| first step of a long journey - cora |
| | (#)Ven 27 Avr 2018 - 7:27 | |
| cora & milena
Cela faisait quelques jours que tu étais arrivée en Floride. Comme te l’avaient dit tes parents, ils t’attendaient dans un appartement prêté par une de leurs connaissances. Tu n’avais fait que deux fois l’aller-retour pour l’instant car le voyage était tout de même long et le décalage horaire était aussi assez déroutant. Tu avais été heureuse de retrouver tes parents avec qui tu passais le plus clair de ton temps les premiers jours de ton voyage. Et puis Cora arriva elle aussi sur les lieux et là les choses devinrent un peu plus professionnelles. Vous aviez une première audience prévue au tribunal deux jours plus tard et il y avait encore des choses à préparer. Tes parents profitèrent de tes journées de travail pour visiter et souffler un peu loin de New York et tu les retrouvais le soir pour manger, des repas auxquels tu invitais Cora si elle le désirait. Le jour J arriva plus rapidement que ce que tu ne le pensais et en te réveillant le matin dans ton lit, tu savais que la journée allait être chargée en émotions. Tu t’habillais avec ton plus beau costard et tu ne pus t’empêcher de laisser l’émotion prendre le dessus quelques minutes alors que tu te rendis compte que tu allais de nouveau plaider sur le sol américain pour la première fois depuis plus de trois ans. Mais tu ne te laissais pas longtemps aller à la nostalgie et tu retrouvais Cora dans le tribunal à l’heure que vous aviez convenue. S’il y avait une chose qu’il fallait accorder à Cora, c’était que c’était une excellente actrice. Elle était chamboulée, cela se voyait mais elle en cachait une grande partie car en te voyant le masque tomba légèrement. Elle allait rencontrer son fils pour la première fois, elle allait devoir faire face aux parents qui l’avaient adoptés illégalement, elle allait devoir raconter son histoire. Ca allait être une épreuve mais elle t’avait assuré en être consciente dès le départ et puis tu l’avais préparée à tout cela.
Quand vous entrâtes dans la salle d’audience, il n’y avait que vous deux, un juge et de l’autre côté l’avocat de la famille qui se tenait gravement derrière lui. Alors que tu posais tes yeux sur eux, il n’était pas difficile pour toi de voir que ces gens avaient peur. Peur parce qu’ils pouvaient tout perdre. Mais ils étaient déterminés aussi et Cora t’avait dit qu’ils avaient de l’argent, ils avaient donc dû embaucher quelqu’un de très compétent. Tu allais d’ailleurs saluer ton adversaire sachant très bien que tu n’avais pas la position dominante dans cet échange. Le juge commença par tous vous présenter et puis ce fut à toi de présenter ce que Cora voulait tirer de cette procédure. A ta suite, ton collègue fit de même. Une fois les bases posées, chaque personne, tour à tour passa à la barre pour raconter sa version des faits. Des histoires déchirantes des deux côtés. De celui de Cora car enlever son bébé à une jeune adulte de dix-huit ans sans lui demander son avis, c’est cruel mais une famille qui chercher désespérément à avoir des enfants et dont le dossier est sans cesse rejeté pour une raison ou pour une autre, cela brise le cœur aussi. Et puis Arthur est monté à la barre, plus perdu qu’autre chose. Il ne parla pas longtemps et tour à tour ton comparse et toi vous lui posiez des questions. A travers les tiennes, tu essayais de voir si le pré-adolescent serait ouvert à quitter sa famille mais il était clair que cette idée créait chez lui de la peur et de l’anxiété. Tu essayais donc de savoir s’il avait envie de connaître Cora, juste la connaître. Il n’avait pas l’air d’avoir réfléchi à cette possibilité et tu ne cherchas pas à le questionner plus longtemps. Après les témoignages de chaque personne concernée par le dossier, le juge ne tarda pas à clôturer la séance. Il avait tous les éléments dont il avait besoin pour l’instant et une seconde audition serait appelée dans un moi, peut-être un peu après pour essayer de trouver un compromis. Car c’est toujours la première étape avant de finir devant une cours de justice. La négociation. Un art qui peut éviter beaucoup de paperasse et des mois de procès.
Tu entraînais Cora avec toi quand vous sortiez du tribunal veillant à ce que vous ne croisiez pas la famille que vous veniez d’affronter. Cela ne serait pas le bon moment, l’audience avait duré deux heures et c’était deux heures de trop plein d’émotions. Arrêtant un taxi, tu lui donnais l’adresse de là où résidait Cora pendant le séjour. Tu t’attendais à ce qu’elle lance la discussion mais elle n’en fit rien ce qui pour toi n’était pas vraiment un très bon signe. « Tout va bien ? » Lui demandas-tu légèrement inquiète. « Vous … Ca n’a pas été trop dur ? » Question idiote mais tu ne savais pas comment lancer la conversation, surtout devant le silence de la jeune femme. C’était certainement très maladroit mais il fallait commencer par quelque chose. Avant qu’elle n’ait pu te répondre, vous arriviez devant son lieu de résidence et tu payais le chauffeur avant de lui dire : « On sera mieux à l’intérieur pour discuter. » Vous auriez aussi accès à des rafraîchissements et des snacks pour passer vos nerfs.
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| | | | (#)Ven 11 Mai 2018 - 13:14 | |
| Tous les scénarios possibles lui étaient passés par la tête. Depuis le dépôt de plainte, l’assemblage du dossier, Cora avait imaginé dans sa tête chaque situation qui pourrait se produire lors de cette première audience, de la plus rocambolesque à la plus défaitiste. Elle avait passé une sacrée partie de son temps à juste imaginer et à se préparer comme au meilleur. Elle savait dès le début, que cette croisade serait éprouvante et que ses émotions seraient mises à mal. Elle était partie en connaissance de cause et plus le temps passe, plus elle sent sa force qui s’ébranle, ses doutes qui persistent et les propos de Finn quant à l’égoïsme de sa décision qui se répète de plus en plus fort dans sa tête. Elle avait posé les pieds en Floride quelques jours plus tôt et dès lors, son estomac s’était noué, lui prenant la gorge comme si quelque chose d’épouvantable allait arriver. Aucun exercice de relaxation ou même conversation de soutien avec Ginny n’avait réussi à faire passer ce sentiment, celui que quelque chose de mauvais va lui tomber dessus et qu’elle n’a qu’à être sur ses gardes. Même Milena et tous les efforts qu’elle avait mis dans la préparation de l’audience n’ont pas réussi à retirer à Cora cette appréhension qui la prive de sommeil et d’appétit. C’est en entrant dans la grande salle du tribunal, qu’elle espère pouvoir se défaire de cette sensation et que la situation restera sous contrôle et ira dans son sens. Comme l’avait souligné Milena, elles n’avaient pas l’avantage dans cette affaire mais peut-elle encore croire en une certaine forme de justice. Elle ne prononce pas un mot dès le moment où le juge prend la parole, faisant exception à son silence uniquement lorsqu’on lui pose une question. La salle est sous tension et elle s’évertue à ne pas flancher.
Chacune y donne de sa version pendant la déposition. La sienne : Celle d’une adolescente, dont la mère a abusé de la confiance et la naïveté pour vendre son bébé aux plus offrants. Celle d’une jeune femme brisée qui n’arrête pas de penser à ce moment-là de sa vie et qui n’arrive pas à mener une correcte malgré les apparences qu’elle a réussi à installer. Et la leur : Celle d’un couple déchiré de ne pouvoir avoir d’enfant et prêt à tout, même à voler, pour réaliser ce souhait. Cora ne sait pas si elle devrait avoir de la peine pour eux. C’est sa vie à elle qui a été sacrifié pour qu’ils réalisent leur souhait. Peu importe qu’il ait été difficile d’être rejetée par toutes les agences. Peu importe d’avoir dû vivre quelques années avec ce vide en eux. Elle avait été sacrifiée et ça, elle entend bien le faire comprendre. On lui a causé du tort et elle aimerait réparation. Seulement, c’est à Arthur de prendre la parole. Son récit est pour le moins glaçant et très difficile à entendre. Sa famille à lui, ce n’est pas elle et à travers ses mots, elle le réalise. Inutile de préciser que son passage à la barre, malgré les questions de Milena rapport à ce qu’il pense de faire la connaissance de sa mère biologique la met KO pour la fin de l’audience. C’est le mutisme qui s’empare d’elle. Cora, elle ne dit rien afin de concentrer chacun de ses efforts pour ne pas flancher. Sur ses paroles, la séance prend fin et Cora n’attend pour sortir de la pièce et respirer un coup.
C’est Milena qui l’entraîne à l’extérieur et la guide vers un taxi. Cora ne regarde même pas devant elle, ses pensées ne font que ressasser encore et encore les deux heures qui viennent de se passer. Elle est totalement à la merci de l’avocate qui l’assied dans un taxi avant de donner l‘adresse de l’appartement que l’actrice loue pour quelques semaines. « Tout va bien ? » Sa question la sort brièvement de ses pensées. Son regard se tourne vers l’avocate, mais il faut qu’elle parle à nouveau pour que Cora revienne à elle. « Vous … Ca n’a pas été trop dur ? » Elle vient juste de comprendre qu’elle ne récupèrera jamais complètement son enfant. C’était prévisible, elle avait été avertie mais même avec toute la préparation du monde, ça fait mal. Elle connaissait des personnes adoptés dans son entourage, des personnes qui lui avait certifié que quand on le savait, on voulait connaitre son parent biologique et là, c’est une claque de voir que non. « Je suppose qu’on n’aurait pas pu avoir meilleur déroulement. » Sous-entendu que, ça aurait pu être pire et vu comme ça, ça peut aller. Le taxi arrive sans perdre trop de temps devant l’appartement. « On sera mieux à l’intérieur pour discuter. » annonce Milena, Cora acquiesce avant de sortir du véhicule et guider l’avocate jusqu’au logement, plutôt simple d’apparence quand on connait le statut de la gare. Manquent à tous ses devoirs d’hôtesse, elle se laisse tomber dans un fauteuil, prenant sa tête dans ses mains. « Je ne sais plus quoi penser de ce qui se passe. » Qu’elle avoue, la rencontre ne s’était pas si mal passée mais elle avait malgré tout fondé des espoirs qu’elle réalise être désormais des lubies. « Je ne sais même plus à quoi je peux m’attendre, ou même ce que je veux. J’aurais jamais dû faire ça. » Et c’est Finn qu’elle entend dans sa tête, ses propos soulignant son égoïsme. |
| | | | (#)Lun 21 Mai 2018 - 21:23 | |
| Le premier procès, les premières auditions sont toujours un moment difficile à vivre pour tes clients. Enfin, ceux pour lesquels tu ne plaides pas pour un divorce. Ceux-là étaient des cas à part. Mais pour les autres, pour ceux dont les dossiers étaient à monter pendant des mois, où chaque étape prenait du temps, le premier procès était souvent la réalisation que le chemin qui avait été parcouru jusque là n’était que le début. Et puis des fois, certains clients s’imaginent des choses, se font des scénarios de comment cela pourrait se passer pour qu’au final, la réalité vienne les frapper de plein fouet. Tu avais l’impression que c’était ce qui s’était passé avec Cora aujourd’hui. Son air impassible et son silence ne te disaient rien qui vaille. Tu avais appris à ne pas juger ce genre de réaction trop vite car cela pouvait aussi bien dire un relâchement de la motivation comme un regroupement des forces et tu ne savais pas de quel côté ranger Cora pour l’instant. Tu te souviens de la jeune femme dans ton bureau qui t’avait confié son secret. Tu te souviens de ses hésitations mais il y avait une chose sur laquelle elle n’avait jamais flanché, c’était son envie de retrouver son fils et de le retrouver complètement. Depuis cette rencontre, beaucoup de choses avaient changé et tu avais essayé de lui faire comprendre que tu risquais de ne pas pouvoir obtenir la garde complète de son fils. Elle l’avait compris mais tu ne doutais pas qu’il restait un espoir minime. Un espoir qui avait été réduit à néant aujourd’hui avec le témoignage d’Arthur. Après ce témoignage, aucun juge américain ne donnerait la garde complète de l’enfant adolescent à une inconnue dont il ne semblait pas avoir envie de savoir grand chose. L’histoire des parents était tout ce qu’il y avait de plus banal, une infertilité qui les brise, les tentatives alternatives jusqu’à ce qu’on leur propose cette solution. Ils étaient prêts à tout perdre pour cet enfant et ils l’avaient chéri depuis, n’importe qui pouvait le voir et le témoignage d’Arthur allait dans le même sens. Ce n’était pas de bons éléments pour vous, bien au contraire même. Tu ne savais pas ce que tu pouvais espérer, tu ne savais pas ce que Cora espérait désormais tirer de ce procès mais après un premier jour comme celui que vous veniez de vivre, il fallait en discuter. Dans deux jours, vous deviez donner au juge ce que vous attendiez de cette action en justice et si vos demandes n’étaient pas irréalistes alors vous auriez plus de chance de ne pas repartir les mains vides.
Une fois l’audition terminée, Cora est encore sous le choc alors tu l’entraînes à l’extérieur et dans un taxi. Tu t’occupes de donner les instructions au taxi pour vous conduire au bon endroit et tu finis par demander à la jeune femme si tout va bien. C’est idiot comme question, tu ne le sais que trop bien mais tu ne sais pas par quoi commencer. Et au moins, la réponse qu’elle donnera à cette question te permettra d’avoir un aperçu de son état d’esprit et de savoir sur quoi enchaîner et comment. « Je suppose qu’on n’aurait pas pu avoir meilleur déroulement. » Tu hoches la tête parce qu’elle a raison. Vu tout ce qui aurait pu mal tourner, tous les dérapages qu’il y aurait pu avoir, cette première audition s’était déroulée le plus simplement du monde. Mais cela ne changeait pas le fait qu’il devait y avoir certaines choses qui devaient être dures à avaler. « Tout s’est déroulé comme prévu en effet. Mais on aurait pu espérer une histoire moins émouvante et un témoignage de l’intéressé moins dur. » Cela vous aurait permis de demander plus de chose. Car même devant une cours de justice, ce n’est pas toujours la raison qui gagne, l’émotionnel joue un rôle non négligeable. Vous arrivâtes devant le logement de la jeune femme et avant de discuter plus longtemps, tu lui proposais de le faire à l’intérieur. Elle vous fit entrer dans l’appartement qu’elle louait avant de se diriger vers un fauteuil où elle se laissa tomber : « Je ne sais plus quoi penser de ce qui se passe. Je ne sais même plus à quoi je peux m’attendre, ou même ce que je veux. J’aurais jamais dû faire ça. » Tu n’as pas vraiment bougée, te tenant toujours devant la porte, droite comme un i. Tu avais la réponse à tes interrogations. Cette audition avait brisé Cora, brisé sa motivation lui faisant perdre pied complètement. Tu posais ton sac près du meuble d’entrée avant de prendre place dans un fauteuil en face de la jeune femme. « Après ce qu’on a entendu aujourd’hui, c’est normal d’être bouleversée et perdue. » Lui dis-tu tranquillement. Tout humain normalement confectionné se sentirait ainsi. La réalité est parfois difficile à avaler et Cora se l’était prise en pleine face aujourd’hui. « Nous avons encore demain pour réfléchir à ce que vous voulez, le faire maintenant ne sert à rien. Il faut prendre le temps d’assimiler ce que vous avez entendu. » C’était plus facile à dire qu’à faire, tu en avais pleinement conscience. « Ne regardez pas en arrière, avec des ‘si’ on refait le monde. Si vous êtes là c’était que vous cherchiez au moins des réponses. Elles n’étaient peut-être pas celles que vous attendiez mais vous les avez eues. » Dis-tu laissant le silence s’installer quelques instants. « Je ne peux pas vous dire ce que vous désirez mais je peux vous dire à quoi vous attendre après cette première audition. » Proposas-tu à la jeune femme pour lui donner des réponses à la première partie de son équation.
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| | | | (#)Mer 30 Mai 2018 - 2:11 | |
| Pas trop dur. Les mots choisis par Milena lui auraient amené un rictus sur les lèvres si Cora était une personne bien plus sarcastique. Parce qu’elle a assisté à la même audience qu’elle et qu’il est aisé de deviner que les mots du gamin ont très bien sur faire une percée à travers elle et la flinguer pile là où il faut. Mais Cora sait que la question de l’avocate n’est pas là pour appuyer sur une quelconque plaie ou ne vise pas à remuer le couteau. C’est qu’elle s’inquiète véritablement pour elle et en réponse, elle cherche plutôt à se renforcer et à se ressaisir. Après tout, rien de ce qui ne s’est passé n’avait pas été prévu par l’avocate et Cora est la seule responsable sison imagination l’avait laissé espérer plus que ce que la situation pouvait lui offrir. « Tout s’est déroulé comme prévu en effet. Mais on aurait pu espérer une histoire moins émouvante et un témoignage de l’intéressé moins dur. » Quel euphémisme. Elle doit se mordre l’intérieur de la joue pour ne pas répliquer et rappeler que son fils, son enfant n’est en rien intéressé à la connaître et que ces gens ont déjà tout gagné. Elle ne veut pas passer sa peine sur Milena, alors elle intériorise, bon vieux réflexe qu’elle s’était juré d’abandonner. Tout ce dont elle fait part, c’est cette incertitude qui s’est emparée d’elle au moment où elle a compris qu’elle n’aurait jamais ce qu’elle veut. Elle ne sait plus quoi faire. Elle était tellement déterminée à obtenir une chose et une seule, que maintenant que c’est impossible, elle ne sait juste plus ce qu’elle veut ou même ce qu’elle attend de ces rencontres. « Après ce qu’on a entendu aujourd’hui, c’est normal d’être bouleversée et perdue. » Milena s’avance vers elle, après avoir posé ses affaires, elle tente de la rassurer et c’est louable de sa part parce que Cora a juste le sentiment que ça ne pourra pas aller mieux. « Nous avons encore demain pour réfléchir à ce que vous voulez, le faire maintenant ne sert à rien. Il faut prendre le temps d’assimiler ce que vous avez entendu. » Mais à ses yeux, il n’y a à assimiler en plus que ce qui est déjà intégré dans sa tête. Elle est une étrangère, qui visiblement n’a aucun droit et que peut-elle répondre de plus ? Elle ne sait même pas ce qu’elle pourrait demander, elle n’est pas venue pour forcer un enfant à la suivre. Du moins, cette idée lui parait monstrueuse maintenant qu’elle l’a vu. « Ne regardez pas en arrière, avec des ‘si’ on refait le monde. Si vous êtes là c’était que vous cherchiez au moins des réponses. Elles n’étaient peut-être pas celles que vous attendiez mais vous les avez eues. » C’est une façon de voir les choses et Milena a raison, désormais, elle est fixée sur certaines choses dont elle ignorait le déroulé. Beaucoup de fait ont été porté à son attention, à commencer par la situation de ces ravisseurs d’enfant pour lesquels elle ne versera pas une larme et pour qui, contrairement aux auditeurs, elle ne ressent aucune sympathie et puis, elle avait tellement peur de ce moment, maintenant qu’il est passé, cela fait de la place dans son esprit même si le vent n’a pas été en sa faveur. « Je ne peux pas vous dire ce que vous désirez mais je peux vous dire à quoi vous attendre après cette première audition. » Et c’est peut-être mieux comme ça. Cora avait écouté ses souhaits à elle. Elle s’était laissé avoir par ses propres discours plein d’optimisme. Maintenant, peut-être qu’il est temps d’écouter la voix de la raison. « Et bien, dites-moi. » Qu’elle soupire, suppliant presque, ce serait dur, Milena risque d’avoir à arracher un sacré pansement qui couvre toute la délusion dont Cora a fait preuve mais, ça lui parait nécessaire. « Parce qu’honnêtement, je ne sais pas quoi attendre d’un enfant qui ne veut pas de moi, et d’une situation que je n’aurais jamais dû remuer. J’aurais du écouter mon frère et m’en tenir à laisser ma mère derrière les barreaux. » Qu’elle projette, le visage qui devient rouge, le souffle qui se coupe un peu. Elle aurait dû écouter Finn et ne pas s’entêter, se dire que pour une fois, il avait vraiment ses intérêts en ligne de mire. |
| | | | (#)Sam 9 Juin 2018 - 15:34 | |
| Assez étrangement, tu te retrouves bien démunie dans cette situation car si tu es capable de jouer avec les mots comme personne dans une cours de justice, employer les bons mots au bon moment pour réconforter quelqu’un n’est pas ton fort. Oh tu y arrives, des fois mais tu fais aussi beaucoup d’erreurs. En même temps, tu n’es pas psychologue et tu fais du mieux que tu peux. Il est évident quand vous sortez du tribunal que Cora est sous le choc et que son esprit est en train de marcher à cent à l’heure. Elle est certainement en train de repenser à toutes ses décisions, tout un tas de petits détails et tu espères arrêter ce flux de pensées. Mais c’était un peu présomptueux que de penser cela. Ayant conscience de ta maladresse, tu essaies de faire au mieux pour rassurer Cora sans lui donner trop de faux espoirs. Vu la tournure de l’audition d’aujourd’hui, tu savais très bien que vous aviez peu de chance de décrocher quoi que ce soit. Si l’enfant avait eu entre 1 et 5 ans, vous auriez eu toutes vos chances mais aujourd’hui, le temps était passé. Aujourd’hui, cet enfant avait une famille, s’était construit en Floride et n’avait aucune envie de voir sa vie changer du jour au lendemain à cause d’une inconnue. C’était dur à entendre, même pour toi, et tu savais au fond qu’il allait falloir que vous changiez de stratégie. Toutefois, tu voulais avoir les impressions de Cora avant de lui dire ce que tu pensais. Et elle ne tarda pas à te les donner en regrettant d’en être arrivée là. Tu n’as aucun mal à comprendre ce sentiment pourtant, si elle a tenu à arriver jusqu’ici c’est qu’elle attendait quelque chose et à tes yeux elle devait attendre des réponses. A quelles questions ? Tu ne saurais trop le dire mais elle devait désormais avoir les réponses en main, des réponses qu’elle aurait sans doute préféré ne jamais entendre. Une fois dans l’appartement que la jeune femme loue en Floride, elle s’écroule dans le fauteuil d’abord avant de laisser sortir toutes les émotions qu’elle gardait en elle derrière son visage de marbre. C’est étonnant à voir mais s’il y a une chose que personne ne pourra retirer à Cora Coverdale c’est son courage et sa ténacité. . « Et bien, dites-moi. Parce qu’honnêtement, je ne sais pas quoi attendre d’un enfant qui ne veut pas de moi, et d’une situation que je n’aurais jamais dû remuer. J’aurais du écouter mon frère et m’en tenir à laisser ma mère derrière les barreaux. » C’est rapidement résumé, c’est violent mais c’est aussi la réalité. Il faut que tu sois réaliste avec toi-même, vous n’êtes pas bien parties dans ce procès et aucun juge ne donnera à Cora des droits sur cet enfant qui n’est à leurs yeux, pas réellement le sien. Tu prends place en face d’elle avant de lui dire : « Très bien. Je … » Tu n’as pas envie d’être trop brutale, Cora a encaissé pas mal de coups aujourd’hui mais tu as bien peur de ne guère avoir le choix. « Dans un premier temps, il semble clair que le juge ne nous donnera pas de droit parental sur l’enfant. Arracher un enfant à sa famille ne fait jamais plaisir à un juge, surtout qu’il n’a pas montré l’envie de quitter sa famille d’accueil. » Dis-tu tranquillement. Le témoignage d’Arthur avait été ce qui avait sonné votre défaite. Mais il y avait encore certaines choses que vous pouviez demander. Certes, cela n’avait rien à voir avec ce que Cora attendait au début mais elle devait avoir compris désormais à quel point ses ambitions étaient grandes. « Dans les conditions actuelles, je pense que nous pouvons plaider pour faire reconnaître que cette adoption a été illégitime et demander des compensations. » C’était tout de même la moindre des choses. Cela ne changerait rien de concret mais les parents adoptifs seraient reconnus coupables de quelque chose. « Votre fils est un pré-adolescent. Ses parents adoptifs lui ont sans doute raconté certaines choses de leur côté qui ont amené à ce témoignage. Mais votre fils va grandir. Et quand il grandira, peut-être qu’il aura envie de vous connaître. Dans ces cas là, je veux que les informations pour vous contacter lui soient accessibles facilement et que ses parents adoptifs ne puissent pas l’en empêcher. » Dis-tu tranquillement. Encore une fois, cela n’allait rien changer à la situation actuelle mais obliger un enfant à voir sa mère biologique, ce n’est pas rationnel. « Je peux également essayer de plaider pour qu’il passe une semaine par an avec vous, dans certaines conditions mais je suis moins optimiste à ce sujet. » Lui dis-tu le plus honnêtement du monde. Voilà comment tu voyais la situation, tu avais besoin de savoir désormais ce que Cora en pensait et ce qu’elle voulait faire. « Mais que voulez-vous faire vous ? » Lui demandas-tu en insistant sur le vous.
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| | | | (#)Jeu 28 Juin 2018 - 23:50 | |
| Et petit à petit, ses pensées en viennent à réaliser ce qu’il s’est passé, ce que cela veut réellement dire pour elle : Elle a déjà perdu. Ce procès, ce n’est qu’une formalité avant de graver dans la pierre son échec mais elle le sait maintenant. Elle n’aura pas gain de cause. Elle n’aura pas ce qu’elle veut et c’est rude à apprendre, parce qu’elle avait des projets, des souhaits et que repartir bredouille n’en était pas un. Elle voulait reprendre cette part de sa vie qui s’était arrêtée il y’a douze ans mais c’était sans imaginer que lui avait continué et qu’aujourd’hui, elle est belle et bien seule, contrainte à reprendre son chemin comme si de rien était. Et Milena est là, tentant difficilement d’adoucir le propos, de ne pas rendre cette réalisation dramatique alors que tout s’effondre à l’intérieur de Cora : son garçon n’est pas le siens. Ce qui la laisse face à l’éternelle question au sujet de la suite. Maintenant que l’issus finale est confirmée, qu’advient-il d’elle et de leur plainte ? « Très bien. Je … » Elle commence à prendre la parole et Cora se mord la joue pour ne pas flancher pendant le discours de Milena. La suite ne ressemblera à rien de ce qu’elle voulait et le devoir de l’avocate étant d’être honnête, elle imagine que ses propos seront quelque peu rudes. Avant qu’elle ne prenne la parole, elle se gonfle pour pouvoir supporter. « Dans un premier temps, il semble clair que le juge ne nous donnera pas de droit parental sur l’enfant. Arracher un enfant à sa famille ne fait jamais plaisir à un juge, surtout qu’il n’a pas montré l’envie de quitter sa famille d’accueil. » C’est encore difficile à entendre mais cette vérité fait son chemin et si Cora ne parvient pas à l’accepter, elle acquiesce malgré tout devant Milena afin que celle-ci poursuit, ses états d’âmes, sa déception et la douleur de la nouvelle, elle les digèrera plus tard quand elle sera seule. Là, c’est le moment de compartimenter. « Dans les conditions actuelles, je pense que nous pouvons plaider pour faire reconnaître que cette adoption a été illégitime et demander des compensations. » Elle a un mouvement de recul, parce qu’elle n’avait pas pensé à cette part de sa plainte. Arthur allait vivre avec sa famille adoptive quoiqu’elle fasse mais effectivement, elle peut toujours réclamer que l’on reconnaisse le préjudice et la culpabilité de ces gens. « Votre fils est un pré-adolescent. Ses parents adoptifs lui ont sans doute raconté certaines choses de leur côté qui ont amené à ce témoignage. Mais votre fils va grandir. Et quand il grandira, peut-être qu’il aura envie de vous connaître. Dans ces cas là, je veux que les informations pour vous contacter lui soient accessibles facilement et que ses parents adoptifs ne puissent pas l’en empêcher. » Là, c’est une part qu’elle juge simple, même sans laisser ses coordonnées quelque part, maintenant que l’enfant connait son identité, il n’aurait aucun mal en Australie à partir à sa recherche. C’est mince. Minime. Ridicule même mais en l’idée qu’il puisse demander après à l’avenir réside un minuscule espoir qu’il y’ait un jour quelque chose. Il suffira d’être patiente. « Je peux également essayer de plaider pour qu’il passe une semaine par an avec vous, dans certaines conditions mais je suis moins optimiste à ce sujet. » L’idée ne manque pas de la faire réagir et un « Non » sort directement de sa bouche. Elle sait qu’elle peut attendre qu’il soit adulte, qu’elle peut trouver une sorte de tranquillité à se dire qu’avec ces gens, il est là où il veut et que même si elle ne l’accepte pas, ils sont ses parents. Elle sait qu’elle peut l’accepter parce que c’est ce que lui veut et qu’elle ne veut pas d’un enfant qui pourrait la détester mais l’avoir une semaine par an, ce serait juste de la torture. « Mais que voulez-vous faire vous ? » est la question et laisse Cora muette. Ce qu’elle veut relève de l’utopie et n’arrivera que dans sa tête. Maintenant qu’elle est en voie de réaliser ce fait, ce qu’elle veut, elle l’ignore. Elle pense vouloir ce que le bon sens de Milena vient de lui exposer, rien de plus, rien de moins. « Je veux en finir avec cette histoire. » Qu’elle répond, sachant pertinemment que c’est elle qui a décidé de la remuer. « Je veux fermer ce chapitre de ma vie et en commencer un nouveau sans avoir de regret. J’aimerais avancer. » Cette bête, et sûrement pas le moment pour exposer sa vie privée mais hormis sa carrière qui a toujours été un focus pour ne pas justement remuer cette histoire, elle n’est jamais allée loin dans la vie. Ce qu’elle aimerait faire, c’est tout simplement changer. « Mais, je pense que le mieux dans la situation actuelle c’est de faire ce que vous me dite. Vous êtes la voix de la raison que j’ai fait taire dans ma tête Milena. Je veux juste pouvoir me dire que j’ai eu gain de cause, qu’on a reconnu le tort qu’on m’a fait, même si ça veut dire que je récupèrerais jamais mon fils. » |
| | | | (#)Jeu 5 Juil 2018 - 21:48 | |
| Quand on est avocat, il faut apprendre à se faire le messager de bonnes comme de mauvaises nouvelles. Et il se trouve que pour Cora, les nouvelles ne sont pas très bonnes. Pour adoucir l’arrivée d’une mauvaise nouvelle, tu essayais de l’accompagner de quelque chose de positif, d’une petite lumière qui se cache dans l’obscurité. Avec Cora c’était l’idée de plaider une adoption illégale et de demander des compensations, de rendre la vie de ces gens administrativement compliquée pendant quelques mois avant qu’ils ne reprennent leur vie. Vous ne pouviez vous raccrocher qu’à ça et puis à l’espoir qu’un jour, cet enfant aura envie d’en savoir plus sur cette mère qui l’a mis au monde. C’est assez courant que les enfants adoptés veuillent en savoir plus et même si Arthur est trop vieux pour accepter d’être déraciné, il est encore très jeune et personne ne sait ce qu’il aura envie de faire au sujet de son adoption quand il sera adolescent, quand il sera adulte. Désormais, il savait qui était sa mère biologique et tu allais veiller à ce qu’il puisse la trouver sans souci, s’il décide de mener cette démarche un jour. Tu avais bien consciente que ce n’était pas ce que Cora voulait au début. Vous en étiez à des milliers de kilomètres mais elle avait assisté à la même audience que toi et elle savait qu’il était inutile de formuler ce souhait. Arthur ne rentrera pas avec vous à Brisbane, c’est sûr et certain. Tu es à peu près sûre que si tu plaides pour ces deux choses, tu auras gain de cause. Tu proposes cependant à Cora de plaider également pour qu’elle voit Arthur une fois par an mais sa réponse rapide et directe te fait presque sursauter. « Non. » Tu n’avais pas envisagé qu’elle renonce, tu avais toujours du mal à l’envisager car tu la revois dans ton bureau, si déterminée mais aussi réservée. Maintenant que tu l’accompagnais depuis des mois dans cette aventure, tu la comprenais mieux mais elle restait aussi un peu un mystère pour toi. Tu hoches la tête, c’est le plus raisonnable mais cela te brise le cœur de la voir dans cet état. Personne ne devrait avoir à revenir à la réalité de cette manière, c’était trop brutal. Tu n’ajoutais rien préférant lui demander ce qu’elle voulait elle car c’était ce qui comptait aussi. Elle ne devait pas s’en tenir à tes conseils juste pour te faire plaisir, il fallait que tu saches où elle en était de son côté, si tu devais encore pousser certaines choses lors de prochaines audiences. « Je veux en finir avec cette histoire. Je veux fermer ce chapitre de ma vie et en commencer un nouveau sans avoir de regret. J’aimerais avancer. » Tu comprends la jeune femme, tu comprends cette envie de tourner la page parce que c’est cette envie qui t’a animée quand tu es venue habiter à Brisbane. C’est cette envie qui t’a amenée à avoir tout reconstruit de zéro et trois ans plus tard, tu n’as pas de regrets. « Mais, je pense que le mieux dans la situation actuelle c’est de faire ce que vous me dite. Vous êtes la voix de la raison que j’ai fait taire dans ma tête Milena. Je veux juste pouvoir me dire que j’ai eu gain de cause, qu’on a reconnu le tort qu’on m’a fait, même si ça veut dire que je récupèrerais jamais mon fils. » Tu aimerais des fois ne pas être la voix de la raison, de pouvoir toujours donner raison à tes clients mais ce n’est pas ce qui arrive. Cora méritait mieux que ça, elle méritait particulièrement mieux que le traitement que lui avait réservé Arthur mais vous ne pouviez pas revenir en arrière. Posant ta main sur la sienne, tu lui dis : « Vous êtes très courageuse. Même si cette histoire ne se termine pas comme vous le souhaitiez initialement, vous avez fait face sans sourciller à vos démons, à vos fantômes, c’est très courageux. » Lui dis-tu le plus sincèrement du monde. Est-ce que tu serais capable d’affronter Tom aujourd’hui ? Certainement mais parce que tu as tourné la page, tu as fait la paix avec cette partie de ta vie. Si cela n’était pas le cas, tu n’en aurais pas été capable. « Il nous reste d’autres combats à mener à Brisbane mais voyez-le ainsi. Dès que vous monterez dans l’avion, vous laisserez tout derrière-vous et vous pourrez désormais vous reconstruire. Il y a trois ans j’étais aussi mal en point que vous et j’ai réussi à me reconstruire alors vous avez toutes vos chances. » Lui dis-tu avec un petit sourire pour la rassurer.
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| | | | (#)Jeu 26 Juil 2018 - 0:06 | |
| Et maintenant ? était la question à laquelle il fallait trouver une réponse. Cora aurait voulu avoir le temps d’y penser mais avec l’audience qu’elles viennent de vivre et la suivante qui n’allait pas lui laisser le temps adéquat, elle devait trouver une réponse. Au moins pour que Milena sache comment conduire son dossier parce que les ambitions de Cora les avaient menées dans une impasse. Ce qui est présentement difficile, c’est encore d’accuser le coup et de se rendre à l’évidence qu’elle n’aura pas ce qu’elle voulait. Cora avait beau s’être armée en conséquence, elle commençait à être à bout de mauvaise nouvelle et finalement, en finir le plus rapidement possible pour se permettre de tourner la page était tout ce qu’elle pouvait exiger. Milena avait tenté vainement d’alléger la situation en proposant d’ajouter à ses requêtes que le petit Arthur vienne passer une semaine en compagnie de sa mère biologique, mais pour Cora, cela venait juste à lui faire rêver que pendant sept jours elle aurait eu la vie qu’elle aurait voulu alors que la réalité l’aurait placé face à un enfant qui ne voulait pas être là. Plus jamais elle ne veut vivre ce moment de rejet et elle ne compte pas prendre le risquer de retrouver la même situation que ce matin. Si Arthur veut un jour faire sa connaissance, il faudra que ce soit sa décision et en attendant, elle est prête à s’effacer. « Vous êtes très courageuse. Même si cette histoire ne se termine pas comme vous le souhaitiez initialement, vous avez fait face sans sourciller à vos démons, à vos fantômes, c’est très courageux. » lui répond Milena, finissant presque au passage par réduire à néant les efforts de Cora pour ne pas fondre en larme vu la situation. L’actrice tient le coup mais forcément de voir l’avocate reconnaitre ses mérites, d’être là et de l’encourager, ça lui vaut de se mordre la joue pour ne pas céder au poids de l’émotion. Les deux jeunes femmes ont beau s’être grandement rapproché avec cette histoire, Cora n’est pas encore prête à s’autoriser de fondre en larme devant elle. « Il nous reste d’autres combats à mener à Brisbane mais voyez-le ainsi. Dès que vous monterez dans l’avion, vous laisserez tout derrière-vous et vous pourrez désormais vous reconstruire. Il y a trois ans j’étais aussi mal en point que vous et j’ai réussi à me reconstruire alors vous avez toutes vos chances. » Elle sonne comme si tout cela était simple, Cora commence tout juste à entrevoir la réalité et la nécessité de ne pas se laisser abattre et d’avancer, seulement faire un pas dans cette direction est une toute autre histoire. Elle garde le silence un moment en réfléchissant aux propos de Milena. Certainement que d’avoir vécu ce genre de situation la rend légitime à donner ce genre de conseil, ça ne rend pas la chose plus facile pour l’actrice. « Et comment avez-vous réussi ? » Qu’elle demande, en pensant qu’elles sont deux femmes différentes et que le mur devant lequel elles se sont trouvée reste très différent. « Je n’ai jamais eu de famille. Je viens de faire un trait sur celle que j’aurais pu avoir. Je n’ai plus de carrière. Plus beaucoup d’amis après le scandale. » Forcément, dit comme ça, rien n’est très réjouissant. « Je crois qu’un peu de justice, c’est tout ce à quoi je peux me raccrocher maintenant. » Qu’elle soutient, l’air abattue. Elle se demande sérieusement si cela suffira à la contenter. Elle soupire. Il faut qu’elle fasse face à la réalité. « Je suis désolée, j’ai l’impression de chercher votre approbation dans tout ce qui m’attends. » Qu’elle observe, en se rendant qu’elle reste pendu à tout ce que l’avocate pourrait proposer comme si cette audience l’avait éteinte. « On va faire comme vous avez dit, se centrer sur ce qu’il s’est passé, insister sur l’illégalité de leurs actes et pour après, je trouverais bien un moyen de me sortir de tout ça. » |
| | | | (#)Dim 12 Aoû 2018 - 19:11 | |
| Tu aurais aimé pouvoir aider Cora à atteindre ses objectifs, tu aurais aimé lui rendre cet enfant mais dès votre première rencontre dans ton bureau, tu avais su que c’était irréaliste. Tu avais monté le dossier malgré cela, tu avais été au bout des démarches, tu avais tout fait pour donner une direction au jugement qui sera rendu mais en vain. Le fait que l’enfant ait été adopté aux Etats-Unis ne jouait pas en votre faveur. Cela te brisait le cœur de voir la jolie rousse en face de toi se décomposer. Parce qu’elle essayait de rester impassible mais ses paroles et quelques expressions que tu attrapais à la volée sur son visage ne trompaient pas. Tu avais bien trop de tact pour le lui faire remarquer mais tu essayais avec tes paroles de la rassurer. Que Cora voit tout en noir après l’audience d’aujourd’hui, c’était normal. Mais toi, tu ne voyais pas tout en noir. Certes elle s’attendait à un autre accueil de la part de cet enfant qu’elle a mis au monde mais rien que d’en arriver jusqu’ici avait été un exploit qui demandait beaucoup de courage car ce n’est pas facile de faire face à ses démons. Tu n’as pas vraiment fait face aux tiens car pour cela il faudrait que tu te retrouves un jour face à Tom et tu ne te sens pas la force d’en arriver là quand tu te rends à New York pour voir tes parents. Pourtant, tu sais au fond de toi qu’un jour tu devras le faire, ce sera un moyen satisfaisant de tourner réellement la page pour toi. Tu essaies donc de rassurer Cora et de lui dire que tout n’est pas perdu. Elle n’a pas eu la réponse qu’elle voulait mais au moins elle a eu une réponse et elle peut désormais s’attaquer à sa vie et ce qu’elle veut en faire. « Et comment avez-vous réussi ? » Ah la question fatidique … Tu n’es pas certaine d’avoir complètement réussi car tu n’es pas tout à fait satisfaite de la vie que tu mènes aujourd’hui mais tu as tout de même réussi à avancer et à te reconstruire professionnellement ce qui est déjà un plus. « Je me suis raccrochée à ce qui me restait. J’ai passé toute mon énergie dans ma carrière pour ouvrir le cabinet que je co-gère aujourd’hui et j’ai passé du temps à reconstruire des liens familiaux avec mes frères. » Dis-tu en haussant les épaules. Cela avait fonctionné pour toi mais tu étais bien consciente que ce n’était pas une solution pour tout le monde. Il fallait que chacun trouve ce qui pouvait le pousser à avancer et Cora et toi vous n’aviez pas les mêmes histoires, c’était différent. « Je n’ai jamais eu de famille. Je viens de faire un trait sur celle que j’aurais pu avoir. Je n’ai plus de carrière. Plus beaucoup d’amis après le scandale. Je crois qu’un peu de justice, c’est tout ce à quoi je peux me raccrocher maintenant. » Tu laissais les mots de Cora s’imprimer en silence. Tu avais du mal à croire que le tableau soit aussi noir qu’elle le présentait. Certes, elle était plutôt au creux de la vague en ce moment mais tu doutais qu’elle n’ait pas quelques atouts à ressortir pour l’aider à se lancer. « Je suis désolée, j’ai l’impression de chercher votre approbation dans tout ce qui m’attends. On va faire comme vous avez dit, se centrer sur ce qu’il s’est passé, insister sur l’illégalité de leurs actes et pour après, je trouverais bien un moyen de me sortir de tout ça. » Ton cœur se serra en entendant la jeune femme te dire cela. La plupart des dossiers que tu traites ne sont pas des affaires qui se règlent en quelques semaines. Et le dossier de Cora n’était pas prêt de se terminer vu qu’elle poursuivait toujours sa mère en Australie. Il était donc difficile de ne pas créer des liens avec les personnes que tu aidais. Et tu t’étais attachée à Cora. Vous n’étiez pas vraiment des amies, ce serait aller trop loin mais tu t’étais attachée à elle et la voir dans cet état c’était insupportable. « Je vais m’occuper de plaider pour l’illégalité de l’adoption et je suis assez confiante que nous ayons gain de cause à ce sujet. » Commenças-tu à dire avant d’ajouter : « Se relever dans une situation comme la votre demande une grande force de caractère. Mais je suis persuadée que vous l’avez. Peut-être que votre carrière d’actrice est terminée mais vous m’avez parlé d’un projet, monter une boîte de production il me semble ? » Lui demandas-tu pour vérifier que tes souvenirs étaient les bons. « Je ne sais pas si c’est toujours d’actualité mais ce serait un beau projet. Et il doit vous rester quelques connexions de votre vie d’actrice qui pourront certainement vous aider. Je ne dis pas que ce sera facile mais cela peut être un premier objectif. » Lui dis-tu en haussant les épaules. Tu voulais essayer de lui faire voir la situation de manière un peu positive.
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| | | | (#)Jeu 23 Aoû 2018 - 1:34 | |
| La pilule passe difficilement. Elle sent les efforts de Milena pour tenter de l’aider à ne pas perdre pieds. L’avocate tente de nuancer la conversation et en un sens, elle n’a pas tort. Il reste encore du chemin à faire dans cette affaire. Il reste encore Brisbane et sa mère à affronter et puis, maintenant que certains de ses espoirs avaient été écrasé, elle devait encore trouver comment faire pour se ressaisir parce que si elle sait quelque chose : c’est qu’elle ne peut pas se permettre de paraître faible, fatiguée ou même malheureuse devant sa mère quand le procès aura lieu. Elle le verra et n’aura aucun mal à l’atteindre parce biais. Elle doit être épanouie et ça, ça passe par la reconstruction. « Je me suis raccrochée à ce qui me restait. J’ai passé toute mon énergie dans ma carrière pour ouvrir le cabinet que je co-gère aujourd’hui et j’ai passé du temps à reconstruire des liens familiaux avec mes frères. » Elle n’a pas osé demander directement à Milena ce qui l’avait amené à « se reconstruire » parce que malgré son affection pour elle, leur lien reste professionnel. Mais il n’était pas question de partager des souvenirs et Cora n’avait pas eu l’impression d’abuser en lui demandé des détails sur la façon dont elle avait gérer les évènements qui s’étaient imposés à elle. Sa solution lui ressemble bien. Quand ses fiançailles avec Priam avait été rompues, c’est de la même façon que Milena qu’elle s’était reprise : le travail. Cora était un bourreau. Peut-être qu’elle devrait suivre la recette qui marche : travailler et voir Finn, si possible. Mais avant ça, elle ne doit pas repartir les mains vides. C’est sa décision qu’elle expose à Milena : changer le motif de la plainte et s’assurer que ces gens ne s’en sortent pas comme s’il était permis et humain de faire ce qu’ils ont fait. Arthur peut rester. C’est son souhait et elle ne pourra jamais le forcer à l’aimer mais elle veut qu’on lui apporte justice, qu’on reconnaisse son préjudice. Elle ne s’imagine pas avancer si elle se sent comme une laissée pour compte. « Je vais m’occuper de plaider pour l’illégalité de l’adoption et je suis assez confiante que nous ayons gain de cause à ce sujet. » Contrairement à lorsqu’elle lui avait présenté sa demande de récupérer son garçon, Milena semble plus optimiste pour cette requête. Il est temps pour Cora de suivre l’exemple de la brune et d’être un peu plus réaliste aussi. Il faut qu’elle sorte grandie de tout ça. « Se relever dans une situation comme la votre demande une grande force de caractère. Mais je suis persuadée que vous l’avez. Peut-être que votre carrière d’actrice est terminée mais vous m’avez parlé d’un projet, monter une boîte de production il me semble ? » Qu’elle reprend, voulant certainement l’amener à s’occuper l’esprit avec un nouveau but. Cora avait vaguement parlé lors d’une conversation avec les parents de Milena de ses projets de production. Même si le milieu l’avait fait souffrir, Cora aime le cinéma et ne se voit pas évoluer ailleurs. Seulement, ouvrir une boite, entreprendre, elle n’en est pas encore certaine, ça parait inatteignable. « J’y pense. J’y pensais déjà il y’a quelques années mais j’étais trop jeune encore. Je vais y réfléchir sérieusement. Je ne suis pas allée à l’école, je ne sais pas comment on fait. » Bien qu’elle avait monté un refuge, Célia avait aidé pour l’administratif. Cora allait être seule et c’était le plus effrayant, créer une boite quand on y connait rien, ça fait peur. « Je ne sais pas si c’est toujours d’actualité mais ce serait un beau projet. Et il doit vous rester quelques connexions de votre vie d’actrice qui pourront certainement vous aider. Je ne dis pas que ce sera facile mais cela peut être un premier objectif. » Oui, peut-être. Elle a beau se trouver encore très jeune, elle doit sans cesse se rappeler qu’elle a vingt ans de métier et tout autant de connaissance, malgré sa disgrace. Le scandale, c’est bien la deuxième chose qui rend le projet bancale. « Tout ça, ça dépendra de la crédibilité qu’il me restera de retour en Australie. Toute cette histoire n’est pas finie et je ne sais pas où commencer. » Mais, elle allait y réflechir sérieusement parce qu’elle ne peut pas rester les bras croisés et qu’après tout, malgré ce que disent les journaux, elle vaut encore quelque chose. « Je ne sais pas si je pourrais assez vous remercier pour ce que vous faites. » Elle change brusquement de sujet, se rendant bien compte de ce que Milena tente de faire. « Je sais que c’est votre métier mais j’apprécie vraiment votre sollicitude, vous êtes un véritable soutien, merci. » C’est sincère. Elle n’avait demandé à personne de la suivre et même si elle le regrettait par moment, Milena avait être aussi supportrice que n’importe qui dans son entourage. |
| | | | (#)Mer 12 Sep 2018 - 9:00 | |
| Se résilier … C’était ce que Cora était en train de faire. L’audience qu’elle venait de vivre avait été un moment difficile pour elle et lui avait fait perdre tout espoir. Elle était loin la belle rousse déterminée à récupérer son enfant qui était entrée dans ton bureau pour votre première rencontre. Il y a l’usure du temps législatif mais il y avait aussi eu la cacophonie médiatique et puis ce coup final qui était arrivé. Bien plus violent que tu ne l’avais imaginé, tu n’aurais jamais pensé qu’Arthur la regarde dans les yeux en lui disant ne pas vouloir la connaître. Tu savais avant de venir en Floride qu’il y avait peu de chance que votre démarche porte ses fruits, du moins les fruits d’une garde complète de l’enfant et tu avais prévenu Cora en ce sens mais prévenir c’est une chose, faire face à la réalité de la situation en est une autre. Alors maintenant que vous aviez décidé de la marche à suivre, maintenant que tu savais ce qu’il te restait à faire, tu essayais de remonter le moral de la jeune femme, de lui montrer que tout n’était pas perdu. Oui certes, elle ne pourra pas récupérer son fils mais elle pouvait au moins se dire qu’elle avait fait le maximum, qu’aujourd’hui, il connaissait son existence et qu’un jour peut-être, il cherchera à la connaître. Elle pouvait essayer de tourner une page sur cette histoire pour s’autoriser à vivre pleinement de nouveau. Elle savait qu’elle avait signé un arrêt de mort pour sa carrière d’actrice mais Cora était une jeune femme pleine de ressources, elle ne pouvait que rebondir n’est-ce pas ? Tu lui reparlais donc de cette société de production dont elle t’avait parlé au détour d’une conversation pour voir si ce projet était toujours d’actualité. « J’y pense. J’y pensais déjà il y’a quelques années mais j’étais trop jeune encore. Je vais y réfléchir sérieusement. Je ne suis pas allée à l’école, je ne sais pas comment on fait. » Enfant star … Tu oubliais ce détail sur la carrière de Cora car tu n’habitais pas en Australie à l’époque où elle jouait dans des productions locales. Tu n’habitais même pas aux Etats-Unis et tu ne regardais pas souvent la télévision dans tous les cas. Cora avait dû s’entourer de proches au fil des années, des gens qui allaient pouvoir la soutenir dans son projet. « Prenez le temps de vous renseigner, de trouver les bonnes personnes pour vous aider. Beaucoup de gens montent des boîtes sans avoir été à l’école, il faut simplement bien s’entourer. » Tu n’aurais pas pu monter ton cabinet d’avocat sans Rose à tes côtés, tu en étais sûre et certaine. Tu t’étais appuyée sur ses connaissances et toi tu avais apporté autre chose et votre partenariat marchait plutôt bien parce que le cabinet venait de fêter ses un ans et demi. Tu essayais donc d’encourager Cora dans la direction de ce nouveau projet mais elle était sceptique. . « Tout ça, ça dépendra de la crédibilité qu’il me restera de retour en Australie. Toute cette histoire n’est pas finie et je ne sais pas où commencer. » Tu hoches la tête. Il est normal d’être perdue, particulièrement après l’audience d’aujourd’hui. Mais rien n’avait besoin d’être décidé dans la minute, elle avait le temps de se relever, de faire murir son projet. « Vous allez avoir le temps d’y réfléchir, de nourrir votre projet une fois que nous serons rentrées à Brisbane. » Lui dis-tu tranquillement avant que Cora n’ajoute : « Je ne sais pas si je pourrais assez vous remercier pour ce que vous faites. Je sais que c’est votre métier mais j’apprécie vraiment votre sollicitude, vous êtes un véritable soutien, merci. » C’est on métier en effet mais Cora et toi vous aviez tissé un réel lien. Tu ne savais pas si tu pouvais appeler ça de l’amitié mais en tout cas, tu étais heureuse qu’elle sente qu’elle pouvait compter sur toi. Tu avais rapidement compris que Cora affrontait tous ces évènements pratiquement seule et lui apporter un soutien t’avait paru nécessaire. « Vous n’avez pas à me remercier. Tout le plaisir était pour moi. » Et tu le pensais réellement. « Et comme ce n’est pas terminé, je vais être amenée à continuer à vous soutenir. » Lui dis-tu en te levant. Il était temps que tu retournes travailler pour déposer vos nouvelles requêtes demain auprès du juge. « Je vais vous laisser vous reposer. Si le cœur vous en dit, je dine avec mes parents et mon frère ce soir, n’hésitez pas à vous joindre à nous. » Lui dis-tu avec un petit sourire avant d’inscrire sur un bout de papier à l’entrée l’heure et l’adresse du restaurant. « A plus tard ! » Ajoutas-tu avant de quitter l’appartement de Cora, bien décidée à faire au mieux pour gagner la prochaine bataille, une bataille bien mieux engagée.
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| | | | | | | | first step of a long journey - cora |
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