Et si on remontait quelques mois en arrière ? Oh, pas très loin. Seulement en février 2018. Trois mois plus tôt.

Selina ne savait pas pourquoi mais elle trouvait Colin distant depuis quelques semaines. Elle avait mis ça sur le dos du travail. Parce qu'après tout, il avait une sacrée boîte de graphisme à gérer et il ne pouvait pas toujours se laisser distraire par les petits à côté de la vie. Selina avait pensé reprendre le travail. Seulement, avec ce qui s'était passé en novembre, avec Kyle, elle avait décidé de remettre à plus tard la reprise de son boulot. Pas que ça l'enchantait. Mais elle devait trouver une nouvelle nounou. Une nourrice en qui elle aurait confiance. Ou elle attendait que les jumeaux aient deux ans et elle les mettrait à la crèche. Elle ne pouvait pas compter sur la famille de Colin. Ses parents étaient morts. Et il était fils unique. A ses dires. Aucune raison d'en douter. Et elle. Elle avait ses parents, elle avait sa soeur aussi. Ses frangins. Mais elle ne pouvait pas non plus toujours leur demander de garder les petits. Alors, oui, elle devait trouver une solution un peu plus durable. Plus facile à dire qu'à faire. Selina allait prendre son temps. Ce n'était pas comme si elle était pressée. Elle avait des économies de son mannequinnat, quand elle était bien plus jeune, et elle avait de quoi voir venir, c'était certain. Et puis, elle n'était pas seule. Colin l'aidait beaucoup, dans la mesure du possible.

Quoi qu'il en soit, Selina revenait du parc avec les enfants. Ils étaient tous les deux dans la poussette et elle marchait ... plutôt rapidement. Avec une ride au milieu du visage. Enfin, une ride, façon de parler. Mais elle n'était pas bien contente. Elle semblait même ... même un poil en colère. Passablement énervée. "C'est pas possible ..." Elle avait répété ça à plusieurs reprises alors qu'elle rentrait à la maison. "C'est pas possible." Elle secoua la tête. Non. C'était ... C'était probablement un blague ? Ou bien une mauvaise farce ? Ou quelque chose dans le genre, non ? Elle ne pouvait pas y croire en tout cas. Peut-être que c'était un rêve. Une manifestation d'un cauchemar, ou quelque chose dans le genre. Elle avait pris une lente inspiration alors qu'elle venait de rentrer dans la maison. Colin n'était pas encore arrivé. Sinon, la porte aurait été déverrouillée. Elle sortit ses petits monstres de la poussette et ils partirent tout de suite dans la pièce d'à côté afin d'aller jouer un peu. Ils étaient peut-être encore jeunes, mais ils étaient pas mal indépendants. Du moins, quand ils étaient à la maison, ils faisaient leur petite vie, ensemble, et ils jouaient. En faisant un peu de bruit parfois. Mais bon. Elle avait récupéré un verre. Parce que là, tout de suite, elle en avait besoin d'un. Elle n'était pas du genre à boire beaucoup. Pas depuis ce fameux soir où elle s'était prise une cuite et où elle avait fini la nuit à l'hôtel avec Colin. Elle buvait un petit verre de temps à autre, mais là, oui, elle en avait besoin d'un. Le liquide ambré avait donc fini sa course dans son verre. Elle l'avait levé. Et en avait bu une gorgée. Il allait devoir s'expliquer. C'était certain.

Il est temps de commencer par le commencement. Si on expliquait le pourquoi du comment nous sommes dans cette situation aujourd’hui. Tout commence ce fameux jour où je me suis fais grillé. Il y a trois mois…

Encore une journée assez productive à la boîte. Je suis plutôt content de cette journée, nous avons réussi a clôturer par mal de dossiers en temps et en heure. C’est signe que l’entreprise tourne bien et que l’équipe est plutôt bien motivée. Je suis un patron satisfait et satisfait une fois de plus par une employée en particulier. Ca fait quelque semaines que j’ai reçu le coup de téléphone de mon père m’informant que j’étais responsable de la mort de ma soeur. Oui responsable parce que j’avais décider de vivre ma vie plutôt que d’attendre qu’on vienne m’hospitaliser encore une fois pour lui donner de quoi la sauver. Mon corps n’était plus en état.
Voilà donc quelques semaines que j’ai perdu le contrôle de ma vie. Ce coup de fil m’a anéantis et m’a fait retomber dans les soirs accoudé au bar, un verre à la main. Et… dans le lit d’une femme. Et puis deux, et puis trois jusqu’à ne plus savoir où donner de la tête. Je dois cependant rester crédible sur les excuses que je donne à Selina. Mon emploi du temps doit être parfaitement en ordre pour ne pas me faire griller et assurer mon rôle de père. La meilleure excuse c’est évidemment le travail. Elle sait que je suis pas mal occupé avec tous les dossiers. Je ne sais pas pourquoi je cherche à fuir la mère de mes enfants mais je ne peux pas lui avouer que j’ai mentis pendant des mois sur ma famille, mon passé. Je préfère me confier à des inconnues que je ne verrai qu’une seule fois, qui ne peuvent pas me juger parce qu’elles ne me connaissent pas.

Je ne sais pas quelle heure il est exactement mais je me réveille dans une chambre qui n’est pas la mienne. J’ai du mal à émerger, je crois que j’ai une belle gueule de bois encore. La première chose que je fais, c’est regarder à côté de moi, il n’y a plus personne, la belle a dû quitter la chambre d’hôtel avant moi pour une fois. J’opte pour regarder mon téléphone en seconde chose à faire. Je le déverrouille et aperçois en premier plan un tas d’appels manqué de Selina et en second plan la photo de mes loulous en fond d’écran, ce qui me soutire un sourire attendri. Je me lève et me frotte le visage avec mes mains alors que je cherche déjà une excuse à donner. Il dois être prêt de 14h, j’ai donc oublié d’aller bosser. Je me lève et me douche rapidement avant de remettre mes fringues qui sentent encore le parfum. Je quitte la pièce après avoir ramasser mon portable et mes clés. Payant en espèces la chambre pour ne pas avoir de traces sur mon compte en banque.

Je me dirige vers la maison, où je compte bien être le premier a rentrer, mais en arrivant devant la porte, je constate que celle-ci est déverrouillée, ce qui m’informe que Selina est là avec les enfants. MERDE pour moi, je soupire avant de rentrer à l’intérieur. « C’est moi… » dis-je tout naturellement. Je dépose mes clé dans le bocal de l’entrée. « J’suis épuisé, désolé de pas t’avoir répondu mais on a bossé encore toute la nuit sur le dossier pour la société de surf… Tu sais celle dont je t’ai parlé l’autre jour… » lâchais-je en m’approchant de la belle blonde avant de déposer un baiser contre sa joue. « Ca va? Les enfants sont couchés? » demandais-je l’air de rien. Je devais de rester le plus serein possible et tenter de jouer le père de famille irréprochable alors qu’en réalité j’avais encore trompé la mère de mes enfants.

Calme. Elle devait rester calme. Les enfants étaient à côté. Ils étaient en train de jouer. Et elle ... Oui, elle, elle se contentait de boire un verre. Est-ce que ce verre là allait en entraîner un second ? Elle n'en savait trop rien. Elle ne pouvait pas se le permettre. Non. Alors, ça serait juste un seul verre. Elle allait devoir contenir sa colère d'une autre manière. La journaliste faisait quelques exercices de respiration. Elle en avait bien besoin. Elle respirait. Lentement. Mais sûrement. Elle avait envie de crier. Mais elle n'allait rien en faire. Elle avait regardé son téléphone portable et elle était retournée dans les messages. Regardant le sms, ou plutôt, le mms qui était à l'origine de tout. Il n'y aurait pas eu la photo, sans doute qu'elle serait passée outre. Qu'elle aurait mis ça sur le compte de la jalousie. Le fait qu'on ait envie de détruire le bonheur qu'elle avait actuellement. Qu'on cherchait à lui faire du mal. Parce que c'est toujours fun de faire du mal quand on est un peu diabolique. Et venant de cette personne, ça n'aurait pas étonné Selina autant que cela. Sauf qu'il y avait une preuve. Sauf qu'il y avait cette photo. Et là, tout de suite, Selina ne savait plus vraiment quoi penser. En fait, elle était en colère. En colère contre elle. Mais également en colère contre Colin. Parce que ... parce que si elle avait vu les signes, si elle avait ouvert les yeux avant, elle était certaine que ... Et bien, elle était certaine qu'elle aurait vu ce qui se passait sous ses yeux. Mais elle avait été aveugle. Elle avait été stupide. Et maintenant, elle allait devoir gérer ça. Et elle ne savait pas trop ce qu'elle devait faire. Est-ce qu'il avait toujours été malhonnête avec elle ? Ou bien est-ce que c'était une simple incartade ? Et ce n'était rien ? Elle ne savait pas. Mais au fond, lui qui avait pourri sa femme de l'avoir trompé ... Il n'était pas mieux qu'elle au final. Non. Il était pas mieux qu'elle.

Selina avait fermé les yeux durant une fraction de seconde. Et elle respirait. Lentement. Elle avait été sortie de ses pensées par ... Et bien, par la porte qui venait de s'ouvrir. Elle passa une main dans ses cheveux et elle avait reconnu la voix. C'est moi, qu'il avait dit. Elle secoua la tête, regardant l'heure. Il ne rentrait jamais à cette heure là. Enfin, dernièrement, si. Et maintenant, elle savait plus ou moins pourquoi il rentrait aussi tard. Sans doute parce que monsieur s'accordait quelques extras. Quelques verres. Avant de se retrouver dans un lit qui n'était pas le sien. Ce n'était pas comme si Selina considérait Colin comme à lui. Dans le sens où ... Et bien, il était le père de ses enfants, ok, et même s'ils avaient pu avoir quelques relations sexuelles par la suite, ce n'était pas vraiment comme s'ils étaient ensemble. Si ? Non ? En fait, elle ne savait pas quoi penser de tout ça. Elle l'avait entendu déposer ses clés dans le bocal et il se rapprochait d'elle. Des excuses. Des excuses. Encore des excuses. Le boulot. Voilà pourquoi il n'était pas là. Sauf qu'elle le savait. C'était pas vrai. Elle fronça des sourcils. Elle n'avait rien dit. Selina eut un mouvement de recul juste après ... Juste après qu'il ait déposé un baiser sur sa joue. Pour le coup, il l'avait surprise. Et si elle l'avait vu venir, sans doute qu'elle aurait reculé bien plus tôt. Pour lui faire comprendre qu'elle savait. Oui. Qu'elle savait. "Non, ils sont en train de jouer." Dans la salle de jeu qu'elle avait fait aménagée. Au moins, ils n'étaient pas à l'étage, et ils ne risquaient pas de se briser le cou dans les escaliers. Et c'était plus simple pour elle aussi également. "Ca aurait été encore mieux qu'ils ne soient pas là." Qu'ils soient chez sa mère, par exemple. Parce que ça n'allait pas être beau. Du tout. Elle avait relevé la tête en sa direction. Elle lui avait jeté un regard noir. "Tu vas continuer à te payer ma tête pendant longtemps ?" Sans doute qu'il aurait continué encore un moment. Si ... Et bien, si elle ne l'avait pas su. Enfin, là, tout de suite, il devait se demander de quoi elle était en train de parler.

Vu l’heure il allait être difficile pour moi de m’excuser et donner encore l’excuse du travail, mais je n’avais pas le choix, rien d’autre n’était crédible à mes yeux. Depuis l’arrivée des jumeaux je n’avais pas trop pris le temps pour sortir avec des amis ou encore pour m’accorder une soirée en boite. J’avais pris mon rôle de père au sérieux et j’avais relayer Selina lorsqu’elle en avait besoin. Malgré ça, j’enchaînais les journée au bureau de façon intensive, c’était épuisant mais j’aimais cette vie. Je me sentais à ma place et j’avais l’impression d’avoir réussi ma vie et ma famille, pas comme celle dans laquelle j’avais grandis.
Cependant tout à dégringolé et j’ai perdu pieds, trompant la mère de mes enfants à plusieurs reprises. Et encore une fois la veille, alors que je me réveille tard dans la journée. Le retour à la réalité est difficile et encore une fois, je m’en veux d’avoir agis ainsi, je suis faible lorsque l’alcool coule dans mes veines. Je le sais, j’ai un mauvais rapport avec l’alcool depuis mon adolescence. Je m’en veux parce que Selina est importante à mes yeux, elle m’a offert tout ce dont je rêvais dans ma vie. Mes enfants. Et pourtant chaque soirs, je craque pour passer la nuit avec une autre. Je sais que ça va lui faire de la peine, je suis moi-même passer par là, c’est affreux de lui faire ça, sachant que du coup, pendant que je prends du bon temps, elle s’occupe de nos jumeaux. Pff quel pauvre type mon père a fait de moi. Je le déteste.

Je passe la porte de chez nous, oui je dis chez nous puisque la belle blonde m’a proposer de vivre avec elle afin de voir les enfants plus facilement. Je lui fais savoir que je suis rentré et je sais que l’heure va paraître suspect c’est pour ça que j’attaque directement la conversation avec une excuse. Toujours la même. Je ne suis pas rentré de la nuit et… c’est nul. Pour me faire pardonner, mes lèvres touchent sa joue pour l’embrasser et la saluer. Après tout, je dois être calme et jouer le jeux. J’ai une tête fatiguée, ça joue en ma faveur. « Non, ils sont en train de jouer. » Bon, je souris lorsqu’elle parle de nos enfants. « Cool, je vais aller les embrasser… » dis-je en tournant les talons avant d’entendre le son de sa voix m’arrêter dans mon élan. « Ca aurait été encore mieux qu'ils ne soient pas là. » Je me tourne alors vers elle pour comprendre pourquoi elle affirme ça. « Tu voulais que je m’occupe de toi en toute tranquillité ? » dis-je sur le ton de la séduction. C’est vrai que du coup, avec tout ce qu’il se passait hors d’ici, je n’avais plus le temps ni l’énergie de passer du temps avec Selina. Cependant sa réponse semble clair avec le regard qu’elle me lance. Outch, j’ai du soucis à me faire j’ai l’impression. Je fronce les sourcils à mon tour, soutenant son regard avec attention. «  Tu vas continuer à te payer ma tête pendant longtemps ? » Je me racle le fond de la gorge en m’approchant d’elle de nouveau, réduisant la distance entre nous. Ma main droite vient se frotter contre l’arrière de ma tête, signe que je deviens nerveux. « Euh… Je peux savoir de quoi tu parles? » ok, je devais jouer les innocents maintenant et continuer mon mensonge, c’était difficile avec le regard qu’elle avait envers moi. « Si tu n’as pas envie d’un câlin, tu n’as qu’à le dire, pas besoin de ce regard… » terminais-je par dire en soupirant. « Qu’est-ce que tu as? T’as passé une mauvaise journée? Les enfants t'ont fait la misère ? » demandais-je à la belle. Fallait bien que j’essaie de noyer le poisson et changer de sujet rapidement avant que ça ne chauffe trop pour mon matricule.

Est-ce que ça aurait été plus facile pour elle si les enfants n'avaient pas été là ? Elle n'en savait trop rien. Sans doute qu'elle se serait effondrée sur le canapé. Qu'elle aurait pris le pot de glace et qu'elle se serait fait une orgie de glace. Ou peut-être qu'elle n'aurait rien fait de tout ça. Qu'elle ne serait même pas à la maison. Ouais. Sans doute qu'elle serait chez sa mère. Ou bien chez sa soeur. A pleurer dans un coin. A pleurer que l'épaule de quelqu'un. Elle n'en savait rien. Elle pouvait se tromper. Il y avait tout un tas de choses qui traversaient dans sa tête. Tout un tas de questions. Mais la seule qui revenait sans cesse, c'était de savoir pourquoi. Pourquoi il avait agi comme ça. Pourquoi il lui faisait ça. Il n'était pas heureux ? Si c'était le cas, le plus simple, c'était de lui dire. De lui dire qu'il n'en pouvait plus. Qu'il voulait voir ailleurs. Faire un break. Elle l'aurait compris. Elle ne lui aurait pas hurlé dessus. Elle se serait contentée de lui dire ok, à bientôt peut-être. Mais il aurait pu continuer à voir ses enfants. Et surtout, y'aurait pas cette tension malsaine qui était présente, là, tout de suite. Colin était prêt à laisser Selina durant quelques instants. Afin d'aller voir les enfants. De les prendre dans ses bras. Mais non. Selina l'avait interrompu dans sa lancée en lui disant que ça aurait été mieux qu'ils ne soient pas là. Tout de suite, ou presque, le chef d'entreprise avait pensé que la journaliste avait envie d'un tête à tête avec lui. Si seulement ... Si seulement c'était ça. Ouais. Ca aurait été sans doute mieux. Sauf que ça n'avait rien à voir avec ça. "Non, je pensais pas vraiment à ça." C'était même tout le contraire. Quand il était comme ça, avec ce regard, Selina se disait que ... qu'il avait tout d'un ange. Son regard l'avait fait si souvent craquer. Et là, ce n'était que déception. La sensation d'avoir été prise pour une imbécile. D'ailleurs, elle avait fini par lui demander s'il se foutait de sa gueule. Il ne comprenait pas. Il s'était rapproché d'elle, tout en la regardant. "Oh, alors, tu nies ?" Oui, bon, dit comme ça, le pauvre devait se demander à quelle sauce Selina était en train de le manger. "T'es pas au courant ?" Non, là, sérieusement, il se fichait de sa tête. C'était certain. Et le pire, c'est qu'il essayait de retourner la situation. De faire comme si elle avait passé une mauvaise journée. "Non, ils ont été adorables. Ils sont toujours adorables." Même si elle avait parfois un peu de mal avec Kyle. Il était une vraie pile électrique. Louna, elle était un peu plus calme. Elle canalisait son frère quand même. C'était un peu comme elle et sa soeur jumelle, Celia. Une plus calme. L'autre plus turbulente. C'était pareil pour ses enfants. Oui. "La journée était parfaite. Jusqu'à ce que je reçoive une photo qui m'a foutu en rogne. A juste titre." Elle essayait de ne pas élever la voix. Mais Selina était à la limite. Elle était vraiment à la limite. "T'étais vraiment au boulot ? Ou c'est un de tes mensonges ?"

Ok, je pense qu’au vu de l’ambiance pesante qui régnait dans l’habitacle, je savais que quelque chose n’allait pas chez Selina. J’avais passé assez de temps à ses côtés pour savoir quand elle n’allait pas bien ou que quelque chose la perturbait, l’agaçait ou que sais-je encore… Cependant je ne pouvais pas me douter une seconde que je pouvais être la cause de ce mal-être…. Enfin si je sais que je l’étais mais elle ne le savait pas donc aucune raison de m’inquiéter. Je stressais un peu tout de même. Le regard qu’elle me lançait a de nombreuses reprises depuis mon arrivée, elle ne me l’avait jamais fait. C’était une première et je dois dire que je n’étais pas fière d’être devant elle a nier encore et encore. Il le fallait, il fallait que je me défende pour tenter de sauver ce qu’il reste a sauver. C’est pourquoi je prends sa mauvaise humeur à la rigolade en ce qui concerne les enfants, alors que j’allais les saluer avec un gros câlins à trois, comme a notre habitude. Affirmant qu’elle voulait un petit moment rien que pour nous deux, sans les petits montres, je souris. «  Non, je pensais pas vraiment à ça. » Je souris à sa remarque, tentant de positiver. « Ce n’est que partie remise pour tout à l’heure quand ils seront au lit. » lui répondis-je simplement. Fallait bien que je sauve les apparences. Alors même si j’étais épuisé, j’allais devoir jouer me surpasser pour jouer les amants torride avec la belle blonde. Elle m’attirait toujours autant alors ce n’était pas un problème pour moi et puis elle comptait à mes yeux, si elle avait besoin de tendresse et attention, j’étais là pour en lui donner aujourd’hui.

La conversation avait prit un tout autre chemin alors qu’elle me demande si je me fiche d’elle… La je commence à avoir chaud aux oreilles, elle sait quelque chose, mais quoi… C’est la vraie question. «  Oh, alors, tu nies ? » Je fronce les sourcils, et déteste être accusé et question de la sorte. « Je n’ai rien à nier ! » avais-je répondu avant de retourner la situation pour lui poser des questions à mon tour afin qu’elle oublie de quoi nous étions en train de parler. Après tout, elle avait peut-être passer une mauvaise journée et avec la fatigue, il fallait qu’elle se défoule sur quelqu’un… Qui sait…? Elle en tout cas et moi je voudrai bien savoir de quoi il retourne. Je serre les dents en écoutant ce qu’elle me dit. «  Non, ils ont été adorables. Ils sont toujours adorables. » Puis doucement mon visage se desserre, toujours quand il s’agit des enfants. Je les aime tellement. « Ils tiennent ça de leur père ! » en rigolais-je. Bon c’était peut-être pas, même que c’est certainement pas le bon moment pour faire le clown. Je racle ma gorge une nouvelle fois attendant ma sentence. Je croise les bras contre mon torse alors que je soutiens toujours le regard désagréable qu’elle m’envoie dans la face. «  La journée était parfaite. Jusqu'à ce que je reçoive une photo qui m'a foutu en rogne. A juste titre. » J’hausse les épaules en soupirant. « Oui je vois bien que t’es en rogne…merci de cette précision. » dis-je ironiquement. « C’est quelle genre de photo? » demandais-je alors. J’allais être fixé. Je ne pense pas m’être laissé piéger par une photo prise à mon insu. Je fais très attention justement. Je n’ai d’ailleurs aucun numéros de ces filles dans mon téléphone. C’est une question d’organisation. Je ne sais pas si elle va me répondre et me montrer la photo en question mais je comprends rapidement avec le reste de son discours que je suis dans la merde et cette fois-ci jusqu’au cou. « T'étais vraiment au boulot ? Ou c'est un de tes mensonges ? » Je suis pris sur le faite accompli et je n’ai plus d’échappatoire. Je tente le tout pour le tout. Quitte à me brûler les ailes. « Oui bien sûr que j’étais au boulot ! Quelle question… » dis-je alors que subitement je sens mon nez bouger, comme si c’était le mensonge de trop. « Mais… on a été boire un verre avec des collègues… et pis j’étais tellement bourré que j’ai préféré dormir à l’hôtel pour pas que tu me vois dans cet état… et aussi pour pas vous réveiller, toi et les enfants. » dis-je alors tout naturellement. Ce n’était finalement pas totalement faux, j’osais espérer qu’elle allait me croire et qu’on signerait la paix avec un agréable baiser.

Selina pensait à lui pourrir la gueule, et pas qu'un peu. Et lui, il pensait tout le contraire. Il pensait ... il pensait peut-être à une partie de jambes en l'air ? A un moment intime avec Selina ? Et bien, dans ses rêves. Oui. Dans ses rêves. Elle ne voulait pas. Elle n'en avait aucune envie à dire vrai. Du tout. Elle ne voulait pas passer du temps avec Colin. Pas maintenant. Plus jamais ? Elle n'en savait rien. C'était quelque chose à laquelle elle devait réfléchir. Parce que cette bouche ... Ces lèvres qui embrassaient si bien ... Ces lèvres n'étaient plus les siennes. Non. Ils n'avaient jamais dit qu'ils étaient exclusifs. C'était un fait. Pour autant, elle n'aurait jamais cru ... Elle n'aurait jamais cru qu'il aurait cherché à voir d'autres femmes. Alors, pourquoi, comme ça, du jour au lendemain ? Pourquoi avait-il décidé de jouer les enfoirés ? Maintenant ? Alors que ça se passait plutôt bien entre eux ? C'était l'impression que Selina avait en tout cas. Mais peut-être qu'ils n'étaient pas sur la même longueur d'ondes. Peut-être qu'au fond, elle attendait des choses de lui. Mais elle en attendait peut-être trop. Peut-être que ce n'était pas ce qu'il voulait. Peut-être qu'il voulait simplement retrouver sa liberté. Et avec une copine et deux enfants, il ne pouvait pas l'avoir. C'était peut-être pour ça qu'il décidait de tout foutre en l'air. Et bah, si c'était sa stratégie, c'était moche. C'était vraiment moche. Oui.

En tout cas, Colin ne se laissait pas démonter. Elle n'avait pas envie d'un câlin maintenant, il pensait que plus tard, ça le ferait. Quand les petits monstres seraient a lit. "J'crois pas qu'il y aura un plus tard." Selina en était même certaine d'ailleurs. Il pensait quoi ? Il pensait réellement qu'il allait faire quelques petites folies avec elle ? Dans ses rêves. Mister Parks avait de la suite dans les idées. Mais ça n'allait pas marcher face à Selina. Là, son sourire, son regard, il n'allait pas s'en sortir par quelques pirouettes et faire comme si tout allait bien. Parce que ça n'allait pas bien. Parce qu'il se fichait de sa tête. Parce qu'il niait qu'il y avait quelque chose. Les rôles auraient été inversés, sans doute qu'elle aurait pu nier au départ, surtout en ne sachant pas de quoi elle pouvait parler. Elle ne lui avait donné aucun indice. Rien pour le moment. Il avait eu quelques mots à propos des enfants. Ils étaient adorables. Comme leur père. "Et bien, j'espère qu'ils n'ont pas hérité de la fourberie de leur père !" Parce qu'elle ne pouvait pas nier qu'il était adorable. D'accord sur ce point là. Par contre, c'était un sacré menteur. Ouais. A se demander depuis quand il allait voir ailleurs ... Est-ce qu'elle voulait le savoir ? Selina avait parlé de la photo. Avant de lui demander s'il était vraiment au boulot. Elle attendait la réponse, tout en cherchant dans son téléphone, justement, la photo qui l'incriminait. Dans les bras d'une autre, puisque ce n'était clairement pas elle comme il était avec une brune. Et il était pas en train de lui faire du bouche à bouche. "Parce que tu crois que te voir torché, ça m'aurait fait fuir ou quoi que ce soit dans le genre ?" Il se foutait vraiment d'elle. "J'ai un frangin irresponsable. Qui picole souvent. J'ai toujours été là pour lui. Et j'le serais toujours même s'il force un peu sur l'alcool. Même chose avec mon cousin." Elle avait souvent été là pour Mickey aussi. Il allait mieux maintenant qu'il avait fini sa désintox. Mais elle était là, toujours à l'accueillir à bras ouverts. A l'aider si besoin était. Parce qu'elle était comme ça Selina. Elle était là pour ceux qu'elle aimait. Par contre, si on la poignardait dans le dos, là, ça devenait différent. "Tu vas toujours nier ?" demanda-t-elle en lui mettant la photo sous le nez. "J'ai d'abord cru à une mauvaise blague." Si seulement. "J'me suis dit qu'elle cherchait simplement à me faire du mal. Et j'ai reçu la photo." D'abord les sms. Ensuite la photo.

Je suis dans une belle panade là toute suite. Je sens cette pression, cette tension rien qu’en passant la porte. Selina ne passe par quatre chemins pour me faire comprendre que je suis en tord et qu’elle est en colère. Oui je pense que je l’ai remarqué au vu des regards et des mots froids qu’elle m’adresse. Je prends pourtant sur moi et tente tant bien que mal de rester calme. C’est d’ailleurs étonnant… mais finalement pas tant, puisque là, je n’ai pas grand chose à dire, je sais que je suis en faute et donc je ne dois pas trop la ramener sauf que c’est plus fort que moi, je dois me défendre pour ne pas voir toute ma famille s’écrouler autour de moi. A croire qu’a chaque fois c’est de ma faute. C’était déjà le cas étant plus jeune, c’est le cas depuis que ma soeur est décédée et ca va sûrement être le cas si ma relation avec Selina se dégrade.

Je soupire agacé qu’elle tourne autour du pot comme ça avec moi. Je préférerais qu’elle crève l’abcès de suite et qu’on puisse parler ensuite calmement. Mais non, madame décide de me faire tourner en bourrique et moi, beh moi j’essaie de calmer le jeu en lâchant quelques petites répliques, qui normalement l’auraient fait rire. Mais faut croire que là c’est fichus pour moi et même pour une petite partie de jambe en l’air avec la belle blonde. «  J'crois pas qu'il y aura un plus tard. » Je me frotte le menton nerveusement. Je crois que là, c’est un message clair, net et précis mais encore une fois je tente de passer outre les menaces. « Mais si, le boulot va se calmer, les gros dossiers sont bientôt clôturés, je vais être plus souvent à la maison désormais, et t’aider un peu plus avec les enfants… J’assure pas trop dernièrement, tu dois être fatiguée… » Oui c’était en partie vraie et j’allais l’aider. Même si le mec n’était pas droit dans ses pompes, je me devais de l’être avec mes gamins. Chose sûre, je ne voulais pas mettre mes enfants de côté comme mes parents l’avaient fait avec moi. Les enfants sont si adorables et pleins de joie que je me dois de faire remarquer qu’il me ressemble. Encore une façon d’attirer l’attention de Selina et de lui faire penser à autre chose qu’à ce qu’elle veut me faire dire. «  Et bien, j'espère qu'ils n'ont pas hérité de la fourberie de leur père ! » Ok, j’avais de nouveau raté mon coup et elle n’avait pas l’air de vouloir lâcher le morceau. « Je comprends pas pourquoi tu dis ça… C’est pas cool de ta part. » lui dis-je alors je suis un brin vexé par ses mots. Mais bon, quand j’y pense, je le mérite. Je lui mens depuis des semaines et je lui ai menti sur ma famille. Elle ne connait rien de moi en réalité.

Je me sens pris au piége avec ces questions et je me dois de lui dire la vérité, enfin une partie pour le moment. Allons-y en douceur. J’étais bourré c’est vrai, et je ne voulais pas qu’elle constate mon état pitoyable. «  Parce que tu crois que te voir torché, ça m'aurait fait fuir ou quoi que ce soit dans le genre ? » J’hausse les épaules en écoutant la suite. «  J'ai un frangin irresponsable. Qui picole souvent. J'ai toujours été là pour lui. Et j'le serais toujours même s'il force un peu sur l'alcool. Même chose avec mon cousin. » Je soupire légèrement. « Justement, je voulais pas t’infliger ça… encore une fois. J’étais vraiment pas dans mon état normal… C’était la meilleure solution, je t’assure. Excuse-moi si tu as été inquiète. » après tout c’était peut-être pour ça qu’elle était en colère, elle avait eu peur pour moi et de ne pas avoir de nouvelles… J’osais espérer que ça allait passer ainsi et qu’elle allait venir se blottir contre moi comme à son habitude lorsqu’on se réconcilie après une dispute. Il y en avait eu quelques unes pendant la grossesse, normal avec les hormones et nos forts caractères. J’attendais cependant toujours cette photo dont elle parlait… «  Tu vas toujours nier ? » Je baisse un instant les yeux avant de replonger mon regard dans le sien, le soutenant droit dans les yeux. « J'ai d'abord cru à une mauvaise blague. » Je la regarde, complètement perdu. « mais de quoi tu parles… » demandais-je alors. «  J'me suis dit qu'elle cherchait simplement à me faire du mal. Et j'ai reçu la photo. » Mes yeux se déportent sur son téléphone où je me vois, embrasser une femme dans ce bar. « C’est pas du tout ce que tu crois… » commençais-je par dire. « C’était un gage… oui un stupide gage des collègues. » dis-je en m’approchant d’elle un peu plus pour prendre sa main dans la mienne. « Elle m’a clairement fait du rentre dedans… Pis j’étais bourré comme je t’ai dis… C’est vraiment rien d’important, un baiser perdu. » avouais-je alors. « Pis… c’est rien quoi… » Ok j’étais fichu. « Qui a envoyé la photo? » demandais-je à la journaliste. « Ca se trouve on m’a piégé.. » dis-je bêtement. Je crois que j’étais en train de m’enfoncer de plus en plus en me cherchant des excuses. « J’te jure que c’est rien, c’est avec toi et les enfants que j’veux être et que j’suis heureux. » terminais-je par lui avouer. Fallait que ces derniers mots résonnent en elle pour qu’elle oublie ce malheureux événement et cette foutue photo.

Elle aurait pu craquer ... Elle aurait pu craquer plus d'une fois à dire vrai. Parce que Colin, oui, il était .. comment dire ... Il avait ce regard. Il avait ce sourire. Le fait qu'il portait pas mal de choses à la dérision. Au fait que ... Oui, c'était un comique. Et qu'ils rigolaient souvent tous les deux à dire vrai. Et c'était pour cela que c'était si difficile de rester en colère contre lui. Elle aurait pu ... Elle aurait pu passer outre la photo. Faire comme si ce n'était pas grave. Faire comme si c'était quelqu'un qui cherchait à lui faire du mal, voilà tout. "Ca n'a rien à voir avec les enfants Colin. Et encore moins avec ton travail." Parce que si c'était son travail, elle comprendrait. Elle avait décidé de rester à la maison pour pouponner. Elle avait décidé de ne pas reprendre le travail tout de suite. Oui. C'était elle qui l'avait voulu. Elle pourrait faire en sorte de reprendre son travail. Après tout, Eva serait sans doute d'accord. Parce que ça faisait un moment qu'elle lui demandait de reprendre son boulot. Mais Selina n'en avait rien fait. Parce que ses enfants passaient d'abord. Elle avait passé une main dans ses cheveux et avait fermé les yeux quelques instants. Colin lui disait que c'était à cause de l'alcool. Qu'il avait trop bu. Qu'il ne voulait pas qu'elle le voit dans cet état. "Pourquoi pas ?" lui demanda-t-elle en le regardant. "C'est pas à toi de décider si tu peux m'infliger ça ou pas." Elle secoua la tête. "L'alcool, c'est rien." C'était pas un problème pour elle. Non. Elle avait aidé Mickey dans sa mauvaise passe. Maintenant, elle le soutenait et l'épaulait, au besoin. Son frère ? Oh, elle n'irait pas jusqu'à dire que c'était une cause perdue. Mais il était vrai que ... qu'il buvait. Un peu. Beaucoup. Pourtant, elle avait été le chercher à quelques reprises quand il n'allait pas bien. Elle le ramenait à la maison. Il semblait s'être acheté une conduite depuis qu'elle avait les enfants. parce qu'il savait que sa petite soeur ne pouvait pas toujours débarquer en plein milieu de la nuit pour lui sauver la mise. Elle ne pouvait plus le faire. Parce qu'elle ne pouvait pas laisser ses enfants la nuit. Bon, si Colin était là, ok, pourquoi pas. Mais bon. En tout cas, Colin n'avouait pas. Il préférait jouer la politique de l'autruche et faire comme si de rien n'était. Elle avait secoué légèrement la tête. Elle avait envie de pleurer. Parce que ça aurait été plus simple s'il avait avoué. Là, elle était obligée de lui tirer les vers du nez. Et ça faisait d'autant plus mal. Elle aurait préféré qu'il soit honnête. Il ne l'était pas. Il balbutia quelques mots à l'évocation de la photo. Un gage. "Un gage de tes collègues." Elle eut un sourire jaune et secoua la tête. Il s'enfonçait. Encore. Et un peu plus. Il essayait de tourner les choses à sa manière, lui faire comprendre que c'était rien. Mais elle n'avait pas confiance. Elle n'avait plus confiance. Elle ne savait pas ce qu'il disait ... pouvait être vrai. Ou pas. "Ton employée. Debbie. Je sais pas comment elle a fait pour avoir mon numéro d'ailleurs." Parce que c'était son numéro perso. Et ils étaient vraiment peu à l'avoir. "Elle m'a texté pas mal de choses. Et quelques photos." Celle-là. Mais c'était pas la seule. Non. Il y en avait d'autres. "Une fois. J'aurais pu dire oui, effectivement, c'est un piège. Pour que je m'éloigne de toi. Sauf que c'est pas la seule qu'elle a envoyé." Elle tourna le téléphone, pour lancer le diaporama. Et il y avait d'autres photos de Colin. Des jours différents. Des heures différentes. Pas les mêmes fringues. Que ça soit lui. Ou bien elle. "Sauf que c'était pas la première fois ..." Elle le regardait. "T'es pas ... t'es pas heureux. Parce que si c'était le cas, ça ne se serait jamais produit." Toujours avec ces larmes qui menaçaient de couler. Mais qui ne glissaient pas le long de sa joue. Pas encore. "Ca dure depuis combien de temps ?"

Bon, je savais qu’il serait préférable que je dise tout, que je balance tout à Selina, après tout elle avait le droit de savoir la vérité. Elle avait le droit d’être énervée et blessée par ma faute. Elle avait tout à fait le droit de me détester, me haïr. Ça allait sûrement le cas une fois la vérité éclatée au grand jour. Mais en attendant, je tentais de tout nier, encore et encore. C’était bien plus facile que d’avouer que j’étais un enfoiré de première catégorie à lui faire du mal comme j’avais souffert moi aussi dans le passer. C’est d’ailleurs cette souffrance qui nous a fait nous rencontrer ce fameux soir dans un bar. Alors pour ma part, je tentais de détendre l’atmosphère avec des petites phrases sûrement bête mais bon. Ça n’avait pas trop d’impact que Selina, a mon plus grand désespoir. « Ça n'a rien à voir avec les enfants Colin. Et encore moins avec ton travail. » Je me frottais une nouvelle fois l’arrière de la tête. Cette fois, j’avais écarté l’idée que mon absence à la maison soit responsable de son comportement actuel face à moi. « Alors qu’est-ce qu’il se passe? » demandais-je doucement. Je ne voulais pas m’énerver, pas toute suite, pas avec les enfants dans la piéce d’à côté. Pas comme ça.
Alors bêtement, encore une fois j’avais sortie une excuse bidon concernant le fait que j’avais découcher la veille. L’alcool avait prit toute ma lucidité et il était préférable pour moi, pour elle et pour les enfants que je ne rentre pas. «  Pourquoi pas ? » Je soupire en la regardant. « Parce que j’voulais pas que tu me vois comme ça, j’étais pitoyable, vraiment. Ca aurait gâché l’image que tu as de moi. » avouais-je en haussant les épaules brièvement. «  C'est pas à toi de décider si tu peux m'infliger ça ou pas. » Encore une fois je secoue la tête négativement. «  Si justement, c’st mon rôle de te protéger… de vous protéger toi et les enfants. » Ok, là je pense que j’avais tapé juste. Et au fur et à mesure que je m’expliquais, j’avais l’impression que je comprenais l’ampleur des dégâts que j’allais causer avec cette infidélité répétée. «  L'alcool, c'est rien. » Cette fois-ci je secoue la tête de haut en bas. « Si ! C’est mon pire démon ! » lui avouais-je. Elle ne savait quasiment rien de mon passé, de ce passé avec l’alcool. Et finalement c’était la meilleure solution. Pour le coup, je ne regrettais pas d’avoir découcher pour lui éviter cette scène d’une épave comme moi.
Plus le temps passait, plus je trouvais cette conversation interminable et surtout, plus le temps passait, plus je m’enfonçais dans un mensonge de pire en pire. Un gage des collègues… Idiots que je suis. Les collègues avaient bon dos pour le coup. «  Un gage de tes collègues. » J’acquiesce d’un signe de tête. « Voilà, c’est tout à fait ça… Un gage complètement stupide. » ajoutais-je simplement. Pff je ne savais plus comment me défaire de tout ça. Surtout avec la photo pour preuve. «  Ton employée. Debbie. Je sais pas comment elle a fait pour avoir mon numéro d’ailleurs. »  Je tente encore une fois de trouver des excuses, encore et encore. « Je te l’ai dis, j’étais complètement bourré, elle a dû prendre mon portable pour fouiller… J’en sais rien. » dis-je un peu désespérément. « Elle m'a texté pas mal de choses. Et quelques photos. » J’écarquille les yeux face à cette révélation soudaine. « Mais… non… c’est… » je ne savais plus quoi dire. «  Une fois. J'aurais pu dire oui, effectivement, c'est un piège. Pour que je m'éloigne de toi. Sauf que c'est pas la seule qu'elle a envoyé. » Je soupire et comprends que cette fois-ci je n’arriverais pas a m’en sortir sans faire de dégâts. Alors j’écoute, sans rien dire puisque quoi que je dise désormais, ne changera plus rien. Je jette un coup d’oeil au téléphone avant de détourner le regard pour regarder la jeune femme à nouveau. « C’est bon… » dis-je en soupirant pour qu’elle reprenne son portable. «  Sauf que c'était pas la première fois … » Mon regard a maintenant du mal à soutenir le sien, de regard. Je suis fautif, clairement le coupable. Même le fait que je lui dise que je voulais être avec elle et les enfants ne servait à rien. C’était fichu. Complètement fichu. « T'es pas ... t'es pas heureux. Parce que si c'était le cas, ça ne se serait jamais produit. » Je détourne le regard, c’est trop compliqué de voir ses yeux se remplir de larmes. « C’était une erreur… une putain d’erreur… » dis-je tout de même, haussant la voix quelque peu. « Ça ne compte pas ! » ajoutais-je. Je ne voulais pas briser cette famille qu’on avait construit ensemble. « Ça dure depuis combien de temps ? » Je tourne en rond et fais les cent pas devant elle. « J’en sais rien… Quelques semaines… Mais on s'en fou... C'est terminé... » lui avouais-je finalement. Inutile de continuer de m’enfoncer. « J’te jure que c’est terminé… On va repartir à zéro tous les deux… on va pas tout gâcher pour une erreur.. plusieurs erreurs… J’veux être avec vous… tu peux pas m’abandonner toi aussi…. » terminais-je par lui dire. Oui… et si c’était ça le problème profond… La peur de l’abandon…? Je m’approchais alors de Selina pour venir prendre son visage entre mes mains, délicatement, doucement, tendrement. « Hein, ça va aller… hein ? Dis moi que ça va aller et qu’on va tout oublier… ? »

Si seulement ... Si seulement le problème venait des enfants ou bien du travail de Colin. Oui. Si seulement. Ca aurait été plus simple. Il aurait suffi de dire à Colin qu'elle n'en pouvait plus. Qu'elle avait besoin d'aide. Ou bien elle aurait demandé de l'aide à sa soeur, à ses parents. Et le tour était joué. Pour le travail de Colin, la journaliste lui aurait simplement dit que ... Qu'il passait trop de temps au travail. Et que ... Et qu'elle avait besoin qu'il passe un peu de temps à la maison. Avec elle. Avec eux. Seulement, son travail était important. Elle le savait. Mais c'était pas ça qui posait problème. Non. Ca aurait été tellement plus simple si c'était juste un problème d'emploi du temps, de débordement et tout ça. Seulement, non ... C'était plus grave. Et le sujet était loin d'être facile à aborder.

Colin tentait de lui faire comprendre que s'il n'avait rien dit, c'était parce que ... parce qu'il avait un peu trop abusé de l'alcool. Et que ... et bien qu'il ne souhaitait pas que sa douce le voit comme ça. Pour autant, ça n'aurait pas dérangé Selina. Pas plus que cela. parce qu'elle avait vécu pire avec certains membres de sa famille. Donc, qu'il soit torché ou quelque chose dans le genre, oui, ça ne l'aurait pas vraiment dérangé. Pas plus que cela en tout cas. "Et tu crois que ça, ça ne gâche pas plus ton image ?" Le fait qu'il ne réponde pas ? Le fait qu'il soit dans les bras d'une autre ? Parce que Selina n'en démordait pas. S'il n'était pas là, c'était parce qu'il était dans les bras d'une autre. Voilà tout. Elle était certaine qu'il avait passé la nuit dans un hôtel miteux. Ou un hôtel de luxe, c'était pas comme s'il n'avait pas les moyens. M'enfin, s'il pouvait éviter d'aller à l'hôtel et se taper une autre nana, ouais, ça serait plutôt pas mal. Du tout. Colin n'en démordait pas. Il ne voulait pas qu'elle le voit quand il était ivre. C'était pour la protéger. Pour protéger les enfants aussi. Bien. Si c'était seulement ça, ça serait parfait. Sauf que ce n'était pas le cas. Et le pire, dans tout ça, c'est qu'il accusait ses collègues pour la photo. Un gage qu'on lui aurait donné. Il savait très bien que ce n'était pas le cas. Non. "Tu devrais songer à mettre un code de verrouillage sur ton téléphone alors." Ca changerait pas grand chose. Puisque c'était pas pour ça que ... En fait, si. Si Colin avait eu un code de verrouillage, elle n'aurait pas obtenu le numéro de Selina. Et elle n'aurait pas su. Et elle continuerait de vivre dans le mensonge.

Colin continuait à s'enfoncer. Un peu plus. Cherchant des excuses plus ridicules les unes que les autres. Mais ça ne marchait pas. Elle ne le croyait pas. C'était trop gros. Il disait être heureux avec elle, avec les enfants. La journaliste savait que ce n'était pas le cas. Parce que s'il était heureux, il n'irait pas chercher ... je ne sais quoi dans les bras d'une autre. Il serait avec elle. Avec eux. Et pas tout le temps au travail. Non. "Une erreur, ça se répète pas Colin." Sa voix se faisait plus faible. Elle n'avait jamais vraiment aimé se disputer. Mais là, on n'était pas dans le monde des bisounours. Et il pouvait pas croire... qu'elle allait cautionner ça. Non. Selina ferma les yeux quand il lui avoua que ça faisait quelques semaines ... Quelques semaines ... Ce mot retentissait comme si c'était le diable en personne. C'était ... C'était pas croyable. Quelques semaines. Il voulait pas ... Il n'en avait pas terminé avec Selina. C'était lui qui avait cherché tout ça. Lui qui avait commis un écart. Plusieurs écarts. Il ne pouvait s'en prendre qu'à lui. "C'est toi qui nous as abandonnés !" Elle avait haussé un peu le ton. C'était lui qui avait merdé. Sacrément merdé. Et il pensait quoi ? Qu'elle allait tout effacer avec un claquement de doigts ? Que tout irait bien ? Tout n'irait pas bien. C'était pas possible. Colin s'était rapproché d'elle. Elle avait voulu reculer pour éviter qu'il ne s'approche mais elle n'avait fait que se heurter au meuble de la cuisine. Elle était piégée. Elle ne pouvait pas se soustraire à lui. C'était pas possible. Et sa question ? "J'peux pas te dire ça." Elle secoua la tête. Posa ses mains sur celles de Colin afin de les enlever de son visage. La journaliste était dégoûtée. Elle pensait avoir trouvé un semblant de vie de famille avec Colin. Et tout ... venait d'exploser.

Tout semblait s’écrouler autour de moi. Je venais de perdre ma soeur il y a quelques semaines, mes parents me détestaient toujours autant et je sombrais encore peu à peu. Ma famille était à présent en péril, par ma faute. Pourtant je tentais encore et encore de trouver des excuses pour ne pas me faire piéger. Pour ne pas avoir a dévoiler mon infidélité et mes mensonges. Seulement j’invente encore des mensonges pour cacher mes autres mensonges et c’est de pire en pire. Je détruis l’image qu’elle a de moi.
Tout d’abord j’opte pour le mensonge concernant l’alcool, que je ne voulais pas qu’elle me vois dans cet état. Mauvaise idée certainement, puisque Selina a l’habitude de ce de cas. J’ai entendu dire que quelques membres de sa famille avait eu des problèmes avec cette addiction. "Et tu crois que ça, ça ne gâche pas plus ton image ?" J’acquiesce d’un signe de tête, fallait que je reste dans cette lancée de mensonge. « Evidemment ! C’était affreux. » Ok, j’étais affreux là maintenant a lui mentir encore une fois. Je savais très bien que si je n’étais pas rentré ce n’était pas pour cette raison. Et plus les minutes passaient, plus j’avais l’impression qu’elle s’avait elle aussi que ce n’était pas la vraie raison.
Elle ne disait pas totalement faux avec cette histoire de verrouillage. «  Tu devrais songer à mettre un code de verrouillage sur ton téléphone alors. »  Je soulève les épaules, un peu dépité. « Peut-être que je l’ai déverrouillé moi-même… J’en sais rien, j’sais plus. » lui avouais-je. Encore une fois ça montrait bien que je n’étais plus dans mon état normal hier soir. « J’suis désolé que cette personne ait fait ça… Mais c’était une erreur, vraiment… » continuais-je de dire. «  Une erreur, ça se répète pas Colin. » Pour le coup, elle avait raison encore une fois… La je ne pouvais plus rien dire, je n’avais absolument plus aucunes carte à jouer. Je suis découvert.
Je tente le tout pour le tout. Après tout, je n’ai plus rien à perdre. Je sors la dernière carte à mon actif pour me faire pardonner. Je lui avoue que je suis désolé, encore une fois, que je veux être avec les enfants mais aussi avec elle. Je veux qu’on arrive a repartir à zéro, qu’elle oublie. Mais ça semble difficile. « C'est toi qui nous as abandonnés ! » Je secoue la tête pour lui dire qu’elle se trompe, que c’est faux. « Pas du tout! J’me suis simplement perdu un peu en chemin, je vous abandonne pas, alors me laisse pas tomber s’te plait » lui dis-je alors que je m’approche d’elle doucement pour ne pas la faire fuir. A priori elle n’est pas en état que je la touche puisqu’elle retire mes mains rapidement et brusquement. « J'peux pas te dire ça. » Je ne lâche pas l’affaire et tente de la retenir pour ne pas qu’elle m’échappe. « Arrête, attends, on va pas tout gâcher pour si peu… » dis-je alors. Toujours en vain… Le ton monte entre nous. C’est difficile de voir et de se retrouver dans cette situation. « Dans ce cas, j’me casse ! » hurlais-je. C’était du grand n’importe quoi. Ca me dégoutais d’être ainsi mais une fois blessé et sans moyens de m’en sortir, la colère prend le dessus sur moi. Ce carnage attire l’attention des enfants qui viennent se joindre à nous en souriant. Je croise alors le regard de Selina, un regard noir, avant de me mettre à croupis pour embrasser mes petits montres. « Papa s’en va, mais il va venir vous voir très vite, c’est promis. » Ca me faisait de la peine de devoir les quitter. « J’vous aime, faut pas l’oublier ça hein ! » leurs disais-je en embrassant la joue de chacun d’eux. « Retournez jouer hop hop hop » ajoutais-je en me relevant. Les ptits a peine reparti que je regarde Selina. « J’te préviens, tu veux plus de moi, je demande la garde des enfants ! » la menaçais-je. Ok c’était vraiment puéril mais sur le coup de la colère un tas de choses pouvaient être incontrôlées, y compris les mots. Évidemment que je n’allais pas enlever les jumeaux à leur mère, ça serait ridicule, surtout que je n’avais pas spécialement de temps pour les élever seul. « T’es sûre de toi….? » demandais-je une dernière fois en la fixant du regard. Mon visage c’était désormais fermé, une autre partie de moi faisait surface. Je venais de passer d'une humeur à l'autre en un claquement de doigts. Le fait d'être abandonné par Selina venait de faire remonter tant de mauvais souvenir que mes vieux démons semblaient vouloir venir frapper de nouveau à ma porte.

Plus ils discutaient, plus ... plus elle avait l'impression qu'ils atteignaient un point de non retour. Selina avait été patiente. Elle avait attendu qu'il se livre. Elle avait attendu qu'il lui dise la vérité. Mais au lieu de cela, il ne faisait que nier. Encore et encore. Comme s'il pensait que ça allait arranger les choses. Mais ce n'était pas le cas. Ca ne servait à rien. Non. Il s'entêtait. Elle aussi. Ce n'était pas ... ce n'était pas de la mauvaise volonté ou quoi que ce soit. La journaliste souhaitait juste entendre la vérité de sa bouche. Parce qu'elle savait. Elle avait les preuves. Elle avait les photos. Mais non ... Ca n'était pas suffisant. Les collègues avaient le mauvais rôle dans cette histoire. Il était quand même gonflé que ... Et bien, de les accuser alors qu'ils n'avaient probablement rien faire. "Si c'est toi, il aurait mieux vallu que tu t'abstiennes d'utiliser ton téléphone." Parce qu'ils n'en seraient pas là aujourd'hui. Ils ne seraient pas en train de se prendre la tête. Elle n'aurait pas reçu ces photos. En fait, ils n'auraient même pas cette conversation désagréable. Mais on n'avait pas toujours ce qu'on voulait dans la vie. Non. Selina aurait pu pardonner une erreur. Une toute petite erreur. Oh, elle aurait mis sans doute du temps. Elle aurait été un peu froide avec lui. Oui. Mais là, c'était plus qu'une simple erreur. Ca s'était produit. Plusieurs fois. Hier avait été la fois de trop, en quelque sorte. Il ne serait pas sorti, peut-être qu'elle n'aurait pas reçu les photos. Sa collègue n'aurait pas pu prendre son numéro. Et elle serait restée dans l'ignorance. Qu'est-ce qui était le mieux ? Tout ignorer ? Ou apprendre la vérité ? A dire vrai, elle ne savait pas vraiment ce qui était le mieux. Et elle était perdue. Elle avait le coeur en miettes. Et c'était pas facile à digérer. Non.

Ce n'était pas elle qui venait de l'abandonner. C'était lui. Lui qui s'était perdu, comme il le disait si bien. Et lui qui, en quelque sorte, c'était permis d'aller voir ailleurs. "Si peu ? Tu te souviens dans quel état tu étais quand tu as su que ta femme s'envoyait en l'air avec quelqu'un d'autre ?" lui demanda-t-elle en le regardant. "Et tu voudrais que je fasse quoi ? Que je dise rien ? Que je dise amen et que j'efface tout en un claquement de doigts ?" Selina ne se souvenait plus de tous les détails de ce fameux soir où ils s'étaient rencontrés. Mais ils en avaient discuté, plus tard, à nouveau. Et elle se souvenait qu'il avait plutôt mal pris la chose. Alors quoi ? Il pensait qu'elle devait prendre tout ça avec le sourire ? Et faire comme si de rien n'était ? Non. C'était pas possible. Parce que ça la touchait. Il devrait plutôt s'inquiéter que ça ne lat ouche pas. Parce que ça aurait voulu dire qu'au fond, qu'elle s'en fichait et qu'elle ne l'aimait pas. Sauf que ce n'était pas le cas. Colin avait crié. Il s'en allait. "T'as raison. La fuite est toujours la meilleure des options ! A croire que je suis un monstre et que tu ne peux même pas me parler des problèmes que tu as !" Mais elle n'allait pas chercher à comprendre. Non. Qu'il fiche le camp. Selina n'était pas sûre que ça allait lui permettre de voir plus clair. Mais bon. S'il voulait s'en aller, qu'il s'en aille.

Ils allaient devoir remettre quelque peu cette dispute. Parce que c'était à ce moment que les enfants avaient choisi de montrer leur frimousse. Selina essuya quelques larmes qui avaient coulé le long de son visage. Elle n'avait pas envie de ... que les enfants la voient dans cet état. Elle s'était légèrement tournée, pour respirer, se calmer, et éviter d'éclater en larmes. Quand elle jugea que c'était bon, elle s'était retournée. Colin s'était légèrement agenouillé pour expliquer aux enfants qu'il s'en allait. Ils ne devaient pas vraiment comprendre. Ils étaient trop petits. Après quelques mots échangés, Colin s'était redressé, menaçant Selina par la même occasion. "Parce que tu crois qu'un juge te confiera la garde exclusive des enfants avec tes problèmes d'alcool ? Et le fait que tu passes tout ton temps au boulot comme tu dis ?" Il était vraiment sérieux ? Selina allait se battre pour ses enfants. Elle ne lui refuserait jamais un droit de visite. Il pourrait venir les voir quand il le souhaitait. Mais pas question qu'il ait la garde. Il était instable. Très. Aucune chance qu'il ait la garde de leurs enfants dans ces conditions. Même pas en rêve. Il regardait Selina. "Sûre par rapport à quoi ? J't'ai pas fichu à la porte. C'est toi-même qui as décidé de la prendre." Elle aurait voulu se laisser peut-être une nuit de réflexion. Ou deux. Ou un peu plus. Mais il avait décidé de partir. "Ne va pas croire que je ne t'aime pas ou que je t'ai jamais aimé. Mais tu viens de me planter un sacré poignard dans le dos." Un gros poignard même. "Et ça ne passera pas comme ça." Ca allait demander du temps. Combien de temps ? Elle n'en savait rien. Mais ça ne s'effacerait pas en un clin d'oeil, c'était certain.

Tout semblait se bousculer dans mon esprit, les mensonges étaient de pire en pire, c’est une catastrophe. Plus les minutes passaient, plus je m’enfonçais dans un gouffre dont je ne ressortirais pas indemne. C’est certain. Tout y passait… Les collègue, un problème de téléphone…Tout. «  Si c'est toi, il aurait mieux vallu que tu t'abstiennes d'utiliser ton téléphone. » Mes sourcils se froncent alors que je tente de soutenir son regard. Je vois bien que celui-ci a déjà changé. Finalement, je change une nouvelle fois de version, accusant l’alcool d’être responsable du fait d’avoir découché. Mais finalement, je lâche prise et avoue. Je ne peux plus nier, elle a des preuves. Je tente donc de me rattraper, tentant le tout pour le tout. Mais apparemment rien ne joue, je l’ai blessé, j’en suis conscient. «  Si peu ? Tu te souviens dans quel état tu étais quand tu as su que ta femme s'envoyait en l'air avec quelqu'un d'autre ? » Cette histoire était encore douloureuse et le fait qu’elle me le balance en belle tronche ne va pas m’aider à me calmer. «  Et tu voudrais que je fasse quoi ? Que je dise rien ? Que je dise amen et que j'efface tout en un claquement de doigts ? » En fait, elle avait toucher une corde sensible. « Je t’interdis d’évoquer mon passé ! » lui dis-je sèchement. Oui c’était encore difficile de parler de ça. Je pense même ne jamais avoir réussi à passer a autre chose, réellement.
Je décide donc de quitter les lieux. Je n’ai plus rien a faire ici et j’ai peur que notre discute fasse peur aux jumeaux, je ne veux pas qu’ils soient témoins de tout ce carnage. «  T'as raison. La fuite est toujours la meilleure des options ! A croire que je suis un monstre et que tu ne peux même pas me parler des problèmes que tu as ! » Je préfère ne pas répondre à sa remarque et opte simplement pour un lourd soupire. Les enfants finissent par venir à nous et c’est là que je leur explique rapidement la situation, comme quoi je quitte la maison mais que je les aime de tout mon coeur. Leur sourire attendris me brise le coeur. C’est difficile de me dire que je ne vais plus les voir chaque matins. Mais bon, j’imagine que c’est une habitude a prendre. Beaucoup d’enfants ont des parents séparés et sont très heureux. J’espère qu’on arrivera a faire de même avec Selina malgré nos différents.
Seulement cette idée me rend fou et je décide de menacer la jeune maman de demander la garde des enfants. C’était pas malin. «  Parce que tu crois qu'un juge te confiera la garde exclusive des enfants avec tes problèmes d'alcool ? Et le fait que tu passes tout ton temps au boulot comme tu dis ? » J’hausse les épaules en la regardant sèchement. « Bien sûr ! Je travaille moi ! Je saurais leur construire un avenir digne de ce nom ! » dis-je alors rapidement. C’était vraiment pitoyable de dire ça mais je ne savais pas trop jusqu’où Selina pouvait aller pour se venger.
Avant de partir définitivement, je lui demandais une dernière fois si elle était certaine que c’était ce qu’elle voulait. «  Sûre par rapport à quoi ? J't'ai pas fichu à la porte. C'est toi-même qui as décidé de la prendre. » Je ricane légèrement. « Mais bien sûr… Comme si tu avais envie que je reste ! » dis-je alors en tournant les talons pour récupérer mes clés déposées plutôt. Le son de la voix de Selina me fait me retourner légèrement. «  Ne va pas croire que je ne t'aime pas ou que je t'ai jamais aimé. Mais tu viens de me planter un sacré poignard dans le dos. » Je baisse alors la tête, le regard également. «  Et ça ne passera pas comme ça. » Encore une fois, il était préférable de ne pas répondre. J’allais de nouveau m’enfoncer sinon. « Salut… » terminais-je par dire avant de claquer la porte et quitter la maison où sont mes enfants.
Je n’allais sûrement pas mettre longtemps a trouver un endroit pour dormir. Un coup de téléphone à une des femmes de mon répertoire et le tour est joué. J’avais vraiment besoin de me détendre après cette situation. Je m’arrêtais donc dans un bar, pour boire un peu… Oui même en plein milieu d’après-midi.