Elle s’empresse de fouiller à travers les étagères de son armoire avant que Nicolas ne s’impatiente trop et décide de partir sans elle. Le couple n’avait que très rarement des week-ends à partager en raison du travail de pilote de Nicolas et du fait que le nombre de vol est supérieur à ceux de la semaine dès que la fin sonne. C’est pourquoi, ils avaient prévu de passer les deux jours côté à côté, à se balader, à manger dehors et à profiter des rayons du soleil d’automne avant que le vent ne soit trop frais pour leur donner envie de s’aventurer jusqu’à Bayside. Seul hic à leur projet : Clara avait vachement procrastiné la veille et ni sa tenue d’aujourd’hui, ni sa valise pour demain ne sont prête et c’est hurlant à travers la porte de sa chambre qu’elle arrive qu’elle tente de gagner du temps. Rapidement ses mains cherchent à travers les chemises et gilets ce qui ferait l’affaire aujourd’hui. Un coup d’œil à travers la fenêtre lui indique que malgré un soleil bien présent, un simple haut n’allait pas suffire à lui éviter des s’enrhumer, de même que la jupe si propre à son style n’allait probablement pas faire l’affaire. Elle se rappelle même avoir vu hier soir à la météo qu’il y’avait des risques de pluies aujourd’hui et que donc, le k-way serait une option bien que pas franchement à la mode. C’est tellement plus simple pour Nicolas de s’habiller. Un maillot et un pantalon et le jeune homme arrive à être aussi attirant et branché que quelqu’un qui a passé la matinée à concevoir sa tenue. Parlant du loup, celui continue de s’impatienter et c’est en enfilant finalement une robe plus ou moins longue avec une veste par-dessus qu’elle déboule finalement dans les escaliers, pas prête à partir mais elle se dit qu’elle trouvera toujours un quelque chose qu’elle aurait laissé traîner chez lui à se mettre. Papa est là, ayant visiblement pris le rôle d’occuper le temps du garçon en papotant pendant que celui-ci l’attendait et sans perdre plus de temps, les voilà partis en voiture.

Bayside propose justement une brocante aujourd’hui et avec le vent marin, quoi de plus agréable que de marcher au milieu des vieilleries. Ce n’est pas une passion chez eux les antiquités mais chacun garde l’œil ouvert, au cas où quelque chose le frapperait. Le bras du garçon entoure son épaule tandis que le sien serre sa taille. Clara ne pense à rien de spécial en marchant à ses côtés, juste à la façon dont elle aime ça, dont c’est agréable une fois de temps en temps de jouer au couple et à ce moment, ce n’est personne d’autres avec qui elle aimerait être. « Tu n’as pas froid ? » Qu’il en vient à demander, s’étant probablement rendu compte qu’avec la fin de l’après-midi, elle avait commencé à grelotter. « Je pense que ça va, au pire, on en plus pour longtemps. » Elle assure, parce que déjà les exposants commencent à fermer et que bientôt, il sera l’heure d’aller manger. « Je vais quand même aller te chercher ta veste. Je préfère. » Et elle n’a pas le temps d’objecter, fidèle à sa nature, le prince qui lui sert de petit ami vole à son secours en allant quérir une couche de tissus supplémentaire et Clara l’attend sagement, là où il l’a laissé. Ce n’est qu’au moment où son regard en croise un autre bien connu qu’elle se sent frissonner réellement. Pas de froid, mais bien d’inquiétude. Cette fille pas loin. Celle du bar qu’elle ne comptait pas revoir et c’est la panique, entre rester là et aller rapidement à la rencontre du garçon pour qu’ils fichent le camps loin de là avant que la serveuse ne décide de se mêler à nouveau de ses affaires.

Hanna lui avait donné rendez-vous à Bayside, ça faisait un moment que la jeune femme n'était pas venue remplacer quelqu'un au bar, du coup, Itziar n'avait pas eu l'occasion de la croiser depuis la dernière fois. C'était donc l'opportunité de pouvoir passer du temps ensemble, parler des derniers potins et puis bien sûr profiter encore un peu de la météo clémente qu'offrait Brisbane en cette fin de mai. Elles avaient convenu de se retrouver en fin d'après-midi, la jeune espagnole avait bossé au bar toute la soirée et avait donc besoin de rattraper le sommeil qu'elle avait en retard, mais elle avait aussi besoin de travailler sur ses cours. Elle préférait donc faire tout ce qu'elle avait à faire avant de sortir, comme ça elle pouvait glander en ayant la conscience aussi tranquille que possible. C'était donc un bon compromis. Itziar, contrairement à son habitude était arrivée en avance à Bayside et Hanna n'était pas encore arrivée. Une brocante avait visiblement lieu à cet endroit précis et la jeune femme profita donc de son avance pour y faire un tour rapide en attendant son amie. C'était plus un passe-temps qu'un réel centre d'intérêt, mais Itziar aimait bien marcher au milieu des brocanteurs, regardant ici et là ce qu'ils avaient à vendre, qui sait, peut-être allait elle dénicher l'objet manquant cruellement à sa vie pour un prix dérisoire ou encore trouver une petite merveille qu'elle n'imaginait même pas trouver un jour, ou alors elle allait ressortir bredouille de l'autre côté, ce qui avait environ 99% de chances d'arriver aujourd'hui sachant qu'elle n'avait absolument rien besoin d'acheter et que pour le moment, elle ne voyait rien qui attirait particulièrement son attention. D'ailleurs, elle préférait regarder autour d'elle et admirer le décor assez typique de cette partie de Brisbane. Comme un petit jardin secret en bord de mer, un savant mélange entre la ville, la forêt et la plage. Only in Australia. Le plus important au final, c'était de passer le temps en attendant que Hanna se pointe à Bayside à son tour et qu'elles puissent aller boire un verre et manger un morceau, elle n'était donc pas spécialement pressée, mais attendre quelqu'un sans rien faire n'était pas quelque chose qu'elle appréciait particulièrement. En revanche, faire attendre les autres quand elle-même était en retard, il n'y avait absolument pas de problème. Esprit de contradiction quand tu nous tiens.

Elle avait fait le tour de la brocante plus vite que prévu et elle était donc de retour à la case départ, Hanna toujours aux abonnés absents, mais qui avait quand même pris la peine de lui dire qu'elle quittait Redcliff et était donc en chemin. Il y avait donc du progrès. Itziar décida donc de s'asseoir sur le banc le plus proche, histoire de profiter de la vue et prendre son mal en patience, comme elle n'avait pas grand-chose d'autre à faire. Par réflexe, elle sort son téléphone de sa poche, ouvre Wikipédia et comme elle a l'habitude de faire quand elle s'ennuie clique sur l'onglet article au hasard. Ironie du sort ou pas, l'article que le site lui propose à cet instant est toute la page détaillée sur le viagra ou apparemment le citrate de sidenafil qui aurait été découvert par sérendipité. Itziar avait d'ailleurs du mal à croire qu'une telle chose avait pu être découverte par hasard, mais bon si Wikipédia le dit, ça doit être vrai. Elle relève la tête en riant toute seule après avoir lu ça, elle ne compte pas lire tout l'article, mais disons que ça valait au moins le coup d'oeil. D'ailleurs en tournant la tête ses yeux se posent sur un visage familier. En effet, ce n'était autre que Clara, la jeune femme avec laquelle elle s'était embrouillée au bar il n'y avait pas si longtemps que ça. D'ailleurs elle s'était fait remonter très sérieusement les bretelles suite à cette altercation, son patron soulignant très fermement qu'elle aurait dû d'un: se taire et de deux: s'excuser et non pas laisser la jeune femme filer comme ça. Avec le recul, elle savait bien qu'elle avait eu tord et elle avait espéré que la jeune australienne revienne au bar afin de pouvoir s'excuser, malheureusement, elle avait été fidèle à ses mots et n'était jamais revenue. Sur le moment elle hésite. Vaut-il mieux en rester là et tant pis pour les excuses, ou est-ce le moment de saisir sa chance et d'aller s'excuser. Elle ne prend pas vraiment le temps de réfléchir, se disant que c'est maintenant ou jamais et se lève donc de son banc pour se diriger vers la jeune femme, faisant de son mieux pour garder une expression aimable, ne voulant pas que la jeune femme imagine qu'elle vient lui rentrer dedans une fois de plus. Elle s'approche rapidement, ne voulant pas laisser le temps à la jeune femme de partir. "Bonjour." Commence t-elle. Les excuses ça n'a jamais été son fort et elle ne sait pas par ou commencer ni réellement quoi dire. "Vous êtes jamais revenue au bar depuis la dernière fois." Et à cause de qui ? "J'ai pas eu l'occasion de m'excuser." Voilà qui semble déjà plus approprié. "Donc si vous voudriez bien m'excuser pour mon attitude de la dernière fois, je vous assure que ça ne se reproduira plus." c'était pas si compliqué, pourquoi n'avait elle pas pu dire ça au bar ?

C’est le malaise qui la frappe. Sur quel nombre s’appuie la chance que son chemin croise à nouveau celui de cette serveuse qui avait été si désagréable avec elle ? Probablement dans la centaine. Brisbane est une grande ville, qui regorge de lieux différents et d’activités en tout genre. Quel ratio que les deux jeunes femmes tombent à nouveau l’une sur l’autre alors qu’elles auraient faire tout autre chose de leur journée. Au moment où elle aperçoit sa silhouette, sans même avoir encore croisé son regard, c’est la panique qui s’empare d’elle. A savoir où est Nicolas, quand va-t-il revenir, va-t-il croiser cette fille, va-t-elle aller à sa rencontre et tout lui dire de leur conversation, et surtout de ces incartades. Est-ce aujourd’hui, le fameux jour où ses mensonges lui éclateront au visage ? Tant de questions et son teint qui pâlit gravement, parce qu’elle n’était pas prête et que malgré qu’elle soit consciente qu’il ne serait que justice pour lui qu’Itziar lui balance tout, Clara ne peut s’empêcher d’être égoïste et de vouloir encore du temps pour pouvoir profiter de lui, de cette relation qui lui reste si cher avant qu’il ne fasse ce qui est attendu d’une personne autant bafouée. Elle sait l’issue, mais là encore, elle aimerait la repousser au plus loin possible. C’est le malaise total qui s’installe quand elle s’aperçoit qu’elle a été reconnue, et pire, qu’elle vient vers elle. Les idées se bousculent dans sa tête, à savoir si la serveuse a vu Nicolas, si elle vient en remettre une couche, si elle doit se préparer à se battre, s’il n’est pas trop tard pour courir jusqu’à son bien-aimé et prétexter qu’elle ne se sent pas bien pour mettre les voiles et là, elle en vient même à la question extrême, serait-il capable de se battre avec cette fille pour l’empêcher de parler ? Et là, un frisson la gagne. Est-ce que ça va se passer comme dans les soaps opéra, où une nana sortie de nulle part en fait chanter une autre ? Comment va-t-elle s’en sortir ? Doit-elle dire la vérité ? Il faut préciser que Clara est totalement tétanisée alors qu’elle observe la blonde se diriger vers elle, seule tentative de pas trop montrer son mal être, elle essaie de garder un visage aussi neutre que possible. "Bonjour." Elle ne répond rien. La fille semble vouloir paraitre aimable. Est-ce une tentative de diversion ? Un brin de sincérité ? Clara a un tempérament fort en général, mais de savoir que Nicolas pourrait surprendre cet échange lui fait perdre toute hargne. "Vous êtes jamais revenue au bar depuis la dernière fois." Ses sourcils affichent une pointe de surprise. L’observation de la jeune femme est bonne et en même temps, si elle se rappelle de leur conversation, elle ne devrait pas être surprise. Les clients reviennent rarement demander des insultes. "J'ai pas eu l'occasion de m'excuser." Clara tendrait à dire que si, elle lui avait offerte moulte possibilité de le faire mais, est-il avisé de faire cette réflexion dans un moment comme celui-ci ? Probablement que non. Surtout qu’elle est bien plus intéressée à écourter la conversation qu’à épiloguer sur le comportement d’une nana qui avait sûrement besoin ce soir là de faire ses nerfs sur quelqu’un. "Donc si vous voudriez bien m'excuser pour mon attitude de la dernière fois, je vous assure que ça ne se reproduira plus." Et la surprise se marque un peu plus sur son visage. Le questionnement concernant la motivation de la jeune femme à présenter des excuses maintenant alors qu’il est manifestement trop tard reprend de plus belle et Clara n’arrive pas à calmer la peur qu’elle pourrait à tout moment foutre son couple en l’air. Elle ne dit rien pendant plusieurs secondes, où elle réfléchit à si elle doit répondre avec consistance ou juste laisser faire en s’disant qu’elle ne peut pas être mauvaise. « Vous avez eu des problèmes ? » Sa question n’est peut-être pas la plus intelligente à poser après son discours, mais la curiosité est là, à savoir si elle est sincère ou si c’est pour se tranquilliser au point de vue de sa hiérarchie. « Je les accepte. Je pense que cette histoire a pris trop d’énergie, inutilement. » Oui, elle baisse les bras. Elle ne cherche même pas à faire la forte, alors que la demoiselle ravale sa fierté et que vu l’offense, elle pourrait appuyer dessus. Non, elle veut juste la paix. Avant qu’elle ne reparte, elle ne peut s’empêcher la question suivante. « Je pourrais juste savoir pourquoi maintenant ? Vous auriez pu passer à côté de moi et m’ignorer, faisant ainsi appartenir cette histoire au passé. »

S'excuser avait été plus facile qu'elle ne l'avait imaginé. Après réflexion, elle aurait pu s'excuser au bar si elle n'avait pas été aussi bornée ce soir-là. La jeune femme ne la croirait peut-être pas, mais elle était bien loin de la personne qui lui avait fait la morale d'une manière plus que condescendante la dernière fois. Ce n'était pas elle. Elle n'aurait pas dû se comporter de la sorte. Elle le savait, malheureusement elle le reconnaissait sûrement un peu tard. On n'a beau dire mieux vaut tard que jamais, pour cette histoire, s'excuser sur le moment aurait été la chose à faire. Enfin, la jeune espagnole ne pouvait pas refaire le passé et donc cela ne servait à rien de ressasser les évènements et de penser à tout ce qu'elle aurait pu dire pour ne pas passer pour la pire des pestes. Ce qui était fait, était fait et c'était tout. "Un peu." Répond-elle simplement à la jeune femme quand celle-ci lui demande si elle a eu des problèmes. Elle s'était faite engueuler par son boss, ce qui avait été tout à fait normal et attendu, elle savait ce qui l'attendait au moment où elle avait les talons pour retourner derrière le bar. Elle s'était faite remonter les bretelles comme une enfant de dix ans qui aurait fait une grosse bêtise. Elle n'avait pas protesté et avait accepté les remontrances sans broncher. Elle savait qu'elle était en tord, cela n'aurait donc servi à rien d'essayer de se défendre. "Mais c'est pas pour ça que je suis venue m'excuser aujourd'hui." Itziar ne savait pas si la blonde allait la croire ou pas, mais elle était sincère. Personne ne l'avait forcée à venir s'excuser. Elle l'avait de sa propre initiative, un moyen indirect pour elle de reconnaitre ses tords. C'était pour elle, la moindre des choses à faire. Elle avait vu la jeune femme de loin, l'avait reconnue et c'était dit que c'était maintenant ou jamais. Aussi simplement que ça. "Merci." Lui dit elle quand la jeune australienne lui dit qu'elle accepte ses excuses. "Je sais bien et j'en suis désolée, je sais honnêtement pas ce qui m'a pris ce soir-là." ajoute t-elle. Elle n'était pas forcément là pour s'attarder, mais elle avait trouvé ça important à préciser. Elle n'expliquait pas l'attitude qu'elle avait eue, ni même l'acharnement contre la jeune femme qui n'avait rien fait à personne et était simplement venue boire un verre tranquille dans un bar. Elle avait laissé son humeur prendre le dessus, ce qui avait été extrêmement déplacé et tout sauf professionnel. Pourquoi maintenant ? Bonne question. "Parce que c'était l'occasion de faire de ce que j'aurai dû faire ce soir-là." aussi simple que ça. "Je me serais excusée avant si vous étiez repassée au bar." Ajoute t-elle. "Mais je comprends que vous ne soyez jamais revenue, ce n'est pas un reproche." Elle a l'impression de marcher sur des oeufs, elle ne veut pas que la jeune femme pense que ce sont des excuses déguisées en quelque chose d'autre. Elle vient en paix cette fois-ci, il n'y a aucun doute. Elle n'a pas d'autre intention que celle de se racheter, ou à la limite, prouver qu'elle est bien loin de la personne qui avait osé la juger. "Je pense que c'est important de reconnaitre ses tords et en l'occurence, j'ai eu tord, bien sûr, j'aurai pu laisser cette histoire dans le passé." et ça n'aurait pas été très compliqué. Brisbane est une grande ville, il est courant de croiser quelqu'un une fois et ne jamais le revoir. Donc elle aurait pu ne pas venir s'excuser, le jeune femme ne l'aurait même pas vue et chacune aurait continué sa journée. "Mais je vous ai vue et pour moi c'était important de m'excuser." Elle avait sûrement déjà dit quelque chose dans le genre, mais ça valait bien une répétition. "Enfin voilà, si vous voulez revenir au bar un de ces quatre, je me ferai un plaisir de vous payer un verre et de vous servir avec l'amabilité dont j'aurai dû faire preuve la première fois." C'était la moindre des choses après tout, histoire qu'elle puisse profiter de sa boisson cette fois-ci. "Enfin voilà, je sais pas ce que vous avez prévu de faire, mais je vous conseille la brocante qui est plutôt sympa. Il y a pas mal de vieilleries pas contre." Elle ne sait pas trop pourquoi elle dit ça, peut-être un moyen de prouver qu'elle est gentille comme fille en vrai.

Elle a  de quoi être surprise. De mémoire, Clara est incapable de se rappeler la dernière fois où un être humain est venu s’excuser auprès d’elle après avoir rangé une fierté mal placée au vestiaire. Ce n’est juste pas une chose que les gens font et elle reste fortement décontenancée par les propos de la blonde, qu’elle essaie de prendre avec humilité avant de finalement céder au bon sens pour mettre fin à cette histoire idiote, qui ne mérite pas que l’on y ajoute plus d’huile sur le feu. De plus, Nicolas n’est pas loin et elle apprécierait grandement qu’il reste ignorant de toute cette histoire. Comme beaucoup de chose, ce qu’il ignore ne peut pas lui faire de mal et si Clara tempère ses pensées, elle n’arrive pas à empêcher le doute qui s’installe en elle par rapport à cette fille là. Si elle a eu le culot de s’adresser à elle sans reproche, elle a toute les raisons de penser qu’elle pourrait aller tout lui balancer à lui, et ça, Clara le refuse. C’est la curiosité qui s’empare d’elle, du moins, l’envie de palper jusqu’où cette demoiselle est capable d’aller et si elle accepte ses excuses sans sourciller, ce n’est pas sans question sur ses intentions. "Parce que c'était l'occasion de faire de ce que j'aurai dû faire ce soir-là." Certes, mais la mauvaise foi humaine, tout ça. Clara n’y aurait pas cru vu la façon dont la jeune femme avait défendu ses positions alors que, il n’y avait rien à défendre de son côté, Clara ne lui avait fait aucun tort et elle s’était décidée à se mêler de ses affaires seules. "Je me serais excusée avant si vous étiez repassée au bar." Qu’elle ajoute, un haussement de sourcil vaut pour réponse, traduisant la pensée de Clara qui demande implicitement si elle pensait vraiment qu’elle allait remettre les pieds dans un endroit où les serveuses vous agressent. Si cette soirée-là avait été consacrée à questionner les choix morals de Clara, Itziar aurait sûrement fait mouche, mais ça n’était pas le cas. "Mais je comprends que vous ne soyez jamais revenue, ce n'est pas un reproche." Elle l’espère. Ses traits se relâchent doucement. "Je pense que c'est important de reconnaitre ses torts et en l'occurrence, j'ai eu tort, bien sûr, j'aurai pu laisser cette histoire dans le passé." Oui, comme tout le monde. Et en l’écoutant, ça démange Clara d’avoir à le reconnaitre que là, la fille est adulte et qu’elle doit tenter d’en faire tout autant et essayer de ne pas être rancunière. Chose très très facile à écrire sur le papier mais pas à faire, surtout compte tenu des informations qu’elle détient. "Mais je vous ai vue et pour moi c'était important de m'excuser." Elle se mort la lèvre pour ne pas mentionner la présence de Nicolas, de lui demander franchement si elle n’est pas en train de lui tendre un coup tordu. Ce n’est pas facile à gérer sur le moment, il y’a cette fille dont la bonne foi est si rare qu’elle se permet d’en douter et son copain qui risquerait de revenir d’un instant à l’autre. "Enfin voilà, si vous voulez revenir au bar un de ces quatre, je me ferai un plaisir de vous payer un verre et de vous servir avec l'amabilité dont j'aurai dû faire preuve la première fois." Ça, c’est utopique. Malgré ses excuses, Clara reste du genre butée et elle ne voit aucun intérêt à se repointer là bas. Surtout s’il s’avère que l’espagnole soit bipolaire et qu’au prochain coup, elle l’insulte à nouveau. "Enfin voilà, je sais pas ce que vous avez prévu de faire, mais je vous conseille la brocante qui est plutôt sympa. Il y a pas mal de vieilleries pas contre." Oui, c’est une brocante, qu’elle se retient de répondre pour ne pas paraître désagréable. Elle reste sans voix, écoutant le discours de la demoiselle, pensant qu’il ne faudrait pas non plus qu’elle s’éternise. « Merci du conseil. » Qu’elle répond poliment avant de se décider à jouer franc-jeu. « Seulement, je dois avouer que je n’ai qu’une question qui m’occupe l’esprit. Vous comptez faire quoi de ce que vous savez de moi ? » Ses infidélités. Ses lieux de rendez-vous. Conquêtes, et on en passe. « Vous comprenez que pour moi, vous êtes une menace pour mon couple, alors j’aimerais être fixée. »

Ce n'est jamais facile de s'excuser, pourtant, Itziar n'est pas une sauvage et même si ce n'était pas forcément pas apparent, même pas du tout apparent, lors de leur dernière rencontre, la jeune espagnole a quand même reçu une certaine éducation et ce genre de choses ne serait absolument pas passé avec ses parents. C'était ce qu'il fallait faire, même si ça pouvait paraitre ridicule. C'était le prix à payer. C'était le contrecoup de son attitude. Il fallait réfléchir avant d'agir. Elle n'avait pas réfléchi donc elle s'excusait. C'était d'une logique implacable. Même s'il fallait se faire un peu violence et ravaler sa fierté. Chose pas facile pour une personne aussi têtue et déterminée que Itziar. La jeune australienne n'en avait sûrement aucune idée, mais ça lui coutait de venir s'excuser comme ça. Ce qui ne justifiait en aucun cas l'attitude qu'elle avait pu avoir par le passé. Le passé était le passé et c'était tout. La jeune australienne la remercie de son conseil vis-à-vis de la brocante et très honnêtement elle se sent un peu conne sur le moment. Elle ne sait pas vraiment pourquoi elle a balancé ça comme ça. La jeune femme avait surement remarqué qu'il y avait une brocante, il y avait des chances qu'elle soit à Brisbane depuis bien plus longtemps qu'elle et donc Itziar ne lui apprenait probablement rien. Le genre de moment qui donne juste envie d'enfoncer sa tête dans le sol telle une autruche. Heureusement, elle ne s'attarde pas trop sur le sujet et passe vite à autre chose, ce qui évite à Itziar de se repasser la scène quinze fois dans sa tête en imaginant toutes mes choses un peu moins cringy qu'elle aurait pu sortir. Elle est un peu surprise par la question et ça se voit certainement sur son visage. "Ce que je sais sur vous ?" redemande t-elle machinalement, plus une réflexion pour elle-même qu'une réelle question. "J'ai rien à en faire. Je peux même dire que je ne sais rien sur vous." Lui répond-elle ensuite rapidement. "Libre à vous de me croire ou non bien sûr." Oué elle ne va pas non plus signer un contrat avec son sang pour jurer qu'elle ne dira rien. Elle n'est pas là pour briser un couple. Elle a beau s'être mêlée de cette histoire, ça ne la regarde en rien et donc pour elle, la jeune australienne ne devrait même pas avoir à lui poser cette question. La réponse va sans dire. Il faudrait être vraiment tordue pour aller voir son mec et tout lui raconter. Certes ça pourrait être le scénario d'un bon film, mais ça reste absolument dingue dans la vie réelle. "Votre couple ne me concerne pas, que vous vouliez en parler à votre mec ou non, ça ne me regarde pas." Ajouter à ça le fait qu'elle ne les connaissait ni d'Eve, ni d'Adam. Ce n'était donc pas comme si elle allait croiser le mec de la jeune femme dans la rue, aller l'aborder et lui balancer que sa copine le trompe. 99% qu'il ne la croit même pas d'ailleurs dans des conditions comme celles-ci. "Je sais pas trop ce que je peux vous dire de plus que ça ou même ce que vous attendez que je vous dise." Ajoute t-elle. Pas forcément rassurée par le fait que la jeune femme vienne de lui dire qu'elle est une menace pour son couple. Clairement, s'il y avait la mafia en Australie, Itziar serait en train de craindre pour sa vie à ce moment précis. "Tout ce que je peux vous dire c'est que vous n'avez pas besoin de me considérer comme une menace." Elle ne pouvait pas lui dire plus si ça ne suffisait pas à la convaincre. Elle pouvait à la limite lui faire un croix de bois, croix de fer, mais pas sûr que ce soit plus convaincant. Plutôt l'inverse d'ailleurs. "Je dirai rien et je m'occuperai plus de ce qui ne me regarde pas." c'était si elles se recroisaient ailleurs bien sûr. Restait à espérer que cette réponse convienne à son interlocutrice

C’est un soulagement qui semble se dessiner sur le visage de l’espagnole quand Clara se décide à accepter ses excuses sans même chercher à la mettre plus bas que terre et à appuyer là où ça peut faire mal. C’est une chose que la conseillère a appris, à ce moment précis, la jeune femme a le pouvoir de devenir la pire des ennemis et quand on a un secret aussi gros que celui de Clara et qu’on ne veut pas qu’il soit dévoilé à la mauvaise personne – ou à personne, tout court – on apprend étrangement à être adulte afin de ne pas susciter l’envie à la personne d’en face de faire quelque chose de nuisible. Elle n’a confiance en personne et certainement pas en cette femme et pourtant, elle risque de devoir emprunter ce chemin-là alors, autant préparer le terrain. "Ce que je sais sur vous ?" Elle acquiesce. Déjà, elle sait qu’elle est en couple et qu’elle va voir ailleurs, son copain n’étant pas loin ce qui lui laisse à loisir d’aller le voir,  Clara aimerait savoir ce qu’il en est, si ça s’arrête là ou si elle doit la tuer (ou la blesser gravement, un truc du genre quoi) "J'ai rien à en faire. Je peux même dire que je ne sais rien sur vous." Elle ne demande qu’à la croire. Clara reste interdite, tentant de jauger dans l’expression du visage de la demoiselle si elle peut tenter de lui faire confiance ou si non. Problème, c’est qu’elle ne sait pas quoi faire dans le deuxième cas et qu’elle doit trouver un truc vite, si jamais. "Libre à vous de me croire ou non bien sûr." Qu’elle ajoute, probablement parce que le visage de Clara ne parvient pas à masquer le doute qu’elle a à l’intérieur. « C’est ce que j’essaie de déterminer. » Elle est honnête. Sa réaction peut se comprendre parce qu’elle n’est pas prête à avoir le cœur brisé. "Votre couple ne me concerne pas, que vous vouliez en parler à votre mec ou non, ça ne me regarde pas." Certes, mais que ce qu’elle faisait au club ne la regardait pas non plus, il y’a de quoi douter de ses intentions, ajoutons à cela la culpabilité de Clara couplée à sa non-envie que sa relation finisse de manière aussi brutale. On obtient un bon condensé de doute et de méfiance. Extérieurement, elle a l’air parfaitement sincère cette fille mais cela revient malgré tout à faire confiance à une inconnue. "Je sais pas trop ce que je peux vous dire de plus que ça ou même ce que vous attendez que je vous dise." Il n’a pas de formule magique qu’elle voudrait entendre, c’est sûr. Même si la jeune femme en venait à jurer sur la tête de chaque membre de sa famille, Clara aurait la même difficulté que maintenant à la croire. "Tout ce que je peux vous dire c'est que vous n'avez pas besoin de me considérer comme une menace." Et en imaginant deux secondes si les rôles avaient été inversés, Clara se dit qu’elle perdrait pas autant de temps à faire croire à quelqu’un qu’elle ne va pas la balancer. Elle tournerait juste les talons laissant la personne avec sa merde. Et c’est parce que sa réaction serait moins louable que celle d’Itziar qu’elle se dit qu’il faut qu’elle essaie au moins de la croire. Qu’hormis l’altercation pour laquelle elle a accepté ses excuses, rien ne justifie sa méfiance. "Je dirai rien et je m'occuperai plus de ce qui ne me regarde pas." Sage décision, qu’elle se retient de commenter. Elle garde en tête de ne pas jeter d’huile sur le feu. Elle ne peut pas se permettre que cette fille soit son ennemie. « Je vais essayer de vous croire parce que je n’ai pas le choix. » Et elle se retient à nouveau d’ajouter qu’elle sait toujours où elle travaille si jamais il se passe quelque chose. « ça me coûte. J’espère que je peux vous faire confiance. La situation n’est pas aussi simple qu’elle en a l’air » Entre Nicolas et elle, elle veut dire. Parce que si c’était juste question de coucher à droite et à gauche, elle le ferait sans avoir à être infidèle mais comme tout, c’est bien plus compliqué. « En attendant notre prochaine entrevue, je vous souhaite une bonne soirée. Profitez en bien ! » Elle tourne court à la conversation, afin de ne pas regretter trop vite ses propos et aussi parce que là, maintenant, elle veut fuir le plus loin possible d’ici.