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 (giovinetti) the one i left at home

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Message(#)(giovinetti) the one i left at home EmptyDim 27 Mai 2018 - 11:23


nino & vittorio
the one i left at home

Standing on my own, remembering the one I left at home. Forget about the life I used to know, forget about the one I left at home. I need to run far away, can't go back to that place like she told me, I'm just a big disgrace. ☆☆☆



Le téléphone avait vibré une seconde fois dans la poche de son jean, et n’y prêtant pas plus d’attention qu’à la première l’italien avait rejeté l’appel du bout des doigts et passé l’appareil en silencieux pour régler la question. Fait rare, l’air était assez frais à cette heure de la soirée pour qu’il ait pris la peine de sortir en embarquant un blouson, dont il avait remonté le col en réprimant un frisson lorsque le tramway s’était arrêté à quai. Quelques blocs parcourus à pied dans le Nord-Est de Fortitude Valley plus tard, Vittorio s’était accoudé au comptoir d’un bar avec nonchalance et avait patiemment attendu que vienne son tour d’obtenir l’attention du barman. Du genre à économiser sa salive et ses mots, le bonhomme lui avait adressé un signe de tête qui voulait probablement à la fois dire « bonsoir » et « qu’est-ce que je vous sers » et prenant la seconde nécessaire pour ne pas avoir l’air d’avoir déjà réfléchi à cette question avant même de pénétrer dans l’établissement, Vitto avait demandé « Vodka. » et directement glissé vers l’homme une photo noir et blanc « Et un renseignement. » Jetant à peine un œil au cliché l’autre avait grogné tel un molosse « J’suis pas les pages jaunes, j’renseigne personne. » Sans se démonter, l’italien avait haussé les épaules et rajouté une paire de billets à la photo « C’est pas ce qu’on m’a dit. » Faisant claquer le verre vide contre le comptoir l’autre n’avait pas cédé « Et je me fous de ce que "On" t’a dit. Pigé ? » Secouant la tête, l'air à demi-désole, Vitto avait joué les vaincus et tendu la main pour récupérer ses précieux billets « Tant pis pour moi. Je transmettrai le bonjour à Butch. » L’arrêtant, s’emparant des billets sans commentaire supplémentaire – toujours dans un souci d’économie de salive, dirons-nous – le barman avait attrapé la bouteille de Vodka au-dessus du comptoir « Tu veux quoi ? » - « Un renseignement. » Se délectant une seconde des narines qui rougissaient et de la patience qui s’étiolait en face de lui, il en était venu au fait. « J’ai entendu parler de votre petite fête à l’étage en-dessous. » Regard noir, un autre. « Et je m’en contre-fiche. Tout ce que je veux, c’est savoir si j’ai des chances de croiser ce type quand il ressortira, si j’attends sagement ici. » Enfin le molosse avait pris quelques secondes pour observer les traits fatigués d’un Nino qu’on n’avait pas photographié à sous son meilleur jour, au petit matin d’un commissariat napolitain, y’avait au moins une éternité ou deux. « Frère ? » Un physionomiste, bon. Mais voyant qu’il n’obtiendrait pas de réponse d’un Vittorio déjà le verre aux lèvres, le barman n’avait pas insisté et simplement fait savoir tout en rebouchant sa bouteille de spiritueux « Je chercherais quelqu’un, moi, j’irai voir du côté des poubelles. Ouais, c’est là-bas que j’attendrais. » Et là où l’alcool était venu lui brûler la gorge, Vitto avait senti son sang se glacer et bondit de sa chaise pour se précipiter dehors, abandonnant là son verre que les deux billets payeraient largement, les mains s’agrippant avec angoisse à la benne à ordures qui obstruait l’accès à l’arrière-cour du bâtiment. « Santo cielo … » Les mains tremblantes et le cœur cognant contre son torse d’imaginer ce qu’il allait trouver ou ne pas trouver – qui il allait trouver ou ne pas trouver – au milieu des déchets, il avait sursauté et cru friser la crise cardiaque lorsqu’une porte s’était ouverte à la volée pour laisser sortir trois silhouette du fond de la ruelle. Extirpant à la va-vite son téléphone de sa poche, il avait tenté de se donner une contenance en faisant mine d’être absorbé par l’application podomètre – la première à s’être ouverte lorsqu’il avait appuyé au hasard sur l’écran – et avait attendu fébrilement que les trois comparses lui passent devant et s’éloignent. Nouvelle porte claquée, sifflement de frustration pour l’italien, et finalement une carrure connue s’était dessinée dans l’ombre et avait arraché à Vittorio un soupir de soulagement lorsqu’il avait reconnu … « Nino. » A première vue aussi peu ravi de le croiser qu’il se l’était imaginé, Vitto s’était pourtant un quart de seconde surpris à n’en avoir rien à cirer pour le simple fait que son cadet était vivant et en un seul morceau, et non pas taillé en pièces au fond d’une benne à ordures. Voyant néanmoins se refermer la fenêtre durant laquelle il pourrait dire quelque chose avant que Nino ne se défile, il avait lancé son « Je suis pas venu pour me battre. » un peu à la volée, un peu maladroitement. À mille lieux de la façon concise et méthodique avec laquelle il avait prévu de s’exprimer une fois qu’il aurait enfin mis la main sur lui, et avec les mains qui se levaient légèrement en signe de reddition temporaire.
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Message(#)(giovinetti) the one i left at home EmptyLun 4 Juin 2018 - 16:09

« Déconnes pas Nino, tu vas y laisser ta peau à force. » L’italien bien trop sûr de lui posa à nouveau deux billets de 10 dollars sur la paillasse qui servait aux paris. Il savait bien qu’il n’avait plus que ça en poche mais il savait surtout qu’il allait tripler sa mise. Ce n’était pas énorme certes, mais au moins, ça lui permettrait de repartir en limitant les dégâts. Jusque là il avait perdu bien plus d’argent qu’il n’en avait gagné depuis qu’il était arrivé à Brisbane. Il avait une ardoise plus longue que son bras et pourtant, il était toujours là. Angelo le laissait entrer et le laissait jouer jusqu’à ce qu’il ait décidé que Nino doive enfin rembourser ses dettes et il ne lâchait rien, il était persuadé que tôt ou tard, il y arriverait. Tôt ou tard, ces thunes finiront par arriver. Angelo lui n’avait pas l’impression de perdre de l’argent non, Angelo voyait surtout les intérêts dont Nino ignorait l’existence. C’était bien pire qu’une banque, qu’un emprunt à Cofidis même. Les taux d’intérêt qui attendaient Marchetti représentaient un quart de sa dette. Alors vas-y Marchetti, perd, perd… Le combat commence et tous les hommes autour de cette cage sont comme des chiens enragés. Ils sautent, ils grognent, ils ne parlent pas, ils aboient. « Défonce lui la gueule ! » « Butte le ! » et ainsi ces mots raisonnaient dans la petite salle humide en sous-sol du bar qui leur servait de couverture. Couverture sans grand intérêt puisque ce n’était plus un secret pour personne. Des hommes se battaient parfois jusqu’au coup fatal dans ce couloir de la mort. Des hommes qui n’avaient plus rien à perdre : aucune famille, aucun travail, pas même un cleps qui les attendait en rentrant le soir. La solitude pouvait être le pire sentiment que quelqu’un pouvait connaitre. On peut être triste, on s’en remet, on peut avoir peur, on s’en remet mais être seul… et le sentiment que personne n’est là, que personne ne nous attend, que personne ne s’inquiète pour soit. Etre seul face à ses pensées, face à soi, de quoi vous rendre fou n’importe qui. Alors un moyen de décompresser : les coups, la douleur physique, l’odeur du sang. La douleur vous fait penser tout autre sentiment. Mais ca ne dure jamais longtemps, alors il faut recommencer. Nino n’en était pas là. Loin de se sentir seul, il rencontrait petit à petit des personnes qui faisaient son quotidien, mais Nino avait avant tout besoin d’argent et si au départ, tout lui réussissait, ses paris sportifs – clandestin – lui rapportaient gros mais rapidement, la roue avait tournée. L’emmenant avec lui vers un gouffre dont il aura du mal à sortir. « Bien joué Howard ! » Nino pouvait entendre à plusieurs reprise le son de sa défaite. Il n’avait pas misé juste. Bien joué Howard, mon cul. « J’te l’avais dis mec… » lui souffla Polo avant de s’éclipsé vers la lumière. Nino remonta à son tour à la surface de la terre et en sortant par cette vieille porte dans l’arrière-cour, il entendit son prénom de la bouche de son frère, consonnance particulière qu’il reconnaitrait parmi mille. « Je suis pas venu pour me battre. » petit sourire nerveux. Encore heureux, car si ca avait été le cas, c’était clairement pas le bon endroit pour se tabasser sur la voie publique. Nino était ici en terrain conquis, il aurait trouvé bon nombre de défenseurs face à son frère. « Qu’est-ce que tu veux ? » Nino avait la rancune tenace. Il se demandait bien ce qu’était venu foutre son frère ainé par ici. « C’est pas un endroit à fréquenter pour un mec comme toi. Tu t’es trompé de quartier ? » L’italien sortie de l’impasse pour se rendre sur la route principale. Commençant alors à marcher, se disant que si son frère voulait discuter, il n’aurait qu’à le suivre.
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Message(#)(giovinetti) the one i left at home EmptyDim 24 Juin 2018 - 16:49

Les secondes d’incertitude durant lesquelles Vittorio avait sérieusement envisagé la possibilité de retrouver la carcasse de son cadet dans la benne à ordures indiqué par Mister sourire derrière son bar semblaient avoir duré une éternité. Éternité durant laquelle ce qu’il lui restait de sang-froid et d’emprise sur lui-même n’avait servi qu’à l’empêcher de dégager les trois bonhommes venus l’interrompre alors qu’il s’apprêtait à ouvrir la conteneur ; Peu importe que le combat soit déséquilibré et qu’il ne risque qu’à se prendre une beigne ou deux, ce n’était pas cela qui comptait à cet instant. Et aussi sûre que l’angoisse était retombée à l’instant même où Vittorio avait reconnu la carrure de Nino sortant à son tour de la pénombre, était venue la réalisation qu’après tout ce temps, après tout ce qui s’était produit, il était toujours infoutu de considérer son frère comme l’inconnu qu’il mériterait d’être à ses yeux. C’était au-dessus de ses forces et cela le frustrait autant que cela le rassurait, dans un sens. « Qu’est-ce que tu veux ? » lui avait en tout cas craché Nino au visage en remarquant sa présence, faisant fi de la tentative de l’aîné pour jouer la carte du drapeau blanc. « C’est pas un endroit à fréquenter pour un mec comme toi. Tu t’es trompé de quartier ? » N’attendant pas d’avoir obtenu une réponse pour quitter la pénombre de la ruelle et avancer le long du trottoir, le plus jeune n’avait probablement pas relevé non plus le sourire teinté d’amertume que sa réflexion avait provoqué chez Vittorio, qui se mordant l’intérieur des joues pour ne pas céder si vite à la provocation avait préféré emboiter le pas à Nino en sifflant simplement entre ses dents « T’en fais pas pour moi, je sais où j’mets les pieds. » plus pour lui-même qu’autre chose. Pas décidé à s’arrêter pour autant, son frère ne lui avait pas donné d’autre choix que celui d’accélérer le pas pour arriver à sa hauteur et l’attraper par la manche, ignorant le geste brusque de Nino pour se dégager de son emprise et plantant sur lui un regard sérieux « Faut qu’on parle. » C’était tout ce qu’il avait en tête en définitive, parler, mettre certaines choses au clair, et si son cadet y mettait un peu du sien tout cela pourrait se faire sans que des poings ne volent ni d’un côté ni de l’autre. Vitto oubliait un peu vite que par deux fois déjà il avait été le premier à sortir les poings, pourtant. « De Gaïa. Et ne t’avise même pas de me faire croire que tu ne sais pas de qui je parle. » Parce qu’il savait, il savait forcément. Ce n’était pas tant les dires de la journaliste qui le rendaient si catégorique à ce sujet, la parole d’une journaliste valait ce qu’elle valait et celle de cette journaliste en particulier encore moins aux yeux de l’italien, mais dans son for intérieur Vittorio savait que la solution ne pouvait pas être autre. « Et de Liviana. » Parce qu’il y avait des choses qui méritaient d’être dites, d’être expliquées tardivement à défaut de l’avoir été avant. A choisir le juriste aurait préféré que son frère n’apprenne jamais l’existence de cette demi-sœur avec laquelle il était le seul des deux à partager une moitié d’ADN, mais quitte à l’apprendre il aurait préféré que ce soit de sa bouche et non de celle de quelqu’un d’autre. « Faut que tu me dises comment tu as découvert pour elle et moi. » Et parce qu’il voyait déjà venir les simagrées et les protestations il avait enchaîné « Elle a rien à voir dans tout ça, elle est pas comme nous, si quelqu’un d’autre est au courant il faut que je sache qui c’est. » L’idée que Nino ait pu rencontrer Liviana par l’heureux hasard de la solidarité entre expatriés ? Vittorio l’avait pour ainsi dire oublié, obnubilé par l’idée que son frère ait pu entrer en contact avec la jeune femme en connaissance de cause, et pour des raisons qu’il ne parvenait pas à déterminer. À moins que l’idée n’ait été que de lui faire voir rouge, auquel cas leur séjour au poste de police prouvait à lui seul que c’était réussi.
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Message(#)(giovinetti) the one i left at home EmptyJeu 12 Juil 2018 - 10:47

Nino l’avait encore mauvaise. Après le pari qu’il venait de perdre et surtout l’argent qu’il venait de perdre, venir se faire emmerder par son frère n’était pas la meilleure chose qui lui soit arrivée. Et d’ailleurs, comment Vitto pouvait savoir où trouver Nino à cette heure-ci ? Il n’en avait parlé à personne, il n’avait dit à personne qu’il pratiquait ce genre d’activité clandestine, ou peut être si… à Ariane. Son acolyte de pari sur les matchs de boxe. Avec la rousse, l’italien avait remporté gros. Mais ces derniers temps, elle semblait bien moins disponible, alors il s’occupait autrement, en solo. « T’en fais pas pour moi, je sais où j’mets les pieds. » bien sûr qu’il savait et il savait même ce que Nino foutait ici. Pas perturbé pour autant par son frère, Nino continuait à marcher, si Vitto était venu là pour lui, il devrait le suivre. « Faut qu’on parle. » Il jeta à peine un regard derrière lui. Parler de quoi ? Des raisons qui l’ont poussé l’abandonner dans cette salle d’interrogatoire, des raisons qui l’ont poussé à le laisser croupir en taule ? Ou des raisons pour lesquelles il est venu ici à Brisbane pour retrouver un autre enfant perdu parce que son père ne sait pas tenir sa bite tranquille ? Les raisons pour lesquelles il avait abandonné son frère, tout simplement. « De Gaïa. Et ne t’avise même pas de me faire croire que tu ne sais pas de qui je parle. » Cette fois Nino s’arrêta sur le bord du trottoir, se retournant pour faire face à son frère. Le torse bombé, il était bien déterminé à lui montrer qu’ici, c’était son fief, qu’il fallait pas l’emmerder. Qu’il était bien entouré aussi, Polo était d’ailleurs juste un peu plus loin et il semblerait qu’il avait remarqué ce mec qui restait collé au basques de Nino. « Quoi Gaia ? Elle a osé venir pleurer près de toi ? Et toi tu veux quoi ? Protéger cette connasse ? » Nino n’en revenait pas, il avait l’impression que Vitto pourrait faire alliance avec la journaliste contre son propre frère. « Oublie pas que c’est pas moi qui t’ai mis dans la merde. » du moins, pas directement. Visiblement, Nino aurait ses réponses plus tard. L’autre sujet arriva aussi vite. « Et de Liviana. » Ce sourire tendu et nerveux sur le visage du cadet. Visiblement Vittorio avait choisi deux prénoms dont Nino n’avait absolument pas envie d’entendre parler. « Faut que tu me dises comment tu as découvert pour elle et moi. Elle a rien à voir dans tout ça, elle est pas comme nous, si quelqu’un d’autre est au courant il faut que je sache qui c’est. » C’était fou cette fâcheuse tendance à croire que Nino pouvait tremper dans toutes les conneries du monde. Vittorio ne savait rien à son sujet, il ne savait pas qui était son frère, tout n’était que spéculation, des fantasmes. Ce serait sans doute plus facile pour lui de croire que Nino était au courant de tout ça avant qu’il ne l’apprenne de la bouche de son ancienne patronne alors qu’il était derrière des barreaux. « Son épicerie est au pied de l’immeuble où j’ai habité pendant quatre mois ! » ou plutôt, où il était hébergé pendant ce temps. « pas de bol hein ! » Nino se retourna pour reprendre sa route. Sortant ensuite un paquet de cigarette de sa poche, paquet qu’il avait acheté à la sauvette dans la rue, bien moins cher qu’en bureau de tabac. Il dégaina son briquet pour allumer la clope, avant de faire quelques pas. « viens pas m’emmerder Vitto, ta sœur j’l’ai pas revu. Heureusement que j’ai su ça avant de tenter de la baiser, d’ailleurs ! »
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Message(#)(giovinetti) the one i left at home EmptyJeu 2 Aoû 2018 - 18:50

Il n’aimait pas ça, cette impression de devoir quémander pour l’attention et les réponses de Nino, cette façon que son cadet avait de le traiter avec désinvolture et presque avec mépris alors que tous les deux savaient très bien combien de casseroles il avait aux fesses et ce qu’il avait à se reprocher. Mais soit, Nino n’avait pas de temps à perdre et lui non plus, aussi Vittorio en était rapidement venu au fait sans s’étonner de voir l’expression de son frère changer à la seconde où le prénom de Gaïa avait été prononcé. « Quoi Gaïa ? Elle a osé venir pleurer près de toi ? Et toi tu veux quoi ? Protéger cette connasse ? » qu’il lui avait alors aussitôt craché avec vindication « Oublie pas que c’est pas moi qui t’ai mis dans la merde. » Toujours doté de la même mauvaise foi, Nino lui avait arraché un roulement d’yeux et un regard aussi narquois que le ton avec lequel il avait répondu « Bien sûr, t'es une victime et t’as rien à te reprocher, comme d’habitude. » avant d’enchaîner directement sur Liviana, l’autre raison pour laquelle il était là. Parce que son frère était là, à jouer les faux détachés, à faire croire qu’il lui faisait perdre ton temps, mais Vitto aurait aimé ne pas en perdre à balayer derrière ses conneries et les ravages qu’il laissait derrière lui. La vérité c’est qu’il ne pensait pas son frère assez malin pour avoir retrouvé Liviana tout seul, pour avoir su se faire les contacts nécessaires pour parvenir à ses fins sans avoir jamais reçu de coup de pouce ou d’information ; Et l’information venait bien de quelque part. Mais contre toute attente c'est avec un agacement profond que Nino lui avait balancé « Son épicerie est au pied de l’immeuble où j’ai habité pendant quatre mois ! » laissant Vittorio incertain suffisamment longtemps pour le persuader d’ajouter, moqueur « Pas de bol hein ! » Et de surprise le juriste était resté sonné quelques instants, dépité par ce qu’il considérait être une véritable injustice. Que le plus grand des hasards soit venu mettre son grain de sable dans une situation déjà épineuse relevait à ses yeux de l’injustice la plus totale, et d’y songer avait même abattu la possibilité que Nino soit en train de mentir. Son frère avait ce truc dans la voix, ce ton particulier lorsqu’il manquait de sincérité, et pour ça comme pour le « Viens pas m’emmerder Vitto, ta sœur j’l’ai pas revue. Heureusement que j’ai su ça avant de tenter de la baiser, d’ailleurs ! » qui avait suivi Vitto ne l'avait pas entendu, crispant malgré tout les poings face à ce qu’il devinait être de la pure provocation et vociférant avec agacement « Basta ! » Du trottoir d’en face le bonhomme qui les observait avait fait un pas en avant, arrachant au boxeur un rire narquois « T’as besoin d’un chien de garde pour assumer ce qui sort de ta bouche ? T’es pathétique Nino. » Mais c’était tellement à son image de tête à claques bonne à rien, incapable de faire quoi que ce soit de correct par lui-même, incapable d’assumer ses actes et ses décisions. « C’est quoi le problème ? C’est une putain de crise de jalousie que t’es en train de me faire, c’est ça ? » Et la vérité ? Jusqu’à ce que son frère ne fasse une nouvelle fois preuve de son insupportable insolence il s’était presque senti coupable ; De ce à quoi pouvait ressembler la situation de son point de vue, et de la manière dont il avait appris ce qui liait son frère à Liviana. « T’aurais voulu que je t’en parle ? Tu crois que j’aurais pris le risque que ça aussi tu le bousilles ? Tu détruits tout ce que tu touches, demande à Vince. » La mention de leur ami était petite, mesquine, et chargée de toute la rancœur que Vitto n’avait jamais cessé de nourrir à l’égard de son frère à ce sujet. Celle qui se creusait un peu plus chaque fois qu’il songeait au temps qui passait et à la carcasse de Vince allongée dans un lit d’hôpital et ne vivant plus que par les machines qui faisaient le boulot que son corps n’était plus capable de fournir, en se demandant si c’était la bonne solution. « Mais te voile pas la face, Nino. J’ai pas eu besoin de Liviana ou de Gaïa pour savoir que je préférais te savoir en taule, là où t’étais plus une menace ni pour toi-même ni pour les autres. T’as besoin de personne pour enchaîner les conneries, t’es incapable d’apprendre de tes erreurs et je sais même pas ce qui m’a pris de croire que j’te devais la moindre excuse ! » Et voilà comment, au milieu de la bile et des reproches, Nino avait obtenu la réponse à sa première question. Parce que face à Gaïa Vittorio s’était subitement senti fautif, voyant dans l’agression orchestrée de la journaliste la volonté éventuelle de lui faire justice, de la plus mauvaise manière qui soit, mais avec un fond de bonne intention que seul le lien fraternel pouvait déceler. Il n’avait pas besoin que son cadet règle ses comptes à sa place pourtant, pas besoin non plus qu’il déverse sur Gaïa et Liviana toute sa rancune envers lui, mais l’espace d’un instant il avait cru y voir la réaction bête et méchante d’un frère qui s’était senti mis de côté … Quel idiot. « Pourquoi tu fais ça … » La désillusion lui donnant l’impression de s’abattre d’un seul coup sur ses épaules, il avait laissé le ton redescendre avec lassitude et secoué la tête d’un air abattu « Pourquoi tu prends toujours la mauvaise décision … ? » Comme de fréquenter les sous-sols de ce bar pour mauvaise graine. Ou de prouver à Gaïa exactement ce dont elle accusait dans son torchon de journal. Ou de participer à ce braquage qui avait tout détraqué. Ou de choisir de rester à Naples pour devenir un moins que rien, plutôt que de le rejoindre à Rome pour tenter de devenir quelqu’un. Quelque chose échappait à Vittorio, et l’empêchait de comprendre comment Nino pouvait s’enfoncer à ce point dans les mauvais choix.
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Message(#)(giovinetti) the one i left at home EmptyDim 12 Aoû 2018 - 17:44

Jamais Nino ne s’était senti coupable d’avoir envoyé des mecs s’occuper de Gaïa après qu’elle ai fait paraitre son torchon dans la presse. Mettre Vittorio plus bas que terre, le faire condamner pour les conneries qu’avaient pu faire ses frères, Nino en particulier. Il avait ce sentiment de justice, de faire le taf pour sauver l’honneur de Vitto. Personne ne salie l’honneur de sa famille, personne ne touche à un cheveu de sa famille. Vittorio avait pu abandonner Nino à Scampia, partir à Rome le laissant seul avec sa mère qui mourrait déjà à petit feu, mais Nino voyait toujours en lui un héro. Ce model qu’il était pourtant incapable d’imiter, incapable de suivre sa trace mais il avait pourtant une grande admiration pour lui. Il était le symbole de la réussite, même s’il avait choisi un camp qui ne plaisait pas forcément au cadet mais au moins, il s’était cassé, il s’en était sortie. Scampia avait cette emprise sur Nino, comme des racines invisibles, bien encrées au sol, il était trop difficile pour lui de partir, incapable, manque de courage sans doute. Il avait bien trop ses habitudes, ses repères, aussi pourris pouvaient-ils être. Il pensait qu’en partant de là, jamais il ne retrouverait un travail, jamais il n’arriverait à s’en sortir. Et pourtant, maintenant contraint de quitter l’Italie, à Brisbane depuis décembre 2016, il se rendait compte qu’il avait peut être mal visé. Qu’il se sous estimait sans doute. Même si sa situation n’avait rien de glorieux, même s’il enchainait les échecs, il ne s’estimait pas trop malchanceux pour autant. Il retombait toujours sur ses pattes, il s’en sortait toujours. « Bien sûr, t'es une victime et t’as rien à te reprocher, comme d’habitude. » Tout semblait si évident aux yeux de Gaia et de Vitto, Nino ne pouvait être que le seul responsable, le big boss de tout ça. Et puisqu’il était sous les projecteurs, puisqu’il n’avait pas de défense, pourquoi continuer à nier. « t’as raison Vittorio, c’est avec plaisir que j’ai envoyé les gars s’occuper d’elle. J’crois que ça lui a servi de leçon même… » Nino se demandait bien pourquoi Vitto était venu jusqu’à ce bar miteux pour le retrouver, pourquoi il l’attendait ici ? Si vraiment Nino ne comptait plus à ses yeux, si son frère était mort, pourquoi toujours venir derrière son cul, pourquoi se pointer ici ? N’avait-il pas mieux à faire ? Juste l’oublier.
Concernant Liviana, autre grand chapitre de la vie des frangins, Nino avait volontairement provoqué son frère à ce propos. Comme s’il n’avait pas suffisamment pris de coups auparavant. Mais à, il se sentait inatteignable. « T’as besoin d’un chien de garde pour assumer ce qui sort de ta bouche ? T’es pathétique Nino. » un regard en direction de Polo. Il n’y pouvait rien si son vieil ami trainait toujours dans le coin. Après tout, Vitto avait pris le risque de venir fouiner dans le coin, en connaissance de cause. . « C’est quoi le problème ? C’est une putain de crise de jalousie que t’es en train de me faire, c’est ça ? » Jalousie sans doute mixé avec de l’incompréhension. Lâcher, abandonné son frère pour venir à des milliers de kilomètre à la recherche d’une sœur qu’il n’avait jamais connu. Une sœur avec qui il n’avait jamais rien partagé. Sans doute une sœur dont le père avait choisi de s’occuper plutôt que de Vittorio. C’était de ça qu’il parlait ? « T’aurais voulu que je t’en parle ? Tu crois que j’aurais pris le risque que ça aussi tu le bousilles ? Tu détruits tout ce que tu touches, demande à Vince. » Une balle dans le cœur, une explosion. Nino serra à nouveau les dents, le poings. Décidément, c’était monnaie courante dès qu’il croisait la route de son frère. Nino était dans la provocation, l’arrogance, la vulgarité, quant à Vittorio, il visait là où ça fait mal. Il avait toujours porté Nino responsable de l’état dans lequel Vince se trouvait à présent, branché à des machines, le maintenant en vie mais à quel prix et surtout pourquoi ? Nino s’était sentie responsable tellement de fois, et en même temps il se faisait croire que Vince avait rejoint le gang de son propre chef. « Et si tu l’avais pas abandonné lui aussi, tu crois pas qu’il s’en serait mieux sortie ? T’étais notre pilier à tous les deux, et en allant à Rome, t’as tout fait foiré. » Essayait-il de s’en convaincre, de se rassurer sans doute, se déculpabiliser. « Mais te voile pas la face, Nino. J’ai pas eu besoin de Liviana ou de Gaïa pour savoir que je préférais te savoir en taule, là où t’étais plus une menace ni pour toi-même ni pour les autres. T’as besoin de personne pour enchaîner les conneries, t’es incapable d’apprendre de tes erreurs et je sais même pas ce qui m’a pris de croire que j’te devais la moindre excuse ! » Voyant de l’autre côté du trottoir Polo qui n’attendait qu’un signal de lui pour traverser la route et s’en prendre au grand gaillard qui le collait, Nino lui fit bien un signal, mais celui de s’en aller. Les yeux brillant de rage, de colère dirait-il mais surtout de remords et de tristesse, ce qu’il ne pouvait admettre. « Pourquoi tu fais ça … Pourquoi tu prends toujours la mauvaise décision … » Il ne pouvait même pas dire qu’il n’avait pas d’autres choix, qu’il venait d’un quartier ou la vie était ainsi, où le destin était écrit dès le premier cri. Il ne pouvait pas dire ça puisque Vittorio était la preuve humaine que tout était possible. Sans voix, sans réponse devant les accusations de Vitto, devant ces vérités qu’il avait énoncées, sans fioriture, droit au but. Nino leva les yeux au ciel, joignit ses deux mains ensemble après avoir glissé sa cigarette entre deux doigts. Le regard vers le ciel, adressé à sa mère, la seule à qui il pensa à présent. Il lui adressa ses pensées. Il lui adressa ses excuses, lui demanda pardon. Vittorio avait presque accusé Nino d’avoir tué leur mère, peut être qu’il n’avait pas si tord. L’italien regarda enfin son frère dans les yeux, reniflant avec peu de grâce cette morve qui coulait de son nez. « C’est comme ça… » fit il avec fatalité. « c’est en moi. Le bon à rien, celui qui fait toujours tout merdé. Ce que j’ai toujours entendu. Ce qu’on m’a toujours dis. » serait-ce une excuse ? Encore une fois la faute des autres ? « j’essaie tu vois. Je trouve un boulot pas trop mal. J’tente de me ranger… d’être clean. Mais j’tombe sur la mauvaise patronne, il en fallait une seule. Ta sœur. » s’il n’y avait que ça. « le pire Vitto, c’est qu’à chaque fois, j’suis persuadé de prendre la bonne décision. A chaque fois j’suis sûr de ne pas avoir d’autre choix. »
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Message(#)(giovinetti) the one i left at home EmptyLun 10 Sep 2018 - 2:18

Donner une leçon à Gaïa. Une leçon qu’elle méritait peut-être de recevoir au fond, comme on méritait un jour ou l’autre de récolter ce que l’on avait semé, mais qui alors donnerait à Nino la leçon que lui aussi méritait de recevoir ? Celle qui le persuaderait d’arrêter de se cacher derrière les excuses ou les actions d’autrui pour justifier ses propres erreurs, ses propres mauvais choix ? Une fois encore au moment d’assumer Nino flanchait, courbait l’échine et jetait un regard de l’autre côté de la rue pour voir si sur le trottoir d’en face on serait prêt à mener ses batailles à sa place. Quant à Vittorio, trop coutumier de cette tendance à jeter de l’huile sur le feu avec ce qu’il avait de plus injuste en magasin, il s’était mordu les doigts autant que la langue à la seconde où le prénom de Vince avait quitté ses lèvres. Trop tard. Et la mâchoire de Nino qui se crispait dans une rancœur palpable, crachant ses reproches comme on jetait un pavé dans la mare de leur amertume commune « Et si tu l’avais pas abandonné lui aussi, tu crois pas qu’il s’en serait mieux sorti ? T’étais notre pilier à tous les deux, et en allant à Rome, t’as tout fait foirer. » Est-ce que c’était comme ça que Vince l’avait vécu lui aussi, comme un abandon ? Comme la mauvaise décision prise pour se sauver lui-même mais qui du même coup avait condamné les deux seules personnes en qui il avait un jour eu confiance ? « Y’a jamais rien eu pour nous à Scampia ! Je serais resté et quoi, je serai devenu dealer de crack ou usurier ? Tu penses qu’on me l’a pas proposé mille fois avant que j’me casse de là ? » Il savait utiliser ses poings le cadet Giovinazzo, toujours fourré sur le ring de l’autre vieux fou, toujours prêt à casser des dents si on insultait sa mère ; Il savait utiliser ses poings et manier les mots, et ça aurait pu leur être utile, à ceux qui tenaient le quartier en tenaille. « C’est trop facile de me donner le rôle du pilier pour me tenir responsable de vos échecs, mais j’ai rien demandé moi. Si Vince avait pas choisi de rester avec cette … cette sangsue, on n’en serait pas là. Il a décidé de rester dans la fange où il a grandi mais t’étais pas obligé de le suivre, t’aurais pu me rejoindre quand t’as eu l’âge mais t’es resté bien tranquillement là-bas, parce que c’était tellement plus facile que d’essayer de devenir quelqu’un. » Et c’était son problème à Nino, c’était ce qui l’avait toujours perdu aux yeux de son frère : cette tendance à aller au plus facile. À l’argent facile, à la reconnaissance facile et à n’importe qui capable de lui jeter de la poudre aux yeux pour lui faire croire qu’il prenait la bonne décision. Mais Nino ne prenait jamais la bonne décision. Essayait-il, seulement ? Longtemps Vittorio avait voulu croire que oui, qu’à force d’erreurs et de mauvaises routes empruntées son frère finirait par choisir la bonne, mais las d’attendre et honteux de l’admettre il avait fini par totalement perdre foi en son cadet. Et il aurait pu lui coller des baffes pour ça, combien de fois il en avait eu envie et avant même que Liviana ne vienne sans le savoir s’immiscer dans toute cette histoire … Mais Vittorio mentait lui aussi, et à cet instant il n’était plus question ni de Liviana ni de Gaïa, il n’était plus question que de son frère et lui, et d’une situation à laquelle il n’avait plus de solution. « C’est comme ça … » avait alors murmuré Nino, le regard se perdant un instant vers le ciel en l’attente d’une réponse qui de toute manière ne viendrait pas. Parce que Dieu avait pris des vacances et n’en avait plus rien à cirer, et peu importe les prières que les deux frangins lui adressaient. « C’est en moi. Le bon à rien, celui qui fait toujours tout merdé. Ce que j’ai toujours entendu. Ce qu’on m’a toujours dit. » Baissant la tête, honteux, l’aîné pouvait encore entendre les mots sortir de sa propre bouche, sans plus savoir si parfois il les avait vraiment pensés. Sans doute que oui, sans doute que c’était ce qui creusait la culpabilité lui faisant regarder le sol pendant que Nino continuait « J’essaie tu vois. Je trouve un boulot pas trop mal. J’tente de me ranger … d’être clean. Mais j’tombe sur la mauvaise patronne, il en fallait une seule. Ta sœur. » S’élevant sans crier gare comme si elle lui échappait, la voix de Vittorio avait raclé un « C’est pas ma sœur. » traînant, le regard toujours vissé au mégot écrasé sous le bout de sa chaussure. Pas sa sœur comme lui était son frère, en tout cas, mais c’était trop de fierté et de pudeur pour qu’il sache le dire. « Le pire Vitto, c’est qu’à chaque fois, j’suis persuadé de prendre la bonne décision. A chaque fois j’suis sûr de ne pas avoir d’autre choix. » Laissant échapper un souffle, Vitto avait secoué la tête avec lassitude. « T’as pas eu le choix non plus, quand tu t’es associé à ces guignols ? » Du menton il avait cru désigner le bonhomme du trottoir d’en face, mais se rendant compte qu’il n’y avait plus que son frère et lui dans la rue il avait reposé les yeux sur son frère. « C’est simple. Si ça enfreint la loi c’est un mauvais choix, c’est tout. » C’était un faux problème et de fausses excuses, à ses yeux. « Tu penses que ça a été facile pour moi ? Que j’ai débarqué à Rome, que j’ai trouvé où loger par l’opération du Saint-Esprit et que j’ai terminé procureur par magie ? Non. J’ai enchaîné les boulots de merde payés au lance-pierre, j’ai dormi dans des églises ou dehors avant d’avoir de quoi payer une caution, mais tu sais quoi ? J’ai jamais eu aucun mal à me regarder dans une glace parce que j’ai jamais rien fait qui aille contre mes principes. Alors n’utilises pas Liviana comme une excuse pour retomber dans des travers dans lesquels tu t’es fourré tout seul. » Réprimant un frisson, le trentenaire avait enfoncé les mains dans les poches de son blouson et haussé les épaules avec lassitude. « Y’a des milliers de boulots ici, des qui n’impliquent pas de traîner dans les sous-sols d’un bar pour regarder des tocards se taper dessus. Tu veux me prouver que t’essayes de te ranger ? Persévère. Arrête d’utiliser le premier échec comme excuse pour retomber dans de sales habitudes. »
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Message(#)(giovinetti) the one i left at home EmptyMar 18 Sep 2018 - 17:42

Vittorio avait trouvé le courage de partir et Nino le lui avait souvent reprocher.  C’était pas faute de se voir proposer à plusieurs reprise de le rejoindre, de se barrer à son tour de ce quartier où l’avenir était flou où chacun avançait à l’aveugle sans pouvoir affirmer de quoi sera fait son lendemain. Personne ne pouvait d’ailleurs avoir la prétention de pouvoir dire qu’il vivrait jusqu’au lendemain. Tous les habitants de ce quartier le savaient mauvais et chaque personne y mettant les pieds était contaminé. La gangrène était bien présente, elle ne s’arrêterait jamais d’agir. En décidant de partir, de tout reprendre à zéro, Vittorio avait tiré un trait sur cette vie, mais pour Nino il avait aussi tiré un trait sur lui. « Y’a jamais rien eu pour nous à Scampia ! Je serais resté et quoi, je serai devenu dealer de crack ou usurier ? Tu penses qu’on me l’a pas proposé mille fois avant que j’me casse de là ? » Et pour autant, il n’avait jamais cédé à la facilité. Nino lui-même avait sans doute proposé à son frère de le rejoindre, de faire des casses avec lui. Jamais il n’avait même essayé de comprendre comment, pourquoi. L’ainé se tenait toujours à l’écart, donnant les bons conseils à Nino mais pour lui, c’était trop tard, il était déjà enrôlé, il avait déjà sa place. Il se sentait fort, inatteignable, irremplaçable. Et pourtant. Aujourd’hui, c’est Scampia tout entier qui est à ses trousses. S’il ose même remettre un pied sur le seul Européen, il en est fini pour lui. « C’est trop facile de me donner le rôle du pilier pour me tenir responsable de vos échecs, mais j’ai rien demandé moi. Si Vince avait pas choisi de rester avec cette … cette sangsue, on n’en serait pas là. Il a décidé de rester dans la fange où il a grandi mais t’étais pas obligé de le suivre, t’aurais pu me rejoindre quand t’as eu l’âge mais t’es resté bien tranquillement là-bas, parce que c’était tellement plus facile que d’essayer de devenir quelqu’un. » Nino se cachait derrière pas mal d’excuses. Sa mère notamment. Il avait toujours dis qu’il resterait à ses côtés, qu’il la laisserait jamais tombé. Et il se souvenait bien des paroles de Vittorio, le laissant presque responsable de la mort de leur mère. Toutes les conneries qu’avait fait le cadet avaient fini par la bouffer, par la ronger jusqu’à la moelle, son corps avait fini par lâcher. A partir de là, c’en était complétement fini par Nino. Si encore sa mère lui permettait de se restreindre dans ses conneries, lui promettant de rentrer chaque soirs, peu importe l’heure, au moins, il avait des rituels, ses habitudes. Une fois qu’elle avait disparu, c’en était fini… « C’était trop facile de se faire de l’argent en faisant rien, t’as raison. Mais quoi si j’étais venu à Rome, il me serait arrivé quoi hein ? J’serai resté dans un appartement à attendre que tu rentres pour ramener de la tune ? Tu crois que j’aurai fais quoi Vitto ? Tu crois pas que j’aurai fini par faire les mêmes choses ? Rencontrer les mauvaises personnes et vendre à nouveau. Ce putain de cercle vicieux duquel j’arrive pas à sortir ! J’ai rien dans les poches, riens dans mes valises. Aucun diplôme et j’suis obligé de mitonner sur mon CV pour qu’on me donne au moins la chance d’avoir un entretien quelques part ! » c’était bien le cas avant de travailler pour Liviana. Il avait dit avoir travaillé en boulangerie avant ça et quelques autres expériences qui étaient toutes bidonnées. « Personne ne veut d’un minable ! » et même si le mensonge du CV pouvait faire office de poudre aux yeux, la réalité le rattrapait bien assez vite. Le manque d’expérience. On lui avait soufflé dans la gueule une bonne paire de fois. Ca n’allait jamais. Sauf peut être lorsqu’il travaillait au Livuel, la patronne, sœur de Vittorio avait fini par lui laisser sa chance, elle s’en plaignait pas, au contraire même et voilà que la vérité éclata au grand jour. Impossible pour l’Italien de ravaler sa fierté et retourner mettre sa tenue de travail. Même pas en rêve. Pour lui, elle n’existait plus. Alors oui, retour case départ. « C’est pas ma sœur. » que Vitto souffla à Nino et pourtant, c’est bien ce qu’elle lui avait dit lorsqu’ils étaient en garde à vue tous les deux. Je suis sa sœur. Mot pour mot et ils étaient bien restés encré dans son crâne. « t’es pas venu ici par hasard. » qu’il ne lui dise pas le contraire et c’est bien ça qui touchait le plus Nino.  « T’as pas eu le choix non plus, quand tu t’es associé à ces guignols. C’est simple. Si ça enfreint la loi c’est un mauvais choix, c’est tout. » Nino pensait qu’en venant en Australie, il pourrait tenter de s’en sortir et finalement, comme il l’avait prévu s’il était allé à Rome, ici aussi il avait fini par tomber avec les mauvaises personnes. En fréquentant le club, il s’était à nouveau mis dans de beaux draps. « Tu penses que ça a été facile pour moi ? Que j’ai débarqué à Rome, que j’ai trouvé où loger par l’opération du Saint-Esprit et que j’ai terminé procureur par magie ? Non. J’ai enchaîné les boulots de merde payés au lance-pierre, j’ai dormi dans des églises ou dehors avant d’avoir de quoi payer une caution, mais tu sais quoi ? J’ai jamais eu aucun mal à me regarder dans une glace parce que j’ai jamais rien fait qui aille contre mes principes. Alors n’utilises pas Liviana comme une excuse pour retomber dans des travers dans lesquels tu t’es fourré tout seul. Y’a des milliers de boulots ici, des qui n’impliquent pas de traîner dans les sous-sols d’un bar pour regarder des tocards se taper dessus. Tu veux me prouver que t’essayes de te ranger ? Persévère. Arrête d’utiliser le premier échec comme excuse pour retomber dans de sales habitudes. » Nino était comme un gosse. Sa colère était dissipée au fur et à mesure de cet échange. Il ne pouvait qu’écouter ce qu’avait à lui dire Vittorio. Il ne pouvait que lui admettre qu’il avait raison. Que foutait-il ici, dans le sous-sol de ce bar ? L’italien souffla un bon coup. Il n’avait pas de mots, il n’avait rien à dire à ça. Il fit un pas en arrière pour s’adosser au mur et laisser aller cette boule de nerf. « J’ai pas ta force. » fini-t-il par admettre. Encore une excuse sans doute qui ne passerait pas aux yeux de Vittorio. « j’suis venu à Brisbane pourquoi à ton avis ? » c’était pas le simple hasard de se retrouver dans la ville où son frère était depuis un moment déjà. « Tu te rends pas compte comme ça a été difficile de te voir sortir de la salle d’audition en sachant que cette fois, t’allais pas me sortir de là. Si j’suis ici et pas à Scampia c’est parce que j’vais m’faire butter la bas. Et que la seule personne en qui j’ai vraiment confiance, c’est toi. » malgré tout. « J’suis incontrôlable quand tout part en vrille autour de moi. »
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Message(#)(giovinetti) the one i left at home EmptyMer 7 Nov 2018 - 20:06

Au fond il y avait quelque chose contre lequel Vittorio ne pouvait rien et qui l’empêchait de comprendre la manière dont raisonnait son cadet : il n’avait jamais véritablement été confronté à l’échec. Rien ne lui était jamais tombé tout cru dans le bec, bien sûr, et tout ce qu’il avait réussi et obtenu l’avait été à force de travail et de persévérance … Mais il n’avait jamais échoué. Jamais entrepris quelque chose au bout duquel il n’était pas réussi à aller, jamais abandonné en cours de route au prix d’excuses telles que « c’est trop dur » ou « je ne suis pas assez doué » qu’il méprisait chez autrui et n’aurait jamais accepté de lui-même. La vérité c’est que l’ego de Vittorio avait plus de poids que n’importe quelle chose susceptible de le décourager, et ce qui était assurément un défaut n’en demeurait pas moins également une force. Force que Nino ne possédait pas, englué dans l’éternel refrain du gamin qui se croyait bon à rien parce qu’on lui avait trop répété plus jeune et qu’il n’avait jamais eu la force ou l’envie d’en prouver le contraire. « Personne ne veut d’un minable ! » Voilà comment son frère justifiait ses échecs et ses mauvais choix, et si la partie de lui qui s’en tenait au sang voulait persuader Vitto de s’appesantir sur la piètre image que son cadet avait de lui-même, l’autre partie de lui – la plus pragmatique – ne pouvait s’empêcher d’être agacée par ses lamentations. Par les lamentations et par cette manière qu’avait Nino de rejeter une si grande part de responsabilité sur Liviana, quant aux yeux de Vitto la jeune femme n’était finalement qu’un grain de sable dans l’océan de leurs problèmes. « T’es pas venu ici par hasard. » que lui avait pourtant opposé son frère avec ce qui ressemblait à de l’amertume, et un regard suffisamment blessé pour faire vaciller un cours instant le juriste. « Je suis pas venu ici pour chercher une famille. » qu’il avait alors rétorqué, plus maladroitement qu’il ne l’aurait voulu, incapable de trouver les mots adéquats pour témoigner de l’absence totale de comparaison possible entre ce qui le liait à Liviana et ce qu’il le liait à ses frères – avec plus de sincérité, malgré les fiascos et les embuches. Malgré la colère qui parfois lui faisait souhaiter sans le penser ne plus jamais entendre parler de Nino, ne plus jamais avoir à se soucier de ce qu’il faisait de sa vie, d’à quel point il la bousillait à coup de mauvaises décisions, et pouvoir se détacher pour de bon de la toxicité qui coulait dans les veines de cette famille qui était la sienne et à laquelle il tentait d’échapper. « J’ai pas ta force. » L’air las, Nino était allé s’adosser au mur derrière eux « J’suis venu à Brisbane pourquoi à ton avis ? Tu te rends pas compte comme ça a été difficile de te voir sortir de la salle d’audition en sachant que cette fois, t’allais pas me sortir de là. Si j’suis ici et pas à Scampia c’est parce que j’vais m’faire butter là-bas. Et que la seule personne en qui j’ai vraiment confiance, c’est toi. » Le regard fixé sur son frère, Vitto avait dégluti sans prononcer un mot, offrant pour la première fois de cette conversation à Nino autre chose qu’un regard teinté de reproches. « J’suis incontrôlable quand tout part en vrille autour de moi. » Les mains glissant dans les poches de son blouson avec une lassitude comparable à celle affichée par son frère, l’aîné était aller s’adosser au même mur en soupirant, l’arrière de la tête reposant un instant contre les briques et l’oeil glissant sur la rue désormais déserte « Tu penses que ça l’a pas été pour moi aussi ? Difficile. » Lentement enfin s’était-il décidé à planter son regard dans celui de Nino « Tu m’as pas laissé le choix, c’était allé beaucoup trop loin cette fois-ci … J’me suis retrouvé impliqué là-dedans, Vince a payé plus que sa part de pots cassés … Ça aurait été quoi la fois suivante ? Braquer une banque ? Flinguer un juge ? J’me suis toujours promis que je te laisserais pas tourner comme Genny, et c’est exactement ce qui était en train de se passer. » Braqueur de banque presque comme certains étaient facteurs ou dentistes, leur frère aîné avait gravi les échelons de la délinquance jusqu’à en faire un mode de vie véritable ; Depuis le fond de sa prison Gennaro restait englué dans sa volonté de suivre le chaos, et s’il en sortait un jour Vittorio n’avait plus aucune illusion quant au fait qu’il ne se rachèterait jamais une conduite et resterait le bandit qu’il était. « Le juriste voulait que tu payes les conséquences de tes actes. Le frère préférait juste te savoir en prison en un seul morceau, plutôt que dehors à continuer de risquer de finir troué comme une passoire au milieu d’un échange de coups de feu. » Mais Nino n’y croirait sans doute pas. À cette solution désespérée pour l’empêcher de continuer à risquer sa vie pour de l’argent qu’il aurait pu tenter de gagner de manière honnête, et de risquer sa vie tout court, en définitive. Soupirant à nouveau, il avait fouillé dans la poche intérieure de son blouson pour en sortir le paquet de cigarettes qu’il gardait pour les « cas d’urgence » - autrement dit pour les moments où ses nerfs en avaient cruellement besoin, et à cet instant précis c’était le cas. En coinçant une entre ses lèvres, il avait machinalement proposé le paquet à Nino, puis le briquet de son autre poche, et finalement repris d’un ton résigné « Tu peux pas sans cesse compter sur moi pour te sortir de la merde, Nino, faut que tu apprennes à prendre tes propres décisions et à les assumer. Si t’as besoin d’aide pour réussir à faire les bons choix je serai là, je serai toujours là … Mais si tu choisis de t’enliser dans les conneries et de te détruire, ça sera tout seul. Je refuse de prendre part à ça. » Là s’arrêtait la « force » dont Nino était certain qu’il était doté. Regarder l’autre de ses frères sombrer pour de bon, c’était au-dessus de ses forces. Secouant sa cigarette pour l’en délester des cendres superflues après avoir recraché une longue volute de fumée, Vitto s’était éclairci la gorge comme pour retrouver un semblant de contenance « Tu vis où en ce moment ? T’as un vrai endroit où dormir ? » Dans un coin de sa tête la possibilité que son frère vive actuellement dans un squat ne pouvait s’empêcher de faire son chemin, et elle lui déplaisait.
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Message(#)(giovinetti) the one i left at home EmptyLun 3 Déc 2018 - 17:05

Une fois de plus, Nino avait cracher à Vittorio ce qu’il avait sur le cœur sans mettre de forme. Il n’était pas fait pour ça Nino, les grands discours, c’était pas son truc. Parler d’ailleurs, c’était pas son truc. Il était plutôt du genre à tout garder pour lui mais au bout d’un moment, ça fini par sortir. Là, poussé à le faire, ça faisait mal aussi. Admettre qu’il n’était pas si dur à cuire qu’il pouvait le dire, pas si fort qu’il en avait l’air. Mais ce que Nino ne comprenait pas aussi, c’est qu’il en fallait peu pour comprendre que derrière sa petite gueule de bulldog, on voyait rapidement qu’il n’était pas bien offensif. Il tentait toujours de garder la face, de rester la tête hors de l’eau, mais il coulait souvent. Il serait peut-être temps pour l’italien d’apprendre à nager et de rejoindre enfin l’autre rive. En admettant ses faiblesses, c’était une façon de dire à Vitto « aide moi ». Mais c’était pas certain que son grand frère accepte une fois de plus de lui tendre la main. Même si cette fois, ce « aide moi » ne voulait pas dire « sors moi de là » pour pouvoir recommencer plus tard, non, c’était dans un vrai but de s’en sortir pour de bon. « Tu penses que ça l’a pas été pour moi aussi ? Difficile. Tu m’as pas laissé le choix, c’était allé beaucoup trop loin cette fois-ci … J’me suis retrouvé impliqué là-dedans, Vince a payé plus que sa part de pots cassés … Ça aurait été quoi la fois suivante ? Braquer une banque ? Flinguer un juge ? J’me suis toujours promis que je te laisserais pas tourner comme Genny, et c’est exactement ce qui était en train de se passer. » Nino s’était toujours promis et avait toujours promis à Vitto qu’il finirait pas comme lui, pas comme leur frère. Qu’il valait mieux que ça. Mais pendant combien de temps ? Vitto avait raison, Nino fonçait la tête droit dans le mur et l’impact aurait pu lui couter la vie. « J’suis désolé pour Vince, j’l’ai toujours été… » culpabilité quand tu nous tiens. Si Vince s’était retrouvé dans ce mauvais coup, c’était bien parce que le Marchetti lui avait proposé. Un gros coup, une grosse liasse de thune après ça et il pourrait enfin payer à sa mère la cuisine dont elle rêvait depuis longtemps et à son petit frère sa voiture pour aller bosser le matin. Mais il avait rien eu de tout ça Vince, ni sa mère, ni son frère. Ils se retrouvaient tous à pleurer sur leurs sorts maintenant. Nino le savait, il savait bien que c’était sa faute et Vittorio lui reprochait surement d’avoir foutu en l’air la vie de son meilleur pote. « Le juriste voulait que tu payes les conséquences de tes actes. Le frère préférait juste te savoir en prison en un seul morceau, plutôt que dehors à continuer de risquer de finir troué comme une passoire au milieu d’un échange de coups de feu. » Nino serrai la mâchoire et détourna le regard de son frère. Au fond de lui, il savait bien qu’il avait raison mais l’idée même de croupir en prison, c’était pas concevable. Il avait rien fait pour ça, comme si, c’était pas sa faute, c’était la faute de ce système pourri. « A Scampia, c’est marche ou crève… » il lâcha entre ses lèvres pincées. « Et si j’y retourne, j’finirai comme tu l’as dit, comme une passoire ! » autrement dit, Vittorio avait pas d’autres chose que d’accepter que Nino reste ici. « J’ai besoin de papier pour rester ici… » était-ce une requête ou juste une information donnée au hasard… Nino regarda la clope que Vittorio avait au bec, et il savait bien que si Vitto fumait, c’était en cas d’extrême besoin de self control. Un pas de travers et il se pourrait bien que Nino se retrouve une fois de plus à terre avec le genou de son frère collé sur la joue. « Tu peux pas sans cesse compter sur moi pour te sortir de la merde, Nino, faut que tu apprennes à prendre tes propres décisions et à les assumer. Si t’as besoin d’aide pour réussir à faire les bons choix je serai là, je serai toujours là … Mais si tu choisis de t’enliser dans les conneries et de te détruire, ça sera tout seul. Je refuse de prendre part à ça. » l’italien pensait au Club dans lequel il s’était retrouvé et maintenant, il avait bien du mal à s’en barrer. Il avait Hannah pour qui il ne pouvait pas partir maintenant et échangeant sa place contre la sienne, en quelques sorte. En gage de liberté, il s’était proposé de la surveillé, laissant ainsi la blonde quitter le Club et Mitchel était satisfait. Impossible d’en toucher un mot à Vittorio, pas maintenant. Il devait d’abord tenter de se sortir de là tout seul. Et ensuite, il pourrait vraiment reprendre d’avoir une vie normale ou tenter d’avoir une vie normale plutôt. C’était quelque chose d’assez inédit pour lui. « Tu vis où en ce moment ? T’as un vrai endroit où dormir ? » Ca allait faire deux ans que Nino était arrivé à Brisbane et Vittorio se souciait maintenant de savoir où il vivait donc… « J’ai un lit ouais… j’ai perdu mon appart après avoir être partie de l’épicerie. J’suis chez une nana depuis quelques semaines. Jusqu'à ce que j'retrouve un taf.» mais c'était pas forcément évident pour le moment mais Nino était peut être sur une piste quand même. « D'ailleurs, j'ai pas les clés de l'appart, du coup, si j'veux pas rester sur le palier ce soir, faut que j'y aille.» fit-il en décollant son dos du mur.
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Message(#)(giovinetti) the one i left at home EmptySam 22 Déc 2018 - 22:45

Ce n’était pas la réponse à laquelle il s’attendait, en mentionnant Genny. Que Nino ne cherche pas à se justifier à la première seconde et préfère rebondir sur le nom de Vince lui avait pincé le cœur autant que nourri son amertume. « J’suis désolé pour Vince, j’l’ai toujours été … » Et bien sûr, bien sûr qu’il était désolé. Et bien qu’il continuait de tenir son cadet pour responsable de l’état irrémédiable dans lequel était leur ami désormais, de cela Vitto n’avait jamais douté. Mais quelle importance, au fond ? Quelle différence cela faisait-il ? Aucune. Vince n’était plus qu’une enveloppe vide, et Nino plus qu’une balance qui valait plus cher mort que vif en terres italiennes … La situation était inextricable, et les conséquences irrémédiables. « À Scampia, c’est marche ou crève … Et si j’y retourne, j’finirai comme tu l’as dit, comme une passoire ! » Que n’avait d’ailleurs pas manqué de lui faire remarquer son frère, un brin de vindication dans la voix, comme si Vittorio avait quoi que ce soit à voir avec ça … Mais pour ça comme pour tout le reste, Nino s’y était fourré tout seul, comme un grand. « J’ai besoin de papiers pour rester ici … » Recrachant une volute de fumée, le juriste avait reporté un regard résolu sur Nino, prenant sur lui de ne pas lui faire directement remarquer qu’il recommençait à geindre pour se faire plaindre. « Alors trouve-toi un boulot. » Marquant une pause, il avait rajouté d’un air entendu « Un boulot légal. » parce que son cadet avait de toute évidence besoin que la précision soit faite. « N’importe quoi, même un boulot de merde, juste le temps de faire renouveler ton visa et ensuite tu verras bien. » Pas d’excuses, pas de « je sais que c’est difficile » qui encouragerait Nino dans son besoin de faire croire que l’univers entier était contre lui et l’empêchait d’agir ; Vitto l’avait prévenu, il ne faudrait plus compter sur lui pour se sortir de la mélasse dans laquelle il s’était fourré par manque d’ambition ou par paresse. Il se refusait à être celui qui mettrait le pied à l’étrier de Nino, son frère avait besoin de grandir et pour cela besoin d’apprendre à réfléchir à ses décisions. Pour autant, et contrairement à ce qu’il laissait sans doute paraître, leur discussion et la terreur qui l’avait traversé l’espace de quelques secondes en pensant découvrir Nino en morceaux dans les poubelles du bar poussaient l’aîné à se soucier de lui savoir un toit sur la tête. Autre qu’un squat ou un plan foireux dont il était certain que son frère avait le secret. « J’ai un lit ouais … j’ai perdu mon appart après avoir être partie de l’épicerie. J’suis chez une nana depuis quelques semaines. Jusqu'à ce que j'retrouve un taf. » À demi convaincu, Vittorio avait néanmoins acquiescé d’un signe de tête, persuadant son cadet qu’il était sans doute temps de prendre congé « D'ailleurs, j'ai pas les clés de l'appart, du coup, si j'veux pas rester sur le palier ce soir, faut que j'y aille. » Jetant son mégot dans le caniveau, il avait suivi le mouvement lorsque Nino s’était décollé du mur et tous les deux s’étaient regardés de cet air un peu gauche qui les faisait penser plus qu’ils n’étaient capable de parler, se dire les choses n’ayant jamais été le fort de leur famille. Vitto aurait aimé ajouter autre chose, pourtant, trouver un mot encourageant ou une parole sincère pour étayer le fait qu’il était prêt à laisser une dernière chance à son frère de lui prouver qu’il pouvait prendre de bonnes décisions … Mais non. Rien ne lui était venu et il s’était simplement retrouvé bras ballants tandis que Nino tournait déjà les talons. « Attends. » l’avait-il alors retenu d’un ton un peu précipité, absolument pas certain de ce qu’il était en train de faire mais extirpant néanmoins de la poche intérieure de son blouson l’une des cartes de visite d’Hibiscus qu’il gardait en réserve et derrière laquelle il avait griffonné au bic son numéro de téléphone – client potentiel ou joli minois à garder sous la main, il fallait être paré à toute éventualité. « Tiens. Si jamais tu as besoin. » Volontairement il avait présenté la carte du côté du numéro rédigé à la main, et attendu que Nino s’en saisisse pour rajouter « Ne me le fais pas regretter. » Pas comme la dernière fois. Pas comme toutes les fois précédentes.
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