Adrian avait ses petites habitudes depuis qu’il était rentré à Brisbane. Certes, ce n’étaient pas forcément de bonnes habitudes mais il se rassurait en se disant qu’au moins, c’étaient des habitudes constantes. Après avoir garé sa voiture de fonction dans le garage privé du quartier, il s’était rendu chez lui pour se changer et avaler un morceau de pizza qui lui restait de la veille. Il avait quitté son studio quelques minutes plus tard sans même vérifier ses messages ou même prendre la peine d’embarquer son téléphone avec lui. Il ne s’était définitivement toujours pas adapté aux nouvelles technologies. Lorsqu’il était parti effectuer son entrainement militaire, les premiers iPhones venaient tout juste d’être lancés sur le marché et ses parents n’avaient pas les moyens de lui en payer un. Il était parti avec un vieux Nokia où l’écran s’affichait en noir et blanc et l’appareil était vite mort à cause de la chaleur du désert iraquien. En revenant à la réalité – le monde actuel était à ses yeux, le monde réel – il s’était aperçu que toutes sortes de smartphones ou encore de tablettes tactiles étaient arrivées sur le marché. Il avait bien un téléphone mais comme personne ne le savait de retour en Australie, il n’avait pas de numéros à l’intérieur et comme personne n’essayait de le contacter, il avait cette fâcheuse tendance à l’oublier chez lui. Il n’estimait pas en avoir besoin de toute manière. Quoi qu’il en soit, après une marche de quelques minutes, Adrian était arrivé devant le Canvas, le bar du coin où il aimait passer ses soirées. C’était surtout histoire de boire sans se retrouver avec des bouteilles vides à jeter et des verres à nettoyer mais aussi de faire des rencontres qui lui permettaient de ne pas forcément se retrouver seul pour le reste de la nuit. Le blond était ce qu’on appelle un électron libre et la seule compagnie qu’il supportait depuis son retour d’Iraq était celle des femmes. Mais voilà, en arrivant devant le bar en question, il y lu un papier annonçant que les lieux étaient fermés ce même soir pour quelques rénovations. Effectivement, depuis l’extérieur, il vit le barman en train de soulever un meuble avec un autre homme. Adrian senti une boule se former dans sa gorge. Il ne pouvait pas rentrer chez lui car il se mettrait à réfléchir et c’était la dernière chose qu’il voulait. Avant son retour, alors qu’il visitait l’Europe, c’était simple ; il suffisait qu’il traine en ville pour trouver une occupation mais à Brisbane c’était différent, tout lui rappelait des souvenirs. Le jeune homme essaya de se remémorer ce qu’il faisait avant, lorsqu’il avait des soirées de libres et décida de prendre le bus jusqu’au planétarium. Les musées, il se rappelait aimer ça et il n’avait plus eu l’occasion d’en visiter depuis Barcelone. Une fois arrivé, il fut soulagé de voir que les lieux étaient ouverts dans la soirée, permettant ainsi aux adultes travaillant le jour de quand même se changer les idées avant de retrouver leurs pénates. Il prit un ticket et se laissa errer dans les allées du musée. Au début, il regardait sans vraiment s’arrêter mais plus il avançait dans les salles, plus il était fasciné. C’était extrêmement intéressant et surtout… D’une beauté sans nom. Il s’arrêta dans une pièce aux murs miroirs et se laissa complètement transporté. Il avait l’impression de flotter dans la galaxie. Les étoiles représentées par des petites lumières se reflétaient dans ses yeux bleus écarquillés d’admiration. « Merde. Pardon. Je ne vous ai pas vue. » Adrian n’était pas le genre de personne à faire dans la dentelle. Il était bourru et souvent vulgaire. Il se retourna sur la personne qu’il avait bousculée sans faire exprès et tomba nez à nez avec une jeune femme blonde. Malgré la pénombre de la pièce, il devina deux billes bleu clair qui le regardaient. « Je ne vous ai pas fait mal j’espère ? »
Itziar avait bossé hier soir, la soirée avait été mouvementée, beaucoup de monde au bar, beaucoup d'allers-retours pour servir des verres et pour couronner le tout, une de ses collègues qui étaient censée faire la fermeture avait commencé à se sentir mal en début de soirée, abandonnant le navire. La jeune espagnole n'avait pas eu d'autre choix que de couvrir pour elle et donc elle était rentrée chez elle bien plus tard et bien plus fatiguée que prévu. Résultat, elle avait passé une bonne partie de la journée à dormir et avait ensuite un peu bossé sur ses cours, histoire de dire qu'elle avait quand même fait quelque chose de son weekend et de ne pas prendre de retard sur tout ce qu'elle avait à faire. Comme à son habitude, après ça, elle était sortie. Elle ne pouvait pas rester enfermée chez elle une journée entière. Elle avait besoin de faire quelque chose, de voir du monde, de bouger. Peu importait tant qu'elle ne restait pas chez elle à faire la larve dans son lit. Elle avait commencé par envoyer quelques sms à ses potes pour voir si certains voulaient faire quelque chose. Ce fut un raté. Soit ils avaient déjà fait quelque chose dans la journée et était maintenant rentré chez eux sans intention de ressortir, soit ils n'étaient tout bonnement pas sortie et avaient préféré passer leur journée à glander en bonne et due forme et enfin il y a ceux qui préféraient utiliser des arguments captieux plutôt que de clairement dire qu'ils ne voulaient pas sortir. Ce n'était pas idéal, mais Itziar était loin d'être sans ressources quand il s'agissait de se trouver un truc à faire. Elle avait ouvert son ordi et fait une recherche rapide pour voir ce qu'il y avait à faire à Brisbane à cette heure-ci et c'est comme ça qu'elle avait vu que le planétarium était ouvert. C'était parfait. C'était pas loin de chez elle et en plus c'était un peu comme un musée et les musées, Itziar avait toujours adoré ça. C'était donc la meilleure activité à faire à ce moment-là. Elle n'avait jamais visité le Mount Coo-Tha depuis qu'elle avait mis les pieds à Brisbane il y avait déjà un peu plus d'un an et elle se demandait réellement comment elle avait pu rater ça. Enfin, mieux vaut tard que jamais comme on dit. La jeune espagnole ne connaissait absolument rien à l'astronomie, c'était peut-être pour ça qu'elle n'avait jamais pensé à venir ici. Une fois sur place elle commença par faire un tour à l'extérieur où ils avaient mis en place comme une exposition s'attardant sur chaque photo et chaque document. Elle ne savait pas bien à quoi tout correspondait, mais ça n'en restait pas moins intéressant. C'était ça la beauté de l'art et des expositions, il n'y avait pas forcément besoin de comprendre pour apprécier. En l'occurence, elle ne comprenait pas grand-chose, mais elle trouvait chaque chose fascinante. Après avoir fait le tour de l'exposition extérieure, elle s'aventura à l'intérieur du planétarium en lui-même et le moins que l'on puisse dire c'est que le spectacle était impressionnant. Il y avait au plafond une reproduction de la carte des étoiles troublante de réalisme. On ne savait pas vraiment si on était à l'intérieur ou à l'extérieur, surtout que les murs étaient tapis de miroir perturbant les perspectives. Elle ne savait pas ou donner de la tête. Elle était juste plantée au milieu de la pièce, tête levée vers le plafond à observer les étoiles comme si c'était des vraies. Elle ne sait pas vraiment si c'est elle qui a reculé sans s'en rendre compte, si c'est le mec derrière ou tous les deux en même temps, mais d'un seul coup elle se sent poussée légèrement vers l'avant. Ca la fait un peu sortir de son observation pour se retourner et voir qui lui ait rentré dedans. "Tu sais que cette technique de drague marche plus depuis 1998 ?" demande t-elle, sourire narquois sur les lèvres, au jeune homme qui venait de s'excuser de l'avoir bousculée. Elle aurait pu lui dire que ce n'était pas grave, ce que toute personne saine d'esprit et censée aurait fait, mais pas Itziar, quand elle voyait une occasion elle la saisissait. "Mais sinon ça va t'inquiètes pas, ça ne m'a pas fait mal." Ajoute t-elle, répondant tout de même à sa question. "T'étais trop absorbé par les étoiles toi aussi ?" Lui demande t-elle ensuite. Elle ne devait pas être la seule à trouver ça si fascinant non ?
Ca paraissait sûrement idiot mais là, dans cette salle, Adrian ressenti à nouveau ce qu’il avait ressenti cette nuit-là, à Barcelone, lorsqu’il avait passé une de ses dernières nuits à dormir dans le sable avec les étoiles au-dessus de la tête. Evidemment, on ne pouvait pas comparer ces deux cieux mais il avait là cette même sensation de sérénité et lorsqu’il l’avait ressentie en Espagne, ça avait été extrêmement libérateur car ça avait été la première fois qu’il avait ressenti quelque chose d’aussi calme et apaisant depuis son retour d’Iraq, depuis qu’il avait appris que toute sa compagnie était morte. Le lendemain, il s’était senti coupable d’avoir ressenti cette sorte de paix alors qu’il était le seul survivant de l’élite et même s’il avait pris la décision de revenir à Brisbane ce soir-là, il s’était quand même laissé rongé par ses remords. Le jeune homme avait le nez levé au plafond, il avait l’impression de flotter dans la galaxie, de la même manière qu’il avait eu l’impression de perdre l’équilibre dans les étoiles sur sa plage. Mais ce soir, c’était différent. Ce soir, cette pièce lui faisait l’impression d’un baume au cœur. Voilà pourquoi il adorait les musées ou le théâtre, c’était le meilleur moyen pour lui de s’évader le temps d’une visite ou d’une pièce. C’était un des rares moments où il déconnectait sans que de l’alcool ne fasse partie de la fête. C’était comme s’il laissait ses tracas devant la porte du musée et qu’il n’y pensait plus de toute la soirée. Et pour un mec traumatisé et blessé comme Adrian, c’était salvateur. Le blond vivait tous les jours avec le poids de la culpabilité sur les épaules, d’avoir eu cette « chance » d’être blessé peu avant l’accident au campement. « Grâce » à cette blessure, il avait échappé à la mort. Sauf qu’il avait perdu ses frères, ses amis, il avait perdu Matteo qui avait été le seul ami qu’il eut jamais eu. Ce même ami qui l’avait sorti des décombres alors que la bâtisse qu’ils fouillaient s’était effondrée sur lui. Combien de fois l’avait-il maudit depuis sa mort ? Combien de fois lui avait-il demandé – en levant les mains au ciel – pourquoi il l’avait sauvé ? Pourquoi il ne l’avait pas laissé sous ces gravas ? Il n’aurait pas à endurer tant de peine maintenant et tant de solitude. Mais ce soir… Il était en paix. C’était rare qu’il le soit et il décida d’en profiter, de juste se laisser aller. Un peu trop peut-être, Adrian n’était pas tout seul dans la pièce et il avait manqué de faire tomber une jeune femme. Il avait posé une main dans son dos pour éviter qu’elle bascule et la regarda avec un sourire en coin. « 1998, c’est vrai ? Merde. Il faudrait que je me mette à jour alors ! » Le chauffeur privé était un gros dragueur, un vrai séducteur, mais le genre de séducteur discret, qui ne le fait pas savoir. Il n’avait jamais volontairement bousculé une jeune femme pour l’aborder et il fut quand même soulagé de savoir qu’il ne lui avait pas fait mal. Il n’était peut-être plus soldat mais Adrian gardait la force et la carrure d’un militaire. Le jeune homme releva les yeux au-dessus de sa tête et hocha la tête. « Un peu trop oui. Mais ça ne m’étonne pas de t’être rentré dedans, c’est bien dans les étoiles que l’on trouve les anges non ? » Pour jouer le jeu, Adrian resta sérieux de longues secondes avant de finalement rire. « Celle-là, à mon avis, elle date même d’avant 1998. » Il avait fait exprès de dire quelque chose de très mielleux vu que l’inconnue l’avait taquiné à ce sujet. Il ne saurait lui donner un âge mais elle était certainement plus jeune que lui et jouer sur ça était plutôt drôle. Il tendit sa main, toujours avec cette malice dans le regard. « Adrian. Et toi tu es l’ange… ? »
C'est le genre de phrase qui peut être très mal prise, mais ça c'est bien le dernier des soucis de la jeune espagnole. D'ailleurs elle n'a même pas réfléchi quand elle lui a répondu, c'était sorti tout seul avant même qu'elle ait pu y penser plus que ça. Une date au hasard, une semie punchline et boum, le tour était jouer, aussi simple que ça. Elle sourit encore plus quand le type rentre dans son jeu. C'est toujours agréable et en plus il lui tend une perche pour qu'elle puisse en remettre une couche. Elle ne se fait clairement pas prier. "1998 ou même un peu avant, très has been quoi. Si tu veux te mettre à la page tu pourrais te tourner vers La Drague pour les nuls. Très complet comme bouquin apparemment." Elle ne savait même pas si un tel truc existait, mais elle se disait qu'il y avait des chances qu'un livre du genre existe, après tout, il y avait bien des mecs dont le job était "coach en séduction" tout était possible. D'ailleurs si ce livre n'existait pas, peut-être qu'elle devrait l'écrire histoire de se faire un paquet de tunes sur le dos de gens qui pensent que des conseils dans un bouquin leur permettent de devenir irrésistibles. C'était peut-être une idée à garder en tête si la communication et le marketing ne la menaient nulle part. Il lui dit que lui aussi était absorbée par les étoiles au plafond. En revanche, elle ne s'attend pas à ce qu'il lui sorte une pickup line des plus kitsch. Elle ne peut s'empêcher de rire face à ça surtout qu'il reste sérieux pendant de longues secondes et pendant un moment elle pense qu'il vient de tenter un truc ... Jusqu'à ce qu'il se mette à rire lui aussi. Pas mal, même très bien joué sur ce coup-ci. S'il avait fallu s'incliner à un moment face tant de poésie, c'était sûrement le moment de le faire "Je crois quelle date même de bien avant ma naissance. On me l'avait encore jamais faite." Dit elle en riant et pourtant elle en avait entendu des phrases toutes plus kitsch les unes que les autres, à la différence du jeune homme, ceux qui lui avaient sorti ses phrases étaient sérieux et avaient vraiment tenté une approche après une phrase à la con, mais celle-là, personne n'avait eu l'occasion de la lui sortir. Il fallait bien une première à tout, même si c'était fait dans la plaisanterie. Il tend ensuite la main pour se présenter elle rit quand il continue avec son histoire d'ange. Adrian. Elle ne le connait pas, mais il a l'air plutôt cool comme mec, ou à la limite il est drôle et c'est déjà pas mal du tout. "Adrian ! Comme mon ex." lui répond-elle un peu s'en réfléchir, comme si ça allait l'intéresser C'était son problème à elle, elle avait tendance à trop parler, pour rien. "Moi c'est Itziar, ou Izzie si c'est plus simple." Lui répond-elle avant d'ajouter. "Par contre, pour l'ange je sais pas vraiment si j'utiliserai ce terme pour me définir." Elle ponctue sa phrase par un clin d'oeil. "Mais admettons que je sois l'ange, ça voudrait dire que tu es le démon ?" demande t-elle. "Je ferai peut-être mieux de prendre mes jambes à mon cou alors." Ajoute t-elle. Il n'a pas l'air d'être un démon, elle ne devrait pas avoir de problème de ce côté-là. "T'es venu tout seul ?" Lui demande t-elle ensuite, il n'y avait personne d'autre dans la pièce, la réponse était donc très certainement positive. "Toi aussi t'as trouvé personne pour sortir faire quelque chose avec toi ?" Elle ne pouvait quand même pas être la seule avec des amis ne voulant pas bouger leurs fesses de leur canapé non ? Sinon, il fallait peut-être songer à changer d'amis et ce, très rapidement.
Adrian se rappela d’une conversation qu’il avait eu un jour avec son meilleur ami Matteo, alors qu’il était tard sur leur campement en Irak et que les autres soldats dormaient autour d’eux. Ils avaient toujours eu tendance à être les couches tard de la compagnie et à refaire le monde jusqu’à pas d’heure. Des deux, le blond était le plus dragueur ou plutôt le plus séducteur parce qu’au final, il ne draguait pas vraiment. Il n’allait pas vers les femmes exprès pour leur sortir du baratin jusqu’à ce qu’elles craquent ou pire ; qu’elles cèdent. Avec lui, c’était tout en discrétion et en finesse ; un regard de loin, un verre payé amené par le barman, un sourire timide avec son petit effet ravageur… Adrian n’était pas rentre dedans. S’il sentait un truc, il tentait sa chance et y allait en douceur. Mais par contre, ça marchait presque à chaque fois. Il avait un sacré tableau de chasse à son actif et c’était justement quelque chose qui avait toujours étonné son meilleur ami. Ce soir-là, il lui avait demandé quel était son secret et comment il arrivait à toujours séduire une femme sans n’avoir à faire grand chose au final. Adrian était parti d’un fou rire parce que ça venait de son meilleur ami, bien plus beau et séduisant que lui. Avec sa peau dorée et ses muscles en béton, c’était vraiment ironique que ce soit lui qui lui pose cette question. Et justement, il lui avait dit qu’il innovait, qu’il devait justement faire voir aux femmes autre chose que son physique. Il fallait savoir que Matteo était fiancé à ce moment-là et fou amoureux de sa dulcinée. Il n’avait plus eu besoin de draguer ou flirter depuis longtemps étant donné qu’il était parfaitement comblé et finalement, le chauffeur lui avait dit que c’était qu’une question de chimie. Que s’il y avait un truc qui se passait il n’avait pas besoin de forcer sur la séduction.
Les phrases toutes faites qu’ils venaient d’échanger avec cette inconnue rencontrée dans la salle des étoiles n’avaient jamais franchi ses lèvres. Le blond trouvait ça bien trop ringard et écœurant. Il n’avait pas l’impression que ça mettait la femme en valeur en plus de ça. A ses yeux, ça les rabaissait à de pauvres petites choses naïves et idiotes et s’il y avait bien quelque chose qu’Adrian avait comprit au fil des années c’était que les femmes étaient loin d’être aussi idiotes que certains hommes se plaisaient à le croire. Mais c’était drôle d’échanger un peu avec la jeune femme qui s’était présentée comme s’appelant Izt… Itz… Izzie ça ira sûrement très bien. « Enchanté ! Je crois qu’il faudra que tu me répètes plusieurs fois ton prénom pour que je le mémorise vraiment. » Il afficha un petit sourire en coin, pas forcément ravageur mais ce sourire sincère qu’il servait quand il était vraiment amusé par la situation. « Je dirai que je suis un mélange des deux ! Un peu ange et un peu démon. » C’était léger et agréable d’échanger avec la jeune femme. D’ailleurs, Adrian essayait intérieurement de mettre un âge sur Itziar. Elle paraissait tout de même très jeune. Il secoua légèrement la tête en entendant sa dernière question. « Non je suis venu seul mais pas parce que personne ne voulait m’accompagner, juste parce que j’aime faire des activités seul. » Adrian était un grand solitaire depuis qu’il était revenu de l’Iraq et même s’il pouvait sûrement facilement se faire des amis, il n’en voulait pas et préférait être indépendant. « Mais j’avoue qu’au milieu de cette… galaxie, je me sens vraiment très seul pour le coup ! » Il regarda autour de lui. C’était tellement grand. Il savait pourtant qu’ils étaient dans une pièce probablement de taille normale mais grâce aux projections de lumières et d’images, il avait vraiment l’impression d’être dans un lieu aussi immense que l’univers. Même lui qui n’avait pas l’habitude de ressentir la solitude, ressentait pourtant cette impression de vide et de froid parmi ces étoiles. Il posa son regard sur la jeune femme. « On finit la visite ensembles ? Ou je suis trop ringard pour toi ? » Il rit légèrement, faisant référence aux punchlines toutes faites qu’il avait sorti avant pour plaisanter.
Elle se présente. Comme à son habitude elle ne manque pas de lui donner son surnom aussi. Elle sait bien que pour un anglophone son prénom n'est ni facile à prononcer, ni facile à retenir. Du moins au début en général avec un peu de pratique, tout le monde finissait par s'en sortir. Après tout, deux syllabes ne pouvaient pas être impossible à prononcer non plus. La jeune espagnole ne peut s'empêcher de rire légèrement quand il lui dit qu'il faudra qu'elle lui répète son prénom plusieurs fois pour qu'il arrive à le mémoriser. Il est honnête au moins. Il ne fait pas semblant d'avoir compris et intégré son prénom comme le font certains parfois. Le genre de mec qui en général pense avoir compris ou veut simplement faire son beau et finit par écorcher son prénom trois secondes plus tard. Elle préfère cash qu'on lui dise qu'il va falloir un moment d'adaptation plutôt qu'on fasse semblent. "Itziar." Répète t-elle lentement pour qu'il puisse mieux comprendre que la fois précédente. "Mais t'en fais pas, je sais que c'est pas simple à prononcer pour vous les anglophones." ajoute t-elle. Elle ne comptait même plus le nombre de fois où son prénom avait été massacré. A la limite, ça la faisait même rire maintenant de voir quelle prononciation complètement à côté de la plaque certains arrivaient à inventer. Il y a même des fois où elle se demandait si la personne en face d'elle ne le faisait pas exprès tellement la prononciation était éloignée de la façon dont elle l'avait dit en se présentant. Dans l'ensemble elle ne se vexait jamais par ça, après tout, elle aussi elle avait dû (et continuait sûrement) massacrer plus d'un prénom depuis son arrivée à Brisbane, alors elle ne pouvait pas dire grand-chose. Chacun faisait de son mieux des deux côtés. Il lui dit qu'il est à la fois ange et démon et ça l'a fait sourire, car ça lui fait penser à un truc qui avait toujours eu le don de la faire rire. "Ange et démon, c'est le bon équilibre." lui répond-elle. "Chez moi on disait pas ça, mais on disait qu'il fallait être à la fois Maria et Magdalena." En clair, il fallait être à la fois une sainte et une 'prostituée'. Pas seulement l'une ou l'autre, mais bien un mélange des deux. Ou alors l'une dans certaines situations et l'autre dans d'autres situations. C'était assez libre d'interprétation comme histoire. C'est le genre de truc qui l'a toujours faite rire parce qu'en plus c'était souvent les grands-mères qui sortaient ça devant les mines désapprobatrices des parents et du coup elle aimait bien le ressortir de temps en temps. "Ah donc t'es un loup solitaire. C'est sûr que c'est plus pratique de sortir seul pour draguer." Lui répond-elle avec un clin d'oeil. "Ta technique est vraiment irréprochable je peux pas dire plus." Ajoute t-elle en plaisantant. Surtout que s'il venait draguer avec des pickup line pas utilisées depuis une bonne dizaine d'années, il valait mieux être seul pour ne pas subir les vannes de ses potes. Bon après, elle avait compris qu'il n'était pas sérieux avec cette technique et c'était rassurant, ça prouvait qu'il n'était pas un gros lourd. C'était d'ailleurs pour ça qu'elle était encore en train de discuter avec lui. S'il avait été sérieux, elle n'aurait même pas pris la peine de plaisanter avec lui et elle aurait tracé sa route vers l'extérieur. Elle n'était pas du genre à perdre son temps. Ni même à se gêner, pas de pitié pour les losers. C'était dur, mais c'était comme ça.
Elle relève la tête vers le plafond quand il lui dit qu'il se sent seul au milieu de cette galaxie. C'est vrai que c'est assez perturbant comme sensation. Elle ne sait pas réellement si c'est le fait d'avoir la tête en l'air qui fait changer la perspective, les miroirs qui ornent les murs ou même la façon dont l'éclairage se reflète dans les étoiles au plafond ou bien le tout regroupé. A bien y réfléchir, c'est sûrement un tout. Cette pièce a dû être étudiée avant d'être conçue et cette sensation de solitude n'est sans doute pas le fruit du hasard. "C'est bien ce que j'avais cru comprendre quand t'as décidé de me rentrer dedans pour m'aborder. Te fallait de la compagnie t'as saisi ta chance." Lui dit elle, même si elle sait pertinemment qu'il ne l'avait pas fait exprès. Elle fait mine de réfléchir quand il lui propose de finir la visite ensemble. Elle n'est pas du genre solitaire comme fille alors son choix est vite fait. "T'es beaucoup trop ringard pour moi, mais j'aime bien la compagnie alors je vais accepter." Lui répond-elle avant de continuer. "Tu t'y connais un peu en astronomie ? Car j'avoue que je regarde, mais je comprends pas grand-chose." Elle n'avait jamais vraiment réussi à comprendre comment tout ceci marchait. A part l'étoile du berger, elle n'y connaissait vraiment rien.
Adrian n’a jamais été doué avec les prénoms et les noms. Même lorsqu’il était soldat et qu’ils avaient l’habitude de s’appeler par leur noms de famille, le blond avait tendance à avoir des blancs. Il retenait plus facilement les visages que les noms et depuis qu’il avait eu sa blessure à la tête, il avait encore plus de mal à retenir quoi que ce soit. De manière générale d’ailleurs. L’opération qu’il avait subi une fois à l’hôpital avait été très lourde et il ne s’en était pas sorti sans séquelles. Aujourd’hui, il vivait mieux avec mais il organisait toujours ses journées en fonction de sa tête. De ses migraines, de ses vertiges et le plus difficile ; en fonction de son hyperacousie. Depuis qu’il s’était réveillé à l’hôpital en Allemagne, il s’était rendu compte à quel point il ne supportait plus le bruit et à quel point le moindre petit son lui donnait l’impression d’être joué à plein volume. Lui qui adorait passer ses soirées au Canvas, c’était parfois difficile de rester calme et détendu avec les bruits ambiants. Et c’était pire s’il devait suivre une conversation en même temps. Au-delà de lui donner l’impression d’être léger et sans problème le temps de quelques heures, il avait remarqué que l’alcool l’apaisait aussi et arrivait à lui faire mettre de côté certains sons trop violents pour lui. Le prénom de la jeune femme n’était, certes, pas évident mais il n’était donc vraiment pas étonné en la voyant articuler son prénom comme s’il ne parlait pas du tout anglais. Il lui sourit et répéta : « Itziar. » Il ne le prenait pas mal. Pas venant d’elle en tout cas. Ca aurait été quelqu’un d’autre peut-être qu’il l’aurait envoyé balader mais il voyait bien que la blonde n’était pas là pour se moquer de lui ou le prendre pour un idiot. « En tout cas, c’est joli. C’est de quelle origine ? » Itziar avait mentionné le fait que ce n’était pas facile pour les anglophones de le prononcer donc il comprit qu’il n’était pas le premier à trébucher devant son prénom et que du coup, ce n’était pas un prénom courant en Australie. Il n’était pas sûr de comprendre la référence à Maria et Magdalena mais afficha à nouveau son sourire ravageur. Pas forcément pour la séduire mais parce qu’au final, c’était aussi sa manière de sourire aux femmes qu’il trouvait intéressantes. Elle avait l’air culturellement très calée et puis bon, ils étaient dans un musée après tout. Même s’il était l’exemple même qu’il n’y avait pas besoin d’avoir une passion pour les astres pour aller visiter un lieu consacré à cette science. « Je crois voir où tu veux en venir oui. » Il enfonça ses mains dans les poches de son jeans et offrit un clin d’œil à la jeune femme. « Peut-être que je ne suis pas venu ici pour draguer mais simplement pour la beauté du musée ? » Il leva un sourcil de défi. C’était la vérité, Adrian adorait les femmes et il profitait de chaque occasion pour ne pas finir la nuit seul mais il ne se rendait pas en ville avec ce but précis et surtout, il ne courait pas après les femmes. Il trouvait les hommes qui draguaient grossiers et vraiment irrespectueux. Avec lui, c’était dans la finesse. En général les femmes venaient à lui, sûrement grâce à son petit air torturé et solitaire mais la majorité du temps, lorsqu’il repérait une inconnue qu’il trouvait mignonne, il se contentait d’un sourire de loin et allait engager une conversation tout à fait banale si elle le lui rendait. Il n’était vraiment pas rendre dedans. « Et puis, je n’ai pas besoin de draguer, les femmes viennent à moi d’elles mêmes ! » C’était un jeu, cette vantardise qui ne lui allait vraiment pas. Il n’y avait pas besoin d’avoir fait de hautes études en psychologie pour comprendre qu’Adrian n’était pas le genre de mec à se vanter et être imbu de lui-même. Il suivi le regard d’Itziar au plafond étoilé et haussa les épaules. « Absolument pas, je suis venu en parfait touriste. » Il ricana. « Mais je ne regrette pas, c’est magnifique. » Il tourna brièvement son regard sur la blonde, toujours avec son sourire en coin. Ce n’était pas une approche à proprement parler. Avec Adrian c’était toujours déguisé et naturel. Il n’allait pas mentir, Itziar était magnifique bien que probablement très jeune, peut-être même trop comparé au vieux croûton qu’il était. Il lui fit un signe de tête pour qu’elle le suive et posa une main discrète et très respectueuse dans le bas du dos de la jeune femme pour qu’elle passe devant. L’ancien militaire avait vécu treize années loin de la civilisation et il aimait rencontrer de belles jeunes femmes mais il avait été bien élevé et se montrait poli et courtois. Il n’irait pas jusqu’à dire gentleman mais il ne manquait jamais de respect à une femme. Ils quittèrent la salle et c’est là qu’il se rendit compte que la salle aux étoiles était la dernière salle du musée. Ce qui paraissait logique, ils avaient gardé le meilleur pour la fin. « J’ai vu en entrant qu’ils avaient un bar pour les conférenciers. Je t’offre un verre ? En tout honneur hein. » Ils jouaient à un petit jeu tous les deux mais au final, il ne voulait quand même pas qu’elle pense qu’il essayait de la mettre dans son lit.
Elle répète son prénom avant qu'il n'en fasse de même. Elle est plutôt surprise de voir qu'il ne s'en sort pas trop mal. Surtout pour un premier essai. Il s'en sort même plutôt. "Pas mal, c'est ça." Lui dit elle une fois qu'il a répété. "Merci." Lui répond-elle quand il dit que c'est joli comme prénom. C'est sa mère qui serait contente d'entendre ça. Après tout, c'était elle qui l'avait choisi. "C'est espagnol, basque plus précisément." Un prénom basque qu'avait choisi sa mère en souvenir de ses origines personnelles et sur lequel son père n'avait absolument pas eu son mot à dire, non pas que ça l'ait dérangé plus que ça. Il aurait certainement choisit un prénom un peu moins original si on lui avait demandé son avis, mais il s'était toujours très bien accommodé de Itziar. Le jeune homme serait donc venu pour la beauté du musée et pas pour draguer ? Oui ça semble être la raison la plus probable quand on y réfléchi bien. Les musées c'était bien loin d'être la tasse de thé de tout le monde. Ce n'était donc pas forcément un lieu où on allait si on n'avait pas ne serait-ce qu'un infime intérêt pour l'art ou la culture en général. Ce n'était donc pas du tout un lieu de drague de choix. Quoi que, ça pourrait être un bon moyen d'éviter toute la concurrence. Là encore, il faudrait quand même une sacrée volonté, mine de rien. "Ah bon ?" demande t-elle faisant mine d'être très surprise. "Il y a vraiment des gens qui viennent pour la beauté du musée ? J'ai dû me tromper alors peut-être que c'est pas pour moi alors." Fini t-elle en plaisantant. Ca ne lui était jamais venu à l'idée d'aller draguer au musée, ça semblait au contraire être un des lieux les moins propices à ça. Pourquoi se fatiguer à aller tenter de draguer quelqu'un dans un musée quand il suffit de pousser la porte du premier bar que l'on peut trouver dans n'importe quelle rue passante pour se trouver un terrain de chasse grandeur nature ? Aucun intérêt. Elle était bien évidemment là pour le musée en lui-même, mais c'était plutôt drôle d'insinuer le contraire. "Les femmes viennent vers toi d'elle-même ? Tu m'as l'air bien sûr de toi." Lui répond-elle, sourire aux lèvres. "Tu serais donc du genre irrésistible ?" continue t-elle avant d'ajouter "Tes groupies vont bientôt débarquer pour se jeter sur toi c'est ça ?" Elle plaisante et fait mine de regarder autour d'elle comme si une horde de jeunes femmes allait arriver en hurlant pour lui arracher ses vêtements. Un peu comme dans une scène digne d'un film.
Lui non plus ne connaissait rien à l'astronomie visiblement. Ils étaient donc deux sur ce coup-là. Pour la leçon d'astronomie, elle pourrait donc repasser un autre jour. "Je crois que le fais de venir en parfait touriste apporte un peu de magie." Finalement, ça lui parait extraordinaire parce qu'elle n'y connait rien, si elle en savait un peu plus, elle trouverait toujours ça fascinant, il n'y avait pas de doute là-dessus, mais elle n'aurait peut-être pas ces étoiles dans les yeux comme un gamin qui va à Disneyland pour la première fois de sa vie. Ou un peu comme la magie qui reste réellement magique tant qu'on ne connait pas le secret des tours. Ca fait travailler son imagination plus que si elle était calée sur le sujet. Ces étoiles au plafond peuvent signifier et ressembler à ce qu'elle a envie. "Je suis sûre qu'un mec qui est calé sur le sujet nous regarderait un peu bizarrement, car pour lui ce serait limite banal tu vois ?" Bon après un vrai passionné, malgré ses connaissances trouverait surement ça magnifique, mais l'idée était là tout de même. Adrian posa sa main dans le bas de son dos, l'invitant donc à passer devant lui. Elle continue donc son chemin vers la sortie de la pièce, jetant un dernier oeil émerveillé au plafond avant de sortir. En toute logique, cette salle était la dernière de l'exposition. C'était bien ce qu'elle avait vu sur internet, que la majeure partie de l'exposition était à l'extérieur, à l'exception de cette salle. Il lui propose d'aller boire un verre et elle fait mine de réfléchir très sérieusement. "Si gentiment proposé et en plus c'est toi qui offre ? Je crois que t'as compris comment me faire plaisir." Lui répond-elle en guise de réponse. Il était plutôt sympa et elle avait bien envie de passer un peu plus de temps avec lui. Elle n'avait donc aucune raison de refuser. La direction du bar est indiquée juste à la sortie de l'exposition, il suffit donc de suivre les flèches. "Par contre, fais gaffe, à force je vais finir par croire que ta technique de drague c'est de faire semblant de ne pas draguer." Lui dit-elle ponctuant sa phrase d'un clin d'oeil avant de pousser la porte du bar. A cette heure-ci il n'y a pas foule, ce n'est donc pas compliqué de se trouver une place à une table. "Je vais prendre une bière." Lui annonce t-elle. "Pas très original je sais." ajoute t-elle en plaisantant. Pas très original, mais une bière, c'est toujours satisfaisant donc pas de raison d'en changer. "Bon sinon, qu'est ce qu'un dragueur hors pair comme toi fait dans la vie ?" Lui demande t-elle. Une question des plus importantes. "Me dit pas que t'es coach en séduction je crois pas que je pourrai m'en remettre." ajoute t-elle, sourire aux lèvres.
Adrian sourit malicieusement. Des prénoms complètement étrangers à son oreille anglophone il en avait entendu des tonnes en Iraq lorsqu’ils avaient à faire à des civils ou des alliés. Il n’était pas doué pour les retenir ou les répéter mais il avait eu l’habitude d’entendre autre chose que des Jesse ou des Patrick. Par contre, il avait été presque sûr que le prénom de la blondinette avait des consonances venues d’Espagne et il avait eu raison. Il dû se mordre la lèvre pour ne pas trop sourire. L’Espagne avait une place très importante dans le cœur du blond et ça même si ça pouvait paraître étonnant de sa part. Il fallait savoir qu’il avait fait le tour de l’Europe en voiture durant deux années et qu’il n’était revenu à Brisbane que depuis trois mois. Mais son long road trip s’était terminé en Espagne et c’était là-bas qu’il avait passé le plus de temps. Probablement les meilleures semaines de sa vie. Il avait appris à faire des cocktails et avait travaillé sur un bar de plage où il avait servi jusqu’à parfois quatre heures du matin. Il passait le reste de ses nuits et le début de ses matinées à dormir sur la plage et le reste de la journée, il se baladait en ville. De toutes les destinations qu’il avait eues, ça avait vraiment été la meilleure. C’était aussi là qu’il avait eu le déclic. Il avait réalisé qu’il devait retourner en Australie et essayer de retrouver un semblant de vie normale. Il avait aussi eu l’idée de se trouver un job en tant que chauffeur. Repenser à ça lui faisait l’effet d’un baume au cœur. L’Espagne avait vraiment été très importante pour lui même si le retour à la réalité avait été très compliqué. Et qu’il l’était toujours. « Ah l’Espagne. Qu’est-ce que j’aime ce pays. Je me disais que ce prénom ne pouvait venir que de là-bas. » Ils marchèrent un peu, tout en continuant à se taquiner. C’était pourtant vrai, Adrian n’était pas venu dans le but de draguer. En général les femmes qu’il croisait au musée n’étaient pas vraiment son genre, bien qu’il n’ait pas des critères précis pour craquer sur une demoiselle. Ou une dame mariée d’ailleurs. « Ecoute, je te ferai remarquer que j’étais seul dans une immense pièce plongée dans l’obscurité et que malgré tout, tu as réussi à me rentrer dedans. Si c’est pas attirer les femmes toutes seules, je ne sais pas ce que c’est ! » Il leva les mains en l’air comme pour se défendre avant de rire. Il ne l’avait pas fait exprès. Tous les deux avaient été tellement absorbés par les étoiles qu’ils s’étaient rentrés dedans malgré l’espace autour d’eux. « Mais non, je ne suis pas irrésistible. Je suis même le second choix en général. Faut savoir séduire sans compter sur son physique ou son charme. » Il lui lança un petit clin d’œil. Adrian était loin d’avoir confiance en lui. Il avait beau être musclé, il n’avait pas non plus une plaque de chocolat à en faire tomber les femmes comme des mouches. Il était blanc comme un cul de bébé et sa mâchoire n’était pas assez carrée pour couper du pain. Son ancien meilleur ami était le beau gosse des deux. Il avait la peau dorée, un regard à tomber et un corps d’athlète. Il avait toujours dû compter sur d’autres atouts pour réussir à attirer les femmes vers lui et non pas les offrir sur un plateau d’argent à Matteo. Itziar accepta son offre d’aller boire un verre au bar du musée et le jeune homme se retrouva comblé. Il n’avait pas pu aller au Canvas parce qu’il était en rénovation pour la soirée et la seule chose qui lui faisait du bien le soir, c’était l’alcool. Et les femmes mais quand il ne pouvait pas avoir une jolie fille dans son lit, il se rabattait sur l’alcool. « Je sais comment parler aux femmes, que veux-tu. » Il l’aimait bien. La petite blonde était drôle et elle semblait avoir beaucoup de joie de vivre. Tout le contraire de lui qui était un vrai rabat joie et qui passait plus de temps à fricoter avec ses démons qu’avec le bonheur. Il laissa la jeune femme passer devant lui lorsqu’ils entrèrent le bar et allèrent s’installer un peu plus loin. « Tu as tout compris à mon mode opératoire apparemment. » Draguer en faisant semblant de ne pas draguer. C’était peut-être ça son secret en effet. « Tu as l’âge de boire de la bière au moins ?» Il resta sérieux quelques secondes avant de craquer un sourire et de lever la main pour appeler le serveur. Il commanda leurs deux bières et l’homme parti, les laissant tous les deux. En réalité, Adrian se demandait vraiment quel âge elle avait. Il espérait qu’Itziar était au moins majeure parce qu’il ne voulait pas avoir de soucis mais il avait quand même le pressentiment qu’elle était plus âgée que ça. Elle faisait probablement simplement plus jeune que son âge réel. Il s’accouda à la table et croisa les bras en haussant les épaules. « Je suis chauffeur. Je conduis des personnes fortunées à leurs rendez-vous. » Et il adorait ça. Le blond n’était pas du genre à beaucoup se confier, encore moins sur sa vie d’avant, celle qu’il avait connu il y a deux ans de ça. Parler du présent le gênait beaucoup moins, c’était moins traumatisant. « Et toi ? Tu es toujours étudiante ou tu travailles pour payer tes impôts ? » Il se recula lorsque le serveur arriva avec leurs deux bières et le laissa repartir avec un billet pour payer leurs consommations. Il lui fit signe de garder la monnaie et prit sa bière en la levant devant la jeune femme pour trinquer. « Aux étoiles ? »
Il lui dit qu'il aime l'Espagne et elle se demande instantanément s'il a des origines espagnoles quelconque ou alors, s'il a juste un amour pour le pays en lui-même sans raison particulière. Ce n'est pas tous les jours qu'elle croise des gens intéressés par l'Espagne à Brisbane. Ce qui, vu la distance entre l'Australie et l'Espagne, est plutôt compréhensible. "Ah ? T'es déjà allé en Espagne ?" Lui demande t-elle avec peut-être un peu trop d'enthousiasme. Toujours intéressée par ce genre de choses. "Tu parles espagnol ?" Question qu'elle pose à quiconque lui parle d'Espagne ou d'Amérique latine parce que croiser quelqu'un qui parle espagnol à Brisbane, c'est comme un cadeau du ciel pour elle. Elle adore ça, ça la ramène un peu chez elle dans un sens et puis ça permet toujours de créer un lien particulier avec la personne. Sans oublier le fait que c'est aussi bien plus simple pour elle de discuter en espagnol, même si maintenant elle maitrise très bien l'anglais, l'espagnol reste beaucoup plus reposant pour son cerveau. Feignante ? Oui un petit peu, il fallait bien le reconnaitre. Il retourne la situation en disant qu'elle lui est rentrée dedans. Elle lui offre un faux air choqué en retour. "Ah parce que maintenant c'est moi qui t'ai rentré dedans ?" Lui demande t-elle en riant. "J'avais pourtant l'impression que c'était l'inverse, mais j'ai dû rêver ou imaginer des trucs." Ajoute t-elle. Sachant très bien qu'elle n'avait absolument rien imaginé et que c'était bel et bien lui qui l'avait bousculée, certes sans faire exprès, mais c'était lui tout de même. Il n'y avait vraiment pas photo à ce sujet et c'était justement pour cette raison que ça la faisait rire. Il dit que non, il n'est pas irrésistible, au contraire il serait plutôt du genre second choix. Elle hausse un sourcil dans sa direction. Il a l'air sûr de lui pourtant pour être un mec habitué à être le second choix. Dire qu'elle a du mal à le croire, est peu dire. "Sans compter sur son physique ou son charme ? Tu m'as l'air plutôt pas mal sur ce point pourtant." Lui dit elle, sourire aux lèvres. Il était très loin d'être moche et il avait l'air plutôt moins taillé. Ajouter à ça le fait qu'il semblait avoir le sens de l'humour, ça n'avait pas de sens pour elle qu'il soit le second choix en général. "Je peux pas croire que tu sois le second choix. A moins que tes potes soient des avions de chasse." Il n'y avait pas d'autre possibilité.
Elle refuse très rarement quand on lui propose de boire un coup gratuitement. Lui payer un verre c'est en général un très bon moyen de se la mettre dans la poche. Lui payer un verre ou lui payer à manger. L'un ou l'aire marche tout aussi bien avec elle. La jeune espagnole n'est donc pas si compliquée que ça. "Tu sais parler aux femmes effectivement. Ou du moins, tu sais comment me parler. Pour ça que je maintiens que je te crois pas quand tu dis que t'es le second choix en général." Bullshit cette histoire de second choix. Elle persiste et signe, peu importe ce qu'il peut bien dire. Quand il lui dit qu'elle a tout compris de son mode opératoire, elle lui offre un clin d'oeil et un sourire en guise de réponse. L'air de dire 'bien sûr que j'ai compris, pour qui tu me prends ?'. Il la taquine sur son âge de façon indirecte. Peut-être un moyen détourné d'essayer de connaitre son âge, ou de l'estimer tout du moins. "Bien sûr que j'ai l'âge de boire de la bière, depuis un bon moment en plus." Ca lui mettrait presque un coup de vieux de se dire que ça commence à faire plusieurs années qu'elle a le droit de boire de la bière en toute légalité. "Tu peux me draguer sans craindre d'aller en taule, t'en fais pas." ajoute t-elle. Si c'était ça qui l'inquiétait le plus, au moins, il était maintenant fixé, il n'aurait aucun problème. Le serveur vient les voir pour prendre leur commande avant de se repartir aussi rapidement. Il lui parle de son métier et elle doit bien avouer qu'elle est un peu surprise, elle s'imaginait tout sauf ce qu'il venait de lui sortir. "Ahh t'es un peu taxi de luxe alors ?" demande t-elle. Dans d'autres circonstances, ils auraient pu se rencontrer dans un cadre professionnel et c'est assez étrange pour elle d'imaginer ça. "Ca te plait ? Ou tu fais ça en attendant de faire autre chose ?" Lui demande t-elle ensuite. Il lui retourne la question quand le serveur leur apporte les bières. "Les deux en fait." Lui répond-elle. "Etudiante le jour, serveuse dans un bar le soir." continue t-elle avant d'ajouter "D'ailleurs si t'es vraiment sympa je pourrai t'offrir des verres." Elle lève son verre avec lui pour trinquer. Il propose de trinquer aux étoiles. Pourquoi pas. "A ta technique de drague sans égal plutôt." décide t-elle. Bien plus approprié que les étoiles selon Itziar. Elle trinque avec lui avant de boire une gorgée de sa bière. "Merci pour le verre." Lui dit elle avant d'ajouter "Je suis sûre qu'il y a plein de gens qui se doutent pas une seule seconde que venir au musée peut être aussi fun." Fun, c'était le moins que l'on puisse dire.
« J’y ai vécu quelques mois en effet. La meilleure destination de toute ma vie. » En même temps on ne pouvait pas dire qu’Adrian avait vu beaucoup de pays différent. Il avait vécu en Australie, à Melbourne, jusqu’à ses dix-huit ans et après il avait été balloté de droite à gauche en Iraq à cause de l’armée. Il y avait dédié quatorze années de sa vie et s’était autorisé un petit road trip en Europe pour essayer de reprendre le contrôle de sa vie. Mais avant ça, il n’avait donc jamais voyagé autrement. Cependant, l’Espagne restait vraiment le pays qu’il avait préféré durant son petit voyage dans toute l’Europe. Mais tous ces détails, il les gardait évidemment pour lui. Il venait de rencontrer la jeune femme et il lui disait seulement ce qu’il voulait qu’elle sache. Itziar lui avait demandé dans quoi il bossait et il avait évidemment fait exprès de ne pas mentionner son passé pas si lointain de soldat dans l’armée de terre. Il s’était rendu compte au début, qu’annoncer ce genre de détail aux personnes suscitait trop souvent un mélange de curiosité, d’effroi et d’admiration. Le jeune homme se battait tous les jours de sa vie pour ne plus penser à tout ça, ce n’était pas pour qu’on lui pose des questions sur son passé de militaire et encore moins pour qu’on lui demande s’il avait des cicatrices. C’était déjà assez difficile à gérer lorsqu’il se retrouvait au lit avec une femme et qu’elle s’exclamait toutes les deux minutes de l’état de sa peau dans son dos ou cette légère bosse à l’arrière de son oreille, souvenir de ce qui avait bien manqué de lui ôter la vie. Donc depuis son retour à Brisbane, il avait appris à bien sélectionner ce qu’il disait aux gens. C’était une sorte de pudeur mais aussi une manière pour lui de se protéger. Ici, il n’avait pas d’uniforme ou d’arme, il devait se protéger autrement de ces menaces toutes aussi différentes que celles qu’il avait pu combattre aux côtés de sa compagnie en Iraq. « Mais je n’ai pas ramené un riche vocabulaire avec moi pour autant. J’ai pas mal bossé sur les plages touristiques donc l’anglais était la langue principalement servie. Mais toi, à ton petit accent, je devine que l’anglais n’est pas ta langue maternelle du coup.»
Adrian fixa un point invisible en face de lui, en haut du mur du bar. Itziar était très gentille et mignonne, mais elle était aussi un peu naïve. Evidemment, il savait qu’il avait du charme, sinon il ne rencontrerait pas de la facilité à trouver une jeune femme pour une nuit mais il avait son propre charme, ses propres atouts qui à côté d’un mec comme son ancien meilleur ami ne pesaient pas lourd. « Ah ça pour un avion de chasse… C’en était un ! » Il baissa brièvement les yeux. Parler de Matteo, même sans prononcer son nom ou sans vraiment le définir était vraiment douloureux pour lui. Il avait tendance à vite changer de sujet et repartir sur autre chose quand sans vraiment le vouloir, il avait amené son coéquipier sur le sujet. « Mais du coup, je me débrouille autrement et ça marche très bien aussi ! » Il tourna enfin le regard vers elle, avec ce petit sourire en coin qu’il savait si bien faire. Adrian n’était pas idiot, il savait ce que les femmes lui trouvaient malgré qu’il n’ait pas la peau caramel ou un mètre quatre vingt quinze de corps musclé. La jeune femme semblait vraiment surprise et il ne voulait pas s’attarder là-dessus. Il n’avait dit ça que pour plaisanter même s’il y avait une part de vérité. Il ne voulait pas qu’on le plaigne, qu’on le rassure. Du moment qu’il arrivait à ramener une femme chez lui quand il avait envie d’un peu de compagnie, ça lui allait. Il ne pu s’empêcher de lâcher un petit rire lorsque la blonde lui dit qu’il ne risquait pas la prison en buvant un verre avec elle. C’était effectivement, rassurant. C’était un ancien militaire, il ne pouvait pas se permettre ce genre de problème même si concrètement, lui, n’avait pas d’aprioris sur les femmes plus jeunes. « Un taxi de luxe, appelle ça comme ça si tu veux. » Il rit à nouveau. De ce rire sincère qu’il ne lâchait que très rarement. Itziar avait un drôle de pouvoir sur lui. Il oubliait presque ses tracas qui lui prenaient tellement la tête en temps normal. Elle était tellement jolie et pleine de vie à côté de lui. Il se voyait plutôt comme l’un des membres de la famille Adams, en noir et blanc et elle comme la princesse Raiponce avec sa chevelure d’or, son sourire et sa pétillance naturelle. « Non j’adore ça. Je me vois pas faire autre chose actuellement. » C’était vrai. Il avait eu l’illumination en Espagne, alors qu’il avait les orteils dans le sable et une bière entre les mains. Les militaires qui devaient trouver un nouveau travail avaient bien du mal à trouver quelque chose qui pouvait leur plaire et Adrian était passé par ce questionnement. Qu’allait-il faire maintenant ? Il était tombé amoureux de la route pendant son road trip et il ne se voyait vraiment pas faire un travail en étant tous les jours au même endroit. C’était la combinaison parfaite pour lui. « C’est bon à savoir ça ! Je suis plus souvent dans les bars que chez moi. » Ca aussi, c’était quelque chose de véridique. Depuis son retour, le blond n’avait pas passé beaucoup de temps chez lui à part pour dormir et se doucher. Il essayait vraiment de rester le plus loin possible de ses pensées noires. Les deux jeunes gens trinquèrent et Adrian ne pu qu’acquiescer à leur toast. « Les musées c’est vraiment sous coté. » Il lâcha un petit rire et bu une gorgée avant de s’accouder à la table en croisant les bras l’un sur l’autre. « Et tu étudies quoi ? Laisse-moi deviner… La psychologie ? Ou le droit ? » Il n’était pas en train de se moquer d’elle, il voulait vraiment deviner ce qu’elle étudiait durant ses journées à l’université.
Ca fait toujours plaisir d'entendre que quelqu'un a apprécié de passer du temps dans votre pays d'origine. C'est d'ailleurs pour ça que ça décroche un grand sourire à Itziar quand il dit que l'Espagne a été la meilleure destination de sa vie. Comme une sorte de fierté patriotique qui ressort à chaque fois que quelqu'un mentionne son pays. Elle en revanche, elle dirait plutôt que l'Australie est la meilleure destination de toute sa vie. Plus d'un an qu'elle est ici et elle ne se voit pas repartir de si tôt. Bien sûr, son pays lui manque, il y a forcément des choses qu'il y avait là-bas et qu'elle ne retrouve pas ici, ou qu'elle retrouve, mais qui sont malgré tout différentes. Elle aimerait bien y retourner. D'ailleurs, si elle avait les moyens elle se ferait un petit voyage d'une quinzaine de jours en Espagne, histoire de se ré-imprégner un peu de l'ambiance du pays, avant de retourner à Brisbane. "C'est pas pour rien qu'il y a autant de touristes." Lui répond-elle en souriant. Les touristes il y en avait à tous les coins de rues à Madrid et c'était encore pire à Barcelone. Difficile à première vue de différencier les touristes des locaux surtout quand il s'agissait d'espagnols. "T'as bossé sur les plages ? T'étais où exactement ?" demande t-elle avec curiosité. "Ca m'étonne qu'à moitié que t'aie pas vraiment appris l'espagnol, quand tu parles anglais, il y a pas vraiment d'intérêt." Enfin ça, certains le contrediront certainement en disant qu'il n'y a rien de mieux pour s'imprégner d'une culture que de s'intéresser à la langue, mais il fallait bien avouer que maintenant quasiment tout le monde était capable de baragouiner quelques mots d'anglais et que c'était donc plus que suffisant pour se débrouiller à peu près n'importe où. "Et tu devines très bien, même si je pense que c'était pas super compliqué comme découverte." Lui répond-elle en plaisantant. Elle était parfaitement consciente de son accent et savait très bien que dès qu'elle ouvrait la bouche il était possible de se rendre compte qu'elle n'était absolument pas anglophone de naissance. "Je suis à Brisbane depuis un peu plus d'un an sinon j'étais à Madrid et crois moi, mon accent était bien pire quand je suis arrivée." Et en plus de ça elle était loin d'être bilingue un an en arrière. Il avait fallu se faire violence pour le coup pour pouvoir se débrouiller le plus rapidement possible.
Il n'est pas prise de tête comme mec, ou du moins, pour le coup, il ne laisse absolument rien paraître. Apparemment son pote est un vrai avion de chasse. Elle trouvait qu'Adrian était déjà plutôt beau gosse, alors elle n'osait pas imaginer le pote. "J'ai pas rencontré le bon alors." Lui répond-elle avec un clin d'oeil. "Mais je m'en contente." ajoute t-elle en riant. Il avait beau dire qu'il ne comptait pas sur son physique ou son charme, la beauté restait tout de même subjective, même s'il y avait bien sûr qui mettait quasiment tout le monde d'accord, il y avait au moins une personne sur terre pour vous trouver beau à tout moment. La clé c'est de se trouver au même endroit que cette personne au même moment, ce qui est bien plus compliqué malheureusement. "Je vois que monsieur connaît ses atouts." Lui répond-elle quand il se tourne vers elle, petit sourire en coin. Sans aucun doute un de ces sourires types qu'il doit servir à toutes les filles qu'il drague ou tente de ramener chez lui. Elle voit très bien pourquoi ça marche pour lui. Le sourire est charmeur, ni trop, ni pas assez. C'est parfaitement maîtrisé comme technique. Ca le fait rire quand elle parle de taxi de luxe du coup elle se dit qu'elle a plutôt bien trouvé sa vanne, il ne se voit pas faire autre chose non plus. "C'est le fait de conduire que t'aime bien ? Ou le fait de conduire des gens blindés ?" demande t-elle car oué les deux sont bien différents. "Moi aussi je suis plus souvent dans les bars que chez moi ... Enfin, dans un bar et pas pour boire à mon plus grand désarroi." Lui répond-elle. Elle devrait peut-être arrêter de proposer à tout le monde des verres gratuits, à force son boss risque de ne pas trop apprécier, mais autant dire qu'elle s'en fichait un peu. Après tout, les probabilités étaient en général relativement minces pour qu'un mec qu'elle vient de rencontrer se pointe là où elle bosse pour réclamer son verre gratuit. Ce n'est donc pas bien méchant et vu les recettes que le bar se fait après chaque soirée, le patron n'est clairement pas à ça près. "C'est bien trop sous-coté les musées, je suis pour que les gens se rendent compte à quel point ça peut-être sympa d'aller au musée." C'était ses parents qui lui avaient transmis leur passion pour les musées et l'art en général, dès son plus jeune âge ils la traînaient dans les galeries et autres expositions en tout genre. Au début, c'était plus une corvée pour elle, puis elle s'était finalement elle avait commencé à y voir un intérêt et à réellement apprécier. Elle boit une gorgée de sa bière et ne peut s'empêcher de rigoler quand il tente de deviner ce qu'elle fait comme études "Bien tenté !" Répond-elle en riant. Le droit ou la psychologie, les filières que la plupart des gens s'arrachent, on ne sait pas trop pourquoi. "Mais non, je ne fais ni l'un ni l'autre, je sais que c'est surprenant." continue t-elle. Peut-être qu'elle aurait dû faire du droit ou de la psychologie au final, elle n'y avait jamais songé et maintenant, c'était un peu tard pour changer et recommencer du début une fois de plus. "J'étudie la communication et le management ... Tu me diras, peut-être tout aussi cliché que le droit et la psychologie." un peu moins mainstream, mais ça restait tout de même dans la même lignée. Elle n'avait pas cherché bien loin avant de s'inscrire il fallait l'avouer. "C'était un peu un choix par défaut, fallait choisir un truc, j'ai vu ça, boum je me suis inscrite. Bien moins classe que toi et ton taxi de luxe." Finit elle avant de reprendre une gorgée de sa bière. "Tu vois à quel point ma vie est passionnante ?" demande t-elle en plaisantant. "Je suis sûre que tu peux pas faire mieux." C'est ironique, mais ça la fait rire, c'est déjà pas mal.
Dans sa tête, Adrian s’énumérait les plages sur lesquelles il avait été embauché durant ses six mois en Espagne. Ca avait été la destination où il était resté le plus longtemps, cependant il avait été incapable de rester au même endroit durant toute cette période. Il avait la bougeotte et même s’il avait adoré chaque plage, chaque bar, il avait à chaque fois ressenti ce besoin de changer de bar, de patron et de clientèle. Ca lui avait permis d’apprendre à connaître davantage de personne même si ce n’était pas quelqu’un de sociable mais aussi de s’adapter à plusieurs conditions de travail. Les cocktails n’étaient pas toujours les mêmes et la manière de servir non plus. Grâce à ça, il avait vraiment pu s’enrichir et découvrir énormement de chose dans le même milieu. Et puis, il y avait aussi le côté légal. Il fallait savoir que durant tout son road trip. Adrian n’avait dormi que très peu dans des hôtels et même lors de ses pemissions à Brisbane il avait toujours trouvé un moyen pour dormir dehors. Seulement, lorsqu’il restait trop longtemps au même endroit, il avait tendance à se faire repérer par la police locale et il devait souvent finir la nuit dans sa voiture. Une autre raison pour laquelle il n’était que très peu resté au même endroit. Un mec qui ne dort que dans son véhicule ou dans des parcs, des plages ça ne passe plus vraiment inaperçu pour finir et vu qu’il était correctement habillé et qu’il ne semblait pas mourir de faim, les gendarmes avaient compris qu’il n’était pas sans abri mais juste scouateur. « J’en ai fait plusieurs. » répondit-il simplement avec un sourire en coin. On lui disait souvent qu’il avait un air mystérieux et qu’il arrivait très bien à l’entretenir. Parfois, c’était vrai ; il omettait volontairement des détails de sa vie comme par exemple le fait qu’il avait été militaire et gravement blessé mais là, en l’occurrence, Adrian ne cachait pas volontairement le nom des plages où il avait travaillé et dormi, c’était plutôt pour ne pas s’étaler sur sa vie qu’il considérait assez ennuyeuse. « Et son accent est très joli comme ça ! » Il bu une gorgée de bière tout en regardant Itziar en face de lui. Elle lui plaisait, très clairement, mais ce n’était pas comme avec les autres filles avec qui il avait l’habitude de parler pour les ramener dans son lit. Certes, il n’avait pas de problème avec leur différence d’âge mais pour ce soir, il ne se voyait pas pour autant proposer quelque chose à la jeune femme. Le courant semblait bien passer mais quelque chose le retenait. Peut-être le fait qu’elle semble intéressante et intelligente. Non pas qu’il préférait coucher avec des demeurées mais les filles qui ne posaient pas de questions ne restaient pas non plus pour le petit-déjeuner et ça l’arrangeait. Ils avaient trop échangé pour que ce ne soit qu’une histoire d’un soir et c’était la preuve qu’il commençait à l’apprécier. Sinon, il lui aurait déjà proposé de finir sa bière chez lui. Ils échangèrent encore un peu sur des banalités comme ses atouts ou le fait que Matteo était clairement un avion de chasse à côté de lui. Etrangement, même si en temps normal il ressentait un pincement au cœur en parlant de son ancien meilleur ami, cette pensée le faisait sourire ce soir. Peut-être que la petite blonde avait des pouvoirs sur lui ? « Le fait de conduire. Je n’ai pas vraiment le droit d’échanger avec les clients, je ne sais donc pas s’ils sont intéressants. Mais la plupart sont plutôt imbuvables alors heureusement que j’aime la conduite. » Un sourire était toujours peint sur son visage. Itziar lui faisait vraiment un drôle d’effet. Il avait presque l’impression d’être serein pour une fois. Malheureusement, il savait aussi que ses vieux démons n’allaient pas tarder à rentrer en même temps que lui et qu’une fois chez lui il n’aurait plus qu’à s’abrutir de médicaments pour espérer pouvoir fermer l’œil. Surpris, Adrian leva un sourcil et pencha légèrement la tête sur le côté. « La communication et le managment hein. Bah ça te colle tout aussi bien ! » Il avait vu faux mais il n’était pas mauvais perdant et clairement, c’était quelque chose qui semblait aussi convenir à la jeune femme. « Il n’y a pas besoin d’avoir de beaux et gros diplômes pour avoir une vie passionnante ! » Il envoya un clin d’œil à Itziar et finit sa bière. En voyant que la bouteille de son interlocutrice était également finie, il se proposa gentiment pour la ramener chez elle. « Ce ne sont pas des avances. » précisa-t-il, une main levée. « On ne sait pas trop ce qui traine dans les rues de la ville à cette heure-ci alors je préférerai te raccompagner si tu veux bien. » Il était déjà en train d’enfiler sa veste et de prendre celle de la petite blonde pour l’aider à l’enfiler tel un gentleman. Il ne pensait vraiment pas à mal. Il avait passé un excellent moment sous les étoiles avec elle et il ne voulait pas prendre congé d’elle de manière abrupte.