| You don't play with fire - Kene |
| | (#)Dim 29 Avr 2018 - 15:38 | |
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Je suis emprisonné par les flammes dans ce petit bâtiment alors que je vérifiais s’il y avait encore des personnes présentent sur les lieux. Il fallait être sûr que tout le monde ait été évacué. Esquivant quelques endroits dangereux car fortement attaqué par les flammes, je me retrouve coincé pour faire le chemin inverse. Les flammes qui se sont propagés trop rapidement. Bordel. Je me dis que je peux courir au travers du feu si je vais vite. Après tout j’ai un équipement étudié pour. Mais ce n’est pas sans compter sur quelques obstructions sur le passage. Ca brûle bien et je commence à avoir des sueurs froides. J’ai appelé mes collègues à la radio et ils me disent être en chemin pour me sortir de là. 2 minutes, 3 minutes, 4 minutes… ça commence à faire long et mon inquiétude ne fait qu’augmenter. La pièce dans laquelle je me trouve est à moitié embrasé. Je me tiens le plus loin possible du feu et je me maudis d’avoir besoin d’être secouru alors que mes collègues ont d’autres trucs à faire sur cette intervention. Ils ont l’air très occupé puisqu’ils mettent du temps à venir. Je les relance au bout de 5 minutes. On me rassure, me dit qu’ils sont en chemin, qu’ils sont en train de se frayer un chemin neutralisant les flammes. Sauf qu’au bout de 10 minutes il n’y a toujours personne et je suis complètement bloqué. Il n’y a pas de fenêtre dans cette pièce. Mon rythme cardiaque est au plus élevé. Je crois que je vais y rester.
« Si jamais… Ca se termine mal… Tu diras à… »
Mais je suis coupé.
« Non Williamson, ils sont bientôt là ! »
J’ai beau vouloir le croire, je n’en suis pas très sûr. Ils mettent trop de temps. En plus de ça, il y’a un meuble qui se brise sous mes yeux, repoussant les flammes plus près de moi, je fais deux pas pour reculer encore plus et je vacille. Je perds connaissance.
Quand je me réveille les flammes ne sont plus. Mes collègues sont là. Comme on m’avait dit. Je me sens con d’avoir fait un malaise alors que visiblement la situation était sous contrôle. On m’ouvre ma veste, on m’enlève mon casque, ça va déjà mieux et c’est sur mes deux pieds que je quitte le bâtiment, soutenu par un collègue.
Voilà comment je me retrouve à l’hôpital avec Lene afin de voir un docteur. Je n’ai pas perdu connaissance longtemps mais ça suffit pour avoir droit à un petit check up.
« Je me sens beaucoup mieux. Je pourrais revenir demain. Visiblement ils ont pas trop le temps là. »
Il est encore tôt dans la journée. L’intervention s’est faite de nuit. Ca ne fait que dix minutes qu’on est arrivé à l’hôpital mais j’ai l’impression d’être un poids parce qu’on attend au lieu d’être de nouveau en train de bosser. Même si je sais que c’est un peu irresponsable de vouloir esquiver la consultation, je sais aussi que c’était véritablement qu’un petit malaise causé par la chaleur et mes émotions qui étaient sans dessus dessous. C’est la première fois que je me retrouve dans une situation pareille depuis un an et demi que je bosse en tant que pompier. Je savais que ça pouvait arriver, que c’est un métier à risque, mais comme ça ne m’était jamais tombé dessus, j’ai pris un peu trop la confiance. Cette intervention m’a clairement fait redescendre sur Terre. Je suis pas tranquille là maintenant et ça se ressent vu comment ma jambe tressaute sans interruption depuis qu’on est assis sur ces chaises pour patienter.
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| | | | (#)Jeu 28 Juin 2018 - 23:49 | |
| L’équipe vient d’avoir sacrément chaud au cul. Dans les couloirs de l’hôpital, à regarder ses chaussures, Lene se repasse les évènements de la nuit. L’incendie qui a eu lieu, les personnes engagés et la logistique de groupe pour stopper les flammes au plus vite avant que celle-ci n’aille sur d’autres habitations. Elle était pompier depuis plusieurs mois maintenant et même si elle n’a pas eu souvent l’occasion d’être face aux flammes, elle sait qu’à l’avenir, celui-ci la marquera de par son impact et parce que c’est la première fois qu’elle aura manqué de perdre un co-équipier dans le cadre du travail. Elle n’avait jamais réalisé auparavant combien ce métier est effectivement dangereux et qu’elle ferait mieux d’être plus sur ses gardes parce qu’un jour, elle pourra très bien se retrouver dans la même situation que Kane aujourd’hui. C’est triste d’en être arrivé là mais, de l’entendre à la radio et de voir les gars se presser pour lui fournir une porte de sortie, ça aura remis en place bien des choses. « Je me sens beaucoup mieux. Je pourrais revenir demain. Visiblement ils n’ont pas trop le temps là. » C’est lui qui casse le silence, alors qu’ils attendent côte à côte. C’est elle qui a insisté pour être là, pour rendre compte de la situation et pour s’assurer elle-même qu’il ne craint plus rien. Il n’a pas le temps de placer une nouvelle phrase qu’elle ne manque pas de réagir. « Non, ils vont bientôt arrivés. Tu restes là. » Qu’elle répond, avec une fermeté qu’on lui connait assez peu au final à cause de l’image de fille sans prise de tête qu’elle renvoi, on suppose qu’aujourd’hui est une première et une preuve que Lene sait se montre sérieuse et adulte dans certains cas. « De toute manière, c’est le protocole. Le chef te laissera pas bosser s’il n’a pas un papier du médecin qui stipule que tu n’as rien et si jamais tu pars maintenant, tu risques d’être bon pour le psy. » Parce que forcément, ça parlera de traumatisme, de choc, ce genre de chose. Ça cherchera une réponse là où il n’y en a pas pour expliquer qu’il soit parti plus tôt et si jamais il veut être vite tranquille, mieux faire ce qu’on lui demande et c’est tout. « En plus, on vient à peine d’arriver. Sois patient. » Qu’elle commande, telle une maman qui cherche à faire tenir en place son enfant. |
| | | | (#)Dim 1 Juil 2018 - 16:11 | |
| Ma tentative de fuite ne fonctionne pas. Lene est ferme là dessus. On reste ici. Ils devraient pas tarder. Ca on sait pas. Mais je veux bien la croire. C’est surtout le silence qui m’a fait parler. Je suis pas tranquille. Beaucoup trop de choses se passent dans ma tête. Je me sens à la fois effrayé, soulagé, stupide. La présence de Lene me touche, mais me stresse aussi. J’ai juste l’impression d’être un enfant. Je sais que c’est juste moi qui me monte la tête, mais avoir perdu connaissance, je me sens beaucoup trop fragile à cause de ça. Inférieur. Pas le meilleur sentiment du monde.
Je me retourne dans mon mutisme qui est peut être pas une si mauvaise idée au final, mais c’est elle qui reprend la parole. Je savais qu’il y avait un protocole à suivre mais j’ai pas cherché plus loin que ça puisque cette situation ne m’était jamais arrivé à moi. Si je dois voir un psy j’imagine bien que ça ne serait pas sur une séance. Impossible d’évaluer quoi que ce soit en un si petit laps de temps. Ca voudrait donc dire louper le boulot plusieurs jours, voir semaines, et c’est pas vraiment quelque chose qui m’enchante non.
C’est vrai qu’on est arrivé y’a pas longtemps, mais le temps se fait long. Je remarque que j’arrête pas de faire bouger ma jambe et je me force à arrêter. Je ferme les yeux, lâche un long soupire pour tenter de me décontracter et je penche la tête en arrière. Je reste comme ça quelques secondes. Je me revois dans les flammes, bloqué. Les visages de mes collègues au dessus de moi quand j’ai repris connaissance. Je me redresse, ouvre les yeux et soupire de nouveau. Je suis pas serein.
Je ne fais pas de remarque sur sa présence. Je me dis que ça doit être relou pour elle d’attendre aussi, pour moi, mais je suis quand même bien content de ne pas me retrouver seul. D’ailleurs je pense que discuter me ferait du bien, pour me changer les idées, parce que là, je ressasse trop. Faut dire que c’est encore tout frais.
« Dès que je sors d’ici je vais chez mes parents. »
Pas littéralement après parce que je compte bien me prendre une douche et me changer chez moi avant, mais on a saisit l’idée générale.
« Ca fait quelques mois que je les ai pas vu. »
Ma vie était trop remplie. Cette fois je vais prendre le temps. Je laisse passer un temps et je soupire une fois de plus. C’est clairement un wake up call ce qu’il s’est passé cette nuit. Je me tourne vers Lene, elle a l’air super tendue elle aussi. Je vais poser ma main sur sa cuisse dans un geste que je veux réconfortant. Pour elle ? Pour moi ? Certainement les deux.
« T’as pas un truc à me raconter ? Pour faire passer le temps. »
Ou pour me changer les idées surtout oui.
« N’importe quoi. T’as mangé quoi hier soir ? »
Alors qu’on a mangé ensemble à la caserne. Mais ça me semble si loin. Je réalise ma connerie et je continue avec mes questions.
« T’irais voir qui en premier après une frayeur pareille ? »
Okay on est à un autre niveau d’un coup là. Mais ouais, ça me travaille, alors je demande. Peut être trop indiscret mais j’ai confiance en Lene pour ne répondre qu’à ce qu’elle veut.
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| | | | (#)Ven 27 Juil 2018 - 0:51 | |
| C’est quelque peu surprenant de la voir en train de jouer l’adulte à imposer à Kane de rester en place plutôt que de rentrer chez lui et s’attirer plus de contraintes que nécessaire. C’est d’autant plus étrange que si les rôles avaient été inversés, elle sera déjà bien loin d’ici parce que s’il y’a bien une merde dont elle ne voudrait pas s’embarrasser, c’est bien du temps passé dans les hôpitaux mais la règle a toujours été que ce qui vaut pour les autres ne vaut pas pour elle et c’est ainsi qu’elle se permet de trancher : Kane ne lèvera pas son cul de ce banc à moins qu’un médecin ne l’y invite. Fin de l’histoire. Sa sévérité a toutefois un point négatif, c’est qu’elle ramène le silence et c’est pesant. Lene aura beau cherché un sujet de conversation, elle ne trouve rien qui pourrait ne pas paraitre indélicat étant donné la situation. Elle tente par ailleurs de ne pas faire de réflexion sur le fait qu’il bouge bien trop et que c’est agaçant, c’est peut-être là le fait le plus surprenant, qu’elle tienne sa langue. « Dès que je sors d’ici je vais chez mes parents. » Il finit par briser le silence et elle tourne les yeux vers lui. Sur le moment, elle se demande s’il n’est pas déjà en train de prendre toutes les bonnes résolutions possibles dès fois qu’à la prochaine intervention, il passe vraiment l’arme à gauche. « Ca fait quelques mois que je les ai pas vu. » Qu’il doit se sentir le besoin de justifier en observant l’expression sur le visage de Lene. Fidèle à elle-même, elle ne peut s’empêcher de répondre. « Maintenant, ça te prend comme une envie de pisser ? » Non parce qu’il sera quelque chose comme cinq heure du matin le temps qu’il sorte, donc elle espère qu’il saura faire preuve d’un peu de civisme même s’il vient de manquer d’y passer. « T’as pas un truc à me raconter ? Pour faire passer le temps. » Qu’il coupe et tout ce qu’elle a à répondre, ce sont ses épaules qui se lèvent. Clairement, pour les small talk, c’est pas à elle qu’il faut s’adresser. Lene est plutôt du genre à savoir la fermer quand elle n’a rien à dire. « N’importe quoi. T’as mangé quoi hier soir ? » C’est un sourcil qu’elle hausse, dubitative devant la pauvresse de la question. « Des pâtes. » Ouais, et maintenant libre à lui d’imaginer une merveilleuse histoire trépidante derrière cette pasta box qu’un des gars avait oublié au frigo de la caserne (ou pas, elle l’a peut-être volé, who cares ?)« T’irais voir qui en premier après une frayeur pareille ? » Qu’il finit par demander, question bien plus sérieuse qui lui donne matière à réfléchir. Cette frayeur là, elle l’avait vécu et tout ce qu’elle avait espéré, c’était de voir Tony pointer le nez à la porte pour s’enquérir de son état alors qu’elle avait des blessures assez sérieuse pour y passer plusieurs semaines. Il n’était pas venu. Ce qui ne laissait pas beaucoup de choix à Lene. « Probablement ABC News pour faire parler de mon expérience de mort imminente et trouver comment je peux capitaliser dessus. » En clamant que ça lui avait donné des dons de voyance, en parlant de la petite lumière blanche, ce genre de connerie que les gens sont capable de suivre en talkshow, sur une chaine youtube ou même en livre. « J’ai pas vraiment d’entourage. » Qu’elle explique, en réponse à l’expression que Kane fait à sa réponse. Après tout, la famille, c’est mort. Elle ne s’imagine pas vraiment partager ses impressions à Lou ou Andy sur la situation, pour peu qu’il y’ait un peu de défonce à côté, elle doute de leur intérêt et quant à Matt, il reste une option qu’elle préfère garder loin d’elle. « En tous les cas, voir tes parents me semble le genre de chose que n’importe qui ferait. » Qu’elle conclue, confortant ainsi son idée première. Elle imagine que, quand on passe à côté de la mort, la seule chose qu’on a en tête c’est de partir vérifier si y’a moyen de ramper jusque dans l’utérus de maman pour se garder protégé du monde extérieur. « Mais du coup, t’es en train de faire une liste de toute les choses que tu veux faire avant de mourir ou ça va, t’accuse le coup ? » |
| | | | (#)Lun 30 Juil 2018 - 16:45 | |
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Ca a l’air de la surprendre que je veuille aller voir mes parents tout de suite après cette histoire. Je trouve que c’est la chose la plus naturelle qui soit. Se rapprocher de son entourage, des gens qui comptent. Mais je ne fais pas de réflexion à sa remarque, j’ai surtout l’impression qu’elle disait ça juste pour combler le blanc. Pour être polie. Ou pas. Parce que quand je lui donne une autre chance de faire la conversation, elle répond assez brièvement. Ok je n’ai que moi à blâmer parce que oui, c’était tout à fait stupide comme question. Je suis même surpris qu’elle ait daigné répondre franchement. Je prends ça comme un signe qu’elle s’inquiète vraiment pour moi. Qu’elle ne cherche pas à me casser en deux à la première occasion, même si sa mine montre bien la connerie de ma question. Je passe donc au niveau au dessus. Elle met un moment avant de me répondre, elle considère la chose. Je la regarde et malgré qu’elle ne soit pas fraîche, elle reste vraiment trop agréable à voir. Sa réponse me sort de mes pensées et une chose est sûre, je ne m’attendais pas à un truc pareil. Elle doit voir mon air surpris parce qu’elle s’explique un peu plus du coup.
Personne ? Je suis sur le cul face à cette révélation. Ma main toujours sur sa cuisse, je la caresse un bref instant avant de me défaire de ce contact. La vérité c’est que j’ai envie de lui faire un hug là maintenant. Autant pour elle que pour moi. Mais je ne le ferai pas, parce que j’ose pas. Je suis con, je sais. Je devrais arrêter de réfléchir et suivre un peu plus mes pulsions. Je suis encore en train de débattre sur le hug quand elle confirme qu’aller voir mes parents est une bonne chose à faire.
« Ouais… »
Ce qui me fait penser qu’elle ne doit pas avoir de super rapports avec ses parents. Est-ce que j’ose lui poser la question à ce propos ? Non. Je n’ai pas envie de lui faire penser à des mauvaises choses alors qu’elle est là à me tenir compagnie. Je lui fais ce hug ou pas ?
Je redescends sur Terre une nouvelle fois quand elle parle de liste, de mourir, d’accuser le coup.
« Peut être bien que je devrais faire une liste ouais. »
J’hoche la tête de manière déterminé. C’est une bonne idée.
« Et la première chose qu’il y aurait sur ma liste ce serait d’arrêter de réfléchir et d’agir un peu plus. »
Je me mords la lèvre inférieure et puis… je vais passer mon bras autour des épaules de Lene avant de la rapprocher de moi en un pseudo-hug. Ce qui ressemble le plus à une étreinte quand on est tous les deux assis côte à côte. Ma main caresse son épaule alors que je la tiens proche de moi. Mon visage se pose sur le haut de sa tête et je reste comme ça un instant, m’attendant à ce qu’elle se défasse de ma prise éventuellement.
« Sache que si t’as besoin d’un numéro d’urgence, tu peux mettre le mien. »
Parce que cette fille je l’apprécie beaucoup trop. Je m’imagine très bien accourir à ses côtés en plein milieu de la nuit sur un jour off parce qu’elle me l’aurait demandé. J’en serai pas dérangé, je le ferai volontiers.
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| | | | (#)Mar 7 Aoû 2018 - 14:32 | |
| C’est observant l’expression du visage de Kane qu’elle se dit qu’elle aurait peut-être dû garder pour elle son absence de contact prêt à accourir aux urgences à trois heures du matin pour vérifier si elle va bien. Elle a vraiment le sentiment de lui faire de la peine alors que, ce n’était pas le but. C’était juste une des réponses très terre à terre, bien que diablement triste, de Lene qui n’avait pour attention qu’énoncer un fait. Maintenant, à l’observer, elle a le sentiment que c’est vraiment quelque chose de grave alors qu’en somme, il suffit de pas avoir à se retrouver à l’hôpital tous les quatre matin pour que ça soit correct. De toute manière, ce n’est pas comme si elle avait toujours été douée lorsqu’il s’agit de se lier aux gens. Lene, elle ne sait que les utiliser et ses pantins n’ont rien à faire à son chevet. « Ouais… » Qu’il répond brièvement alors qu’elle tente – on dit bien tenter – de paraitre un peu comme n’importe qui et de lui donner une conversation normale, là où son naturel préfèrerait déconner et se moquer pour cacher le malaise de la situation. Ce n’est pas simple d’être bavard quand on se prend à penser tous les quinze secondes qu’elle aurait pu être dans une morgue, à devoir raconter à un enquêteur l’accident plutôt qu’être là, à attendre un médecin pas du tout pressé. Ce n’est pas simple quand les deux minutes de peur qu’elle a eu un peu plus tôt se ressasse dans sa tête sans qu’elle arrive à penser à autre chose. « Peut être bien que je devrais faire une liste ouais. » Sa question était une moquerie détournée. Mais ça, elle sait que c’est quelque chose que bien des gens font : des listes. Des listes de tout plein de truc qu’ils auraient aimé voir arriver afin de mourir la conscience tranquille. Elle dirait que c’est morbide, mais elle imagine que quand on y passe presque, ça peut sembler un bon truc. Elle reste ravie que l’idée lui semble intéressante. « Et la première chose qu’il y aurait sur ma liste ce serait d’arrêter de réfléchir et d’agir un peu plus. » Et c’est très difficile pour elle de ne pas lâcher un « oh god » au beau milieu de la conversation parce qu’il est enfin temps que Kane décide de ne plus se prendre autant la tête, parce qu’elle ne veut pas le vanner, pas là alors qu’ils sont secoué mais une déclaration comme ça, elle l’attend depuis presque aussi longtemps qu’ils se connaissent. « Mais, c’est qu’on devient entreprenant. » Qu’elle fait remarquer alors qu’il passe son bras autour de ses épaules, un geste qu’elle ne rejette pas en s’disant qu’il peut avoir besoin de contact et puis, parce que ce n’est pas désagréable comme ça. « Sache que si t’as besoin d’un numéro d’urgence, tu peux mettre le mien. » Sa proposition lui vaut de rompre cette pseudo étreinte parce qu’elle doit se retourner pour lui faire face et observer ce grand bonhomme qui vient tout juste de lui proposer d’être sa personne. C’est touchant. Elle se dit également qu’elle a dû lui faire un peu pitié avec ses histoires mais en effet, elle sait que si elle l’avait connu lors de la tempête, elle aurait aimé qu’il vienne la voir pendant son hospitalisation. « Et bien jolicoeur, deal ! » Qu’elle lâche, sur le ton de la rigolade avant de reprendre toujours sans sérieux. « J’ai plus qu’à trouver quelqu’un qui accepterait de me débrancher si besoin est. » Oui, parce qu’il avait beau démarrer une liste pour un nouveau Kane, elle se doute bien qu’il n’a pas encore la carrure pour ce genre de chose. « Bon, et en second sur cette liste ? » Vu qu’ils en sont là, autant aller jusqu’au bout de l’exercice et puis, ça pourrait être fun de connaitre les dernières volontés de Kane. « En tout cas, n’en fait pas toute une montagne mais, je suis contente que tu sois là avec moi dans ce couloir plutôt que dans un frigo à attendre qu’on te place entre quatre planches. » Qu’elle soupire, reprenant sa place initiale, sous son bras. |
| | | | (#)Dim 12 Aoû 2018 - 13:05 | |
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Elle fait très justement remarqué que je deviens entreprenant et je pense que c’est surtout à cause de ce contact que j’ai bien amplifié entre nous. Ma main sur sa cuisse ne me suffisait pas. Elle se laisse prendre dans le moment et j’en suis bien content. La sentir contre moi me fait me sentir un peu mieux. Rassuré. C’est quand je lui dis pour le numéro d’urgence qu’elle se décolle légèrement aussi sec. J’ai dit une connerie ? Elle l’a mal pris ? Non. Elle accepte le deal et je me détends. Oubliant presque la principale raison de notre présence ici à tous les deux. Cette conversation fonctionne bien. Je ne loupe pas qu’elle dit tout ça sur un ton léger, pas très sérieux, mais je la prends au mot. Elle m’appelle Jolicoeur et je capte quand même un peu de taquinerie là dessous, mais au fond, c’est quelque chose de plutôt chou. Un petit nom qu’on donne qu’aux gens avec qui on est intime. C’est vrai qu’on l’a déjà été par deux fois, mais je ne pense pas que ça rentre en ligne de compte véritablement dans ce cas. Est-ce que je suis encore en train de trop réfléchir ? Certainement. Lene est une amie. Je peux ouvertement la qualifier de tel à présent. Elle est plus qu’une collègue de boulot avec qui je m’entends bien.
J’ouvre de grands yeux quand elle parle d’être débranché. C’est vrai qu’on est un peu ici suite à un évènement sérieux. Il faut se préparer à tout. Elle plaisante mais je la prends tout à fait au sérieux. Ca peut arriver. C’est triste mais c’est la vie.
« J’espère qu’on en arrivera jamais là. »
Ca me rend trop triste d’imaginer la chose. Clairement je ne saurais pas quoi faire si cette décision m’appartenait. Mais je suis tranquille, elle ne m’a pas envisagé pour le job. Je ne vais pas la reprendre la dessus. Je la suis. Mon bras toujours sur elle, plutôt sur le haut de son dos puisqu’elle s’est détaché légèrement. Je ne brise pas le contact parce que l’imaginer en mort cérébral m’a fichu un coup, j’ai besoin de la sentir proche, vivante. Elle remet la liste sur le tapis, oui, c’est ce dont on était en train de parler, c’est vrai. En second ? Hmmm… Je me mets à y réfléchir quand elle reprend la parole pour dire qu’elle est contente que je ne sois pas mort. Ca me fait de nouveau réaliser que je suis vraiment pas passé loin. Elle se recale contre moi et je la serre doucement alors que mon esprit est encore tout chamboulé par ses paroles et la réalité des choses. Notre présence ici. Cette intervention. Ce feu. Je reste un moment silencieux. Essayant d’arrêter ce flot d’émotions qui me traverse mais je comprends bien vite que rien ne va pouvoir y changer. C’est trop frais. Mes yeux rivés sur le mur en face, la mine concerné. J’ai véritablement l’impression que cette nuit marque le début d’un nouveau chapitre de ma vie. C’est comme cette phrase que j’ai déjà lu quelques fois sur internet. « Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une ». Avec mon boulot, je suis confronté à la mort quotidiennement. Je sais qu’on peut tous mourir du jour au lendemain, mais je n’avais jamais expérimenté ça de si près. Ca change tout.
Je vais poser ma tête contre la sienne, à la recherche d’encore plus de tendresse suite à toutes ces pensées pas très joviales. Quand bien même Lene a dit de pas m’emballer, ce qu’elle a dit m’a touché, certainement plus que si ça avait été quelqu’un d’autre. C’est après un assez long silence que je reprends la parole.
« Merci d’être là. »
Je ne lui avais pas encore dit, mais je l’ai beaucoup pensé. J’en ai oublié sa question de numéro deux. Mes pensées sont trop remplies de tous ces « si ». S’ils m’avaient pas retrouvé à temps. Si c’était ça ma dernière intervention. Si ça avait été moi la dernière fatalité de la caserne… Si mes parents étaient en ce moment même dévasté par la nouvelle de ma disparition. Je me demande s’ils mettraient un mot depuis mon facebook afin que tous mes contacts soient au courant. J’ai plusieurs groupes d’amis et ils ne les connaissent pas tous. Je pense notamment à tous ceux que je cotoie au Canvas aux soirées open mic. Si je meurs, qui leur dira ? Est-ce qu’ils se poseront des questions au bout de quelques semaines, mois ? Où est passé Kane ? Je me demande si mes proches feraient supprimer mon profil ou le garderait pour avoir des souvenirs de moi à porté de clic ?
Je sors de mes pensées quand une infirmière vient enfin à notre rencontre. A ma rencontre, c’est vrai que c’est moi le patient dans l’histoire. Je file en consultation après m’être détaché de Lene.
Quelques minutes plus tard, je ressors. Lene toujours dans la salle d’attente.
« Ca y est on est libre. »
Je lui montre un bout de papier qui me donne le feu vert de continuer mon boulot. Alors qu’on commence à se diriger vers la sortie, je vais naturellement glisser mon bras autour de ses épaules. J’ai besoin d’encore un peu de réconfort. Je sais que là, je vais rentrer chez moi pour dormir un peu avant d’aller chez mes parents. Je vais donc être tout seul pour quelques heures et je dois avouer que ce n’est pas quelque chose qui m’enchante particulièrement.
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| | | | | | | | You don't play with fire - Kene |
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