Foutu dossier ! Tu te prenais encore la tête la dessus et tu avais l'impression de tourner en rond. Sauf que, tu étais loin d'imaginer que, cette journée allait t'apporter un détail qui pourrait faire avancer les choses. Enfin, encore fallait-il que tu arrive à vérifier l'information mais, ça c'était encore une autre histoire. Ta collègue déboula en trombe dans ton bureau avec de grands yeux et un sourire sur les lèvres. Tu la regardais un moment alors qu'elle était entrain de te fixer. "Tu sais Anna que, tu fais vraiment peur là !" Tu étais de bonne humeur et pour une fois, tu n'étais pas entrain de lui crier dessus pour qu'elle parle rapidement. Tu l'as regardais sautiller sur place alors qu'elle posait un dossier sur ton bureau. "Qu'est-ce que c'est ?" Tu ne comprenais pas très bien où elle voulait en venir mais, autant ouvrir se fichu dossier. Tu sentais toute la pression de son regard sur toi, le moindre geste elle le contemplait. Tu soupirais finalement, avant de relever la tête. "Anna...Merci !" Tu reprenais un peu ton sale caractère mais, tu ne supportais pas de la voir ainsi regarder le moindre de tes gestes. Et puis, si, c'était si bien, tu avais envie de garder l'émotion pour toi. Tu reprenais donc l'ouverture du dossier alors que, la jeune stagiaire avait quitté les lieux et tu posais ton regard sur une photographie. La victime du dossier lors de son autopsie. Il fallait avoir les tripes bien accrochés dans ton boulot et heureusement, c'était le cas pour toi. Tu retirais la photographie pour la retourner sur ton bureau et ainsi te concentrer sur le rapport d'autopsie. C'était un médecin du pacific wellness qui l'avait pratiqué et par chance, il était toujours en fonction là-bas. Tu pourrais surement avoir plus d'information sur le rapport bâclé qu'il avait fournit et ce qu'il en découlé réellement. Cela faisait maintenant quinze ans et il serait peut-être plus libre de parler. Tu te redressais avant d'attraper ta veste et de glisser ton téléphone portable dans la poche de jean avant de filer en dehors de ton bureau. Tu avais heureusement pensé à prendre le dossier avec toi et tu filais vers le parking des véhicules. Il fallait que, tu trouve des informations. Tu devais avancer sur ce dossier et enfin pouvoir passer à autre chose. En plus, la famille espérait chaque jours des nouvelles. Tu ne pouvais pas les décevoir, tu leur devais une réponse et tu ne voulais pas qu'on conclut à un simple suicide alors qu'au fond de toi, tu savais parfaitement que ça n'était pas le cas. Tu montais dans le véhicule de service tout en jetant le dossier sur le siège passager avant de démarrer en dérapant pour prendre la direction du Pacific Wellness. Comment avait-il pu foirer ainsi son rapport et surtout garder le silence lors du procès. Tu resserrais un peu tes doigts sur le volant quelque peu agacé par tout ceci. Tu savais qu'il avait fait une faute professionnelle et tu étais bien décidé à lui faire remarquer et peut-être à lui faire payer. Tu garais le véhicule sur le parking avant de reprendre ton dossier et de rentrer dans le cabinet médical. Tu te stoppais devant l'accueil qui releva les yeux de son ordinateur pour te demander si, tu avais un rendez-vous. Tu adorais sortir ta plaque et voir la tête des gens se décomposés. Tu pouvais voir dans leurs yeux qu'ils pensaient immédiatement aux petits délit qu'ils avaient pu commettre. Griller un stop, faire un téléchargement illégal sur internet ou pire encore. Tu sortais donc ta plaque et l'infirmière à l'accueil se tendis légèrement. "Je viens voir le médecin Simon..." La jeune femme hocha la tête avant de regarder sur son ordinateur, tu tapais un peu les doigts sur le comptoir avant qu'elle se décide à reprendre la parole. "Il est dans son bureau...cinquième étage." Tu souris tout en hochant la tête pour la remercier avant de partir vers les ascenseurs. Tu espérais pour ce médecin qu'il avait une bonne excuse et qu'il était aussi en mesure d'être crédible. Tu remarquais une première porte de l'ascenseur qui se fermait et tu accéléra le pas pour prendre le second. "S'il vous plait, retenez le !" Tu courrais vers le second ascenseur en demandant à une jeune homme déjà à l'intérieurs de le retenir pour t'éviter une longue attente. Tu montais à l'intérieurs en souriant à l'homme. "Merci beaucoup !" Tu regardais la porte se fermer avant d'appuyer sur le bouton du cinquième.

logan city :: pacific wellness

Mille après mille je suis triste, mille après mille je m'ennuie. Jour après jour sur la route, tu ne peux pas savoir comme je peux t'aimer.

En mai, fais ce qu'il te plaît. Si cet adage me faisait immanquablement sourire les années précédentes, puisqu'il représentait un certain enthousiasme et la renaissance d'une désinvolture, cette année, il ne suscitait en moi aucune gaieté. Avril avait chassé mars puis mai s'était imposé sans m'inculquer le moindre état d'âme, mon esprit concentré sur des événements beaucoup plus saisissants et envahissants.

Depuis mars, j'avais cessé de travaillé, placé en arrêt maladie imposé. J'avais également mis en stand-by toutes mes activités bénévoles et mes passions n'avaient plus aucun goût. Ma routine jurait prodigieusement avec l'homme au quotidien hyperactif que j'avais longuement composé. Depuis des semaines, l'unique raison pour laquelle je m'extirpais de ma demeure était mon devoir de me rendre à un rendez-vous médical. Souvent, j'avais la bonne surprise qu'un proche, un ami ou une simple connaissance vienne toquer à ma porte pour m'apporter de la compagnie ou simplement s'assurer que je n'aie besoin de rien. Indéniablement, la présence et l'intervention de ces individus m'emplissaient de reconnaissance et gratitude, deux soldats qui me permettaient de perpétuer ma convalescence, jour après jour.

Aujourd'hui, un élément supplémentaire s'était ajouté à mes impératifs : j'avais une ordonnance de médicaments à renouveler. Je n'avais jamais été quelqu'un à prendre un médicament pour le moindre petit mal, en réalité, j'essayais toujours de laisser mon corps et mon système immunitaire se charger de mes problèmes dans la mesure du possible, avec l'optique de surcroît que la douleur était temporaire. J'avais bien vu les dégâts sur les corps qui avaient abusé des médicaments ; je n'étais pas pour reproduire ces erreurs. Néanmoins, en l'occurrence, j'avais le bon sens de reconnaître que mes problèmes actuels avaient besoin d'être solutionnés grâce aux médicaments. S'il y a des maux qui passent avec le temps, cette règle ne s'appliquait pas à une partie des miens.

J'avais suivi religieusement les directives de la bienséance. Une douche, des vêtements propres, une apparence un minimum soignée. Techniquement, j'avais besoin d'une coupe de cheveux et un coup de rasoir ne serait pas du luxe, mais ce genre de détails, seules les personnes me côtoyant depuis des années le remarqueraient. En effet, mon allure n'avait rien de choquant, j'étais toujours aussi commun, me mêlant aisément à la foule. J'attrapais mon blouson dans lequel mon porte-feuille reposait sagement et sortais de chez moi. Mon véhicule n'avait pas bougé depuis des semaines, n'ayant pas encore eu le courage d'aller chercher de l'essence à la station-service et faire mouvoir cette voiture depuis que des inconnus s'étaient amusé à vider mon réservoir. Leur vol était l'un des actes que je subissais, n'étant manifestement aucunement motivé à agir contre les mauvais traitements d'Autrui.

Et puis marcher constituait une thérapie. J'avais été sceptique lorsque des collègues me l'avaient clamé sur mon lieu de travail, mais maintenant que j'avais le loisir de pratiquer cette activité avec plus d'assiduité, je confirmais ce fait: se promener était bénéfique, suscitait un exutoire. D'ailleurs, après quelques minutes de marche, la même expression me venait à l'esprit : s'aérer l'esprit. La définition qu'offrait le dictionnaire s'apparentait excellemment à mes propres sensations. De plus, l'Australie composait un magnifique pays que l'on pouvait arpenter à pied : la période estivale s'étendant sur l'année longue autorisait d'agréables promenades sur le long-terme. La population australienne constituait également une diaspora étonnante, très diversifiée, qui permettait à chacun de se sentir chez soi et surtout, d'être tolérant vis-à-vis des autres. Sans compter que de base, les australiens sont des gens relax, qui ne se prennent pas la tête pour n'importe quoi, d'où notre fameux : No worries, mate. En addition, la faune du pays était purement unique, protégée par la mentalité des australiens qui œuvraient pour la préserver. Certes, beaucoup percevait l'Australie tel un pays dangereux. Néanmoins, à mes yeux, il était simplement riche de son unicité - et ceux qui craignaient les animaux d'ici étaient d'ordinaire des touristes. Aussi, même si ces temps-ci je n'étais pas dans l'état d'esprit de voyager, j'avais constamment admiré le fait que mon pays prodigue des endroits sublimes qui ne demandaient qu'à être découverts. L'on pouvait rouler le long de Great Ocean Road pour apprécier la beauté des 12 apôtres, prendre un verre à l’Opéra de Sydney et visiter les vignobles de Barossa Valley près d’Adelaïde aisément. Pour finir en beauté, deux éléments qui avaient une grande place dans ma vie : le café et le sport. Le meilleur café était indéniablement l'australien et été comme hiver, une activité sportive traditionnelle d'ici était facilement praticable : cricket, rugby, baseball, football, netball, il y en avait pour tous les goûts...

Une fois mon rendez-vous médical complété, je m'orientais vers l’ascenseur du cabinet médical Pacific Wellness, où mes médicaments pourraient m'être donnés. Apparemment, la pharmacie où je me rendais habituellement était en rupture de stock, l'employé se confondant en excuses à cette nouvelle. Connaissant un minimum les lieux, j'appelais un des ascenseurs, sachant pertinemment que leur pharmacie se situait à l'étage inférieur. Alors que les portes commençaient à se refermer, une voix féminine me priait de les retenir, puis la silhouette la possédant se glissa dans l’embrasure. "Merci beaucoup !" Je hochais la tête pour lui signifier que c'était tout à fait normal et pressais le bouton -1. La femme m'accompagnant appuya sur le 5 et l’ascenseur commença sa descente mécanique. Le bruit retentissant dans la cage était tout sauf rassurant et ce fut sans surprise que celle-ci finit par se stopper entre deux étages, grondant et grinçant. Je grimaçais, jetais un coup d’œil interrogateur à l'inconnue à mes côtés puis après quelques dizaines de secondes sans mouvement, me résolvais à solliciter le bouton d'appel. Après quelques minutes de sonnerie qui invitaient progressivement au désarroi, une voix finit par nous parvenir. Maintenance Otis bonjour, expérimentez-vous un inconvénient ? J'étais plutôt surpris par cette voix frisant le robotique. La personne appelée n'était-elle pas dans les locaux du cabinet ? Après, c'était la première fois que j'étais prisonnier d'un ascenseur et l'on ne m'avait jamais relaté ce genre d'expérience. Nous sommes deux personnes coincées dans l’ascenseur du Pacific Wellness, répondis-je sur un ton si détaché, que l'on pouvait presque penser à une mauvaise plaisanterie. D'ailleurs, il n'était pas exclus que l'appelée y songe, étant donné le temps qu'elle mit à répliquer : D'accord monsieur, je vois avec mes collègues et nous revenons vers vous sous peu. Je suis désolée que vous ayez cet incident. Je haussais les épaules, me retenant de lui assurer que ce n'était rien, parce que manifestement, la jeune femme à mes côtés ne semblaient pas ravie d'être coincée de la sorte. Merci. Je m'asseyais le long d'une des parois et étendais mes jambes devant moi en prenant soin de ne pas déranger la blonde. Je remarquais qu'elle était habillée d'une manière très formelle, comme si elle arborait un uniforme sous sa veste.

Cinquième étage, tu étais prête à en découdre avec ce médecin. Tu voulais connaître la vérité et savoir pourquoi il avait osé ainsi falsifier une enquête de police. Il ne risquait plus grand chose maintenant que, l'affaire avait plus de dix ans mais, il faudrait tout de même qu'il répond de ses actes devant le juge lors du nouveau procès. Si, il y a quelque jours, tu avais douté de ce nouveau procès, tu avais maintenant en ta possession une personne qui pourrait être en mesure de tout faire basculer. Mais, pour ça, il allait falloir que tu arrive à te rendre jusqu'à lui et tu ne doutais pas que, la secrétaire lui aurait passé un coup de fil pour le prévenir de ton arrivé. Tu avais couru vers l'ascenseur demandant à un jeune homme de le retenir pour que, tu puisse arriver le plus vite possible. Tu ne devais pas lui laisser le temps de trouver un excuse recevable pour ce qu'il avait fait quelques années auparavant. Mais, l'ascenseur était-il un choix judicieux Faith ? Tu allais vite te rendre compte que, tu aurais mieux fait de prendre les escaliers. Tu remerciais le jeune homme avant d'appuyer sur le bouton du cinquième. L'homme descendait et tu devrais d'abord attendre qu'il atteigne son étage pour enfin être confronté au médecin. La porte de l'ascenseur se referma sur le hall d'entrée et l'engin se mit en action. Un bruit étrange te fit lever la tête avant de sentir la secousse et de comprendre que, l'ascenseur était en panne. C'était bien ta veine, toi qui avait un témoin sur le feu, tu te retrouvais coincé ici. Les lumières principales vacillèrent avant que, des lumières moins forte prennent le relais. Tu soupirais un peu, tu étais agacé par cette situation et tu avais l'impression que, le destin lui même t'en voulait. De quoi ? Tu n'avais aucune idée mais, c'était tout de même ton ressentis. Tu posais alors tes yeux sur le jeune homme avec toi, il avait appuyé sur le bouton pour faire appeler à la maintenance. Et après un long moment d'attente, une voix se fit entendre.

-Maintenance Otis bonjour, expérimentez-vous un inconvénient ?
-Nous sommes deux personnes coincées dans l’ascenseur du Pacific Wellness

Le silence qui suivi ne laissait présager rien de bon. Ils devaient surement croire que, c'était un canular et tu étais prête à donner ton identité policière pour faire avancer les choses. Heureusement, tu n'eus pas besoin de le faire et la voix se fit à nouveau entendre dans le petit haut parleur de l'ascenseur.

-D'accord monsieur, je vois avec mes collègues et nous revenons vers vous sous peu. Je suis désolée que vous ayez cet incident.

Tu entendais le jeune homme dire merci à cette personne avant de prendre tranquillement place sur le sol de l'engin. Tu espérais que, ça n'allait pas prendre trop de temps mais, tu avais déjà pu entendre des témoignages de gens qui avaient passés plusieurs heures coincé. Tu soupirais une nouvelle fois avant de coller ta tête contre le métal de l'ascenseur. Tu regardais un instant les lumières avant de fouiller dans ta poche à la recherche de ton téléphone portable. Tu l'allumais et par chance tu avais du réseau. Tu allais pouvoir prévenir ton équipe et ils pourraient venir cueillir le médecin directement. "...Anna ?...Passe moi Nick s'il te plaît..." Tu essayais d'être la plus discrète possible pour ne pas embêter l'homme qui était avec toi. "Nick ?! C'est Faith...Je suis au Pacific Wellness...Oui c'était effectivement mon intention mais, y a eu un imprévu...L'ascenseur Nick...Je suis coincé dedans ! Non ! c'est bon ! Les équipes vont se débrouiller pour nous faire sortir...Oui y a du monde avec moi, bref Nick, écoute moi...Je veux que, tu téléphone au procureur et que tu nous obtiens un mandat...Garde à vu ! Non j'ai pas perdu la tête mais, je suis certaines qu'il a déjà foutu le camp...Débrouille toi ! A plus !" Tu raccrochais ton téléphone avant de le ranger dans ta poche. Tu posais le dossier au sol avant de retirer ta veste. "J'espère qu'ils ne vont pas croire que, c'est un canular." Tu avais appuyé ta tête une nouvelle fois sur le métal froid avant de poser tes yeux sur le jeune homme et de faire la conversation. Vous n'alliez tout de même pas rester plusieurs heures dans un espace restreint sans communiquer ensemble. Tu te redressais un peu avant de regarder le plafond de l'ascenseur, si besoin, il avait toujours la trappe pour accéder au dessus de l'engin. "Je m'appelle Faith...Enchanté de faire votre connaissance." Tu lui lançais un sourire amicale avant de finalement, t'asseoir à ton tour par terre.

Mille après mille je suis triste, mille après mille je m'ennuie. Jour après jour sur la route, tu ne peux pas savoir comme je peux t'aimer.

Une fois les responsables de la maintenance Otis contactés, tu t'installes dans la cage d'ascenseur tout de même spacieuse. Approximativement, tu te dis qu'elle doit pouvoir comporter une vingtaine de personnes environ. Après tout, vu l'établissement dans lequel tu te situes, il était judicieux que les architectes optent pour un moyen de locomotion de cette envergure.

Silencieux, tu observes la jeune femme avec laquelle tu es prisonnier de cette boîte métallique contacter un prénommé Nick. Tu imagines qu'il est son collègue et de toute évidence, la blonde fait partie des forces de l'ordre. Tu as toujours admiré ces personnes dévouées au service public, d'ailleurs, à ta manière tu en fais partie également, étant infirmier de profession et ayant été ambulancier pendant deux ans. Sans y prêter davantage d'attention, puisque cette conversation ne t'est nullement adressée et que la trentenaire fait tout pour demeurer discrète, tu retiens tout de même quelques mots. Apparemment, un dossier urgent est en cours et ta partenaire de galère se trouve dans une situation assez alarmante. Il vaut mieux que la station pour laquelle elle travaille et où se situe Nick ne soit pas si loin et que la personne qu'elle souhaite arrêter n'ait pas le temps de mettre les voiles.

Une fois sa conversation téléphonique achevée, la supposée gendarme t'imite, s'installant à même le sol. Elle évoque la possibilité que cette situation soit cataloguée de canular et tu te demandes si elle te parle directement ou si elle commente son entretien téléphonique avec son supposé associé. Elle se présente, Faith, tu trouves le prénom tout désigné pour quelqu'un qui représente les forces de l'ordre. Tu lui tends une main amicale, bien que ton visage possède davantage de cernes que de sourire. Je suis Isy. De même.  Tu lui serres la main et questionnes, n'ayant jamais perdu ta faculté à entretenir une conversation : Vous faites partie de quelle station ? Ton interrogation peut facilement passer pour de la curiosité mal placée, mais tu ne vois aucun mal à questionner la jeune femme sur sa profession, surtout qu'elle arbore l'uniforme même de la police devant tes yeux. Personnellement, tu ne te fâches pas lorsqu'on te demande quel hôpital t'emploie quand tu en sors en habit d'infirmier. Néanmoins, tu expliques ton intérêt pour la brigade de ton interlocutrice, conscient que ta curiosité n'est pas toujours des plus communes : J'ai été ambulancier pendant deux ans et je suis infirmier aux urgences. En qualité d'infirmier, tu collabores moins avec les représentants de la loi, toutefois, lorsque tu étais ambulancier, tu œuvrais fréquemment de paire avec eux. Lorsqu'un accident ou un drame se produit, tous les secouristes se déplacent, que ce soit pour sauver des vies, rétablir l'ordre ou solutionner une enquête.

Cette journée que, tu avais osée penser parfaite s'avérer en réalité inattendu. Tu avais mis le pied dans l'ascenseur et à partir de cet instant rien ne s'était passé comme tu l'avais prévu. L'engin n'allait nullement te monter à l'étage du médecin légiste pour pouvoir l'interroger. Au lieu de ça, il restait statique entre deux étages, il grinçait légèrement sous vos mouvements parce que, oui, dans cette malchance tu avais entraîné un jeune homme. Il avait rapidement su quoi faire et il avait contacté le service technique de l'ascenseur. Au son de la voix derrière le haut parleur tu compris rapidement qu'ils n'allaient pas venir avant un long moment. Ils avaient du penser à une mauvaise blague et tu te voyais contrainte de téléphoner à Nick un collègue de travail. Il devait se rendre ici pour pouvoir attraper le médecin et le mettre en garde à vu le temps que, tu puisse sortir de cette boite métallique. Tu avais finis par faire comme l'homme et tu avais engagé la conversation. Autant papoter si, c'est pour ainsi rester coincé dans deux mètres carré.

Je suis Isy. De même. Tu souris un peu alors qu'il se présente après toi. Cela rendrait les échanges plus simple et puis, vous n'aviez que, ça à faire. Vous faites partie de quelle station ? J'ai été ambulancier pendant deux ans et je suis infirmier aux urgences. Tu es un peu surprise de la question avant de te souvenir que, tu as passé ton coups de fil et que, ta plaque est parfaitement visible sur ton pantalon. Tu souris un peu, c'est rare que, les gens s'intéresse à ce genre de chose surtout quand on parle de la police. "Je fais partie de la police criminelle mais, dans le secteur des dossiers classés...Les familles ré-ouvrent parfois les dossiers alors, je suis chargé de faire une nouvelle enquête pour être sur que, la cause est toujours d'actualité ou si, ça ne cache pas autre choses...On a fait tellement de progrès qu'il est parfois nécessaire de revoir les ADN ou les causes de la mort." D'ailleurs, ça t'agace de savoir le médecin tranquillement dans son bureau et toi, bloqué dans cet ascenseur. Tu espère que, ton collègue va faire le nécessaire pour le mettre en garde à vu. "Vous ne faites pas un travail simple vous non plus." Tu souris un peu, être aux urgences c'est loin d'être simple et tu as déjà eu l'occasion de voir le stress dans lequel on les mets. Tu appuies ta tête contre le métal froid avant de lever les yeux et de remarquer la trappe de l'engin. Tu la fixe un moment, est-ce que, vous n'aviez pas un moyen de sortie sous les yeux ? C'était risqué mais, tout ce que, tu faisais été en général dangereux. Tu retires tes chaussures avant d'enlever ta veste et de te relever. Tu lèves tes bras avant de te mettre sur la pointe des pieds pour atteindre la trappe, heureusement que, tu es suffisamment grande. Tu l'as pousse du bout des doigts avant de l'écarter légèrement pour découvrir la pénombre qui règne dans la cache d'ascenseur. "Vous pensez qu'on est loin de l'étage supérieur ?" Tu lance un rapide coup d'oeil à Isy toujours assis sur le sol de l'engin. "On pourrait facilement, jeter un coup d'oeil...Qu'est-ce que, vous en pensez ?" Tu souris un peu plus, tu as besoin de lui si, vous voulez voir où se situe l'ascenseur car, seule, tu ne pourras jamais monter sur l'engin.

Mille après mille je suis triste, mille après mille je m'ennuie. Jour après jour sur la route, tu ne peux pas savoir comme je peux t'aimer.

Je m'étais installé contre la paroi métallique de la cage d'ascenseur, étalant mes jambes devant moi, résigné à attendre l'intervention des personnels de maintenance. J'espérais promptement qu'ils seraient en mesure de solutionner la panne avant la fin de la journée, de manière à ce que je ne me sois pas déplacé jusqu'à Pacific Wellness en vain. Je n'assumais pas songer ainsi, toutefois, je n'avais strictement aucune envie ni motivation de devoir faire de nouveau la route jusqu'au centre de santé le lendemain afin d'échanger mon ordonnance contre les médicaments que je me devais d'ingurgiter.

La jeune femme entretint une communication téléphonique qui me laissa supposer de son poste et de ses actions récentes. Elle m'imitait, étant désormais à mon niveau, assise en face de ma personne et se présentait. Poliment, je lui tendais une main et lui indiquais mon surnom, avant d'enchérir sur les conjectures que j'avais établies sur son cas. D'abord incrédule, la blonde me révéla le métier qu'elle occupait ainsi que le domaine dans lequel elle s'était spécialisée. Il s'agissait bien de la première représentante de l'autorité que je croisais dans ce secteur, bien que je reconnaissais que ces individus étaient nécessaires et devaient apporter bien du réconfort aux familles des victimes lorsqu'ils résolvaient un crime datant de plusieurs années. Sacrée profession, il doit vous falloir beaucoup de courage et détermination pour remuer le passé ainsi commentais-je, admiratif. La britannique mentionna que je n'occupais pas un poste facile non plus. Sa remarque me fit doucement sourire, me paraissant légèrement incongrue. Non, mais c'est ma vocation. Un adage me revenait en mémoire : il faut de tout pour faire un monde. Je n'avais pas destiné ma vie au paramédical en premier lieu, visant une carrière de sportif professionnel. Néanmoins, aujourd'hui, j'étais assez fier de mon parcours même si tous les démons qui me happaient depuis plusieurs semaines englobaient sans merci ces émotions positives.

Je constatais que la brigadière n'était pas de ceux qui tiennent en place. Après cette conversation de quelques minutes, elle s'était relevée et avait glissé la trappe closant la cage de l'ascenseur. Je devinais qu'elle avait dans l'idée de s'y hisser avant même qu'elle m'expose cette audacieuse alternative. Mon regard passa de la trappe à l'inspectrice, je savais pertinemment que j'allais passer pour un faux-jeton doublé d'un rabat-joie, mais effectuer de telles prouesses ne m'aguichait guère. Je sais pas, ça pourrait être dangereux si le contact est rétabli alors que vous êtes hors de la cage. Surtout qu'ils ne vont sans doute pas tarder à faire des tests pour déterminer d'où vient la panne. Je posais mes avants-bras contre mes genoux. Je n'allais pas me leurrer, j'avais déjà eu de la misère à parvenir jusqu'à ce lieu, je n'avais strictement aucun désir à jouer aux téméraires. Après, vous faites ce que vous voulez. Je ne serai pas complice d'une éventuelle électrocution, en revanche.

Tu avais l'impression que le destin c'était lié contre toi pour permettre au médecin de pouvoir s'en sortir. Il avait plus de dix ans mais, non il allait encore avoir du temps tout ça parce que, l'ascenseur du pacific wellness était tombé en panne. Il y en avait qui avait beaucoup de chance mais, tu étais loin de vouloir le laisser partir comme ça et tu avais rapidement appelé Nick pour qu'il se débrouille pour avoir un mandat et qu'il arrête cet abrutie. Tu avais aucun respect pour lui après tout, il avait faussé son dossier d'autopsie vis à vis d'une jeune femme qui avait perdu la vie. C'était pour cette raison que, le juge avait conclut au suicide mais, vous alliez retrouvés des preuves qui indiquait le contraire mais, il fallait encore que ce médecin légiste revient sur ce qu'il avait notifier. Enfin, tu verrais ça plus tard car, pour le moment tu allais devoir attendre sagement que, les techniciens arrivent pour vous sortir de là. Car, oui, tu n'étais pas toute seule dans l'engin et tu avais fais la connaissance de Isy. Il t'avait rapidement demandé si, tu faisais partie de la police et tu lui expliquais rapidement de quoi il s'agissait exactement. Sacrée profession, il doit vous falloir beaucoup de courage et détermination pour remuer le passé ainsi Tu souris un peu à cette remarque avant d'ajouter. "Il en faut bien plus pour éviter de remuer le sien..." Pour ta part, tu avais beau ne jamais vouloir remuer le tiens, il se remuait toujours tout seul et faisait resurgir des moments douloureux. Tu apprenais ensuite que, le jeune homme faisait partie du monde médical et tu lui retournais le compliment. Son boulot ne devait pas être simple tout les jours et c'était surement plus intense que le tiens. Non, mais c'est ma vocation. Tu souris une nouvelle fois, chacun avait quelque chose qui lui plaisait et c'était pas mal quand ils arrivaient en faire un métier. Tu ne pouvais pas dire que, ton métier n'était pas une vocation. Tu vivais à travers les dossiers qu'on te donnait, surement pour cette raison que, tu étais seule maintenant.

Tu regardais autour de toi avant de voir la trappe de l'ascenseur, vous aviez peut-être la possibilité de voir où vous étiez exactement dans l'étage et peut-être que, vous pourrez ouvrir la porte de l'étage au dessus. Tu te levais pour pousser cette trappe avant de proposer à Isy si, il était tenté pour jeter un oeil. Je sais pas, ça pourrait être dangereux si le contact est rétabli alors que vous êtes hors de la cage. Surtout qu'ils ne vont sans doute pas tarder à faire des tests pour déterminer d'où vient la panne. Après, vous faites ce que vous voulez. Tu le regard un instant avant de relever la tête vers la trappe. "Allons ne soyez pas si méfiant ! Je suis sur qu'ils sont entrain de prendre leur temps et puis, ils semblent avoir pensé que c'était une blague...Je jette juste un coup d'oeil et je reviens de toute façon." Tu lui souris pour le rassurer un peu et puis, il n'était pas obligé de te suivre mais, tu avais pas l'intention de croupir ici pendant des heures. "Je vous demande juste de me faire la courte échelle et ensuite, je ne vous embête plus. Et si, je me fais électrocuté vous pourrez faire comme-ci vous n'avez rien entendu." Tu pouvais comprendre sa méfiance c'était peut-être une attitude plus normale que la tienne d'ailleurs mais, tu aimais prendre des risques et surtout quand ça te permettais de sortir de ce fichu ascenseur !

Mille après mille je suis triste, mille après mille je m'ennuie. Jour après jour sur la route, tu ne peux pas savoir comme je peux t'aimer.

Alors que je me montrais admiratif face à la profession de mon interlocutrice qu'elle me décrivait, je l'entendais m'affirmer qu'il lui nécessitait bien plus de courage pour ne pas remuer son propre passé. Je fronçais les sourcils, aussi interrogateur qu'intrigué par ces propos. Néanmoins, je ne me risquais pas à lui solliciter davantage d'informations ; en effet, sa vie privée ne me concernait pas et peut-être la jeune femme s'était-elle davantage parlée à elle-même qu'à moi ? D'ailleurs, elle me retournait le compliment quant à mon propre métier, que je considérais ma vocation.

Le silence s'installa entre nous. Je constatais aisément que la situation déplaisait à la policière. Après tout, j'avais déduis de son appel téléphonique qu'elle avait quelqu'un à interroger ou arrêter pour l'une de ses affaires. Cela devait être plus que frustrant de voir ses plans contrecarrés par un souci technique. Cependant, je n'étais pas téméraire et si j'avais pu être audacieux dans mon enfance et adolescence, à trente-deux ans, j'avais cessé de tenter le diable. J'ai rencontré aux urgences de St Vincent's un nombre incalculable de patients sérieusement blessés par leur caractère bien trop aventurier. Ainsi, lorsque Faith me proposait d'escalader la cage d'ascenseur pour se hisser éventuellement vers l'étage supérieur, je refusais de participer à ce plan plus que douteux à mon sens.

Je fronçais les sourcils alors que mon interlocutrice reprenait, ambitionnant de me convaincre. Elle pouvait bien user de ses arguments, il m'était inconcevable que je l'accompagne dans son objectif dangereux, quitte à me la mettre à dos alors que je pouvais être coincé avec elle dans cet espace restreint plusieurs dizaines de minutes. Je ne pus m'empêcher d'observer que le stéréotype des policiers têtes brûlées n'étaient pas si erronés que cela. Je laissais la britannique continuer son argumentaire et fus surpris de l'entendre conclure que je pourrais très bien feindre de ne pas l'entendre se faire électrocuter si tel était le cas. Au moins, elle reconnaissait ce risque. Ce serait le comble pour un secouriste d'ignorer quelqu'un qui se fait électrocuter, commentais-je, campant sur ma position de ne pas l'aider à sortir de la cage d'ascenseur. Je vous invite à rappeler le service si vous estimez mon appel peu crédible. Mon ton restait cordial, j'étais bien trop résigné pour être désagréable.

Mon regard croisa longuement celui de la britannique puis un bruit métallique se fit entendre. Les lumières clignotèrent, vacillant entre la libération et l'emprise la plus totale dans cette cage d'ascenseur. Finalement, dans un soubresaut, la machine se remit en route et les portes s'ouvrirent sur l'étage le plus proche. Je me relevais et levais les yeux sur la brigadière qui m'offrait congé promptement avant de repartir dans sa mission honorable de rétablir l'ordre dans Brisbane. De mon côté, armé de ma prescription médicamenteuse, je reprenais mon quotidien saccadé.