais je suis grand maman ! » J’explose de rire, accompagnée par ses gloussements. « Allez go, on va se préparer un petit déjeuner de roi, ça te dit ? » Ses bras se projettent en l’air, je dois me pousser pour ne pas me prendre un poing. « Fonce, je te rejoins. » Il hoche la tête, je l’embrasse une dernière fois, lui glissant un léger « Je t’aime » qu’il me renvoi par un baiser avant de courir dans la cuisine. Récupérant mon téléphone, je réfléchi un instant. Je ne peux plus le fuir, il faut que nous parlions, il a raison. Et il doit savoir. Mon cœur se serre, mes doigts pianotent, il me manque aussi… ‘Je serais là. Dis-moi ton jour et ton heure.

« Elie ? Qu’est-ce que tu fais là ? Gabriel va bien ? » Silencieuse, mon cœur bat pourtant à une vitesse que je ne peux plus suivre. Je dois avoir un air lamentable. « Je dois te parler Daniel, c’est… important. » et devenu vital… Sa ride du front se dessine, il s’inquiète, j’aimerais le rassurer mais n’en suis pas capable. « Qu’est-ce qu’il se passe Elie, tu m’inquiètes là. » Je jette un coup d’œil à son intérieur, je ne suis pas sûre de pouvoir tenir debout pour cette conversation. « Gabriel va bien, promis. » Déjà, un point sur lequel il doit être rassuré. « Elie… Qu’est-ce que tu as ? » Mon cœur se pince, il sait. Il est celui qui me connait le mieux, celui qui m’a côtoyé pendant presque dix ans, celui qui a partagé mon être et mon cœur et je serais bien naïve de penser pouvoir lui cacher ce genre d’information. Il m’invite rapidement à me poser et s’assoit à mes côtés, son petit pli ne s’enlevant pas. Autrefois, j’en aurais ri, me serait moquée. Aujourd’hui, je ne pense à rien d’autre qu’à l’avenir, celui de notre fils, celui que je tente d’apercevoir mais qui devient plus fou à chaque fois que mes pensées s’y aventurent. « Qu’est-ce que tu veux, je ferais tout pour que ça aille un peu mieux… » Je m’en veux. Il me connait parfaitement, et je le connais tout autant. Je m’en veux de jouer de sa faiblesse dans un tel moment, mais je dois en être certaine et je sais qu’il ne pourra pas me le refuser…

« Hey Gabey Mouse, tu n’aurais pas oublié quelque chose ? » Avec sa queue plus haute que sa tête, mon fils se retourne adorable dans sa tenue pour l’anniversaire déguisé. Je ne sais pas où ils ont eu l’idée, mais je n’aimerais pas être dans leur tête. Il revient en galopant comme il le peut vers moi et tends les bras. Je me baisse et le laisse me coller un énorme bisou baveux sur la joue avant de l’embrasser à mon tour. « On fait une dernière photo ? » Il acquiesce et en la prenant, je l’envoi directement à ses pères qui ne pourront que rire dans cet accoutrement, surtout Gauthier s’il connait le duo du petit. « Amuse toi bien. Je t’aime. » « Moi aussi maman, bonjour à papa. » Je souris, frissonnant à l’idée qu’il l’appelle déjà ainsi. Même s’il a toujours un peu de mal, je vois qu’il s’est rapidement fait à l’idée. Plutôt heureux d’avoir deux papas, il ne s’en plaint pas du tout et est même plus qu’heureux de pouvoir dire qu’Oliver est son cousin. Un dernier bisou avant qu’il ne disparaisse dans le flot des enfants déjà présents à la fête. Je tourne les talons, un petit pincement au cœur et m’assoie finalement dans ma voiture. Ma main se pose automatiquement sur ma poitrine pour la compresser et tenter de faire passer un peu plus facilement l’air. Il y a les jours avec et les jours sans, j’aurais voulu que celui-là soit un bon jour, mais je n’ai pas l’impression de pouvoir être tranquille. Peut-être que l’idée des conversations à venir avec Gauthier qui ne facilitent pas ma tâche… Inspirant un grand coup, je me relève de mon volant et regarde l’heure. Pile à l’heure pour y arriver, j’espère…

Alors que le moteur s’arrête, il reste que quelques minutes me séparant de l’heure du rendez-vous. Si je ne me dépêche pas, il va gronder ou bien partir sans moi. Une fois mes affaires dans mon sac, je hâte le pas et lorsque l’aiguille change d’heure, je me trouve sur le pont de son bateau, un sourire sur les lèvres et son regard qui monte vers moi. Je l’ai croisé, passé du temps avec lui mais Gabriel était toujours dans le coin. Je dois l’avouer, il m’a manqué et cela doit se transmettre dans mon sourire. Pourtant je ne devrais pas, je n’ai pas le droit, je n’ai plus le droit… « J’étais à deux doigts de partir sans toi.» Je ris, je l’aurais parié, Gauthier et sa patience d’ange. « Je peux faire demi-tour si tu préfères te faire la conservation. » J’ironise, sachant pourtant que ça ne le dérangerait pas tant que ça. J’attrape sa main et un frisson parcours ma colonne, bloquant ma respiration. Je commence à savoir faire la différence et cette fois-ci, c’est bien lui qui fait cet effet-là… « Tu veux boire quelque chose ? » A deux doigts de lui demander une bière, les paroles du médecin me reviennent à l’esprit. « Un peu d’eau, ce sera parfait. » Je me laisse porter sur son bateau. J’avoue, je n’ai jamais aimé naviguer. Jamais compris cette amour qu’il peut avoir pour cette étendue d’eau où nous ne maitrisons absolument rien, là s’arrête mon envie d’aventure. Pourtant, avec lui, j’irais n’importe où et sa passion se transforme lentement en un intérêt à mes yeux, s’il aime tant, cela doit réellement avoir quelque chose de particulier et il me l’a déjà prouvé plusieurs fois. « J’ai reçu ta photo de Gabriel, magnifique déguisement.» Je ne peux m’empêcher de rire repensant à mon fils et ses moustaches. Son duo avec Oliver était simplement incongru mais parfait. « J’ai préféré faire celui-là que le fromage, j’avoue. » Je ne sais pas comment il s’était départagé les rôles, mais j’étais bien heureuse de ne pas avoir à l’enfermer dans un carton type fromage avec la chaleur qu’il fait. Pourquoi ne pas faire comme tous les petits garçons et se déguiser en superhéros ? Trop simple ? Trop banal ? Probablement… « Je pense qu’il tient la classe de son père. » Je lui adresse un clin d’œil, le cherchant un peu et tentant de cacher tout le reste. Je préfère profiter de cette journée pour la gâcher à la fin plutôt que ruiner l’ambiance avant même qu’elle ne débute. Ma fatigue peut bien passer pour une bonne gueule de bois ? Après tout, je tourne à l’eau ! « Alors dites-moi Capitaine, quel sera mon rôle de mousse aujourd’hui ? » Passager privilégié ou bien destinée à tenir les cordes ? Tant que je ne dois pas courir partout… - si un jour je m’étais dit que j’espèrerais ça…
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Message(#)And the world seems to disappear + Gautelisa   EmptyDim 22 Avr 2018 - 9:13

And the world seems to disappear
Gautelisa

Il ne le montrera pas, mais la voire sur le pont juste à l’heure le rassure, lui procure un plaisir un peu coupable. Lui qui se délecte de la solitude, de moments de calme, il se surprend à aimer les partager, à vouloir de cette présence. Pas parce que c’est socialement correct, ou qu’il se doit de faire un minimum d’effort, mais juste parce qu’il en a envie. Et cette sensation à quelque chose de plaisant - lui donne l’impression d’être un peu moins discordant, un peu plus humain - comme le dirait sans doute son cadet. « Je peux faire demi-tour si tu préfères te faire la conservation. » Il lève un sourcil amusé alors que sa main se tend vers elle. « Maintenant que tu es là. » Ces lèvres qui livrent un message, son sourire qui l’invite à monter, à rester. Une fois de plus les mots lui manquent, mais il n’en a peut-être pas besoin parfois - Elisabeth le connait, assez pour lire en lui, assez pour savoir quand elle gêne et quand ce n’est pas le cas. Sa main quitte celle de la blonde pour aller lui chercher un peu d’eau comme elle le lui a demandé. Il l’accompagne, les quelques efforts fournis pour préparer le bateau ayant attisé sa soif. La conversation qui se dirige comme un automatisme vers leur fils. Puisqu’il ose l’appeler comme ça aujourd’hui. « J’ai préféré faire celui-là que le fromage, j’avoue. » Un léger rire lui échappe alors qu’il repense à son neveu. « Je crois qu’Oliver n’aurait accepté ce déguisement pour personne d’autre. » Mais la relation que les deux garçons entretenaient était pur - une amitié d’enfant, qui peut s’avère parfois bien plus sincère que celle des adultes. « Je pense qu’il tient la classe de son père. » Cette fois le sourire est plus discret, il ne s’efface pas pour autant. Mais ce concept de père reste quelque chose d’un peu étranger. Comme s’il continuait à se considérer comme un oncle - même pour son propre fils. Pas capable de prendre une place qui a déjà été attribuée depuis longtemps.

« Alors dites-moi Capitaine, quel sera mon rôle de mousse aujourd’hui ? » Un instant il hésite, ne veut pas la sous-estimer. Mais croire pourtant lire dans son regard une pointe d’angoisse. Un sentiment qu’il n'est pas sûr de comprendre. « Je pensais y aller tranquillement aujourd’hui - profite du voyage. » Un léger sourire un peu de côté et il disparaît déjà à ses occupations. Maintenant qu’elle est là - l’océan les attend. L’eau est calme aujourd’hui - la météo douce devrait tenir toute la journée selon les prévisions. Il sort du port avant de hisser sa voile, le vent qui s’engouffre dans cette dernière. Il se laisse porter, un instant oublie même la présence d’Elisabeth qui reste discrète alors que le bateau glisse sur l’eau à bonne allure. Le vent se lève un peu, la sensation et glissante. Son regard qui se pose sur l’avant du bateau alors qu’il est un peu penché vers l’arrière et un sourire qui se dessine. « Viens. » Une fois de plus il lui tend la main, l’autre qui tient la corde il la fait venir vers lui, attrape sa taille sans trop réfléchir alors qu’il lui montre de la tête l’avant du bateau. Les dauphins qui sont venus les accompagner, ce n’est pas rare, il y a beaucoup dans cette région et ils adorent accompagner les navigateurs. C’est tout de fois toujours un instant privilégier, particulier. La sensation grisante du vent sur sa peau, d’Elisabeth si proche de lui et de cette union à la nature que ces animaux leur offrent. Après plusieurs minutes comme ça les mammifères les abandonnent et Gauthier commence à ranger la voile, le bateau s’immobilise gentiment pour les laisser seul au milieu d’une étendue d’eau. L’eau à perte de vue.

Élisabeth est allée s’assoir sur l’avant du bateau, ses jambes qui bronzent au soleil. Il la rejoint dans le silence. Trouvant place à côté d’elle. Ils échangent un regard, un sourire. Mais rien ne perturbe la tranquillité de ce moment. Un moment de partage dans le silence, un instant dont ils se délectent. Fermant les yeux un instant, inspirant l’odeur douce de l'eau salée mélangée à l'odeur parfumée d’Élisabeth. Une odeur douce et délicate qui semble si bien s’accorder avec tout le reste. Les minutes passent sans qu’il ne s’en rende compte. Sans qu’il n’y ait de malaise. Il s’étonne presque lui-même de venir le coupé, le son de sa voix qui brise le silence si doux. « Tu veux en parler . » Elle semble un instant surprise, comme si elle n’était pas sûre de savoir où il voulait en venir. C’était pourtant le but premier de cette virée s'il s’en tenait à ce qu’il lui avait dit dans son message. « Du divorce ? » Lui a des questions, auxquelles il n’a pas encore eu réponse, mais il ne veut pas forcer les choses. L’emmener au milieu de nulle part pour la forcer à parler n’est pas son but - même si toute cette mascarade pourrait fortement y ressembler.
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Message(#)And the world seems to disappear + Gautelisa   EmptyLun 23 Avr 2018 - 3:40

« Maintenant que tu es là. » Mes lèvres s’étirent alors qu’il me tend une main pour m’aider à monter sur son énorme bateau en bois. Je préfère ça. Son sourire me rend fébrile et le contact avec sa peau fait bondir mon cœur. Je le remercie rapidement pour son service express d’eau alors que le déguisement original de Gabriel et Oliver vient sur le tapis. Je ne sais absolument pas ce qu’il s’est passé dans leur tête mais ils ont réellement réussi à inventer un duo très particulier. « Je crois qu’Oliver n’aurait accepté ce déguisement pour personne d’autre. » J’hoche la tête en riant doucement. Je pense que personne d’autre ne lui aurait demandé de le faire. Répondant sans réfléchir je vois parfaitement la lueur passer sur le visage du trader, celle qui démontre qu’il a encore du mal à être autant affilié à mon fils. Pourtant, il ne dit rien, il accepte comme si on fond de lui, il voulait l’être mais que son esprit bien trop réfléchit se l’interdit encore un peu…

« Je pensais y aller tranquillement aujourd’hui - profite du voyage. » J’hausse les épaules, presque soulagée par cette annonce. J’ai l’impression que je pourrais le faire, courir partout et tirer sur ses cordes mais à la moindre faiblesse, je sais qu’il le remarquerait et je refuse de l’inquiéter de cette manière. Alors qu’il vaque rapidement à ses occupations, je me glisse sur un côté, mimant une nouvelle passion pour l’eau alors que mes pensées s’étirent doucement vers un monde où je ne veux pas aller. Mon regard oscille entre l’eau clair et l’homme en agitation sur le navire. Un sourire léger ne s’échappe jamais de mon visage lorsque Gauthier reste dans mon champ de vision. Je ne sais pas comment il garde cet effet-là sur moi, même alors que je sais qu’il ne doit plus rien se passer entre nous. Je dois simplement profiter et le spectacle qu’il m’offre aide parfaitement. D’un coup son corps s’arrête, le silence plane, seul la coque contre l’eau provoque la vibration de nos tympans. Il sourit, mon cœur chavire doucement et je dois prendre une grande inspiration pour réussir à respirer convenablement. « Viens. » J’attrape ma main avant qu’il m’attire vers lui et que la sienne se pose sur ma hanche. J’ai chaud mais mon corps se contracte avant de se détendre doucement. Je ne devrais pas être aussi faible, hésite à me rétracter, à lui faire comprendre que ce geste ne devrait pas avoir lieu, mais je n’en ai pas envie. Profite du voyage m’a-t-il demandé… La poitrine tambourinant, je reste ainsi calme, proche de lui alors que je pose enfin mon regard sur la scène qu’il me montre. Les animaux marins m’ont toujours fasciné parce qu’ils maîtrisent un domaine qui m’est totalement inconnu et qui m’effraie secrètement. La grâce des dauphins filant devant nous, étire mes lèvres alors que mes yeux doivent ressembler à ceux d’un enfant à Noël. Automatiquement, ma main vient se poser sur celle de l’anglais derrière moi, alors que son souffle glisse régulièrement sur mon épaule. « C’est magnifique. » Rien ne pourrait expliquer ce que nous voyons. Pour lui, ce paysage doit être habituel, pour moi, même si nous en avions vu la dernière fois avec les garçons, cela reste exceptionnel. Ce n’est pas en grandissant dans la baie de Galway que l’on rencontre des dauphins tous les quatre matins et je vous promets que la couleur de l’eau n’est pas la même. La plus grande différence reste tout de même qu’auparavant, la compagnie n’était pas non plus la même…

Sans prévenir, ils disparaissent, nous laissant ainsi quelques secondes avant que la réalité nous reprenne et que Gauthier se mette à s’agiter à nouveau pour faire en sorte que le bateau s’arrête, ou en donne au moins l’impression. Alors qu’il tire sur sa voile et qu’il effectue ses gestes avec parcimonie, je disparais vers l’avant du bateau, ma main sur la poitrine. Assise de manière à pouvoir parfaitement prendre le soleil jusqu’à ce qu’un léger mouvement me fasse doucement sursauté. Je ne l’ai pas entendu arriver, bien trop concentrer dans mes pensées. Je lui souris, son visage répondant parfaitement, je laisse mon regard s’attarder sur ses traits parfaits. Il ferme les yeux, je tourne simplement la tête, mordant ma lèvre dans un tic qui ne me lâche pas. J’expire et laisse le temps passer alors qu’intérieurement je me reprends, je m’interdis et m’accorde avec moi-même sur les dangers de cette situation. Il l’a demandé mais il n’est pas encore conscient de tout ce que cela peut impliquer. Je ne sais pas si c’est l’effet qu’il a sur moi ou l’air marin, mais je crois que cela fait des jours que je n’ai pas passés autant de temps sans toux pour briser le silence environnant. J’apprécie d’autant plus ce moment et le dessine dans mes pensées comme s’il était nécessaire qu’il soit par la suite retranscrit afin qu’il ne soit pas oublié. « Tu veux en parler .» Sa voix douce et parfaite glisse à mes oreilles mais mes sourcils se froncent légèrement. Je dois réfléchir pour me rappeler ses mots qui se sont mêlés à mes pensées dévorantes. Je tourne la tête vers lui, comme si j’avais besoin de plus d’information. « Du divorce ? » Ah oui, il veut donc amorcer cette discussion maintenant. Je souris légèrement et me tourne un peu plus vers sa direction. « Si tu le veux, oui. » C’est tout de même pour ça que je suis venue… Ne sachant plus réellement les informations qu’il a en sa possession, je préfère reprendre une bonne partie afin qu’il est les éléments nécessaires. « Tout d’abord, je suis officiellement divorcée depuis… trois semaines. » Je lui montre mes mains sans alliances et mon coup séparé de la chaine qui me reliée encore à Daniel doit prouver l’officialisation de cet acte. Je lui passerais les détails du contrat de mariage, je ne pense pas que ce soit ce qui l’intéresse le plus. « Pour la garde de Gabriel… Nous avons opté pour la garde partagée. Une semaine sur deux et la moitié des vacances scolaires. Les jours peuvent être modifiés sur commun accord. Cet accord est valable tant que nous habitons dans la même ville, autrement, il faudra retrouver un accord et savoir qui a la garde exclusive mais Daniel m’a assuré que pour l’instant, il ne comptait pas déménager. » Ma voix est douce et fluide, je crois que je ne l’ai pas encore perdu. « Pour ce qui te concerne, je pense qu’il est mieux que nous concentrions ta "garde", sur les semaines où il sera avec moi. » Je souris légèrement, c'est encore un peu tôt pour demander à Daniel de laisser son fils avec Gauthier par lui-même, même si... Garde ou ce qu’il appelle visite ou je ne sais quoi. Cependant, je pense qu’il sera bientôt temps qu’il prenne Gabriel avec lui une ou deux journées que tous les deux pour véritablement s’apprivoiser et prévenir ce qu’il pourrait arriver…. « Tu avais d’autres interrogations ? » Je ne sais pas si j’ai répondu à ses questions et je veux réellement qu’il n’y ai aucun secret entre nous, sur ce sujet. Je le regard tendrement, mes doigts s’entremêlant entre eux et mordillant ma lèvre nerveusement. D’un coup, prise d’une crise de toux, je me retourne pour lui faire dos pour la faire diminuer. Moi qui pensait être tranquille… Fermant les yeux, j’inspire finalement tant bien que mal avant de me retourner vers lui. « Désolée. » Je le suis réellement et pas uniquement pour ce qu’il vient de se passer… Je souris et tente de reprendre contenance avant d’avancer dans notre discussion. Je sais que je vais devoir lui en parler, mais laissez-moi encore un peu de répit…
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Message(#)And the world seems to disappear + Gautelisa   EmptyLun 23 Avr 2018 - 10:06

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Gautelisa

Il aurait pu tourner longtemps autour du pot - éviter tout sujet brulant pendant cette croisière pour ne les aborder que plus tard - au retour ou même un autre jour. C’était une attitude que Gauthier avait déjà eue, mais qu’il ne comptait pas réitérer. Le premier sujet sans doute moins lourd que le deuxième est plus abordable. Il avait lancé le divorce après plusieurs minutes de silence. « Si tu le veux, oui. » Evidement il le veut - a besoin de mettre les choses aux claires et de savoir où il en est lui aussi. « Tout d’abord, je suis officiellement divorcée depuis… trois semaines. » un regard sur cette main dénudée qu’elle brandit devant lui. C’est étrange, comme s'il ne la reconnaissait pas, comme s'il ne réalisait pas non plus. Elisabeth n’est plus la femme de Daniel, elle n’est plus sa petite amie… Elle est seule, divorcée… Comme il ne l’a jamais connue. Si ce n’est peut-être ce premier soir - celui de leur rencontre. « Pour la garde de Gabriel… Nous avons opté pour la garde partagée. Une semaine sur deux et la moitié des vacances scolaires. Les jours peuvent être modifiés sur commun accord. Cet accord est valable tant que nous habitons dans la même ville, autrement, il faudra retrouver un accord et savoir qui a la garde exclusive mais Daniel m’a assuré que pour l’instant, il ne comptait pas déménager. »  Il hoche la tête, restant à l’écoute. Heureux d’entendre qu’ils se sont accordés sur un garde partagée, ce qu’il a toujours pensé être le mieux pour Gabriel, même si Elisabeth en doutait un temps. Aujourd’hui Daniel est de retour dans la vie de son fils, et il a le droit à cette place. « Pour ce qui te concerne, je pense qu’il est mieux que nous concentrions ta "garde", sur les semaines où il sera avec moi. » Ça semblait effectivement le plus logique. Et si ce temps pouvait être partagé avec Elisabeth et même Oliver, c’était une autre paire de manche concernant sa relation avec Daniel. « Je suis sûr que l’on saura s’arranger. » Gauthier ne demandait pas grand-chose, assez de temps pour apprendre à connaitre un peu le petit garçon. Il n’avait de toute façon que peu de temps à consacrer à sa vie privée, bien occupé entre son travail, sa famille entre autres avec le retour de sa soeur et l’annonce de sa maladie et sa montagne, qui était toujours resté une constante dans sa vie.

« Tu avais d’autres interrogations . » Il en a encore une, mais elle peine à sortir. Parce qu’il n’a sans doute pas le droit de poser la question. Qu’il a perdu ce droit des années auparavant en cédant à ses pulsions, en touchant Elisabeth comme il ne l’aurait jamais du. « Comment il l’a pris ? » Pour ce qui est d'Elisabeth il le voit bien, il sait que c’est elle qui voulait se divorce, qu’elle ne voulait plus de sa relation avec son mari. Pour Daniel c’est tout autre chose, un mélange de haine et d’amour. De dégout peut-être aussi, pour ce qu’elle et Gauthier ont pu lui faire et pourtant… Pourtant il était là pour la récupérer. « Et toi ? » Qu’est-ce que ça lui fait d’être une femme divorcée ? Il n’en sait rien au final - se pose moins la question parce qu’elle n’a pas l’air de mal le vivre - mais puisqu’il aborde le sujet autant le fait jusqu’au bout. Et quelque part il se demande si cette baisse d’énergie de la part de la blonde n’est pas en rapport avec ce divorce. Une dépression ? Il y a pensé mais ça ressemble si peu à Elisabeth… Au sourire qu’elle lui adresse parfois - à son visage qui s’illumine quand elle voit son fils.

Et comme pour contredire ses pensées Élisabeth se mit  à tous. Une quinte qui mit quelques secondes à passer. Une de celles qu’elle a bien trop souvent ces derniers temps. Qui semble tant la fatiguer, plus que de raison. « Désolée. » Elle se retourne vers lui - leurs regards qui se croisent et il garde la bouche fermé. Son regard qui retrouve l’océan et le silence qui s’installe à nouveau. « Tu n’as pas à l’être. » Ce n’est qu’une quinte de toux non . C’est du moins ce qu’elle veut laisser paraître. La suite de la conversation il n’avait pas prévu de l’aborder de suite - n’est pas sur d’en avoir le droit ou même d’en avoir envie. Il se fait peut-être des idées. Elisabeth a peut-être commencé à fumer le cigare, ce qui pourrait expliquer ces quintes de toux. Ou un simple rhume qui s’éternise. Sans doute que l’annonce de la maladie de sa soeur l’a rendu trop suspicieux. Sans doute. Et pourtant… « Il y a autre chose… Dont tu voudrais parler ? » Il ouvre la porte. Ne sait pas ce qu’elle en fera - peut-être qu’il n’y a rien à dire - peut-être qu’elle ne veut simplement pas le lui dire. En tous les cas il aura essayé… Ouvert une brèche - là où il a souvent refusé de le faire.
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Message(#)And the world seems to disappear + Gautelisa   EmptyDim 29 Avr 2018 - 14:49

L’air se jette sur ma peau, rafraichissant mes joues en emplissant mes poumons. Je n’ose pas croiser le regard de Gauthier à mes côtés mais je réponds à ses questions sans même qu’il n’ait à les poser. Alors que je parle, il écoute, silencieux et respectueux sans me couper, sans un regard en trop. Il suit simplement mon récit et reste là, un hochement de tête, un sourire. Il reste fidèle à lui-même et mon cœur s’emballe doucement pour ça alors que j’ai en même temps besoin de le repousser. Finalement, j’atteins la partie qui le concerne, celle que nous n’avions que peu abordé et qui aujourd’hui est pour moi, la plus importante. « Je suis sûr que l’on saura s’arranger. »  Je souris légèrement. Bien entendu. « Il faudra vraiment qu’on en discute mais pour le moment, sache que ma porte est toujours ouverte pour toi et que lorsque l’envie t’en prends, tu as juste à me prévenir et tu peux passer le temps que tu veux avec lui. » Je sais qu’il n’en abusera pas. Un par peur de trop en faire et deux par manque de temps assez conséquent. Cependant, j’espère que cela viendra de lui, qu’il s’y mettra rapidement parce que finalement, il y sera peut-être forcé plus rapidement que lui et moi le pensons.

« Comment il l’a pris ? » Mon cœur s’arrête. En lui demandant s’il avait des questions, je ne m’attendais pas à celle-ci. Pourtant, elle est évidente venant de lui. Il s’inquiète pour Daniel. Malgré tout, malgré cette légère cicatrice qu’il lui a laissée sur le nez, malgré les mots en trop, il reste l’ami le plus fidèle qu’il ait eu, ou que je lui ai connu en tout cas…  Une fois la surprise disparue, je souris. Comment l’a-t-il pris ? A part le fait qu’il est connu sa première – ou plutôt deuxième mais vu qu’elles sont liées… - défaite ? « Je ne saurais vraiment te dire, cela reste le résultat d’heures de discussions. Je pense tout de même qu’il a compris et qu’il préfère être là pour Gabriel. Il n’avait pas, plus, l’envie de se battre, juste de profiter des moments qu’il peut vivre avec lui. » Pour ce qui est du divorce en lui-même, c’est une autre affaire… « Pour le reste, je pense qu’il savait que nous ne pourrions plus rien construire ensemble. Sans avoir abandonné, je pense qu’il laisse aller. » Je ne veux pas l’avouer, mais je pense aussi qu’il a pris du recul, qu’il n’est plus aussi attaché et qu’il préfère me voir loin de lui et un minimum heureuse que coincée dans cette situation et nous faire souffrir tous les deux. Daniel est loin d’être bête, c’est un homme que je respecte aussi pour cette intelligence sociale et son amour pour les autres. Il me l’a à nouveau, récemment prouvé. Ce n’est pas parce que nous sommes divorcés que nous ne tenons plus l’un à l’autre… Comme je mentirais en disant que je ne m’inquiète plus pour lui en permanence. « Je ne peux pas t’en dire plus, je ne pourrais parler en son nom. » Et je le refuse. Ce serait réduire cet homme des pensées évidentes et je suis parfaitement placée pour savoir que cela est faux. « Et toi ? » Mes sourcils se lèvent, étonnée. Moi ? Ma gorge se serre, mes yeux se baissent. Je n’y ai même pas pensé. Je ne me suis pas posée depuis l’annonce du divorce et les choses se sont enchainées, sans que je puisse me rendre compte de l’effet de cette nouvelle situation sur moi. En y pensant, je crois que ma réponse aurait été bien différente si tout s’était enchainé différemment. Mes mains se lient et je n’ose fixer Gauthier, presque mal à l’aise de sa question et de son intérêt pour mes sentiments. Je me mords la lèvre, pensive. « Je ne sais pas. » J’ai vécu un an, séparée, ma vie n’a pas changé parce que ma vie n’est plus reliée à celle de Daniel. Surtout que nous avons toujours Gabriel, et c’est ce changement qui me chamboule le plus. « A part que je dois cocher une case différente sur les papiers administratifs, je n’ai pas l’impression que ma vie a été chamboulé. C’est surtout le vide ressenti quand Gabriel est chez lui… Mais… Ma relation avec Daniel n’a pas été aussi bonne depuis mon départ de Londres, donc je pense que c’est une bonne chose finalement. » Plus d’enguelade, plus de cris ou de pleurs ou pas sur ce sujet en tout cas. « Nous avons finalement commencé à agir comme des adultes, je crois. » Je souris faiblement, fatiguée de me remémorer la dernière discussion en date avec l’intéressé.

Je n’ai pas le temps de continuer que ma gorge s’enflamme et mes poumons m’irrite, expulsant un air que je n’ai plus. Toxique et cuisant. J’aimerais que Gauthier ne me voit pas en cet instant, mais ne peut me cacher alors je mime un sourire, faux. Faisant comme si tout allait pour le mieux et que ma toux était classique alors que ce son n’a rien de commun. Il ne me regarde plus et bien que j’en sois désemparée, je lui suis reconnaissante. Je n’ai plus l’impression d’être moi et cette personne affaiblie, ne devrait même pas être à ses côtés. Je tente de reprendre une respiration normale et silencieuse, alors que je dois me faire force pour ne pas faiblir un peu plus. Je me suis promis de ne plus verser de larmes, je le ferais, surtout face à l’anglais. « Tu n’as pas à l’être. » Mon regard fui vers son visage, impassible. Gauthier, pour une fois, livre moi tes pensées, s’il te plait... Sa voix neutre et simple, me donne l’impression première qu’il n’ira pas plus loin et prends cette toux comme le rhume que je souhaite lui faire croire. « Il y a autre chose… Dont tu voudrais parler ? » J’aurais dû m’en douter. Nous parlons de Gauthier. Ma mâchoire enferme rapidement l’intérieur de mes joues. Je ne peux pas lui mentir, c’est juste trop tôt dans la journée pour cette annonce, je l’avais prévu pour plus tard. Je devrais pourtant le savoir, la vie ne se passe pas comme nous la prévoyons… Mais je n’ai pas envie, il vit déjà tellement avec Maureen et sa maladie. Sans le contrôler, je fronce les sourcils. J’ai besoin d’air. Mes poumons se rétracte et cette fois-ci ce n’est pas ma nouvelle condition mais bien sa question qui me met dans cet état. Je me lève sans m’annoncer et retourner un peu plus vers l’intérieur du bateau. Ma main dans les cheveux, je me retourne vers lui. Merde, tu ne me facilites pas la tâche Hazard-Perry… Et maintenant, qu’est-ce que je dois dire ? Un rire nerveux me prend, court mais jaune, j’ai l’air d’une abrutie, non ? Je ne sais même pas comment supporter son regard, mais je m’y oblige, tout en lui souriant, légèrement. Comment faire pour ne pas lui faire peur en même temps ? C’est surement trop tard pour y penser… « Je suis malade Gauthier. Et ce n’est pas un rhume. » Une granulomatose avec polyangéite pour être exacte, mais ce n’est qu’un détail… « Je ne voulais pas te l’annoncer comme ça mais… Désolée… » Il n’y a pas de bonne manière de le dire mais maintenant que c’est fait, je ne peux plus continuer, j’ai besoin de lui, mais je ne veux pas qu’il soit là pour moi. Je souhaite disparaitre tout simplement. Mais s’il te plait Gauthier réagit, n’importe comment mais réagit…
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Message(#)And the world seems to disappear + Gautelisa   EmptyLun 30 Avr 2018 - 18:17

And the world seems to disappear
Gautelisa

Il y a cet instant de flottement, cette incertitude dans l’air alors qu’il la regarde. Il a peut-être eu tort de poser la question, comme si Daniel était devenu un sujet tabou entre eux. Peut-être qu’il l’a toujours été à bien y réfléchir. Parce qu’il est le mari - ou qu’il l’était plutôt. Aujourd’hui Elisabeth est une femme libre et s'il savait y faire peut-être pourrait-elle être sienne. Mais il n’a jamais été bien doué pour ce type de relation - et déjà des années auparavant lors de leur rencontre il avait raté le coche. « Je ne saurais vraiment te dire, cela reste le résultat d’heures de discussions. Je pense tout de même qu’il a compris et qu’il préfère être là pour Gabriel. Il n’avait pas, plus, l’envie de se battre, juste de profiter des moments qu’il peut vivre avec lui. Pour le reste, je pense qu’il savait que nous ne pourrions plus rien construire ensemble. Sans avoir abandonné, je pense qu’il laisse aller. » C’est une amélioration notable, une qui va sans doute changer le court de la vie d’Elisabeth. Les angoisses liées aux réclamations de Daniel étaient un poids considérable sur ses épaules. La peur qu’on lui retire son fils aussi. Il est heureux d’entendre qu’ils sont en paix tous les deux aujourd’hui. Du moins autant que puissent l’être deux personnes divorcées. « J’espère de tout coeur que les choses iront pour le mieux… Pour lui et entre vous. » Parce qu’il se sent encore coupable de toutes ses épreuves, parce que s'il avait gardé sa braguette fermé tout ça ne serait peut-être jamais arrivé. Elisabeth et Daniel seraient peut-être encore un couple marié, ils auraient adopté un petit enfant qu’ils chériraient sans doute aussi fort que Gabriel… Ils seraient heureux… Peut-être. Il voudrait lui demander si elle l’était avec lui - avant qu’il n’apprenne la trahison, mais n’osera pas. Conscient que ça ne le regarde pas au fond. « Je ne peux pas t’en dire plus, je ne pourrais parler en son nom. » Il le sait, ce n’est pas à elle qu’il devrait poser la question. Mais il n’aura pas l’audace d’aller toquer à la porte de son ancien ami pour le questionner.

La question il aurait dû la poser à elle - et c’est ce qu’il fait avec un peu de retard. « Je ne sais pas. » C’est compréhensible évidement. Comme pour un anniversaire, on ne se sent jamais changé le jour même, et pourtant le temps passe et les rides arrivent sans qu’on s’y attende. Il l’écoute avec attention  une fois de plus, le ton d’Eli est calme presque serein… Presque… Parce que rapidement elle est coupée par une toux sèche et brusque qui semble incontrôlable. Qui dure, assez pour installer un malaise, assez pour qu’il détourne le regard pour ne pas la fixer avec persistance. Assez pour l’inquiéter et qu’il ose enfin poser une question aussi vague soit-elle… Une intrusion qui lui ressemble si peu. Une question qui trouble Elisabeth dès les premiers sons. Les mimiques qu’il reconnaît, l’angoisse qu’il lit dans son regard quand elle daigne le lever vers lui. Quelques secondes, à peine le temps d’y lire une émotion que déjà elle est debout à le fuir. Il ne reposera pas la question, il n’insistera pas. Reste quelques secondes à regard le large, incertain face à l’attitude qu’il doit tenir. Il se lève à son tour avec plus de calme, ses lèvres toujours scellées, il approche à peine. La distance entre eux est sécure au moins 2 mètres. Pourtant il ne la quitte pas du regard.  

Le rire qui sort des lèvres pulpeuse de la blonde n’a rien de rassurant, les prémisses d’une mauvaise nouvelle. La manifestation de sa nervosité, de cette peur qui semble d’un coup prendre toute la place sur le bateau. Tellement qu’il n’ose même plus réfléchir, le souffle un peu court il attend les mots. Ceux qu’ils redoutent mais dont il ne doute plus maintenant. « Je suis malade Gauthier. Et ce n’est pas un rhume. » Il soutient son regard, la mâchoire fermée qui se resserre un peu plus - la salive qu’il a de la peine à déglutir. Finalement un mince hochement de tête. Il encaisse… Sans être surpris le choc est bien là. Il se sait mauvais dans ce type de situation, voudrait faire mieux qu’avec sa soeur mais aucun de ses muscles ne semble vouloir bouger pour faire un geste vers elle. Pour être rassurant, ou impliqué. « Je ne voulais pas te l’annoncer comme ça mais… Désolée… » Un nouveau hochement de tête est toujours ce silence. Long, beaucoup trop long. Ce laps de temps où elle attend une réaction, une parole de sa part. « D’accord. » Comme si c’était ce qu’il savait dire de mieux. Son corps qui se met en marche pour retourner vers les cordes. Il passe proche d’elle - assez pour la toucher mais il n’en fait rien. « Ne t’excuse pas pour ça. » C’est les seuls mots qu’il murmura avant de retrouver les gestes méticuleux qui feront à nouveau gonfler sa voile. Le voilier qui repart sur l’eau, glisse pendant plusieurs minutes laissant Elisabeth à sa solitude. Il en a conscience - de ne pas faire ce qu’il faut. Il sait bien que si Charlie le voyait il le traiterait d’idiot ou de robot - mais ne sait pas faire mieux. Quand finalement le bateau s’immobilise à nouveau sa bouche n’a toujours pas émit un son. Il range sa voile sans un regard pour elle. Elisabeth qui a retrouve sa place sur l’avant de bateau. Il la rejoint comme si de rien n’était retrouve cette même place que quelques minutes auparavant. Avant que la bombe ne soit lancée. Quand il se croyait encore invincible.

Toujours pas de mots…

Et pourtant… Son bras bouge, sa main qu’il pose délicatement sur celle de la blonde. Sans la regarder pour autant - toujours ce mutisme. Avec autant de douceur il va entourer ses doigts au siens, serrant sa main avec force. Il sent l’émotion le tenir - trop forte et bien plus difficile à gérer qu’il ne l’avait prévu. Il ne lâche pas sa main - mais ne la regarde pas pour autant, le regard au loin, presque perdu. « Qu’est-ce que c’est ? » Il aurait dû le demander il a plusieurs minutes… Il y plus d’une heure probablement, quand elle a abordé le sujet. Mais ce n’est pas trop tard… Elle est toujours là. Si elle veut encore lui faire confiance. « J’ai conscient d’être mauvais, mais je peux faire mieux. » Il l’espère du moins - veut apprendre de ses erreurs, apprendre à être un peu plus humain, un peu plus tendre. Elle mérite le soutien qu’il ne saura sans doute pas lui apporter… Il voudrait pourtant. De tout son coeur.
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Message(#)And the world seems to disappear + Gautelisa   EmptyMar 1 Mai 2018 - 7:18

Parler de la situation entre Daniel et moi à Gauthier semble hors du temps. Je le connais depuis autant de temps que mon ex-mari et depuis autant de temps, j’appréhende de me retrouver seule avec lui par peur de déraper. Lui seul exerce sur moi un tel pouvoir. Une fois, nous nous sommes laissés allé et cette unique fois nous a gentiment amené à aujourd’hui. Dans d’autres conditions, l’annonce de mon divorce à Gauthier se serait passée bien différemment, mais dans l’état actuel des choses je ne peux rien laisser se produire. « J’espère de tout coeur que les choses iront pour le mieux… Pour lui et entre vous. » Je souris et me retiens de déposer ma main sur la sienne. « Elles vont déjà beaucoup mieux. Merci. » En plus d’être mon mari, Daniel a été pendant dix ans mon meilleur ami et si nous ne pouvons plus être amants, je sais que nos sentiments ne sont pas totalement effacés. Je tiens énormément à lui et il m’a prouvé récemment que cela est toujours réciproque. Pour Gabriel comme entre nous, nous pouvons agir comme des adultes et avec le temps – si nous l’avons – nous pourrons devenir de véritables amis, j’en suis persuadée. Jamais je ne voudrais agir comme des parents divorcés et détruits et je pense qu’il ne le souhaite pas non plus. Un jour, Gauthier s’en rendra compte et j’espère que leur relation s’améliorera à leur tour, au moins pour leur fils…

Lorsque son attention se porte sur moi, sur mes sentiments mais surtout sur un sujet que je ne souhaitais pas aborder si tôt dans la journée, je ne sais plus comment réagir. Débout face à lui, je dois avouer ma plus grande frayeur du moment. Je le connais Gauthier et lorsqu’il ne mime qu’un simple mouvement de tête, je sais parfaitement qu’il pense bien plus mais qu’il est incapable de le montrer, ou même de le comprendre. Il lui faut le temps et même si j’ai besoin d’une réaction de sa part, je le laisse encaisser la nouvelle, sans rien dire. Ma respiration se fait lourde alors que le silence entre nous s’intensifie. « D’accord. » Je déglutie difficilement, je préférais peut-être le silence. D’un coup son corps se met en marche, s’approche de moi mais s’occupe des cordes du bateau. « Ne t’excuse pas pour ça. » Un mouvement de recul de ma part et je le laisse passer. Un instant, je le regarde agir, toujours enterrer dans un mutisme que je ne me connais pas. Les minutes passent, le navire démarre à nouveau, l’air se faisant plus frais. Je ferme les yeux un instant et repars vers l’avant du quai, le cœur lourd. Je dois effectuer une pression sur ma poitrine, tentant de faire partir la douleur apparaissant. Alors que je l’entends tirer les cordes et gérer son navire, je sors mon carnet, traçant vainement des traits pour essayer de me sortir de cet état de transe. Je ne sais pas ce que j’attendais de sa part, je pense que je savais qu’il réagirait ainsi et ne peut lui demander d’avoir une autre réaction. Cela me tue, lentement, de le voir agir ainsi parce que je sais qu’il prend sur lui, qu’il ne veut pas m’en faire vivre davantage, je sais que cette réaction n’est pas du désintéressement mais bien de l’inquiétude de sa part et je ne sais pas comment la lui enlever alors que moi-même, elle me ronge…

Face à moi, les formes dessinées sur mon calepin ont pris la forme de Gauthier et ses derniers mouvements pour lever les voiles et faire en sorte que le bateau avance à nouveau. Alors que le vent diminue, je sens le bateau s’arrêter et Gauthier venir prêt de moi. Déposant mes affaires sur le côté, je fixe l’horizon. Toujours silencieuse, je reste muette non pas par orgueil mais par manque de mots, pour ne pas lui en donner davantage à porter… Son contact sur ma peau contracte l’ensemble de mon corps et alors qu’à nouveau je souhaite retirer ma main, je me retiens après un léger mouvement. Sa présence me rassure et me panique à la fois, je suis perdue sans lui mais je ne peux être avec lui… La pression qu’il exerce sur ma main lui évite tous les mots. Il a compris et ne l’accepte pas réellement. A sa place, je ne pourrais pas non plus… Doucement, le contact se rompt et mon visage se tourne finalement vers lui qui regarde l’horizon sans vraiment le voir. Je me mords légèrement la lèvre. Je m’en veux. A nouveau, je le fais souffrir bien plus qu’il ne le mérite… « Qu’est-ce que c’est ? » Bien que loin du sien, mon regard l’évite à nouveau, se plantant sur le sol du bateau. « J’ai conscient d’être mauvais, mais je peux faire mieux. » D’un coup, je me retourne vers lui, un léger sourire aux lèvres alors que ma tête effectue des légers hochements. « Il n’y a pas de mieux Gauthier. Et je ne pense pas qu’il y ait de bonne façon de faire. Je t’en demande déjà bien assez… » Une boule se forme dans ma gorge, bien plus difficile à faire partir. J’aimerais le rassurer mais je ne sais pas non plus comment m’y prendre… « C’est… J’ai ce qu’ils appellent une granulomatose avec polyangéite ou maladie de Wegener. C’est plutôt rare et arrive essentiellement aux personnes des pays du nord… » Irlande quand tu nous tiens… « C’est encore moins courant par ici, le médecin a donc mis un peu plus de temps à trouver que la normale. » Je ne lui ai pas non plus faciliter la tâche.. « Pour le moment, ça se manifeste essentiellement par la toux et des douleurs thoraciques. » Nous allons éviter les détails les moins glorieux et les plus inquiétants pour le moment… « Je suis sous traitement depuis dix jours, je dois attendre pour voir les résultats… » Pourquoi suis-je incapable de lui dire le plus gros risque de cette fichue maladie ? Peut-être parce qu’il doit s’en douter, peut-être parce que cela est encore trop dur d’y faire face…
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Message(#)And the world seems to disappear + Gautelisa   EmptyMar 1 Mai 2018 - 13:44

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Gautelisa

La boule dans sa gorge, cette même boule qui l’empêche de parler, de respirer. Cette boule qui semble migrer, pour atteindre son coeur, là où les émotions font trop mal. Il voudrait s’empêcher de ressentir - ne pas juste avoir l’air d’être insensible mais l’être vraiment. Parce que ressentir des émotions c’est dangereux, c’est accepter la souffrance, accepter d’avoir mal comme c’est le cas en ce moment. La douleur dans sa poitrine, l’inquiétude qu’il cache sous des traits bien trop durs. Sa main qui vient toucher celle de la blonde pour l’assurer de son soutien. Les mots qui ne suivent pas, les questions qui se bousculent dans sa tête mais qu’il ne pose pas. Quand enfin les lèvres se délient, il se crispe un peu plus. Il est maladroit - incertain - adieu le trader sûr de lui. C’est un homme empreint de doutes et de peurs qui se trouve en face de la blonde. Un Gauthier qui tente une fois de plus d’avoir la mainmise sur tout - ses émotions comme les choses qui l’entourent. Même quand tout semble se faire la malle. « Il n’y a pas de mieux Gauthier. Et je ne pense pas qu’il y ait de bonnes façons de faire. » Elle a tort, même s'il voudrait la croire. Il y a une bonne façon d’agir - et il tente de s’en approcher gentiment. En affrontant la situation. « Je t’en demande déjà bien assez… » Il fronce les sourcils cette fois, se retournant vers elle pour l’observer à son tour. « Tu ne m’as rien demandé. » Bien au contraire, Elisabeth était peut-être une des seules personnes à l’accepter tel qu’il est. Avec ses défauts et ses difficultés, sans tenter de la changer ou de l’attaquer sur ses points faibles. La maladie qui la gagne aujourd’hui n’est qu’une étape à passer, pour elle aussi, elle ne l’oblige à rien.

« C’est… J’ai ce qu’ils appellent une granulomatose avec polyangéite ou maladie de Wegener. C’est plutôt rare et arrive essentiellement aux personnes des pays du nord… » Elle lui parlerait chinois que ça lui ferait sans doute le même effet, mais il reste pourtant silencieux alors qu’elle continue. « C’est encore moins courant par ici, le médecin a donc mis un peu plus de temps à trouver que la normale. » Ca ne sonne pas comme quelque chose de positif, et le ton qu’elle utilise ne le rassure pas plus. « Pour le moment, ça se manifeste essentiellement par la toux et des douleurs thoraciques. » Il comprend la toux maintenant, les cernes qui entourent ses yeux, les propositions trop souvent refusées ces dernières semaines. « Pour le moment ? » Ce qui laisse présager que ce n’est qu’un début, que les choses vont être pire. « Je suis sous traitement depuis dix jours, je dois attendre pour voir les résultats… » Remontant ses jambes il pose ses bras sur ses dernières, le regard vers le bas en respirant un bon coup. « C’est gave à quel point ? » Il ne connait rien de cette maladie, mais tout dans l’attitude d’Elisabeth laisse deviner que c’est n’est pas quelque chose d’anodin. « Et les traitements sont efficaces ? » Est-ce qu’elle va guérir totalement ? Est-ce que ce n’est qu’une mauvaise passe pendant laquelle elle aura besoin de soutien ? De ça il en est capable. « Je peux faire quelque chose ? » Parce que se sentir inutile c’est bien le pire qui peut lui arriver - mais face à cette situation il se retrouve les bras ballants. Il ne connait rien de cette maladie de Wegener, ni ses symptômes, ni ses traitements, ni le type de médecin qui peut bien s’en occuper.
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Message(#)And the world seems to disappear + Gautelisa   EmptyMar 1 Mai 2018 - 16:10

« Tu ne m’as rien demandé. » Son regard sur moi me rend coupable. J’ai du mal à le tenir et sa voix ne m’aide en rien. Il est là, attentif, inquiet et toujours à s’en vouloir pour tout. J’ai envie de me blottir contre lui, lui dire que tout ira bien mais ce serait lui mentir et nous faire du mal. Pour cela, je reste immobile et sans réponse. Je lui ai tout demandé. Je me suis ré-introduite dans sa vie il y a un peu plus d’un an, sans lui demander son avis. Lui est appris sa paternité et presque forcé à bout de souffle à lui faire accepter ce rôle qu’il respecte aujourd’hui à la perfection. J’ai doucement choisi de reprendre une place dans sa vie, de m’y immiscer tout en réveillant des sentiments longtemps enfouis. Toujours en m’imposant à lui. Aujourd’hui, je dois lui demander de les remettre au second plan, de ne pas les laisser apparaitre et d’assumer d’autant plus sa responsabilité de père en mettant de côté sa dispute que j’ai induite avec son ancien meilleur ami. Oui, je lui en demande déjà beaucoup. Pourtant je ne le contredis pas, ce serait un geste vain et un effort inutile car ni lui, ni moi, ne changera d’avis.

Difficilement, ma langue se délit et les explications, un peu hasardeuses, suivent. Plus j’avance, plus son regard se fait inquiet et son visage impassible. Plus j’avance, plus j’ai l’impression de me consumer face à lui, mes forces diminuant à vue d’œil alors que je dois faire face à cette réalité que je lui mets sous les yeux. Il y a des points que j’omets, les hémoptysies, les complications sur ma respiration et tous les effets secondaires que je n’explique toujours pas… Pourtant, je tente de lui mentir le moins possible, juste de quoi ne pas lui donner encore plus de quoi s’en vouloir pour quelque chose auquel il ne peut rien faire. « Pour le moment ? » J’ai du mal à garder le contact avec ses iris couleur de l’océan qui me plaque sur place. J’acquiesce, est-ce que je dois répondre honnêtement à sa question ? Probablement… « Les signes peuvent s’aggraver, comme la maladie… » Et vu ma chance dernièrement, il est fort probable que je sois dans le mauvais côté des statistiques… Ma voix se fait assez faible mais je tente de rester forte pour ne pas en rajouter, pour ne pas lui montrer que je suis moi-même pas encore totalement prête à accepter le diagnostic pas devant lui, ni devant mon fils ou bien ma mère, je ne suis simplement pas encore prête à l’accepter et dix jours ne m’ont pas suffi pour relativiser sur l’avenir… Il bouge et je n’ose pas lui faire réellement face. Instinctivement je l’imite alors que son souffle se fait entendre. Il encaisse. Je le remercie intérieurement de ne pas faire de scène ou de trop en faire. Je le remercie d’être lui et de réagir à sa manière et non avec une empathie surdimensionnée que je ne saurais accueillir. « C’est grave à quel point ? » Mes doigts se serrent entre eux jusqu’à ce que mes phalanges me fassent réellement mal. J’ai dû mal à respirer. C’est ironique, actuellement, personne ne pourrait réellement dire que je suis atteinte à ce point-là, personne ne me connaissant pas d’avant, ne serait-ce il y a que quelques semaines ou je pouvais encore sans soucis courir un marathon alors qu’aujourd’hui, la simple idée d’aller jusqu’au bout de mon chemin, me donne l’impression d’avoir fumée toute ma vie… « Tout dépend ma réaction aux traitements mais… C’est grave. » Je marque une pause pour moi-même accepter mes futures paroles. « Même si cela me soigne pour l’année, j’ai 50% de chance de m’en sortir dans les dix prochaines années. » Et 80% de finir l’année. Sachant que vu le retard du diagnostic, mes chances se sont fortement diminuées… « Et les traitements sont efficaces ? » Etrangement, mes lèvres s’étirent dans un sourire. Pas pour sa question, loin de là, mais bien pour son débit. Rare les fois où Gauthier m’a posé tant de question. J’ai l’impression de subir un interrogatoire, auquel je m’attendais mais restant tout de même étrange venant de sa part… J’hausse finalement les épaules. « Je ne sais pas. Pour l’instant, je ne sens pas la différence. » Au contraire même. « Mais j’ai un point avec mon médecin à la fin du mois pour voir les avancements. » J’en saurais plus qu’à ce moment, avant je ne peux rien réellement dire, et encore moins les aveux peut réjouissants de ce dernier sur l’évolution future de ma condition.

« Je peux faire quelque chose ? » Je souris, tendrement, comme pour essayer de le rassurer, comme pour lui dire que tout ira bien, comme lorsque l’on ment délibérément à son enfant en pensant que cela est pour son bien, alors que nous nous trompons 95% du temps… Je me tourne vers lui, faisant pour la première fois depuis que nous sommes réunis, un geste vers lui. Ma main se pose sur son bras, mon pouce effectuant affectueusement des vas et viens sur sa peau brulante. Mon cœur fait un saut périlleux et ma respiration se coupe l’espace d’une seconde. Bien que je le combatte, je ne peux retenir ce regard porté sur lui, celui qu’il provoque sans cesse chez moi et que je n’ai jamais eu pour une autre personne… « Tu en fais déjà beaucoup Gauthier. » Je sais qu’il ne sera pas d’accord avec ce point, parce qu’il n’a rien fait de concret sur ce sujet. Il n’a pas fait fonctionner ses contacts, pas remué ciel et terre pour me soigner de l’incurable mais il est là, et sans s’en rendre compte il fait l’essentiel par sa simple présence. Je me mords la lèvre, dans ce tic que je ne pourrais enlever. « Mais je… La seule chose que tu puisses faire c’est me promettre que tu seras là pour Gabriel quoi qu’il se passe. » J’attrape sa main, comme si ce geste pouvait sceller un accord imprononçable. Je tente d’aplanir ma voix au mieux pour éviter tout tremblement et trémolo dans celle-ci, je dois rester forte pour affronter tout ça. « Si le diagnostic n’est pas favorable, tu seras probablement son pilier, Daniel n’en sera pas capable, pas seul, pas face à ça… » Il en est conscient lui-même, malgré tout ce qu’il s’est passé, Daniel ne supportera pas un mauvais évènement, il a été clair, rien ne doit m’arriver, mais je ne suis plus maitre de cela… « Tu es le seul sur qui je peux compter. » Le seul qui saura mettre de côté ses émotions pour prendre soin de lui. Ni ma mère, ni Maïa, ni Daniel ne pourront le faire, je sais parfaitement que ce que je lui demande est difficile mais je dois le faire maintenant avant de ne plus en avoir la force… Je souris, timidement cette fois-ci, désolée. « Tu vois que je t’en demande déjà bien assez finalement… » Sans m’en rendre compte, la pression que j’exerce sur son bras s’intensifie légèrement avant que je le retire pour entremêler mes doigts et ne plus avoir qu’un contact visuel avec lui… J’ai tellement besoin de lui, sans pouvoir lui en demander tant, même Gauthier reste humain et alors que je me permet d’abuser en ce qui concerne Gabriel, je refuse de le faire à mon sujet.
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Message(#)And the world seems to disappear + Gautelisa   EmptyMer 2 Mai 2018 - 9:32

And the world seems to disappear
Gautelisa

C’est un peu a regret que sa main avait quitté celle d’Elisabeth. Mais retrouver la solitude qui était bien plus habituelle pour lui avait semblé un instant le recentrer. Lui permettre aussi de poser les questions qui n’avaient pas encore franchi ses lèvres. « Les signes peuvent s’aggraver, comme la maladie… » Elle reste floue une fois de plus - et c’est peut-être mieux ainsi. Il n’a probablement pas besoin de savoir tous les détails. Pas encore - par alors qu’il y a des chances pour que ces signes ne fassent jamais partie du tableau. Il préfère y croire pour le moment - minimiser un peu le problème plutôt que de se laisser envahir par l’angoisse. Mais à tout de même besoin d’en savoir un peu plus. « Tout dépend ma réaction aux traitements mais… C’est grave. » Les mots semblent durs mais ne veulent rien dire. Et elle enchaine. « Même si cela me soigne pour l’année, j’ai 50% de chance de m’en sortir dans les dix prochaines années. » Des chiffres, de quoi lui parler. Une façon aussi de comprendre la gravité, le pourcentage qu’elle n’évoque pas, celui où elle ne s’en sort pas.  Et pour ça les prochains mois seront sans doute décisifs. Le traitement qu’elle prend à l’heure actuelle. « Je ne sais pas. Pour l’instant, je ne sens pas la différence. Mais j’ai un point avec mon médecin à la fin du mois pour voir les avancements. » Il hoche la tête une fois de plus. Les questions les plus importantes posés il se détend un peu - ce qui n’enlève pas la pression dans sa poitrine pour autant.

Il voudrait pouvoir faire quelque chose - tout de suite. Dégainer son téléphone et trouver la solution miracle, mais là au milieu de l’océan il ne sert à rien. Comme si elle sentait son désarroi la main d’Elisabeth se pose sur son bras pour faire taire ses cogitations. « Tu en fais déjà beaucoup Gauthier. » Il lève les yeux au ciel en soupirant légèrement. « Arrête… » Il n’a rien fait et tous les deux le savent bien - Elisabeth a cette tendance à idéaliser ses actions - comme si le moindre geste un peu humain devait être relevé comme un miracle venant de lui. « Mais je… La seule chose que tu puisses faire c’est me promettre que tu seras là pour Gabriel quoi qu’il se passe. » Il fronce les sourcils cette fois, pas sur de comprendre où elle veut en venir mais prononçant un très net. « Evidement. » Comme si elle n’avait pas à en douter. La main de la blonde qui attrape la sienne avec plus d’intensité cette fois - ce geste qu’il regard, un peu craintif de ce qui va suivre. « Si le diagnostic n’est pas favorable, tu seras probablement son pilier, Daniel n’en sera pas capable, pas seul, pas face à ça… » Il ouvre la bouche, comme pour la contredire, sa lèvre inférieur qui tremble légèrement alors que l’éventualité de ce futur s’offre à lui. Il s’apprête à la contredire mais rien ne sort. « Tu es le seul sur qui je peux compter. » Les mots le frappe - il est prêt à prendre cette responsabilité - il le fera si le pire devait arriver - mais se projeter dans un futur où elle n’est plus là pour son fils lui semble tellement improbable.

« Tu vois que je t’en demande déjà bien assez finalement… » Elle brise le contact, son corps qui semble se refroidir d’un coup. Les mains d’Élisabeth se rejoignent alors que lui n’a pas bougé. Il tourne son regard vers elle, croise ses yeux bleus où se mélangent les émotions. « Je serai toujours là pour Gabriel Elisabeth, il fait partie de ma vie aujourd’hui. » Et il n’est pas prêt de le lâcher. Il se battra pour cette petite tête blonde - peu importe les difficultés. « Je te fais cette promesse aujourd’hui, mais nous n’en reparlerons plus. » Son ton est dur, un peu autoritaire comme s'il parlait à un enfant. « Il n’est pas question que tu vois ta vie en « si »… » Si elle n’était plus là - si elle venait à les quitter. « Cinquante pourcents de chance ce n’est pas si mauvais. Tu es l’une des personnes les plus fortes que je connaisse, une vraie battante. » Une femme qui est capable de tout plaquer dans sa vie pour changer de pays et emporter avec elle son fils qu’elle connaît à peine. Une femme qui sait voir la vérité en face - qui peut gravir des montagnes avec une facilité déconcertante. Elle n’est pas de ces personnes qui s’apitoient sur leur sort où sa voient un pied dans la tombe. Cette maladie ne la changera pas - il ne la laissera pas faire. « Continue à te battre, comme tu sais si bien le faire… Et tout ira bien. » Il voudrait lui en faire la promesse, mais n’en a pas le droit. Sa main comme guidé par un automatisme qui vient se poser sur la joue de la blonde pour l’inciter à continuer à le regarder dans les yeux. « On va le faire ensemble. » Il sourit faiblement, pour appuyer ses mots. « Toi, moi, Gabriel, Daniel, Maia… Tu n’es pas seule. » Il la connaît - assez pour savoir qu’elle va se renfermer sur elle-même - comme il l’aurait sans doute fait à sa place. Mais il ne compte pas laisser ça arriver. Et si certains soutiens sont probablement une évidence pour elle - il veut s’assurer qu’elle connaît le sien. « Si tu te sens fatiguée et que tu as besoin d’un endroit où poser Gabriel, où te détendre, la porte de chez moi vous sera toujours ouverte. » Ils sont sa famille aujourd’hui, aussi étranges que soient leurs liens. « Je vais demander  à ma femme de ménage de passer chez vous - j’ai aussi un traiteur très efficace. Il faut que tu te concentres sur les choses importantes. Et que tu me laisses t’aider. Vous aidez. » Il inclut volontairement Gabriel dans le lot - espérant que ce point permette à Élisabeth d’accepter avec un peu plus d’aisance.
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Message(#)And the world seems to disappear + Gautelisa   EmptyMer 2 Mai 2018 - 13:11

Lui dire toute la vérité est bien plus dure que je souhaitais l’imaginer. Mon cœur bat bien trop vite et son regard, presque inquiet me supplie d’en dire plus tout en m’avouant secrètement de l’épargner. Je ne peux choisir et tente de lui faire comprendre, sans dire la véritable fin qui m’attend avec cette maladie. Il le sait, il l’a deviné, il ne veut juste, pour l’instant, pas le croire. Alors qu’il s’en veut encore, je tente de le rassurer, de lui faire comprendre qu’il fait déjà tout ce que je peux lui demander : il est là et même lorsque je le repousse, il reste présent, à me harceler pour que j’accepte une sortie, même si cette dernière ne comporte pas de marche, course, escalade ou autre activité dont nous avons l’habitude. « Arrête…» Je souris légèrement et reprend mon sérieux avant de continuer en lui demandant ce que jamais je n’aurais voulu lui demander, en le priant d’être plus fort que jamais je ne pourrais l’être en position inversée. Seulement, alors que le médecin prononcé mon diagnostic, je n’ai pu penser qu’à une chose, une personne, celle qui compte le plus à mes yeux : mon fils. Ma mère ne s’en remettrait probablement jamais, Maïa se reconstruira lentement, Daniel devra vivre avec, Gauthier aura une réaction comme lui seul peut l’avoir et sans que je puisse l’imaginer, ignorant le fond de ses pensées, mais Gabriel n’a que cinq ans, il devra grandir sans mère si le pire vient à se produire et alors que j’ai passé les deux dernières années à faire en sorte qu’il ne grandisse pas sans père, c’est moi qui serait l’adulte à l’abandonner, sans en avoir le choix. Je ferais tout pour que cela n’arrive pas, mais je dois faire en sorte que jamais, il ne se retrouve seul. « Evidement. » Mon cœur s’apaise légèrement alors que sourcils froncés, il m’annonce une évidence. Je sais que jamais il ne penserait à l’abandonner mais je devais en être certaine. Gauthier n’est pas du genre à reculer après une promesse, et maintenant qu’il a pris son rôle de père aux yeux de tous et surtout de son fils, il ne renoncera pas à lui, je le sais, je l’ai toujours su, mais, j’ai besoin d’être rassuré sur ce point… Alors que je continue, je vois parfaitement son regard changer, la faiblesse encore inconnue traverser son visage et ma culpabilité croitre à la même vitesse. Jamais je ne devrais avoir à lui demander ça. Dans le monde que j’avais imaginé, cette discussion n’était même pas une option et nos têtes ne ressembleraient pas à cela en ce moment…

Rapidement, je me retrouve dans ma bulle, mon univers pour ne plus lui transmettre la peur qui doit circuler dans mes veines à cet instant. J’ai envie de disparaitre mais tente l’humour qui n’est pas parfaitement placé pour cet instant… Je me recroqueville sur moi-même mais garde le regard tourné vers cet homme qui est mon ancre sans le savoir. Je ressens une angoisse inexpliquée que je ne sais reconnaitre, ne sachant si elle provient de moi ou bien de lui mais alors que je continue moi-même cette conversation et que je sais qu’elle doit avoir lieu, je ne souhaite pas l’avoir, j’ai une chance sur deux, non ? Je n’ai jamais perdu, pourquoi le ferais-je maintenant ? Ne suis-je pas la parfaite candidate pour survivre à ce genre de maladie ? Avoir un corps parfaitement sain ne doit pas servir à ça normalement ? « Je serai toujours là pour Gabriel Elisabeth, il fait partie de ma vie aujourd’hui. » Un sourire passe sur mes lèvres et mon cœur virevolte comme si j’attendais cette phrase depuis des années et qu’enfin elle atteignait mes oreilles. Si seulement, les conditions étaient différentes…   « Je te fais cette promesse aujourd’hui, mais nous n’en reparlerons plus. » J’ai mal, peine à respirer mais soutient son regard en acquiesçant. J’ai l’impression d’être à l’école et qu’à nouveau, le maitre me demande de me taire sur des sujets qu’il n’aime pas aborder. Ce qui m’arrivait étrangement souvent… « Il n’est pas question que tu vois ta vie en « si »… » Pourtant, je n’en ai jamais autant mis. Moi qui ai toujours vu la vie du bon côté, d’un optimisme sans faille et qui ne me décevait jamais, je dois l’avouer, les « et si » sont du jour au lendemain devenus mon quotidien. « Cinquante pourcents de chance ce n’est pas si mauvais. Tu es l’une des personnes les plus fortes que je connaisse, une vraie battante. » Je souris, plus franchement cette fois-ci. Gauthier en optimiste et en coach personnel ? Jamais je n’aurais pensé à cela. Je me mords la lèvre pour ne pas en faire de trop, la situation ne prêtant pas réellement à la blague. J’hoche la tête. Il a raison et je n’ai pas dit que je baissais les bras, je prévois simplement les différents scénarios car je ne suis plus le seul pion sur l’échiquier de ma vie. « Continue à te battre, comme tu sais si bien le faire… Et tout ira bien. » Mes lèvres s’étirent un peu plus, mon regard s’ancrant dans le sien. J’aimerais tellement qu’il dise vrai. J’essaie d’y croire, mais ne cesse d’avoir cette petite voix qui me répète qu’il y a aussi une chance sur deux que tout n’aille pas bien… Prête à tourner le regard vers l’océan, la main de Gauthier me rattrape et fixe ensemble nos regards, mon être tout entier s’embrasant à ce contact. « On va le faire ensemble. » Je dois cligner des yeux pour être sûre de ses paroles. Ensemble ? Faire quoi ? Son léger sourire m’atteint plus que la normale et j’ai l’impression que je peux écouter, que je peux y croire et qu’ensemble, nous pourrons réellement battre ce truc qui me fait reculer et me pourri la vie depuis quelques semaines, mois… « Toi, moi, Gabriel, Daniel, Maia… Tu n’es pas seule. » De nouveau, un sourire illumine mon visage, j’ai mal mais je m’en moque, il a raison. Je ne suis pas seule, je le sais mais je n’ai jamais demandé aux autres de m’aider, enfin sauf Maïa mais c’est différent… J’ai toujours gravi les monts seules et demander de l’aide, voir les autres souffrir pour moi n’a jamais été dans ma nature. Cela ne me coute rien d’essayer et au pire, je ferais un pas en arrière, après tout, que pourront-ils faire si je leur refuse l’entrée ? Je refuse qu’ils souffrent davantage, qu’ils subissent ce qu’ils n’ont jamais demandé, tout ça par ma faute. Il est hors de question qu’ils s’impliquent de trop. Pas pour moi. « Je ne compte pas abandonner, mais tu as raison, merci. » Je ne sais pas réellement si ce discours nécessité une réponse mais je ne pouvais rien dire, mon mutisme me détruisant doucement comme si cela me rendait impuissante face à ma propre vie.

« Si tu te sens fatiguée et que tu as besoin d’un endroit où poser Gabriel, où te détendre, la porte de chez moi vous sera toujours ouverte. » J’ai du mal à avaler alors que je dois refaire plusieurs fois sa phrase dans ma tête pour la comprendre. En plus d’être compréhensif, il souhaite me prouver qu’il est réellement là. Sans pouvoir lâcher son regard, mes yeux s’illuminent doucement avant de s’éteindre un instant. Bien entendu que Gabriel passera du temps avec lui, pour ce qui est de mon cas, c’est un tout autre sujet… « Merci. » Plus par politesse que par une véritable acceptation. Je ne saurais venir chez lui simplement pour me reposer ou tenter de me détendre. Tout comme jamais mon fils ira pour me laisser du répit. Je veux passer un maximum de temps avec lui mais s’il va chez son père ce n’est pas pour moi mais bien pour qu’ils aient le temps de tisser ce lien si important entre eux. « Je vais demander  à ma femme de ménage de passer chez vous - j’ai aussi un traiteur très efficace. Il faut que tu te concentres sur les choses importantes. Et que tu me laisses t’aider. Vous aidez. » J’ouvre de grands yeux et sans savoir d’où il vient, un léger rire nerveux s’échappe. Ma main se porte à mes lèvres alors que je fais non de la tête. « C’est adorable Gauthier mais sachant que je vais devoir freiner sur le travail, si on m’enlève l’entretien de la maison et la cuisine, je vais vraiment tourner en rond et… je saurais m’en occuper si besoin. Je te promets que si je n’y arrive plus, je viendrais te demander. » Mensonge, je n’en serais jamais capable. « Mais ta présence et ton petit message de motivation vaut bien plus que cela. M’aide bien plus, je te le promets. » Pas que je rende merveilleux le moindre faits et gestes venant de lui mais bien que je le pense réellement. « Mais pour le moment, je te promets que bien que je ne puisse pas abuser sur le sport, faire des pâtes reste entièrement dans mes possibilités. Et.. Je dois me battre, non ? » Même avec le salaire de Daniel et le mien qui nous permettaient de vivre plus que confortable, j’ai toujours refusé d’avoir une aide, autre que pour le ménage sous mon toit. La cuisine est un élément de détente pour moi et d’autant plus depuis que j’habite seule avec mon fils et que je peux le voir dévorer les repas que je tente de faire toujours plus imaginatif pour ces papilles. Et sachant que mon médecin refuse que je fasse plus de 40heures par semaine, il va bien falloir que j’occupe tout ce temps que je ne peux même plus remplir par de la course. Il n’imagine même pas à quel point j’ai grisé plus que dessins qu’à mon habitude ou le nombre de cordes usées à mon violon… Et cela ne fait que dix jours…

« En attendant... » Quoi, je préfère ne pas le dire mais me lève en lui faisant signe de faire de même. Je m’avance sur le pont, m’accroche à une corde pour me pencher vers l’eau étrangement calme et translucide. Je me retourne vers lui, le sourire aux lèvres. Je dois tenter d’oublier et pour cela, je dois lui faire oublier notre discussion, sinon, il est préférable de rentrer immédiatement. La tâche est bien plus complexe qu’elle aurait pu l’être puisque je refuse de l’approcher de trop près mais, mon ingéniosité ne s’est jamais arrêtée là. « Il y a des requins par ici ? » Question bête et innocente qui m’inquiète légèrement. Ce serait une fin encore plus atroce et Gabriel ne perdrait pas un mais bien deux parents… - Oh pensées positives quand vous me tenez…- Sans vraiment attendre sa réponse, j’ôte mes affaires pour me retrouver en maillot de bain et le défis du regard. Quitte à être proche de l’eau, au moins être dedans, j’aurais l’impression d’avoir un peu plus de pouvoir sur cet élément. Lui lançant un dernier sourire, je plonge dans les bleus profonds de l’océan qui m’enveloppe rapidement, me faisant me sentir un peu plus vivante alors que je ressors la tête de l’eau en riant.
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Message(#)And the world seems to disappear + Gautelisa   EmptyMer 2 Mai 2018 - 17:42

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C’est maintenant l’inquiétude qui prend le dessus, qui le pousse à proposer plusieurs solutions pour la décharger. Et encore il se retient de lui proposer son aide pour les finances, le jardin et les courses… La connaissant assez pour anticiper son refus. « C’est adorable Gauthier mais sachant que je vais devoir freiner sur le travail, si on m’enlève l’entretien de la maison et la cuisine, je vais vraiment tourner en rond et… je saurais m’en occuper si besoin. Je te promets que si je n’y arrive plus, je viendrais te demander. » Il lève un sourcil, un regard amusé vers la blonde. « Tu penses vraiment que je vais gober tes mensonges ? » Comme s'il ne la connaissait pas - comme s'il n’avait aucune idée de son mode de fonctionnement. Comme s'ils n’avaient jamais été amis, et sans doute plus encore. « Mais ta présence et ton petit message de motivation vaut bien plus que cela. M’aide bien plus, je te le promets. » Ce qui est loin d’être assez pour Gauthier. Et elle s’en doute probablement. « Mais pour le moment, je te promets que bien que je ne puisse pas abuser sur le sport, faire des pâtes reste entièrement dans mes possibilités. Et... Je dois me battre, non . » Il hoche la tête, pourtant pas convaincu par son laïus et elle doit bien le voir. « Nous en reparlerons. » Il a bien compris que la conversation venait encore trop tôt, peut-être s’en sent elle encore la force, mais à la voir décliner petit à petit, il n’est pas sûr que cela dur encore longtemps. La conversation reste donc ouverte pour lui - et son invitation aussi. Même s'il ne doute pas de devoir la reformuler plusieurs fois avant qu’elle ne soit prise au sérieux.

« En attendant... » Ou une autre façon de dire que le sujet est clos. Elle se lève et Gauthier la suit du regard, attendant avec patience la suite de sa phrase. La blonde qui se penche un peu au dessus de l’eau. « Il y a des requins par ici ? » Le regard ingénu qu’il reconnait, mais n’a pas vu depuis trop longtemps. Peut-être même avant qu’il ne quitte l’Angleterre, quand Elisabeth n’était pas une mère de famille avec des responsabilités, mais une jeune femme simple et pleine d’ingéniosité. Et alors qu’il se lève à son tour la jeune femme est déjà dans l’eau. « J’imagine qu’on va le découvrir. » Toutefois ils sont en Australie, si il y a bien un endroit ou il y a un risque de se faire dévorer par un requin c’est bien ici. Il lui faut pourtant peu de temps pour se débarrasser de son propre T-shirt et plonger pour la rejoindre. « Au moins maintenant je suis sûr de te battre à la course. » Il tente d’ironiser un peu, conscient que ses frères sont bien plus doués que lui à se jeu.   Avec quelques coups de brasses ils sont loin du bateau, assez pour que lorsqu’Elisabeth commence à tousser une angoisse passagère le prenne à nouveau. Là au milieu de l’eau, la toux ne semble pas vouloir s’arrêter, l’empêchant de se tenir promptement au dessus de l’eau. Ses jambes s’agitant un peu plus pour tenir à flot. Il faut peu de temps pour que Gauthier prenne les choses en main - s’approchant d’elle pour la saisir et l’aider à se rapprocher du bateau. Avec peine ils y arrivent, Gauthier attrapant une des cordes du bateau pour se stabiliser le temps que la quinte ne passe. Serrant Elisabeth contre lui, leurs deux corps dangereusement proches, collé l’un à l’autre.

Quand enfin la toux cesse, Elisabeth semble épuisée, assez pour que même remonter sur le bateau semble une épreuve. Il ne dit rien - pas une réflexion. Se rend compte que les choses ne seront plus aussi simples à partir d’aujourd’hui. Qu’il faut qu’il soit attentif, pour deux sans doute, parce qu’elle semble ne pas vouloir accepter sa nouvelle condition. « Viens… » Il lui tend la main, comme pour lui donner la force de tenir sur ses jambes, le temps de retrouver l’intérieur du bateau. Un endroit peu souvent utilisé mais plus que spacieux. L’accompagnant jusqu’au canapé il la laisse prendre place, ouvrant le frigo pour en sortir une bouteille d’eau il la tend à Élisabeth. Trouvant place en face d’elle, debout la surplombant d’un regard un peu protecteur. Se rendant compte de son attitude il finit pourtant par prendre place à côté d’elle. « Ça va mieux ? » Elle semble reprendre un peu des couleurs. « Je crois qu’on va abandonner la nage pour aujourd’hui. » C’est même une certitude. « On devrait peut-être rentrer. » Il est un peu plus inquiet maintenant. Perdu au milieu de nul part - d’une étendue d’eau - il se rend bien compte qu’il ne pourra rien faire s'il lui arrive quelque chose. Qu’il ne sait même pas ce qui pourrait arriver - ce qu’il devrait faire. Il n’a pas la maitrise de la situation, et c’est plus que désagréable pour lui. Plus encore quand il est question de la santé d’une personne à qui il tient.
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Message(#)And the world seems to disappear + Gautelisa   EmptyJeu 3 Mai 2018 - 13:50

Il s’inquiète et je ne serais pas le sujet de cette ride sur son front, je trouverais sa réaction totalement normale et légitime. Seulement, je n’ai pas l’habitude d’avoir autant d’attention, je n’ai jamais souhaité que l’on m’aide, à toujours vouloir prouver que j’en étais capable seule. Alors sa réplique face à ma promesse est entièrement raisonné et de par elle, je m’aperçois qu’il me connait bien mieux que je ne souhaite le croire. « Tu penses vraiment que je vais gober tes mensonges ? » Je me montre du doigt, presque en ironisant sur le sujet, la bouche ouverte et jouant l’innocente. Comme je pourrais bien lui mentir dans ce genre de condition ? Peut-être n’est-ce pas un mensonge à l’heure actuelle mais jamais je ne trouverais cette limite qui me fera lui demander de l’aide. Son regard me permet d’agir ainsi même si la situation ne si prête pas totalement. J’aime qu’il garde un semblant de légèreté, cette sensation qu’il y a toujours eu entre nous alors qu’habituellement nous restons deux âmes discrètes et presque pesantes pour le commun des mortels, ensemble nous arrivons presque à devenir normaux, avec nos propres termes. « Nous en reparlerons. » Il clôt le sujet tout en le laissant ouvert alors que secrètement j’espère que jamais nous n’ayons à reprendre cette conversation. Je refuse sa charité, même s’il ne l’appel pas ainsi et je refuse tout simplement d’en avoir besoin un jour. Même si probablement, vu la diminution importante de mes capacités, ce jour arrive plus tôt que prévu…

Le sujet passé, je préfère tourner la page et profiter de cet instant que nous pouvons partager. Me lançant rapidement à l’eau, je pris de tout mon être pour ne pas me faire dévorer à l’atterrissage dans l’étendue d’eau mais me laisse simplement surprendre par sa fraicheur rassurante sur ma peau. « J’imagine qu’on va le découvrir.» Je l’entends à peine, comme si déjà j’avais traversé une partie du chemin alors que je me tiens juste aux côtés de la coque de son bateau. « Au moins maintenant je suis sûr de te battre à la course. » Surprise par ses dires, je m’attendais à tout sauf à ça de sa part, mais l’idée est bien placée, je dois l’avouer. J’explose de rire en tentant de faire une mine éhontée avant de m’élancer en nageant presque calmement. Le navire est maintenant trop loin et je n’ai pas bien évaluer la force que j’ai actuellement. Habituée à pouvoir faire des cabris n’importe où et avec une condition plus élevée que la normale, je ne me suis jamais inquiéter de mes actions. Pourtant, alors que ma respiration se coupe, je commence à sérieusement m’inquiéter. La toux me prend, une quinte sans pareille ou presque que je ne peux empêcher. L’air à l’intérieur de moi me brûle, mes poumons m’irrite comme jamais alors que la douleur fait doucement monter les larmes à mes yeux, mon corps privé de tout air propre. Ne pouvant faire usage de mes mains, je bats des pieds sans grands résultats, mon corps s’enfonçant doucement dans l’eau, me faisant boire la tasse et empirant ma situation. Je n’aurais jamais dû faire la maligne. Je n’en suis plus capable, je devrais le savoir. Maintenant, il va s’inquiéter et agir en paternel, si déjà j’arrive à me sortir de cette situation… J’ai cette sensation que mon corps entier m’abandonne, mes forces monopolisées sur l’arrêt d’une toux sans fin. Ma plus grande hantise et que cela recommence, qu’à nouveau, ce ne soit pas que de l’air mais bien du sang qui s’échappe de moi, annonçant parfaitement les dérives de cette maladie dévorante. Sans l’avoir vu venir, je sens les bras puissants de Gauthier me tenir alors que je ne peux rien faire. Je me laisse, sans me débattre, trainer jusqu’au bateau. Je ne sais pas exactement ce qu’il se passe, le temps dure des heures à mes yeux alors que mes poumons s’épuisent, ma gorge s’enflamme et mon cerveau manque cruellement d’air. D’un coup, la peau de Gauthier épouse la mienne, son bras me plaquant presque contre lui et calmant doucement ma toux qui lentement se transforme en de léger hoquet. Ma respiration s’apaise mais se fait lourde et alors que mes poumons reprennent doucement l’air qui leur ai dû, mes bras s’agrippent involontairement à la taille de Gauthier sans qui je serais déjà six pieds sous l’eau. Difficilement, nous nous hissons sur le bateau. « Viens… » J’ai l’impression de ne pas être maitre de mon corps, de vivre cette scène dans un univers parallèle. Comme des automatismes, j’attrape cette main qu’il me tend et le suit dans l’intérieur de son navire que j’ai l’impression de découvrir pour la première fois. Pourtant, ma curiosité habituelle ne prend pas le dessus et découvrir les méandres de cet endroit prend place à la dernière position de mes priorités. J’accepte sans broncher la bouteille qu’il me tend, et boit rapidement une gorgée qui me fait un bien fou. L’eau salée et la toux m’ont complètement asséchées retrouver cette douceur ne me fait pas de mal. Pourtant, mon regard le fui, sans pouvoir croiser une parcelle de son être. Ne me facilitant pas la tâche, il se plante face à moi, et mes iris s’ancre sur le côté. J’ai honte de moi. Comme une enfant qui n’a pas su suivre les règles d’un jeu, je me retrouve piégée, prise au dépourvu et coincée dans une situation qui me terrifie, Gauthier en spectateur. J’aimerais me réveiller de ce mauvais rêve mais j’ai déjà eu beau me pincer, rien n’y fait, je pense être dans la réalité, une qui ne me convient plus du tout… Il se déplace, mais je ne bouge pas, tremblante et épuisée. « Ça va mieux ? » Fière comme toujours, je ne peux qu’hocher la tête. Ça va mieux qu’il y a quelques instants, mais honnêtement, ça ne va pas du tout. Je me retiens de faire un quelconque mouvement mais j’ai cette impression terrible que l’on me poignarde les poumons et que mon cœur s’enflamme en même temps. « Ça va mieux. Merci. » Ma voix est faible mais tout de même plus calme que je ne pensais pouvoir faire. Je me mords la lèvre, incapable de tourner le regard pour lui faire face. Il s’inquiète encore plus et je m’en veux. Je m’en veux de lui avoir prouver que cette maladie est une véritable inquiétude et pas quelque chose qui se soigne par de simples médicaments. « Je crois qu’on va abandonner la nage pour aujourd’hui. » Un léger rire s’échappe dans un souffle. Je crois oui, et je pense que ce n’est pas que pour aujourd’hui… Doucement, je tourne le regard, affrontant enfin le sien tout en essayant de me faire le plus rassurante possible. Je dois rester forte pour lui, pour ne pas en rajouter, j’en ai déjà bien assez fait.

« On devrait peut-être rentrer.» Si je refuse, il ne m’écoutera de toute manière pas. Je n’ai plus de moyen de pression, ma sécurité passera avant tout à ses yeux et j’ai envie de le détester pour ça. « Ça doit être le plus sage… » Ou comment gâcher notre journée en moins de quatre heures… A nouveau, mes doigts s’entrelacent nerveusement alors que je le vois parfaitement s’assurer que je ne manque de rien. Pour lui montrer que tout va bien, je bois à nouveau une gorgée et souris légèrement. « Je suppose que je ne bouge pas et je dois te laisser faire ? » Même en pleine forme je n’ai le droit de toucher à rien alors là… Un sourire et je le laisse s’éloigner de moi, prêt à sortir son nez à l’extérieur. « Gauthier ? » Il se retourne vers moi et je souris, désolée. « Je suis désolée. Pour tout ça. Et merci. » Même si je sais qu’il refusera mes excuses, je ne peux faire autrement que les lui demander car je me sens coupable, plus que tout. Alors qu’il sort, ma tête se plaque en arrière, un souffle expulsant toute l’air de mes poumons. Elisabeth tu as agis de manière imprudente et il n’y avait pas que ta vie en jeu pour le coup…

Le temps passe, je sens le bateau se remettre en route mais rapidement je sais que je ne pourrais fermer l’œil et que l’intérieur de cette cabine va finir par me rendre totalement folle. Difficilement, plus à cause des mouvements de l’eau que de de mes forces diminuées, revenues lentement. Je sors, les rayons du soleil léchant rapidement mon visage pour mon plus grand bonheur. Je souris à Gauthier, lui prouvant que tout va bien et me dirige vers l’avant du pont y récupérant mon calepin et continuant distraitement le dessin commencé quelques temps plus tôt. M’appliquant sur les traits de Gauthier, je fronce les sourcils en sentant l’air changer. Je lève les yeux, Brisbane se rapproche à grand pas et je ne suis pas prête à quitter cet endroit. Je ne souhaite pas rentrer, pas revoir cette inquiétude sur son visage, mais surtout je refuse d’aller tourner en rond dans mon salon… « Gauthier ? » Je me tourne vers lui. Il se trouve assez loin de moi mais je sais parfaitement qu’il regarde toutes les minutes dans ma direction pour s’assurer que tout va bien. Il s’est afféré à faire avancer le bateau le plus vite possible, pour que la terre soit proche mais aussi pour me laisser respirer probablement et pour réfléchir de son côté, assimiler cet après-midi qui vient de s’écouler. Mes iris se plantent dans les siennes, lointaines alors que mes lèvres s’étirent et que mon cœur s’accélère signe que tout est encore bien trop normal… Je me mords la lèvre, sachant que j’abuse entièrement de ma condition pour le faire plier, mais il faut tout de même que cela serve à quelque chose. « Si nous sommes assez proche de la terre ferme, que les secours peuvent venir aussi rapidement que si je suis chez moi, nous pouvons rester ici ? » Je laisse un temps, je sais parfaitement qu’il doit y avoir une guerre mondiale actuellement dans sa tête bien trop parfaite. « Je n’ai vraiment pas envie de rentrer… » Et les garçons sont loin d’avoir fini leur anniversaire donc personne ne nous attend… Je sais que je joue à un jeu dangereux, que je devrais revenir à la maison, appeler Maïa et simplement passer du temps avec elle. Mais avec lui, je reste égoïste, tout en m’en voulant plus que tout, je ne devrais pas mais, c’est plus fort que moi, j’ai besoin de sa présence à mes côtés. « Ou pas, je comprends si tu ne veux pas. Tu as raison, c’est plus sage, Maïa va venir me chercher. » J’abandonne - ou pas, il refusera de toute manière, il refusera de me mettre en danger même si ici ou ailleurs, ils restent les mêmes…
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Message(#)And the world seems to disappear + Gautelisa   EmptySam 5 Mai 2018 - 10:49

And the world seems to disappear
Gautelisa

Elisabeth reprend des couleurs, elle semble revenir à elle, ressembler à nouveau à la jeune femme qu’il connait. Ce qui n’est pourtant pas suffisant pour faire desserrer la mâchoire à Gauthier. Il camoufle l’inquiétude comme il le peut sous un masque d’indifférence. Mais pourtant se sent gentiment rongé par cette émotion, l’inquiétude de voir la maladie prendre toute la place - dans la vie d’Elisabeth - entre eux aussi. À l'instant il la regarde et ne voit que ça - une femme malade. Comme si elle avait perdu le luxe d’être juste Elisabeth en manquant de s’étouffer dans cette étendue d'eau. Qu’est-ce qui lui est interdit maintenant ? Tous les bonheurs du quotidien ? Et si elle ne peut plus être la femme qu’il a connue alors qui sera-t-elle ? Les questions courent dans son esprit alors qu’il se lève pour prendre les devants, sa décision de rejoindre le rivage déjà prise bien qu’il demande son avis à Élisabeth. « Ça doit être le plus sage… » Être sage ça leur ressemble si peu - les deux aventuriers sans peur… Il baisse le regard gêné de l’infantiliser comme ça. De se laisser guider par l’angoisse. « Je vais monter… » Par là il entend qu’elle ferait mieux de rester un peu ici. Un peu de temps pour lui ne lui fera sans doute pas de mal, il a besoin de prendre du recul sur la situation. Mais attend une confirmation directe ou indirecte de la jeune femme pour être sûr qu’il peut la laisser seule sans risque. « Je suppose que je ne bouge pas et je dois te laisser faire . » Un mince sourire comme réponse alors qu’il s’apprête à quitter la cabine. « Gauthier ? » Il se retourne, incertain, espérant qu’elle n’a pas une autre nouvelle dramatique à lui annoncer. Il a eu sa dose. « Je suis désolée. Pour tout ça. Et merci. » Soupirant légèrement, il tente d’attraper son regard. « Elisabeth. Cesse de t’excuser s’il te plaît. » Il lui parle comme il le ferait avec un de ses cadets, comme un père et pas comme s'ils étaient égales. Mais il n’en peut plus des excuses, n’a plus envie d’en entendre de sa bouche. Après un signe de tête entendu il quitte la cabine pour retourner à son bateau.

Rapidement il le remet en route. Retrouve la sensation connue et appréciable du vent sur sa peau. La liberté que cela lui apporte. L’espace d’un instant il semble intouchable. Pourtant quand Elisabeth surgi à nouveau sur le bateau tout lui revient aussi rapidement, le serrement dans sa poitrine en prime. Il tente cependant de lui rendre son sourire, ses yeux qui la suivent alors qu’elle retrouve sa place à l’avant du bateau. Il augmente un peu la vitesse, espérant mettre de l’espace avec l’incident survenu quelques minutes auparavant, se sentant plus apaisé lorsque la côte se dessine au loin. Il continue de jeter des regards inquiets vers la blonde alors que le bateau file vers Brisbane jusqu’à ce qu’Elisabeth ne tourne son regard vers lui. Il croit entendre son nom à travers le bruit de l’eau. Quitte son poste alors que le bateau perd de la vitesse pour se rapprocher d’elle. « Si nous sommes assez proches de la terre ferme, que les secours peuvent venir aussi rapidement que si je suis chez moi, nous pouvons rester ici . » Il fronce un peu les sourcils ne sachant que répondre. « Je n’ai vraiment pas envie de rentrer… » Evidement les mots le touchent, assez pour qu’un léger malaise le prenne. Passant une main dans sa nuque il souffle son nom. « Elisabeth… » Le ton qui annonce la mauvaise nouvelle. Il n’a pas envie de prendre de risque. Il n’est pas sur de pouvoir continuer de la suivre dans ce chemin. Pas après la peur qu’elle lui a faite. Se sent le devoir d’être responsable pour deux… Comme si elle était une enfant et ne pouvait le faire d’elle-même. « Ou pas, je comprends si tu ne veux pas. Tu as raison, c’est plus sage, Maïa va venir me chercher. » Il sent la résignation dans sa voix. « Désolé… » C’est lui qui l’est cette fois. Un murmure alors qu’il retrouve sa place et continue de faire avancer le bateau vers la côte.

Pourtant, petit à petit il dévie un peu de leur destination. Il ne dit rien, même quand Elisabeth se tourne vers lui l’air interrogateur. Il continue de longer la côte jusqu’à l’endroit parfait. S’approche un peu plus de la plage déserte. « Je pense que ça devrait te plaire. » Seul indice qu’il lui donnera alors qu’il approche de la terre et que le bateau perd de la vitesse. Il lance l’encre, s’assure qu’elle aura pied une fois dans l’eau avant de lui tendre la main pour l’inviter à le rejoindre. « J’ai découvert cet endroit quand je suis arrivé à Brisbane. » Et il n’y avait pourtant jamais emmené personne. « Il est resté mon secret. » Un peu égoïstement. Il appréciait de savoir qu’il était là, toujours aussi solitaire. Jamais il n’y avait croisé personne. Une petite plage au sable blanc, avec un hamac qu’il avait lui-même amené quelques années auparavant déjà. « C’est un endroit tranquil quand il y a trop d’agitation à la villa et… » Il sort son portable pour s’en assurer avant d’ajouter. « Il y a du réseau. » De quoi joindre les secours au moindre pépin et si la place est excentrée il ne doute pas qu’elle soit facile d’accès avec un hélicoptère. Eli qui semble un peu étonnée, ce qui est plutôt compréhensible au vu de la réaction de Gauthier quelques minutes auparavant. « J’ai dit pas de vie avec des « si » non ? » Si c’est valable pour elle, ça l’est aussi pour lui. Il ne faut pas qu’il mette des si à la vie d’Elisabeth. Marchant jusqu’à la plage il va se coucher sur le sable fin - rapidement rejoint par Élisabeth. Ferme les yeux un instant dans le silence qui fini par les englober. « Tu as une liste ? » Il tourne le regard vers elle avant de comprendre que la question ne veut rien dire. « C’est peut-être stupide mais je t’ai toujours imaginé comme le genre de personne à avoir une liste de choses à faire dans sa vie. » Lui avait une sorte de Bucket List - jamais il ne l’avait mis pas écrit, c’était une liste mentale qui concernait en grande partie des exploits sportifs. Et s'il ne voulait pas voir la situation comme une fin pour Elisabeth, le moment semblait choisi pour lui poser la question.
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