Je savais que Sam Livingstone habitait à Brisbane depuis quelques temps déjà. Je connaissais presque tout d’elle, sans pour autant être une groupie, je m’intéressais juste à sa carrière et aux collaborations qu’elle avait pu faire. Notamment celle avec Gwen Stefani sur des morceaux que j’avais adoré à l’époque et qu’il me prenais d’écouter de temps en temps. Oh What you wait, chat you wait, what you waiting for ! Rien que d’y pensais, j’avais ces chanson en tête. Et me voilà partie avec ces mélodies en boucle. Ce n’était pas désagréable mais j’aurai préféré pour le coup me mettre l’une de ses propres chanson en tête puisque j’allais enfin pouvoir la rencontrer. J’étais vraiment contente de ça, de ce moment. J’aurai sans doute pu m’en passer mais quand mon ancien collègue de l’agence de tourisme m’a dit qu’elle passait dans sa radio ce jour là, j’ai fais en sorte de pouvoir y être invitée. Lui aussi avait changé de carrière. Passer du tourisme à la radio, c’était plutôt cool. Son taf semblait être hyper intéressant, il rencontrait plein de monde et se faisait un réseau aussi long que son bras. Il n’était pas chroniqueur mais il gérer une partie des programmes et des relations avec les agents des différents guest des émissions. Il avait eu la chance de rencontrer plusieurs personnalités, enfin, la chance… j’ignorais si c’était vraiment une chance au fond. D’autant que d’après ses dires, certains pouvaient être aussi con derrière une caméra qu’ils n’étaient adorable devant, le jour et la nuit.. et sincèrement, j’espérais que ce ne soit pas le cas avec Sam. Mais en toute franchise, j’en doutais vraiment. Je n’avais lu que des retours positifs de fans sur les réseaux sociaux. C’est ce qui me plaisait chez cette nana aussi.
J’étais assez intimidée, en bas de cette radio, il y avait d’autres personnes qui l’attendaient avec impatience. J’avais la chance de pouvoir entrer en première, d’avoir accès à un petit salon privé et si d’habitude j’aurai surement emmené ma sœur avec moi, cette fois, j’étais bel et bien seule. Je n’avais plus qu’à attendre qu’elle termine l’enregistrement de son émission pour enfin la rencontrer. Donny, mon ami m’avait fait signe qu’elle allait pas tarder à venir et qu’il se chargeait de la guider vers moi. Les voilà alors même pas cinq minutes plus tard et je me sentais bête d’être venue en réalité, simplement parce que je n’avais aucune idée de ce que je pourrais lui dire. « Bonjour. » je sentais mes joues chauffer, devenir rouge. Quelle cruche. « moi c’est Noa. J’adore vraiment ce que tu fais, ca fait des années que je te suis et je connais le moindre de ses morceaux sur le bout des doigts. Enfin, faudrait pas me lancer dans un défi du genre «  vas y je t’écoute, chante moi le deuxième couplet de telle chanson » ce serait un peu abusé. Bon, je suis vraiment contente de pouvoir faire ta connaissance. J’ai demandé à partir un peu plus tot du travail exprès pour être ici… j’ai de la chance de connaitre Donni, on s’est connu quand on travaillait tous les deux à l’agence de tourisme… avant qu’on se casse parce qu’on en avait marre… lui il a atterri ici et moi… j’suis éducatrice… et depuis peu je bosse dans une association... tu connais peut être, l'association Beauregard! C'est assez connu... » Wow, serieusement ? Je venais réellement de déballer un bout de ma vie en aussi peu de temps? Je la détaillais, elle était assez impressionnante... surement ce qui justifiais mon comportement assez débile. Il fallait que je fasse diversion...  « sympa la veste. » bah bien sûr, j’ai que ça à dire…

Une apparition dans une émission de radio, c’est cool quand ça arrive. Ca me change de ma routine de ces deux dernières années. C’est pas impossible mais c’est plus rare, parce que je n’ai pas de chanson à promouvoir. Mais c’est toujours cool d’être appelé pour être invité à participer à une émission. La radio c’est fun. En tout cas l’émission qui m’a demandé de venir, elle est très fun. Je ne pouvais pas passer à côté de ça. C’était des questions sur ma vie, mes projets, mais aussi pas mal de jeux avec les auditeurs et j’ai même chanté une de mes chansons. Une petite heure d’émission, c’est en fait déjà pas mal du tout. Et puis c’est toujours l’occasion de rencontrer des gens qui m’apprécient. Parce que oui, je l’avais noté sur Twitter que j’allais venir à cette radio, aujourd’hui. Je n’ai pas eu besoin de préciser l’heure à laquelle je passais, les fans arrivent toujours à savoir. Ou pas. Ils attendent, dehors, longtemps. C’est toujours autant touchant de voir que des gens se plient en quatre pour pouvoir te rencontrer. Je prends à chaque fois beaucoup de temps pour discuter avec tout le monde. Cette fois n’en sera pas différente. Surtout qu’on est en plein après midi et que je n’ai rien de particulier de prévu pour le reste de ma journée. Bien sûr, j’irai certainement faire un tour au Triffid mais je n’ai pas d’horaire à respecter. Donc je suis libre de passer deux heures avec les personnes qui sont venus pour me voir.

D’ailleurs ça commence avec une jeune fille. Je lui fais un sourire, je suis content de la rencontrer même si je ne connais rien d’elle. Qu’elle ait pris le temps de venir pour moi c’est déjà beaucoup.

« Hey, salut ! »

Elle se présente et je me grave son prénom dans la tête. Noa. C’est important de montrer aux gens qu’on n’oublie pas ce qu’ils nous disent. Surtout quelque chose comme leur prénom pour le reste de la conversation qu’on va avoir. Il y a certains fans qui m’ont marqué à vie dont je connais toujours leur prénom et le moment précis de notre rencontre. J’aime bien quand ce genre de moment se produit. Et je m’y attendais pas vraiment mais Noa a pas mal de truc à dire. Alors je l’écoute. Elle termine par un compliment sur ma veste et j’ai bien compris qu’elle est plutôt nerveuse.

« Merci. Elle vient de H&M. »

Parce que je me dis que ça peut l’intéresser. Je ne fais jamais de folies niveau fringues. Je suis super simple.

« T’es sûre que tu veux pas un challenge sur le 3e couplet de la chanson numéro 4 de mon deuxième album ? »

Je plaisante bien évidemment. Et oui, c’est ce qui est sorti du lot dans tout ce qu’elle m’a dit.

« Ca pourrait faire un bon jeu pour une prochaine émission. »

On prend des idées partout où elles se trouvent.

« Merci d’être venu pour me voir Noa et d’avoir aménagé ta journée. » 

Parce que oui, c’est important. Je reprends aussitôt le fil de la discussion par rapport à ce dont elle a parlé qui me reste en tête.

« Tu parlais de l’association Beauregard, j’en ai déjà entendu parler oui. Mais j’avoue que ce qu’ils font m’échappes. Tu peux me rafraîchir la mémoire ? »

Je préfère pas dire que je connais mon sujet quand ce n’est pas le cas. Même si je passe pour une inculte. Sûrement qu’après cette conversation ça me restera en tête.

« Merci. Elle vient de H&M. » réponse aussi simple que semblait l’être Sam. Elle n’avait visiblement pas tenu rigueur de ma tirade débile que je venais de faire. Je me sentais d’ailleurs toujours aussi gênée, ne comprenant pas cette vague de stress qui m’avait envahie. Pourtant, j’avais déjà croisé plusieurs fois des célébrités mais c’est vrai qu’en réalité, je n’avais jamais eu l’occasion de leur adresser la parole. Elle rebondit quand même sur mes conneries. « T’es sûre que tu veux pas un challenge sur le 3e couplet de la chanson numéro 4 de mon deuxième album ? » je souris bêtement et me surprends même à réfléchir mais c’était hors de ma portée. « Bon désolée de te décevoir, pour le coup, la seule chanson que je suis encore capable de chanté, c’est Mulan : "Comme un homme, sois plus ardent que le feu des volcans. » j’avais encore manqué une occasion de me taire visiblement. « Ca pourrait faire un bon jeu pour une prochaine émission. » je hochais la tête. « je peux mettre un droit sur l’idée ? Genre copyright ? »dis-je en plaisantant mais en vrai ca pourrait m’aider à avoir de l’argent tien, moi qui galérait en ce moment à me demander comment je pourrais payer l’avocat sans être obligée de manger des pates tous les mois. Pauvre Loan, on allait se retrouver à la rue si ca continuait. « Merci d’être venu pour me voir Noa et d’avoir aménagé ta journée. » je haussais les épaules. « Merci à toi d’être aussi accessible surtout, j’crois que c’est pas donné à tout le monde. Puis, pour ma journée, c’est assez simple de pouvoir organiser mon taf comme je peux, donc j’ai pas de mérite. » Elle se montre très accessible c’est vrai et aussi intéressée, c’était plaisant. « Tu parlais de l’association Beauregard, j’en ai déjà entendu parler oui. Mais j’avoue que ce qu’ils font m’échappes. Tu peux me rafraîchir la mémoire ? » j’étais ravie de voir que finalement, mon presque monologue avait retenu son attention. « Bien sûr ! L’association accueille et accompagne des personnes qui sont atteintes de cancers, quelqu’ils soient. On est à leur disposition pour des questions diverses, pour de l’aide, pour les soutenir psychiquement aussi. Et moi je gère des bénévoles, on propose des activités, on met des projets en place. Là dernièrement, je bosse sur un projet avec une troupe de théatre pour monter une pièce ! » et j’étais assez fière de ça.

J’hausse très haut les sourcils quand elle me sort une phrase d’une chanson de Mulan. Je ne sais pas d’où elle a sorti ça au vue du contexte mais c’est plutôt original. Cette fille a l’air un peu folle aux premiers abords, et c’est généralement les personnes les plus intéressantes à mon avis. Moi même je suis pas mal folle dans mon genre. Je sais pas si c’était pire quand j’étais plus jeune ou pas. Je crois que j’en tiens une belle couche même à 44 ans. Ca doit venir de ce jour où je suis tombée d’un escalier hélicoïdale. J’ai eu une sacré frayeur, mais aussi de sacrés bleus, sans parler de ce coup à la tête que j’ai pris. Ca remonte à bien longtemps cette histoire, j’étais haute comme trois pommes et j’étais frappé ostracisme à l’école parce que j’aimais parler en faisant des rimes. Ok je chantais aussi beaucoup. Ca n’aidait pas à ne pas passer pour une fille bizarre.  

Noa dit qu’elle n’a pas de mérite mais je ne suis pas d’accord. Je ne vais pas entrer dans un débat, parce que ce n’est pas le plus plaisant comme conversation. Surtout qu’on est parti sur un truc assez sérieux, à savoir l’association Beauregard. Quand elle me parle du cancer, j’hoche la tête. Je crois que j’ai déjà fait un don à cette association. Il faudrait que je vérifie mes emails pour être sûre à 100%. J’hoche la tête quand elle parle de pièce de théâtre.

« Joli projet. Si jamais t’as besoin de promo pour la pièce de théâtre. Je pourrais toujours re-tweeter quelque chose. »

Parce que je suppose qu’il va y avoir une représentation à un moment donner et donc des billets à vendre. Je fais souvent ce genre de chose, relayer des informations via twitter. J’ai une grosse fan base en Australie donc ça peut toucher des gens qui seraient susceptible d’être intéressé pour voir une pièce en ville.

Y’a un photographe qui est à côté et qui prend en photo notre échange avec Noa.

« Viens on profite de ce gentil monsieur pour avoir une jolie photo de nous deux. »

Je passe mon bras autour des épaules de Noa, me mettant à côté d’elle et je fais un large sourire à l’objectif. Sauf que le mec en prend plusieurs. Mais quand je dis plusieurs, c’est ENORMEMENT. Il ne s’arrête plus. Changeant quelques peux l’angle de la prise de vue.

« Je crois qu’on l’inspire. »

« Joli projet. Si jamais t’as besoin de promo pour la pièce de théâtre. Je pourrais toujours re-tweeter quelque chose. » Ah j’ignorais qu’en venant ici on allait surtout parler de moi et de mes projets, mais bon, peut être que ça se serait passé autrement si je ne m’étais pas lancé dans une longue tirade pour me présenter. Et finalement, je trouvais ça assez cool. J’étais contente de pouvoir discuter avec elle de choses qui me tenaient à cœur et cette pièce de théâtre, c’était un peu mon bébé, quelque chose que j’avais conçu moi-même. Ce n’était bien sûre qu’au stade embryonnaire mais je le voyais déjà grandir, et peut être que dans neuf mois, il sera enfin mis au monde. « Ce serait génial ! mais pour le moment, on est seulement entrain de discuter du projet, pour voir comment on pourrait articuler tout ça avec les artistes. » Non seulement Myrddin était partant pour mon aventure, mais en plus, il m’avait confié que d’autres acteurs de sa compagnie l’étaient aussi, ca n’était que du pain béni pour moi. En espérant que le pain ne se transforme pas en biscotte qui s’émiettera… mais j’étais optimiste. J’y croyais. Il fallait que j’en parle aussi à James mais j’avais prévu d’en discuter lors de notre réunion hebdomadaire au travail. « On pourrait rester en contact ? » j’imagine qu’elle ne donnait pas son numéro à n’importe qui, surtout pas à une fan comme moi qu’elle ne connait pas, qui sait ce que je pourrais en faire. « enfin… j’ai pas l’intention de balancer tes coordonnées sur les réseaux ou quoi… c’est juste pour te tenir au courant de l’avancée du projet. Pour l’instant, c’est encore tout frais. D’ici à ce qu’on fasse la représentation sur scène… et devant un large public, on a le temps quoi. » et pour moi, sa proposition n’était pas tombée dans l’oreille d’une sourde.
Sam me parle ensuite d’un photographe qui semble nous prendre en photo. Je me tourne alors vers celui-ci. « Viens on profite de ce gentil monsieur pour avoir une jolie photo de nous deux. » Je prends alors la pause, c’est chouette si on pouvait avoir une photo de notre rencontre mais en effet, comme le souligne ensuite la chanteur, le photographe ne s’arrête plus. « Je crois qu’on l’inspire. » J’ignore quelle attitude prendre. « Faut pas que je fasse n’importe quoi, je voudrais pas qu’on fasse de ma tête un meme sur internet… »

Sa pièce de théâtre n’est pas encore prête de voir le jour d’après ce qu’elle me dit, j’hoche simplement la tête pour toutes réponses. Noa demande si on peut rester en contacte et j’avoue que c’est la partie un peu sensible. Si je devais rester en contact avec tous les fans avec qui j’ai parlé, j’aurai jamais de temps pour moi. Mais cela dit, je prends le temps de lire les tweets où je suis mentionnée, j’y réponds même assez régulièrement. Je like les tweets que je reçois assez souvent aussi. Je ne suis pas avare de likes. Je mets trop de temps à répondre à Noa et elle reprend la parole, m’expliquant qu’elle ne va pas donner mes informations à n’importe qui. Elle confirme que pour la pièce, c’est pas encore demain la veille. Je profite de la distraction du photographe pour gagner un peu plus de temps avant de lui répondre à cette histoire de contact.

Je ris un peu quand Noa parle de finir en meme sur internet. Je suis d’accord.

« Moi non plus. »

Même si ça peut être drôle. Tout dépend du meme qu’il en ressort. Ca peut être positif. Le mec s’arrête enfin avec ses photos et c’est tant mieux. Je vois tout flou, merci monsieur le photographe, j’ai presque l’impression d’avoir la cataracte. On me dit qu’il y a d’autres fans dehors qui m’attendent. Je me tourne vers Noa.

« Tu peux me contacter sur Twitter. Je me tiens bien à jour sur ce réseau social. »

Je lui fais un sourire et puis voilà le moment de se quitter.

« C’était un plaisir de te rencontrer Noa. »

Me voilà en chemin vers la sortie de l’immeuble pour aller à la rencontre des autres personnes qui sont venues me voir. J’espère qu’ils ne seront pas trop nombreux. Non pas que je ne vais pas prendre le temps pour tout le monde, mais je pourrais prendre encore plus de temps si l’effectif est réduit.