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master pretender - So honey now don't be mad Time has told me it can't be that bad And if it is, well, big goddamn but I'll stick around
Ce feu m’a l'air rouge depuis dix minutes, dix heures, dix ans. La musique démodée qui habite généralement l'habitacle de la voiture a laissé place aux tonalités régulières de l’appel que je passe à mon bureau, les deux mains sur le volant grâce aux quelques progrès technologiques qui ne soient pas purement gadget. Marianna décroche rapidement, le feu change de couleur, et je m'engage dans le carrefour tout en démarrant la conversation, rapide retour sur le shooting champêtre où j’ai passé la matinée, l'ordinateur portable sur les genoux, un seul œil attentif aux clichés suffisant amplement à savoir ce qui ira directement dans la corbeille virtuelle. Je n’avais pas concrètement besoin d'être là-bas, mais j'en avais envie, bien plus que de m’enfermer dans un bureau, et l'avantage d'être le haut de l'échelle est la certaine liberté que cela confère durant les journées plus creuses. La prochaine destination n’est toujours pas le bâtiment de GQ. “Vous êtes sûr de vouloir vous déplacer là-bas ? que demande la voix déshumanisée pour la troisième fois en deux minutes. Je peux m'en occuper, vous savez. Un coup de fil et c'est réglé.” Heureusement qu'elle ne me voit pas rouler des yeux à m'en faire une crampe au lobe oculaire. Une assistante peut être si infantilisant par moments. “C'est sur mon chemin, May, ça ne me dérange pas. Juste un détour. Je peux parfaitement me débrouiller.” Cela ne prendra pas plus d'une heure, après tout, je ne compte pas continuer de me balader toute la journée. Un saut, une croix sur l'emploi du temps du semestre, et le tour serait joué. “Vous ne connaissez même pas votre agenda.” Bon point pour la baby-sitter. “C'est pourquoi tu vas me l'envoyer.” je réponds le plus innocemment du monde, et elle sait parfaitement, cette fois, quel genre de sourire d'enfant qui réclame une faveur j’esquisse au même moment. May, toujours dix pas d'avance sur moi, soupire un “C'est déjà fait.” Bien sûr que c'était déjà fait. “Merci.” Prêt à raccrocher sans cérémonie, mon doigt s'arrête dans son élan vers le tableau de bord tandis que mon assistante posé sa traditionnelle question indiscrète ; “Vous étiez quel genre à l'Université ?” Un rictus amusé, je lâche un souffle amusé mais ne répondrais à cela en aucun cas. Le couplet nostalgique ne m'intéresse guère dans la mesure où les années d'études ne sont pas les plus reluisantes de ma vie, quand bien même mon quotidien se partageait plus entre les cours et l'association sportive que de celui des soirées étudiantes. Il n’y a rien d’intéressant à en dire, et le peu qui le soit n’a pas d’intérêt à être abordé. “À tout à l'heure, Marianna.” Ainsi, la musique reprend, et j’arrive aux abords de l’Université une dizaine de minutes plus tard. L’Audi est garée sur le parking, là où elle détonne avec les autos poussiéreuses des élèves, les rangées de vélos, les scooters à stickers. L’entrée est forcément remarquée, mais mon chemin ne bifurque pas jusqu’à l’aile dédiée à l’administration, où je suis attendu; Comme prévu, le rendez-vous ne dure qu’une poignée de minutes, et l’on s’excuse mille fois de m’avoir fait déplacer pour si peu, ce à quoi je prends de moins en moins la peine de répondre, jusqu’à n’esquisser qu’un vague sourire. Une intervention au prochain semestre est planifiée pour les étudiants en journalisme, la suivante à la rentrée prochaine adressée à la filière des futurs stylistes en herbe. Je me sens un peu plus confortable que la première fois à l’idée de prendre la parole devant des étudiants, partager un savoir. La légitimité est là, après tout, et je ne m’enorguille pas de faire de mon expérience parole d'Évangile. Je sors du bureau aussi vite que j’y suis entrée, rebrousse chemin et passe par le campus pour rejoindre le parking, profitant, au passage, de la verdure alentours avant de rejoindre le centre de la ville, les immeubles, le bruit, la fourmilière. C’est en longeant le terrain de rugby que je remarque sa silhouette, reconnais cette tête blonde comme les blés, les sourcils froncés et la curiosité piquée. Un instant, j’hésite à poursuivre mon chemin, ne pas prêter attention, peut-être demander plus d’informations une fois à la maison ce soir. C’est sans compter sur cette pointe de suspicion qui entraîne mes pas dans les gradins, jusqu’à elle. “Joanne ?” je lui souris légèrement, courtoisie de cette partie de moi qui considère quand même que tomber sur elle est une agréable surprise. “C'est un peu loin du musée… tu attends quelqu'un ?”
 
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Retrouver leur quotidien avait été ce qu'il y avait de plus rassurant. Jamie avait eu besoin de crever l'abcès, de dire ce qu'il avait sur le coeur pour qu'ils puissent à nouveau être un couple et non deux individus supposés mariés mais qui gardaient une distance physique considérable entre eux. Elle pouvait à nouveau se lover dans ses bras quand bon lui semblait, l'embrasser dès qu'elle en avait envie. Et dieu sait combien elle avait besoin et envie de son affection. Mais son époux ne semblait pas s'en lasser, ni en être agacé, au contraire. La perte encore récente était impossible à oublier, mais il était temps pour le bien de leur famille de continuer et de persévérer. Personne n'avait perdu espoir pour le moment, mais il y aurait désormais toujours un fond d'appréhension. Jamie savait comment se passait une fausse-couche et il ne voudrait certainement pas réitérer l'expérience une nouvelle fois. Il fallait que ça marche. C'était dans ses pensées qu'elle était lorsque Simon était venu toqué à la porte. "Nous sommes officiellement invités à la ventre d'oeuvres dont vous m'aviez parlée. Mr. Fitz avait l'air assez dubitatif lorsque je lui ai rappelé que je travaille au QAGOMA, mais je lui ai rappelé que nous avons une galerie d'art historique à compléter également." dit-il en se permettant de s'asseoir sur le siège qui était de l'autre côté du bureau de la jeune femme. Il enchaînait les déplacements, ce jour-là, si bien que s'asseoir devenait presque un luxe pour lui. Juste pour souffler cinq minutes. "Ce sera ensuite à vous, et votre expertise, de jouer. Vous avez déjà une idée de ce que vous recherchez ?" "Ce collectionneur est particulièrement secret sur ses biens, je pense que je le saurai une fois que j'aurai poser mes yeux dessus." "Reconnaissez que vous ne seriez pas contre une oeuvre de la Renaissance Italienne." dit-elle en riant, dans le but de la taquiner. "Je le reconnais." admit-elle avec timidité. "Mais laissons-nous surprendre. C'est la semaine prochaine, c'est bien ça ?" Simon acquiesça d'un signe de tête avant de regarder sa montre et constater qu'il n'était pas vraiment en avance. Les dernières modalités allaient être réglés plus tard. Il était temps de déjeuner pour Joanne, et, comme tous les mardis, elle se rendait à l'université. Elle y avait déjà croisé Rhett une fois, mais pas l'ombre d'Hassan. Les semaines défilaient, et toujours rien. Joanne se demandait parfois si c'était bête, cette intention, si elle allait un jour être prise en compte. Elle tentait de tirer les points positifs de cette pause déjeuner. Elle était loin du musée, elle profitait du beau temps et du campus. Elle ressentit un brin de panique lorsqu'elle entendit une voix plus que familière l'appeler. Joanne relevait les yeux et vit immédiatement son mari, un léger rictus aux lèvres. Elle lui rendit le même rictus, avant de se sentir assez embarrassée. "Hi." lui répondit-elle. "Je... Oui." dit-elle pour répondre sa question. Leur précédente dispute, comm la majorité de toutes celles qu'ils avaient pu avoir, était dû aux manques de communication dans leur couple. Ils pensaient ainsi protéger l'être aimé, pour lui éviter de trop souffrir, trop espérer, ou par simple appréhension de la réaction qu'il ou elle pouvait avoir derrière. Ils en avaient tous les deux conscience mais cela ne garantissait pas franchement qu'ils allaient appliquer cette règle de tout se dire. Cela dépendrait des situations, certainement. Depuis qu'ils étaient à nouveau ensemble, ils n'avaient que très peu parlé d'Hassan. Le sujet était surtout évité, pour diverses raisons. Pourtant, il fallait bien qu'ils en parlent un jour, d'une manière ou d'une autre et il semblerait que le moment soit venu. "J'attends Hassan. Juste pour discuter." lui expliqua-t-elle. Joanne n'était jamais à l'aise de parler de lui à son époux. Ce dernier avait en effet une aversion certaine pour Hassan, par le simple fait qu'il était l'ex-mari de Joanne. Bien des choses s'étaient passées depuis, et Hassan avait même fini par lui sauver la vie. Après une brève pause, elle s'éclaircit la voix. "Quand j'ai su que c'était toi, toi et personne d'autre, disons que je n'ai pas été... J'ai été vraiment infâme avec lui et nous nous étions quittés en de très mauvais terme." Joanne aurait pu mettre ça sur le dos de la fatigue accumulée, à veiller sur Jamie et à gérer Daniel à ce moment là. Mais elle préférait admettre que ce n'était que de sa faute à elle et elle avait depuis le poids de cette culpabilité sur ses épaules. "J'étais allé le voir pour... m'excuser, j'avais le bête espoir de tout pouvoir mettre à plat, mais ça s'est vraiment mal terminé, et... Je lui ai tout de même proposé de se rencontrer, juste pour en discuter, quand il en aurait l'envie, la force. Donc je suis là, tous les mardis, il sait que j'y suis, mais il n'est jamais venu pour le moment. Il m'avait bien fait comprendre que je ne devrais pas l'approcher, lui laisser le temps. Alors je me suis dit que le meilleur moyen était cette solution là." Elle haussa les épaules, s'attendant à être réprimandé pour Jamie. "Il t'a sauvé la vie et il est resté avec moi pendant tout le temps où tu étais au bloc, et moi, tout ce que j'ai pu faire, c'est lui faire du mal." Peut-être y avait-il aussi de la maladresse, il y avait surtout le fait qu'elle soit incapable de faire des choix. Elle avait laissé les deux bruns dans l'obscurité pendant bien trop longtemps et ils en avaient tous les deux souffert. Joanne ne se le pardonnerait certainement jamais. "Beaucoup de choses sont pour moi synonymes de nouveau départ. J'ai eu un nouveau travail l'année dernière, nous nous sommes mariés, nous envisageons d'agrandir notre famille, et si nous y parvenons, nous allons devoir trouver une maison plus grande. J'ai envie de laisser derrière toutes ces choses qui ont pu se passer, toutes les erreurs que j'ai pu commettre et qui vous a infligé bien plus de dégâts que je ne l'aurais pensé. Que si Hassan ne veut plus jamais parler, ce serait son choix, sinon, j'apprécierai que nous restions en contact. Je respecterai son choix quoi qu'il en soit. Mais je voulais juste... tout mettre à plat." Joanne n'avait plus de sentiments amoureux pour lui, mais elle avait aussi gâché une belle amitié à cause de ce qu'elle faisait, et surtout, de ce qu'elle ne faisait pas. C'était sa relation telle qu'elle était actuellement qui la bloquait encore. Ce n'était peut-être pas grand chose, mais cela comptait pour elle. Elle avait laissé cette porte ouverte à Hassan, cette opportunité de se faire comprendre et elle finirait par ne plus venir. Joanne savait se montrer patiente, mais s'il ne se montrait pas au cours des prochaines semaines, des prochains mois, le message deviendrait clair pour elle. Elle imaginait déjà Jamie grincer des dents, se mettre en colère pour ce qu'elle pouvait dire. Elle n'en savait trop rien, mais elle appréhendait énormément sa réaction. "Ne te fâche pas, s'il te plaît." dit-elle, le regard, la voix et les épaules plus que bas. Joanne avait horreur des confrontations, des sujets qui menaient forcément à quelques tensions. Elle avait joué cartes sur table et lui avaient pratiquement tout dit, car l'un comme l'autre ne voulait plus qu'il y ait trop de secrets entre eux. Car cela faisait certainement, à terme, bien plus de dégâts que de se raconter à chacun ce qu'il y avait, même lorsque l'on abordait les sujets les plus épineux.  
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Message(#)joamie + master pretender EmptyMar 5 Juin 2018 - 0:27

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Dire que l'éternelle et indécrottable jalousie est laissée de côté sans mal serait mentir, et c'est bel et bien la crainte d'avoir mis le doigt malgré moi sur une quelconque liaison qui me pousse à interroger Joanne sur le coup, à avoir une réponse vite et bien, et le cœur net sur ce qui se passe. Je tente de me raisonner, me rappelant qu'il existe mille et une raisons pour lesquelles la jeune femme pourrait se trouver là et attendre de la compagnie. Depuis le rendez-vous arrangé avec une connaissance liée au travail jusqu'à la nostalgie poussant deux anciens élèves du campus à se retrouver sur des bancs qui les ont accueillis dix ans plus tôt, l'éventail des possibles est bien plus large que ce que mon esprit accepte de scénariser. Parce qu'une partie de moi ne se laisse pas duper par l'autre, optimiste à tort. Parce que je sais qui travaille ici, et qui elle ne m'aurait pas mentionné ce soir en me racontant sa journée. Je sais pourquoi, dans sa surprise de m'avoir vu ici, elle a pâli, prise sur le fait. Et elle l'articule, le nom redouté et pourtant si depuis le départ, comme une évidence plus qu'un simple instinct. Bien sûr qu'elle vient voir Hassan. Mon visage se ferme et mes yeux percent la frêle silhouette de la petite blonde sous mes sourcils froncés. J'en attends plus que ça, un contexte, une explication, une justification qui n'aurait pas lieu d'être s'il s'agissait de qui que ce soit d'autre. Car il ne s'agit pas de n'importe qui, elle le sait. C'est l’ex-mari, celui qu'elle a continué d'aimer malgré le divorce, malgré moi, nous, Daniel, et vers qui elle s'est tournée l'année passée. Mais c'est aussi l'homme qui m’a sauvé la vie, et cela est devenu un argument de poids équilibrant la balance de mon amertume générale à son propos. Ce qui me pousse à écouter, à tenter de me montrer compréhensif, à ne pas m'emporter dans la seconde devant les jeunes qui s'entraînent en contrebas. Dans le fond, je ne suis pas étonné. Joanne ne supporte pas les conflits, encore moins d'être en tort et de ne pas recevoir de pardon. Elle a toujours répété l'importance qu'a son précèdent à ses yeux, et finir ce chemin commun long de si nombreuses années sur pareille note est fort difficile à accepter. Ceci étant dit, il est évident que je n'approuve strictement rien de tout cela. En agissant de la sorte, elle se ridiculise, et l'image de ma femme seule ici toutes les semaines est sévèrement compliquée à digérer pour moi. Je soupire lourdement. "Je ne suis pas fâché." je souffle finalement, bien plus dépité que énervé tandis que je m'installe à côté d'elle -concluant que Hassan ne montrerait donc pas le bout de son nez aujourd'hui non plus. "Je ne suis pas ravi de le découvrir comme ça non plus." Cependant, je saisis aisément ce qui a poussé Joanne à garder ce pseudo-rituel pour elle seule. Le reste m'échappe, et je l'avoue avec un air abattu, haussant les épaules avec résignation. "Je... Je ne comprend pas, je souffle en toute transparence, jouant également cartes sur table en réponse à l'honnêteté de la jeune femme, quitte à ce qu'elle n'apprécie pas, autant que moi et ses révélations. Que tu veuilles te faire pardonner, d'accord. Mais de là à t'humilier toi-même en venant ici toutes les semaines depuis tout ce temps, à rester seule à la vue de tous, à essuyer un nouveau rejet à chaque fois..." Si cela avait été moi, et qu'une idée pareille m’avait traversé l'esprit, j'aurais abandonné depuis longtemps. Mais la ténacité de la petite blonde n’est plus à prouver, son caractère borné qui s'applique d'autant plus dans les mauvaises décisions. L'idée, en soi, me paraît absurde, ce que je me garde bien de partager. Faire le pied de grue et se mettre soi-même dans une position pareille requiert un manque d'estime de soi que j'espérais qu'elle ait dépassé depuis longtemps. Je ne sais quoi en penser. Il n’y a rien d'attirant ou de plaisant dans une personne manquant d'amour propre, cela laisse un goût amer. Je ne peux pas me sentir désolé pour elle ; venir ici chaque semaine est son choix, subir cette solitude aussi, et poursuivre ne dépend que d'elle. Mais cela est d'autant plus dérangeant de constater qu'elle se prête à pareille mascarade de son plein gré, se fichant bien du pathétique de la chose, mendiant l'attention d'une personne qui souhaite visiblement sortir de sa vie. "Tu comptes l'avoir à l'usure, et le faire venir en lui inspirant de la pitié parce que tu te seras flagellée de la sorte pendant des mois ? Tu crois sincèrement que c'est ce qu'il attend de toi ?" Je ne connais pas assez Hasan pour m'avancer, mais en tant qu'homme, je dirais que non. Pour ma part, pareil complètement serait même susceptible d'empirer la situation. Mais encore une fois, il s'agit de Hassan, et cet homme là est un mystère que je ne souhaite pas tant élucider. "Honnêtement, s'il t'as demandé de l'espace et du temps, je pense que tu t'y prends de la pire manière en investissant son lieu de travail régulièrement après tout ça." Il s'agit d'une invasion, d'une manière de s'imposer dans son espace vital, l'endroit où il passe chacune de ses journées et donc l'un des plus importants, mais aussi un lieu où des sujets aussi personnels n'ont pas leur place. Joanne est pourtant normalement douée pour prendre les choses au premier degré et la requête de son ex-mari est claire comme de l'eau de roche. Malgré tout, elle est là. À mon avis, inconsciemment, Joanne le fais plus pour elle que pour lui. Elle fait son chemin de croix tous les mardis parce qu'elle s'en veut, et l'absence d'Hassan est un châtiment supplémentaire. Mais elle en oublie, dans son obsession de la rédemption qu'il lui refuse, que le pardon ne se gagne pas à tous les coups.
 
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Message(#)joamie + master pretender EmptyMar 5 Juin 2018 - 23:38


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L'on disait que l'on s'enrichissait toujours de l'opinion des autres. Il était vrai que partager un point de vue permettait d'aborder la problématique avec un autre regard, une autre manière de penser. Joanne, figée sur ses objectifs, avait tendance à vouloir mettre des oeillères et ne se focalisait que sur sa conception des choses. Cela lui avait porté préjudice plus d'une fois et au vue de la situation actuelle, cela allait lui arrivait encore beaucoup de fois dans le futur, à n'en pas douter. Pourtant Joanne était ouverte d'esprit, elle écoutait et acceptait volontiers l'avis des autres. Parfois un peu trop, d'ailleurs. Jusqu'au point où elle se disait qu'elle pensait tout simplement mal, et que son opinion importait peu. Certes, elle avait eu une éducation correcte, mais avoir un père aussi psychorigide et autoritaire que le sien avait lésé bien des choses. Ce chapitre de la vie d'adultes qu'elle ne parvenait pas à assimiler, à comprendre. Elle appréhendait énormément la réaction de son époux, venant même à lui demander de ne pas s'énerver. Mais ce n'était pas la seule chose qu'elle craignait. Jamie avait la qualité de se montrer franc. Parfois, c'était un peu sec, ou du moins, trop brute pour elle. Elle appréciait cette honnêtement, mais elle se mettait à la craindre durant ce genre de moments. Elle peinait par exemple toujours à digérer la destruction, avec l'aide quelques mots seulement, du semblant du projet qu'elle pensait pouvoir mener à terme un jour. Rien qu'à voir l'expression de son visage, Joanne savait que la suite de cette conversation allait être bien peu plaisante. Cependant, elle appréciait qu'il parvienne à garder autant son calme. Elle le regardait s'asseoir à côté d'elle, puis il reprit la parole pour exprimer son point de vue. Il pesait certainement beaucoup ses mots avant de les prononcer. C'était au tour de son épouse de ne pas comprendre, lorsqu'il parlait d'humiliation. Durant les dernières semaines, Joanne ne s'était pas sentie humiliée. Triste que son ex-mari ne soit pas venu, peut-être un peu déçu, et surtout ce stupide espoir de finir par le voir arriver le mardi suivant. Mais Ô grand jamais ne s'était-elle sentie humiliée ou ridiculisée. Elle ne savait pas quoi dire. Ses iris bleus fixaient principalement ses doigts bien nerveux. Même s'il mesurait ses paroles, chacune de ses phrases était semblable à un véritable coup de massue. Si Joanne avait déjà le coeur lourd, voilà qu'elle avait l'impression que l'on y avait également injecté du plomb. Et comme à chaque fois dans ce genre de situation, la petite blonde se sentait bête. Stupide de ne pas avoir pensé les choses ainsi, de ne pas avoir fait d'autres différemment. Joanne avait horreur des conflits, ou de toute sorte de tension durant une conversation. Elle perdait souvent ses moyens et ne savait pas comment gérer tout ceci. La colère était une émotion qu'elle maîtrisait mal de manière générale. Elle ignorait ce que c'était, d'être véritablement fou de rage, et elle ignorait comment calmer ces sensations. Parce qu'à ses yeux, c'était une émotion négative qui devait être balayée au plus vite. Et ne pas savoir comment s'y prendre alors qu'il s'agissait là en plus d'une personne avec qui elle avait partagé dix ans de sa vie, était frustrant et elle accumulait les maladresses. Joanne, sur le moment, ne trouvait qu'un seul mot pour se décrire, surtout après ce que Jamie ait pu lui dire : pitoyable. Elle restait longuement silencieuse, le regard bas et les lèvres légèrement pincées, ne sachant quoi dire, ni quoi faire. Elle levait parfois les yeux vers lui, avec un sourire un peu pincées. Comme s'il s'agissait d'une tentative peu convaincue de lui assurer que tout allait bien. Jamie n'était pas dupe de toute manière et il connaissait suffisamment son épouse pour ne pas se faire avoir. Joanne cherchait surtout à relativiser toute seule, à accepter tout ce qu'il venait de lui dire. Elle savait bien qu'elle ne pouvait pas se murer dans son silence éternellement. Et son mutisme n’allait pas aider son époux à mieux la comprendre. "Je..." Mais les mots ne venaient pas. Ils s'étaient mis d'accord, qu'ils devaient plus se parler, plus communiquer, qu'il ne fallait pas rester dans son côté par peur de faire endurer trop de choses à sa moitié. Et elle se doutait bien que la technique du "ça va aller, ce n'est pas grave" n'allait pas fonctionner cette fois-ci non plus. "Je pensais que..." Joanne secouait légèrement la tête, les sourcils sensiblement froncés, peu convaincue par le début de sa phrase. Sentir que sa bouche était sèche était particulièrement désagréable. Elle sortait une bouteille de son sac afin de pouvoir en boire une gorgée d’eau. Elle l’avait gardé entre les mains, ses doigts commençant à jouer nerveusement avec l’étiquette. La jeune femme ne désirait pas vraiment poursuivre la conversation, elle préférait passer à autre chose, aborder un sujet plus plaisant. “Je ne suis pas une mauvaise personne.” souffla-t-elle tout bas. Elle tentait surtout de se le persuader. Joanne ne se pardonnait pas vraiment son attitude de l'année passée. Elle prolongeait les moments de silence alors que son esprit fulminait, les engrenages tournant à vive allure. “Je me disais que le fait de montrer que je pouvais tenir un engagement, en étant là, ça montrerait que … Je ne sais pas, montrer une bonne volonté.” Elle haussait les épaules. “J'ai eu tort,visiblement.” Un rire purement nerveux s’échappa de sa bouche. Alors quoi, ne devait-elle plus venir ? Toutes ces semaines sans nouvelles étaient finalement peut-être la manière pour Hassan de lui transmettre qu’elle devait laisser tomber. Elle ne savait plus comment interpréter ses absences. Joanne regardait pendant un instant l’entraînement de rugby en contrebas. “Je n'ai plus rien à faire ici, dans ce cas.” conclut-elle. C'était certainement une mauvaise idée de persévérer en revenant quand même la semaine suivante. Joanne glissait une mèche de cheveux derrière son oreille. “Et je ne sais pas ce qu’il attend de moi.” finit-elle par dire, ressassant chaque phrase de son époux depuis qu’il les avait prononcé. Elle haussait les épaules. “Après ce qu’il t’était arrivé, j'ai tout de suite su que c'était toi, et personne d'autre. Je m’en veux d’avoir dû en arriver là pour que tout me semble plus clair et plus lucide. Et tout était devenu évident pour moi. Je savais que j'allais faire du mal autour de moi. Mais j'aurais pu faire mieux. J’ai été indélicate, rude, irrespectueuse. Tout ce que je voulais, c'était toi. J'ai vraiment maltraité Hassan ce jour là, même les semaines avant ça. Il a été toujours là pour moi et je n'ai jamais su le lui rendre. J’ai même fait tout l’inverse et il ne mérite certainement pas un tel traitement de ma part.” Joanne n'avait pas su montrer une once de reconnaissance quand elle l'aurait pu. À la place, elle l’avait poignardé en plein coeur. “Je voudrais juste savoir. Quelle que soit sa décision, je la respecterai. S'il ne veut plus me voir, je comprendrai. Il faut juste que je sache.” Laisser Joanne ainsi dans le doute ne faisait vraiment pas bon ménage. Elle avait besoin de données, de points de repère. Elle sait se montrer patiente, il n’y a aucun problème avec ça. Mais l’ombre du moindre doute activait ces mécanismes infernaux de l’esprit de la jeune femme, générant beaucoup de choses, mais rien de positif. Réalisant qu'elle commençait à déchiqueter l’étiquette de sa bouteille d'eau, elle la rangea dans son sac avant de faire plus de dégâts. “Allons nous promener.” suggéra-t-elle soudainement. “Je doute qu’il vienne. Et… Je n'ai plus vraiment envie de rester ici.” Joanne était dans un certain inconfort et tout ce qu'elle désirait désormais était de s'éloigner du campus universitaire. Peut-être devait-elle passer à autre chose.  
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Message(#)joamie + master pretender EmptyMar 19 Juin 2018 - 8:54

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Elle a l'air d'une petite fille grondée. Je remarque que mes élans d'honnêteté ont souvent ce résultat. Ou suis-je plus moralisateur qu’objectif, dans le fond ? Je ne sais vraiment plus quoi en penser, comment m'y prendre avec une Joanne qui baisse les yeux à les moindres paroles, et laisse dire et faire comme une vulgaire marionnette, laissant les décisions aux autres -à moi et mes avis tranchés allant rarement dans son sens, car telles étaient nos différences. Être constamment pris au pied de la lettre et asseoir cette influence sur la jeune femme me laisse perplexe. De là à ce que l'avis que j'ai formulé se traduise dans sa bouche en ce besoin de se justifier, de rappeler qu'elle n’est pas une mauvaise personne, il y a un fossé que seule Joanne a l'art de rapprocher. “Personne ne pense que tu l'es.” dis-je, bien que je n'ai pas de preuve de la généralité que j'affirme, j'estime simplement que ceux qui l'entourent ne peuvent décemment pas le penser et que l'opinion du reste n'importe absolument pas. De toute manière, il faut connaître le fond de l'âme d'une personne avant de juger de cette sorte, et toutes les couches d'armure que Joanne impose entre elle et le monde empêcherait qui que ce soit de l'atteindre, décourageant bon nombre de personnes s'y essayant. À côté de cela, de cette obsession de se protéger du monde, elle s’expose sans aucun problème à pareille démonstration de pathétique. Le tout continue de m'échapper, mais il ne m'appartient pas de comprendre les intentions de la petite blonde envers son ex-mari. Quant à la constance qu'elle souhaitait prouver, l'engagement qu'elle voulait tenir, il vole si facilement en éclats que je m'en vois conforté dans l'hypocrisie du geste ; oui, dans le fond, Joanne ne joue ce cirque que pour elle, et il était bien temps d'y mettre un terme. Je ne commente pas, je ne sais pas ce qu'il s’est passé entre elle et Hassan -je ne veux pas le savoir- et mon unique but était d'avoir des explications concernant sa présence ici. Appelons le reste des dommages collatéraux. Pour moi, l'enseignant lui a donné son verdict depuis longtemps, Joanne refuse simplement de le voir, n'acceptant pas l'échec et poussant la situation à l'extrême jusqu'à obtenir gain de cause ; je ne serais pas étonné que l'homme en question soit obligé d'éviter ce coin du campus à toutes les pauses déjeuner du mardi afin de ne pas tomber sur elle, et cela me fait presque plus de peine. Je lâche un soupir, jette un coup d'oeil à ma montre. “Je dois avoir une petite heure avant de devoir retourner à la rédaction, et le mortel en moi meurt de faim. J'allais juste attraper un truc à manger sur la route, rien d'incroyable.” Un sandwich au volant ou à mon bureau une fois arrivé, en somme. Joanne a sûrement déjà déjeuné puisqu'elle est arrivée là avant moi, et j'imagine qu'elle ne s'est pas rendue à l'Université à pied, ce qui nous fait deux voitures pour tout déplacement. Cela n’en vaut franchement pas la peine, et nous coince un peu plus ici pour quelques minutes supplémentaires. L'entraînement poursuit son cours en contrebas ; j'ai toujours préféré le rugby depuis les gradins ou derrière la télévision que dans la mêlée. Mais je me demande surtout pourquoi ce lieu de rendez-vous, quelle est l'histoire ici, quelle est la valeur sentimentale de cet endroit, piétinée des années plus tard. Tout ce que je ne peux pas percevoir ni comprendre, parce que je n'étais pas là, et je ne sais pas ce qu'ils ont en commun, leur histoire dont Joanne n’a jamais fait étalage -avec raison. Il y a tout ce chapitre de sa vie qui me manque, et peut-être, dedans, des clés pour mieux les saisir, mieux la comprendre. Tout ce qu'elle était avant le divorce, avant moi, tout ce dont elle ne parle pas pour d'obscurs montages de raisons étranges. Et je n’ai jamais poussé, pas par manque de curiosité. Parce que sa bouche reste scellée et son regard bas à chaque fois tandis que mon but depuis tout ce temps est de redresser ses épaules. Cependant, le résultat n'y est pas. Je ne fais que me demander ce qui cloche pour que la communication soit toujours si difficile entre nous, l'astuce qui nous échappe. Ce n’est pas faute d'essayer, toutes les façons, toutes les manières. Au final, elle demeure la petite fille qu'on dispute. “Ecoute, concernant Hassan… Fais comme bon te semble, dis-je en haussant les épaules. Le fait est que t'imaginer là, seule, toutes les semaines, est ce qu'il y a de plus triste à mes yeux, et je ne veux pas de ça pour toi. Tu vaux mieux que ça, et tu ne devrais pas te rabaisser à ce genre de stratégie désespérée. Mais honnêtement, je ne sais pas comment ça fonctionne, vous deux. Alors tu peux bien faire comme tu veux.” Il ne manquerait plus que ce soit moi qui lui dise comment renouer avec son ex, après tout.
 
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Message(#)joamie + master pretender EmptyJeu 21 Juin 2018 - 16:16


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Elle avait toujours porté énormément de crédit aux paroles de Jamie. Peut-être même un peu trop. Pour elle, il avait forcément raison, même si son opinion allait totalement à l'opposé de ce qu'elle pouvait penser. Alors elle acceptait, elle se résignait et préférait passer à autre chose d’agrémenter leurs discordes. Peut-être que Jamie aimerait un jour la voir s'opposer à son avis, voir un peu ce qu'elle avait dans le ventre. La rétrospective de son comportement envers Hassan et Jamie l'année passée la poussait à croire qu'elle n'était peut-être pas quelqu'un de bien. Elle faisait ce qu'elle pouvait pour se racheter envers son ex-mari, mais les retours n'avaient rien de positif jusqu'ici. “Je ne pense pas qu'il soit de cet avis là.” lui répondit-elle. Elle haussait les épaules, presque dépitée. Elle n'avait jamais beaucoup parlé de lui ou de sa relation avec lui pour la simple et bonne raison que Jamie n'appréciait pas Hassan. Peut-être un peu moins depuis qu'il lui avait sauvé la vie. Joanne était persuadée que son mari ne voulait rien entendre de sa relation avec lui. Mal à l'aise, elle préférait encore partir du campus, se promener ailleurs durant le temps imparti avant que chacun ne retourne au travail. Mais Jamie laissait comprendre que cela n'en valait pas la peine, et ils ne bougeaient donc même pas du gradin. La petite blonde lâcha un soupir. Faire quelques pas ne leur aurait pas fait de mal. A la place, il préférait continuer à regarder les joueurs de rugby en contrebas. Il n'avait pas la moindre idée que, quelques années plus tôt, c'était Hassan qui s’entraînait à leur place. Bien qu'il venait d'étaler son point de vue, et qu'il me continuait, le beau brun insistait sur le fait qu'elle pouvait bien faire ce qu'elle voulait. Joanne leva les yeux ciel un bref instant. “Je ne pense pas que tu aies envie de savoir comment ça fonctionne.” finit-elle par dire en levant les yeux vers lui. “Ta mâchoire se crispe rien qu'en entendant son nom.” Un petit détail, pas grand chose, mais elle le remarquait à chaque fois. Il n'aimait tout simplement pas parler de lui. Même si Hassan était devenu l'homme qui lui avait sauvé la vie. “Alors oui, c'est désespéré, mais je ne sais pas ce que je pourrais faire d'autre. Jamais Il ne viendrait sonner à la porte tout en sachant qu'il y a une chance sur deux que ce soit toi qui ouvre. Je doute même qu'il ferait le déplacement. Tu as peut-être raison sur le fait que je devrais arrêter là. Et peut-être qu'il n’y a pas de solutions, du moins, pas comme je pouvais l’espérer et qu'il va falloir que j’apprenne à faire avec.” Une étape qui allait certainement être très difficile pour elle. Après tout, Hassan n'avait pas pointé le bout de son nez une seule fois et Joanne se devait d'admettre, malgré sa persévérance, que chaque semaine écoulée réduisait considérablement la probabilité qu'il vienne. Elle appréciait que Jamie se soucie autant d'elle. Il ne souhaitait que le meilleur pour elle, lui montrer qu'elle valait beaucoup mieux que ce qu'elle pouvait penser, mieux que ce que reflétait sa prétendue détermination à venir s'asseoir sur les gradins du terrain de rugby tous les mardis. Certes, il y avait amélioration vis-à-vis de sa confiance en soi, les mois en étant mère célibataire l’ayant considérablement fortifiée, mais elle reste un work in progress. Rome ne s’était pas faite en un jour et reconstruire l'estime de Joanne était en comparaison un travail gargantuesque et de très longue haleine. “Tu étais plutôt dur tout à l'heure, dans ce que tu as dit.” finit-elle par dire après un moment de réflexion, après avoir repensé au début de leur conversation. “Je comprends ton mécontentement en l’ayant découvert et tu sais que j'apprécie ta franchise." Elle le fixait, les yeux dans les yeux, ses sourcils légèrement froncés. “Et je me doute bien que tu pesais beaucoup tes mots parce que tu m'aimes. Mais ça ne m'empêche pas de deviner ce que tu penses réellement.” Ils peinaient à communiquer tous les deux, et malgré les nombreuses ombres qu'ils ne partageaient, ils se connaissaient et parvenaient à se comprendre. “Désespérée par rapport à lui, je le suis. Mais me dire que je suis humiliée… Peut-être que je m’y prends d'une très mauvaise façon, me le faire comprendre comme tu viens de le faire… Rien que par ces paroles, je devine que tu me trouves pitoyable, là, maintenant. Je suis certaine que ce mot t’ait traversé l'esprit. C'est ce que tes phrases laissent transparaître, c'est comme ça que je le comprends. Et savoir que mon mari ait pu penser ça de moi ne serait-ce qu'une seconde, c'est particulièrement blessant.” Elle en mettrait sa main à couper, que cet adjectif lui soit passé par la tête. Que Jamie ait raison ou tort importait bien peu sur le moment. Le fait était que son honnêteté l'ait poussé à être indélicat dans le choix de ses phrases.  “Je te crois, quand tu me dis que je vaux mieux que ça, que tu ne veux pas de ça pour moi. Et tu sais que j’y travaille encore, pour me reconstruire, pour que ça continue d’aller de mieux en mieux, et je sais que tu m’y aides beaucoup. Aujourd'hui, comme tous les mardis, c'est peut-être un loupé. Il y en aura certainement d'autres, des loupés. Et tout ce que tu as dit, peut-être même pensé avant sans oser me le dire, ça n’a absolument rien d’encourageant. Ça a même eu tout l'effet inverse.” On pouvait dire que Joanne était au moins contrariée. Blessée, pour sûr; vexée, très certainement. Peut-être qu'il cherchait justement à la faire réagir, mais elle doutait qu'il tienne à ce qu'une dispute éclate en public. Le beau brun était quand même soucieux des apparences, on lui avait appris à vivre ainsi. Il préférait gérer les crises à la maison. Il n’y en avait pas beaucoup, parce que Joanne avait la fâcheuse tendance à se plier trop facilement. Il ne serait certainement pas contre quelques éclats de voix, qu'elle s'exprime un peu plus sur ce qu'elle pense plutôt que de se murer dans son silence - une pratique qu'elle maîtrisait à la perfection. Les lèvres pincées, son regard perçait celui de son époux. Ce n'était pas tous les jours qu'elle parvenait à le fixer ainsi sans finir par fuir son regard.
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Message(#)joamie + master pretender EmptyMer 27 Juin 2018 - 9:49

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Honnêtement, l'avis de Hassan concernant son ex-femme m'importe bien moins que la principale concernée, voire pas du tout, et bien que je considère qu'elle ne devrait pas tant en faire je comprends l'importance que cela peut avoir à ses yeux. Mais ils ne sont plus, ni l'un ni l'autre, celui ou celle avec qui ils avaient partagé leur vie pour un temps. Et tandis que je m'enfonce dans cette histoire dont je n'ai jamais su que les grandes lignes, je réalise peu à peu que je m'aventure sur un terrain inaccessible, un champ de bataille qui ne devrait pas être le mien, et des problématiques qui ne me regardent pas vraiment. Malgré tout, je les prend à cœur, parce qu'il y a ma femme d'un côté du ring, quelqu'un auprès de qui je tente de faire amende honorable de l'autre ; bien sûr, je serais toujours du côté de Joanne, mais elle ne sait pas elle-même comment mener son combat et la voir s'y prendre comme un manche a quelque chose de profondément agaçant. Autant que sa manière de répondre au très simple feu vert que je m'efforce de lui donner sans plus m'attarder sur cette affaire. « Certes. Et je n’ai pas dit que j’en avais envie. » je réponds en secouant la tête, ayant déjà confessé ne pas comprendre et acceptant de m'en tenir là les concernant. M’en mêler fait largement plus de mal que de bien, pour elle et pour moi, mais je me rends bien compte qu'il est trop tard pour faire marche arrière, qu'aucun coup de gomme n’est applicable aux dix dernières minutes de cette journée et que je suis dans ce débat jusqu'au cou. « Il a ton numéro, que je sache. S’il veut revenir vers toi, il sait comment te contacter. » j'ajoute avec un soupir las. C'est pourtant aussi simple que cela. De l'espace et du temps. Le sujet clos à mes yeux, je ne m'attends pas à ce que Joanne tienne à remettre une couche, revenir sur ce qui a été dit, elle qui voulait fuir le lieu même trente secondes plus tôt. Encore moins pour m'accuser, moi. Et à cet instant, oui, alors qu'elle me renvoie la bienveillance dont j'ai voulu faire preuve envers elle en la conseillant, en articulant chaque mot avec une précaution démesurée, ma mâchoire se serre et mon regard se durcit. Je l'ai trouvée pitoyable, je n’ai rien dit. Penser est visiblement mon crime. Le raisonnement est ridicule, sans le moindre sens, et qu'importe à quel point Joanne use et abuse de sa petite voix, cela ne change rien à l'injustice que je ressens en recevant le revers d'une énième tentative de ma part de la faire aller de l'avant, la secouer et l'empêcher de constamment s'écraser. Ce que je veux, c'est qu'elle aille mieux -et bien plus vite que ça. Qu'elle soit enfin qui elle est supposée être. Et ce n’est pas la pauvre âme esseulée qui hante les gradins de son adolescence. « Et qu’est-ce que tu aurais voulu que je dise ? Comment je dois m’y prendre ? » je demande, sans plus prendre la peine de mesurer mon ton puisque cela ne sert à rien, puisque le moindre effort ne reçoit pour reconnaissance qu'un “finalement c'est pire”. Écœuré, à quoi bon la ménager ? « Si c’est ce que je pense à travers ce que je dis et que la manière dont je l’exprime ne change rien, alors qu’est-ce que je suis supposé faire ? Parce que oui, t’imaginer ici régulièrement comme ça, à mes yeux, c’est pitoyable et indigne. Je ne peux pas y songer autrement. Si tu ne veux pas que je pense des choses pareilles, alors ne les fais pas, et si tu les fais quand même, alors ne me blâme pas d’avoir un avis sur la question. » C'est qu'on en oublierait à quel point tout ne va que dans un seul sens dans le monde de Joanne ; les autres qui doivent comprendre, brosser dans le sens du poil, prendre garde à chaque mot sous peine de flots de larmes accusateurs, culpabilisateurs, pour punition à la moindre erreur. Et elle, libre de se permettre d'être exigeante, susceptible, de prendre les émotions de son entourage pour otage. « Je fais au mieux pour te ménager et t’encourager, j’essaye vraiment de me montrer compréhensif et de te pousser vers les choses qui te seraient bénéfiques. Si je ne m’y prends pas de la bonne manière, je suis désolé. Mais je ne sais pas faire autrement. » D’ailleurs, il n’y a que pour elle que je m’encombre d’autant de précautions. Il faut dire qu'en comparaison avec le reste des femmes dont je m'entoure, la petite blonde est la brebis galeuse ; pourtant c'est elle que j'aime, contre toute logique, et c'est elle que j'ai épousé sans le regretter une seule minute. Même lorsqu'elle me donne des allures de tortionnaire dans son univers en labyrinthe de miroirs, fragile comme du cristal. « Ce n’est pas auprès de moi que tu trouveras quelqu’un qui va te conforter dans une sorte de victimisation, je reprends, visiblement contrarié de constater que Joanne demeure incapable de saisir la manière dont je fonctionne malgré nos années ensemble. Je ne vais pas te faire croire que c’était l’intention qui comptait, te donner une tape dans le dos et te laisser filer vers ton prochain élan de naïveté comme si tout allait bien. Ca, c’était ce que tes parents faisaient, et le résultat c’est que tu ne sais strictement rien encaisser dès lors qu’on cesse de te surprotéger. » Qu'elle leur tienne tête aujourd'hui ne change rien aux dégâts d'hier, de tout ce temps dans une bulle inadaptée aux hauts et aux bas qui l'attendaient passés quinze ans. Je songe que parfois, quelques claques de la vie pendant ces jeunes années, celles qui font mal et laissent des blessures à jamais, ont au moins le mérite de forger un être dans un matériau plus solide à chaque fois. Quant à la facilité, elle n'apporte jamais rien de bon. Néanmoins, le passé ne peut pas être refait, Joanne est ainsi et me donne bien du fil à retordre. Je soupire à nouveau. « Alors honnêtement, si mes efforts ne conviennent pas, je ne sais pas ce qu’il te faut. » Et ne sais parfaitement qu'elle ne le sait pas non plus.

 
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Message(#)joamie + master pretender EmptyJeu 28 Juin 2018 - 12:08


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Leur couple ne manquait pas de contradictions et de bien nombreux paradoxes animaient leurs quotidiens. Le plus notable était certainement le fait qu'ils voulaient à tout prix se connaître par coeur, et pourtant, il y avait des épisodes de leur vie respective qu'ils ne se racontaient, et dont ils n'auraient jamais l'envie d'en parler ou de l'entendre un jour. Les dix ans passés aux côtés d'Hassan en faisaient partie, tout comme Jamie n'allait pas certainement déblatérer sur ses multiples conquêtes alors qu'il était en manque d'amour durant l'année passée. Ils se feraient du mal, ils se briseraient mutuellement le coeur. Joanne ne voulait pas en savoir plus sur Emma, ni qu'il revienne sur la période où il fréquentait sa psychologue, et lui ne voulait pas entendre parler d'Hassan. Le beau Lord préférait d'ailleurs rapidement conclure la discussion en lui rappelant que son ex-mari avait de toute façon ses coordonnées et qu'il ne manquait pas de moyens s'il désirait un jour reprendre contact avec elle. Joanne ne put qu'approuver d'un signe de tête. Il n'y avait plus rien à dire à ce sujet, il était conlus. Mal à l'aise, la petite blonde passait sa main dans sa nuque juste avant de partager quelques unes de ses pensées à son époux, touchée qu'il puisse avoir un avis si péjoratif à son égard. Elle avait horreur des confrontations, des conversations tendues qu'elle pouvait échanger avec lui. Ca l'angoissait, elle ne savait pas quoi dire, ni quoi faire et peinait à gérer ses émotions de l'instant présent. Les mots du beau brun étaient blessants, mais surtout percutants. Il ne pouvait pas lui dire ce qu'elle voulait ou accepterait d'entendre, car cela n'irait pas dans le bon sens. Cela ne serait absolument pas bénéfique pour elle de continuer à la laisser dans cet univers que ses parents avaient involontairement construits autour d'elle. Jamie voulait qu'elle se révèle, qu'elle montre ce qu'elle avait véritablement dans le ventre, ce qu'il avait pu entrapercevoir lorsqu'elle avait repris sa vie en main, en jonglant avec sa vie de mère célibataire et de conservatrice avec brio. C'était la Joanne là, qu'il voulait continuer à voir, pas celle qui baissait les épaules à la moindre difficulté, qui se laissait abattre par la moindre critique. Il avait cet objectif là en tête depuis bien longtemps. Lui qui avait l'habitude des femmes à bien plus fort caractère, dont il appréciait leur présence et leur compagnie. "Je l'ignore." souffla-t-elle tout bas lorsqu'il lui demandait, rhétoriquement, comment il aurait du s'y prendre. Il ne faisait part que de sa plus grande franchise, de son honnêteté. Ses mots n'étaient pas tendres, mais ils n'étaient pas non plus durs. Il y avait ce juste milieu, ce ton adapté malgré le mécontentement qu'il affichait. C'était la vérité, une réalité que Joanne ne parvenait pas à surmonter, voire même à admettre. Qu'il lui en parle en tant que tel, directement, l'ébranla. Elle n'était plus alors certaine de la manière dont on pouvait définir le mot dignité. Quand était-on digne ? Qui l'était ? Pourquoi ? Ne l'était-elle vraiment pas ? Des questions aussi existentielles que philosophiques. Jamie avait la ferme intention de ne pas jouer la même mascarade que les parents de sa bien-aimée, un bateau mené depuis les premiers jours de sa naissance et qui l'avait empêché de se forger, de construire sa véritable personnalité. S'ils l'avaient laissée un peu tranquilles, comment serait-elle désormais ? Une vague de questionnement la bousculait de toute part, généré par le discours de son époux. Son esprit était tellement en fusion qu'elle en restait muette, incapable de parler et de penser en même temps. Elle entendait ce que voulait dire Jamie, elle le comprenait très bien. Elle avait conscience que ses parents en avaient toujours fait trop avec elles – alors qu'ils n'étaient pas aussi excessifs avec Reever et Adele. Elle, elle s'était sentie envahie à cause de leur surprotection mais elle n'avait certainement jamais réalisé jusque là que cela avait eu un tel impact, pour qu'elle devienne la personne qu'elle était actuellement. Et Jamie s'était lancé dans cette quête, dans l'espoir de changer la donne et de rattraper la plus grosse erreur que les parents Prescott aient pu faire. Il ne critiquait pas, il ne faisait que part de son constat. Joanne se surprenait à ne pas être en larmes, d'être dotée de ce self-control là. Elle aurait pu être en pleurs depuis bien longtemps, depuis le début de leur conversation, mais ce n'était pas le cas. A la place, elle levait les yeux vers l'homme qu'elle aimait tant. Elle se sentait presque désolée d'être ainsi, d'avoir ce tempérament – ou plutôt le fait de ne pas vraiment en avoir –, tous ces défauts qui agaçaient son époux. Pourtant, il était toujours, assis à côté d'elle, avec la ferme intention de garder l'alliance qui entourait son annulaire gauche. "Je veux savoir encaisser." dit-elle finalement, en le regardant. Plus facile à dire qu'à faire, ça, elle ne le savait que trop bien. Ca n'allait pas être une partie de plaisir. Pour elle, cela signifiait qu'elle pouvait devenir quelqu'un de meilleur. Elle ne voulait pas qu'elle se mette à nouveau dans une situation que Jamie jugerait pathétique. Pour Joanne, elle l'avait déçu. Ce n'était pas ce qu'il voulait d'elle, ni pour elle. "Je savais que mes parents ne faisaient peut-être pas tout comme il faut, mais... Jamais je n'aurais pensé que cela impacterait autant sur celle que je suis. Quand on le vit, quand on est en plein dedans, je suppose que l'on a un peu la tête dans le guidon et qu'il est difficile de constater l'ampleur des dégâts." Que Jamie le verbalise clairement lui avait été d'une grande aide. Il en avait certainement d'autres, des choses à dire à ce sujet et Joanne se sentait relativement prête à les entendre. Parce qu'il le fallait. Elle aimait l'univers qu'elle s'était créée depuis toute petite, mais il ne concordait plus avec son quotidien actuel. Elle acceptait enfin de l'ébranler, de le modifier, de se rapprocher enfin d'une réalité qui lui correspondrait bien plus. C'était un effort considérable, mais elle se devait de le fournir. Elle mentirait si elle disait que cela ne lui faisait pas un peu peur. Mais elle était prête à le faire. Pour Jamie, pour leur fils, et surtout, pour elle. Il était temps qu'elle raye certains vices de ce qui la décrivait. "Continue de faire comme tu le fais déjà. Ne change rien." lui souffla-t-elle avec un sourire discret, mais sincère, après un très long mutisme. "S'il te plaît." Elle devenait plus sérieuse, faisant là comprendre que c'était une véritable demande. Sa main venait délicatement chercher la sienne. "Je sais que je suis loin de te faciliter la tâche. Et qu'il y aura encore beaucoup de choses que je n'aimerais pas entendre. Mais il faut que je les entende. J'ai besoin de savoir si ce que je fais est bien, ou moins bien." Car Joanne avait sa propre vision des choses, et c'était très souvent bien différent de ce que les autres pouvaient penser. "Je veux y arriver." Joanne continuait son travail sur elle et c'était un aspect sur lequel elle ne s'était jamais penchée. Il y avait déjà tant de labeur ailleurs et elle avait pu s'améliorer sur plusieurs points, mais le plus dur était encore à faire. "Nous aurons certainement d'autres conversations comme celle-ci, et ça me fait mal au coeur d'avance. Mais s'il le faut..." So be it. Elle haussait les épaules, faisant comprendre la qu'elle se sentait prête à passer ces moments qu'elle voyait comme des épreuves. "Il faut que j'avance." admit-elle, bien songeuse. Jamais plus elle ne voulait qu'il ne la qualifie de pathétique, ou d'indigne. "S'il y a encore des vérités dures à entendre – et je sais qu'il y en aura –, je préfère que ça vienne de toi." Parce que c'était Jamie, c'était l'homme qu'elle aimait et celui qui avait épousé. Des arguments amplement suffisants pour rendre le tout tolérable, et plus acceptable. Tout comme lui qui arrivait à gérer ses réactions, parce que c'était elle. "C'est moi, qui suis désolée." Elle déposa une main tendre sur sa joue, espérant que cette querelle du jour finisse par passer. "Parce que Jamie Keynes n'a pas pour habitude de s'excuser." dit-elle avec un léger sourire amusé. Il n'aimait pas les excuses, ni en entendre et ni en dire. Pour lui, c'était inutile, cela ne changeait rien. "Et je sais qu'il n'aime pas en entendre non plus, mais je veux qu'il sache que je suis désolée quand même." lui souffla-t-elle en plongeant son regard dans le sien.
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Message(#)joamie + master pretender EmptyMar 17 Juil 2018 - 19:12

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Comme prévu, elle l'admet ; Joanne ne sait pas plus que moi qu'elle est la formule magique à articuler pour s'exprimer sans heurter sa sensibilité, et dire que le handicap est de taille serait un euphémisme. Fournir l'effort de peser mes mots, les réfléchir autant que possible et m'adapter du mieux que je le peux n’est pas problématique à mes yeux ; c’est mon compromis, ma pierre à l'édifice de cette relation qui ne peut que mieux fonctionner si chacun y met du sien en toute bonne foi. Et je le peux, je le veux, car je ne suis pas sans failles non plus. Car j'ai mes défauts, mes propres problèmes avec lesquels la jeune femme doit également composer au quotidien, et qui nous ont mis des bâtons dans les roues auparavant. Cet échange, cette dynamique, ces efforts doivent aller dans les deux sens. C'est donc l'ingratitude de la petite blonde, teintée de susceptibilité à fleur de peau, qui me fait réagir au quart de tour. M’adapter, certes, mais je ne peux me changer pour elle, je ne le ferais pas. Renier ce que je suis, ce que je pense, mes principes, mon tempérament. Elle le sait que c'est impossible. De même, je ne lui demande pas d'abandonner tout ce qui la qualifie. Je cherche l'équilibre, l'harmonie qui nous a constamment manqué. Ses attentes, ses besoins et les miens posés sur un socle commun, le regard tourné dans la même direction. Je ne veux ni son mal, ni la dénigrer ; je suis son partenaire, son copilote. Mon devoir n’est ni plus ni moins que de la garder sur une trajectoire qui la rend heureuse, l'inciter à corriger si nécessaire. À ma manière. Encore faut-il qu'elle l'admette et qu'elle l'accepte, qu'elle cesse de percevoir toute parole, tout avis, tout regard de ma part comme ennemi. C'est oublier l'affection, l'amour et le fond de bienveillance avec lequel nous nous accompagnons l'un l'autre au quotidien. Je soupire, muré dans le mutisme de celui qui préfère se taire plutôt que de risquer d'empirer les choses. Je ne souhaite pas partir là-dessus, mais je n’ai rien à ajouter ; la balle est dans le camp de Joanne. Alors j'attends. Des larmes, un mot. Qu'elle me demande de la laisser, qu'elle enfonce encore le clou -que je sache à quoi m'en tenir, en somme. Mon regard s'est posé que les étudiants en contrebas sans réellement y prêter attention. Puis ma tête se tourne et mes yeux glissent sur la jeune femme qui sort finalement du silence. Les parents qui spoilent, je connais. La pire espèce s'occupait de ruiner nos vies à Oliver et moi pendant que ceux de Joanne lui forgeaient une cage dorée comme celle d’un précieux rossignol. Ils sont le début de tout, ceux qui tapent sur le métal chaud et malléable. L'une fine et complexe, l'autre brut et anguleux. “A qui le dis-tu…” je souffle. J'aurais aimé profiter d’Edward et Marie comme de véritables parents, mais l'occasion ne m’en a jamais été donnée. Aujourd'hui, ils ne sont plus là. Joanne, elle, a été étouffée et suffoque encore aujourd'hui des manques d'hier. Cependant, changer cela ne dépend que d'elle. Ce qui me surprend, c'est de l'entendre réclamer ma franchise finalement. Et pour une fois, je ne lui en veux pas de demander pardon. Je passe une main par ses cheveux, frôle sa joue avec mon pouce, et lui adresse un fin sourire. “Ce n’est rien. ” dis-je tout bas. Je ne suis pas en colère. Tendrement, je dépose un baiser sur ses lèvres, lui assurant ainsi que tout va bien. Quelques secondes, je poursuis mes caresses sur sa joue. Je sais que je ne peux pas la laisser prendre tout le blâme et m'en sortir si bien. J'ai toujours conscience que mes mots sont durs, percutants, parfois compliqués à digérer. Cela est d'autant plus vrai pour Joanne, rarement épargnée lorsque j'ai quelque chose à reprocher. “Je deviens exigeant avec ceux auxquels je tiens, j'explique, les coudes à nouveau appuyés sur mes genoux, mains jointes. Je vois le meilleur en vous, en toi. Et ça me frustre tellement, ça me rend dingue, de constater que tu ne le vois pas comme moi.” Tout ce dont Joanne est capable pour s'écraser, se déprécier, l'énergie qu'elle dépense à douter d'elle plutôt qu'à se pousser à se faire confiance, ces qualités gâchées, cette bonté qui se flétrit derrière toutes les craintes qu'elle alimente sans raison. Ce potentiel, cette lumière, ce rayonnement en elle demeurent prisonniers. J'en suis témoin et rarement suis-je en mesure d'y faire quoi que ce soit. Jusqu'à présent, ni les actions, ni les initiatives, ni les mots ne sont parvenus à faire sauter ce verrou. “Et, tu le sais, j’ai du mal à être très délicat dans ce cas.” j’admets, parce que tempérer n’est pas mon fort et la patience me manque souvent pour me faire comprendre. “Tout ce que je te souhaite, c’est que tu parviennes un jour à voir que tu vaux largement mieux que tout ce que tu peux penser. Tout sera tellement plus simple pour toi le jour où tu pourras t’estimer à ta juste valeur.” Quand elle saura ce qu'elle vaut, ce qu'elle veut, quand elle n’aura plus besoin qu'on acquiesce pour elle, qu'on valide sa personne pour qu'elle se sente bien dans son corps, dans sa tête. Quand le menton est haut, le regard franc, la parole claire. Le monde paraît s'ouvrir sous un nouveau jour uniquement composé de possibles. Je n’estime pas moins celle qui partage ma vie, dans toute sa fragilité. “Si tu as la volonté d’aller de l’avant, tu pourras toujours compter sur moi. Comme tu l’as fait pour moi. ” Un jour, il y a eu un homme perdu qui a terminé sa soirée dans un poste de police. Quelqu'un qui ne tenait qu'à un fil. Il avait la colère pour moteur et perdait toute son énergie dans cette rage qu'il croyait nécessaire à sa survie. Il ne croyait en rien, il perdait foi en lui-même. Et puis Joanne l’a remis sur pieds, quitte à épuiser sa magie, perdre son étincelle. Puis elle l’a épousé. Alors c'est à moi de le lui rendre en retour. Mon bras passe par dessus ses épaules afin de l'étreindre tendrement. Mes lèvres collent un baiser sur sa tempe. “Mais ne change pas, jamais , je souffle tout bas. Reste toujours mon petit ange. C’est comme ça que je t’aime.”

 
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