you know that you make me shine… La musique retentissait et l’esprit de Greta était ailleurs, tout ce qui lui importait était de se déhancher en rythme avec la mélodie, des notes qui lui faisaient du bien. Ses journées se suivaient et se ressemblaient depuis quelques semaines, depuis qu’elle avait annoncé à ses parents qu’elle partait. Greta leur avait annoncé son désir d’émancipation, son désir de se séparer du nom Sighbury pour se révéler et pour voir si elle était capable d’attirer des lecteurs même en étant l’anonyme Greta Jones. Evidemment, cette annonce n’avait pas connu un franc succès et elle aurait pu jurer que sa mère s’était ensuite réfugiée dans sa chambre pour pleurer sans perdre une once de dignité. Si cela pouvait paraître cruel, Greta avait aimé l’idée car cela renforçait ce sentiment que ses parents l’aimaient réellement. C’est pour ça que, une fois l’annonce faite, ils avaient fini par comprendre et accepter son départ pour Brisbane. Alors qu’elle profitait d’une dernière soirée à Londres, Greta savait qu’elle changerait de continent dans maintenant seulement quelques jours. Heureusement, la musique savait apaiser son inquiétude. « Papa, maman, vous êtes les meilleurs...» L’ambiance était parfaite, le son du petit théâtre où se déroulait l’événement n’était pas si mauvais que ce que Greta aurait imaginé et le jeu de lumière laissait apparaître des visages sympathiques dans la pénombre du lieu. Evidemment, il était difficile d’imaginer que la release party de l’album de Years & Years soit un échec, le groupe était parfait et la fille des créateurs Sighbury se sentait totalement privilégiée de pouvoir s’y trouver ce soir là. Ses parents, en cachette, après l’annonce de son départ, avait téléphoné à l’ensemble de leurs contacts pour trouver des invitations de dernière minute. C’était leur surprise à eux, leur cadeau de départ. Et quel cadeau! « Par contre, je peux vous abandonner ? Je sais pas si je rêve mais je crois voir Sam Livingstone là bas ! » it’s you that i’ve been willing to find... Sam Livingstone était connue dans toute l’Angleterre, voire même au-delà. Ne pas la connaître signifier ne pas être anglais et, en fan de musique qu’elle était, Greta ne manquait pas d’admiration pour la musicienne. En venant à la release party, elle s’était doutée qu’elle y trouverait du beau monde, mais pas autant. La jeune femme était habituée à croiser des célébrités mais celles liées à la musique lui faisaient toujours le même effet, elle se sentait comme une adolescente qui rencontrait son idole et ses yeux brillants la trahissaient souvent. Après avoir eu l’immense honneur de croiser Mark Hoppus, un des plus grands, et de bafouiller quelques mots à son égard, Greta s’était à peine remise qu’elle était maintenant face à Sam. Une carrière et une notoriété toute différente mais, pour elle, la sensation était la même. « Sam ? Je… je peux vous appeler Sam ? Je suis une grande fan, je peux me permettre de vous dire que vous êtes géniale ? » D’ordinaire si assurée, Greta, dans ses habits de créateurs, semblaient ici toute petite et surtout en train de totalement perdre ses moyens. Pourtant, même si elle semblait être dans une situation embarrassante - ce qui était le cas, elle venait tout de même de demander la permission à quelqu’un de la décrire comme géniale - la jolie blonde était au paradis.
Juillet 2015 Rien de mieux qu’un show alors qu’on est à Londres. Je ne suis là que pour une poignée de jours et j’ai quand même réussi à glisser l’album release party de Years and Years au milieu. J’en suis plutôt très ravie. Demain soir, je joue à Brixton, la plus grande salle que j’ai jamais fait à Londres. Je suis légèrement nerveuse, je dois l’avouer, c’est pourquoi cette soirée détente est plus que la bienvenue. Years and Years quoi. Ils sont tellement talentueux. J’écoute les chansons qu’ils ont sorti régulièrement depuis quelques mois. Je suis aux anges de pouvoir les entendre en live. J’aurai bien aimé que Rich soit avec moi mais il est aux USA à bosser de son côté. C’est pas grave, je suis venu avec mon tour manager, Shelley. Oui, je bosse avec elle mais il s’agit aussi d’une très bonne pote. C’est plutôt parfait quand on est sur les routes pendant des mois, faut être entouré de gens qu’on apprécie.
J’ai fait un tour au photo call parce que c’est le passage incontournable quand on est connu dans le coin. Faut montrer qu’on est là. Je suis vêtu d’un jeans skinny un peu déchiré et d’un haut noir assez simple. Le show bats son plein, je reste dans le fond pour avoir de la place. Je vois Shelley qui file vers le bar et qui commence à discuter avec une personne. Moi même j’ai été abordé quelques fois depuis que je suis arrivée. Je suis pas la meilleure dans le small talk mais j’arrive toujours à sortir quelque chose d’intéressant quand le sujet est tourné sur la musique. Je pose pour quelques selfie sans soucis, les gens sont courtois, c’est donc parfait.
Mon cocktail presque vide à la main, une jeune femme blonde vient m’adresser la parole. Elle me connait et je dois dire que son visage ne m’est pas inconnu, mais je n’arrive pas à mettre le doigt dessus. Elle me fait de jolis compliments et c’est toujours très agréable d’entendre ce genre de choses. Le sourire sur mon visage se veut sincère.
« Tu peux m’appeler Sam. Ca tombe bien, c’est mon prénom. »
Je la taquine gentiment. Je penche un peu la tête, essayant de ne pas trop la dévisager, mais j’échoue. Une chanson se termine et j’applaudis comme je peux avec un verre dans une main. Le show continue et je me retourne vers la jeune fille.
« J’ai l’impression que je te connais mais… Ton nom m’échappe. »
Je termine mon verre d’une gorgée et je jette un rapide coup d’oeil vers le bar où Shelley n’est plus. Moi qui pensait qu’elle allait me ramener quelque chose, je crois qu’elle a trouvé de la compagnie meilleure que la mienne. J’irai me prendre un verre à la fin du show, je suis sûr que la soirée est loin d’être terminée et que ça va se transformer en club ou un truc du genre.
« Je t’ai vu sur internet il me semble… Arrête le suspense et éclaire moi. Ca va me travailler sinon ! »
Je plaisante qu’à moitié. Ca va certainement me faire cogiter un moment, tant que j’aurai pas remis son visage en place dans ma mémoire.
Years & Years était un des groupes favoris de Greta, un des groupes qu’elle écoutait le plus en ce moment. Evidemment, ses goûts avaient tendance à changer au fur et à mesure des sorties d’albums mais certains artistes restaient tout de même en tête de liste. Sam Livingstone était une artiste qu’elle appréciait et elle savait que cette période était pour la musicienne celle d’une tournée mais Greta avait oublié que son prochain concert aurait lieu à Londres. Cette soirée ne faisait que s’améliorer, et les yeux brillants de la jeune auteure témoignaient de sa gratitude et son intense bonheur. « Désolée, je dois avouer que je suis un peu impressionnée … » Greta avait baissé la tête en riant légèrement. Normalement habituée à fréquenter et même à devoir tenir la conversation à des personnes connues, l’effet n’était pas le même ce soir. « Greta Sighbury … mais, toi, me connaître ? » Le choc était bien réel. Sam Livingstone venait de lui dire qu’elle avait l’impression de la connaître. Une personne que la jeune femme admirait était en train de discuter avec elle de manière amicale et, en plus, la connaissait. Il n’était pas si étonnant d’être reconnue quand quatre ans auparavant, votre livre avait connu son petit succès. Il n’était pas non plus étonnant d’être reconnue et vue sur internet lorsque vos parents étaient des créateurs célèbres avec lesquels vous aviez pour habitude de poser à divers événements. Ce qui était étonnant, en revanche, était d’être reconnue par une artiste que l’on appréciait. « Tu n’es pas en tournée ? » Le tutoiement était naturellement venu entre les deux spectatrices du show. La jeune femme savait déjà la réponse mais voir Sam ici l’étonnait, pour elle, les artistes se reposaient entre chaque concert. Visiblement, la passion pour la musique était telle que même entre deux représentations, assister à des événements musicaux l’emportait sur le repos. Dans tous les cas, Greta se sentait chanceuse du choix qu’avait pris Sam. Everybody told me it was bad to do… I know my reasons, I won't prove myself to you Alors qu’elles étaient en train de discuter, en criant légèrement pour s’entendre par dessus la musique, le nouveau titre qui démarrait obligea Greta à sautiller en poussant des cris d’encouragement à l’encontre du groupe qui jouait sur scène. Ayant pendant un instant oublié qu’elle n’était pas seule mais bien au milieu d’une conversation, la gêne se fit de nouveau sentir. « Ah pardon, j’adore cette chanson, une de mes préférées ! » I'm not the one you should be playing with, I'll tear you up, I won't behave myself for this La conversation pouvait se poursuivre, mais une chose était sûre, Greta danserait tout le long de ce titre. I want to love, I want to love, I want to love
Elle dit être impressionné et comme à mon habitude, je vais essayer de tout faire pour qu’elle se sente le plus à l’aise possible. C’est beaucoup plus agréable pour nous deux. Dans tous les cas, elle avait l’air d’être une fille correct donc je prends du temps pour discuter avec elle sans soucis. De plus elle me dit quelque chose, donc je connais cette fille d’une façon ou d’une autre. Quand elle me dit son nom « Greta Sighbury » j’ouvre de grands yeux parce que ça y est, je la remets.
« L’auteur ! J’ai acheté ton livre mais j’ai pas encore pris le temps de le lire. Je l’avoue. Et puis le temps a passé et… Ouais je l’ai toujours pas ouvert. »
J’ai peut être légèrement honte de ce détail. Mais ce livre a fait tellement de bruit que j’avais envie de savoir de quoi il en retournait. C’était partout sur mon fil d’actualité à une époque, une lointaine époque, certes quelques années, pour ça que j’ai déjà vu son visage. Il y avait quelques interview de l’auteur par ci par là. Greta me demande si je suis en tournée et j’hoche la tête.
« Si si, tournée en Angleterre en ce moment. J’ai juste eu la chance d’être à Londres en même temps que cette soirée. »
Même si je suis sûre que j’aurai pu trouver un autre show à aller voir. Y’en a tellement à Londres, on trouve toujours chaussure à son pied. Peut être même que je me serai laissé tenter par une comédie musicale. C’est mon pécher mignon.
Apparemment le titre qui est en train de passer est un des favoris de Greta parce qu’elle devient une vraie puce. J’adore. C’est trop plaisant à voir. Je dois dire que je suis plutôt discrète de mon côté mais parfois, en fonction de la chanson, je ne peux pas m’empêcher d’être à fond aussi. Là j’attends qu’ils chantent King. Mais avec ma chance ce sera la dernière de la soirée. Je sais pas pourquoi j’ai un gros faible pour cette chanson. Peut être parce que ça me rappelle ma relation avec un de mes ex… Sauf qu’il n’était pas vraiment un grand roi, c’était plutôt un roitelet si je dois être honnête.
Greta s’excuse pour son comportement et ça me fait rire.
« T’as raison, fais toi plaisir. Ma préférée n’est pas encore passée. On sait pas dans quel état je serai. »
Suspense. En tout cas je regardais le groupe chanter cette chanson et j’applaudis grandement à la fin. Ils enchaînent avec Real et je souris bien largement.
« C’est pas celle là que j’avais en tête mais j’ai un gros faible pour celle là aussi ! »
Et je commence à la chanter de bout en bout. Je n’avais pas réalisé que je la connaissais par coeur comme ça. A force de l’écouter voilà ce qui arrive. Le show continue et Shelley ne revient toujours pas, alors je passe le reste du concert en compagnie de Greta. C’est d’ailleurs pour ça qu’après m’être époumoné sur King (qui était bien la dernière) je me tourne vers la jeune fille blonde.
« Tu veux un verre ? J’ai encore deux jetons… »
Avec les jetons on peut avoir des boissons gratuites. Après il faut payer. Normalement c’est deux jetons par personne mais je dois avouer qu’on m’en a filé un peu plus. On se dirige vers le bar où il y a pas mal de monde qui s’y est réfugié vu que le show est terminé. La musique est toujours présente malgré tout parce que la soirée n’est pas terminée complètement.
« Tu fais quoi demain soir ? Parce que s’il se trouve que t’es dans le coin de Brixton… Y’a peut être un concert où tu peux aller. »
Elle n’avait pas l’air d’être au courant que je passais en ville pour jouer du coup je la mets au courant.
« C’est pas complet, donc je fais ma promo. »
Ca me fait sourire.
« Mais je comprendrais que tu veuilles me boycotter vu que j'ai pas pris le temps de lire ton livre. Si ça peut te rassurer j’ai rien lu depuis des années. Je prend pas le temps. »
Je plaisante tout en plaidant ma cause pour pas qu'elle me déteste trop. Après tout je l'ai quand même acheté le livre même s'il prend la poussière chez moi.
Les concerts étaient les événements ou tu te sentais le mieux. Tu appréciais la musique, c’était l’une de tes plus grandes passions après la littérature et te retrouver dans une salle confinée à danser sur tes sons préférés alors que le groupe était là, devant toi, c’était un sentiment bien différent. Ecouter un CD était agréable, mais les mêmes chansons jouées en live c’était une toute autre histoire. En live, les artistes pouvaient se réinventer, modifier des choses et tout donner pour impressionner leur public. C’est ce que tu cherches en assistant à des concerts, et, souvent tu n’es pas déçue. Il faut dire que tu choisis plutôt bien les groupes que tu écoutes et s'ils ne sont pas bons en live, ils redescendent très vite en bas de la liste. Sam Livingstone fait partie de ces artistes qui savent remercier le public d’avoir dépensé de l’argent pour venir les voir. Loin d’être du genre ingrate, à venir sur scène enchaîner les titres de son album pour ensuite partir sans même un au revoir. Et voilà qu’elle te disait qu’elle avait acheté ton livre, tu avais beaucoup de mal à y croire mais elle semblait sincère. « J’imagine que tu n’as pas forcément le temps de lire … Franchement, je ne le prends même pas mal, être ici entre deux concerts vaut plus le coup que d’être dans le tour bus à lire mon roman ! » Tu souris pour montrer que tu ne lui en veux pas. Comment en vouloir à quelqu’un que tu admires ? Puis tu rajoutes « Je crois que je vends très mal mon bouquin là par contre, je t’assure, quand j’étais en promo ça allait mieux ! » Puis soudain vos rires se mélangent et une réelle complicité commence à apparaître, tu t’entends bien avec elle. Tu te dis que, peut-être, ce sera la même chose avec Olly Alexander, le chanteur, et le reste du groupe. Tu as entendu dire - grâce à tes parents, encore une fois - qu’ils allaient venir se mêler aux invités quand la soirée serait un peu plus intimiste et qu’il ne resterait plus que les VIP. L’after-party, là où les personnes lambdas ne sont pas admises. Encore une chance pour toi. « Franchement y’a aucune chanson d’eux que j’aime pas … Elles ont toutes un petit truc. Je suis trop contente d’être là et je suis plus que partante pour le verre ! » Vu vos situations respectives, les moments gênants où on se demande qui paye le verre n’ont pas lieu. Surtout que là, les boissons sont gratuites. Tu es aux anges alors que King retentit, toujours en te balançant au rythme de la musique, tu acceptes le verre et le boit aux côtés d’une artiste que tu respectes. La soirée est magique et Sam en rajoute en te proposant son concert. Alors tu sors ton portable pour directement acheter la place, complètement étonnée d’avoir raté le fait qu’elle se reproduisait à Londres. « J’y serai ! Un concert ça se vit rapidement, un livre, c’est long à lire. Franchement, ne t’en fais pas pour ça ! » Et, toujours plus enthousiaste, tu trinques avec elle, lui ayant déjà expliqué que tu comprenais qu’elle n’ait pas encore lu ton livre.
Elle comprend que je n’ai pas le temps de lire et je dois dire que c’est plutôt moi qui ne le prend pas. Je fais passer des choses en priorité et la lecture c’est quand même bien loin derrière dans ma liste de chose à faire. Je ne suis pas une grande lectrice. Si je lis trois livres en une année c’est déjà beau. Elle a bien compris que les concerts c’était déjà beaucoup plus ma came que la lecture. Ce qui doit être sûrement l’inverse dans son cas je suppose. Je souris largement quand elle dit ne pas bien vendre son livre. Elle est surtout bien trop gentille.
J’étais presque sûre qu’elle répondrait par la positive, mais je suis quand même bien contente qu’elle accepte de boire ce verre avec moi. Je n’avais vu que des photos d’elle sur internet, je ne crois pas avoir lu d’interviews. C’était plutôt des avis sur son livre et ils étaient presque tous unanime, c’était un livre à lire. La voir aussi souriante et pleine de vie, ça me conforte dans l’idée que c’est quelqu’un de bien cette Greta. Ca me donne envie d’ouvrir son livre et de l’entamer pour voir quelle histoire elle a inventé. Pour lire les mots qu’elle a utilisé pour se faire. Pour entrer un peu plus dans son monde, dans sa tête.
Quand je lui parle de mon concert le lendemain, je la vois pianoter sur son téléphone et je ne peux pas m’empêcher de jeter un coup d’oeil à son écran. Seetickets. Okay elle est en train de prendre une place ! Cette jeune femme est vraiment parfaite ! J’aurai pu croire qu’elle me demande une invitation mais il n’en est rien. Elle paie sa place et ça veut dire beaucoup. L’industrie de la musique est compliqué de nos jours, on ne fait presque que de l’argent sur les tournées qu’on réalise.
« Mais un livre on peut le relire. Un concert… C’est déjà plus compliqué. »
C’est sûr que ce n’est pas deux choses qu’on peut vraiment comparer, mais c’est intéressant en même temps. Ce n’est toujours pas notre tour d’être servi, il y a pas mal de monde. J’observe d’ailleurs les alentours à la recherche de Shelley, en vain.
« Je suis venue avec une amie mais elle a du tomber sur un membre de McFLY pour me fausser compagnie aussi longtemps. »
Je plaisante, je m’explique.
« Elle m’a dit que y’en a un qui a tweeté qu’il serait là ce soir. Elle est fan de la première heure et même si elle est dans le métier, elle ne les a jamais rencontré. »
Je regarde Greta avant de reprendre la parole.
« Toi aussi tu t’es fait lâcher ce soir ? »
Parce qu’elle a l’air toute seule également.
Dernière édition par Sam Livingstone le Jeu 3 Mai 2018 - 23:41, édité 1 fois
Sam Livingstone a acheté son livre et a donc participé à sa fortune, mêlée des apports de papa et maman et des gains grâce à son best-seller. Car c’est ce qu’elle avait écrit, en couchant sur papier ses émotions. Il était assez ironique d’imaginer que sa plus grande peine avait été à l’origine de sa plus grande réussite et de son succès. Charlie Hazard-Perry alimentait chaque page de ce roman et en quelques sortes, Greta serait toujours lié à ce snob mais elle évitait de penser à son roman de cette façon. Pour elle, ce n’était rien de plus que ce qui l’avait propulsé au rang de célébrité, une célébrité bien plus facile à gérer car plus discrète que celle de ses parents. Bientôt, elle partirait vivre une nouvelle vie à Brisbane pour ne plus être la fille de qui enchaîne les défilés, mais bel et bien une auteure accomplie. « Maintenant faut assurer demain pour m’en mettre plein la vue ! Pas trop stressée? » Greta n’avait jamais vraiment discuté avec une artiste, ou pas autant qu’avec Sam et elle s'intéressait à ce qu’elle pouvait ressentir avant un concert. Encore une fois, elle était privilégiée de pouvoir avoir ce genre de discussion. « Et ouais, après, j’aurais du mal à comparer les concerts et les livres, c’est mes deux plus grandes passions… En tant qu’écrivain je devrais dire les livres sans hésiter mais puisque je parle à une musicienne, je peux me permettre d’être franche sur ce point ! » Greta était clairement plus à l’aise qu’au début de la conversation et se félicitait d’avoir osé aller parler à Sam. Il était maintenant clair que l’artiste n’avait pas prit la grosse tête et c’était tout à son honneur. Greta ne savait jamais vraiment comment aborder les personnes connues, certaines n’étaient pas aussi agréable que Sam. C’était le fait d’être plus à l’aise, ou bien l’euphorie du moment, mais l’auteure parlait de plus en plus et savourait le moment. « McFly ? Y’a un membre de McFly dans cette salle ? S’il te plait, dis moi que tu le connais et que tu peux me le présenter ? Et me dis pas que c’est Danny, sinon tu me perds définitivement ! » Greta avait accompagné sa phrase d’un mime d’elle en train de s’évanouir mais la jeune femme exagérait à peine. Ce groupe faisait partie de ses préférés et elle avait depuis toujours un énorme crush sur le chanteur et le savoir dans la même salle qu’elle - ce n’était jamais arrivé auparavant - la laissait toute chose. « Hum… c’est plutôt moi qui ai lâché mes parents, en fait. Alors que c’est grâce à eux que je suis là ! » Elle pointa du doigt ses parents qui étaient en train de discuter et elle aurait juré que sa mère était en train de se dandiner sur King, la dernière chanson du groupe. « Tu étais venue avec qui, toi ? J’espère que je suis une bonne remplaçante, tu leur diras pas, mais moi je t’avoue que je préfère passer ce moment avec toi qu’avec papa et maman ! » Greta avait accompagné sa phrase d’un rire pour ne pas passer pour une enfant pourrie gâtée. Elle adorait ses parents et encore plus ce soir, mais Sam était la personne toute désignée pour passer cette soirée.
Dernière édition par Greta Jones le Ven 4 Mai 2018 - 0:33, édité 1 fois
Je n'y crois toujours pas : la release party de Years & Years ! Je n'imaginais pas que faire ce stage dans un petit festival peu connu de la capitale puisse me permettre d'avoir des invitations à un tel événement ! Mais mon N+1 a été vraiment classe sur ce coup là en me donnant à moi et à Eléanore, une autre stagiaire avec qui je travaille, deux entrées pour la soirée. Je regarde autour de moi en rentrant dans la salle, les yeux ronds comme des soucoupes, complètement impressionnée et rêveuse. Il va falloir que je calme la fangirl qui sommeille en moi. Hors de question de sauter sur les membres du groupe à la fin de leur set, aussi tentant que cela soit. En général, j'arrive plutôt bien à me contrôler, tout du moins ce qui concerne la partie « sauter sur les membres du groupe ». En revanche, s'il s'agit de ne pas demander d'autographes et de ne pas prendre des photos, j'en suis tout bonnement incapable. Je suis passionnée par le monde de l'événementiel et tout particulièrement par l'industrie du divertissement et des concerts depuis que je suis petite et je rêve d'en faire mon métier. Autant dire que participer à ce genre d'événements est pour moi un rêve devenu réalité. Eléanore, qui avait disparu depuis quelques minutes, réapparaît soudainement à côté de moi. Elle m'agrippe le bras en sautillant sur place et me hurle des mots incompréhensibles. Je me concentre sur ses lèvres pour essayer de déchiffrer sa phrase par dessus la musique qui est diffusée. « QUOI ? TU TE FOUS DE MOI ?! » C'est en disant cela que j'aperçois soudain Greta un peu plus loin, en train de discuter avec une personne qui me semble familière. Sans réfléchir davantage, je me précipite devant elle et, sans même la saluer ou la laisser se remettre de cette apparition surprise, lui lâche : « GRETA !!! Tu devineras jamais !!! Y a Danny Jones qui est là ce soir ! DANNY JONES ! ». Je finis enfin par m'intéresser à la personne avec qui Greta discutait avant que je ne les interrompe. Mes yeux s'écarquillent soudain : est-ce que je rêve ? « Sam Living... » Je n'ai pas le temps de finir ma phrase et de lui dire à quel point je suis fan. Eléanore vient de m'agripper le bras et de me tirer vers un autre coin de la salle. Elle a repéré Danny Jones !
Après avoir pris sa place, elle me confirme que je vais devoir assurer. Il faut que le show soit à la hauteur, mais je ne m’inquiète pas vraiment. Londres a toujours eu une énergie folle comme ville. Le public me l’a toujours très bien rendu et je suis sûr que le moment va être inoubliable comme à chaque fois. L’Angleterre est pour moi LE PAYS de la musique. J’ai l’impression que c’est dans leur culture d’aller à des concerts. Les gens que je croise dans les rues ont tous l’air d’être des gig goers. Ou peut être que je me fais un peu trop de films, mais il y a certainement une part de vrai dans tout ça. Ca ne peut pas être que des impressions. Surtout que c’est un sentiment partagé par beaucoup de mes connaissances australiennes ayant fait un saut dans le pays de Shakespeare. Autant je me sens bien en Angleterre, autant je ne quitterai l’Australie pour rien au monde. Ce que j’aime le plus c’est l’attitude des australiens. On est réputé pour être accueillant, détendu, relax. On ne me dira pas le contraire, je suis convaincu que ça a un rapport avec le climat. Avoir du soleil la plus grande partie de l’année c’est une chance qu’il ne faut pas sous estimer. L’humeur des gens changent en fonction de la météo. Ai-je besoin de parler de toutes ces magnifiques plages qui entourent mon beau pays ? J’ai eu la chance de pouvoir en visiter beaucoup et je dois avouer que mes favorites sont à Gold Coast. Je dis ça en toute objectivité bien sûr. C’est juste un échantillon des choses que j’aime à propos de l’Australie qui fait que je n’irai jamais vivre en Angleterre même si j’adore ce pays. Le temps me tuerait je crois. Niveau bouffe, c’est sûr qu’on a pas le top du top, mais on peut toujours se débrouiller pour trouver de tout. Y’a un resto en centre ville que j’aime tout particulièrement car il sert une belle assiette de charcuterie avec de la fougasse. Y’a tout en Australie, suffit de bien chercher.
« Pas stressée, non. Impatiente ! »
Heureusement que je ne termine pas ma tournée après ce show parce que le post concert dépression aurait fait très mal. Non. J’ai encore de quoi me mettre sous la dent après cette date. J’ai prévu le coup. Greta me fait une confession sur ses passions, chose qu’elle ne fait apparemment pas à tout le monde. J’apprécie qu’elle s’ouvre à moi comme ça. Je mentionne McFLY et apparemment ça n’entre pas dans l’oreille d’une sourde. Elle a l’air tout autant excité par la nouvelle que Shelley quand elle a vu le tweet.
« Je ne sais plus si c’est Dougie ou Danny… »
Mais y’avait un D dans le prénom. Du coup Greta a une chance sur deux de faire une syncope. Ca me fait très largement sourire de la voir comme ça. Je sais ce que c’est. J’ai été une fangirl avant d’être chanteuse. Je garde quand même un oeil ouvert si je vois Shelley, parce que Danny ou Dougie sera certainement dans les parages. La jolie blonde est venue avec ses parents et je trouve ça tellement cool. Je vais voir des shows avec mon père dès que l’occasion se présente et c’est de plus en plus rare malheureusement. Je vais pour répondre à la question de Greta mais on se fait interrompre. Quelqu’un a trouvé Danny Jones. Voilà donc le fameux McFLY. Ca me fait sourire de les voir excitée comme ça. La jeune demoiselle ne reste pas longtemps parmi nous mais son intervention a suffit à me faire sourire encore plus si c’est possible.
« Je crois qu’on sait maintenant quel McFLY est parmi nous. »
Je regarde vers là où les deux filles se sont échappées, mais je ne vois trop rien.
« Tu devrais partir en expédition pour avoir une chance de le trouver. »
C’est bientôt notre tour de passer au bar.
« Je crois que je te suivrai si jamais… Comme ça je pourrais retrouver Shelley au passage. »
Je suis tellement sûre qu’elle est pas loin de Mister Jones.
« C’était une amie à toi ? »
Je parle de la fille qui nous a coupé dans notre conversation.
Se retrouver face à une artiste comme Sam Livingstone n’avait finalement rien d'impressionnant puisqu’elle était naturelle, agréable et accessible. Cela rendait l’artiste encore plus intéressante, Greta avait beaucoup plus de mal avec les stars à la grosse tête. Sam dégageait une attitude positive et savoir qu'elle aimait être sur scène, et donc, son public, donnait encore plus envie à Greta de la voir jouer le lendemain. « Tu m’étonnes, se faire applaudir par toute une foule ça doit être juste fou… C’est là que tu préfères jouer, à Londres ? Je sais pas si tu as joué dans énormément de villes, de pays… ? » Greta prenait le temps d’écouter les morceaux, se les passait en boucle lorsqu’elle était seule chez elle, à écrire, ou qu’elle marchait, mais elle prenait beaucoup moins le temps de s'intéresser à la vie privée des artistes. Ce n’était pas ce qui lui importait, ces personnes étaient comme n’importe qui, le talent en plus. Même si l’auteure était fan de pas mal de personne, elle savait reconnaître combien cela pouvait être un peu stupide. Ils étaient des êtres humains comme tout le monde. « En tout cas je suis vraiment contente de discuter aussi facilement avec toi ! » Toujours la présence d’un des McFly en tête, elle continua. « Comme tu peux le voir je suis encore une ado quand il s’agit des célébrités, et je suis étonnée de la facilité avec laquelle je te parle ! Heureusement que tu n’es pas Danny Jones ! » Greta avait souri à Sam, toujours un peu plus à l’aise aux côtés de la musicienne. C’était assez paradoxal d’avoir des parents célèbres, la possibilité de rencontrer des tas de gens connus mais de rester aussi enthousiaste dès qu’il s’agissait de gens qu’elle admirait. Mais elle aimait bien ce côté un peu fou et enfantin chez elle, ça lui permettait de ne jamais être blasée et de toujours tout apprécier. Sa façon à elle de garder les pieds sur terre et de ne pas tout prendre pour acquis malgré son statut social. Alors qu’elles étaient en discussion, c’est Maze qui était arrivée comme une furie pour signaler la présence de Danny Jones. Oh my … Greta était en train de virer au rouge, essayant par tous les moyens de se contrôler alors que Years & Years entamait Kings dans une ambiance électrique. Elle regardait Sam chercher son amie du regard et réfléchissait à ses mots. « Je sais même pas si ça vaut le coup que j’y aille, je vais me décomposer … Bon, tu m’accompagnes pour me soutenir si jamais je m’évanouis ? » Complices, les deux femmes s’étaient frayé un chemin à travers la foule, vers là où s’était dirigée Maze, après être passées au bar pour se commander à boire. Greta n’avait aucun mal à laisser paraître combien elle pouvait être une groupie devant une artiste qui devait d’ailleurs se demander si elle faisait bien de parler à une telle jeune femme. Pourtant, l’auteure en devenir sentait bien que Sam était bienveillante et loin d’être dans le jugement. « Oui, elle s’appelle Maze ! Je savais pas qu’elle serait là ce soir ! Mais visiblement elle a mieux à faire, comme Shelley, d’ailleurs… On va essayer de la retrouver et de trouver Danny Jones. Puis après on enchaîne sur Olly, t’en dis quoi ? » Greta continuait d’avancer en buvant et discutant avec Sam - prodigieux. La soirée était pleine de surprises.
Dernière édition par Greta Jones le Mer 23 Mai 2018 - 23:08, édité 1 fois
Elle parle de se faire applaudir par toute une foule, c’est vrai que ça c’est déjà pas mal d’émotions. Mais ce qui me prend le plus aux tripes et à tout artistes je pense, c’est quand mes chansons sont chantés à l’unisson par la foule. C’est inimaginable. C’est le meilleur. On se sent reconnu et apprécié. On marque les gens avec nos écrits et c’est ce qu’on veut. Que les chansons aient un sens pour eux autant qu’elles en ont pour moi. Chacun son interprétation, c’est ça qui est beau.
« J’ai tourné dans le monde entier mais oui, Londres est une de mes villes préférées incontestablement. »
Pas seulement parce que c’est ici que je joue les plus grandes salles. La remarque de Greta sur la facilité à discuter avec moi me fait rire. C’est sûr, je ne suis pas une starlette en herbe. Je suis plus qu’abordable. Jamais de garde du corps ou quoi que ce soit du genre. Je n’ai jamais eu de soucis, ou presque jamais. Oui j’ai eu quelques frayeurs pendant ma carrière, mes tournées, mais rien qui n’ait été dramatique. Heureusement. Je suis quand même bien contente que Greta se sente si à l’aise avec moi, j’aurai détesté l’inverse. On passe un bon moment toutes les deux. Elle m’avoue qu’elle aurait été dans un autre état s’il s’agissait de Danny Jones et je veux bien la croire.
« Danny Jones en même temps…! »
Je veux dire par la que je la comprends tout à fait. Cet homme est fine !! D’ailleurs on se fait interrompre. Le cher Danny est bel et bien dans le coin. Ca fait réagir Greta qui devient toute rouge. Elle est trop adorable ! Je ne fais aucune remarque à ce propos, je n’ai pas envie de la mettre mal à l’aise. Elle hésite à aller le voir. Elle a besoin d’un coup de pouce. J’hoche la tête quand elle me propose de l’accompagner.
« Je serai ton roc ! »
Je parle comme si on était super potes toutes les deux alors qu’on ne se connait que depuis tout à l’heure. J’apprends que la fille qui est venu est en effet une connaissance de Greta. Le plan de Greta a l’air parfait. Je prends nos verres quand ils nous sont servis.
« Parfait. Allons à leur recherche ! »
Je lui tends son verre et nous voilà en train de scanner les alentours de la salle. Il y a un étage avec un grand balcon qui fait tout le tour. Je regarde les gens installé là haut et je reconnais quelqu’un. Je tire Greta par le bras et je lui indique le côté droit.
« C’est Neil Milan. Le boyfriend de Olly. Il est peut être pas loin… »
Je souris en la regardant et j’ajoute.
« Ok c’est pas Danny Jones mais je fais de mon mieux ! »
Je prends tout ça à la rigolade. J’aime beaucoup cette mission qu’on s’est lancée toutes les deux. J’ai l’impression d’avoir 16 ans.
Londres. Comment décrire cette ville ? Greta avait visité des tas de villes, de New York en passant par Paris, Shanghai ou encore Dubaï. Mais Londres avait quelque chose de marquant, c’était une ville à part, dépaysante. Ses boutiques chics faisaient le bonheur de Greta et elle se sentait toujours privilégiée de pouvoir ressortir d’Harrods avec des tas de sac de marques différentes. La jeune femme comprenait totalement le choix de Sam, finalement, elles semblaient avoir pas mal de points communs. « Londres… C’est vrai qu’on y est biens ! Mais je vais la quitter pour Brisbane dès demain, j’espère m’y plaire autant… Je ne sais pas si tu connais cette ville ? » Soudain, Greta se sentait un peu molle, comme commençant tout juste à stresser face à cette nouvelle vie qui l’attendait. Ou alors, c’était de savoir Danny Jones tout proche qui lui embrumait l’esprit. Dans tous les cas, elle avait prit une gorgée de sa bière pour se redonner du courage et se concentrait sur sa conversation et sur la chance qu’elle avait pour ne pas sombrer. Le futur à Brisbane, elle aurait bientôt tout le temps d’y penser. « Ouais ce mec me fait craquer, je peux pas m’en empêcher … C’est marrant t’as l’air d’avoir les mêmes goûts musicaux que moi ! Bon après vu que j’aime ta musique j’imagine que tu dois écouter un peu le même style mais bon. Savoir ce qu’on peut trouver dans la playlist de Sam Livingstone c’est assez intéressant ! Genre ce que t’écoutes avant un concert, avant de dormir, si t’as un top 5… » Greta ne se désintéréssait pas de l’artiste qu’elle avait rencontré, même si l’idée de rencontrer Danny Jones & Olly Alexander la faisait totalement frémir. Les trois artistes se valaient, mais Sam avait le désavantage d’être une femme - Greta ne pouvait donc pas jouer les groupies avec elle. Mais bon, ce n’était pas plus mal. Toujours s’enfonçant un peu plus dans la foule, Greta réalisait qu’elle était de plus en plus curieuse mais ses questions ne dépassaient pas la barrière du personnel. Parler musique avec elle était probablement la chose la mieux venue. « C’est gentil, si je me ridiculise en lui parlant tu me dis ! Et puis je vais avoir besoin de quelqu’un pour prendre le selfie, le dernier que j’ai pris c’était avec Jesse Eisenberg et il est flou tellement je tremblais. Heureusement, je pourrais le revoir à d’autres occasions, mais pareil, ce mec là me fait tourner la tête ! » Greta souriait tout en se confiant à Sam. Visiblement, la musicienne trouvait cela amusant alors elle encourageait Greta à continuer. « T’es une artiste mais tu dois être fan aussi de quelques personnes, non ? Rassure moi je suis pas la seule à me mettre dans cet état pour des gens connus ? » Une auteure à succès qui perdait ses moyens devant des chanteurs, le comble. Alors qu’elle avançait dans la direction que lui indiquait Sam, Greta s’était arrêtée net et avait presque renversé sa bière. Danny fucking Jones était là. Devant elle. Il l’avait bousculé et s’était excusé avec un sourire qui était à deux doigts de la faire tomber par terre. La seule réaction de Greta avait été de se tourner vers Sam qui lui avait lancé un regard encourageant avant d’elle-même saluer le chanteur et de proposer un selfie. Cette fille était géniale !
Greta me parle de Brisbane et j’ouvre de grands yeux mais je me fais bousculer en même temps. Je me prends un peu de contenu d’un verre sur moi et je jette un regard à la personne responsable de tout ça. Un mec barbue qui a l’air d’être très éméché. Une chose est sûre, il ne s’est pas arrêté à ses deux jetons gratuits. Du coup quand je me retourne vers Greta, je reprends le fil de la conversation en oubliant où on en était véritablement. Ah oui, Danny Jones ! Elle est éperdument amoureuse de lui, ça me fait vraiment sourire de la voir comme ça. Elle parle de mes goûts musicaux, de ce qu’il y a dans ma playlist, mon sourire se fait encore plus large.
« J’ai une playlist que je mets à jour régulièrement sur Spotify avec les artistes que j’écoute. Un top 5 ça va être compliqué là comme ça, y’a tellement d’artistes que j’aime du plus profond de mon coeur… J’en découvre aussi pas mal avec les discover weekly de Spotify. Je vais arrêter de parler de Spotify parce qu’on va croire que je suis payée pour le faire. »
Et ça me fait rire. Le sujet de Danny Jones revient bien vite sur le tapis. Je comprends bien évidemment que Greta n’a que ça en tête à ce moment là, et c’est normal. L’effervescence du moment. Danny Jones se trouve entre ces murs et d’avoir cette information, ça la mettait en émoi. Il pourrait y avoir un muletier et son troupeau au milieu de l’endroit, elle n’aurait quand même que d’yeux pour mister Danny Jones.
« Je prendrais ta photo, pas de soucis. »
Je lui fais un clin d’oeil complice. Cette fille me plaît bien, non pas seulement parce qu’elle me sort de ma solitude imprévue. Mais oui, Shelley allait avoir droit à ce récit et j’espère qu’elle aura de quoi me raconter à son tour, des trucs intéressant, croustillants, qui auront valu qu’elle me laisse en plan. J’en doute pas en plus, c’est ça le pire. Elle a le chic pour toujours se trouver dans des situations aussi folles les unes que les autres.
« T’es loin d’être la seule, je te rassure. Moi même j’ai été une fangirl confirmé. Maintenant ça se remarque moins, mais au fond, j’en mène pas plus large quand je suis en présence d’artistes que j’aime. »
Sauf que je crois qu’elle a à peine écouté la fin de ma réplique parce que qui voilà ? Danny Jones en personne ! En plus, il l’avait bousculé. Elle allait avoir droit à de charmantes excuses avec son accent british. Voilà, c’était chose faite. Greta n’a pas l’air de savoir comment géré cette situation. Elle se tourne vers moi et je lui fais un large sourire avant de prendre les devants.
« Hey salut Danny. Monsieur Danny Jones. »
J’en fais trop ? Peut être un peu. J’ai aucune idée s’il sait qui je suis.
« Est-ce qu’on peut avoir l’honneur de prendre une photo avec toi ? Chacune notre tour. Pour avoir un joli souvenir de cette bousculade. »
Que je suis drôle. Heureusement pour nous, il est tout souriant et il accepte sans soucis. Je prends donc le téléphone de la miss Greta et je prends la première photo. Je m’applique. Faut pas louper ça, c’est précieux pour la blonde. Son moment de gloire. S’en suit mon selfie qui est déjà plus classique parce que je le prends à bout de bras avec mon propre téléphone. Je suis plutôt très doué en selfie. Des années d’expériences.
« Merci ! »
On a le droit à un beau sourire de sa part une fois de plus. Ce mec est vraiment trop plaisant. Puis quelqu’un le tire par le bras, sa femme sûrement. Je ne la vois que de dos, je ne peux pas dire. Il s’excuse et file de son côté. Je me tourne vers Greta.
« Si tu veux lui parler, je conseille de rester pas trop loin et de sauter sur la prochaine occasion où il sera disponible. C’est à dire quand sa femme sera pas accroché à son bras. Elle finira bien par faire un toilette break à un moment ou un autre non ? »
J’essaie comme je peux de donner l’espoir de quelques mots de plus échangés entre le musicien et la blonde.
Greta restait figée, comme paralysée. Elle avait l’impression d’être une spectatrice et la scène qui se rejouait devant ses yeux lui paraissait absurde. Avait-elle vraiment vécu ça ? Pour le temps d’une photo, elle avait senti le parfum de Danny Jones et c’était à croire que la substance l’avait rendue stone tant elle avait mis du temps à reprendre ses esprits, à réagir et à répondre à Sam. Sam, toujours bienveillante, toujours sympathique. Elle avait été d’une grande aide et en regardant son téléphone, la photo de l’auteure avec son celebrity crush était belle et bien là, illuminant fièrement l’écran de son iPhone. Wow. « Wow. Quel homme ! » Greta avait explosé de rire, reprenant peu à peu ses esprits et s’appuyant au bras de Sam comme si elle la connaissait depuis toujours. Evidemment, ce n’était pas le cas, mais il y avait des choses qui rapprochaient rapidement les gens. Par exemple, rencontrer une célébrité et se ridiculiser devant. Greta venait de vivre un des plus beaux moments de sa vie et elle avait partagé cela avec Sam, elle aurait donc du mal à oublier la musicienne. De toute façon, elle resterait fan de son travail, voire le serait encore plus après avoir vu la crème qu’elle était. « Non mais je vais le laisser, franchement ça sert à rien que je tente de lui parler, je me suis ridiculisée et dis pas le contraire ! » Greta riait encore et se revoyait morte de nervosité devant le guitariste. Il devait être habituée et voir des fans tous les jours, avec des comportements tous plus fous les uns que les autres mais la jeune femme était persuadée de ne pas être loin du top 10, minimum. « En plus on est venues voir Years & Years à la base non ? » Le groupe qui venait de jouer avait été oublié l’espace d’un instant mais c’était leur release party que Sam et Greta étaient venues voir alors il fallait également parfaire la soirée en voyant au moins Olly. S’avançant toujours dans la foule, Greta s’efforçait de continuer la conversation alors qu’elle avait l’esprit totalement ailleurs. Assister à un concert et rencontrer du monde lui faisait souvent cet effet, comme si elle n’était plus dans le monde réel et, en général, la sortie de la salle agissait comme un électrochoc et l’après concert était toujours assez déprimant. Il fallait profiter car là, même si le concert était fini, la fête continuait dans la salle et elle ne sortirait pas de suite. « Merci pour la photo, au fait, la tienne ça va ? J’aurais pas été capable de la prendre, je pense que tu l’as remarqué… » Les filles étaient hilares, toujours de bonne humeur et comment ne pas l’être. Se remettant à peine de ses émotions, Greta avait aperçu, au loin, près d’un second bar-buffet, le groupe qui venait de leur donner tout ce qu’ils avaient en train de discuter avec tout le monde. L’ambiance était détendue, on était loin du monde des fans et des groupies car ne participaient à l’after party que les gens ayant déjà presque un pied dans le monde de la célébrité. Les fans avaient eu leur meet & greet, assez rapide pour être terminé depuis leur rencontre avec Danny Jones. Il fallait donc que l’auteure se concentre et agisse normalement, sinon, elle allait se prendre une honte monumentale. Les journalistes ne la rateraient pas, ils savaient très bien qui elle était.
La réaction de Greta se fait attendre. Mais cette absence de réaction voulait déjà tout dire. Elle avait la tête ailleurs. Sur la planète Danny Jones. C’est avec un immense sourire sur les lèvres que je l’observe revenir à elle doucement. C’est assez plaisant d’assister aux premières loges d’un moment pareil. Je comprends totalement son état. Elle laisse un grand rire s’échapper et je ris avec elle. Je la laisse s’appuyer sur moi. Ca y est, Greta et moi on va partager ce moment toute notre vie. L’album release party de Years and Years est marqué à jamais dans nos mémoires.
Elle réfute mon idée de retourner voir l’homme de la soirée. Je ne vais pas insister. Je comprends ce choix. Parfois on ne sait juste pas quoi dire à son idole tellement le moment est fort en émotions. Elle sort l’argument Years and Years et je secoue la tête.
« Pourquoi limiter les rencontres ? Faut profiter au contraire ! »
On reprend à scruter les gens autour de nous dans l’espoir de voir le jeune Olly Alexander. Mon verre toujours en main, je m’abreuve en même temps que je scanne la foule. Greta revient sur la photo, sûrement toujours en train de ressasser ce moment qui est encore beaucoup trop frais dans sa mémoire. Elle parle de ma photo et j’hoche la tête.
« De rien pour la photo. Je veux un crédit quand tu la posteras sur les réseaux sociaux. »
Je lui fais un clin d’oeil parce que c’est juste sûr qu’elle va la poster quelque part. Je crois que c’est une déformation professionnel l’histoire des crédits photos. C’est super important dans l’industrie, pour les gens qui vivent de la photo. J’ai pris l’habitude de le faire à chaque fois et je plaisante là dessus fréquemment quand c’est moi l’auteur.
Ca y est, les voilà. Olly, Emre et Mikey. Ils sont en train de discuter avec du monde.
« Je pense qu’on va devoir attendre un moment avant de pouvoir avoir notre tour. »
Ils sont un peu l’attraction de la soirée. Ok y’a Danny Jones qui est pas trop mal aussi dans son genre. D’ailleurs y’a un petit attroupement un peu plus loin, et c’est lui qui a généré ce mouvement. La fille avec lui n’a pas l’air trop ravi, mais les « fans » ne lui laissent pas trop le choix apparemment. Danny a l’air d’apprécier le moment vu son sourire sur son visage. Et c’est à ce moment là qu’on me tapote l’épaule. Je me tourne et une jeune fille qui a l’air stressée me demande si elle peut prendre une photo. Je lui fais mon plus beau sourire et j’hoche la tête.
« Avec plaisir sweetheart. »
Je vais passer mon bras autour de ses épaules et je brandis mon verre fièrement devant moi. J’aurai fait les cornes si j’avais eu les mains libres, mais c’est pas grave. Je vois qu’elle prend plusieurs photos alors après en avoir fait une simple, je commence à faire des grimaces. Elle fait de même et les photos rendent super bien. Elle n’est pas très bavarde parce qu’après avoir pris les photos elle me fait un hug, me disant merci et elle file de son côté. Trop adorable. Je me tourne vers Greta et je jette un oeil à Olly & co. Ils sont encore bien occupé.