Janvier 2019

Elizabeth avait passé une nuit terrible. Avoir découvert qu’Eva s’était tapé son frère, non, c’était trop…Elle avait toujours été respectueuse envers elle. Elle ne lui avait jamais fait aucune crasse. Et la voilà comme une fleur lui annonçant qu’elles auraient pu être belle-sœurs. Elle n’avait pris aucune pincette, elle n’avait manifesté aucun tact. Elle avait du se servir de ce pauvre Tommy, au cœur blessé mais généreux. Son frère ne méritait certainement pas cela. Il avait encore plein d’amour à offrir et cette peste avait du lui en retirer en lui brisant le cœur.

Elizabeth aurait aimé en savoir davantage sur toute cette histoire. Mais chez les Warren, discuter des émotions n’était clairement pas une habitude. Ils étaient tous plutôt du genre à garder un maximum d’informations sentimentales pour eux. Et puis Elizabeth ne se voyait pas rediscuter de toute cette histoire avec Tommy, surtout qu’Elizabeth était persuadée qu’elle avait du être douloureuse.

Elle n’avait pas arrêté de repenser à sa famille. Elle était fatiguée des souffrances auxquelles ils faisaient tous face. Quand est-ce que cela s’arrêterait ? Devaient-ils tout accepté et se laisser faire par les autres ? Elizabeth avait rarement été aussi en colère. A force de se retourner dans son lit toute la nuit, elle avait décidé de se lever et d’aller prendre l’air. Elle avait été courir comme une vraie folle en plein milieu de la nuit. Et alors qu’elle s’était arrêtée pour reprendre son souffle, une idée l’avait percutée de plein fouet. Eva devait comprendre ce que ça fait quand on joue avec les sentiments des autres. Eva était une personne qui n’étalait pas sa vie privée. Elle était toujours très concentrée sur son travail. Mais comme Elizabeth avait travaillé avec elle de nombreuses années, elle savait qu’il y avait bien une personne dont elle parlait de temps à autre…Son frère Tony.

Tony travaillait à la ABC lui aussi mais en tant que chroniqueur politique. Elizabeth n’avait jamais interagi avec lui. Elle se contentait de récupérer parfois certains rapports ou écrits pour les faire passer à son équipe. Elle l’avait croisé quelques fois lorsqu’il venait chercher sa sœur pour manger avec. C’était un très bel homme, on ne pouvait le nier. Mais Elizabeth n’avait même pas daigné s’arrêter sur lui car elle ne sortait jamais avec personne au travail et qu’il s’agissait du frère d’Eva qu’elle respectait profondément pour son investissement à l’entreprise. Mais ça, c’était avant. Maintenant, Elizabeth avait en tête une toute autre idée. Elle allait se rapprocher de Tony, l’amener dans son lit, le faire tomber sous son charme et le lâcher. Eva comprendrait alors qu’on ne peut pas jouer avec les sentiments des autres comme ça. Quant au pauvre Tony, il était un moyen pour atteindre la fin. Et puis Elizabeth n’était pas le genre de femme dont on tombait éperdument amoureux étant donné toutes les barrières qu’elle érigeait...Pourquoi est-ce que cette fois-ci serait différente ? Il n’aurait donc pas de grandes difficultés à s’en remettre.

Devait-elle prendre le temps de réfléchir et laisser ses émotions redescendre ? Non…Elizabeth en avait marre de subir les coups de la vie. Il était temps de répliquer. Elle s’était réveillée avec l’intention ferme de mettre son plan en place. Première étape, se rapprocher de Tony. Ils n’avaient jamais parlé ensemble. Mais aujourd’hui, Eva n’était pas venue au travail. Forcément, avec tout ce qu’elle avait bu hier, il était évident qu’elle ne devait pas être en capacité de travailler. C’était l’occasion parfaite de pouvoir se rapprocher de Tony sans qu’Eva rôde autour de son frère. Maintenant il fallait trouver une fenêtre d’action. Elizabeth avait fait ses rondes quotidiennes mais en étendant largement son trajet habituel pour voir si elle pouvait croiser Tony.

Elizabeth n’avait pas réussi à croiser Tony. Il était toujours en mouvement en tant que chroniqueur, souvent à se rendre à l’extérieur. Il était donc difficile de tomber dessus. Il était l’heure du déjeuner et la ABC avait à disposition plusieurs espaces de repos dans lesquels les employés pouvaient prendre leur repas ou boire un café. Résignée, elle s’arrêta prendre un café pour se requinquer. La salle de pause serait calme étant donné que beaucoup d’employés avaient pris leur matinée pour se reposer de la soirée de célébration de la veille où la ABC avait offert de l’alcool à volonté. Il n’y avait que peu de personnes qui n’avaient pas voulu en profiter...D’ailleurs, Tony en avait probablement profité, même si Elizabeth ne l’avait pas aperçu. Eva avait précisé qu’il était venu pourtant mais c’était comme si il avait disparu. Avait-il eu un imprévu ? Peu importe, le fait est qu’aujourd’hui il ne semblait pas être présent dans les locaux de la ABC.

Elizabeth rentra dans la pièce de repos et là, ce fut comme si le destin l’encourageait dans son projet. Tony se trouvait sur le canapé avec un café et son portable. Ils étaient seuls. C’était l’occasion idéale. Elizabeth se rapprocha de la machine à café et sélectionna un cappuccino. Hors de question de prendre un expresso qui serait rapidement terminé…Puis, elle s’assit à côté de Tony. Il ne se retourna pas vers elle et ne dit rien. Mais Elizabeth n'était pas du genre à lâcher le morceau aussi facilement.

« Et bien, ce que vous lisez me semble très intéressant »

Tony leva les yeux de son portable et sourit. Et bien, il avait un très beau sourire…

« Je vous prie de m’excuser, je ne voulais pas vous déranger mais les locaux sont très calmes aujourd’hui et j’avais juste envie d’interagir avec un humain avant de devenir folle, envahie par la solitude ». Elle émit un petit rire « Vous le savez sans doute déjà mais à la ABC on n’est pas vraiment habitué au calme… » Et c’était peu de le dire !

Tony se réveille ce matin, encore une journée bien banale comme les autres. Son corps semble comme parsemé de toutes parts de poids lourds. Il n'a pas envie de se lever. Il sait que cette journée ne changera pas des autres donc à quoi bon ? Son quotidien est devenu un gouffre dans lequel il s'enfonce un peu plus en refusant de voir la réalité en face, ce qu'il désire le plus c'est d’échapper à ce quotidien morne et banal dans lequel il a choisi de cohabiter pour le bien de sa famille. Il se cherche, il aimerait trouver qui il est, ce qu'il aime vraiment. Alors il s'est fait une promesse, tout faire pour trouver un objectif qui saurait illuminer son quotidien.

Ce matin-là, comme à ses habitudes, il prend une douche rapide, il n'aime pas perdre son temps, les quelques minutes qu'il réussira à gratter ce matin lui serviront à boire ses 3 tasses de cafés habituelles qui lui permettent de tenir toute une journée au travail. Il se prépare. Même haut. Même veston. Même pantalon. Parce qu’il est bien plus simple de ne pas changer de style et de se contenter de varier légèrement les tons de couleurs. Une leçon qu'il avait bien apprise de son père. Il ne prend pas une seconde pour déjeuner, son but principal est d'arriver à temps pour boire tranquillement son café avant de recommencer une dure journée de travail. Il ferme la porte à toute vitesse, avance à forte allure, quand soudain, il se surprend lui-même à s'arrêter, le regard figé sur un livre derrière la fenêtre d'une librairie : "L'être et le Néant" de Sartre, il savait le philosophe théoricien de l'existentialisme et espérait trouver dans sa philosophie des réponses à ses questions. Il ne perd alors pas une seconde pour acheter le livre. Aussitôt reparti, il jette un coup d'œil sur sa montre. Trop tard, il se contentera d'un café, il en reprendra sûrement plus tard dans la journée pour le coup.

Arrivé au bureau, la lenteur de l'ascenseur résonne en lui comme un écho de sa vie présente, mettant du temps à avancer, stagnant toujours dans la même direction, il se demande ce que pourrait lui apporter ce livre. Il arrive dans son bureau, un dossier comme d'habitude l’attend et semble comme lui rappeler que sa journée va être longue. Il commence à lire la première page "Rapport d'une enquête sur le terrain", il sait d'avance que cette journée il n'aura pas à bouger beaucoup, il devra se contenter de synthétiser le rapport et d'apporter à la réunion des idées plus favorables de susciter l'intérêt des clients pour la cause politique défendue. Il baisse les yeux, regarde sa montre, il fera une pause dans 2h, la réunion est prévue en début d'après-midi, il pourra lire tranquillement.

Malheureusement pour lui, le bureau accolé au sien change d'occupant et donc d'ameublement, il a des difficultés à se concentrer sur son travail avec le bruit environnant.

Il aura pris 5h à clore sa présentation, il ne lui reste plus de temps pour une pause, il s'empresse d'aller chercher un sandwich et se dirige vers le lieu de la réunion le sandwich en bouche. La présentation ne manque pas de recevoir des remarques négatives de son père qui souhaite toujours plus d'efforts de la part de son fils, dans l'ensemble les idées sont prises en compte. En sortant de la réunion 2h plus tard il n'a qu'une envie : Aller se poser dans la salle de repos avec un café et son livre pour se changer les idées. Arrivé là-bas il aperçoit un canapé vide juste en face de la machine à café, pas difficile de faire plus simple et plus rapide, cet emplacement le satisfait il commence alors sa lecture et s'en délecte de telle sorte qu'il ne voit plus le temps passer. Soudainement il est interrompu :

« Eh bien, ce que vous lisez me semble très intéressant »

Une voix féminine ? Il en fut agréablement surpris. Il leva les yeux de son portable et sourit. Il ne l'avait jamais remarquée auparavant mais fut d'autant plus ravi lorsqu'il posa les yeux sur elle.

« Je vous prie de m’excuser, je ne voulais pas vous déranger mais les locaux sont très calmes aujourd’hui et j’avais juste envie d’interagir avec un humain avant de devenir folle, envahie par la solitude ». Elle émit un petit rire « Vous le savez sans doute déjà mais à la ABC on n’est pas vraiment habitué au calme… »

Un léger sourire s'esquissa sur ses lèvres semblant faire apparaître un rire timide :
" Je ne vous en veux pas, bien au contraire, il est agréable de rencontrer des personnes lorsque l'on s'y attend le moins, vous travaillez ici je suppose ?"
Elle n'eut pas le temps de reprendre son souffle qu'il poursuivait déjà " Je ne vous ai jamais aperçu par ici, dites-moi si je mens mais vous ne devez pas être du genre très sociable ? " dit-il avec un regard profond et intéressé.

En posant de telles questions il espérait au fond du lui qu'elle comprenne qu'elle suscitait en lui de l'intérêt, en réalité dans son quotidien morne, rencontrer de nouvelles têtes lui faisait toujours plaisir. Il s'attendait sûrement un jour à être surpris par une des nouvelles personnalités qu'il rencontrait, il exigeait toujours un peu de cela, c'est ce qui l'amena à refuser la compagnie de bien d'autres femmes qui avaient tenté leur chance. Un jour peut-être il finirait par adopter un chat qui sait ! Parce que bon, on ne va pas se mentir, Tony n'était pas très doué pour draguer.

Tony émit un sourire. Il était lumineux mais ses yeux semblaient perdus. Il avait des traits de visage assez marqués, comme quelqu’un qui avait souffert et qui était constamment fatigué. Elizabeth les connaissait bien ces marques-là…Elle ne put s’empêcher de se demander ce que ce beau visage cachait comme blessures…

" Je ne vous en veux pas, bien au contraire, il est agréable de rencontrer des personnes lorsque l'on s'y attend le moins, vous travaillez ici je suppose ?" " Je ne vous ai jamais aperçu par ici, dites-moi si je mens mais vous ne devez pas être du genre très sociable ? "

Tony eut l’air réceptif à l’approche d’Elizabeth. Il la fixa du regard, comme pour signaler qu’il était ouvert à l’échange. Bingo, maintenant Elizabeth n’avait qu’à laisser opérer son charme, en espérant qu’il ne soit pas trop rouillé…Elle nota également dans son calepin intérieur que Tony aimait être surpris. Cette information lui servira pour le séduire. Cela tombait plutôt bien car si Elizabeth n’aimait pas être surprise, elle aimait bien provoquer de l’étonnement chez ses interlocuteurs.

« Bravo, vous avez très bien deviné. Effectivement, je travaille ici et je ne suis pas du genre très sociable. Mais je ne sais pas trop comment l’expliquer, j’ai eu envie de m’adresser à vous. »

Elizabeth essaya de caler subtilement dans la conversation qu’elle avait été attirée par Tony. Ce qui n’était pas tout à fait un mensonge car on ne pouvait nier qu’il avait un charme naturel…Et au final, elle allait probablement ressortir beaucoup de plaisir de cette mission spéciale !

« Il faut aussi dire que je n’ai pas vraiment le temps d’interagir avec du monde. Vous savez ce que c’est ici, on bouge beaucoup à droite à gauche. »

Dans sa façon de se tenir et de parler, Tony semblait avoir une personnalité discrète. Il était cependant très attentif à Elizabeth. A priori il aimait sincèrement rencontrer de nouvelles personnes car il était investi dans leur conversation. Elizabeth apprécia cette posture, il était toujours plus agréable de discuter avec quelqu’un qui partageait la même envie de partage.

« Mais dites-moi, d’où tenez-vous vos talents de détective ? De la lecture de polar ? »

Elizabeth désigna le livre dont elle ne pouvait lire la couverture. Elle ne savait donc pas par quoi était hypnotisé Tony avant qu'elle ne l'interrompe.

« Je suis Elizabeth » dit-elle avec son plus grand sourire.

Elle espérait très fort que Tony ne fasse pas le lien avec la Elizabeth dont lui avait probablement parlé occasionnellement Eva. Après tout, il pouvait y avoir plusieurs Elizabeth dans cette grande fourmilière qu’est la ABC et tant qu’elle ne révélait pas son nom de famille, elle n’était pas en danger que Tony mette de la distance avec elle. C’est pour cela qu’elle avait choisi de prendre les devants en se présentant, pour pouvoir occulter son nom de famille. Car s’il réalisait qui elle était vraiment, il pourrait sans doute se dire que ce n’est pas une bonne idée de se rapprocher d’elle. Et là, ça serait vraiment la catastrophe pour le plan d’Elizabeth. Il fallait qu'il prenne connaissance de son identité une fois qu'ils se seraient déjà rapprochés. Pas forcément physiquement mais déjà au niveau des échanges. Ainsi, ce serait trop tard pour reculer. Elle priait donc que Tony soit happé par son charisme et qu'il soit trop stimulé par la conversation pour chercher à en savoir plus sur sa position dans l'entreprise. Elle relança d'ailleurs directement un sujet.

« Il fait plutôt beau dehors, pourquoi êtes-vous à l’intérieur ? »


@Tony Adams

Tony l’observe, intrigué par son visage. Elle semble hésiter, réfléchir à ce qu’elle va dire. Et sans s’en rendre compte, le regard prostré sur ses lèvres, il semble comme perdu…Tic tic tic, les cliquetis de sa montre raisonnent en lui, il sent sont esprit commencer à se perdre dans ses pensées…Rapidement, le bercement de la voix douce et éloquente de la jeune femme vient le surprendre dans sa rêverie :

« Bravo, vous avez très bien deviné. Effectivement, je travaille ici et je ne suis pas du genre très sociable. Mais je ne sais pas trop comment l’expliquer, j’ai eu envie de m’adresser à vous. »

Pendant qu’elle lui répondait, Tony se perdait dans son regard. Une légère sensation de chaleur parcourait son corps et le transportait ailleurs.

« Il faut aussi dire que je n’ai pas vraiment le temps d’interagir avec du monde. Vous savez ce que c’est ici, on bouge beaucoup à droite à gauche. »

Ah mince ! Il ne suivait plus ! Il inclinât la tête comme pour faire signe qu’il avait bien entendu, mais il sentit une pointe de culpabilité en lui : « Je viens peut-être de rater un élément important de la conversation ». La tête inclinée, posée sur sa main, il décidé de se concentrer sur ce qu’elle lui dit :

« Mais dites-moi, d’où tenez-vous vos talents de détective ? De la lecture de polar ? »

Il esquisse un bref sourire avant de s’apprêter à répondre quand soudain, la jeune femme souriante le coupe dans son élan :

« Je suis Elizabeth »

Elizabeth, le nom d’une reine d’Angleterre, il hésita à lui faire une blague là-dessus et pendant qu’il se demandait s’il serait judicieux de le faire, la jeune femme lui demanda :

« Il fait plutôt beau dehors, pourquoi êtes-vous à l’intérieur ? »

Sa main tremble, il se sent dans une posture inconfortable, il faut répondre, dire quelque-chose à la fin ; «  Tu ne vas pas la laisser parler toute seule quand même ? Elle va finir par partir si tu continues », Tony sous la pression sort la première chose qui lui est en tête pour son plus grand malheur :

« Elizabeth vous avez dit ? Un nom royal pour une femme merveilleuse, admirable de surplus étant donné qu’elle a su rester indépendante face à l’autorité masculine. Ce qui m’amène à me demander si vous êtes une indépendante ? »

Et sans perdre une seconde il renchérit : « Oh j’ai fait plus d’une fois le tour du coin, plus rien ne m’étonne, j’aimerais bien découvrir des lieux nouveaux mais avec les horaires de travail ou trouver le temps de chercher ? Et surtout avec qui sortir ? »

Il avait donné toute son âme et pourtant il ressentait un poids énorme sur ses épaules, a parler trop vite il avait peut être tout rater, il devrait apprendre à se maîtriser, à se concentrer mieux, il ne pouvait rien y faire, cette femme l’intriguait.

Un court moment sans paroles se fit. Elizabeth se demanda si elle n’avait pas été trop brusque dans son approche. Mais heureusement, Tony reprit rapidement le dessus et rompit le silence.

« Elizabeth vous avez dit ? Un nom royal pour une femme merveilleuse, admirable de surplus étant donné qu’elle a su rester indépendante face à l’autorité masculine. Ce qui m’amène à me demander si vous êtes une indépendante ? »

La réponse de Tony dépassa les espérances d’Elizabeth. Non seulement il était réceptif à échanger avec elle mais en plus il la complimentait. Alors là, c’était une réussite totale pour la belle brune. Son projet ne pouvait pas mieux démarrer.

« C’est certain que les Elizabeth ont un certain caractère et je pense que ça serait mentir que de dire que je suis une exception. Indépendante, c’est peu de le dire »

Elizabeth aimait ne dépendre de personne, elle était la colonne qui soutenait les autres. Elle était l’incarnation de la femme moderne forte, celle qui prend tout sur son dos jusqu'à n'en plus pouvoir pour montrer qu'elle aussi digne qu'un homme.

« Oh j’ai fait plus d’une fois le tour du coin, plus rien ne m’étonne, j’aimerais bien découvrir des lieux nouveaux mais avec les horaires de travail ou trouver le temps de chercher ? Et surtout avec qui sortir ? »

Ainsi donc Tony était du genre à aimer bouger. C’était un soulagement pour Elizabeth qui aimait les personnalités dynamiques. Quitte à se retrouver à passer du temps avec lui pour son petit projet égoïste, autant y lier du plaisir…Mais une petite voix intérieure lui soufflait qu’elle n’allait pas avoir de difficulté à lier les deux.

« On trouve toujours du temps pour ce qu’on veut. Peut-être que c’est surtout le fait de n’avoir personne qui vous bloque dans le fait de partir à la découverte de nouvelles activités, de nouveaux endroits. »

Elizabeth n’était pas sourde, elle avait bien entendu que Tony n’avait pas hésité à souligner son célibat. Et si on lui tendait une perche, elle n’était pas du genre à passer à côté mais plutôt à s’en saisir pleinement.

« Et si nous allions explorer ensemble ? »

Elle le regarda de façon intense, vous savez, ce genre de regard qui veut tout dire…Puis elle reprit son fil conducteur en détournant volontairement le regard vers son cappuccino.

« Travailler à la ABC ce n’est pas de tout repos, ça demande beaucoup d’investissement et ce n’est pas forcément facile de rencontrer des personnes avec qui partager en dehors de ce cadre. Alors pourquoi ne pas faire des sorties avec quelqu’un qui peut comprendre la place que prend ce travail ? »

Et pour le coup, elle pensait totalement ce qu’elle disait. Elizabeth était du genre solitaire naturellement mais ce trait de caractère était exacerbé parce qu’elle avait du mal à trouver des hommes qui pouvait comprendre sa situation. Sa place à la ABC lui prenait beaucoup de temps et d’énergie, y compris les soirs et week-ends.

« Vous n’êtes pas obligés d’accepter bien sûr. Après tout, je suis une totale inconnue pour vous. Mais je ne sais comment l’expliquer, je sens que vous êtes du genre aventurier »

Elizabeth attendait avec impatience la réponse de Tony. Son coeur se mit à s'emballer. Et si elle l'avait poussé trop loin trop vite ? Mais depuis ses premières années dans le milieu de la télévision, Elizabeth avait appris qu'il fallait prendre des risques pour gagner. Comme lui avait mentionné un collègue aujourd'hui parti à la retraite mais qu'elle avait considéré comme son mentor « il faut être prêt à perdre une affaire pour la gagner ».


@Tony Adams

Son esprit divague, semble l'entraîner dans un vertige inexprimable, sa main tremble, il tente de la cacher au mieux, il ne sait où se mettre craignant d'avoir fait mauvaise impression. Soudain, la surprenante jeune femme répond :

« C’est certain que les Elizabeth ont un certain caractère et je pense que ça serait mentir que de dire que je suis une exception. Indépendante, c’est peu de le dire »

Tout de suite il renchérit :
« Oh j’ai fait plus d’une fois le tour du coin, plus rien ne m’étonne, j’aimerais bien découvrir des lieux nouveaux mais avec les horaires de travail ou trouver le temps de chercher ? Et surtout avec qui sortir ? »

" Il faut inspirer comme-ci le vent venait s'engouffrer à l'intérieur de toi et expirer doucement comme ci une douce brise devait en sortir" lui disait sa mère quand il était petit. Afin de suivre son conseil, il simulat un baillement et, le regard concentré sur les yeux de la jeune femme, expira (pensa t'il) de façon imperceptible. (en réalité celui-ci ressemblait fortement sur l'instant à un individu prit de constipation). Soudain, un léger bruit de pet sortit, il rougit, gêné de cela, mais la jeune femme excquissant un léger sourit semblait trop perdu dans ses pensées pour y prêter attention, il poussa alors un soupir de soulagement.

« On trouve toujours du temps pour ce qu’on veut. Peut-être que c’est surtout le fait de n’avoir personne qui vous bloque dans le fait de partir à la découverte de nouvelles activités, de nouveaux endroits. »

Tony baissa le regard comme ayant prit de plaint fouet la claque de l'échec en pleine figure, elle n'avait pas proposé de sortir avec lui. Il avait pourtant pensé qu'elle s'intéressait à lui...

« Et si nous allions explorer ensemble ? »

Soudain un sourire presque trop indiscret agrandit son sourire ( il semblait encore une fois en pleine constipation mais heureux de l'être cette fois... Par chance, aucun bruit n'apparut à l'horizon, il pouvait donc continuer tranquillement la conversation sans se perturber plus qu'il ne le faisait habituellement). Il vit cette fois dans son regard une insistance comme un appel à aller plus loin qu'une simple amitié, il voyait là une ouverture, une invitation à découvrir au delà d'une simple exploration de la ville. Il sentit son corps envahit d'ondes répétées qui semblait de plus en plus rapide, il avait hâte de connaître d'avantage ce petit bout de femme qui, venu troublé son quotidien, semblait à présent lui ouvrir la possibilité de retrouver goût à la vie.

« Travailler à la ABC ce n’est pas de tout repos, ça demande beaucoup d’investissement et ce n’est pas forcément facile de rencontrer des personnes avec qui partager en dehors de ce cadre. Alors pourquoi ne pas faire des sorties avec quelqu’un qui peut comprendre la place que prend ce travail ? »

« Vous n’êtes pas obligés d’accepter bien sûr. Après tout, je suis une totale inconnue pour vous. Mais je ne sais comment l’expliquer, je sens que vous êtes du genre aventurier »

Il se mit à faire échapper un petit rire discret et lui dit alors :
" Vous n'aviez pas besoin de me donner d'argument, il va de soi que ce serait d'avance un plaisir d'explorer la ville avec vous ! Aventurier ! Et c'est peu dire, j'ai eu l'occasion de voyager quelques temps cela m'a considérablement ouvert l'esprit, à présent, je ne perçois plus mon quotidien de la même manière et j'ai l'impression qu'il lui manque quelque-chose, je suis à la recherche de ce quelque-chose, peut être aurait-je l'occasion de le découvrir avec vous. D'ailleurs je me ferais un plaisir d'en découvrir plus sur vous à l'occasion de nos exploration. Je vous propose que l'on se voit ! Pourquoi pas ce week-end, disons que samedi, si rien d'autre ne vous retient, je serais ravi d'aller explorer avec vous le lieu qui vous représente le mieux !"

Il avait trop parlé, il le savait. Soudainement, son regard croisa le cadrant de l'horloge, son regard jusqu'alors joyeux s'écarquilla, comme s'il venait de voir l'ombre d'un détrarqueur filant en sa direction.

" Je vais malheureusement devoir vous quitter, je viens juste de me rendre compte de l'heure, il faut vraiment que j'y aille, tenez" dit il en écrivant sur un papier " voici mon numéro, contactez moi quand vous le pourrez"

Il ne savait trop comment la quitter, il montra un grand sourire et partit sans même prendre le temps d'entendre ce qu'elle venait de commencer à dire, il se sentit coupable plus tard de ce mauvais comportement, il était décidément pas fait pour se mettre en couple, alors l'idée d'adopter un chat lui vint en tête. Mais la vibration de son téléphone l'extirpa de sa rêverie.