Ca faisait maintenant deux semaines que j’étais rentrée de mon voyages en Bolivie. Deux mois de road trip et d’aventures extraordinaires. Autant dire que le retour à la réalité m’avait frappé en plein fouet. C’était assez difficile de reprendre un quotidien aussi routinier. J’avais cette impression de n’être jamais partie tant le retour au travail était compliqué. Ces heures passées au téléphone avec des clients de la société qui ne faisaient que se plaindre, je devrais peut être songer à changer de travail un jour. J’avais toujours rêvé mieux que d’être sur une plateforme téléphonique pour un service après vente de couche pour adultes… Mais c’était un bon compromis pour ne pas être tenu en otage pas un travail qui prenait toute mon énergie et dans lequel je serai vraiment investie jusqu’à ne plus penser à moi. Là, ca me permettait de rentrer chez moi le soir et de ne plus du tout y penser, et surtout, de pouvoir me casser quand l’envie me chantait. Du coup, tout compte fait, la réorientation professionnelle ne serait pas pour tout de suite. Ces missions intérimaires c’était ce qu’il me fallait.
Journée terminée, enfin mais l’inconvénient c’était qu’à cette heure ci, les embouteillages se rependaient à une vitesse folle dans la ville. J’étais rapidement prise dans les bouchons à avancer à une vitesse moyenne de 10 kilomètres heures. Par chance, j’allais bientôt quitter cette voie rapide pour m’infiltrer dans des rues plus tranquilles. Au détour de la prochaine avenue, ca devrait aller mieux. J’étais au volant de ma voiture quand à quelques mètres devant, sur le trottoir se tenait Clara. Tiens donc. La nana de Nico. J’avais beau ne pas pouvoir l’encadrer, j’avais malheureusement régulièrement de ses nouvelles puisqu’Arthur était toujours aussi pote avec lui. Même si nous n’étions plus ensemble depuis de longues années, j’avais la rancœur dure. Sa façon de me trainer dans la boue devant tout le monde au lycée, de m’humilier – sans peut être s’en rendre compte – m’avait marqué et il avait été hors de question que je lui adresse à nouveau la parole après ça. Si je donnais ma confiance assez facilement à toute nouvelle rencontre, une fois que c’était foutu, la marche arrière était compliquée à réalisée. Tout comme c’était impossible de faire demi tour dans cet embouteillage.
Arrivée à la hauteur de la blonde, je baisse ma fenêtre et l’appelle. « Clara ! tu montes ? » j’ignorais où elle allait comme ça mais si elle rentrait chez elle après une journée de travail, je savais qu’elle en avait encore pour un bon moment. Autant lui proposer de la ramener et pour moi, ce serait l’occasion de profiter du moment.

Sa journée s’était terminée sans encombre. C’était la routine et les évènements se déroulaient comme elle s’y attendait pour chaque journée que la vie mettait sur son chemin. Dit comme ça, on dénote sûrement une forme d’ennui chez la jeune femme. Et c’est probablement ce qui régit ses journées depuis quelques temps, d’être coincée dans un emploi qui ne la satisfait et d’être dans une relation où tout semble prévisible et vouer à se terminer par un beau mariage et des enfants. Clara ne sait pas ce qu’elle veut devenir. Elle n’a aucune idée de ce qu’elle veut pour son futur mais lentement, elle tend à réaliser que son présent ne lui convient pas forcément. C’est toute une réflexion qui s’installe alors qu’elle quitte le lycée et qu’elle avance doucement vers le centre-ville, désireuse de marcher tranquillement dans son coin pour penser plutôt que de rentrer chez elle, où Nicolas l’attend. Comme à son habitude désormais, elle noie ses prises de tête dans des séances de shopping inutile ou dans un yaourt glacé qui ne changera rien à sa situation actuelle. Quelque chose manque à son quotidien et le problème, c’est qu’elle ne saurait dire quoi. Juste se plaindre du vide. Et, c’est le bruit d’une voiture à sa hauteur qui capte son attention. La jeune femme à l’intérieur ? Une amie d’Arthur, qui est lui-même un ami de Nicolas mais tous ensembles, ils ne sont pas amis. Pour une histoire qui date du lycée et donc elle ne comprend pas le propos ou même la légitimité. Elle se baisse à la fenêtre, prête à la saluer parce que ces querelles d’enfants ne sont pas les siennes. « Clara ! tu montes ? » Elle hésite, parce que Nicolas ne va pas apprécier qu’elle ait pactisé avec l’ennemi mais après quelques secondes, elle décide qu’elle est assez grande et qu’elle peut faire ses propres choix. Après tout, Noa n’est pas le genre de fille à matraquer la petite amie de son ex avant de l’enterrer dans le désert, là où personne ne la trouvera jamais, hein ? « Yup ! » Qu’elle répond avant de glisser rapidement à l’avant du véhicule. « Tu vas bien ? Merci de me prendre, je ne savais pas que tu étais rentrée. » De Bolivie. C’était du moins les dernière nouvelles qu’Arthur avait partagé et bon, Clara en disant qu’elle se tient régulièrement informée de la vie de Noa, mais bon, ça fait la conversation.

Je ne connaissais Clara que de loin ou plutôt de réputation. Bien sur, on s’était déjà croisé à quelques soirées, quand on a des amis en commun, forcément, c’est inévitable et Arthur me faisait toujours le plaisir d’inviter Nicolas lors d’événements important. Je ne lui en tenais pas rigueur, je me contentais de me tenir à l’écart et de faire ma soirée de mon côté, à chaque fois. Et puis, il y avait Clara, souvent, elle était là. On avait déjà échangé quelques mots, mais rien de bien profond. Notre seul point commun semblait être Nicolas. Nous étions sortis ensemble au lycée et comme j’avais refusé à plusieurs reprises de coucher avec lui, ne me sentant pas prêtre, il avait décidé de me larguer devant Arthur et d’autres amis à l’époque. Une honte monumentale. J’aurai pu faire table rase de tout ça, presque quinze ans plus tard, voir plus, mais c’était une blessure qui avait mis du temps à se refermer car Nico, j’en étais folle. Qu’il ne respecte pas mon rythme avait été très compliqué à gérer au jour le jour de notre relation mais je n’avais jamais imaginé qu’il aurait pu me quitter si brutalement pour ça. Surtout que j’en étais sûre, ca aurait fini par arriver.
Mais tant pis, les choses étaient passées. Maintenant, Clara avait accepté de grimper dans la voiture, je lui faisais peut être une fleure en lui proposant de l’accompagner. Une fois qu’elle est installée, je peux repartir, toujours à une vitesse très lente. Les bouchons, c’était bientôt fini. « Tu vas bien ? Merci de me prendre, je ne savais pas que tu étais rentrée. » J’étais étonnée de voir qu’elle savais que j’étais partie. Comme quoi, les nouvelles allaient vite. « Il y a deux semaines ! Et je t’avoue que le retour est assez violent ! » Une petite accélération à laquelle je ne m’attendais pas m’a permis de pouvoir m’échapper de cet embouteillage assez rapidement. Pouvant alors rouler à une allure normale à présent. « je te dépose chez toi ? » ca me ferait sans doute un petit détour, j’étais plus proche de chez moi que de chez elle. Tiens, d’ailleurs, je me demandais si enfin, ils habitaient ensemble avec Nicolas. « La journée était bonne ? »

Elle sait qu’elle devrait être plus prudente à monter comme ça dans les voitures, mais Noa n’est pas une inconnue et la petite discussion qui s’impose entre elle lui fait oublier ses petites préoccupations personnelles, qui sont certainement très très loin d’intéresser la jeune femme et à raison. Au final, elle regretterait presque que la relation entre la jeune femme et son petit ami soit le frein à une bonne amitié, même si en vérité, Clara n’attend pas après l’opinion de Nicolas pour faire amie-amie avec n’importe qui. Elle la remercie pour le trajet et en profite pour prendre des nouvelles, c’est Arthur qui lui avait causé de ce voyage il y’a quelques semaines, alors que Clara s’était étonnée de ne pas voir la brune à une soirée. Nicolas lui avait dit de laisser pisser, annonçant que si Arthur avait viré la mégère, c’était pas plus mal et l’explication était tombée. En y pensant, elle aussi, elle aurait voulu mener une vie plein de voyage et non pas être coincée, la trentaine même pas atteinte dans un emploi qu’elle fera toute sa vie. C’est tellement propre à sa génération, à son caractère en général. Elle reste interdite, hésitant à partager sa jalousie. « Il y a deux semaines ! Et je t’avoue que le retour est assez violent ! » Qu’elle répond, elle imagine que ça puisse être difficile même si quelque part, elle devait avoir le mal du pays non ? « Tu faisais quoi là-bas ? » C’est curieux, et en même temps, qu’elle la fasse un peu rêver oui ! « je te dépose chez toi ? » « Dépose moi chez Nicolas oui ». Qu’elle avait répondu, sans vraiment dire si c’était son chez elle ou non. C’était assez bizarre, depuis qu’elle était partie vivre définitivement chez le jeune homme, elle se sentait comme apatride. « La journée était bonne ? » Aujourd’hui, semblable au reste de ses jours, qu’elle dirait si elle voulait paraître défaitiste. « Oui, c’était correct. Tu sais, c’est dur de qualifier une journée de bonne quand on bosse dans un lycée, soit il y’a eu quelque chose et bon, même si ça tient occupé, on va pas se réjouir d’un malheur, et soit il y’a rien eu et bref, psychologie inversé tu comprends ? »

« Tu faisais quoi là-bas ? » avec cette simple question, je me repassais deux mois de très bons souvenirs en tête en quelques secondes. Des images précises, d’autres un peu plus flous me traversèrent l’esprit. C’était assez étrange de revenir d’ailleurs car j’avais vécu pas mal de sensation fortes, d’émotions intenses et de moments inoubliables, le temps semblait s’être figé la bas et maintenant que je suis revenue, parfois j’ai ce sentiment de ne jamais être partie. « Des vacances, des vraies ! loin de tout, totalement depaysantes. J’ai tenté de vivre au maximum avec les habitants, au cœur des petits villages. Loin des hôtels de luxe. C’est pas ma conception des vacances. Quand t’en as vu un, tu les as tous vu après tout. » elle répond indirectement à ma question lorsqu’elle m’indique que je peux la déposer chez elle. Visiblement, l’appartement avec Nicolas n’était pas d’actualité, du moins, pas encore. Et ce serait moins gênant pour moi de la déposer chez elle. J’acquiesce et me voilà en direction de son appartement. Je me permis d’allumer la radio qui était off jusqu’à présent et par surprise, enfin pas vraiment, c’est mon CD Disney qui tourne dans l’autoradio. Le roi lion est avec nous à présent. Et je fredonne doucement. « C’est la première fois qu’on voit un roi avec si peu de poil… » puis, je baisse le son. Clara me racontait sa journée. « Oui, c’était correct. Tu sais, c’est dur de qualifier une journée de bonne quand on bosse dans un lycée, soit il y’a eu quelque chose et bon, même si ça tient occupé, on va pas se réjouir d’un malheur, et soit il y’a rien eu et bref, psychologie inversé tu comprends ? » je voyais ce qu’elle voulait dire. Ses journées étaient surtout rythmées par les difficultés que rencontraient les gamins qu’elle croisait chaque. « Des fois, j’aurai aimé faire un taf utile. Enfin, être utile pour les autres ! Donner de mon temps pour quelque chose qui en vaut la peine… pas être assise sur une chaise toute la journée et… » et boom ! Je m’arrête. « c’était quoi ce bruit... » enfin, je croyais savoir… j’ai de la chance d’être juste à côté d’une place libre où je peux facilement me garer…  je sortie de la voiture aussitôt et en effet, le pneu arrière droit venait d’exploser. « mais c’est pas possible ! » et pour le coup, même si on était plus loin de chez moi, on l’était encore pas mal de chez Clara, à pied. Je m’approche de sa portière. « bon…même si te jouer le coup de la panne m’aurait pas déranger, pour le coup… j’y suis pour rien ! » oui, c’était aussi avouer à demi-mot que l’idée m’aurait sans doute effleurer l’esprit et qu’elle me plaisait pas mal. « J’habite derrière, mon coloc a une voiture aussi, j’vais aller récupérer les clés pour te déposer chez toi… »

Elle ignore à quoi s’attendre avec cette conversation dans la voiture de Noa. Si les deux jeunes femmes n’étaient pas ennemies, Clara n’était jamais allée plus loin qu’une profonde cordialité avec elle. Elle sait la raison pour ce comportement stupide puisque liée à une certaine forme de loyauté pour son petit ami, mais en observant la jeune femme au volant, elle se prend à regretter de le laisser autant dicter ses choix et de ne jamais se laisser l’opportunité de prendre ses propres décisions et aller à l’encontre des choses. C’est en observant par la fenêtre de la voiture, des jeunes qui s’amusent à prendre des risques sur de vieux cyclomoteurs qu’elle réalise qu’elle a raté le coche quelque part et qu’elle ferait bien de chercher où. « Des vacances, des vraies ! Loin de tout, totalement depaysantes. J’ai tenté de vivre au maximum avec les habitants, au cœur des petits villages. Loin des hôtels de luxe. Ce n’est pas ma conception des vacances. Quand t’en as vu un, tu les as tous vu après tout. » Qu’elle explique, et Clara se contente d’acquiescer, elle approuve ses propos et pourtant, dès qu’il s’agit de partir quelque part, c’est bel et bien pour se poser dans un transat devant une piscine et ne plus entendre parler de qui que ce soit. Ce n’est pas très ouvert. Ça ne lui apportera rien dans la vie et elle ferait mieux de suivre l’exemple de Noa mais, Clara n’a pas cette patience et elle préfère se couper du monde dans le luxe d’un hôtel dès qu’il s’agit d’oublier son quotidien. Elles prennent la direction de l’appartement de Nicolas et Clara se risque à raconter sa journée, sans entrer dans les détails, elle fait part d’une certaine fatigue qui avait bien besoin de voyager un peu avec le récit de la brune. « Des fois, j’aurai aimé faire un taf utile. Enfin, être utile pour les autres ! Donner de mon temps pour quelque chose qui en vaut la peine… pas être assise sur une chaise toute la journée et… » lui confie t-elle et étrangement, ses propos ne semblent pas irréaliste. Noa serait parfaite dans un métier social. « Tu sais, je pense que tu aurais été parfaite dedans. Tu as la fibre pour aider les autres. » Mais, elle n’a pas le temps d’aller plus loin dans son compliment, ou son avis, c’est un bruit lourd qui retentit, la voiture qui perd en vitesse. « c’était quoi ce bruit... » C’est la panne. Rapidement Noa s’écarte de la route et se gare sans danger. Clara la suit pour voir ce qu’il en est. « mais c’est pas possible ! » C’est un pneu qui a crevé. La blonde se dirige automatiquement vers l’endroit pour juger les dégâts. « bon…même si te jouer le coup de la panne m’aurait pas déranger, pour le coup… j’y suis pour rien ! » indique Noa, la faisant rire parce qu’elle ne prend pas du tout au sérieux cette blague sur le coup de la panne. . « J’habite derrière, mon coloc a une voiture aussi, j’vais aller récupérer les clés pour te déposer chez toi… » Qu’elle annonce en s’mettant presque en route. Clara réagit. « Non, attends ! » Pas besoin d’aller chercher une autre voiture. Surtout pour la ramener. Elle serait encore capable de le faire à pied. « On a qu’à changer le pneu, je sais comment faire. » Oui, parce que papa lui avait donné une éducation où elle n’avait pas à dépendre d’homme. Quand on voit le résultat aujourd’hui. « Tu as bien une roue de secours ? »

Alors que je me confie sur mes aspirations professionnelles à Clara, elle me confirme que j’aurai pu travailler dans le social. « Tu sais, je pense que tu aurais été parfaite dedans. Tu as la fibre pour aider les autres. » et je pris son affirmation pour un réel compliment. Je ne m’attendais pas vraiment à ça de sa part en réalité. Pour moi, Clara était un peu comme une rivale, du mauvais côté, dans le mauvais clan. Le clan Nicolas, celui qui m’importunait à souhait, celui qui me donnait la nausée à chaque fois que je le croisais. Et quand je voyais Clara à son coude lors de différentes soirées, j’avais ce goût d’amertume en moi. Comme si, finalement, je la jalousais. Je n’en savais trop rien. Cette histoire, cette amourette de lycéen remontait maintenant à de lointaines années et pourtant, je me posais encore certaines questions. Avais-je un jour tourné la page ? Pourquoi est ce que je lui en voulais toujours autant ? Bonnes questions, j’aurai tendance à dire que oui, Nicolas n’était qu’un pauvre connard et c’est véridique, je le détestais et rien d’autre n’était possible. Alors Clara ne m’avait jamais paru être une de ces greluches qui se pavanait au bras de son mec, incapable de réfléchir autrement qu’à travers celui qui partage sa vie, mais pour autant, je n’avais jamais cherché à en savoir plus, à m’intéresser à elle autrement que par des rapports cordiaux. Rien de plus. « Je te remercie ! C’est sympa. Il est jamais trop tard ! » c’est clair, il n’est jamais trop tard pour se lancer et me dire que je pourrais reprendre une formation pour faire de mon taf autre chose qu’une contrainte, ça ne me faisait pas peur. Mais l’heure était à présent à cette roue qui venait d’exploser en route. Alors que je propose à Clara d’aller récupérer les clés de la voiture d’Isaac, elle me propose autre chose. « On a qu’à changer le pneu, je sais comment faire. » Alors là, j’étais loin de m’attendre à ça. « serieux ? » moi, j’étais incapable d’en faire autant. « Tu as bien une roue de secours ? » j’acquiesçais, enfin, du moins je l’espérais. J’avais cette voiture depuis cinq ans et je n’en avais jamais eu l’utilité. J’imaginais que oui, il y en avait une. J’ouvre alors le coffre et voit une petite poignée à soulever au fond du coffre. La roue de secours était bel et bien là. « ici ! » j’étais curieuse de voir comment elle allait s’y prendre. « il y a le cric dedans." Je sors les outils et la roue de secours également avec un peu de peine, c’était pas si léger que ça. « j’te laisse faire du coup ? » j’allais pas lui être d’une grande aide pour le coup… « On va voir si le coup de la mécano sexy est un mythe ou pas ! »

« Je te remercie ! C’est sympa. Il est jamais trop tard ! » Non, en effet. S’il y’a une chose dont elle est convaincue, c’est que chacun mène sa vie là où il veut et que dès que celle-ci ne convient plus à ses aspirations, alors il vaut mieux prendre un virage à 180° Clara n’est pas ce que l’on pourrait appelé une amie de Noa et au final, elle connait très peu d’information sur la jeune femme mais elle a cette aura qui dit qu’elle a la volonté d’aider les autres, qu’elle a le cœur pour le faire et s’il n’y avait pas eu cette panne, les prochaines paroles de Clara auraient été de l’encourager dans ce sens. On ne rate pas la conseillère qui est en elle, visiblement. L’avenir dira si ce genre de déformation professionnelle est une bonne chose ou non. Le pneu crevé sous les yeux. Elle n’est pas très favorable à déranger quelqu’un et laisser la voiture là juste pour que Noa la ramène chez elle. Ce n’est pas une grosse panne et à vrai dire, venant d’une personne qu’elle connait très peu et qui a voulu lui rendre service, elle n’a pas envie de peser trop lourd non plus. Et puis de toute façon, ce sera l’occasion de mettre en pratique ce que son père lui a appris. « serieux ? » s’étonne Noa au moment où Clara déclare savoir faire le travail. Pour sûr, du haut de son mètre cinquante-six ça ne parait pas mais son père lui a donné une éducation telle qu’elle est capable de changer une roue ou même réparer un évier bouché. « Yup ! C’est vraiment facile tu verras. » Elle lui assure, avant de demander où est rangé la roue de secours. « ici ! » Elle ouvre le coffre et tout l’attirail est là, au premier coup d’œil, Clara peut même dire qu’elle n’y a probablement jamais touché. « il y a le cric dedans." « Yup ! » Qu’elle répond en observant mais en s’emparant en premier lieu de la clé en croix. « C’est pour après, j’ai d’abord besoin que tu enclenche une vitesse. » Pour s’assurer que de la stabilité du véhicule. Noa part dans un sens, Clara dans l’autre et elle commence à dévisser à son rythme les écrous. « j’te laisse faire du coup ? » propose Noa, sans obtenir de réponse de Clara bien trop concentrer à tourner la clé. Aurait-elle du préciser qu’elle sait comment changer une roue mais qu’elle n’a pas assez mangé de soupe pour être assez forte et capable de le faire seule ? « On va voir si le coup de la mécano sexy est un mythe ou pas ! » Elle rit, parce uqe c’est drôle et parce que Noa n’a pas du voir qu’elle galère un peu. « Je pense que, pour le côté sexy, je reviendrais dans quelques centimètres. Mais, je veux bien tu m’aides, j’ai zéro force ! » Peut-être qu’à deux, ça sera mieux et c’est ce que l’expérience montre dès que Noa lui vient en renfort. La situation reste néanmoins un peu atypique. Plus loin, deux mecs se moquent d’elles en les imitant, il n’empêche que la roue se change « Barrez vous con de mimes ! » Qu’elle crie à leur égard parce qu’elle n’aime pas tant être le sujet de moquerie. « Sérieusement ! C’est quoi leur problème ? » Pure réthorique mais elle râle avant de commencer à placer le cric.

Facile, Noa voulait bien la croire mais en attendant, elle-même était incapable de changer une roue, d’où son étonnement. Pourtant, elle était la première à dire qu’une nana pouvait se débrouiller seule en toute circonstance et même dans ce cas, elle aurait eu tendance à croire un homme sur parole alors que pour Clara, elle avait été surprise. Comme quoi, on peut penser être féministe et soit même véhiculer les clichés contre lesquels on veut se battre… Noa avait encore a travailler pour pouvoir défendre sa cause. Alors que Clara lui demandait de passer une vitesse, la brune s’exécuta laissant alors miss mécano prendre les rennes de la manœuvre. Je reviens ensuite vers elle, en voyant bien qu’elle manquait un peu de force, ce qu’elle confirma. « Je pense que, pour le côté sexy, je reviendrais dans quelques centimètres. Mais, je veux bien tu m’aides, j’ai zéro force ! » Noa s’approcha alors, s’agenouillant à côté de la blonde et força avec elle sur la croix pour tourner ces écrous avec force. « Quand on dit que ce n’est pas la taille qui compte, on parle pas uniquement de l’égo d’un mec ! » dit Noa en réponse aux quelques centimètres qu’il semblait manquer à Clara, d’après elle. La croix montre quelques signes de résistance mais finit par lâcher et le premier écrou se dévisse assez facilement ensuite. Plus que trois ce qui se fait assez rapidement. « Barrez vous con de mimes ! » Noa fut assez surprise de cette réaction mais compris ensuite en voyant ces deux mecs un peu plus loin qu’elle n’avait jusqu’à présent même pas entendu ou vu. « Sérieusement ! C’est quoi leur problème ? » Noa l’ignorait mais rapidement ils s’étaient éclipsés comme si Clara leur avait fait peur. « quelle autorité ! » dit-elle amusée. Noa laissa alors faire ensuite. Clara posa le cric et en quelques instants, la voiture s’éleva de quelques centimètres, de quoi retirer la roue pour ensuite pouvoir la changer. « J’aurais au moins appris ça aujourd’hui ! »

Ses petits bras manquent visiblement des muscles nécessaires pour faire véritablement le travail seule. Son père n’avait probablement pas prévu ça au moment où il lui avait expliqué la méthode pour changer les roues d’une voiture. Certes, Clara en a le savoir, dans sa tête, c’est simple comme bonjour. Mais il n’aurait pas fallu que ce soit elle qui tombe en panne, ou qu’elle soit seule parce que là, elle serait restée tributaire du premier mâle venu, assez costaud pour tourner la clé en croix à sa place. Pour aujourd’hui, Noa et la force de ses bras feront l’affaire et seront d’une aide suffisante. Le changement ne devrait pas prendre tant de temps mais c’est sans compter sur les deux adolescents qui viennent à se moquer de l’allure qu’elles donnent. De quoi la rendre fumasse. Comme si de voir une femme changer une roue avait un quelconque potentiel burlesque. Et le comportement l’énerve, ce qui se transcrit assez rapidement dans sa voix puisque les garçons prennent la fuite. « Quelle autorité ! » fait remarquer Noa, la voix un peu moqueuse, comme s’il était vraiment surprenant que ce bout de femme, aux mensurations d’une gamine soit capable d’avoir le ton pour se faire respecter. « Il ne faut pas oublier que je suis prof, je sais leur parler aux ados. » Qu’elle sert comme excuse, bien qu’il n’y ait aucune preuve tangible que cette théorie soit vérifiée. Leur tranquillité étant revenue, elle poursuit la réparation de la voiture en surélevant celle-ci avant de desserrer ce qu’il reste de boulon jusqu’à ce qu’elle soit prête à retirer la roue. « J’aurais au moins appris ça aujourd’hui ! » ajoute Noa, tandis que Clara continue d’entreprendre et se saisit de l’objet, espérant le soulever seule malgré son poids et son manque de force. « C’est ça, c’était un signe. C’est le genre de chose qu’il vaut mieux savoir faire, même quand on a la force d’une crevette. » Qu’elle explique avant de forcer l’objet, le cri qui lui échappe de la gorge, soulignant la pénibilité de la tâche.

L’espace d’un instant, j’avais en effet presque oublié le milieu dans lequel travaillait Clara et finalement, je me rendais compte que je ne savais pas grand-chose à son sujet. Des futilités, des choses sans profondeur, non, je ne connaissais pas Clara, celle qui partageait à présent sa vie avec mon ex petit ami, si je pouvais dire ainsi. Et tant ses connaissances pour changer un pneu que sa capacité à se faire respecter par les gamins me surprenaient, et en réalité, j’étais sûre que bien d’autres choses pouvaient me surprendre chez elle. « C’est ça, c’était un signe. C’est le genre de chose qu’il vaut mieux savoir-faire, même quand on a la force d’une crevette. » je hochais la tête, regardant faire la jeune blonde, ne sachant pas réellement quoi faire de plus pour lui apporter mon aide. Elle avait l’air de peiner mais y arriva finalement. Je laissai alors Clara retirer le pneu pour le changer de la roue de secours. De mon côté, je pris péniblement le pneu crever pour aller le ranger dans le coffre. Je n’avais plus qu’à en chercher deux nouveaux pour les remplacer. De retour vers Clara, elle était déjà entrain de remettre les boulons en places, s’assurant de bien serrer les boulons. J’assistait à la scène silencieuse, n’ayant plus qu’à la remercier une fois le travail terminé. « Laisse-moi t’inviter à prendre un verre non ? » j’ignorai si elle allait se laisser tenter par l’invitation. J’imaginais qu’être montée avec moi dans la voiture était bien suffisant pour elle. « Pas forcément dans un bar, ça peut être chez moi. » Comme je l’avais déjà précisé, nous n’étions plus si loin à présent et maintenant que la roue était changée, en deux minutes, nous serions arrivées. « Enfin, comme tu veux, mais ce serait avec plaisir… »