| (tomiana) swim till you drown |
| | (#)Dim 22 Avr 2018 - 10:15 | |
| liviana & tommy swim till you drownYeah God love your soul and your aching bones, take a breath, take a step, meet me down below. Everyone's the same our fingers to our toes, we just can't get it right but we're on the road. If ever your world starts crashing down, whenever your world starts crashing down, that's when you find me. ☆☆☆ Tommy était en avance. Non pas par hâte du rendez-vous qui se profilait mais plutôt par nervosité, lui qui d’ordinaire était plutôt du genre à éviter les sujets qui fâchaient qu’à les affronter. Mais sa tendance à l’évitement Liviana en avait déjà fait les frais une fois, avec les conséquences que l’on connaissait, et comme pour se prouver autant que pour lui prouver à elle qu’il était capable de changer et de s’améliorer, le brun avait cette fois-ci pris le taureau par les cornes et décidé de faire face au problème comme un adulte totalement au fait de ce qu’il faisait. La brise qui poussait à porter une veste le m atin avait laissé place à une chaleur suffisante pour qu’il ait décidé de laisser la sienne sur le portemanteau en quittant son appartement, et à l’ombre de la terrasse d’un vendeur de bagels et donuts de Brunswick Street Mall il avait remonté ses lunettes de soleil sur le sommet de son crâne et prévenait ainsi aussi les cheveux qui dès qu’ils en avaient l’occasion retombaient en bataille devant ses yeux. La double ration de sucre versée dans son café glacée suffisait à peine à calmer le goût amer dans sa bouche, et l’estomac noué il n’avait même pas touché au donut fraise-banane commandé à son arrivée pour se garantir une place à table en attendant Liviana. Elle n’était pas en retard, et malgré tout c’était lui qui secouait sa jambe avec impatience sous la table, faisait taper ses doigts contre le bord de la table et se posait mille et une question sans queue ni tête. Et si James lui avait déjà parlé ? Non, question stupide, James n’y avait vu que du feu. Et si elle amenait son fils avec elle ? Il n’était pas certain de pouvoir sérieusement jouer la fermeté si un bambin l’observait en gazouillant pendant qu’il tentait de parler. Mais Liviana n’avait jamais amené son bébé avec elle lorsqu’il se voyait, et il ne voyait pas bien pourquoi elle aurait subitement l’idée de le faire, sans avoir prévenu à l’avance qui plus est … Et si elle posait des questions ? Demandait comment il connaissait James, grattait, voulait des explications ? Et si … « Liviana. » Perdu dans ses interrogations silencieuses il n’avait finalement remarquée la jeune femme qu’à l’instant où elle avait tiré la seconde chaise pour s’installer en face de lui, son habituel sourire calme accroché aux lèvres. « Je t’ai pris un donut. » avait-il alors menti en tentant de garder la face, gageant qu’elle aurait de toute façon plus d’appétit que lui, et s’évitant ainsi de devoir admettre qu’il l’avait commandé sans réfléchir, et sans faim. « Je peux garder ton sac le temps que tu ailles te chercher quelque chose à boire, si tu veux. » avait-il alors proposé comme pour repousser un peu plus encore l’inévitable, le baiser échangé avec la jeune femme il y avait de cela une éternité – ou du moins lui semblait-il – lui revenant subitement en pleine face sans qu’il n’ait la moindre idée de pourquoi, et pourquoi maintenant. Ni elle ni lui n’en avaient jamais reparlé depuis, lorsqu’ils s’étaient revus, la peur de ne pas savoir quoi en dire peut-être, ou le fait que ni elle ni lui ne sachent bien ce qu’il fallait en conclure. C’était peut-être mieux ainsi finalement, quand on savait ce que Tommy avait prévu de mettre sur le tapis en lui demandant de le retrouver cet après-midi-là. « Je suis désolé de t’avoir un peu invitée comme ça, à la dernière minute. J'espère que tu n'as rien annulé ou reporté pour moi ? » avait-il d’ailleurs soufflé, en se rendant bien compte qu’il aurait pu se montrer moins abrupt et qu’elle aurait tout aussi bien pu lui rétorquer qu’elle avait autre chose de prévu. « Tu vas bien ? » Les banalités désormais, comme pour repousser encore une énième fois le fait qu’il ne lui avait pas simplement donné rendez-vous parce que les donuts ici était bons et que la journée était ensoleillée bien qu’automnale. Il tâtait le terrain, vous dirait-il, autrement dit il se cherchait des excuses.
Dernière édition par Tommy Warren le Sam 19 Mai 2018 - 13:56, édité 1 fois |
| | | | (#)Jeu 26 Avr 2018 - 8:53 | |
| Liviana fit un dernier point avec Sophie, sa baby-sitter avant de quitter la maison. Le temps était si agréable, que la jeune maman décida de se rendre dans les rues piétonnes à pied ; elle se baladait l’esprit vide de tout problème avec pour seule pensée, l’homme qu’elle allait retrouver dans quelques minutes. La brune traversa la rue lorsqu’elle repéra la petite terrasse ou l’attendait sagement Tommy, elle arriva rapidement à sa hauteur le sortant dans ses pensées en tirant la chaise qui lui était destinée « Liviana » elle lui sourit, son air surpris et perdu lui donnait un air encore plus attendrissant « Bonjour Tommy » avait-elle répondu en accrochant son petit sac sur le dossier de sa chaise. La brune n’avait aucune idée de la raison de sa présence ici mais elle n’y accordait à l’heure actuelle aucune importance ; elle était heureuse d’être assise sur cette petite table vintage ultra coloré sous un léger soleil, pour la première fois depuis des semaines, Liviana décida de ne penser qu’à elle, d’être pour une fois égoïste. « Je t’ai pris un donut, je peux garder ton sac le temps que tu ailles te chercher quelque chose à boire, si tu veux » elle jeta un rapide coup d’œil derrière elle, il n’y avait qu’une personne dans la file d’attente, une jeune femme accompagné d’une petite fille « C’est gentil, je te prends quelque chose ? » demanda-t-elle à son tour avant de se lever de sa chaise et d’attendre derrière la jeune mère. Son tour arriva rapidement, Liviana opta pour un thé glacé à la framboise et à l’hibiscus avant de rejoindre Tommy qui semblait plus nerveux que lors de leur dernière rencontre. « Je suis désolé de t’avoir un peu invitée comme ça, à la dernière minute. J'espère que tu n'as rien annulé ou reporté pour moi ? » elle secoua la tête de droite à gauche, contrairement à ce qu’il pensait cette invitation de dernière minute l’avait rendu heureuse « Ne t’en fais pas, je suis contente que tu aies téléphoné et je suis navrée de ne pas l’avoir fait avant… » avoua-t’elle sincèrement en coupant un bout du donut qui avait l’air bien trop bon pour ne pas être mangé. « Tu vas bien ? » a une époque cette question était celle qu’elle redoutait le plus en particulier parce qu’elle utilisé un mensonge à chaque fois pour y répondre ; désormais une nouvelle version de Liviana avait vu le jour, une version plus libre de celle qu’elle était auparavant. Elle essuya le sucre glace qu’elle sentait sur le coin de ses lèvres avant de lui sourire « Plutôt bien, je me suis mise au sport, c’est assez drôle à voir mais je me surprends à aimer ça… » pendant des années le sport était sa bête noire mais aujourd’hui elle ressentait le besoin de prendre soin d’elle et de se libérer l’esprit à travers une nouvelle activité « … et j’envisage d’apprendre une nouvelle langue, j’ai toujours voulu savoir parler français… » cela pouvait futile et inutile pour beaucoup de personnes mais l’envie de réaliser ses rêves si minimes soit-il lui était vital. Liviana dégagea de son visage les quelques mèches que la brise de vent lui avait mis sous les yeux puis attrapa son verre sans pour autant le boire « Et toi, comment-vas-tu ? » la conversation pouvait sembler bateau vu de l’extérieur mais contrairement à beaucoup, Liviana ne posait jamais cette question sans s’intéresser réellement à la personne qu’elle avait en face d’elle. « Tu en prends un bout avec moi ? Il est délicieux, tu as très bien choisi » demanda-t-elle en désignant le donut qu’elle avait sous les yeux.
Dernière édition par Liviana Rossi le Mar 29 Mai 2018 - 10:56, édité 2 fois |
| | | | (#)Sam 19 Mai 2018 - 20:40 | |
| Perdu dans ses pensées et dans ses tentatives désespérées pour mettre de l’ordre dans ses idées, Tommy n’avait même pas remarqué l’arrivée de Liviana, jusqu’à ce qu’elle ne se tienne devant lui avec cet habituel sourire timide, la voix douce lorsqu’elle lui avait adressé un « Bonjour Tommy. » avant de s’asseoir en face de lui. N’ayant pas touché au donut qu’il avait commandé plus machinalement que par véritable faim, il le lui avait offert volontiers puis avait proposé de garder son sac à main pendant qu’elle allait se commander quelque chose à voir, secouant la tête lorsqu’elle avait demandé « C’est gentil, je te prends quelque chose ? » avant de prétexter « J’ai déjà ce qu’il me faut, mais merci. » en désignant son gobelet de café glacé encore au tiers plein. Lorsque la jeune femme s’était éloignée pour commander il avait malencontreusement lâché un soupir de soulagement, réalisant seulement à cet instant la pression que mettait sur ses épaules la simple présence de Liviana. Il n’avait toujours aucune idée de la manière dont il allait pouvoir mettre le sujet sur le tapis, il ne savait absolument pas ce qu’il allait dire et ne pas dire, et chaque fois qu’il pensait tenir un début de réponse ou un semblant de piste à suivre le doute l’envahissait et il devait repartir de zéro. Et si l’envoyer chercher à boire ressemblait à une tentative pour la mettre à l’aise, en réalité c’était avant tout son courage qui se faisait la malle et le faisait se planquer derrière n’importe quelle excuse pour repousser l’inévitable. « Ne t’en fais pas, je suis contente que tu aies téléphoné et je suis navrée de ne pas l’avoir fait avant … » lui avait-elle finalement avoué lorsque, à son retour à table, Tommy s’était excusé de l’avoir appelée ainsi à la dernière minute, pris par l’urgence du fait que s’il ne le faisait pas maintenant il ne le ferait jamais, et sans songer au fait qu’elle avait peut-être laissé tomber d’autres projets pour accéder à sa requête. Seulement à demi-rassuré de ne pas avoir ruiné un quelconque projet, il s’était éclairci la gorge avant de demander de ses nouvelles, presque avec mauvaise conscience de ne le faire que pour éviter quelques minutes de plus l’éléphant au milieu de cette conversation. « Plutôt bien, je me suis mise au sport, c’est assez drôle à voir mais je me surprends à aimer ça … » Marquant une pause, donnant l’impression de jauger sa réaction, elle avait repris « … et j’envisage d’apprendre une nouvelle langue, j’ai toujours voulu savoir parler français … » et provoqué chez Tommy un vague sourire tandis qu’il se risquait à répondre dans la langue de Molière « C’est une bonne idée. » avant de revenir à leur anglais naturel pour expliquer du bout des lèvres « Ma femme était française. » comme pour ôter à Liviana toute idée de voir dans sa maîtrise du français une quelconque raison pour lui d’y aller dans la fierté. Et Dieu sait que Tommy n’avait pas son pareil pour se dévaloriser à la moindre occasion. Et comme encore – trop – souvent, le simple fait d’évoquer Alice même au détour d’une phrase lui avait serré le cœur avec tristesse. « Et toi, comment vas-tu ? » La question lui arrachant un léger frisson, il avait secoué la tête en prétextant « Je n’ai pas très faim. » lorsqu’elle lui avait proposé un morceau du donut qui trônait au milieu de la table, et éludé sa question d’un « On fait aller. » qui voulait tout et rien dire à la fois. Il se sentait mal à l’aise et avait l’impression de tenir l’épée de Damoclès au-dessus de la tête de la jeune femme, et décidant d’arrêter de réfléchir avant que son courage ne le quitte à nouveau il avait lâché de but en blanc « Il vaudrait mieux qu’on ne se voit plus, toi et moi. » Elle trouverait sans doute cela abrupt, et elle se demanderait peut-être où était l’intérêt de l’avoir fait venir alors qu’ils étaient à nouveau resté un moment sans se parler … Mais il n’avait simplement pas envie qu’elle lui reproche d’avoir coupé court sans rien affronter, cette fois-ci. Et sentant bien venir l’incrédulité venir dans le regard de Liviana il s’était finalement senti obligé de développer un peu. Un minimum. « Je ne savais pas que tu connaissais James Beauregard. » Et connaître, le mot était faible à en juger par la photo de famille qu’il avait pu observer dans le bureau du concerné. « Ça n’a pas l’air aussi terminé que ça, entre vous. » Voilà ce que lui évoquait la photo, rien de moins. Et tenter de faire le poids face au cliché du bonhomme de bonne famille et bien sous tous rapports ? Très peu pour lui, autant se battre contre des moulins. « Et compte sur lui pour te dresser un portrait de moi qui te donnera envie de prendre tes jambes à ton cou à la minute où il saura que tu me connais, alors ... » Alors autant accélérer le processus et s’éviter une perte d’énergie superflue, elle et lui ayant assurément passé l’âge des tergiversations et des relations qui ne menaient à rien. Elle avait mieux à faire, et lui aussi, sans doute.
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| | | | (#)Mar 29 Mai 2018 - 12:34 | |
| Liviana se sentait désormais totalement à l’aise en compagnie de Tommy, les craintes et la nervosité qu’elle ressentait à son égard avait totalement disparu pour laisser place à un sentiment de sécurité, de confiance qui lui donnait l’impression de flotter dans les airs. Heureuse de le retrouver, la brune s’était absentée un moment, le temps de commander une boisson fraiche qui se marierait parfaitement avec la douceur sucré qu’il lui avait acheté. Quelques semaines à peine s’étaient écoulées depuis leur dernière rencontre, pourtant Liviana se sentait comme une nouvelle femme, pleine d’envie et d’ambition, elle s’était lancée à la recherche de son bonheur. Elle se mit à jouer avec la paille de son thé glacé tout en lui comptant les nouveaux défis qu’elle s’était lancé, une petite liste d’idées qui la faisait rêver depuis des années sans qu’elle n’ait osé la réaliser. « C’est une bonne idée… » elle se mordit la lèvre la langue française était encore plus sexy entre ses lèvres « Ma femme était française » elle afficha un léger sourire, elle n’avait jamais osé poser de questions sur celle qui avait partagé sa vie dans le passé par peur de le froisser ou de le mettre mal à l’aise « Tu pourras me donner des cours dans ce cas » dit-elle avec le sourire avant d’avaler une gorgée de sa boisson glacé. Liviana avait beaucoup de chose à lui dire, beaucoup de sujets et de questions qui lui trottaient en tête depuis des semaines mais avant de se lancer dans une discussion nécessaire, la brune prit de ses nouvelles espérant qu’il allait aussi bien que lorsqu’elle l’avait quitté. « On fait aller… » elle se redressa un peu plus sur sa chaise, le ton de sa voix l’inquiétait presque autant que la façon dont il la regardait à cet instant. Quelque chose n’allait pas, l’atmosphère chaleur qu’elle avait sentie en arrivant venait de disparaitre pour laisser place à une ambiance glaciale digne de la reine des neiges « Il vaudrait mieux qu’on ne se voit plus, toi et moi » l’italienne se figea sur place. Liviana le fixa avec incompréhension, elle était à la fois perdue et déçue face à cette attitude si distante et directe « J’ai fait quelque chose de mal… ? » demanda-t-elle d’une voix plus triste qu’auparavant. Pendant un instant, la brune chercha l’explication la plus probables face à son choix, elle élabora de nombreuses théories plus tordues les unes que les autres avant que le brun n’éclaire sa lanterne « Je ne savais pas que tu connaissais James Beauregard » elle arqua un sourcil, surprise, d’entendre le nom de son meilleur ami au milieu de cette conversation « Ça n’a pas l’air aussi terminé que ça, entre vous. » elle fit les gros yeux, tout ceci n’avait aucun sens à ses yeux. « Je ne comprends pas tout là… » avoua-t-elle en essayant de tout remettre en ordre dans sa tête « Et compte sur lui pour te dresser un portrait de moi qui te donnera envie de prendre tes jambes à ton cou à la minute où il saura que tu me connais, alors ... » elle connaissait suffisamment James pour savoir qu’il ne se permettrait pas d’avoir un avis sur ses fréquentations à moins que celle-ci ne soit dangereuse et elle n’imaginait pas une seconde Tommy, capable d’être ce genre de personne. De nouveau nerveuse, l’italienne passa sa main dans ses cheveux tout en se repassant ses derniers mots avant de s’enfoncer dans le fond de sa chaise « Ne me dis pas que tu penses que lui et moi… ? » elle secoua la tête avant de croiser ses jambes et de se mettre à jouer avec ses doigts réalisant peu à peu ce qu’il voulait dire « C’est mon meilleur ami et mon ancien beau-frère puisque mon ex-mari c’est Samuel, son frère » dit-il d’un ton plus ferme. « Comment tu as pu croire que je sortais avec toi tout en étant avec un autre en même temps ? » c’était probablement ce qui la blessait le plus, cette fausse image qu’il s’était faîte d’elle sans la consulter. Cependant, malgré sa déception et sa tristesse notable, une question lui brûlait les yeux « Je ne t’ai pas menti mais apparemment toi, tu ne m'as pas tout dit… » elle haussa les épaules « … Comment tu le connais ? Et qu’est-ce qu'il pourrait me dire qui me ferait fuir ? » demanda-t-elle sans le quitter des yeux.
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| | | | (#)Lun 18 Juin 2018 - 7:02 | |
| Malgré lui, il avait regretté d’avoir ne serait-ce que mentionné Alice à la seconde où les mots avaient quitté ses lèvres. Elle était trop précieuse pour être divulguée à ceux qui ne l’avaient pas connue comme un détail insignifiant, une information banale entre deux autres qui ne la concernaient pas … Et elle comptait trop, bien trop pour qu’il soit correct de la nommer ainsi face à une autre femme, quelle qu’elle soit. Aussi mordant l’intérieur de ses lèvres avec culpabilité, il avait détourné le regard lorsque Liviana avait suggéré « Tu pourras me donner des cours dans ce cas. » et n’avait rien répondu, rien accepté pour ne pas avoir à expliquer pourquoi la perspective le rendait soudainement si amer, si triste. Il y avait de toute manière peu de chances que la situation se présente à eux dans le futur, compte tenu de la raison pour laquelle Tommy l’avait invitée à le rejoindre aujourd’hui, et dont elle ne semblait pas se douter le moins du monde s’il en croyait le regard doux et l’attitude détendue qu’elle lui offrait depuis son arrivée. Ne souhaitant pas faire durer les choses plus que de raison ni les torturer l’un et l’autre inutilement, le barbu avait donc pris son courage à deux mains et en était venu aux faits, et à ce qui à ses yeux était la décision la plus raisonnable à prendre pour lui, comme pour elle. Mais surtout pour lui, en définitive, dont l’estime déjà peu présente n’attendait que ce que James avait à raconter à son sujet pour s’étioler un peu plus, écornant au passage de manière irréversible l’image qu’aurait Liviana de lui. « J’ai fait quelque chose de mal … ? » lui avait-elle pourtant demandé dans un souffle, l’air plus abasourdi encore que Tommy ne l’aurait imaginé, lui faisant regretter le baiser échanger quelques temps plus tôt et qui rendait le revirement d’autant plus abrupt désormais. « Non, ça n’a rien à voir avec toi. » Ou sans doute que si, au moins un peu, mais Tommy n’avait pas l’intention de lui en tenir rigueur. On n’oubliait pas la personne que l’on avait épousé, encore moins lorsque de ce mariage était né un enfant, le brun était bien placé pour le savoir … L’ironie était simplement dans l’identité, dans James qui même lorsqu’il pensait avoir définitivement clos le chapitre le concernant était en fin de compte tapis là, dans un coin. « Je ne comprends pas tout là … » En dernière carte il avait alors décidé d’abattre celle qui craquellerait un peu plus l’image déjà peu glorieuse qu’elle avait de lui, celle de l’homme qui par peur de ce qu’impliquait d’en pincer pour elle avait préféré couper court et faire le mort, fut un temps. « Ne me dis pas que tu penses que lui et moi … ? » Et elle, n’allait-elle quand même pas oser nier en bloc ? « J’ai vu la photo dans son bureau. » La photo de famille, ou du moins c’était ce à quoi elle ressemblait, et James n’avait pas cherché à le contredire à ce sujet lorsqu’il l’avait mentionnée. « C’est mon meilleur ami et mon ancien beau-frère puisque mon ex-mari c’est Samuel, son frère. » Ouvrant la bouche comme pour rétorquer quelque chose, il n’avait pas été capable de produire le moindre son. Quel imbécile. Et en même temps qu’est-ce que cela changeait ? Rien, peut-être même était-ce pire, se mesurer au meilleur ami c’était pire que de se mesurer à l’ex-mari, c’était l’assurance de ne jamais avoir gain de cause. « Comment tu as pu croire que je sortais avec toi tout en étant avec un autre en même temps ? » Attendait-elle véritablement une réponse à cette question ? Peu importe, Tommy n’aurait pas su quoi répondre, et le regard fuyant il s’était contenté de hausser les épaules en marmonnant « C’est le père de ton fils ... Je ne te l’aurais pas reproché. Je ne suis qu’une distraction. » Une distraction et rien d’autre, pas vrai ? Ce n’était qu’un baiser au fond, un baiser et quelques mots échangés avec hésitation, presque timidité, mais qui ne suffisaient pas à sceller quoi que ce soit ; Pas qu’il n’en ait fait la demande, et elle non plus. Les traits désormais plus durs, la déception se lisant sans mal sur son visage, Liviana avait fini par reprendre « Je ne t’ai pas menti mais apparemment toi, tu ne m'as pas tout dit … » et attiré le regard de Tommy qui sentait déjà s’abattre sur lui le reproche qu’elle avait ajouté presque aussitôt « … Comment tu le connais ? Et qu’est-ce qu'il pourrait me dire qui me ferait fuir ? » Mais Liviana était une femme intelligente, et Tommy doutait qu’elle ne soit pas capable de relier elle-même entre elles les informations en sa possession pour trouver une réponse à cette question. « À ton avis ? » Le ton presque incisif, il avait relevé vers elle un regard lourd de sens et planté ses yeux dans ceux de la jeune femme « Je l’ai rencontré dans le cadre de son boulot. Ou plutôt son ancien boulot, si j’ai bien suivi. » Peu de chances qu’elle ne voit toujours pas où il voulait en venir ; Il n’y avait pas trente-six manières de connaître un agent de probation dans le cadre de son travail, surtout lorsque l’on s’appelait Tommy et que l’on n’était simple barman et non pas avocat ou policier. « J’ai fait de la prison. Et je savais que j’aurais droit à ce genre de regard, si je t’en parlais. C’est ce qu’ils font tous. » Le pourquoi, le comment, ça n’avait plus vraiment d’importance une fois que la graine était plantée, une fois que le mot « prison » était inscrit sur son front.
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| | | | (#)Dim 1 Juil 2018 - 10:44 | |
| Ce rendez-vous n’avait pas pris la tournure espéré par Liviana, alors qu’elle avait imaginé un moment tendre et agréable, la brune se retrouvait bouchée bée face à l’attitude de Tommy. Elle ne le connaissait pas suffisamment pour prétendre le connaitre ou être capable de deviner ses pensées mais elle avait compris au fur et à mesure qu’il était imprévisible et aussi difficile à suivre qu’un débat politique. Silencieuse pendant un temps, elle essayait de comprendre ce qu’il cherchait à lui dire avant deux solutions ne lui saute aux yeux, elle était forcément le problème, elle avait dut faire quelques choses pour le contrarier ou alors il avait simplement rencontré une fille avec qui il envisageait une histoire plus sérieuse que celle qu’ils partageaient depuis plusieurs mois « Non, ça n’a rien à voir avec toi » avait-il finalement avoué sans qu’elle n’y croit réellement. Tommy lui cachait quelque chose, c’était évident, l’atmosphère avait changé à la seconde ou il avait lâché sa bombe, il était devenu un autre homme en une fraction de seconde, un type qu’elle ne connaissait pas et qui semblait être torturé par ce qu’il se passait à l’intérieur de sa tête. Finalement, après un bref instant de mystère, il lui releva la vérité. James était donc la cause de ce mélodrame, il avait imaginé à tords qu’il était plus qu’un ami. « J’ai vu la photo dans son bureau » elle arqua un sourcil, c’était ridicule, elle vit la photographie sur le bureau de son meilleur ami mais elle ne comprit pas de suite en quoi ce cliché pouvait être problématique. Sans attendre, Liviana mit les choses aux clairs en distribuant les rôles aux bonnes personnes, le cadre qu’il avait vu accueillait une amitié, un lien qui s’était renforcé lorsqu’elle était devenue sa belle-sœur il y a des années de cela. Une fois la vérité mise en place, la brune s’était contenté d’un haussement d’épaule, elle ne pouvait pas le blâmer d’avoir pris James pour son ancien amant mais restait attristé par l’image qu’il avait eu d’elle, celle d’une femme jouant sur deux tableaux, avec deux hommes très différents l’un de l’autre. Finalement, peut-être qu’elle ne le connaissait pas aussi bien que ce qu’elle avait imaginé « C’est le père de ton fils ... Je ne te l’aurais pas reproché. Je ne suis qu’une distraction » sa bouche forma une sorte de ô de surprise alors qu’elle encaissait difficilement ce qu’il sous-entendait « Ravie de l’apprendre » avoua-t-elle un brun blessée. Les sentiments qu’elle éprouvait envers Tommy étaient à des années lumières de ce qu’elle avait ressenti pour Samuel mais ils n’en étaient pas moins sincères. Elle appréciait sa compagnie ainsi que sa curieuse façon de voir le monde, la carapace qu’il s’était forcé la touchait au plus profond de son être. Loin d’être amoureuse ou même d’envisager de l’être un jour, Liviana s’était laissait porté par la simplicité et par la douceur de ce flirt innocent. Perdue dans ses pensées, elle réalisa qu’il y avait autre chose derrière cette révélation, puisque si elle lui avait avoué la nature de ses relations avec James, elle ignorait ce qui l’avait amène dans le bureau du Beauregard. Une idée lui trottait dans la tête, personne n’entrait dans ce bureau par courtoisie mais l’italienne décida de lui accorder la possibilité d’être honnête avec elle « A ton avis » avait-il dit comme si la réponse était évidente, elle haussa les épaules en guise de réponse et garda le silence jusqu’à ce qu’il ne se mette à table. « Je l’ai rencontré dans le cadre de son boulot. Ou plutôt son ancien boulot, si j’ai bien suivi » peu à peu les ombres qui planait sur son passé se mirent à s’éclaircir « J’ai fait de la prison. Et je savais que j’aurais droit à ce genre de regard, si je t’en parlais. C’est ce qu’ils font tous » elle encaissa la vérité sans sourciller, que pouvait-elle dire ? Elle n’allait pas le féliciter pour son passage derrière les bureaux mais elle refusait de le juger sans connaitre la raison de ce passage à vide, après tout Tommy n’avait pas – selon elle – le profil d’un serial-killer « Je peux te demander ce que tu as fait ? » demanda-t-elle calmement, sans être effrayé ou différente de celle qu’elle avait été jusqu’à présent avec lui. L’homme n’était pas parfait, Liviana l’avait compris il y a des années de cela mais elle restait convaincue que la rédemption était possible même chez les âmes les plus sombres. Refusant que le bar soit témoin de leur discussion, la brune se rapprocha de la table et de son interlocuteur « Je ne te juge pas Tommy, je ne pense pas l’avoir déjà fait un jour d’ailleurs… » elle s’était toujours promis d’être juste avec son entourage et le brun n’avait pas fait exception à sa règle, elle avait choisi d’apprendre à le connaitre avant de se faire une opinion sur lui mais l’italienne avait compris que le monde n’avait pas dû être tendre avec l’ancien prisonnier « Et entre nous… mon regard était plus pour le mensonge que pour la prison » avoua-t-elle.
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| | | | (#)Dim 15 Juil 2018 - 6:10 | |
| Sans doute Tommy avait-il tout fait pour ne pas s’impliquer autant qu’il l’aurait pu, pour ne pas accorder à cet embryon de relation l’importance qu’elle aurait mérité, et consciemment ou non le père de famille avait préféré freiner des quatre fers au premier signe d’importance et de réciprocité que l’intérêt de Liviana pour lui semblait avoir eu. Le brun n’était simplement pas fait pour les jolies choses, pour les belles histoires, la petite voix qui dans un coin de sa tête lui susurrait qu’il gâchait tout ce qu’il touchait et ne la mettait jamais en veilleuse, et finalement il en venait à prendre les devants en sabotant ce qui pouvait l’être avant qu’un élément extérieur – voir dramatique – ne s’en charge. Il trouvait des signes de mauvais augure partout où cela lui permettait de vérifier sa théorie, et anticipait les événements à coup de défaitisme et de pessimisme. Alors le portrait de famille réunissant Liviana d’un côté et de l’autre l’homme chargé de valider son statut d’ancien détenu modèle ? Au fond il ne s’en était même pas surpris, et l’avait digéré avec fatalisme plus qu’avec amertume, comme on subissait la piqûre de rappel d’un échec inévitable. Et Liviana et lui, ce « eux » qui s’esquissait à peine, en aurait été un supplémentaire, aussi sûr que Tommy n’avait jamais été rien d’autre que la distraction agréable permettant à la jeune femme de ne pas penser aux ruines de son mariage, et à son idéal de famille modèle réduit en poussière. Le brun avait la sensation d’y voir clair désormais, d’avoir fait le point sur la situation là où la jeune femme s’était fendue d’un « Ravie de l’apprendre » blessé en guise de réponse. Mal à l’aise, la pointe de culpabilité tiraillant malgré tout son plexus, il avait détourné le regard et attendu la question qui devait fatalement suivre comme on attendait une sentence inévitable. Il aurait pu connaître James autrement, il aurait même pour jouer d’un nouveau mensonge et ne mentionner que l’épisode du blackout de 2016 lors duquel l’ancien militaire lui avait tout bonnement sauvé la vie, mais à quoi bon ? La vérité l’aurait forcément rattrapé, et s’il ne crachait pas le morceau le Beauregard finirait par le faire à sa place ; Ce ne serait pas la première fois. Mais ce serait probablement la dernière, et puisque Liviana ne reliait pas les points toute seule Tommy avait fini par asséner la vérité et se coller lui-même l’étiquette de taulard sur le front. Le silence qui avait suivi semblant durer une éternité, l’australien avait dégluti avec difficulté en fixant honteusement une tâche incrustée sur la table, faute d’oser soutenir le regard de la jeune femme, qu’il sentait peser sur lui. « Je peux te demander ce que tu as fait ? » Le talon qu’il ne parvenait pas à empêcher de taper frénétiquement sur le sol sous leur table s’arrêtant un bref instant, il n’avait pas relevé les yeux pour marmonner le « C’est pas important. » bourru qu’il espérait être une réponse suffisante, tout en sachant déjà pertinemment qu’elle ne s’en contenterait pas. C’était ce qu’il avait envie de se répéter, que ce n’était pas important, que cela ne comptait pas vraiment … Mais pour les autres cela comptait, il n’avait qu’à croiser le regard toujours déçu que posaient ses parents sur lui, il n’avait qu’à écouter le ton résigné sur lequel sa fille assurait « c’est pas grave » lorsqu’il faisait une fois encore la démonstration de sa maladresse parentale. « J’ai ni tué ni violé personne, si c’est ce qui t’inquiètes. » Probablement que c’était le cas, ou si elle ne s’était pas encore posée la question viendrait un moment où elle lui aurait brûlé les lèvres, et Tommy préférait encore évincer cette hypothèse lui-même que de se l’entendre jetée au visage. Parce qu’elle tranchait avec le ton défensif avec le ton défensif dans lequel il s’enlisait, la voix de Liviana lui était alors apparue infiniment douce au moment de répondre « Je ne te juge pas Tommy, je ne pense pas l’avoir déjà fait un jour d’ailleurs … Et entre nous … mon regard était plus pour le mensonge que pour la prison. » Pour autant, un reproche témoigné avec douceur n’en restait pas moins un reproche, et la bonne foi lui faisant régulièrement défaut l’australien n’avait pu empêcher la réponse qui la première lui avait échappée « Je ne t’ai pas menti. » Elle lui reprocherait sans doute de jouer sur les mots mais c’était la vérité. « Je ne t’ai simplement pas tout dit. Et y’a rien qui m’y obligeait. » Ils ne s’étaient rien promis, il n’avait jamais prétendu avoir mis cartes sur table avec elle et à aucun moment n’en avait-elle fait de même avec lui. Et s’il se refusait à vouloir tout savoir sur elle c’était pour mieux se permettre de ne pas avoir à tout dire sur lui-même. « J’ai payé pour mes erreurs, j’ai fait des conneries, j’ai été condamné pour ça, j’ai le droit de ne pas vouloir que cette histoire me suive toute ma vie. » Mais il avait fallu que tout cela lui retombe une nouvelle fois dessus et que James se retrouve au milieu, le malheureux hasard forçant Tommy à admettre ce qu’il aurait préféré garder pour lui et bousillant une autre de ses tentatives pour se fondre dans la masse et ne plus être Tommy le repris de justice, Tommy le voleur, mais uniquement Tommy le père de famille, Tommy le barman qui ne demandait plus rien à personne. « Faut croire que ça sera pas encore pour cette fois-ci … » avait-il alors conclu avec amertume, le regard consentant enfin à remonter vers celui de Liviana avec tristesse et résignation.
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| | | | (#)Ven 7 Sep 2018 - 16:12 | |
| L’évidence s’imposait à elle comme si elle lui avait été projetée en pleine face : ils n’étaient pas faits pour être ensemble du moins pas dans cet espace-temps. Les sentiments qu’elle éprouvait à l’égard de Tommy se rapprochait plus de l’affection que de l’amour pourtant cette situation lui brisait malgré tout le dernier morceau de cœur intacte qu’il lui restait. Sans savoir pourquoi, elle aurait aimé que les choses fonctionnent entre eux, elle avait trouvé en lui un réconfort, une présence, une sensation de sécurité qui lui donnait l’impression que rien de mal ne pouvait lui arriver. La vie, le destin et le cosmo semblait en avoir décidé autrement, puisque malgré leurs efforts, leur histoire était vouée à l’échec. Face à la vérité, Liviana resta de marbre, Tommy n’était pas celui qu’elle avait imaginé, il y avait chez cet homme plus de noirceur que chez ceux qu’elle fréquentait habituellement. La prison était donc le grand secret de sa vie mais aussi la raison pour laquelle sa route avait croisé celle de son meilleur ami. Des douzaines de questions se bousculèrent dans la tête de l’italienne à cet instant, elle aurait aimé être capable de les poser sans se montrer indiscrète mais évoquer ce genre de sujet était à ses yeux trop délicat pour être abordé en public alors elle se contenta de lui demander une seule et unique chose : qu’avait-il fait ? Elle n’imaginait pas le pire, il était trop « lui » pour être l’un de ses montres spécialisé dans les meurtres atroces mais elle ne pouvait s’empêcher de s’interroger sur la vérité. « Ce n’est pas important » elle eut envie de lui dire que si, c’était important pour elle mais au fond rien de ce qu’il ne dirait ne pourrait changer l’image qu’elle avait de lui, elle haussa les épaules, que pouvait-elle ajouter d’autre ? « J’ai ni tué ni violé personne, si c’est ce qui t’inquiètes » un rire s’échappa de ses lèvres « Je ne suis pas inquiète » avoua-t-elle sincèrement après tout elle ne serait pas assise en face de lui si cette pensée lui avait traversé l’esprit. La conversation était aussi pesante que difficile pour l’italienne, elle était si tendue et stressée qu’elle avait l’impression d’être seule avec lui au milieu d’une brume épaisse et froide « Je ne t’ai pas menti. Je ne t’ai simplement pas tout dit. Et y’a rien qui m’y obligeait. J’ai payé pour mes erreurs, j’ai fait des conneries, j’ai été condamné pour ça, j’ai le droit de ne pas vouloir que cette histoire me suive toute ma vie » elle approuva d’un léger signe de tête comme pour lui dire je sais il marquait un point, elle ne savait même pas comment décrire ce qu’ils avaient vécus, leur histoire ne ressemblait pas à une histoire d’amour mais l’amitié ne fonctionnait pas non plus dans leur cas. Les quelques secondes de silence qui s’installèrent entre eux eurent pour effet de serrer le cœur de Liviana, elle comprenait peu à peu qu’elle ne le reverrait sans doute plus jamais, que le clap de fin se trouvait derrière la porte de ce bar et que la tendresse qu’elle éprouvait à son égard était sur le point de disparaitre avec le souvenir des moments passé en sa compagnie. « Faut croire que ça sera pas encore pour cette fois-ci … » elle passa sa main dans ses cheveux, si seulement les choses étaient plus simples… « Crois-moi, j’aurais aimé que ça fonctionne » elle y avait cru de tout son être même si une infime part d’elle-même en doutait. Liviana se mordit la lèvre, son regard exprimait toute la tristesse et la mélancolie qu’elle ressentait à cet instant précis « Il y a une chose qu’on a pas essayé tous les temps… c’est d’être des amis, de vrais amis je veux dire » elle n’avait pas besoin d’une énième amitié qui ne mènerait à nulle part mais d’un lien fort et puissant qui résisterait à toutes les épreuves de la vie « Je tiens à toi… je me fiche de ton passé et de tes erreurs… personne n’est parfait et surtout pas moi alors si tu es prêt à nous laisser une nouvelle chance pour une nouvelle histoire, je suis partante » l’idée était lancée, la balle se trouvait désormais dans son camp même si elle n’espérait qu’une chose qu’il soit prêt à tenter cette nouvelle aventure avec sa compagnie.
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| | | | (#)Lun 29 Oct 2018 - 18:32 | |
| La question était légitime, au fond. C’était une chose d’accepter la possibilité de passer outre le passé judiciaire de quelqu’un, mais c’en était une autre d’envisager de le faire sans savoir précisément de quoi il retournait et quels étaient les méfaits commis par la personne face à vous. Et peut-être Tommy se tirait-il ni plus ni moins en refusant de répondre clairement à la question de la jeune femme, mais le temps passant il ne parvenait toujours pas à se résoudre à l’idée d’être défini par les erreurs qui l’avaient conduit derrière les barreaux … Question de fierté, d’orgueil peut-être, qu’il tenait en suffisamment haute importance pour y sacrifier les débuts timides de ce que Liviana et lui avaient tenté de développer. « Je ne suis pas inquiète. » lui avait-elle assuré avec un brin de rire qu’il l’avait presque autant décontenancé que la réponse, et ce malgré qu’elle lui semble lui porter un excès flagrant de confiance pour être aussi certaine de ce qu’elle avançait. Rien de nature à faire rebrousser chemin aux certitudes de Tommy quant au fait que tout était gâché désormais, question de timing mais aussi sans doute d’une incapacité de sa part à voir plus loin que le taulard en rédemption qu’il pensait encore le définir. Dans un monde idéal il n’aurait pas à avouer cette tâche indélébile sur son parcours, et probablement n’était-il pas encore prêt à admettre que ce jour ne viendrait jamais et qu’il lui faudrait simplement trouver le courage d’être entièrement honnête avec celles et ceux qu’il souhaiterait faire entrer dans sa vie. Liviana en faisait-elle partie ? Tandis qu’elle reprenait « Crois-moi, j’aurais aimé que ça fonctionne. » d’un ton d’une douceur pourtant infinie et proposait avec candeur « Il y a une chose qu’on a pas essayé tous les temps … c’est d’être des amis, de vrais amis je veux dire. » il réalisait que non. Ou tout du moins ne s’en sentait-il pas les épaules et la volontaire suffisante dans l’immédiat … « Je tiens à toi … je me fiche de ton passé et de tes erreurs … personne n’est parfait et surtout pas moi, alors si tu es prêt à nous laisser une nouvelle chance pour une nouvelle histoire, je suis partante. » Là avait-il reculé machinalement sa chaise de quelques centimètres, comme s’il souhaitait mettre une distance supplémentaire entre elle et lui – à moins que ce ne soit entre lui et cette discussion toute entière – tout en posant un regard triste sur le profil bienveillant qu’elle offrait. « Je ne pense pas que ce soit un bonne idée. » Sachant d’avance qu’il allait devoir se heurter au regard de déception de la jeune mère, il avait tenté de calquer son propre ton sur le sien avec douceur « Si il avait fallu qu’on soit amis on l’aurait senti … Dès le début, je veux dire. Ça a jamais été ce qu’on essayait de faire. » Ce n’était pas non plus le sens du baiser qu’ils avaient échangé, il y avait de cela ce qui semblait à Tommy une éternité. Résigné, il avait haussé les épaules « Parfois le timing est juste mauvais. » Et au fond le barman n’était peut-être tout simplement pas aussi prêt qu’il le croyait pour ça – fréquenter quelqu’un, tenter de tourner la page. Il était temps, diraient certains, mais pour lui la cicatrice restait encore trop fraiche, la plaie trop douloureuse. « Et puis ton … James. Je suis pas sûr d’avoir envie de risquer à nouveau de le croiser. C’est pas contre toi, ou même contre lui il faisait juste son boulot, mais … J’ai vraiment besoin de laisser tout ça derrière moi. J’ai envie d’avancer, pas de repenser à avant. » Et James Beauregard, dans tout ce qu’il représentait, correspondait encore à cet « avant » dont Tommy tentait de se délester pour de bon. Les doigts glissant de manière machinale contre le rebord de la table, il avait dégluti avec difficulté et fini par se lever, le regard un instant fuyant avant de se forcer à soutenir encore un peu le regard de la jeune femme « Tu es vraiment une bonne personne, Liviana … ton fils a de la chance de t’avoir. Et je suis sûr que tu finiras par trouver quelqu’un qui sera aussi bon avec toi que tu l’es avec les autres. » Mais cette personne ce ne serait pas lui, ils tombaient tous les deux d’accord là-dessus et c’était sans doute pour le mieux que de s’en rendre compte dès maintenant. Récupérant son blouson sur le dossier de sa chaise Tommy l’avait enfilé à la va-vite, ne désirant pas prolonger plus longtemps que nécessaire une situation et une conversation un peu gênantes, et un sourire incertain s’étirant sur ses lèvres il avait gratifié la jeune femme d’un sobre « Prends soin de toi. » et préféré déguerpir, peu fier de lui mais certain d’avoir agi pour le mieux.
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| | | | | | | | (tomiana) swim till you drown |
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