Chad entra de plein fouet contre la porte de sa chambre, se souvenant au contact douloureux qu’elle l’avait fermée contrairement à ses habitudes (plus de films d'horreur après minuit). « Putain de merde » à tous les coups, ça lui laisserait une jolie marque que l’allergique au maquillage qu’elle l’était ne pourrait dissimuler. Silas, alerté par le bruit, accourut prêt à en découdre avec l’intrus, de quoi extirper un petit sourire moqueur à Chad. Silas était incapable de protéger qui que ce fût, elle le savait, farceur et chaleureux, il suffisait de se montrer quelque peu familier avec lui pour qu’il vous traite comme un proche. Et puis, il n’avait pas été adopté dans ce but, il avait permis à l’indienne de faire une bonne action en ramassant cet animal blessé abandonné au milieu de nulle part et s’assurer une bonne réincarnation dans sa prochaine vie. « T’inquiètes pas, ça roule » dit-elle à son ami à quatre pattes, sa baissant pour lui octroyer les caresses réclamées. Les matinées de Chad se ressemblaient pour la plupart, un café serré, une cigarette en petite culottes sur son balcon sous la surveillance de son voisin d’en face puis une balade matinale avec Silas. Il en fut de même aujourd’hui, à un détail près qu’elle reçut un message de Dean alors qu’elle s’aventurait vers le parc. Il réclamait l’assistance immédiate de sa petite-amie hystérique pour chasser une amante un peu trop collante. Elle fit savoir à son ami qu’elle sera là dans dix minutes. « Je crois qu’on va bien s’amuser ce matin » dit-elle à l’intention de Silas qui connaissait bien ce sourire et sans doute que s’il avait pu parler, aurait fait état de son inquiétude.

Chad poussa la porte laissée ouverte à son intention et put enfin investir ces lieux qu’elle connaissait si bien. « Mon amour ? » appela-t-elle avec la conviction qu’apportaient plusieurs mois de pratique. Elle abandonna sa veste à l’endroit prévu à cet effet et libéra son chien de sa laisse qui put enfin vaquer à des activités de canidés. « Mon cœur, tu dors encore ? » renchérit Chad alors qu’elle combattait son hilarité dû à ce nouveau surnom ridicule au possible. Elle n’était pas ceux qui se donnent des petits noms, à moins que cela fût ironique. Elle continua sa progression vers la chambre de Dean, l’appelant de nouveau « Mon lapin en sucre, t’es là ? » y’avait-il vraiment des gens qui osaient de tels sobriquets ? Elle appuya sur l’interrupteur et la lumière se fit sur le spectacle du corps dénudé de son lapin en sucre allongé à côté d’une jeune femme aussi vêtu que lui. La bouteille d’eau qu’elle tenait se déversa en partie sur le succube qui détournait son sucre d’orge du droit chemin. « C’est quoi ça ? » demanda Chad à un Dean qui faisait mine de se réveiller, le doigt en direction du succube qui émergeait enfin. « Toi tu la fermes, je te ferai signe quand ce sera ton tour » coupa l’indienne alors que la raison de sa colère factice s’apprêtait à ouvrir la bouche. « Tu sais quoi toi, dégage ! » Chad se baissa pour ramasser les habits appartenant à la jeune avant de les lui balancer au visage « Me force pas à te dégager de là » Chad ne doutait pas de sa supériorité physique et visiblement le succube non plus vu qu’elle s’exécutait lentement non sans un regard vers Dean. « Tu veux que je t’accompagne ou quoi ? » Le regard de l’indienne était dur et méprisant, des années de pratique qui rendaient le tout naturel. Le mouvement n’étant pas assez rapide à son goût, Chad entreprit de tirer l’énergumène qui était jusque lors occupée à ramasser ce qui restait de ses vêtements, et une fois qu’elle fût dehors, elle lui claqua la porte au nez.

Au moment où Dean ouvrit les yeux, quelques rayons de soleil perçaient timidement les stores de la baie vitrée de sa chambre pour venir éblouir son visage. La grimace marquée ne fut pas longue puisqu’il tourna aussitôt la tête de l’autre côté, pour ne plus avoir affaire à ce soleil qui allait finir par le pousser à se lever. Seulement, en tournant le dos à ce dernier, le jeune Irlandais tomba nez-à-nez avec quelque chose d’inhabituel : une femme dans son lit. Plus précisément encore, c’étiat une femme qu’il ne connaissait pas. A l’habitude, Dean allait toujours coucher dehors pour s’envoyer en l’air et oublier la pénibilité d’un cœur brisé dans le lit des filles. Les quelques-unes qui avaient ce privilège de monter jusqu’au quatrième étage de son immeuble étaient les habituées, pour le dire ainsi. Et encore, elles partaient généralement tellement tôt le matin que Dean n’avait jamais réellement l’occasion de leur faire le speech du malaise matinal, de proposer du café, tout le tralala.

Intrigué, Dean posa son regard sur la blondinette couchée à côté de lui. La bouche entrouverte, une gouttelette de bave qui voyageait le long de sa joue et le maquillage étalé sur l’entièreté de ses yeux, il eut un mouvement de recul. Bon dieu, comment avait-il fait pour ramener cette fille dans son lit la veille ? Elle avait peu d’élégance et beaucoup trop d’aise à son goût. La bave tombant sur son propre oreiller lui fit aussitôt rappeler qu’une fois mise dehors, il fallait absolument laver les draps. Sa tête lui faisait mal, sans doute un début de gueule de bois. Il n’avait que très peu de souvenirs de la veille. Aux dernières nouvelles, il pensait avoir fini la soirée avec Carter Fawkes mais en voyant la jeune femme à côté de lui, il avait visiblement tapé à côté.

Doucement, il tapota sur l’épaule de la demoiselle pour la réveiller, ce qu’elle fit aussitôt. « Oh bonjour toi, chéri ! » gloussa-t-elle aussitôt avant de venir frotter son nez contre le sien, ce qui lui fit froncer les sourcils. « Heu… salut ! ». Il n’eut pas tellement l’occasion d’en placer une, à vrai dire, puisqu’elle commença à dire qu’elle avait toute la journée devant elle, qu’ils pouvaient tous les deux rester au lit et peut-être même remettre cela entre deux épisodes de Grey’s Anatomy. Etait-elle stupide ? Dean lui demanda implicitement de partir, lui insinua même qu’elle devait le faire dans les minutes à venir. Les minutes passèrent, difficilement pour le jeune Irlandais. Il n’y avait plus qu’une seule solution au problème. Aussitôt, il prit son téléphone portable et fit mine d’envoyer un message à sa mère. En réalité, le genre de solutions qui fonctionnait à chaque fois était d’appeler à l’aide à Chadna. Le caractère électrique de la jeune femme faisait d’elle une fausse petite amie hystérique digne de ce nom, qui faisait dégager toute écervelée. Une fois le message envoyé, il attendit sagement et très impatiemment que la magie opère.

Cela ne mit pas longtemps avant que Chadna ne débarque d’une démarche magistrale dans l’appartement, en hurlant des noms aussi stupides les uns que les autres. Dean avait levé les yeux au ciel à chacun de ceux-ci ; elle était vraiment douée pour jouer à la petite amie nunuche. La jeune femme à côté de lui demanda aussitôt « Attends, t’as une petite amie ?! ». Mais Dean n’eut pas le temps de répondre sérieusement que Chadna entra dans la pièce : « C’est quoi ça ? Toi tu la fermes, je te ferai signe quand ce sera ton tour ! Tu sais quoi toi, dégage ! ». Les mouvements furent rapides, brusques et presque dignes d’un ballet aérien, entre les vêtements de la blondinette volant dans tous les sens, les grands gestes calculés de Chadna et la course effrenée qui s’en suivit jusqu’à la porte d’entrée : « Me force pas à te dégager de là ! Tu veux que je t’accompagne ou quoi ? » entre les « Je suis désolée » de la pauvre fille qui tentait tant bien que mal de garder tous ces vêtements dans les bras.

De son côté, Dean s’étira longuement. Enfin, il avait toute la place dans son lit ! Après l’un ou l’autre bâillement, il se leva du lit au moment où la porte d’entrée claqua bruyamment, uniquement vêtu de son sous-vêtement. Arrivant vers Chadna dans une démarche d’un lion qui se pavanait, il se mit à claquer dans ses mains, en guise d'applaudissements. « Félicitations, quel spectacle ! Je dirai même que tu t’améliores à chaque fois, si tu veux mon avis. » Le jeune avocat lui adressa un clin d’œil avant de tourner les talons pour se diriger vers la cuisine ouverte, attachée à la pièce de vie. « Alors, quel est ton prix cette fois-ci ? Après le restaurant gastronomique, l’aller-retour sur une ile, je suppose que tu as quelque chose dans la même tranche de prix ? ». Il s’appuya contre le comptoir, avec un air taquin, la dévisageant du coin de l’œil.

Chadna s’était attendue à un peu plus de résistance de la jeune femme, mais il n’en fut, comme à chaque fois, ça en était presque décevant. L’indienne aimait le conflit, plus encore lorsqu’elle devait se mesurer à une personne ayant un minimum de répondant, or la blonde dépitée qu’elle avait face à elle ne menait pas large. Cela ne faisait que confirmer la grande théorie de Chad sur les blondes et le vent qui soufflait en permanence entre les oreilles. Dommage, ce n’était pas aujourd’hui qu’elle aurait une joute verbale digne de ce nom, à défaut, elle avait pris beaucoup de plaisir à jouer les petites amies hystériques. Son employeur du jour fut d’ailleurs ravie de sa performance au point de l’applaudir ce qui lui extirpa un sourire amusé. « Alors, cet oscar il est où ? Mon discours est prêt je te signale » Si elle poursuivait sur cette lancée, nul doute qu’il faudra lui en préparer un spécial copine hystérique qui fout les succubes à la porte. Quoiqu’elle pourrait louer ses services à ce niveau ? Il y avait certainement beaucoup d’hommes en ville qui souhaitaient se débarrasser de leur coup d’un soir, certaines personnes étaient bien payées pour attendre dans les files d’attente pour éviter que d’autres aient à le faire. Chad avait aussi eu vent du business de petites culottes sales revendues sur le net, elle s’y était essayée dans des moments d’extrême galère pour finalement abandonner, superstitieuse, elle était persuadée qu’on pourrait lui lancer un sort par ce biais. « Te voilà bien pressé de connaître mon prix, un peu de patience très cher » répondit-elle avec la même taquinerie, un sourire amusé aux lèvres, une idée précise ce qu’elle désirait en tête. « Dis-moi que tu l’as ramassée parce que t’étais ivre mort, parce que tu serais tombé bien bas » elle secoua la tête de façon dramatique pour appuyer ses dires « Tu pourrais au moins en prendre une qui a du répondant, c’est emmerdant sinon » il lui était déjà arrivé de se retrouver à la place de la blonde, non pas qu’elle aurait voulu s’attarder plutôt que la copine absente s’était pointée un peu en avance pour un spectacle imprévu. Elle avait commencé à crier, ignorant que Chad pouvait en faire autant, si ce n’était plus, les insultes et les remarques mordantes en supplément. « J’espère au moins qu’elle t’a fait des trucs de ouf sinon c’est triste » Elle s’installa sur l’une des chaises face à Dean, Silas venant se poser à ses pieds  « Je prendrais un café noir, serré, sans sucre et des croquettes pour Silas, il crève la dalle avec tes conneries » passa-t-elle commande comme si elle aurait été dans un café ou dans un restaurant, sans pour autant se départir de son sourire. « En tout cas ça met de bonne humeur ce genre d’exercice matinal » prunelles pétillantes de malice, elle lâcha un soupir contenté. Jouer les hystériques lui rappelait toujours le seul de ses petits-amis qui avait eu la bonne idée d’aller voir ailleurs, ou plutôt ce qu’elle lui avait fait subir en représailles et autant dire que son humeur ne s’en portait que mieux. Cette journée prévoyait d’être excellente.    

Jouant distraitement avec les fruits qui se trouvaient dans la corbeille à fruits sur le plan de travail, des fruits frais que Moira avait sans doute ramené la veille ou le matin-même – Dean dévisagea la jeune femme toujours la femme qui se trouvait devant lui. « Te voilà bien pressé de connaître mon prix, un peu de patience très cher ». Évidemment, la jeune femme commençait à lui coûter cher. A chaque fois, les prix augmentaient et plus les blondes étaient écervelées, plus il fallait être créatif pour leur faire comprendre de dégager. « Dis-moi que tu l’as ramassée parce que t’étais ivre mort, parce que tu serais tombé bien bas. Tu pourrais au moins en prendre une qui a du répondant, c’est emmerdant sinon. J’espère au moins qu’elle t’a fait des trucs de ouf sinon c’est triste ». Dean réfléchit alors, avec une moue sceptique sur son visage. Qu’avait-il fait la veille ? Il s’en souvenait à peine. Il pensait que Carter avait croisé sa route et qu’elle aurait fini dans son lit, comme c’était arrivé l’une ou l’autre fois. Elle lui rappelait Heidi, par moments, avec ses cheveux doux et bruns, cette naïveté due à l’alcool qui coulait dans ses veines à chaque fois qu’il la croisait. Mais non, c’était une blonde. Une blonde bien conne.

« Je prendrais un café noir, serré, sans sucre et des croquettes pour Silas, il crève la dalle avec tes conneries » Silas… ? L’homme arqua un sourcil et chercha autour de lui. Le chien était en train de mastiquer une paire de chaussures qui ne lui appartenait pas. Dean haussa alors tout bonnement les épaules, se disant que c’était sans doute une paire de scandales à Moïra et qu’elle allait sans doute remettre la faute sur les voisins. Tant mieux, au final, qu’elle pense ça. C’était tout de suite plus simple à vivre que de lui expliquer que Chadna avait encore dû débarquer pour le débarrasser de quelqu’un. Parfois, Dean se demandait s’il ne pouvait pas vraiment le faire lui-même. Sans doute que si, mais voir Chadna jouer la petite copine hystérique valait bien un restaurant gastronomique et une paire de chaussures de sa colocataire en moins. « Un café noir, serré et sans sucre pour Madame » marmonna-t-il entre ses dents, comme pour retenir la commande. Tournant alors les talons, il fit face à ses placards pour sortir deux belles tasses bien pimpantes, bien blanches, servit du café à l’intérieur, envoya une tasse qui glissa le long du comptoir jusque Chadna et prit la seconde tasse pour lui. « Et une tasse pour la demoiselle pour qu'elle sente bien fort la caféïne dès le matin comme un prof de latin ! » dit-il, comme s’il s’était aussitôt converti en barman. « En tout cas ça met de bonne humeur ce genre d’exercice matinal » - « Avec plaisir, c’est tout naturel. Ravi de voir que tu te lèves de bonne heure ! Et puis… » commença-t-il à murmurer en se penchant vers elle, se retrouvant à deux doigts de son visage pour l’observer. « Il faut dire que tu as quand même bonne mine, je t’ai connue pire que ça, entre nous » finit-il par dire, l’air un soupçon taquin. Il finit par poser sa tasse là, sortir la boite à sucre, la poser entre eux puis chercher les croquettes pour ce foutu Silas qui vivait décidément comme un roi à chaque fois qu’il venait ici. « Alors, qu’avons-nous pour notre cher ami… ? Des croquettes au poulet cette fois-ci ? Ou alors, attends… » Amusé, Dean repartit aussitôt vers le frigo pour sortit une boite Tupperware avec un restant de viande pitta à l’intérieur. Aussitôt, il le posa à terre après avoir siffloté le chien une fois ou deux. « C’est pour qui ça ? Pour le meilleur chien au monde qui m’a encore une fois sauvé la vie ! » Il tapota sur la tête du chien, fier de lui, avant de revenir vers Chadna et de faire la même chose sur sa tête « Mais oui, je suis fier de toi aussi ».

« Laisse-moi deviner, t’as aucun souvenir de la veille » conclut alors Chadna devant le silence de son ami avant d’éclater d’un rire moqueur. Elle était familière de ce genre de situation, à passer la majeure partie de ses soirées dans les bars ou les boîtes de nuit pouvait provoquer de tels réveils. Elle pouvait cependant se féliciter de n’avoir jamais ramené qui que ce fût chez elle, c’était une règle à laquelle elle ne dérogeait jamais, cela lui évitait d’avoir à faire appel à une tierce personne pour déloger des énergumènes désireuses de s’attarder. S’installant, elle passa ainsi commande pour elle et pour son adorable chien occupé à mastiquer des affaires qui ne lui appartenaient et visiblement pas à Dean non plus vu qu’il ne semblait n’y voir aucun problème. Certainement à sa colocataire absente qui aurait une jolie surprise à son retour, peut-être devrait-elle dire à Silas d’arrêter mais il semblait si heureux à cet instant qu’elle se voyait mal l’interrompre. Et puis, cela pouvait clairement entrer dans les frais de ses services, Dean était celui qui l’avait engagé en plus de vivre avec la blondinette dont elle n’arrivait pas à retenir le prénom –par manque d’intérêt probablement-, il n’aurait qu’à gérer le tout.

« C’est que j’ai failli attendre » se plaignit l’indienne quand elle fut enfin servie, un sourire flottant sur les lèvres « c’est que le service peut être lent » elle s’empara néanmoins de la tasse et la porta immédiatement à sa bouche, avec la joie d’une accro à la caféine. A peine l’avait-elle reposée que le visage de Dean fut à quelques centimètres à peine du sien, la surprise lui fit reculer la tête en arrière « Voyons mon sucre d’orge, pas de baiser avant que tu te sois brossé les dents » on ne voyait ce genre de choses que dans les films hollywoodien où la femme se réveillait avec un maquillage et une coiffure parfaite, il en était de même de l’homme et tous deux avaient une haleine tout aussi parfaite. Chad était bien placée pour savoir ce n’était pas le cas au vu le bordel qu’étaient ses cheveux et le reste au réveil, était-ce ce à quoi Dean faisait référence ? Il était vrai qu’il avait eu le privilège de se réveiller à ses côtés… à voir si ça en était réellement un vu qu’elle s’était amusée à prendre toute la place et toute la couverture façon burrito.

Café en mains, elle le laissa s’occuper de Silas qui ne serait pas contre s’attarder plus souvent ici vu la différence de nourriture qu’on lui offrait. Chez Chad c’était essentiellement des croquettes premier prix, parfois du poulet quand elle se rappelait de ne pas tout dépenser en téquila alors que chez Dean, les mets proposés étaient plus variés, comme dans un vrai restaurant. La différence entre une chasseuse de serpents et un avocat en somme. « On se calme l’irlandaise » fit-elle en arrêtant cette main qui prenait un peu trop de liberté à son goût « Touche pas mes cheveux avec la main qui a servi toute la nuit à toucher des culs et je sais pas quoi d’autre » Chad prit d’ailleurs un air dégoûté alors qu’elle faisait mine de nettoyer la zone contaminée « Conseil d’amie, tu devrais aller prendre une douche pour la décontamination » elle porta son attention sur Silas qui faisait du bruit à ses pieds « Même Silas est d’accord avec moi » faux, le canidé désormais nourri n’avait que faire des préoccupations des humains. Il en fallait peu pour le tenir occupé, parfois elle en venait à se demander ce qui se passerait si les intrus venaient à pénétrer chez elle de nuit. « D’ailleurs, elle est où ta coloc ? Mo…Mona, c’est ça ? »
   

Tout en continuant à tapoter sur sa tête, Dean Maguire manqua d’éclater de rire en voyant la mine presque dégoûtée de la jeune femme. « On se calme l’irlandaise. Touche pas mes cheveux avec la main qui a servi toute la nuit à toucher des culs et je sais pas quoi d’autre ». L’Irlandaise en question, ou plutôt l’Irlandais, fit mine de n’en avoir que faire, en imitant des bruits de « blah, blah, blah » avec ses deux mains. C’était presque devenu naturel et automatique de la taquiner, au moins une fois par jour. C’en était parfois même vital. « Conseil d’amie, tu devrais aller prendre une douche pour la décontamination. Même Silas est d’accord avec moi » - « Allons donc, depuis quand Silas tient avec toi ? Je te rappelle que je lui donne de la bonne nourriture et que toi, tu cherches juste à l’assécher avec tes sous-marques de croquettes ». Faisant mine d’être indigné, il pointa la boite où le chien était – quelques instants plus tôt – en train de tout dévorer. Celle-ci était à présent vide, c’en était même plus surprenant. Certaines personnes aimaient mettre leur nourriture de la veille à des poules ou encore dans une poubelle bio-écologique. Dean, lui, avait Silas et c’était un chien-poubelle particulièrement efficace.

« D’ailleurs, elle est où ta coloc ? Mo…Mona, c’est ça ? » - « C’est Moira, je te l’ai déjà dit mille fois » lui lâcha-t-il, avant de lever les yeux au ciel, assez amusé par la situation. Combien de fois allait-il devoir lui répéter ? A croire qu’elle ne faisait aucun effort par rapport à la nouvelle colocataire de Dean. Parfois, il en venait à se demander si Chadna n’en était pas un peu jalouse. Ce genre de situations risquait de beaucoup amuser le jeune Irlandais si c’était le cas. « Sans doute en train de faire du shopping, une manucure, un truc de filles quoi ». Il haussa les épaules en pensant à toutes ces fois où Moira lui avait dit où elle était partie, qu’il oubliait la destination la seconde d’après et qu’il ne remarquait même pas le changement sur elle alors qu’elle était allée chez le coiffeur. Un mec, en somme. « Sois sympa avec elle, tu veux ? » poursuivit-il, avec un sourire malicieux au coin des lèvres, connaissant assez bien les réactions de Chadna. Il lui tapota doucement l’épaule comme pour la conforter dans l’idée de devenir bonne copine avec Moira : « Elle est gentille et, en plus, elle ne risque pas de finir dans mon lit comme l’autre que tu viens de jeter comme une mal propre, que demander de plus ? ».

A ces mots, il finit par tourner à nouveau le dos à la jeune femme pour prendre un verre et retourner dans le frigo voir ce qu’il y avait de bien à siroter. Ce qui était bien de vivre avec une fille était notamment le fait de retrouver des trucs « girly » un peu partout, comme la cruche d’eau fraiche infusée de citrons qui se trouvait dans la porte du réfrigérateur. Il s’en servit un verre sans gêne, le but cul-sec et finit à nouveau face à Chadna avec un grand sourire innocent : « Maintenant que j’ai bu mon petit verre détox, je file dans ma douche comme tu l'as si gentiment demandé, avant que tu en attrapes des plaques sur la peau, la saleté, ça a l’air contagieux ! ». Il partit à la fin de son petit discours en se dandinant jusqu’à la chaine hi-fi pour l’allumer et mettre une petite musique olé olé qui donnait la pêche dès le matin, avant de se diriger vers la douche. « Allez viens Silas, je vais te tartiner de Tahiti douche ! ».

Avec Dean c’était des éclats de rire et de la provocation constante. Ils passaient leur temps à se lancer des piques et à se sauver mutuellement la mise. C’était d’ailleurs pour cela que leur aventure avait tourné court, les choses n’étaient pas du tout naturelles et ce fut d’un commun accord qu’ils décidèrent de se cantonner à ce qu’ils savaient faire de mieux ; se faire chier avec le sourire. Chad avait trouvé chez Dean le répondant qu’elle recherchait dans la plupart de ses relations, aussi l’ennui était proscrit. « Silas sait très bien où il doit dormir » rétorqua alors l’indienne alors que Dean l’accusait de vouloir tuer son ami à quatre pattes à coup de croquettes bas de gamme. Elle savait néanmoins que Silas lui ressemblait énormément, l’estomac primait sur le reste alors il suffisait de le nourrir pour qu’il se montre docile et vous colle. « T’y crois pas trop, Il fait juste la gold digger avec toi, dès qu’il obtient ce qu’il veut, il se barre » L’image de son chien en Gold digger la fit marrer, même si ce n’était pas si éloigné de la vérité, le privilège certain d’avoir un vrai job qui rapporte comme celui d’avocat lui attirait toutes les faveurs du canidé. Elle pouvait plus ou moins comprendre ce que sa mère voulait dire en considérant ses activités professionnelles comme n’étant pas dignes d’être mentionnées, elle se retrouvait toujours dans des situations difficiles financièrement. Heureusement le loyer était pris en charge sinon cela ferait longtemps qu’elle vivrait dans cette vieille boîte métallique qui lui servait de voiture.

« Moira » reprit Chad en hochant la tête, elle n’était pas loin, elle s’améliorait… presque. L’indienne ne fournissait pas l’effort nécessaire, se référant la blonde comme la coloc. Elle ne lui avait jamais trouvé d’intérêt aussi elle n’avait pas voulu perdre son temps à la considérer. A quoi bon, puisqu’elle n’avait qu’une fonction dans la vie : être la coloc de Dean. « Je suis sympa avec elle » elle s’offusquait presque de la remarque « Je lui ai rien fait, je la calcule même pas » En plus de la saluer dès qu’elles se croisaient mais elle était trop sauvage pour participer à ces petites discussions polies lorsqu’on se retrouvait dans la même pièce avec un visage familier. Moïra était simplement de ces personnes que Chad qualifiait de sans caractère et dont elle ne voulait pas s’embarrasser inutilement, la jugeant trop lisse pour avoir le privilège de la côtoyer. « Je lui demande rien moi » conclut simplement l’indienne en haussant les épaules, indifférente, tout comme elle n’attendait rien d’elle. Un air dégoûté sur le visage, Chad regarda Dean se servir un verre d’une substance étrange, des citrons flottant dans ce qui semblait être de l’eau. Ce genre de personnes existait réellement ? Elle n’avait vu cela que dans des films jusqu’ici. Une chose était certaine, Mona et elle n’avaient décidément rien en commun, et elle ne voyait aucune utilité à quelconque rapprochement. Cette conclusion marqua la disparition de Dean avec Silas dans la salle de bain sans qu’elle ait pu émettre son refus, de toute façon ils s’en fichaient pas mal. Pour faire passer le temps, l’indienne ramassa son café et se fraya un chemin jusqu’à la terrasse, prête à s’en griller une… les bonnes résolutions sont si loin maintenant.