Il avait cédé, en parti parce qu’il ne pouvait jamais rien refuser à son neveu, mais surtout parce que ce dernier l’avait pris par les sentiments. « Je ne veux faire quelque chose qu'avec toi tonton ! » Quelques mots qui avaient bien mis en exergue le problème qui risquait de se poser maintenant que Gauthier était prêt à assumer sa paternité. Oliver n’était plus un enfant unique qui pouvait profiter de tous ses oncles à son bon vouloir sans avoir à les partager. Alors Gauthier avait cédé sans peine à sa demande. Dieu seul sait comment le gamin avait appris que la chaine de télévisons ABC proposait une permanence pour assister à ses émissions. Que cela soit gratuit ou non n’était pas vraiment un problème mais c’était le cas. Et parce que le gamin était habitué à suivre une unique émission sur ce canal, il avait eu l’envie soudaine de se retrouver dans le public. Gauthier peu friand de télévision en général - si ce n’était le journal télévisé - s’était renseigné auprès de sa soeur, cette dernière lui ayant assuré que le show était en général de bonne qualité et évidemment adapté pour un enfant de l’âge d’Oliver. Le trader n’avait pas cherché plus amples informations.
C’est avec quelques minutes d’avance que les deux garçons avaient pris place sur les quelques gradins autour d’une petite scène qui semblait intimiste. Rapidement, rejoint par un groupe de personnes qui avaient pris place à côté d’eux. Apparemment escorté par une blonde qui semblait un peu plus âgé que le reste de la bande. Par politesse, Gauthier avait hoché la tête en signe de salutation alors que la fameuse jeune femme ne prenait place à côté de lui. Il n’avait pas prêté plus attention à elle. Oliver non plus - qui trépignait d’impatience à ses côtés. « Tu crois que ça sera qui l’invité ce soir ? » Haussant un peu les épaules comme simple réponse Gauthier avait reporté son regard sur la scène où le présentateur venait de faire son apparition. Il lui semblait reconnaitre sa voix - qu’il avait entendu plus d’une fois depuis son bureau - quand son neveu mettait la télé un peu trop forte. Un homme plutôt charmant, un peu trop bronzé et qui était tellement enjoué qu’il en devenait presque agaçant. Heureusement, il n’avait pas fait long feu, préférant donner la parole à son invité de la soirée. Un mentaliste. « C’est quoi un mentalisé tonton ? » Se demandant encore comment il s’était retrouvé dans cette situation, le trader avait montré la scène du regard pour inciter son neveu à suivre les explications plutôt que de gigoter sur son siège. « Un charlatan… » Avait-il tout de même soufflé entre ses dents comme réponse. Ce qui en disait long sur sa croyance en ce type de divination paranormale. « Bonsoir à tous, mon nom est Arthuro Pipilino et je suis mentaliste. » L’homme était petit, plus petit que lui pour sur, habillé d’un costume qu’il n’avait de toute évidence pas taillé sur mesure, ses cheveux un peu irisé se dressant sur sa tête. Il avait la tête de l’emploi. « Je vais avoir besoin de deux volontaires ce soir. » Evidement Gauthier n’avait pas fait un geste, s'il l’avait pu il aurait sans doute tenté de se faire plus petit, mais son habitude naturelle n’était pas de se tasser sur lui même. « Vous monsieur. » Le doigt se dirigeant dangereusement vers lui il avait levé les yeux au ciel sans entrain, secouant la tête pour exprimer son désaccord. Être ici n’était déjà pas une partie de plaisir, s'il devait en plus de ça faire le cobaye pour un magicien raté. « Vas-yyyyyy tonton ! » Un regard vers son neveu et il se sait foutu, il va le faire. « Super… » Se levant sans plus d’entrain il avait stoppé son mouvement alors que le mentaliste reprenait. « Et amené avec vous la jolie blonde à vos côtés. » Un regard vers l’étrangère à ses côtés. Charmante c’est vrai, et encore inconnue.
La période tant attendue – par les élèves surtout – des sorties scolaires était arrivée. Plusieurs projets avaient été planté et dans l’optique de susciter des vocations télévisuelles aux adolescents, elle avait réussi à trouver, par le biais d’Hassan, cette participation à un talk-show programmé sur ABC. Clara ne savait pas trop dans quoi elle embarquait ses élèves mais son beau-frère s’était assuré que les élèves puissent rencontrer l’équipe de production après l’émission afin de poser des questions et se renseigner ce qui pourrait être un futur métier. C’était ainsi qu’elle voyait les choses, ils apprendraient mieux en observant les gens faire et en demandant. Evidemment, une telle entreprise, bien que validée par le conseil d’administration parce que la sortie était gratuite, signifie forcément qu’elle doit y prendre part et, Clara n’aime déjà pas vraiment regarder la télé, mais observer une émission sans avoir la possibilité de zapper rend la chose encore plus difficile et moins intéressante. Mais, elle se dit qu’elle ne le fait pas pour elle et que ça change des sorties classiques au musée. Accompagnée de son groupe, pas trop bruyant pour des adolescents jemenfoutiste mais qu’elle tient avec une poigne, elle prend à côté d’un homme à qui elle offre un sourire, dont elle espère qu’il se souviendra si ses têtes blondes perturbent l’audience. Après quelques minutes d’attentes et les explications d’un gars pour leur dire, quand rire, quand pleurer, l’émission commence et Clara reste passive à ce qui se passe. Elle se dit très vite que, ça ne doit pas être facile de travailler là-dedans. Elle essaie de ne pas juger, préférant montrer l’exemple et s’assurant de prendre part au cour de l’émission. « Bonsoir à tous, mon nom est Arthuro Pipilino et je suis mentaliste. » a annoncé l’invité, en suscitant des chuchotements de la part de ses enfants, des réflexions comme le mec de la série, ce genre de chose. Et dès ce moment, elle craint les questions d’après-émission et espère que ce cher monsieur au prénom italien ne sera pas de la partie. « Je vais avoir besoin de deux volontaires ce soir. » C’est un truc qu’elle a appris en classe, ne jamais se faire petite pour ne pas être remarqué et elle apprécierait qu’il n’ouvre pas la porte au Chahutage en choisissant un élève. « Vous monsieur. » Technique approuvée. C’était à son voisin de venir et quel pourcentage de chance qu’il choisisse une personne située au même endroit ? « Et amené avec vous la jolie blonde à vos côtés. » Visiblement, élevé. Il lui semblait que les gens choisi dans le public était d’ordinaire prévu à l’avance. Ce qui se passe là ne la fait pas sourire et parce que visiblement, son voisin est un gentleman, elle passe devant lui pour rejoindre le plateau, sous les cris de gorille de ses élèves. Essayez de la garder calme après ça ! Un technicien venu lui brancher un micro lui fait rapidement signe de s’avancer sur la scène. Elle déteste ça. Et elle est certaine que ça se voit sur son visage. « Alors mademoiselle, dites-nous tout, que faites-vous dans la vie ? » avait entamé le présentateur avant que Monsieur Pipiaulit ne fasse son tour de passe-passe. « Et bien, je m’appelle Clara, j’ai vingt-sept ans et je travaille dans un lycée en tant que conseillère d’orientation, mes élèves sont d’ailleurs dans le public parce que nous sommes en sortie scolaire et j’en profite pour leur dire de ne pas profiter d’être sans surveillance pour être dissipé. Sinon, je vis ici à Brisbane depuis toujours et je pense profiter de la caméra pour saluer mon père qui ne devait pas s’attendre à me voir à la télévision ce soir, bonsoir papa, comme vous pouvez le constater, je suis également très mal à l’aise et par conséquent, je vous demanderais de respecter ma zone de confort. » Qu’elle souligne, en aillant l’air aussi gentille qu’elle le peut, bien qu’elle se moque de partir en pleine émission pour ça. Son acolyte, enfin branché, s’empresse de la rejoindre. Il y’a quelque chose qui lui dit qu’il n’a pas l’air très enjoué d’être là non plus. Sûrement très peu réceptif aux tours de passe-passe. « Et donc monsieur, à votre tour de vous présenté ! »
Il tente de faire bonne figure, de ne pas insister pour qu’on invite quelqu’un d’autre à monter sur scène. Conscient que ça serait une vraie déception pour son neveu s'il rebroussait chemin maintenant. Laissant passer l’autre victime d’Arthuro devant lui, il essaye tout de même de magouiller quand vient son tour de se faire brancher au micro. « Serait-il possible d’échanger ma place avec mon neveu ? » Il ne doute pas qu’Oliver soit bien plus intéressant et drôle que lui pour une audience télévisée. « Désolé mais monsieur Pipilino vous a choisi. » même dans la bouche de l'assistante télévisée - où peu importe ce qu’elle était - ce nom ne semblait pas plus crédible. Un peu renfrogné il finit tout de même par rejoindre son acolyte qui vient de se présenter et semble aussi heureuse que lui d’avoir été choisie. Il lui adresse un mince sourire compatissant. « Et donc monsieur, à votre tour de vous présenter ! » La tache ne lui semble pas compliquée, comme son interlocuteur il fixe la caméra qui est bien trop proche de lui à son avis pour le mettre un tant soit peu en valeur. « Je m’appelle Gauthier et je suis trader. » Un résumé simple et suffisant de sa personne qui en dit long sur son envie de communiquer avec le charlatan et son sourire à deux balles. « Eh bien, j’en déduis que vous n’êtes pas un bavard. » Capitaine obvious devant lui. « Mais il va nous en falloir un peu plus, d'où nous vient ce charmant accent Gauthier ? Et vous devez bien avoir des passions, qui vous accompagne ce soir ? » Bien trop de questions et un débit de mots qui avaient commencé à l’agacer dès la deuxième questions. Il se force pourtant à faire un sourire, jetant un regard à son neveu qui sautille de plaisir sur sa banquette, maintenant délesté de deux personnes. Après un léger soupire désabusé il reprend en mimant un intérêt pour son descriptif. « Mon nom est Gauthier Hazard-Perry, je suis proprietary trader pour la Commonwealth Bank ce qui veut dire que j’ai carte blanche pour spéculer avec les capitaux bancaires sur tous les marchés. Je suis originaire de Londres et habitant de l’Australie depuis maintenant quelques années. Mes passions sont l’alpinisme, la navigation et le silence. Je suis venu ce soir accompagner mon neveu Oliver, qui aurait sans aucun doute préféré être à ma place. Je n’apprécie pas particulièrement le fait de parler de moi, je ne suis pas un adepte des shows télévisés et encore moins des mentalistes alors j’attends de voir si vous allez pouvoir me faire changer d’avis. » Il y a peu de chance, et l’enthousiasme n’est en plus de ça pas au rendez-vous. À n’en pas douter, ce cher Pipilino se mord les deux d’avoir choisi les deux jeunes gens. « Très bien, voilà qui est plus intéressant. Vous n’êtes donc pas venus ensemble. » Tous deux hochant la tête pour confirmer. « Il émane pourtant de vous des auras compatibles, vous formeriez un couple très bien assorti. » Et le voilà qui commence. Gauthier qui lui se retient de lever les yeux au ciel. « Je suis sur que vous ne diriez pas non Gauthier. » Le malaise est palpable maintenant - lui qui se croyait en présence d’un mentaliste se retrouver avec un agent matrimonial. « Mademoiselle est charmante mais nous ne nous connaissons pas. » Ce qui semble tout de même être important pour commencer une quelconque relation - pour peu qu’il en veuille une - sa capacité émotionnelle étant proche de celle d’une larve. « Et vous Clara ? » Espérant que l’interrogatoire allait bientôt finir pour passer au show Gauthier avait jeté un regard à son neveu qui regardait Clara avec attention - espérant sans doute que le mentaliste allait trouver la perle rare à son solitaire d’oncle.
Il n’a pas encore dit un mot mais Clara espère vraiment qu’ils l’ont couplé avec quelqu’un du métier, de très sociable et qui saura détourner l’attention d’elle parce qu’elle n’est pas à l’aise. Elle n’est déjà pas de nature bavarde mais de se retrouver là, plantée devant ses élèves et à la merci de leurs plaisanteries, dont elle entendre sûrement encore parler pendant des semaines, ça ne la ravit. Elle sait qu’on est sur une émission de divertissement mais il existe des personnes dans la salle qui essaient d’éduquer. « Je m’appelle Gauthier et je suis trader. » Présentation simple. Elle tourne le visage vers lui, espérant qu’il y’en ait plus qui viennent mais visiblement, non. « Eh bien, j’en déduis que vous n’êtes pas un bavard. » Merci captain obvious. Clara est présentement en train de se décomposer, qu’on lui rappelle de poser dans la boite à idée en partant de faire des pré-sélections de gens pour ces tours de passepasse. « Mais il va nous en falloir un peu plus, d'où nous vient ce charmant accent Gauthier ? Et vous devez bien avoir des passions, qui vous accompagne ce soir ? » C’est là qu’elle se congratule d’avoir au moins fait semblant de se présenter parce qu’elle aurait détesté qu’on lui force la main comme on est en train de le faire. « Mon nom est Gauthier Hazard-Perry, je suis proprietary […] je ne suis pas un adepte des shows télévisés et encore moins des mentalistes alors j’attends de voir si vous allez pouvoir me faire changer d’avis. » Et le pire, c’est qu’elle garde le doute qu’il soit un acolyte de Mr Pipiaulit parce que là, c’est pas possible qu’il ait nominé deux personnes comme ça sans qu’il y’ait un piège derrière. « Très bien, voilà qui est plus intéressant. Vous n’êtes donc pas venus ensemble. » Elle hoche la tête, non, le hasard les a juste placé l’un à côté de l’autre. Si elle avait su, elle aurait mis une de ses élèves là, pour que ce soit elle qui se fasse chambrer. Quoique, serait-ce vraiment mature ? « Il émane pourtant de vous des auras compatibles, vous formeriez un couple très bien assorti. » Observe alors le mentaliste, fronçant ainsi les sourcils de Clara qui se prend à observer un peu plus en détail son partenaire. Effectivement, le côté viril, elle aime ça mais peut-être est-il un peu jeune. « Je suis sûr que vous ne diriez pas non Gauthier. » Bah, il aurait plutôt intérêt parce qu’il est hors de question qu’elle se prenne un vent à la télévision devant une audience. « Mademoiselle est charmante mais nous ne nous connaissons pas. » Qu’il répond, simplement, avant qu’un de ses élèves se risque à crier un « Chopez le Miss D. » à travers le public dont les regards retournés l’aident grandement à trouver la source de ce bruit. « Et vous Clara ? » Revenue à ce qu’il se passe, elle admet très honnêtement sans que ça ne l’engage à trop. « Monsieur a beaucoup de ressemblance physique avec mon petit ami. » Grand. Brun. Plutôt musclé. Une pilosité faciale développée. Un métier sérieux. Des vêtements habillés. Et beaucoup de retenu visiblement. « Mais, je pense que j’aurais dû vous le préciser et je le fais maintenant, ce sera pour vous épargner une humiliation devant votre audience si jamais vous vous aventurez sur ce terrain-là. » Oui, parce que du moins officiellement, Clara est heureuse et en couple et qu’elle aimerait que ce monsieur s’égare sur cette pente, surtout s’il est vraiment ce qu’il clame être. « Mais non, je vais montrer au public à quelle point votre connexion est véridique. « Gauthier, pouvez-vous mélanger ce paquet de carte ? » Qu’il demande, en tenant au jeune homme le jeu. « Et ensuite, vous allez me tirer 7 cartes, purement au hasard. »
La mentaliste à mal commencé avec lui, se lancer sur la pente d’une mise en couple à la télé n’est pas la bonne idée, il est tombé sur le mauvais cheval pour ça. Et s'il reste courtois pour ne pas blesser la jeune femme qui au demeurant est réellement charmante il essaye de couper court à la conversation alors qu’une voix de jeune se fait entendre. « Chopez le Miss D. » Charmant personnage. Il ne se réjouit pas de voir son neveu, et maintenant son fils, devenir des adolescents. Il y est déjà passé avec ses frères et on ne peut pas dire que cette étape ait été une réussite pour leurs relations. « Monsieur a beaucoup de ressemblance physique avec mon petit ami. » Il la remercie silencieusement de mettre fin à la mascarade avant de créer un mélodrame. « Mais, je pense que j’aurais dû vous le préciser et je le fais maintenant, ce sera pour vous épargner une humiliation devant votre audience si jamais vous vous aventurez sur ce terrain-là. » Pour l’humiliation elle est déjà plus ou moins enclenchée, mais Arthuro ne semble pas être de ses hommes qui perdent le nord. Déjà il enchaine en attrapant ses cartes. « Mais non, je vais montrer au public à quel point votre connexion est véridique. Gauthier, pouvez-vous mélanger ce paquet de cartes ? Et ensuite, vous allez me tirer 7 cartes, purement au hasard. » Soupirant légèrement en comprenant que leur effort commun n’ont pas suffi à dissuader le mentalisme Gauthier se plie tout de même à ses exigences en attrapant le tas de carte. « Et vous comptez nous le prouver avec des cartes ? Vous êtes aussi voyante et tireuse de carte ? » Se retenant d’en dire plus Gauthier avait comme demandé mélangé les cartes avant de tirer les 7 du dessus sans même faire l’effort de les choisir. « Voyons Gauthier un petit effort. » Reprenant les cartes du trader le mentalisme avait repris le flambeau en les mélangeant. « Dites moi stoppe quand vous voulez que je garde la carte. » Pour bien embêter le mentaliste, Gauthier était resté sur ses positions en choisissant les 7 premières cartes que le mentalisme avait remis dans les mains du trader. « Ces chiffres vous évoquent quelque chose ? » Devant lui se dessinaient les 7 cartes, des chiffres aléatoires qui n’évoquaient rien chez lui. « Pas du tout. » Relevant les yeux vers l’homme ce dernier avait souri. « Pas même le cours de la bourse ? » Riant seul à sa blague il était venu se placer au côté de Gauthier. « Si je vous dis mon cher Gauthier. » Bon Dieu il n’allait pas commencer à l’appeler comme ça, c’était déjà bien assez gênant pour lui. « Que ces cartes comptent le temps… Et qu’elle vous indique une date. » regardant les cartes avec plus d’attention il pouvait bel et bien créer une date de ces dernières. « Si on prend comme postulat que le Q de la reine peut être considéré comme un zéro. Ça nous donne le 8 octobre 1990. » Regardant l’homme toujours aussi incertain. « C’est bien joli mais cette date ne veut rien dire pour moi. » Et il n’avait aucun doute à ce propos, son cerveau formaté pour retenir tous les chiffres, il connaissait tous les dates importante à sa vie. « Ce que je voulais vous prouver ce soir c’est votre inéluctable destin lié non ? » Se tournant cette fois vers la blonde il avait repris. « Clara, cette date vous évoque-t-elle quelque chose ? » avait questionné le petit homme, d’un air bien sûr de lui.
Elle ne bouge pas et ne demande pas son reste tant que la démonstration reste concentrée sur Gauthier. Elle se sent déjà bien assez ridicule comme ça, devant ses élèves en plus. Si le ridicule ne tue pas, il endommage gravement et là, c’est son autorité qui est en train d’être remise en cause. Un bon motif pour ne plus jamais tenter ce type d’expérience « Et vous comptez nous le prouver avec des cartes ? Vous êtes aussi voyante et tireuse de carte ? » Demande Gauthier au mentaliste quand celui-ci lui propose de tirer les cartes. Elle reste aussi interdite que son partenaire mais préfère ne pas trop le provoquer et se la jouer profil bas. « Voyons Gauthier un petit effort. » rajoute l’expert en reprenant les cartes à son tour pour mieux les mélanger, visiblement la mauvaise volonté du trader arrive tout de même à percer son calme olympien. « Dites-moi stoppe quand vous voulez que je garde la carte. » Et il s’exécute, tandis qu’elle reste sur le plateau à sourire et observer. Peut-être que si c’était pour faire la potiche, elle aurait mieux fait de rester dans le public non ? Et là, c’est le moment où les cartes sont sur table. Elle leur accorde un bref regard, n’étant pas curieuse, elle apprécierait qu’il passe au dénouement. « Ces chiffres vous évoquent quelque chose ? » Hormis un tour raté ? Elle ne fait que la penser tout bas, rien ne lui ait demandé et tant mieux. « Pas du tout. » « Pas même le cours de la bourse ? Si je vous dis mon cher Gauthier. » Son regard se perd à discerner ses élèves et à observer l’expert. Le public semble pendu à la résolution de l’énigme, du moins, c'est ce qu'elle perçoit du calme parce qu'il faudrait être nictalope pour voir au delà des projecteurs. Bien, que ça reste sous contrôle. « Que ces cartes comptent le temps… Et qu’elle vous indique une date. » Intéressant. Elle n’écoute même plus ce qu’il se joue, c’est la date que Gauthier annonce qui la sort de ses pensées. « Si on prend comme postulat que le Q de la reine peut être considéré comme un zéro. Ça nous donne le 8 octobre 1990. » Elle se redresse. Arthuro le remarque, Gauthier non. Cette date, ça la concerne elle « C’est bien joli mais cette date ne veut rien dire pour moi. » Et c’est peut-être à ce moment là où elle devrait lui suggérer de ne pas trop se moquer, parce que ce mec est fort quand même. « Ce que je voulais vous prouver ce soir c’est votre inéluctable destin lié non ? » ajoute Arthuro, en se tournant vers elle pour poser la question liée à la remarque qu’elle se retient de faire. « Clara, cette date vous évoque-t-elle quelque chose ? » Elle soupire. Un peu blasée qu’il ait eu raison, et en même temps, un peu soufflée aussi ! « Oui, c’est ma date de naissance. » Et là, c’est le public qui applaudit, Arthuro qui fait le fier parce que son tour a marché et Clara qui applaudit avec tous les autres parce que c’est ce qui est attendu d’elle. « Et voilà mesdames et messieurs, quelle chance que ce soit cette combinaison qui tombe ? Mais, restez avec nous, on revient avec nos deux invités pour un second tour juste après la pub ! » Qu’il annonce, nouveaux applaudissements et tout l’monde semble se mettre en off. Elle soupire, pas réjouie pour un sous d’être à nouveau le cochon de foire et de voir un pseudo magicien souffler un public avec un paquet de carte. « Il a dit second, ça veut bien dire dernier non ? » Qu’elle demande à son partenaire, sûrement aussi pressé qu’elle de rejoindre l’audience. « Je veux dire, d’un point de vue sémantique. » Oui, parce que là, sa tête est à étudier la tautologiedes propos du magicien.
Il est sceptique et pas qu’un peu, alors quand la date annoncée ne lui évoque rien il se dit simplement que cet Arthuro doit être bon pour les humiliations publiques. Mais c’est tout de même étrange qu’un charlatan de la sorte soit invité sur un plateau de télé avec une si bonne réputation. Alors quand il se tourne vers la jolie blonde à ses côtés il blêmit légèrement. Comprenant que le plus ridicule ne sera pas le mentaliste quand il voit le visage de la blonde. Elle semble aussi étonnée que lui. « Oui, c’est ma date de naissance. » Impossible. Voilà ce qu’il se dit alors que tout le monde applaudit et que lui reste les bras ballants. Il observe maintenant la blonde avec plus d’attention, ces pseudos élèves assis proche d’Oliver. C’est louche, tout ça c’est vraiment louche. « Et voilà mesdames et messieurs, quelle chance que ce soit cette combinaison qui tombe ? Mais, restez avec nous, on revient avec nos deux invités pour un second tour juste après la pub ! » Lui qui espérait pouvoir s’échapper à la pub voilà ses rêves détruits avec quelques mots. « Il a dit second, ça veut bien dire dernier non . Je veux dire, d’un point de vue sémantique. » Le regard qui retrouve la blonde, perdu dans ses pensés il avait presque oublié qu’il n’était pas seul sur cette petite scène. Un vrai gentleman pour sûr. « Je ne suis pas sûr qu’Arthuro ce souci de la sémantique. Mais c’est vous la prof n’hésite pas à le lui rappeler. » Si cela peut permettre de mettre fin plus vite à son supplice. Oliver qui lui fait des grands signes et son oncle qui répond plus discrètement avant de tourner à nouveau son attention sur la jeune femme à ses côtés. « Maintenant que les caméras sont éteintes vous pouvez me le dire. » Si c’est un jeu d’acteur elle est plutôt douée il ne peut pas le nier - mais il ne voit pas d'autres solutions pour que le petit homme ait trouvé si facilement sa date de naissance. « Vous êtes de mèche. Son assistante ? Sa partenaire ? C’était plutôt impressionnant je ne peux pas le nier. » Surprenant en tout cas, Gauthier ayant été pris à son propre jeu pour le coup. Et elle a à peine le temps de répondre qu’une petite tornade lui saute dessus. « C’était trop cool tonton ! » Il saute partout s’arrête pour regarder Clara après quelques secondes. « Bonjour Madame, c’était vraiment votre date d’anniversaire ? » Même un enfant innocent se pose la question. Ce qui donne une pointe de fierté à Gauthier, heureux de voir que son neveu ne gobe pas tout sans réfléchir. « Mon neveu Oliver. » Elle l’aura sans doute deviné, mais lui reste toujours aussi suspicieux. « Vos élèves ne viennent pas vous voir ? » Elle a l’air de la prof plutôt cool, pas de celle dont on a honte, s'ils sont vraiment ses élèves, ou veulent au moins faire le job de figurants correctement, ils devraient arriver assez rapidement.
Et c’est la pause pub. A quelques mètres, Arturo se fait repoudrer le nez et l’observant, Clara ne peut penser autre chose qu’il aurait été facile de parier qu’une personnalité comme la sienne avait facile besoin d’une retouche tous les quart d’heure. Cette pensée ne fait que faire grandir l’espoir que bientôt, ce sera terminé et qu’ils passeront à autre chose. Après tout, il y’a d’autres invités ce soir nan ? Une confirmation qu’elle essaie de trouver, de manière détournée auprès de Gauthier, en s’disant que si ce dernier était de la boite, alors il pourrait au moins lâcher un indice quelque part. « Je ne suis pas sûr qu’Arthuro ce souci de la sémantique. Mais c’est vous la prof n’hésite pas à le lui rappeler. » Qu’il conseille, sa réponse n’apportant pas grand-chose à sa réflexion, elle se dit juste de s’en contenter étant donné qu’il subsiste le doute qu’il soit aussi innocent qu’elle dans cette affaire. « Je le ferais. » Qu’elle assure, revenant à son silence habituel, ses yeux qui tentent d’effectuer un minimum de surveillance auprès de la marmaille en rut qui lui sert d’élève. « Maintenant que les caméras sont éteintes vous pouvez me le dire. » Qu’il poursuit, prenant un air inquisiteur. « Vous êtes de mèche. Son assistante ? Sa partenaire ? C’était plutôt impressionnant je ne peux pas le nier. » Et c’est la surprise qui la gagne, essaie t-il de se la jouer Cheval de Troie ou pense t-il vraiment qu’elle est de mèche ? Il a raison sur un point, c’était impressionnant et bien plus si Arturo a effectivement réussi à accomplir son tour en sélectionnant deux personnes lambda. « Je me pose exactement la même question à votre sujet, on est plus à l’époque où les assistants doivent forcément être des femmes après tout. » Qu’elle répond, désignant qu’il pourrait tout aussi bien la tromper avant d’ajouter à sa décharge. « Et peut-être même que l’accent britannique n’est qu’une tentative de diversion. Qui sait ? » Bon, c’est bête mais elle reste tout de même rationnelle, ils ont été choisi au hasard et Arturo maitrise juste vraiment bien son sujet, ils ont pas été assez attentif au sujet du tour à jouer mais ça, elle n’a pas le temps de le dire qu’ils sont interrompu par une demi-portion. « C’était trop cool tonton ! » Et la pensée qui l’effleure à ce moment là, c’est que s’il avait été un comédien, l’enfant ne serait pas seul dans l’audience etce fait semble confirmer ce que sa rationalité commence à admettre. Désormais, il lui suffira juste d’accepter d’en prendre plein les yeux et c’est tout. « Bonjour Madame, c’était vraiment votre date d’anniversaire ? » « Et oui, tu veux voir mes papiers ? » Qu’elle propose pour réponse, bien que son sac à main ne soit pas avec elle et qu’elle ne soit pas en mesure de le faire vraiment, mais le fait qu’elle acquiesce appuie. « Mon neveu Oliver. » Gauthier présente brièvement l’enfant, avant de poser une question qui tend à faire d’elle une suspecte à nouveau. « Vos élèves ne viennent pas vous voir ? » Un coup là où ils sont et elle imagine déjà l’enfer que ce serait s’ils étaient tous là, autour d’elle à poser des questions. Que monsieur profite du temps qu’il lui reste avant d’avoir à accompagner son neveu à ses sorties scolaires. « Non, ils ont interdiction de bouger de leur siège. Vous avez idée de la place que ça prend un troupeau d’adolescent ? » Et elle demande sérieusement, parce que ça en prend, et ça écoute pas, et ça demande de l’énergie et que là, ils sont tout de même dans un endroit sérieux. « Je ne vais pas leur donner l’occasion de s’exciter encore plus. On est dans le cadre d’une sortie scolaire tout d’même. » Qu’elle rappelle, mais si elle convient que le choix de la visite reste quelque non conventionnelle. « Mais j’imagine que si vous étiez de mèche, vous ne laisseriez pas un enfant seul dans l’audience donc j’imagine que nous n’avons plus qu’à serrer les dents en attendant d’être à nouveau tourné en ridicule ? » Qu’elle poursuite, observant ce chercher mentaliste faire signe que son teint lui convient, signe que la pub ne devrait pas s’éterniser. « Tu en as pensé quoi toi ? » Qu’elle demande à Oliver, histoire de savoir de quoi ça a l’air de l’extérieur.
Gauthier reste sceptique, ce qui n’a rien de bien étonnant. Le trader étant plutôt terre à terre, l’idée qu’un inconnu puisse si facilement trouver la date de naissance d’une personne au hasard dans le public lui semblait improbable. Et il n’avait pas manqué de le faire remarquer à la jolie blonde à ses côtés. « Je me pose exactement la même question à votre sujet, on est plus à l’époque où les assistants doivent forcément être des femmes après tout. » Il fronce légèrement les sourcils, tout de même amusé par cette remarque bien sentie. « C’est bien plus le coup de la date de naissance que vos attributs féminins qui me font douter. » Bien que dans son esprit un peu vieux jeu, l’assistante était bien souvent une femme. « Et peut-être même que l’accent britannique n’est qu’une tentative de diversion. Qui sait ? » Il sourit un peu plus maintenant. « Qui sait. » Comprenant qu’il ne tirait sans doute rien de la blonde, qu’elle soit ou non l’assistante du magicien/mentaliste/charlatant où peu importe comme il se décrivait.
Oliver était de toute façon venu couper leur conversation pour interroger la blonde, lui aussi légèrement sceptique. « Eh oui, tu veux voir mes papiers . » Si Oli avait fait non de la tête, Gauthier pour sa part n’aurait pas été contre l’idée. Et le fait que ses élèves ne le rejoignent pas ne faisait qu'augmenter un peu plus ses doutes. « Non, ils ont interdiction de bouger de leur siège. Vous avez idée de la place que ça prend un troupeau d’adolescent . » En réalité pas vraiment, mais s'il devait estimer avec la place que prenaient les amis de ses frères dans sa maison il pouvait bien se faire une idée du chaos. « Ils vous obéissent aux doigts et à l’oeil à ce que je vois. » et en voyant le gabarit de la jeune femme il ne doutait pas qu’elle doive avoir un caractère du feu de Dieu pour réaliser cet exploit. « Je ne vais pas leur donner l’occasion de s’exciter encore plus. On est dans le cadre d’une sortie scolaire tout d 'même. » Et le fait que leur prof soit choisie comme cobaye devait rendre la sortie encore plus attrayante.
« Mais j’imagine que si vous étiez de mèche, vous ne laisseriez pas un enfant seul dans l’audience donc j’imagine que nous n’avons plus qu’à serrer les dents en attendant d’être à nouveau tourné en ridicule . » Oliver fronce les sourcils en regardant son oncle, sans vraiment comprendre probablement. « Tu en as pensé quoi toi . » La voila qui parle à son neveu. « Vous n'étiez pas ridicule ! C’était trop cool ! » Enfin c’était surement bien plus le mentaliste qui l’avait surpris et ses deux cobayes eux étaient passés pour des godiches. C’était du moins l’impression qu’il avait, espérant que ce cirque prenne fin au plus vite. « Nous reprenons dans deux minutes. » La voix était venue de derrière lui. Sonnant l’heure pour Oliver de retrouver sa place dans le public. Le temps que les maquilleuses viennent leur repoudrer le nez rapidement - manquant de le faire éternuer en passant son pinceau sous ses narines.
Rapidement Arthuro avait repris place entre ses deux nouveaux acolytes, posant une main sur l’épaule de Gauthier comme si ils étaient des vieux amis, ce qui lui avait fait momentanément serrer les dents, détestant ce type de contact physique avec de parfait inconnu. « Nous sommes de retour dans les locaux d’ABC pour prouver à ses deux personnes leur lien inéluctable. » Roulant des yeux, il en avait rapidement conclu que le mentaliste n’en avait pas fini de jouer les cupidon. « J’ai ici avec moi un livre, un grand classique de l’amour pour vous, les amants maudits, Roméo et Juliette. » Jusqu’ici rien d’extraordinaire. « Je vais pour vous mademoiselle faire défiler les pages et vous me direz stop quand vous le sentez. » Le mentaliste s’était cette fois tourné vers la blonde, son livre en main. « Vous voulez peut-être vérifier le livre avant ? Nous en lire un passage même ? » Bien heureux que la corvée ne tombe pas sur lui, il était tout de même désolé pour Clara, qui n’était pas beaucoup plus à l’aise que lui quelques minutes auparavant.
« Vous n'étiez pas ridicule ! C’était trop cool ! » Malgré l’optimisme du petit garçon, il reste difficile pour Clara de croire qu’elle s’en sortira avec sa dignité. Elle pense déjà discerner les smartphone de ses élèves dans la pénombre, dégainé pour capturer le moindre moment qui pourrait être un peu gênant pour leur éducatrice. C’est pour s’éviter une perte d’autorité qu’elle semble autant sur le qui-vive de l’image qu’elle revoit. Il est gentil Arthuro, mais ces conneries là, ça ne lui rend pas service du tout. « Nous reprenons dans deux minutes. » annonce de l’un des techniciens, ce sont les maquilleuses qui se déchainent sur eux. Faute de n’avoir pu le faire au premier tour. Clara tient bon. Le mentaliste n’est pas le seul invité de la soirée après tout. « Nous sommes de retour dans les locaux d’ABC pour prouver à ses deux personnes leur lien inéluctable. » Elle essaie de garder la face à la caméra, se promettant de parler de ce moment extrêmement gênant à Nicolas parce que ce n’est pas faute d’avoir parlé de son existence qui semble arrêter le mentaliste. Ses soupirs et ses rollades, elle les garde pour elle mais difficilement. « J’ai ici avec moi un livre, un grand classique de l’amour pour vous, les amants maudits, Roméo et Juliette. » Et là, peut-être qu’elle devrait saisir le moment pour critiquer l’œuvre choisie, qu’une pièce de théâtre sur deux adolescents qui ont mis fin à leur jour pour une amourette de trois jours n’étaient pas le plus parlant, mais s’il y’a une chose qu’elle vient de retenir, c’est qu’il vaut mieux éviter de chercher à tourner en dérision l’expert. Il semble parfaitement apte à la battre à son propre jeu. C’est pourquoi, elle obéit sagement. « Je vais pour vous mademoiselle faire défiler les pages et vous me direz stop quand vous le sentez. » Gros plan sur le livre en question. Sur Clara qui acquiesce, silencieusement. « Vous voulez peut-être vérifier le livre avant ? Nous en lire un passage même ? » Un haussement de sourcil. Non, s’il avait fallu qu’elle lise une œuvre de Shakespeare à haute voix, elle aurait préféré qu’il en choisisse une plus intéressante mais nul besoin d’ouvrir un débat, elle reste libre de refuser. « Non, ça ira. Je vous fais confiance.» Qu’elle répond sèchement, invitant le charlatan à poursuivre. « Bien, dites-moi stop quand vous le sentez. » Et personne n’aura eu le temps de compter jusqu’à trois qu’elle annonce le « stop ! » demandé, se disant que le livre n’était non plus à ce point énorme et qu’il en viendrait vite à bout de toute manière. « Très bien, notez la page que vous avez décidé, mais attention, ne la montrez pas à Gauthier, il est préférable qu’il l’ignore. » Un haussement d’épaule plus tard, la page est retenue. Scène deux de l’acte deux, page 41. Elle lui retourne le livre, qu’il refuse prétextant que pour l’expérience, elle doit le garder. « Maintenant, je vais prendre quelques notes sur ce papier que je vais tendre à Gauthier. » Sitôt dit, sitôt fait. Il revient à elle. « Maintenant Clara, je vais deviner la page que vous aviez en tête. Ce n’est pas si compliqué, vous allez énumérer les nombres, vous vous trahirez. » Une nouvelle fois, elle reste convaincue d’être encore capable de cacher ses pensées mais ne réplique pas, elle n’a pas besoin d’une humiliation publique. « Je vois, un 4. Si j’en crois le livre que j’ai eu entre les mains, la page doit contenir au moins deux chiffres. Ne dites rien. 41. » Elle soupire, ce qui en soi indique qu’il n’a pas eu tort mais il lui coupe la parole d’un geste de la main. « Vous allez observer le premier mot de la quatrième ligne, et le lire à haute voix. Ensuite, notre ami Gauthier pourra lire ce que j’ai écrit sur le papier que je lui ai tendu. » Parce qu’elle aurait pu répliqué que ses talents n’ont rien de magique mais ne touchent uniquement à l’étude du comportement. « L’orient. » qu’elle récite, toujours pas décidé à bouquiner une tirade. « Gauthier ? »
Il n’est pas mécontent que l’attention du mentaliste soit maintenant sur la jeune femme et non plus sur lui - peut souffler un peu alors qu’elle refuse gentiment de lire un bout de l’oeuvre. Ce qui semble un peu décevoir l’animateur de leur soirée bien que pour une fois il n’insiste pas plus. Sauvé pour ce coup. L’homme fait défiler les pages maintenant attendant le signal de la blonde pour s’arrêter. « Très bien, notez la page que vous avez décidée, mais attention, ne la montrez pas à Gauthier, il est préférable qu’il l’ignore. » À nouveau pas beaucoup plus intéressé, Gauthier fronce un peu les sourcils pour essayer de discerner son neveu dans le public, espérant qu’il se tienne bien. Il n’aime pas l’idée de le laisser seul sans supervision. « Maintenant, je vais prendre quelques notes sur ce papier que je vais tendre à Gauthier. » Aussitôt dit aussitôt fait, il se retrouve avec un bout de papier où s’inscrit le mot « orient ». Un mot qui ne lui évoque pas grand-chose mais qu’il garde caché comme lui demande le mentaliste. « Maintenant Clara, je vais deviner la page que vous aviez en tête. Ce n’est pas si compliqué, vous allez énumérer les nombres, vous vous trahirez. » L’énoncé ne semble pas trop plaire à la jeune femme mais elle s’exécute. Une fois de plus Arthuro joue son rôle à merveille, en quelques secondes il découvre la page là où Gauthier aurait bien été incapable de déchiffrer le moindre indice. « Vous allez observer le premier mot de la quatrième ligne, et le lire à haute voix. Ensuite, notre ami Gauthier pourra lire ce que j’ai écrit sur le papier que je lui ai tendu. » Ça lui semble improbable, que l’homme ait pu trouver un mot au hasard dans cette nuée de mot que contient le livre et pourtant il garde la feuille de papier contre lui - le mot « orient » toujours en tête. Et le verdict tombe. « L’orient. » Il reste impassible et pourtant il est étonné une fois de plus. « Gauthier ? » Délicatement il retourne la feuille pour entendre des exclamations de surprises. « L’orient. » Un peu étrangement il a l’impression d’être un partenaire de tour cette fois et non la victime, par le simple fait d’avoir connu le mot un peu à l’avance. Les applaudissements viennent féliciter Arthuro et il s’y joint, sans grande joie mais avec un peu plus d’entrain que par le passé. « L’orient… Est-ce que cela vous évoque quelque chose Clara ? » Une fois de plus il ne sait pas trop ce que le mentalisme tente de prouver. Pour lui si ce n’est des partenariats au niveau du travail, l’orient ne lui évoque que de lointaines contrées. « Et vous Gauthier, je vois bien votre air dubitatif mais ne le soyez pas. » Il se creuse un peu les méninges, se demandant quelle sera la nouvelle révélation du magicien. « Il se trouve que vous avez sur vous, quelque chose qui devrait vous évoquer ce mot. » Un instant il fait là revu de ses affaires, alors que l’homme se rapproche de lui pour lui saisir le poignet. « Une montre japonaise si je ne m’abuse. » Dit il en regardant le bracelet ornant la poignet du trader. Et d’un coup il comprend mieux. « Quelle est donc la marque de ce petit bijou ? » Un cadeau qu’il s’est fait lors de l’un de ses voyages d’affaires. « Royal Orient. » Il répond d’un ton qui montre sa domination. Et voilà la boucle est bouclé pour lui.
Le tour se poursuit et elle n’affiche toujours aucun amusement à la démonstration d’Arturo, bien qu’elle commence à se montrer de plus en plus sceptique parce qu’il faut admettre que ce gars est fortiche. Afin de ne pas se ridiculiser encore plus, elle se contente d’obéir humblement et de garder ses pensées pour elle. « Gauthier ? » Le mentaliste semble changer de victime et c’est visiblement vers Gauthier qu’il se tourne pour apporter la conclusion à ce tour idiot. Toute la salle semble en suspense en attendant qu’il prononce le mot. Clara ne dit rien, mais elle lève les yeux au ciel parce que si la réponse n’avait pas concordé elle imagine que son partenaire l’aurait crié immédiatement. « L’orient. » Et voilà. Fallait s’y attendre, cependant, elle ne s’abaissera pas à demander comment une telle sorcellerie est possible. « L’orient… Est-ce que cela vous évoque quelque chose Clara ? » Elle hausse les épaules. C’est le genre de question qui veut tout et ne rien dire. Autant lui demander son signe astrologique que ça sera la même chose. « Mon beau-frère est d’origine perse. J’aime la cuisine indienne. J’ai vécu un moment au Japon. » Elle énumère les choses qui lui viennent par l’esprit qui peuvent avoir un rapport avec l’orient, bien qu’elle ne saisisse pas ce que Roméo et Juliette viennent à voir là-dedans, et encore moins Gauthier. « Et vous Gauthier, je vois bien votre air dubitatif mais ne le soyez pas. » Changement de victime qu’elle sait être de courte durée. Elle sait que l’issue du tour ne va pas tarder à tomber alors elle prend son mal en patience. « Il se trouve que vous avez sur vous, quelque chose qui devrait vous évoquer ce mot. » Quoi ? Lui aussi, il aime les samossas ? La remarque parvient à ne pas s’échapper de ses lèvres mais il semble évident que le sarcasme ne la quittera pas ce soir. « Une montre japonaise si je ne m’abuse. » Elle imagine que c’est là qu’il va trouver la source de tout lien ? Elle a vécu au Japon, sa montre est japonaise. Quelle coïncidence de malade ? Elle se prépare presque à applaudir (non) « Quelle est donc la marque de ce petit bijou ? » Il semblerait que l’électricité commence à s’allumer chez lui parce qu’il fait la tête du mec qui y comprendre quelque chose. « Royal Orient. » Et d’on ne sait où, il y’a comme un élan de stupéfaction qui s’échappe du public. Elle n’a toujours pas compris en quoi sa démonstration est preuve d’un lien, mais cela, c’est très probablement parce qu’il n’y en a pas. « Ce sera tout pour moi ! » annonce Arturo, mettant fin au suspense, n’expliquant pas plus que ça sa démarche (ce qui montre bien que c’est unc harlatan ) Le présentateur reprend la parole avant de les rejoindre. « Remerciez Clara et Gauthier pour leur participation ! Et Arthuro pour sa prestation. Notre prochaine invitée sera … » Il ne faut pas longtemps pour qu’elle s’exécute et retourne à sa place, suivi de son acolyte qui semble au moins aussi soulagée qu’elle.