-25%
Le deal à ne pas rater :
-25% Samsung Odyssey G9 G95C – Ecran PC Gamer 49″ Incurvé
599 € 799 €
Voir le deal

 (yassan) if my heart was a house

Anonymous
Invité
Invité
  

(yassan) if my heart was a house Empty
Message(#)(yassan) if my heart was a house EmptyDim 13 Mai 2018 - 9:48


yasmine & hassan
if my heart was a house

We got older and I should have known that I'd feel colder when I walk alone, so I may as well ditch my dismay. Circle me and the needles moves gracefully, back and forth, if my heart was a compass you'd be North. Risk it all cause I'll catch you if you fall, wherever you go, if my heart was a house you'd be home. ☆☆☆



Des secondes qui semblaient s’étirer à n’en plus finir et les aiguilles de l’horloge qui donnaient l’impression de faire du surplace, la journée d’Hassan lui avait semblée interminable dans l’attente de l’avion qui ramenait – enfin – Yasmine à Brisbane. Rien à voir avec la manière dont les minutes et les heures s’étaient mises à filer à toute allure dès lors que la silhouette de la jeune femme était entrée dans son champ de vision, pour que sans qu’il n’ait eu le temps de s’en rendre compte la soirée soit déjà bien entamée et leurs estomacs pleins à craquer de tout ce que Fatima avait préparé pour le repas. Et entre les mille autres questions dont Yasmine s’était probablement sentie un brin assaillie, plusieurs fois avait-on entendu la mère de famille se lamenter de retrouver sa fille avec la peau sur les os. Hassan, lui, n’avait pas compté le nombre d’œillades échangées avec son amie chaque fois que sa mère avait demandé « Mais ils ne te nourrissaient pas, là-bas ? » entre inquiétude et impatience, mais s’était gardé de tout commentaire. En vérité le brun ne s’était pas montré des plus bavards pendant le repas, se contentant de répondre lorsqu’on lui posait une question mais toujours sans extrapoler, désireux de ne pas laisser quoi que ce soit entraver l’idée que Yasmine et son retour surprise se devaient de rester le centre de l’attention. Nombre de fois avait-il déployé des efforts d’impassibilité tandis que la jeune femme comptait un récit qu’il savait édulcoré de son quotidien nigérian, se laissant seulement trahir par les œillades discrètes qu’elle et lui échangeaient entre deux bouts de phrase, et lorsqu’était finalement arrivée l’heure du thé à la fin du repas le brun était à peu près certain qu’une tasse ne suffirait pas à renouveler le stock de salive que mère et fille avaient dépensé. Comme souvent homme de peu de mots, Amjad n’en écoutait pas moins avec attention, et dans le regard une lueur tantôt curieuse, tantôt inquiète, mais toujours bienveillante.

Le taux de diabète crevant le plafond après avoir englouti les loukoums dont Fatima avait insisté pour qu’il n’en reste pas un seul, les deux jeunes gens étaient sortis s’aérer dans le quartier et avaient finalement atteint le square, désert à cette heure de la soirée et leur laissant à loisir la possibilité d’investir les balançoires pour discuter. Un peu malgré lui Hassan s’était surpris nombre de fois durant la soirée à scruter Yasmine d’un air songeur, comme s’il cherchait encore la certitude qu’elle était belle et bien là, et non plus dans les rues poussiéreuses de la steppe africaine. Il avait longtemps eu peur qu’elle décide de ne pas rentrer, que les semaines puis les mois au Niger se transforment en années ou bien qu’elle choisisse de s’envoler vers une autre région du monde où une paire de mains supplémentaires dans un hôpital de fortune ne seraient pas de trop, et chaque fois qu’il y avait songé il s’était senti un peu plus égoïste que la fois précédente, conscient de ne pas avoir voix au chapitre à ce sujet et de ne pas vouloir la garder à proximité pour de bonnes raisons ; Autrement dit pour son confort à lui plutôt que pour ses désirs à elle. Et probablement que d’ici quelques temps il recommencerait à douter, à craindre qu’elle ne soit revenue que pour mieux repartir, mais pour l’heure il se satisfaisait simplement de la savoir rentrée saine et sauve et se sentait encore attendri de la réaction des parents de la jeune femme à ce retour surprise. « J’avais oublié à quel point c’était difficile de garder un secret face à ta mère. » avait-il d’ailleurs avoué, au milieu de la conversation. « Elle a cette façon de te regarder en plissant les yeux parfois, comme si elle savait que tu étais en train de lui cacher un truc. Elle ferait un malheur dans une salle d’interrogatoire. » Oh, il exagérait à peine, comme en témoignait le sourire amusé qui lui avait échappé la seconde suivante tandis qu’il donnait l’impulsion légère pour faire bouger sa balançoire. L’envie de dire qu’elle lui avait manqué, réprimée par la crainte qu’elle y trouve un reproche ou dieu sait quel sous-entendu, avait été remplacée par le ton plus léger d’une question « Tu t’es gardé quelques jours de vacances, avant de retourner à l’hôpital ? » dont réalisait qu’il n’avait pas posé la question, oubliant presque qu’à un moment ou un autre le train-train quotidien reprendrait à priori forcément ses droits.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(yassan) if my heart was a house Empty
Message(#)(yassan) if my heart was a house EmptyLun 14 Mai 2018 - 13:31


if my heart was a house
hassan & yasmine

Mêlé à son sang, le sucre des loukoums lui redonna un coup de fouet inespéré. Yasmine n’emporta pas de veste avec elle, tenant à retrouver la sensation du frais contre sa peau, et ce malgré les frissons, et avait suivi Hassan hors de la maison. Elle s’étonna elle-même de ce regain d’énergie quand elle se mit à gambader sur la pelouse humide pour s’approprier la meilleure des balançoires du square, et sur laquelle elle s’assit sans demander son reste. Elle avait beaucoup redouté le bon déroulé de cette longue soirée de retour, la fatigue accumulée lors de son interminable voyage s’étant plusieurs fois fait ressentir, et les émotions difficiles à contenir tant elle était tiraillée entre le regret d’avoir quitté Diffa – s’ancrant déjà en elle, aussi clairement que l’angoisse fugace qu’elle ressentit en traversant le quartier plongé dans l’obscurité –, et le bonheur d’être rentrée à Brisbane. Elle se souvenait d’avoir tenté d’imaginer la réaction de sa mère face à la surprise qu’elle lui avait préparé en rentrant enfin à la maison, mais évidemment, tous les scénarios qui lui avaient tourné dans la tête n’étaient pas assez élaborés pour coller à l’ubiquité de Fatima ; elle avait vraiment un don, ça ne s’expliquait pas. Le pressentiment qu’elle avait eu au matin du retour de sa fille ne rendait pas les retrouvailles moins savoureuses néanmoins, même si l’absence de Sohan planait lourdement sur les discussions menées à bâtons rompus, et les échanges de regards appuyés avec Hassan. Hassan qu’elle n’avait pas lâché des yeux un instant, aux aguets, à la recherche circonspecte de la moindre expression, du moindre tressaillement. Ils s’étaient vus parfois par webcam interposées, mais c’était tellement différent de la ferveur qui l’animait de le revoir en chair et en os. Cette tiédeur qui émanait de son corps pour l’envelopper et la sécuriser confirma cet état de manque qui l’avait fait prendre sa décision de rentrer, et l’atténua, le temps du repas, lui donnant envie que d’une chose : passer un moment seule avec lui. Aussi, il n’avait pas beaucoup changé physiquement, contrairement à elle qui avait les cheveux plus longs et éclaircis par le soleil, les joues plus creusées, le teint plus bronzé, et les yeux plus sombres d’avoir entraperçus l’ombre menaçante du chaos et de la misère. Il avait cependant fallu qu’elle espace ses observations pour discourir et résumer son séjour entre deux plats qu’on la pressait d’avaler. Comme avec l’absence de Sohan, elle avait préféré profiter de l’instant présent avec légèreté, quitte à adoucir son récit pour garder la chaleur des retrouvailles intacte. Le ventre bien rempli, elle pouvait secrètement se féliciter d’avoir accompli cette mission.

« J’ai une nouvelle théorie concernant son don, tu veux savoir ? » S’agitant sur le siège de la balançoire pour s’installer, Yasmine chuchota, empruntant une mine de conspiratrice que la faible lueur des réverbères autour du square rendit presque inquiétante « C’est une espionne. » Elle laissa échapper un petit rire, puis elle hissa ses mains jusqu’aux cordes de la balançoire. Les moments comme celui-là, il y en avait eu très peu à Diffa ; c’était difficile de rire ouvertement quand la mort rôdait à quelques mètres, prête à frapper au hasard. Le son de son propre rire la surprit donc, lui faisant relever la tête avec circonspection. Elle ne se laissa pas longtemps déconcertée toutefois, et irrémédiablement, son regard se posa sur Hassan qui s’installa sur la deuxième balançoire. Son visage était à moitié caché par l’obscurité sommaire dans laquelle le quartier était plongé, mais elle remarqua tout de suite les plis qui barraient son front, tandis qu’elle lui répondait « Je me donne quelques jours pour me remettre les idées en place, de là à parler de vacances… » Un sourire fugace réhaussa ses pommettes, et elle baissa de la tête pour regarder ses tennis qui frottaient sur le sol. Lorsqu’elle ajouta, commençant à se balancer doucement « J’ai l’impression de pas en avoir fait assez là-bas. » J’ai envie de plus, faillit-elle conclure en redressant le menton, lâchant la corde d’une main pour remettre une longue mèche de cheveux derrière son oreille. Sans comprendre pourquoi, elle se retint ; c’était un peu le drame de sa vie, une espèce d’insatisfaction chronique qui l’amenait à désirer ce qui semblait ne pas être sa portée – qu'elle était douce l’allégorie, et l’œillade en biais qu’elle adressa à Hassan la fit reprendre plus précipitamment que prévu « Mais parle-moi de toi, vieil homme. » Elle gloussa avec goguenardise. L’âge d’Hassan était une source infinie de blagues qu’elle prendrait plaisir à refaire ; elle préférait cent fois la taquinerie aux grands déballages de sentiments. Stoppant sa balançoire, elle tourna sur elle-même pour faire s’enrouler la corde, et lui permettre de mieux voir le jeune homme. Yasmine lui dit « Je vois les plis sur ton front. Ce sont pas seulement des rides, il y a de la contrariété là-dessous. » Elle manœuvra sa balançoire de façon à ce qu’elle exécute un furtif mouvement de droite à gauche, plutôt que d’avant en arrière. Ce faisant, et se rapprochant tout aussi furtivement d’Hassan, elle tendit la main pour venir, du bout des doigts, lisser le léger froncement entre ses sourcils.

AVENGEDINCHAINS


Dernière édition par Yasmine Khadji le Lun 25 Juin 2018 - 6:36, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(yassan) if my heart was a house Empty
Message(#)(yassan) if my heart was a house EmptySam 2 Juin 2018 - 14:17

Hassan observait du coin de l’œil et il se demandait quand viendrait le contrecoup du retour de la jeune femme, ou s’il n’avait pas déjà sournoisement commencé à s’abattre sur elle entre deux plats copieusement servis par Fatima avec l’obligation de ne pas en laisser une miette. Pas le genre de contrecoup léger dont il avait lui-même pu se laisser envahir à ses deux retours d’Iran, l’un choisi et l’autre contraint, mais quelque chose de plus abrupt, de plus profond … Profond comme le fossé entre le pays qu'elle venait de quitter et celui qu'elle retrouvait. À moins que ce ne soit qu'Hassan et son éternel besoin de s'inquiéter pour elle, tout le temps, peu importe les circonstances. À ceci près que si l’inquiétude de sa mère se traduisait par un flot de paroles incessant, celle du brun se tenait plutôt dans de longs silences que compensaient quelques regards appuyés, songeurs. « J’ai une nouvelle théorie concernant son don, tu veux savoir ? » Adoptant un ton confidentiel, Yasmine avait marqué une pause pour le suspense et fait légèrement grincer la corde de sa balançoire avant de poser « C’est une espionne. » Pouffant devant son air conspirationniste, Hassan avait vu le rire de la brune tinter avec légèreté puis s’évanouir dans un souffle, lui arrachant un bref haussement de sourcils qu’elle avait fait mine de ne pas remarquer. Plissant le nez, le professeur avait balayé cela d’un « Tu veux dire que ses réunions tupperware seraient en fait une couverture pour ses liens avec l’ASIS ? Tout s’explique. » espiègle, l’idée d’une Fatima répondant à un nom de code tel que « œil de faucon » ou « renard curieux » et qui serait secrètement capable de mettre KO à elle seule le premier qui la démasquerait – ou critiquerait sa cuisine – le divertissant probablement plus que cela ne devrait. Mais abandonnant là à propos de Khadji mère, Hassan arborait à nouveau un regard sérieux en questionnant Yasmine sur ses projets des prochains jours, tant par volonté de ne pas la laisser tourner en rond qu’armé de cette pointe d’appréhension à l’idée qu’elle songe déjà à repartir. « Je me donne quelques jours pour me remettre les idées en place, de là à parler de vacances … » lui avait-elle alors soufflé, l’air d’en penser plus qu’elle ne le disait, et ajoutant finalement du bout des lèvres « J’ai l’impression de pas en avoir fait assez là-bas. » Moins étonné qu'il n'aurait pu l'être face à cette confession, Hassan avait penché la tête et fait tanguer vaguement sa balançoire, l'air chafouin. « Je sais. » qu'il avait alors répondu avec un brin de sourire, n'en attendant au fond pas moins d'elle. « Mais tu ne peux pas porter toute la misère du monde sur tes épaules, Yas. » Et ça elle tendait régulièrement à l’oublier, bien qu’il soit difficile de lui en tenir rigueur comme d’un défaut. Mais comme si elle regrettait d’avoir laissé échapper un peu du fond de sa pensée, la voilà qui changeait brusquement de sujet et abandonnait l’air soucieux pour une grimace moqueuse qu’Hassan connaissait sur le bout des doigts « Mais parle-moi de toi, vieil homme. Je vois les plis sur ton front. Ce sont pas seulement des rides, il y a de la contrariété là-dessous. » Pris au dépourvu par le brusque revirement de conversation, le brun avait eu un instant de flottement et forcé malgré lui sur ce froncement de sourcils qu’elle lui prêtait, et que le bout des doigts de Yasmine était venu estomper avec douceur. « Six mois d’absence et ça oublie déjà de respecter ses aînés ? C’est du propre. » Plissant le nez avec tendresse, il avait attrapé les doigts de la brune et donné un furtif coup de hanche pour faire voguer la balançoire vers elle. « Je ne suis pas contrarié. Du coup je suppose que je suis juste vieux. » Haussant les épaules et lui adressant un clin d’œil, il avait gardé les doigts de Yasmine entre les siens un court instant avant d’admettre « Vieux et vraiment fier de toi. » d’un ton doux. Fier et admiratif, parce qu’il y avait un monde entre vouloir changer le monde sans rien entreprendre, et décider comme elle de s’exiler à l’autre bout du monde juste pour donner de sa personne et n’avoir comme regret à son retour que la crainte de n’avoir pas fait assez. « Et pas non plus totalement sûr que tu es bien là, je pense que je vais me pincer encore une ou deux fois demain matin pour vérifier que je n’ai pas rêvé. » Et s’il donnait l’air de plaisanter il y avait sans aucun doute un fond de sérieux dans cette affirmation. Preuve en était qu’il n’avait rendu leur liberté aux doigts de l’infirmière que l’instant suivant. « Tu me réserves une après-midi dans la semaine ? On ira là où tu veux, se balader ou peu importe … Promis je t’assaillirai pas de questions, je saurai me tenir. » Et puisqu’ils se trouvaient actuellement dans un square à occuper des balançoires comme s’ils avaient oublié d’être adultes, Hassan n’avait rien trouvé de mieux pour sceller cette promesse que de lever son petit doigt pour que Yasmine l’attrape avec le sien. Pas qu’il n’était pas curieux, des questions sur ce qu’elle avait fait, vu ou appris durant son séjour il en avait par centaines, mais outre celles dont Fatima l’avait déjà noyée à table il ne doutait pas que d’autres suivraient, d’autres personnes, et il ne donnait pas longtemps avant que la jeune femme en ait par-dessus la tête. D’accord, il y avait peut-être bien une question qu’il ne pouvait pas retenir, arborant une mine boudeuse « … J’ai vraiment l’air d’avoir vieilli ? » Oui, bon.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(yassan) if my heart was a house Empty
Message(#)(yassan) if my heart was a house EmptySam 2 Juin 2018 - 18:07


if my heart was a house
hassan & yasmine

« Je sais. » répondit-elle, s’improvisant mime sans le vouloir. Puis elle sourit graduellement, des fossettes se creusant à l’intérieur de ses joues, tandis qu’elle s’amusait du fait qu’ils venaient de se donner la même réponse à quelques secondes d’intervalles. L’état d’urgence dans lequel elle avait été plongé pendant huit mois, constamment sur le qui-vive, son taux d’adrénaline crevant le plafond, la poussait à penser que c’était le moment ou jamais de confier au jeune homme que d’autres projets germaient dans son esprit. Des projets qui ne l’emmèneraient nulle part ailleurs qu’ici, il pouvait dormir tranquille. Elle n’aimait pas particulièrement qu’on la complimente sur ses capacités, néanmoins elle était suffisamment honnête avec elle-même pour accepter l’idée qu’elle puisse être vraiment douée pour ce qu’elle faisait. Ainsi, prétendre à d’autres ambitions était tout à son honneur en vérité, mais elle sentait que d’autres questions se poseraient quand elle en ferait part à son entourage proche. Combien de temps cela lui prendrait-il de valider son diplôme, que devrait-elle sacrifier pour parvenir à réaliser son grand rêve de devenir médecin, et que gagnerait-elle de plus alors qu’elle avait déjà un emploi stable pour lequel elle était faite ? Elle avait eu beau retourner tout ça dans sa tête, la notion de concret lui manquant cruellement, recroquevillée de terreur dans sa couchette à Diffa, elle n’avait pas su établir la liste des arguments irréfutables qui feraient pencher la balance en la faveur de son ambition. En cette soirée, elle n’était pas plus avancée sur ce qu’elle exploiterait pour étayer la vision de l’avenir qu’elle se voyait mener, son retour l’ayant soudainement plongée dans un état mitigé où cohabitaient la joie et le regret. De ce fait, elle finit par se dire qu’ici, chez elle, elle n’avait pas besoin de se précipiter, et s’évitant une montée d’angoisse impromptue, elle choisit l’humour comme porte de sortie.

« Huit mois, pas six. » le corrigea-t-elle avec un sourire en biais, tachant de retrouver sa place après avoir fait une embardée volontaire vers le côté d’Hassan. Il lui attrapa les doigts au passage, la rendant plus vulnérable au coup-fourré qu’il projetait. Elle l’avait lu dans son regard, mais n’avait pas cherché à l’éviter, se félicitant secrètement d’avoir réussi à initier le premier contact physique entre eux depuis ce qu’il lui semblait être une éternité. Basculant d’un côté à un autre sur sa balançoire lorsqu’il l’envoya légèrement voguer d’un coup de hanche, elle ajouta sur le ton de la fausse vexation « J’aurais dû partir plus longtemps, ça t’a paru trop court visiblement. » Dans un petit dérapage contrôlé, Yasmine stoppa sa balançoire en faisant crisser ses tennis dans le sable étendu à ses pieds. Elle remua ses doigts à l’intérieur de la paume d’Hassan. Pas pour qu’il la lâche, mais pour les enfoncer plus loin dans l’espoir de prolonger un peu la sensation de sécurité qui l’enveloppa en pensant à quel point tout ça lui avait manqué.

« Vieux et trop sentimental surtout. » Son ton, aussi doux qu’une berceuse à ses oreilles, la fit rouler des yeux, toute pudique et modeste qu’elle était. Dans un demi éclat de rire, elle ajouta, lui repoussant doucement le menton avec sa main libre « Oh, c’est bon, arrête. » Une preuve que les compliments la mettaient dans tous ses états. Alors qu’elle s’en était contentée une minute plus tôt, elle chercha à récupérer sa main pour venir glisser une longue mèche de cheveux derrière son oreille. C’était idiot, pourtant elle se dandina sur sa balançoire comme une petite fille à la timidité exacerbée, mal à l’aise qu’Hassan puisse la féliciter pour quelque chose qu’elle n’avait pas le sentiment d’avoir vraiment terminé. Elle soupira, se mordillant l’intérieur de la joue pour se redonner un coup de fouet ; elle préféra marcher. Avant de se lever de sa balançoire, elle s’arrêta devant lui pour lui dire, l’air de rien « Alors ça, je peux m’en charger ! » Et elle le pinça au niveau du bras – pas très fort, juste pour le faire sursauter. S’éloignant de la balançoire de plusieurs pas à reculons, elle jubila en silence, et à bonne distance de lui, elle se retourna en pivotant sur elle-même pour exécuter une petite danse qui voulait clairement dire « bah alors papy, on manque d’entraînement ? ». Mais au lieu de pousser la blague à son avantage, elle reprit avec un sérieux surjoué – elle alla même jusqu’à remonter le col inexistant d’une veste qu’elle n’avait pas apportée avec elle « Ça, je sais pas. Il faut que je vérifie mon emploi du temps. » Elle laissa passer deux longues secondes, puis se répandant en sourire taquin, elle s’approcha de nouveau de la balançoire. Son petit doigt dressé devant elle, elle suspendit volontairement le moment où elle viendrait le crocheter à celui du jeune homme pour sceller l'espèce de promesse qu'il venait de lui faire. Avant toute chose, elle lui concéda, non sans rouler des yeux face au peu de résistance dont elle faisait preuve en face de lui « OK. Je peux même te réserver une journée entière. Je te laisse volontiers le choix du programme, à condition de faire une halte au port. J’ai envie de voir la mer. » Elle n’en avait pas eu beaucoup l’occasion à Diffa ; des étendues de poussières, voilà ce à quoi elle avait dû s’habituer pendant huit mois, elle qui était née dans une ville entourée d’eau.

Elle hésita à peine à continuer d’avancer vers Hassan pour enfin attraper son petit doigt avec le sien. Et puis une fois que ce fût fait, elle piétina sur place. Mais elle finit par balayer – en même temps qu’un côté entier de ses cheveux dénoués – sa réserve furtive comme on balaye devant sa porte. Elle s’approcha encore un peu pour que ses genoux frôlent ceux du jeune homme. Tendant le bras pour passer une main dans ses cheveux coupés courts, elle y trifouilla pour de faux. Empruntant une expression de conséquence en s’assurant qu’aucune calvitie n’était à déplorer – pour l’instant –, elle lui répondit avec expertise « T’en fais pas, les cheveux blancs te vont bien. » Sans transition, elle se pencha pour l’embrasser sur le front. Longtemps. Juste entre les deux yeux. Les mains maintenant délicatement son visage immobile. Yasmine ferma les yeux. La respiration suspendue. Jusqu’à ce qu’elle se redresse très légèrement, et qu’elle lui dise, les yeux dans les yeux, et avec une franchise qu’elle regretterait probablement au cours de la longue nuit sans sommeil qui l’attendait en rentrant à la maison « Tu m’as beaucoup trop manqué. » Elle ne lui laissa pas vraiment le temps d’assimiler. Elle se recula d’un bond en arrière. Pointant de nouveau un doigt sur lui en avançant à reculons, elle le prévint « Profites-en, c’est la première et dernière fois que tu l’entends ! » Mais pas la première ni la dernière fois que ce sentiment honteux d’en avoir trop dit et trop fait la transperçait de toute part malheureusement.

AVENGEDINCHAINS


Dernière édition par Yasmine Khadji le Lun 25 Juin 2018 - 6:35, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(yassan) if my heart was a house Empty
Message(#)(yassan) if my heart was a house EmptySam 23 Juin 2018 - 12:43

Huit mois, six, peu importait au fond pour Hassan, nul besoin de quantifier l’interminable pour le trouver affreusement long, quand bien même il ne doutait pas que ce qui avait été une éternité pour eux, pour lui, n’avait peut-être été qu’un battement de cils pour elle. C’était souvent le cas, pour celui qui était loin. « J’aurais dû partir plus longtemps, ça t’a paru trop court visiblement. » l’avait-elle en tout cas rabrouée avec un brin de provocation, au ton boudeur qu’elle avait décidé d’arborer pour parfaire le tableau succédant celui d’Hassan qui du même ton avait affirmé « C’est vrai. D’ailleurs mon impatience à l’aéroport était totalement feinte, je suis simplement très bon acteur. » levant le menton bien haut pour se donner un air sévère qui n’avait que peu de crédit face à la jeune femme. Éludant la tentative de Yasmine de chercher la petite bête quant à des tracas qu’il n’avait pas envie de voir venir gâcher leurs retrouvailles, il avait attrapé ses doigts comme on saisissait une occasion au vol, ne se laissant pas avoir par l’excès de modestie dont elle faisait preuve en balayant d’un « Vieux et trop sentimental surtout. » sa tentative pour mettre des mots sur ce que lui inspirait son périple africain. « Oh, c’est bon, arrête. » La main de la brune lui échappant, Hassan avait accusé le coup sans insister, habitué à la pudeur exacerbée des Khadji et des Jaafari dont il s’était toujours un peu senti l’exception. Non sans un brin de frustration, parfois. Le prenant finalement au moment en le pinçant après avoir lancé « Alors ça, je peux m’en charger ! » Yasmine avait quitté la balançoire et sauté sur ses deux pieds pour s’éloigner de quelques pas « Aoutch ! » Le sourire goguenard et le ton cérémonieux au moment d’accéder ou non à la requête de son ami de lui réserver un peu de son temps. « Ça, je sais pas. Il faut que je vérifie mon emploi du temps. » Approchant à nouveau et ménageant le suspens avec une délectation palpable, elle avait juré sur leurs petits doigts « OK. Je peux même te réserver une journée entière. Je te laisse volontiers le choix du programme, à condition de faire une halte au port. J’ai envie de voir la mer. » et l'espace d’une demi-seconde Hassan aurait presque cru avoir de nouveau devant les yeux la Yasmine de dix ans à peine. Esquissant un sourire satisfait, le professeur avait acquiescé avant d’adopter un ton faussement confidentiel et d'annoncer « Deal. Et siiiiii tu es sage, peut-être – je dis bien peut-être – que je t'offrirai une glace sur le port. » avant de rouler des yeux avec exagération et d’ajouter « J’espère que tu te souviens où tu as rangé ton casque avant de partir. » en prévision de la balade à moto qui les mènerait tout droit jusqu’au port le moment venu. Étrange de voir la vitesse à laquelle le brun avait adopté cette moto pourtant longtemps laissée en pénitence au fond du garage, dès lors qu’il avait récupéré son permis. Sa voiture ne lui manquait pas, ou pas assez pour songer en acquérir une nouvelle, en tout cas. Tiquant probablement plus qu’il ne le devrait sur la mention de son âge, il avait finalement commenté d’un ton boudeur et laissé Yasmine revenir vers lui pour passer ses doigts dans ses cheveux avant de lui assurer « T’en fais pas, les cheveux blancs te vont bien. » Ses mains venant attraper avec délicatesse les poignets de la jeune femme, il s’était laissé surprendre par le baiser qu’elle était venue déposer sur son front, et en avait oublié toute velléité à protester sur la mention de cheveux blancs qu’il adoptait, en réalité, bien mieux qu’il ne l’aurait lui-même pensé. Sans doute que d’avoir cru ne jamais atteindre l’âge qu’il aurait bientôt le faisait relativiser quant aux marques du temps qui passait, même lorsqu’elles atteignaient des cheveux auxquels Hassan apportait depuis toujours un soin qu’on pourrait gentiment qualifier d’exagéré. Et loin d’y songer à cet instant, les pouces glissant contre l’intérieur des bras de Yasmine avec doucement, il s’était laissé troubler par la façon dont elle était venue planter son regard dans le sien avant d'admettre « Tu m’as beaucoup trop manqué. » en lui arrachant un bref frisson. Ouvrant la bouche pour répondre, il n’avait cela dit pas eu le temps de sortir la moindre syllabe qu’elle se dérobait à nouveau en prévenant « Profites-en, c’est la première et dernière fois que tu l’entends ! » du bout des doigts. Quittant sa balançoire et époussetant machinalement son jean, il avait dodeliné la tête et plissé le nez « La première et la dernière fois, et j’ai même pas le droit à un câlin pour compenser ? T’es dure avec moi. » L’air boudeur seulement à demi feint, il avait enfoncé les mains dans les poches de son blouson pour atténuer l’impression de ne pas savoir où les mettre, mais un peu maladroitement il avait malgré tout proposé son bras à Yasmine en reprenant « Allez viens, j’te ramène à bon port avant que ton carrosse redevienne citrouille. » un fin sourire sur les lèvres. Avant que Fatima ne se fasse un torticolis à force de guetter leur retour par la fenêtre de la cuisine aussi, sans doute. « Je ne sais pas si j’ose te demander depuis combien de temps tu n’as pas dormi, avec le décalage horaire. » Probablement plus de vingt-quatre heures, et en tout cas suffisamment longtemps pour qu’il en vienne à se demander comment elle parvenait encore à garder les yeux ouverts. Laissant passer quelques secondes, en donnant l’impression manifeste d’hésiter à poser sa question, il avait néanmoins demandé « Ça va aller ? » sans lui-même savoir très bien à quoi il faisait référence. Le retour au bercail, la cohabitation temporaire avec ses parents, la reprise du métro-boulot-dodo … Un peu de tout cela et un peu d’autre chose, sans doute. « Et toi aussi, tu m’as manqué. » avait-il finalement admis du bout des lèvres, jetant un regard en coin et moins éloquent qu’il ne l’aurait sans doute souhaité, mais n’osant plus y mettre les formes maintenant qu’elle avait donné le ton la première, au risque de verser à nouveau dans ce qu’elle prendrait pour du sentimentalisme.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(yassan) if my heart was a house Empty
Message(#)(yassan) if my heart was a house EmptyLun 25 Juin 2018 - 6:39


if my heart was a house
hassan & yasmine

Portant ses doigts à ses lèvres, fourmillant sous une sensation de chaleur agréable jusqu’au creux de son ventre, Yasmine lança un regard farouche par-dessus son épaule en direction de Hassan. Amusée par sa réaction au baiser qu’elle venait de lui donner, elle toupilla sur elle-même pour suivre le trajet qu’il fit jusqu’à elle. Sous la pulpe de ses doigts refroidis par la température extérieure, elle sentit son cœur accélérer la cadence, et le sang battre au centre de sa bouche qu’elle étira dans un sourire graduel, alors qu’elle se sentait à la fois pleine d’allégresse et de contrition. La pudeur était un principe d’éducation propre aux Khadji. Chaque membre de la famille avait beau avoir une idée certaine de l’affection sincère qu’ils se portaient, il n’en était pas moins indécent à leurs yeux de se répandre en mots, et les non-dits s’entassaient au fil du temps. Les Jaafari n’étaient pas mal dans leur genre, encore une preuve irréfutable qu’ils s’étaient bien trouvés, tous. Pendant longtemps, Yasmine avait cru que les petites attentions étaient plus significatives que les beaux discours, et sans doute était-ce le cas, dans une certaine mesure seulement. Comme personne n’avait jamais vraiment objecté à ce sujet, ça n’avait fait que la rendre plus réservée dans l’action de porter son cœur en bandoulière, et d’admettre à haute voix ce qu’elle ressentait pour ceux qui l’entouraient. Elle savait qu’elle avait des progrès à faire. Son ex-petit ami le lui avait vaguement reproché, la traitant parfois comme une petite fille à qui il fallait faire la leçon pour qu’elle s’ouvre et se libère du poids de ses valeurs familiales – elle devait se montrer moins prudente et plus audacieuse sous peine de passer à côté de jolis moments comme celui-ci. Ça lui faisait mal au ventre de lui donner raison, et peut-être que finalement, elle ferait passer sa nouvelle ligne de conduite pour une simple bonne résolution liée à son retour, refusant catégoriquement l’idée qu’il ait put avoir une quelconque influence sur la personne qu’elle était. Enfin, ce n’était qu’un demi-mensonge qu’elle préférait se servir à elle-même puisqu’à Diffa, coupée de ce contact régulier avec ses proches, elle s’était rappelée les quelques moments difficiles qui avaient jalonnés les quinze dernières années passées. Même si elle s’était beaucoup investie dans le combat de Sohan pour faire accepter son homosexualité à ses parents, et dans celui de Hassan, d’Amjad et du père de Clara contre la maladie, elle n’avait pas su exprimer véritablement à quel point ça la détruirait si jamais ils ne s’en sortaient pas. Heureusement, ils s’en étaient sortis, mais certainement pas grâce à son éloquence ; leur avait-elle seulement dit qu’elles les aimaient à ce moment-là ? Impossible pour elle de s’en souvenir, et en définitive, ce n’était pas opportun de tenter d’y faire le point maintenant.

« Siiiiii tu es sage, peut-être, je dis bien peut-être, que tu l’auras ton câlin de compensation. » l’asticota-t-elle en lui prenant le bras. Elle passa le premier sous, le deuxième sur, celui de Hassan, commençant à ressentir la fraîcheur sur sa peau laissée à nue, et tentant de puiser dans cette intimité un peu de chaleur et de sécurité. Elle posa furtivement sa joue sur son épaule, opinant pour lui confirmer qu’il était temps de rentrer, puis ils se mirent en marche dans le quartier plongé dans une obscurité sommaire – ce qui lui fit resserrer son étreinte sur le bras de Hassan « J’ai dû oublier de te parler de ma nouvelle meilleure amie. Elle s’appelle Insomnie. Elle est particulièrement collante, mais elle est pas méchante dans le fond. » lui répondit-elle sur un ton de conteuse, tournant à peine son visage vers lui pour affronter son regard. Elle avait arrêté de regarder sa montre pour surveiller son rythme de sommeil depuis un sacré bout de temps, le jetlag n’aurait sans doute que très peu d’effet sur elle. Son corps finirait par lâcher à un moment donné, mais elle n’irait certainement pas se coucher de son plein gré ce soir. Elle ressasserait, jusqu’à ce que ses paupières se révoltent et que son cœur s’alourdisse pour lui permettre de se reposer un peu, enfin. Une pointe lui chatouilla le cœur quand le jeune homme la questionna sur… son état d’esprit, son état physique ? Toujours sans le regarder vraiment, elle sourit dans la pénombre, fronçant brièvement les sourcils en lâchant, sans prendre le temps de la réflexion, ce qui traduisait le caractère mécanique de la réponse qu’elle lui donna « Ouais, bien sûr. » Elle inspira une courte goulée d’air, explicitant sur le même ton « Je vais être occupée. J’ai déjà un déjeuner de prévu avec Clara et un après-midi avec Sohan, demain. Et puis la paperasse va me prendre du temps, et maman va sans doute vouloir me faire un rapport complet à propos des bons partis qui sont arrivés dans la région pendant mon absence. La mauvaise foi que je mettrais à refuser d’écouter ses arguments vont me prendre tellement d’énergie que j’aurais pas le temps de m’entretenir avec Insomnie. Et puis, il y a toi. » Elle tourna enfin la tête dans sa direction. Le regardant pour de bon cette fois, elle reprit avec correction « Notre petite virée à moto, je veux dire. Je parie qu’elle l’a jeté aux ordures quand j’avais le dos tourné. » Fatima, le fameux casque. Elle haussa les épaules « Mais je trouverais un moyen d’en emprunter un. La glace me fait trop envie, et comme je suis toujours sage… » Elle laissa la fin de sa phrase se dissiper dans l’atmosphère de la nuit. Récupérant le bras qu’elle avait posé sur le dessus de celui de Hassan, Yasmine baissa la tête en l’entendant lui dire qu’elle lui avait manqué aussi. Elle ne le lui avait pas fait savoir par souci qu’il lui renvoie la balle, mais l’idée que le temps ait sincèrement pu lui durer la fit doucement culpabiliser. Relevant la tête, ce fût dans un murmure, accompagné d’un léger froncement de nez qu’elle lui dit « Je suis désolée d’être partie si longtemps. C’était pas prévu au départ, et… » Une fois encore, elle ne termina pas sa phrase, secouant la tête pour chasser tous les prétextes qu’elle aurait pu lui servir pour expliquer qu’elle se soit attardée, si longtemps, si loin. Et puis, après un silence, elle lui demanda en retour « Mais toi, comment tu vas, vraiment ? » Elle se doutait que l’âge soit la cause du pli soucieux qu’elle lui avait trouvé entre les deux yeux ; elle avait senti de la tension quand elle  y avait posé les lèvres. Et si insister n’était pas dans ses habitudes, elle tenait néanmoins à ce qui lui dise au moins si tout allait vraiment bien ; elle saurait s’en contenter – pour l’instant.

AVENGEDINCHAINS
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(yassan) if my heart was a house Empty
Message(#)(yassan) if my heart was a house EmptyMar 10 Juil 2018 - 8:48

La soirée avançant, la fatigue probablement tapie dans un coin d’obscurité, et Fatima qu’il s’imaginait friser le torticolis à force de guetter leur retour par la fenêtre, Hassan avait proposé à Yasmine de rebrousser chemin et lui avait offert son bras par habitude, la chair de poule dressant malgré tout furtivement les poils sur ses bras sous son blouson lorsqu’elle s’était exécutée. « J’ai dû oublier de te parler de ma nouvelle meilleure amie. Elle s’appelle Insomnie. Elle est particulièrement collante, mais elle est pas méchante dans le fond. » lui avait finalement confié la jeune femme d’un ton faussement léger, lorsqu’il s’était étonné de ne pas encore l’avoir vue papillonner des yeux ou piquer du nez malgré le décalage horaire qu’elle devait supposément subir de plein fouet. « Oh, c’est donc pour toi qu’elle m’a quitté, celle-ci. » avait-il alors ironisé dans un bref sourire, la satisfaction d’avoir retrouvé un sommeil sinon bon au moins acceptable éclipsée par la perspective que Yasmine la subisse désormais, avec sans doute le lot de tracas qui en étaient la cause. « Ouais, bien sûr. » qu’elle avait pourtant assuré, presque trop rapidement pour qu’il la croit sur parole, avant d’y aller dans les détails supposés prouver ses dires. « Je vais être occupée. J’ai déjà un déjeuner de prévu avec Clara et un après-midi avec Sohan, demain. Et puis la paperasse va me prendre du temps, et maman va sans doute vouloir me faire un rapport complet à propos des bons partis qui sont arrivés dans la région pendant mon absence. La mauvaise foi que je mettrais à refuser d’écouter ses arguments vont me prendre tellement d’énergie que j’aurais pas le temps de m’entretenir avec Insomnie. Et puis, il y a toi. » La mention de Sohan lui pinçant le cœur avec tristesse autant qu’avec culpabilité – il s’était promis d’arranger les gens avec lui avant le retour de Yasmine, pourtant – Hassan avait interrogé la jeune femme du regard lorsqu’elle l’avait désigné lui, et relevant pour de bon les yeux vers lui elle avait ajouté « Notre petite virée à moto, je veux dire. Je parie qu’elle l’a jeté aux ordures quand j’avais le dos tourné. » Gageant qu’elle parlait du casque, il avait froncé le nez et secoué la tête alors qu’elle ajoutait « Mais je trouverais un moyen d’en emprunter un. La glace me fait trop envie, et comme je suis toujours sage … » et fait mine d’accueillir ce dernier fait avec dubitation avant de s’exclamer « C'est marrant que tu dises ça, parce que figure-toi que moi aussi ! C’est fou les coïncidences, parfois, pas vrai ? » avec la fierté d’avoir dit une ânerie presque aussi grosse que lui. « Et j’ai toujours un casque passager, mais, ne le répète pas à Maman Khadji. » Pour sûr que la marocaine n’avait pas dû être ravie le jour où, après un an sans, Hassan avait enfin récupéré son permis de conduire, bien qu’elle ait eu la décence de ne pas le lui faire savoir directement. Mais si le brun ne pouvait blâmer quiconque se montrait dubitatif à l’idée de le voir enfourcher une moto après la manière dont avait terminé sa voiture, il lui semblait couler de source qu’il ne serait jamais aussi prudent sur la route qu’avec Yasmine à l’arrière. Laissant au silence le temps de s’installer à nouveau et de n’être troublé que par le bruit de leurs pas sur le trottoir, il s’était malgré tout décidé à énoncer le fait qu’elle lui avait manqué, partagé entre l’incertitude qu’elle ait vraiment envie de l'entendre et le fait que lui avait besoin de se décharger de ce genre de choses en les disant à voix haute. Loin de lui pourtant la volonté d’obtenir excuses ou justifications de la part de Yasmine, qui l’air chafouin s’était lancée dans un « Je suis désolée d’être partie si longtemps. C’était pas prévu au départ, et … » qu’elle n’avait pas terminé, penaude. Ouvrant la bouche comme pour faire valoir qu’il n’était pas en train de lui faire un reproche, mais soudainement incapable de trouver comment dire les choses sans risquer qu’elles ne tombent une fois encore à côté du nid, Hassan avait refermé la bouche et rentré sa nuque à l’intérieur de ses épaules avec frustration, son bras resserrant seulement un peu plus celui de l’infirmière faute de trouver quoi dire. Quelque chose ne semblait pas à sa place, et le « Mais toi, comment tu vas, vraiment ? » qui avait suivi sonnait presque comme une question piège, doublée d’un changement éclairé de conversation. L’assurance qu’il allait bien affirmée plus tôt ne semblait pas avoir convaincu, et Yasmine marchait dans les traces de Qasim quant au double-check permanent auquel il avait désormais droit presque systématiquement. « Toi et mon frère vous faites vraiment la paire. » n’avait-il alors pas pu s’empêcher de commenter, par constatation plus que par reproche malgré tout, et laissant passer une seconde ou deux il avait assuré « Ça va. » avec ce qu’il lui était possible de conviction, le regard glissant à nouveau vers celui de la brune. « Je dis pas que j’en suis à danser sur les tables avec allégresse, mais ça va. Vraiment. » Autrement dit il n’avait pas prévu de se jeter sous un train dans un futur proche, si tel était le double-sens de sa question ; Parfois il avait l’impression qu’ils en revenaient toujours à cela. « Et si tu veux tout savoir j’avais aussi hâte que tu rentres parce que ta mère reportait son besoin de jouer les entremetteuses sur moi. » Roulant exagérément des yeux pour tenter de détendre l’atmosphère, il était cela dit tout à fait sérieux et comprenait un peu mieux la pression subie en temps normal par Yasmine à ce sujet. Il compatissait d'autant plus, mais était égoïstement soulagé de savoir que Fatima serait bientôt de nouveau trop occupée à chercher un prétendant à sa cadette pour continuer de vouloir le pousser vers des idées saugrenues de remariage. « Cela dit la prochaine fois qu’elle te lance sur le sujet, mets le futur bébé Jaafari sur le tapis, généralement ça fait diversion. » Technique testée et approuvée, du moins tant que le dit bébé était encore bien au chaud dans le ventre de sa mère, ensuite il faudrait trouver autre chose. « Clara va tenter de te convaincre que ce sera un garçon, mais les vrais savent que ce sera forcément une fille. » avait-il finalement ajouté sur le ton de la conspiration, l’un et l’autre ayant parié des opposés principalement pour les cinquante pour cent de chance de pouvoir se targuer après de l'autre d’avoir eu raison.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(yassan) if my heart was a house Empty
Message(#)(yassan) if my heart was a house EmptyJeu 12 Juil 2018 - 12:43


if my heart was a house
hassan & yasmine

Lorsque le prénom de Sohan lui échappa, inviter Hassan à se joindre à cet après-midi qu’ils s’étaient prévus le lendemain lui traversa brièvement l’esprit. La lourdeur évanescente qui tomba soudain sur leur échange lui fit jeter un coup d’œil vers le ciel constellé d’étoiles ; peut-être y cherchait-elle des réponses précises, mais elle n’y lut pas grand-chose, sa vision se floutant doucement sous la brise légère. Yasmine renifla discrètement, resserrant tout aussi discrètement l’étreinte de son bras autour de celui de Hassan, et cala le rythme de son pas sur le sien. Le silence que les deux hommes s’étaient obstinés à creuser entre eux lui faisait tellement de peine qu’elle avait tenté à plusieurs reprises de faire entendre raison à l’un et à l’autre. Même à des kilomètres de la maison, se rancarder subtilement sur l’avancée de leur rabibochage était devenu ce qui lui importait le plus quand elle avait l’occasion de les avoir au téléphone ou en visioconférence. Savoir qu’ils ne pouvaient pas se soutenir mutuellement pendant son absence avait failli la faire rebrousser chemin à plusieurs reprises. Et puis au fur et à mesure, les semaines devenant des mois et sa peau brunissant davantage au contact du soleil brûlant de Diffa, elle avait compris que peut-être, leur laisser le temps de mûrir des excuses chacun de leur côté, et ce sans qu’elle n’intervienne d’aucune manière, était sans doute plus judicieux pour qu’ils enterrent définitivement la hache de guerre ; elle s’était mise à fantasmer sur la réunion de famille qui aurait dû se jouer dès sa descente d’avion, celle qui lui avait longtemps tourné dans la tête si seulement ses parents avaient accepté que Sohan se joignent à la fête. Sans doute que, repue de tous ce débordement d’amour et de joie d’être tous enfin réunis, le sommeil serait venu plus facilement cette nuit. Mais bien sûr, les choses ne s’étaient pas déroulées comme elle l’avait imaginée – évidemment, le dîner n’en avait pas été moins savoureux, seulement, un soupçon d’amertume perça au travers des restes de sucre qui épaississait son sang.
Car malheureusement, même sans y mettre son grain de sel, rien n’avait bougé en huit mois de temps. Si son départ ne les avait pas poussés l’un vers l’autre, peut-être que son retour aurait ce pouvoir ? Elle ne savait pas, elle ne savait plus. Néanmoins, elle nourrissait l’espoir sincère que son retour jouerait un facteur déterminant dans leur reprise de contact ; dans le fond elle restait persuadée que l’importance du lien quasi-fraternel qui les unissaient finirait un jour où l’autre par prendre le dessus sur l’espèce de rancœur puérile de son aîné à l’égard de Hassan. Mais il fallait être patient, et elle l’avait toujours été, indubitablement. C’est aussi pour cette raison qu’elle s’enquit une seconde fois auprès de Hassan, déterminée à ce qu’il lui offre une réponse digne de ce qu’elle avait décelé en s’attardant sur ses traits. S’inquiéter pour lui était une discipline qu’elle avait masterisé, et tant pis si ça entérinait son lien de parenté avec Fatima, toujours aux petits soins pour ses proches. Un sourire fendit l’air sérieux qu’elle avait tenté de se donner quand il mentionna Qasim, puis elle tourna son regard vers lui au moment où il le fit lui aussi.

« Pourtant, quelque chose me dit que ça vaudrait son pesant de cacahuètes de te voir danser sur les tables avec allégresse. Tu devrais essayer pour voir. » lui répondit-elle avec humour, consciente que s’engager sur ce genre de pentes savonneuses ne leur ferait pas du bien. S’il avait l’impression qu’ils en revenaient toujours à ce qu’il sous entendait, l’idée de s’assurer qu’il ne lui cachait pas ses idées noires ne lui traversa même pas l’esprit en vérité : elle voulait juste savoir si tout allait bien, point. Quand il en vint à parler des talents d’entremetteuse de Fatima, Yasmine récupéra doucement son bras « Pourquoi ça ne m’étonne même pas ? Elle peut vraiment pas s’en empêcher, je suis désolée. » Comme si c’était de sa faute si sa mère avait une obsession inexplicable pour le mariage « Et ça a donné quoi ? » lui demanda-t-elle l’air de rien. Elle n’eut pas le temps de s’en vouloir de lui avoir posé la question ; elle dut se racler la gorge en toussant tant sa voix s’était envolée dans les aigues.

J’ai trouvé ton père, et regarde un peu comme on est heureux ! lui avait-elle dit une fois, sa voix sonnant plus brute quand elle s’agaçait en arabe. Tu devrais plutôt m’accorder ta confiance pour te trouver un homme aussi bon, au lieu de me le reprocher tout le temps ! C’était un argument qui se tenait. Mais quand Yasmine voyait qu’elle se montrait moins difficile en matière de jeunes femmes à présenter à son fils d’adoption, elle se disait que naître sans rien qui pendouillait entre les jambes dans cette famille était vraiment une tare dont elle se serait bien passée à certain moment. Un exemple criant ? Fatima avait toujours apprécié Joanne, pourtant elle ne rentrait absolument pas dans la case des bonnes musulmanes de bases ; pourquoi dans le cas de Hassan, elle s’échinait à oublier les conditions absurdes avec lesquelles elle l’avait serinée, elle, durant toute son adolescence ? Il n’était pas son propre fils, certes, elle le considérait comme tel, c’est elle-même qui le disait ! Cessant de tousser, et parce que ça la mettait toujours secrètement hors d’elle, c’est en redoutant un peu sa réponse que, très légèrement, Yasmine s’éloigna de Hassan.

Fourrant les mains dans les poches-arrières de son pantalon, elle marqua une courte pause, gardant son conseil sous le coude pour s’en servir une fois le moment venu. Comme renchérir sur un tout nouveau sujet lui sembla subitement plus approprié, elle n’hésita pas une seconde à se jeter sur la perche que le jeune homme lui tendit. D’une voix un peu plus rauque, elle reprit « Je peux tenter un pronostique ? Vous avez une vision trop linéaire du truc, je mise sur une paire de jumeaux. Une fille, un garçon, et ce sera mon dernier mot. » Ils s’engagèrent dans la rue des Khadji. Se trouvant maline, elle toupilla sur elle-même pour reprendre sa marche à reculons, et ainsi mieux poser son regard sur Hassan, à qui elle offrit son plus beau sourire, tout en fossettes. Elle ajouta, l’idée que deux bébés viennent élargir le rang des Jaafari la ravissant franchement « Ils ont déjà une idée pour le prénom ? »

AVENGEDINCHAINS
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(yassan) if my heart was a house Empty
Message(#)(yassan) if my heart was a house EmptyJeu 2 Aoû 2018 - 12:31

Mentionner Sohan c’était mettre le doigt sur la vilaine tâche qui subsistait encore dans la volonté d’Hassan de remettre sa vie en ordre ; Sohan lui manquait, et la situation dans laquelle ils étaient tombés tous les deux le désolait autant qu’elle l’attristait. Et malgré tout il ne parvenait pas à rassembler force et arguments nécessaires pour être celui qui ferait le premier pas et tenterait d’inverser la tendance. La peur de se heurter à un mur, mais aussi une grosse part d’ego, inutile de se le cacher. Laissant couler sans faire le moindre commentaire à ce sujet, et arborant simplement l’air penaud que lui inspirait le fait de devoir assumer face à Yasmine l’immobilisme de cette situation, il s’était par ailleurs heurté à l’insistance de la jeune femme à savoir s’il allait bien – autrement dit, selon lui, à savoir s’il avait dépassé le stade de potentiellement suicidaire dont il lui semblait parfois qu’il lui collerait à la peau pour le reste de sa vie. Misant sur une exagération totalement imagée pour se sortir de cette pente savonneuse, il avait forcé un sourire lorsque Yasmine avait répondu « Pourtant, quelque chose me dit que ça vaudrait son pesant de cacahuètes de te voir danser sur les tables avec allégresse. Tu devrais essayer pour voir. » et fait l’effort de rentrer dans son jeu, et haussant les épaules d’un air faussement blasé il l’avait gratifiée d’un « Je devrais te réduire au silence ensuite. » et d’un sourire narquois. Laissant néanmoins entrevoir les velléités de sa mère à trouver une nouvelle cible à ses envies d’entremetteuse en l’absence de sa fille, Hassan ne cachait pas le soulagement – un brin égoïste – de savoir que Fatima aurait bientôt d’autres chats à fouetter pour continuer à lui chercher nouvelle épouse, comme si son retour au célibat devait être perçu comme une tare dont il devait se défaire au plus vite. « Pourquoi ça ne m’étonne même pas ? Elle peut vraiment pas s’en empêcher, je suis désolée. » s’était alors excusée Yasmine, le brun secouant la tête comme pour faire entendre qu’elle n’avait pas de quoi être désolée ; Elle n’y était pour rien, et Hassan n’osait imaginer la pression que son amie devait ressentir face aux relances incessantes de sa mère à lui trouver un époux convenable. Convenable selon ses propres critères, qui plus est. « Et ça a donné quoi ? » La quinte de toux dont avait été prise Yasmine lui laissant le temps de réfléchir à la réponse, le brun avait dodeliné la tête et pallié à départ du bras de la jeune femme autour du sien en fourrant les mains dans les poches de son  blouson. « J’ai eu droit à un inventaire assez complet des divorcées et des veuves du quartier. Un peu comme si le divorce était une maladie contagieuse qui nécessitait qu’on reste entre nous, histoire de ne pas gâcher les chances des autres à tenter un mariage sans fiasco. » Cynisme à peine dissimulé dans la voix, le professeur avait marqué une brève pause, le regard glissant furtivement de côté pour observer la réaction de Yasmine. « Mention spéciale pour celles présumément calmes et dociles, et supposées me rappeler Joanne. » Et s’il y avait sans doute un peu de vrai dans l’idée d’associer ces qualificatifs à la blonde, Hassan se demandait comment Fatima pouvait imaginer un instant que ce dont il rêvait était une seconde Joanne. C’était sans doute plutôt la dernière chose qu’il souhaitait. Et seulement maintenant réalisait-il qu’il n’avait jamais véritablement admis à Yasmine qu’entre son ex-épouse et lui ne subsistait désormais plus rien, pas même la mascarade de seconde chance dans laquelle il s’était bêtement laissé entraîner des mois durant, plus aveugle que l’aveugle lui-même. La peur de s’entendre rétorquer un « je te l’avais bien dit » mérité, mais dont la brune ne se serait pourtant probablement pas rendue coupable. « Bref. Je sais bien qu’elle pense bien faire. » Elle ne s’y prenait simplement pas de la bonne manière, mais si Yasmine n’était jamais parvenu à la faire changer à ce sujet ce n’était pas lui qui y parviendrait. Tout juste avait-il remarqué qu’évoquer le futur nouveau-né de Qasim et Olivia était une tentative de diversion aussi fourbe qu’efficace, et dont il admettait avoir un peu usé et abusé ces derniers temps. « Je peux tenter un pronostique ? » avait à ce sujet proposé la jeune femme, lorsqu’Hassan avait parié sur une fille plutôt qu’un garçon pour venir compléter la tribu « Vous avez une vision trop linéaire du truc, je mise sur une paire de jumeaux. Une fille, un garçon, et ce sera mon dernier mot. » Plissant les yeux avec curiosité, et bien décidé à ne pas la laisser s’en tirer à si bon compte pour cette pirouette supposée la dispenser de choisir un camp, il avait enquillé « Et qu’est-ce que tu es prête à parier, pour ce pronostic ambitieux ? » d’un ton joueur, tandis qu’ils atteignaient enfin la rue où vivaient les parents de la jeune femme. « Ils ont déjà une idée pour le prénom ? » Haussant les épaules en même temps qu’il secouait la tête il avait répondu « Probablement quelques-unes, oui. Mais puisqu’on n’a pas réussi à leur tirer les vers du nez pour Ava et Medhi je doute qu’ils se montrent moins durs en affaire cette fois-ci. » Et ils se souvenaient tous d’à quel point les prénoms des deux premiers avaient été gardés aussi secrets que s’il s’était agi d’un secret d’état. Arrivés devant le jardin des Khadji, l’un et l’autre avaient remonté l’allée jusqu’au porche de la maison, et laissant Yasmine grimper une marche pour se retrouver à sa hauteur il avait ressorti les mains de ses poches. Singeant une voix robotique il avait annoncé « Vous êtes. Arrivée à. Destination. » et laissé échapper un rire, sans doute fier de son ânerie. « Tu passes le bonjour au père de Clara de ma part, si tu le croises demain ? » avait-il alors questionné après avoir repris son sérieux. « Enfin, à Clara aussi, mais … » Mais lorsqu’il ne voyait pas la petite blonde il l’avait régulièrement par messages ou au téléphone, tandis que les occasions de parler à Monsieur Davis étaient plus rares. Sans compter que les années passant le père de Clara, malgré son caractère profondément bienveillant, continuait de l'intimider. « Et essaye de dormir un peu. Même si je sais, c’est plus facile à dire qu’à faire. » Arriverait pourtant bien un moment où la fatigue prendrait le dessus sur le reste, et sur ce qu’elle pouvait avoir dans la tête.
Revenir en haut Aller en bas
Anonymous
Invité
Invité
  

(yassan) if my heart was a house Empty
Message(#)(yassan) if my heart was a house EmptyDim 5 Aoû 2018 - 15:31


if my heart was a house
hassan & yasmine

Calme et docile. Yasmine rongea son frein, profitant de sa fausse quinte de toux pour ravaler sa rhétorique, et ne pas faire remarquer à Hassan que ces deux qualificatifs, aussi réducteurs soient-ils lorsqu’il était question de personnalité, étaient exactement ceux que sa mère aurait tant aimé pouvoir fièrement lui attribuer. Elle fronça doucement les sourcils, une moue contrite creusant les signes de fatigue qui apparurent sous la lumière crue des réverbères qu’ils rencontrèrent en chemin. Ecoutant attentivement le rapport semi-complet que le jeune homme lui fit en empruntant ce ton cynique dont lui seul avait le secret, c’est progressivement, leurs pas les menant à bon rythme jusqu’à leur prochaine destination, qu’elle s’enfonça dans la réflexion. Sans doute que c’était parce qu’elle n’était pas calme et docile que Fatima ne réussirait jamais à convaincre sa fille de la laisser gérer sa vie sentimentale. Et elle avait du mal à savoir s’il s’agissait alors d’un compliment ou non, car même si elle n’avait jamais été difficile, très bien élevée et travailleuse, Yasmine n’était pas sans savoir que ses choix n’avaient pas toujours ravis ses parents qui avaient longtemps nourris à son propos des velléités de soumission et d’enfants à tour de bras. Au lieu de quoi, elle s’était laissé bercer par le chant mélodieux des études supérieures, même si son choix ne s’était finalement par porté sur celles dont elle avait rêvé toute son adolescence, et s’était exilée en Afrique, préférant privilégier sa vie professionnelle plutôt que sa vie de femme qui s’avérait beaucoup moins plate que ce que sa pauvre mère pouvait imaginer ; lui parler de ses quelques petits amis n’avaient jamais été une option raisonnable pour Yasmine, secrètement apeurée par le traitement injuste infligé à Sohan suite à la révélation de son homosexualité. Cogitant un moment sur ce qui la contrariait soudain, elle resta encore un petit moment silencieuse. Bien qu’elle ne l’admettrait pas ce soir, un sentiment profond de vexation finit par colorer ses joues et choisir le silence plutôt que le rebond courtois sur les mauvaises habitudes de sa mère. Elle était pourtant très tentée de dire au jeune homme qu’en effet, elle pensait sûrement bien faire, mais que pour autant, ça ne la dispensait pas de se mêler de ses affaires et d’envisager de trouver un nouveau passe-temps – le tricot lui paraissait d’ailleurs tout indiqué.

« Je suis trop raisonnable pour parier. » Au moins, elle avait cette qualité pour elle, et personne n’oserait prétendre le contraire, aussi elle pouvait se permettre de s’en targuer sans gêne ni fausse modestie, et c’était assez rare pour être souligné. Elle leva un sourcil en accent circonflexe « Mais bon, si jamais on te le demande, je me range quand même de ton côté. » Faisant bonne mesure, elle se racla une dernière fois la gorge. Toupillant de l’autre côté pour de nouveau faire face à la rue qui s’ouvrait devant eux, elle estima rapidement le temps qu’ils leur restaient à passer tous les deux. Un nœud se forma dans son estomac lorsqu’elle dénota quelques pas à peine. Des pas qu’elle rendit moins chaloupés tout à coup, se plaçant en léger décalage avec Hassan qui la précédait de deux bonnes enjambées. Néanmoins, malgré cette crainte subite d’être abandonnée à sa solitude et à ses insomnies, un rire rentré étira les commissures de sa bouche quand il lui répondit « Attends un peu que maman y mette son grain de sel. Rien n’est trop secret pour elle, et si je me souviens bien, Olivia à un faible pour ses loukoums. » Elle ne put s’empêcher de s’avancer plus près de lui pour de nouveau crocheter son bras. Rentrant le menton, elle haussa les sourcils loin sur son front, un air de sous-entendre que c’était imparable, ce qu’elle confirma en ajoutant « C’est tout aussi efficace que la torture ces petites choses, et ça confirme ma théorie selon laquelle elle est en fait une espionne de haut vol. CQFD. » Son bras retiré de sous celui d’Hassan, elle grimpa la volée de marches du porche Khadji, puis se retourna pour mieux lui faire face « T’es sérieux ? Tu vas pas me dire que t’es fatigué au point de me ramener chez moi  à… » Elle plissa les yeux pour vérifier l’œil sur sa montre ; il était 00h10 « Wouah, c’est donc vrai, tu deviens vieux, mon vieux. » Un rire goguenard valait mieux que de le supplier de ne pas la laisser rentrer toute seule, de rester encore une heure ou deux – ou mieux : de rester jusqu’à temps qu’elle s’endorme vraiment, départie de la tension et luttant avec les bribes de malheur qui peuplaient ses rêves pour les transformer en cauchemars éprouvants.

Debouts l’un en face de l’autre, elle préféra baisser la tête pour qu’il ne décèle pas ses supplications dans son regard, parce que mine de rien, elle s’en voudrait de le priver de sommeil ; le fait qu’elle éprouvait des difficultés à le trouver ne l’autorisait pas à accaparer celui des autres. Aussi à la place, elle chipa la fermeture éclair du blouson du jeune homme pour la faire doucement monter et descendre plusieurs fois d’affilées, traduisant sans le vouloir la nervosité qu’elle éprouvait à l’idée de dépasser le seuil de cette porte close, dressée dans son dos. Elle opina du chef lorsqu’il lui demanda de passer le bonjour à monsieur Davis « J’espère que je la croiserais. » Les zip zip zip qui rompirent le silence du porche s’accélèrent en même temps que les pulsations de son cœur quand elle comprit qu’il n’avait aucune intention de prolonger leur conversation. Yasmine pinça les lèvres, résignée à battre en retraite. Mais avant toute chose, elle opina encore, et avec plus de conviction, face à son sage conseil « Je te retourne le conseil. Avec un peu de chance, ça défripera tous tes plis. » Elle voulut sourire, relevant la tête pour le regarder enfin, mais elle ne put retenir le voile de déception qui rembrunit son expression lorsque, pour de bon cette fois, elle lâcha sa fermeture éclair, et tourna les talons « Oh hey, j’allais oublier. » Elle avait déjà fait deux pas vers la porte, quand elle prétendit avoir oublié quelque chose. Cependant, elle fut plus rapide pour faire volte-face, les traits de son visage donnant l’impression qu’elle allait accomplir l’exploit de l’année, et alla retrouver la place qu’elle venait tout juste de quitter. Elle passa, sans lui laisser le temps de réagir, ses bras autour des épaules d’Hassan qu’elle serra contre elle avec force et tendresse. Le nez niché dans le creux de son cou, elle se sentit vaguement coupable de le renifler en toute discrétion, puis ferma les yeux au point de sentir son cœur battre sous ses paupières ; elle alla jusqu’à se hisser légèrement sur la pointe des pieds pour donner plus d’impulsion à son geste qu’elle termina par un baiser fugace au coin de sa bouche « Tu l’as mérité ton câlin de compensation. »

AVENGEDINCHAINS
Revenir en haut Aller en bas

Contenu sponsorisé
  

(yassan) if my heart was a house Empty
Message(#)(yassan) if my heart was a house Empty

Revenir en haut Aller en bas
 

(yassan) if my heart was a house