Je n'aime rien tant que la contradiction entre un visage angélique et un corps de salope.
Aujourd'hui, la température était idéale pour se promener. Ethel avait décidé de prendre l'air au dernier moment. La véritable cause de ce virement de situation était le lapin que lui avait posé son mari, sûrement trop occupé à travailler. La jeune femme ne voulait pas relever ce détail car elle aussi, il lui arrivait de bosser tard la nuit derrière son ordinateur et tous les autres écrans inimaginables ; ce qui avait le don d'agacer son époux surtout qu'elle prenait l'ordinateur dans le lit conjugal. Il voudrait probablement faire autre chose que de la regarder taper les touches de clavier. Le petit café à l'entrée du parc, elle le connaissait assez bien, elle y avait déjà mis les pieds à plusieurs reprises. Les gens avaient toujours l'habitude de la prendre pour une geek invétérée, en réalité, elle était tout le contraire de ce qu'on pouvait penser. En effet, les soirées, les apéros entre amis, les petites sorties faisaient partie de sa vie quotidienne. Bien sûr, Ettie avait ses moments où elle préférait rester chez elle, s'isoler mais cela ne durait pas très longtemps. La métisse aimait voir du monde, s'entourer de personnes autres que sa famille qu'elle côtoyait suffisamment entre les repas de famille, les membres qui travaillaient également pour la Fondation Pearson. La seule personne dont elle ne se lassait pas était Evie, sa sœur. Cette dernière était rentrée récemment afin d'être l'organisatrice de mariage pour celui d'Ethel. C'était le seul moyen que la benjamine avait trouvé pour faire la faire revenir. Ce n'était pas son genre mais elle l'avait suppliée d'organiser son mariage. Et puis raison de plus pour que Celie, leur mère, ne s'occupe pas du cahier des charges du mariage.
Le thé à la main, Ethel se rendit dans le parc et chercha une place près de la fontaine. Un poste qui lui permettait d'observer tout le monde. Instinctivement, elle sortie son téléphone portable et immortalisa le moment. Une photographie qui finirait probablement sur Instagram ou bien Snapchat, des réseaux sociaux que presque tout le monde utilisait de nos jours. C'était une manière de partager ces instants avec ses amis et d'autres personnes qu'elle connaissait moins. L'avantage de ces applications , était que l'on pouvait choisir ce qu'on voulait publier. Certes, certains clichés ou vidéos semblaient ridicules, retouchés ou faux mais dans tous les cas c'était le choix de celui qui postait ces éléments. Ethel aimait rajouter de temps à autre quelques filtres afin de raviver une photo un peu sombre ou banale. Des mamans couraient derrière leurs enfants, d'autres se promenaient le bébé dans la poussette. Quand elle voyait ces images, l'idée d'avoir un jour des enfants traversa en quelques secondes son esprit. Il lui était arrivé d'y penser mais en vouloir était une autre histoire. Pour le moment ses neveux et nièces lui suffisaient amplement. Dès qu'il s'agissait des enfants des autres, elle n'hésitait pas une seule seconde à les gâter, en revanche lorsque ses proches lui demandaient si un bébé arriverait bientôt, maintenant qu'elle était mariée, Ethel changeait de sujet subtilement. Cependant, elle savait qu'elle ne pourrait éviter indéfiniment la question.
Une silhouette, s'assit sur le banc à l'opposé d'Ettie. La jeune femme n'y prêta guère attention. Après tout, ce n'était pas le sien. Les espaces publics étaient un lieu d'échange, de partage. Fort heureusement, elle n'était pas agoraphobe ni mysophobe car c'était l'endroit propice pour faire ressurgir ces phobies. « Excusez-moi ? ». Un jeune homme, environ de son âge, parlait dans sa barbe. L'air d'un bad boy, il avait une attitude plutôt insolente, ce qui n'échappa pas à la jeune femme. Que cherchait-il à prouver ? Elle ne saurait dire si il s'adressait à elle ou bien si il parlait tout seul. Elle ne lui en voudrait pas car cela lui arrivait de le faire. Mais ça, peut de personne était au courant. Elle ne voudrait pas passer pour une folle, sachant que c'était juste une manière d'exprimer ce qu'elle ressentait. Dans les quelques cours de théâtre qu'elle avait suivi petite, elle se souvenait que le professeur insistait sur la communication, le langage, c'était très important pour se faire comprendre et surtout entendre. «Si c'est votre manière d'aborder les gens, je pense qu'il est impératif de changer de tactique ! ». Ethel avait fini par comprendre que c'était à elle qu'il s'adressait. Inconsciemment, elle le regarda avec méfiance. Que voulait-il exactement ?
Depuis son arrivée à Brisbane, le bilan de Nino était assez mitigé. Depuis un an et demi, c’était pas forcément glorieux. L’italien était avant tout venu en Australie pour retrouver son frère, pour régler ses comptes avec lui. Il lui en avait tellement voulu de l’avoir laissé derrière les barreaux pour ensuite s’enfuir à des milliers de kilomètres de lui. Vittorio était la dernière personne encore présente pour Nino. Il était son modèle et il avait toujours eu beaucoup de respect pour lui. Mais malheureusement, le grand frère ne le voyait pas ainsi, pour lui, Nino n’était qu’un boulet qui ne lui causait que des soucis. C’est d’ailleurs aussi à cause de lui qu’il avait du lâcher son poste au palais de justice de Rome, toutes les affaires dans lesquelles Nino avait trempé étaient ressortie, compromettant sa neutralité. Pour la journaliste qui avait écrit un article sur Vittorio, il pouvait être accusé de corruption et on l’avait poussé vers la sortie. Marchetti s’était arrangé pour que Gaia, l’auteure de l’article ait la monnaie de sa pièce juste avant que lui-même ne vienne à Brisbane. Vitto n’étais pas la seule raison de sa fuite de Naple. Le jeune italien savait bien qu’il ne pouvait pas rester à Scampia, ni même dans son pays après avoir balancé les personnes avec qui il avait fait son dernier coup. Il était catalogué comme balance dans son quartier qu’il chéri tant et les balances étaient loin d’être les bienvenues. C’était pour lui une question de vie ou de mort. Brisbane lui avait été la seule destination possible pour être sûre de ne pas finir seul. Etre proche de son frère, même si leur relation était plus que chaotique, c’était au moins avoir un repère dans les parages. Il savait que malgré les rancœurs, leur liens fraternels finiraient par prendre le dessus. Beaucoup d’événements s’étaient enchainés ensuite. Nino avait bel et bien réussi à retrouver son frère grâce à l’aide de Sohan, ce hacker en informatique hors pair. Leurs retrouvailles n’avaient pas été des plus chaleureuse, loin de là. Nino squattait chez différentes personnes qu’il avait rencontré ici et là. Leurs canapés étaient devenus ses différents lits jusqu’à ce qu’il trouve un job au Livuel, là où il avait pu travailler plusieurs mois. Jusqu’à ce que Liviana l’accuse d’avoir piqué dans les caisses alors que pour cette fois, il était totalement innocent. Pire encore, il savait que Natacha était coupable. Il avait rendu son tablier pour revenir plus tard, l’argent lui manquait vraiment surtout pour payer son nouvel appartement. Mais c’était sans compter sur le manque de tact de Vittorio qui lui était tombé dessus à l’épicerie. Les deux frères s’étaient battus sous les yeux de la police qui les avait emmené passer quelques heures au commissariat pour se calmer. C’est là que Nino appris que Liviana était la demie-sœur de Vittorio et que c’était en partie pour elle qu’il était venu jusqu’ici. Un coup dur pour Nino. Il avait décidé de tout lacher, tout laisser tomber. Un coup de couteau. Son frère l’avait abandonné pour venir retrouver une nana qu’il ne connaissait absolument pas… ca en disait long sur la considération qu’il avait pour Nino. C’est à partir de là que tout était devenu bien plus compliqué. Plus de travail et plus gout pour en trouver un autre. Nino avait été plein de bonne volonté jusque là mais ca ne semblait pas lui réussir. Alors il s’était laissé aller. Plus de salaire alors il ne payait plus son loyer. Après trois mois, il avait été foutu à la porte par son propriétaire. Il ne faisait plus rien si ce n’est trainé en ville et aller faire des paris sportifs clandestin pour gagner un peu sa vie. Il avait commencé avec Ariane en pariant sur ses matchs de boxe et en arnaquant des touristes qui n’y connaissaient rien. Ca payait plutôt bien alors pourquoi ne pas aller toujours plus loin ? Nino sortait tout juste de l’un de ces matchs, on pouvait facilement se représenter le genre d’événement si on avait regardé le film Fight Club. Des mecs qui se battent dans une cage, aucune règle si ce n’est de n’en parler à personne. Du sang qui gicle, des os qui craquent… rien de bien sexy. L’italien avait fait un détour par Oates Park avant de retourner chez Mia. Il avait accepté son hospitalité mais pour autant il n’avait pas envie de se la farcir tous les jours. Il était assis sur ce banc, profitant un peu du soleil et il voyait cette nana en face de lui qui ne lâchait pas son smartphone depuis qu’il était là. « Les gens deviennent tous tarés avec leurs téléphones… » marmonnât-il, lui qui était anti smartphone. Tous ces objets connectés n’étaient pour lui que des outils de manipulation de masse, de l’espionnage à grande échelle et ça en toute légalité et avec le parfait consentement de leurs propriétaires.«Si c'est votre manière d'aborder les gens, je pense qu'il est impératif de changer de tactique ! » « je cherche à aborder personne, t’en fais pas. Reste tête baissée sur ton écran. »
Je n'aime rien tant que la contradiction entre un visage angélique et un corps de salope.
«Ca vous pose un problème que je sois sur mon téléphone ? Parce qu'en ce qui me concerne c'est vous le problème !» elle lui répondit sèchement. Pour qui se prenait-il à lui parler de la sorte. Depuis quand engageait-on la conversation de la sorte ? Parfois Ethel ne comprenait pas les personnes dans la vie réelle. Cependant, elle y arrivait beaucoup mieux à travers les réseaux sociaux, elle percevait mieux leurs désirs, leurs intentions. C'était pour elle, le meilleur moyen de communiquer avec eux, de capter leur attention. En effet, il ne s'agissait plus de poster sans raison, au contraire, il fallait charmer les lecteurs. A cet instant, Ettie était face à un problème. Elle était face à une personne anti-réseaux sociaux. Il était toujours difficile pour elle de partager son goût pour la technologie à ces personnes. Ces dernières devaient sûrement avoir les anciens modèles de téléphones sans applications, qui leur permettaient simplement de passer un coup de fil ou de messages. Ils rateaient plein de chose selon elle. Mais au fil du temps, la jeune femme avait fini par abandonner l'idée de leur faire changer d'avis.
«Je vois que chez vous, la politesse n'existe pas...»dit-elle en arquant un sourcil. Ethel ne s'en rendait pas compte mais un jour, elle s'attirerait des ennuis si elle continuait à tenir tête de la sorte. L'accent européen du jeune homme en face lui fit comprendre qu'il n'était pas de Brisbane. D'habitude elle aurait été ravi de parler voyage mais il ne lui donnait pas du tout envie d'engager la conversation. Ce n'était pas avec lui qu'elle allait faire ami-ami. Ethel reçu un message de son mari disant qu'il ne pourrait pas se libérer plus tôt. Elle lui répondit rapidement et rangea son téléphone dans son sac vu que c'était l'objet en question qui avait été l'élément déclencheur de la divergence d'opinion.
«Pff de toute façon des cons on en croise aux quatre coins de la rue...»murmura la jeune femme. Il fallait toujours qu'il y en ait un pour gâcher la journée des autres, à croire que ces personnes là étaient jalouses de celles qui étaient de bonnes humeurs. Ethel posa le café qu'elle décida de ne pas terminer. La caféine lui monterait au cerveau, l'exciterait et lui donnerait cette énergie pour répondre de plus bel à cet inconnu. Elle n'avait absolument pas envie de poursuivre l'embrouille. Généralement, ce n'était pas son genre de créer des problèmes mais cet homme avait une vraie tête à claques malgré son joli minois. Cet agacement provenait sans aucun doute de son comportement. Avait-il beaucoup d'amis, c'était une de ces questions que se posait Ettie. Pour sa part, la métisse était entourée de monde mais il avait fallu pour elle, et ce, dès son plus jeune âge à se méfier des gens car avec son nom et sa gentillesse, certaines personnes avaient voulu la berner. Ce n'était pas le leurre qui était le plus douloureux non, c'était qu'Ethel avait donné sa confiance à ces gens là qui avaient fini par la trahir. Depuis ces anecdotes malencontreuses, Ethel se méfie lorsqu'elle rencontre de nouvelles personnes. Bien sûr, sa méfiance ne se voit pas d'habitude sauf aujourd'hui, avec l'inconnu qui lui a adressé la parole. Comme par hasard, il a fallu que cela tombe au moment où ils se retrouvaient que tous les deux. Et si c'était un agresseur, un tueur en série ? Ce n'était certainement pas le moment de l'énerver...
Ce qui pouvait agacer avant tout Nino quand il voyait des personnes accrochés à leur smartphone, c’est que souvent, ils se mettaient dans une bulle, totalement déconnectés de la réalité. Ils avaient sans doute l’impression qu’au contraire, ils étaient au plus proche du monde, que jamais ils n’avaient autant voyagé, autant partagé de choses avec d’autres gens, leurs proches. Mais surtout, ils se coupaient du monde dans lequel ils étaient vraiment. C’était bien sûre en plus du fait que pour Nino, les téléphones de ce genre étaient dangereux. Les complices d’un monde totalement surveillé. Les gouvernements n’avaient plus aucun effort à fournir, tout le monde offrait sur un plateau d’argent des informations privées. Des réponses qu’ils ne donneraient pas si on leur demandait cash. «Ca vous pose un problème que je sois sur mon téléphone ? Parce qu'en ce qui me concerne c'est vous le problème !» Nino eu un petit rictus. Il la trouvait assez ridicule. Il se demandait bien pourquoi il avait osé entrer dans ce débat. Peut être qu’il avait envie d’aller au contact, d’aller s’embrouiller après avoir gagné son fric en pariant sur deux mecs qui se fracassaient la gueule. «Je vois que chez vous, la politesse n'existe pas...» la politesse ? Nino regarda la jeune femme et lui répondit du tac au tac tout en se levant, près à partir une fois qu’il aura répondu. « t’as même pas calculé la vieille qui t’as abordé y a cinq minutes et tu m’parles de politesse ? » cette vieille qui recherchait sans doute un banc à l’ombre pour s’asseoir. Banc sur lequel se trouvait cette nana, trop occupée à liker sans doute pour se rendre compte que quelqu’un s’était adressé à elle. Il fit quelques pas pour s’en aller quand alors il entendit murmurer «Pff de toute façon des cons on en croise aux quatre coins de la rue...» il fit alors demi-tour, se ruant sur la jeune femme. « Pauvre conne ouais ! tu crois détenir le savoir entre tes mains avec ton téléphone ? Tu vas t’empresser d’aller poster un statut sur facebook quand on en aura fini ? Les cons on en croise aux quatre coins de rue ? Vois au bout de ton nez ma belle. J’suis pas menotté à un monde virtuel prêt à tout pour avoir ne serait-ce que la moindre attention. T’as une belle gueule, c’est facile de cumuler les likes et les commentaires sous tes photos, ca te réconforte ? Mais t’es même pas foutu de regarder autour de toi et de regarder le monde dans lequel tu vis réellement. »
Je n'aime rien tant que la contradiction entre un visage angélique et un corps de salope.
«Autant pour moi si je n'ai pas prêté attention à la femme âgée mais ce n'est pas une raison pour être agressif ! » Ethel parlait en général car dans sa façon d'être et ses paroles l'inconnu avait été agressif. Et ça, Ettie avait du mal à le digérer. Elle était en tort concernant la femme qui s'était assise à côté d'elle, pour cela, elle ne le remettait pas en question. D'habitude la métisse faisait la conversation avec tout le monde et n'hésitait pas à mettre son téléphone de côté. Or, cette fois-ci, sans le faire exprès, elle avait complètement ignoré la personne âgée. Quelle manque de politesse !! elle accordait ce point à cet homme mais il ne le saurait pas. La jeune femme avait parfois un certain orgueil qui refaisait surface quand on lui cherchait des noises. C'était le cas présent. L'intéraction avec le monde réel était important et Ethel ne l'oubliait pas. Cependant, très jeune, l'intérêt pour la technologie avait grandi au fil du temps. Très tôt, elle sut qu'elle travaillerait dans cette branche. Pourtant, le codage informatique et tout ces trucs avec les chiffres n'étant pas forcément pour elle. L'étiquette d'informaticienne ne lui correspondait pas du tout. Ethel s'intéressait plus au social et rien d'extraordinaire, elle travaillait pour la Fondation Pearson et non pour une grosse marque de luxe. Une façon pour elle d'être au plus proche de son défunt père et de son métier. Docteur elle n'était pas, cependant, Ettie faisait en sorte de tenir au courant les personnes de l'actualité concernant les avancées scientifiques, les différentes associations mise en jeu, le soutien qu'apportait les civils et la Fondation Pearson. Ethel se sentait utile à travers son métier.
Le jeune homme se rua sur elle et l'agressa verbalement, tentant de l'humilier, et par ailleur de lui faire peur. Mais ce fut le contraire. A la fin de son discours méprisant la technologie, Ethel ne put s'empêcher d'une chose. Rire. Oui, un fou rire lui prit de court, inattendu tout comme cette larme qui s'échappa. Réaction typique de l'expression, rire aux larmes. Ethel essaya de reprendre ses esprits, une grande respiration et elle pourrait revenir au calme.Voulant lui tenir tête, Ethel se leva avec grâce. Ses yeux n'arrivaient pas à ceux de cet inconnu à cause de sa taille mais elle garda le dos droit afin de montrer qu'elle n'était pas intimidée.«Wouuah au final t'es marrant !» le regard bon enfant, la métisse était passée au dessus de l'agacement et l'irritation. Non rancunière, elle ne s'arrêtait pas à des situations de ce genre. Et puis elle excusait ce pauvre type. Peut-être qu'il avait passé une mauvaise journée, qui sait. Dieu a dit qu'il fallait pardonner.«Merci pour ce fou rire... » en expirant, ses épaules se détendirent. En temps normal, elle serait restée sur la défensive mais l'européen n'en valait pas la peine. Avait-elle tort de ne plus être sur ses gardes ? Après tout, il restait un étranger. La réaction de ce dernier avait été tellement spontané qu'Ettie ne pouvait pas lui reprocher de prendre à coeur ce qu'il disait.
«Sache que non je ne publie pas tout sur les réseaux sociaux et ce n'est certainement pas après t'avoir croisé que je vais poster quelque chose. Je ne perds pas mon temps pour des gens comme toi...». La jeune femme arqua un sourcil tout en croisant les bras. Sérieuse dans ses propos, elle voulait lui faire comprendre que malgré le temps important qu'elle passait sur le téléphone, elle n'avait pas de limite. Au contraire, Ettie savait très bien les répercussions d'une utilisation abusive des réseaux sociaux c'est pour cela qu'elle faisait attention à ce qu'elle écrivait pour la fondation car de nombreuses personnes lisaient et suivaient son actualité. Il était très facile de retweeter, de critiquer une publication mais également de se sentir mal. Les personnes fragiles psychologiquement étaient les premières concernées.«Ah, au fait, merci pour ce compliment, ravie de savoir que tu trouves que j'ai un joli visage ! » elle fit une mimique comme si elle se repoudrait le visage. Ettie se mit à rire légèrement et réfléchit une seconde pour savoir si elle lui ferait le même compliment car malgré la tête qu'il tirait, derrière cette agressivité, cet agacement qu'elle avait provoqué chez lui, il avait un visage charmant. Or, ça non plus, il ne le saurait pas.
«Conne que je suis, je meurs d'envie de savoir pourquoi tu détestes autant les téléphones, tu ne sais pas t'en servir ? Ton ex t'a largué par texto ? ». Elle s'assit de nouveau sur le banc, le sourire en coin et tapota le dossier comme les mamans faisaient lorsqu'une discussion importante s'imposait.
«Autant pour moi si je n'ai pas prêté attention à la femme âgée mais ce n'est pas une raison pour être agressif ! » la jeune femme avait bien raison, la réaction de Nino n’était sans doute pas approprié à cette situation. Il était peut-être même bien assez hypocrite de la part du jeune homme de se permettre de faire la morale à quelqu’un quant à un certain savoir vivre à adopter. Depuis quand l’italien avait un comportement irréprochable surtout en société ? Ce Nino qui n’avait rien à se reprocher, personne ne le connaissait. Mais il était toujours plus simple de voir la paille dans l’œil de son voisin, plutôt que la poutre qu’on avait sous même. Nino se retrouvait souvent dans ce cas de figure. Pourquoi avait-il bien pu s’emporter comme ça ? Le simple bilan de ses mois chaotiques passés à Brisbane pouvait lui suffire d’excuse, sans doute. Ce qui finit par agacer encore plus Nino, ce fu bien lorsqu’elle se mis à lui rire au nez. Il avait oublié qu’il avait un sens de l’humour aigue au point de faire rire une nana lorsqu’il se mettait à péter un câble. C’était bien le genre de réaction qui pouvait le mettre hors de lui. Il ne supportait pas qu’on ne le prenne pas au sérieux, qu’on se foute ouvertement de lui. « Sache que non je ne publie pas tout sur les réseaux sociaux et ce n'est certainement pas après t'avoir croisé que je vais poster quelque chose. Je ne perds pas mon temps pour des gens comme toi... ». Il aurait été prêt à parier le contraire. Vous ne savez pas quoi ? Un pauvre type m’a carrément agressé dans un parc alors que j’étais tranquillement sur mon banc, ne demandant rien à personne. Les gens sont tarés de nos jours… et les commentaires de victimisation iraient bon train. « J’me demande bien c’que j’fous ici ouais… » dit-il à deux doigts de partir une bonne fois pour toute. Elle relança alors avant qu’il n’eut le temps de s’en aller. «Ah, au fait, merci pour ce compliment, ravie de savoir que tu trouves que j'ai un joli visage ! » Il se demanda si elle n’était pas bipolaire en fait. Sa façon soudaine de changer de ton, de devenir presque mielleuse, «Conne que je suis, je meurs d'envie de savoir pourquoi tu détestes autant les téléphones, tu ne sais pas t'en servir ? Ton ex t'a largué par texto ? » Il lui lança un dernier regard et lâche. « Va te faire foutre. » avant de tourner les talons une bonne fois pour toute et se barrer loin d’ici.