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 Breakfast 7.30am - Kane&Yasmine

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Message(#)Breakfast 7.30am - Kane&Yasmine EmptySam 30 Juin 2018 - 13:22


Nuit de garde à la caserne. Nuit en tant qu’ambulancier. Je continue de faire des shifts de ce genre quand y’a besoin. C’est jamais plus de quelques jours par mois. Ca ne me dérange pas. Enfin, il serait plus juste de dire que j’ai du mal à dire non à mon chef. Mais c’est plutôt cool de pouvoir changer de temps en temps. Etre paramédic ça a été mon quotidien pendant 8 ans, j’ai apprécié toutes ces années, vraiment. Je trouve ça cool de pouvoir continuer à avoir un pied là dedans malgré ma nouvelle carrière. Je dois avouer que mon léger traumatisme vis à vis du feu fait que je suis plus enclin à prendre des gardes d’ambulancier. J’en ai glissé un mot au chef l’air de rien, et il a pris en compte mon souhait. Je pense avoir besoin d’encore un peu de temps avant de me remettre à 100%. J’ai aussi ce voyage cet été qui va m’aider à me changer les idées et reprendre les choses où elles en étaient avant l’incident.

Cette nuit, j’ai passé un long moment à traiter une jeune fille de 13 ans. Son état était critique et j’ai fait tout mon possible sur la scène mais aussi dans l’ambulance. J’étais pas sûr qu’elle soit assez stable pour être transportée du coup j’ai du prendre une décision. Y’avait quand même pas beaucoup de choix possible. Alors on l’a déplacé avec minutie et on a roulé pas comme des fous pour éviter les chocs. Les docteurs l’ont pris en charge à l’hôpital et j’ai du repartir sur un autre cas. Mais là j’ai terminé ma garde et je suis libre. Je n’ai même pas pris le temps de me changer, c’est donc avec mon uniforme de paramedic que je me pointe à l’hôpital. Ca aide aussi pour avoir des renseignements plus rapidement. Je commence à être bien connu depuis le temps, les gens à l’accueil, je sais leurs prénoms, ils savent le mien.

On m’indique que la jeune fille est encore en chirurgie et que y’en a pour encore de longues heures. Ca veut dire qu’elle est encore en vie, c’est déjà ça. Je me rassure comme je peux. Je regarde l’heure à ma montre. 7h30. Je relève les yeux et je vois Yasmine qui se dirige vers la sortie. Je vais jusqu’à elle, marchant rapidement. Je me positionne à ses côtés.

« Pause ou fin de garde ? »

Je lui fais un très large sourire quand elle tourne la tête vers moi. Ca fait un très très long moment que je ne l’avais pas vu et ça fait un bien fou de voir son visage dans le coin. Je l’ai aperçu rapidement quelques fois, donc je sais qu’elle était de retour, mais on n’a pas eu l’occasion de se reparler véritablement. Tous les deux étant trop occupé dans notre boulot quand on se croisait. J’ai su qu’elle est parti en Afrique quelques temps. Elle doit avoir pas mal de trucs à raconter. J’espère qu’elle est disponible, ça me ferait bien trop plaisir de passer du temps avec elle. Faudrait que je rentre chez moi pour dormir un peu mais je suis pas fatigué et je commence à mourir de faim.



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Message(#)Breakfast 7.30am - Kane&Yasmine EmptyDim 1 Juil 2018 - 11:34


Breakfast 7.30am
kane & yasmine

Un bruit métallique résonna dans le vestiaire des infirmiers quand la porte du premier casier de droite se referma sèchement. Se soustrayant à son reflet renvoyé sans filtre par le miroir fixé à l’intérieur, le visage marqué par son épuisante première garde de l’année, Yasmine emporta son sac et ses clefs de voiture à la dérobée, ses pieds la conduisant d’eux-mêmes jusqu’à la sortie. Soupirant, contentée à l’idée de rentrer à la maison pour se détendre un peu, ce fût pleine d’un sentiment indescriptible de soulagement qu’elle s’engagea enfin dans les couloirs de l’hôpital, les remontant à contre-courant pour rejoindre le hall d’accueil de l’établissement. Décoinçant ses longs cheveux détachés du col de sa veste en jeans, elle renvoya des sourires empreints de compassion et d’encouragements muets à ceux qu’elle croisait sur son chemin. Elle descendit une rangée de marches raides, se disant qu’un petit-déjeuner copieux ne serait pas de refus – une récompense qu’elle méritait amplement après s’être donnée au maximum pour confirmer à ses collègues qu’elle était bel et bien apte et déterminée à reprendre ses habitudes ; elle sortit son téléphone portable de la poche de son pantalon, l’écran défoncé par sa récente mésaventure au Canvas, et tapota dessus pour s’enquérir des disponibilités de Sohan. Son retour dans le service, elle l’avait redoutée pendant un temps. Tenue de remplir les conditions de la direction du St-Vincent’s, insistant lourdement pour s’assurer que son état mental lui permette de reprendre son poste après son long séjour au Niger, elle avait enchaîné les rendez-vous avec un psychiatre assigné spécialement pour elle – son nom était imprononçable, mais elle appréciait l’accent croate qu’elle avait noté dans le ton bourru qu’il employait pour s’adresser à elle, un peu comme si elle l’importunait, alors qu’elle n’avait rien demandé à personne. Le fait qu’il soit un bougon de première catégorie lui avait permis de gruger légèrement sur l’authenticité de ses récits. Notamment ceux qui mentionnaient son état d’esprit – évidemment qu’elle allait bien, même si son inactivité éphémère la rendait un peu chafouine de temps à autre, c’était certain. Mais son entourage savait comment la distraire, et leur proximité était une chance dont elle savait profiter après tous ces mois à être séparés, et bla bla bla… elle ne comptait plus les lieux communs qu’elle avait débité pour décrocher le golden ticket qu’elle avait dans sa ligne de mire, et qui lui permettrait de remettre le pied à l’étrier – force était de constater quel avait un talent inné pour la comédie. Ce qu’il lui fallait, c’était reprendre le travail pour s’éviter de trop ruminer, pressée de s’en remettre à l’adrénaline allant de paire avec la frénésie des urgences pour adoucir ses difficultés à se réadapter à sa vie australienne, ce qu’elle n’admettait pas à voix haute, pas même devant son psychiatre ; surtout pas devant son psychiatre.

S’apprêtant à pousser une autre porte battante pour sortir pour de bon, la présence soudaine d’une silhouette à ses côtés lui fit tourner la tête, et abandonner son téléphone portable. La voix qui s’éleva, et l’éclat d’une dentition parfaite fit naître un sourire aussi large que celui de son interlocuteur sur son visage. Kane. Elle se retint de lui passer un bras autour des épaules, mais lui répondit avec malice, en même temps qu’elle rangeait son portable défoncé dans sa poche :

« Fin de garde. T’as vu ma tête ? » Elle accentua ses marques de fatigue – pas seulement dues à sa garde cela dit – en grimaçant légèrement, fronçant tous ses traits en même temps. Un coup de coude amical plus tard, et elle le pointait déjà du doigt, lui renvoyant la balle avec un « Intervention matinale, ou tu viens te rancarder sur l’état d’un patient ? » Elle poussa la porte devant laquelle ils se retrouvèrent, quand les sourcils tressaillant à peine, elle ajouta sous le coup de la révélation « Oh mais attends, la gamine de cette nuit, c’est ton escouade qui l’as amenée, non ? » Yasmine était toujours enchantée de constater à quel point il était aisé de reprendre contact avec certaine personne. Et comme avec Isaac lorsqu’ils s’étaient revus dans l’enceinte de l’hôpital, son échange avec Kane lui paraissait si naturel qu’elle fût sincèrement ravie d’être enfin tombée sur lui.

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Dernière édition par Yasmine Khadji le Jeu 5 Juil 2018 - 14:30, édité 1 fois
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Message(#)Breakfast 7.30am - Kane&Yasmine EmptyMar 3 Juil 2018 - 19:18


L’air rayonnant de son visage me fait presque oublier les raisons très sérieuses de ma présence à l’hôpital. On s’est toujours bien entendu Yasmine et moi. Je suis beaucoup trop heureux de voir qu’elle est tout aussi ravi de tomber sur moi à ce moment précis. Parce que oui, il s’agit de la fin de sa garde. Je m’en doutais vu qu’elle n’est plus en tenue d’infirmière, mais on ne sait jamais. Elle parle de sa tête qui devrait m’indiquer aussi qu’elle a bossé toute la nuit et je trouve qu’elle s’en sort plutôt pas mal de ce côté là. J’ai vu pire. Je m’abstiens de faire une remarque à ce propos.

Elle me file un coup de coude et j’aime bien le geste. Signe de notre complicité à tous les deux. Elle me demande ce que je fais là, elle me connait bien. On sort de l’enceinte de l’hôpital, je vais pour lui répondre mais elle me prend de court, parlant de l’intervention de cette nuit. J’hoche la tête.

« Ouais c’est bien ça. »

Je fronce un peu le nez. Je revois la scène sanglante dans laquelle je me suis trouvé avec mon coéquipier. J’ai beau être habitué à la vue du sang, quand y’en a à outrance, c’est toujours très marquant.

« C’était pas évident comme intervention… Certainement une des plus sensible que j’ai jamais eu. »

Le pronostic vital est clairement engagé. La jeune fille a pas beaucoup de chances de s’en sortir, mais je veux y croire. Tant que y’a de la vie, y’a de l’espoir.

« Elle est toujours en chirurgie. Je sais pas combien de temps ça peu encore durer… »

On sait jamais avec ce genre de multi trauma. Tellement de choses peuvent se passer pendant l’intervention. Je me mordille la lèvre, légèrement dans mes pensées par rapport à la suite de ma journée.

« Je vais aller manger un bout dans le coin et je repasserai après pour voir si y’a du nouveau. »

Et si y’a toujours rien, je rentrerai dormir et je repasserai avant d’aller au boulot ce soir. Sauf si une des infirmières est assez gentille pour m’envoyer un SMS en cas de changement. Je verrai cette possibilité également quand je repasserai tout à l’heure.

Je ne sais pas si Yasmine a quelque chose de prévu mais j’ai très envie de savoir à propos de son voyage alors je ne perds pas trop de temps pour mettre le sujet sur le tapis. C’est quand même un big deal cette aventure qu’elle a fait.

« Tu m’accompagnerais pour un petit déj ? J’ai envie que tu me parles de l’Afrique ! Si t’as d’autres trucs prévus je comprends. Je repasserai. »

Je suis un peu trop prévoyant. J’ai pas envie de la déranger dans sa journée. Généralement on a nos plans tout fait dans notre tête quand on quitte le boulot. Surtout quand on est fatigué après une longue nuit. Je ne lui en voudrais absolument pas de remettre cette conversation à plus tard.



Dernière édition par Kane Williamson le Mar 10 Juil 2018 - 0:38, édité 1 fois
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Message(#)Breakfast 7.30am - Kane&Yasmine EmptyJeu 5 Juil 2018 - 15:50


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kane & yasmine

A Diffa, Yasmine avait appris à faire la paix avec sa crainte de traiter les enfants et les adolescents. Elle n’avait pas eu tellement le choix. Et parce que c’était souvent eux qui avaient le plus besoin d’attention, et parce qu’aucun d’eux ne méritaient de mourir aussi jeunes, quelle que soit leur pathologie ou leur blessure, elle avait souvent ravalé la tristesse que les cas délicats comme ceux-là lui inspiraient forcément. Au lieu de s’apitoyer sur leur sort, elle réunissait ses connaissances et sa volonté d’agir, consciente qu’une erreur, même humaine, lui vaudrait de vivre tout le restant de sa vie avec la culpabilité de ne pas avoir fait ce qu’il fallait – ça lui était arrivé quelques fois, plus jamais elle ne voulait revivre ça, sa capacité à s’autoflageller arrivant dangereusement à saturation. Aussi, même si elle s’évertuait à donner à ses efforts une impulsion constante, partisante du travail bien fait en toutes circonstances, elle savait foncièrement qu’elle redoublait d’énergie et de vigilance lorsqu’un enfant ou un adolescent était impliqué. Bien des fois, on lui avait fait remarquer, l’air de rien, ses compétences à gérer les pleurs d’un tout petit, son visage débonnaire aidant, et son envie profonde et sincère de bien faire suintant de tous les pores de sa peau cuivrée. La proximité qu’elle créait immédiatement avec les plus jeunes lui conférait un pouvoir dont elle savait user avec parcimonie. Quand il était nécessaire de récolter les détails du récit d’un accident par exemple, son sourire et sa douceur lui étaient d’une grande aide, ce qui n’avait pas échappé aux titulaires qui s’empressaient de la faire intervenir pour leur prêter mains fortes, dès qu’ils se sentaient démunis face aux jeunes patients récalcitrants qui réclamaient leur maman.

« J’aimerais pouvoir te dire la même chose. » répondit-elle à Kane qui lui avoua que cette nuit, il avait eu à intervenir sur le cas le plus sensible de toute sa carrière. Un sourire timide réhaussa ses pommettes. Alors qu’ils sortaient enfin de l’hôpital, l’air frais du matin dans lequel ils plongèrent, tête la première, lui permit de détourner les yeux un court instant. Pendant qu’elle boutonnait son blouson et réajustait son pull sous lequel une bande de peau brunie apparaissait, constellée de chair de poule, elle baissa la tête. Terminant de se prémunir de cette brise légère en rentrant le bas dans son pull dans son pantalon, elle sentit une veine se mettre à palpiter au-dessus de sa lèvre supérieure, quand des images brouillées, comme un signal qui a du mal à passer, se mirent à jouer dans son esprit réveillé par la température extérieure ; l’odeur infecte d’une plaie purulente fit frémir ses narines, les cris d’un petit garçon d’à peine dix ans, privé d’anesthésie, réagissant à la douleur insupportable d’une scie séparant son membre infecté de la partie saine de la jambe qu’il ne pourrait jamais plus utiliser perça ses tympans – elle en gratouilla un discrètement, un doigt sur le tragus. Son trouble soudain ne transparut pas visiblement sur son visage, si ce n’était cette veine qui ondulait sous sa peau, mais qu’elle rappela à l’ordre en se mordant l’intérieur de la lèvre. Puis, elle releva la tête, et poursuivit son chemin en compagnie du jeune homme. Elle poussa un petit soupir plein d’affliction en l’écoutant « Longtemps, c’est tout ce que je peux te dire. Je pourrais toujours te prévenir ce soir, je prends la relève à 21 heures. Je prendrais de ses nouvelles en arrivant, ça t’évitera un détour par ici. » Ou le choc de se voir annoncer le décès d’une adolescente de 13 ans, dont il s’était occupé, par quelqu’un qu’il ne connaissait pas. Yasmine serra ses lèvres, les transformant en une ligne mince et invisible ; elle se sentit capable de poser une main sur son épaule pour lui faire comprendre qu’elle le comprenait, et c’est ce qu’elle fit – elle savait que ce n’était pas toujours évident de décrocher des horreurs dont ils étaient témoins chaque jour « Vous avez fait ce que vous avec pu, le reste est entre les mains du chirurgien – c’est un crack, rien n’est perdu. » On ne s’habituait jamais à la souffrance, même après une dizaine d’années à opérer au sein d’une service comme celui des urgences. Ceux qui prétendaient être vaccinés de la vue du sang, de l’odeur de la mort, ou de la tristesse d’un proche endeuillé – ou des trois à la fois – n’étaient que de vils menteurs à qui elle refusait obstinément de faire confiance « Aaaaah, ils veulent tous que je leur parle de l’Afrique. » déclaré-t-elle dans un soupir surjoué. Elle retira doucement sa main de l’épaule du jeune homme, et leva les yeux au ciel, feintant l’agacement face au visage mystérieux d’une entité au-dessus de sa tête. Un sourire franc et massif fendit son expression théâtrale ; ça avait tendance à lui hérisser le poil d’entendre son entourage la questionner sur sa mission comme si elle était partie faire du tourisme dans une lointaine contrée, mais elle leur pardonnait.
Comme elle n’avait pas envoyé le message destiné à Sohan – elle revérifia néanmoins, pêchant son téléphone fissuré dans la poche arrière de son pantalon –, elle opina du chef avec enthousiasme à la proposition de Kane, prenant de l’avance sur lui qui la surplombait d’une toute petite marche « T’as une préférence ? Je vais pas t’imposer la cafétéria de l’hôpital. Même s’il paraît que ça s’est drôlement amélioré depuis la dernière fois que j’y ai mangé. »

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Message(#)Breakfast 7.30am - Kane&Yasmine EmptyMar 10 Juil 2018 - 10:29



Elle fait remarquer qu’elle a vu pire dans son boulot. C’est pas vraiment une compétition. Elle donne quand même l’impression que ce qu’il s’est passé cette nuit c’est pas grand chose. Je suis sensible, j’y peux rien. Sûrement pour ça que je prends si souvent des nouvelles des cas sur lesquels j’ai bossé. J’ai besoin d’avoir le fin mot de leur histoires, afin de fermer un chapitre. Même si la fin est tragique.

Sa proposition tombe à pic, je pensais justement à ça. J’hoche la tête, acceptant tout de suite.

« Ce serait sympa merci. Je repasserai quand même tout à l’heure avant de rentrer chez moi. »

Parce qu’on est quand même juste en face de l’hôpital et on sait jamais. Les choses pourraient avoir changé déjà d’ici là. En bien. J’espère. Je discute avec Yasmine mais un coin de ma tête est constamment en train de se dire « Faites qu’elle s’en sorte ». Elle pose une main sur mon épaule et tente de me donner des paroles rassurantes. Le chirurgien est un bon, j’espère qu’il saura faire des miracles pour elle. Elle me redonne de l’espoir, même si au fond je suis presque sûr que son état est beaucoup trop préoccupant pour la sortir d’affaire. Je préfère me conditionner au pire, tout en espérant le meilleur.

Le sujet change, et quel sujet ! L’Afrique ! Elle n’a pas l’air super enjoué à l’idée d’en parler. Elle a dû le faire des dizaines de fois depuis son retour, donc je peux la comprendre. Mais c’est légitime de ma part d’être curieux à ce propos. Quand on fait une aventure pareil, faut partager ! Qui sait, peut être que ça me donnera envie de me lancer dans quelque chose de similaire. Elle se joue de moi quand elle montre enfin son beau sourire. Ah, je préfère ça. Mais j’ai faillit me faire avoir une minute. Cependant elle ne fait pas de commentaire. Ok. J’insiste pas. Elle accepte quand même ma proposition, ce qui veut dire que peut être j’aurai les détails plus tard, une fois qu’on sera posé.

« J’ai l’habitude d’aller au dinner en face, ils font des super milk shake. »

Et bien évidemment je vais me laisser aller à en prendre un. Ca fait longtemps que j’en ai pas bu un. Nous voilà donc en chemin de l’autre côté de la rue. Le dinner est assez bien rempli, il est ouvert 24/24 et avec un hôpital juste en face, c’est presque aussi efficace qu’une gare si vous voulez mon avis.

Une fois installé à une table et notre commande passée (toast aux avocats et milk shake vanille pour moi).  Je joue un peu avec la salière sur la table. J’ai besoin d’avoir un truc dans les mains. Ca montre que je suis pas tout à fait zen. Je pense trop à la fille en chirurgie.

« Et donc tu veux pas me raconter l’Afrique ? Tu l’as trop répété ? J’arrive trop tard ? Si t’as fait une conférence de presse sans m’en parler je crois que je serai un peu vexé ! »

Je tourne tout ça à la plaisanterie mais ouais, c’est des véritables questions que je pose là. On verra ce qu’elle prend et ce qu’elle laisse.

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Message(#)Breakfast 7.30am - Kane&Yasmine EmptyJeu 12 Juil 2018 - 12:30


Breakfast 7.30am
kane & yasmine

« Parfait, j’ai besoin de sucre. » concéda-t-elle, acceptant sans rechigner le point de rendez-vous décidé par Kane. Yasmine lui emboita le pas en listant mentalement ce dont elle avait envie pour soulager son envie de sucre – le meilleur carburant au monde, plus efficace encore que le café, à ses yeux, du moins. Quand ils entrèrent dans le dinner, la température, plus agréable qu’au dehors, déploya ses grands bras pour les envelopper immédiatement, dans une tentative plutôt habile de les faire rester plus longtemps. En s’avançant jusqu’au comptoir, elle reconnut certains visages croisés au fil des années qu’elle avait passées à travailler au St-Vincent’s. Ce dinner était devenu le quartier-général d’une bonne partie des soignants de l’hôpital, la nourriture y étant nettement meilleure, comprendre moins saine et plus grasse, qu’à la cafétéria de l’hôpital qu’elle avait mentionné comme choix potentiel pour accueillir leur fringale matinale ; il y avait toujours des familles de patients, aussi. On les reconnaissait grâce au masque d’inquiétude et de tristesse qu’ils portaient dans l’attente de recevoir de bonnes nouvelles. D’un signe de la main, elle salua l’interne en dermatologie avec qui elle avait sympathisé avant de partir au Niger, et qui lui proposa d’un regard éloquent de le rejoindre, lui et ses collègues. Elle refusa poliment, opinant de droite à gauche et désignant Kane d’un coup de menton. Le talonnant de près pour passer commande, elle porta son choix sur un thé à la menthe, qui ne serait pas aussi bon que celui de son père, mais elle s’en contenterait, le sucrant à outrance pour en dissimuler l’amertume ; et, comme Kane, d’un milk-shake à la vanille – elle se déciderait pour autre chose plus tard, si son estomac ne s’en satisfaisait pas.

Laissant la préparation de leurs commandes aux bons soins des cuisiniers, c’est de concert qu’ils se détournèrent à la recherche d’une place à occuper. En s’asseyant sur la banquette en skaï, Yasmine remarqua la nervosité mal dissimulée de Kane, occupé à triturer les contours de la salière qu’il avait subtilisé à peine s’était-il assis. Si parler de sa mission humanitaire pouvait lui changer les idées, et apaiser son inquiétude à propos de sa patiente, elle se plierait à l’exercice avec le même enthousiasme pudique qu’elle avait démontré depuis qu’elle était rentrée. Car, malgré les apparences, elle n’était pas lassée de parler de ce qu’elle avait vécu, c’est juste que compte tenu de ses difficultés de réadaptation, se replonger dans le récit de ses tribulations nigériennes la poussait encore un peu plus à retarder son retour ; dans sa tête, elle n’était toujours pas rentrée, c’était bien ce que lui avait subtilement reproché son thérapeute mal embouché, entre deux coups d’œil bougons et grognements gutturaux dans sa barbe d’ours mal léché. Elle déboutonna sa veste, préférant se mettre à l’aise pour se lancer dans l’histoire de ces huit derniers mois passés loin de l’Australie, et la retira pour la poser sur son sac qu’elle avait mis à côté d’elle. En même temps, elle répondit au jeune homme, un léger rire secouant sa poitrine lorsqu’elle l’entendit mentionner une conférence de presse :

« Comme si ! Le problème, c’est pas que je veuille pas en parler, c’est que j’ai trop souvent envie de le faire. Et quand ça arrive, j’ai du mal à m’arrêter. » Avec l’aide de tous ses doigts, elle dégagea son visage de ses cheveux légèrement décoiffés. Echangeant un sourire rentré avec Kane, elle finit par poser ses avant-bras sur la face luisante de la table qu’ils partageaient – reproduisant inconsciemment les gestes du jeune homme, elle se surprit à empoigner, elle aussi, la poivrière qu’elle tourna et retourna entre ses doigts dans l’espoir d’y trouver une consigne claire sur la meilleure manière de commencer son récit ; lui parler des séances interminables de vaccinations au cœur des dispensaires vétustes de Diffa, des décès inhérents à l’attente interminable dans les allées étroites du camp de l’ONG, des bras décharnés des bébés malnutris, de la détresse des jeunes filles, à peine plus vieilles que celle dont la vie ne tenait qu’à un fil en ce moment-même, désemparées face à leur première grossesse imposée par la cruauté des hommes ? Un soupir plus tard, les yeux vagabondant du côté des cuisines pour surveiller l’arrivée imminente de leur nourriture, elle reposa doucement la poivrière, et lui avoua à mi-voix « Je sais jamais par quoi commencer. » Elle tendit les coudes pour les planter sur le bord de la table, puis laissa sa tête reposer sur la paume de sa main gauche, pendant qu’elle affrontait enfin le regard de Kane « Tu me prendrais pour une folle si je te disais que j’ai parfois envie d’y retourner ? » Malgré les cauchemars l’empêchant de se rendormir en plein milieu de la nuit, malgré son angoisse latente et les cris, malgré le manque de ses proches qui l’avaient assailli quand elle y était, malgré ses grands projets – malgré tout ça, elle était forcée de se rendre à l’évidence ; ce qu’elle avait dit à Clara, lui affirmant qu’elle ne comptait pas repartir de sitôt, elle commençait à le regretter, parce que le rôle qu’elle jouait ici lui paraissait en réalité bien désuet.

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Message(#)Breakfast 7.30am - Kane&Yasmine EmptyLun 16 Juil 2018 - 18:10



Ma remarque l’a fait rire. Je me sens drôle. C’est vrai que ça m’arrive parfois. J’échappe à mes pensées lugubres le temps de quelques secondes. Une partie de moi se dit qu’elle est juste trop bon public, mais je prends quand même. Ca fait plaisir. Surtout que je n’étais pas parti pour en faire une vanne. En tout cas j’apprends qu’elle n’a pas de soucis à parler de son voyage. C’est un soulagement. J’ai vraiment cru que ça la gênait. Un doux sourire se forme sur mes lèvres quand elle avoue que c’est plutôt l’inverse qui se produit. Elle en parle trop. Je connais ça aussi, même si ce n’est pas sur le même sujet. Quand on est passionné, c’est compliqué de s’arrêter. J’aime les gens passionnés. Même si la conversation n’est pas sur mon thème favoris, j’apprends, j’agrandis ma culture, je pose des questions. Toujours très agréable de discuter avec quelqu’un d’enthousiaste. C’est pourquoi je commence à être impatient sur le sujet de l’Afrique. On tourne autour du sujet, je veux qu’on entre dans le vif. Mon sourire se fait plus vrai quand je la vois prendre la poivrière. Les grands esprits se rencontrent. Il parait que lorsqu’on est en phase avec une personne, à l’aise, on prend leurs mimiques et on se retrouve dans des positions similaires. C’est très clairement ce qui est en train de se produire et je le remarque très nettement.

Elle a l’air perdue dans ses pensées alors je me contente de la regarder, attendant qu’elle entame son récit. Je me doute qu’il doit y avoir beaucoup de choses à raconter, elle doit avoir besoin de rassembler ses pensées. Je continue de jouer avec la salière, la regardant puis elle prend la parole disant exactement ce que j’avais supposé. Je me sens doué. Son regard croise le mien et j’ai comme l’impression que ça va marquer le début de l’histoire. Elle me pose une question qui me fait sourire.

« Non. Je dirai juste que t’as trouvé un truc qui te passionne vraiment. Qui te tiens à coeur. »

Je pose la salière avant de continuer.

« Laisse toi peut être le temps de t'accoutumer à ta vie ici pour voir si vraiment l’Afrique te manque. Ca devrait s’estomper un petit peu. Si non… »

J’hausse les épaules.

« … Tu devrais prévoir un autre séjour par là bas. »

Je parle pas de durée. Je pense que ça n’a pas d’importance qu’elle s’y installe ou qu'elle y retourne juste pour une visite. L’important c’est de retrouver ce feeling à un moment donné à mon humble avis.

« Je pense que tu le sauras au fond de toi si t’es plus heureuse ici ou là bas… Même si c’est pas la même vie c’est sûr… »

Je reprends la salière.

« Rien à voir mais je compte aller en Angleterre au mois d’Août et pareil, je sais pas dans quel état je vais revenir. »

Je ris un petit peu.

« Je sens que je vais avoir envie de m’installer là bas moi aussi… Mais bon avec tout ça, je m’égare et tu m’as encore rien raconté !! On parlera de mes plans plus tard. Je veux tout savoir ! Ou peut être pas tout, mais ce qui t’a le plus marqué… Ce qui te manque vraiment là maintenant. Ce que t’as détesté, je veux tout savoir ! »


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Message(#)Breakfast 7.30am - Kane&Yasmine EmptyMer 18 Juil 2018 - 13:35


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Elle ne parlerait pas vraiment de passion en ce qui concernait son séjour au Niger, plutôt d’une envie profonde d’en faire plus que ce qu’elle n’avait déjà fait, parfois reléguée à des corvées considérées comme étant ingrates aux yeux des grands médecins de l’ONG – chanter des berceuses n’était pas de leur ressort, encore moins s’attaquer au grand nettoyage des salles d’opérations vétustes de l’hôpital au sol en terre-battue. C’était un peu le drame de la vie de Yasmine, d’être enjointe à respecter ce qu’on lui conseillait, et à entrer dans les cases que les autres avaient sciemment construites pour elle. Ses parents la considéraient comme une petite-fille, soit un peu rebelle étant donné l’éducation qu’ils lui avaient inculquées, mais qui au final, avait su les rendre fiers et embrasser une profession l’érigeant au rang de sainte à leurs yeux ; Sohan et Hassan, eux, la considéraient comme la petite-sœur sur qui ils pourraient toujours compter, la gardienne d’une bonne quantité de leurs secrets et qui, même s’ils savaient qu’elle avait la tête sur les épaules et un cerveau bien fait, ne pouvaient s’empêcher de protéger pour s’assurer que rien autour ne vienne la heurter et briser la carapace, pourtant solide, qu’elle s’était forgée. A Diffa, même si dans les premiers temps, elle avait été cantonné à une période d’essai durant laquelle les titulaires la traitaient plus comme une stagiaire que comme une membre à part entière de leur équipe, elle avait su s’élever au-dessus de tout ce qui avait fait sa vie jusqu’à maintenant ; en prenant des décisions sans avoir à les discuter en conseil familial au préalable, n’écoutant que sa conscience pour prouver à quiconque remettant son talent en cause qu’elle était sans doute la plus à même de gérer une situation jugée désespérée : elle s’était affranchie, ce qu’elle n’avait jamais pu vraiment faire en tant que seule fille du clan Khadji. L’éloignement de ses proches avait été difficile à vivre, pourtant il lui avait été bénéfique dans une certaine mesure, et peut-être était-ce pour cette raison que ses angoisses s’étaient décuplées au fil du temps. Se rendre compte qu’elle pouvait finalement vivre sans eux, même s’ils avaient fini par lui manquer à un moment donné, c’était un affront qu’elle ne se sentirait jamais capable de leur faire, et parce que l’étouffer lui semblait plus judicieux que de l’avouer à voix haute, elle vivait avec le poids de ne surtout pas vouloir leur faire de mal en leur disant que ce dont elle avait besoin pour évoluer, c’était qu’ils lui lâchent la bride, et lui fassent confiance, les yeux fermés.

Le menton toujours calé dans la paume de sa main, Yasmine écouta attentivement Kane répondre à sa question, et en venir avec sagesse à la conclusion que, si son état d’esprit n’évoluait pas d’ici quelques temps, elle devrait envisager de retourner de là où elle était rentrée. – il avait le même raisonnement que son thérapeute croate, si ce n’était que ce dernier avait su mettre des mots scientifiques sur le mal qui la rongeait. Un souffle saccadé s’échappa de ses lèvres entrouvertes lorsqu’elle lui dit, se reculant de la table pour laisser son dos reposer contre le dossier tout chaud de la banquette.

« Et t’as une idée de comment je pourrais l’annoncer à ma famille ? Parce que je suis à peu près sûre que c’est une décision qu’ils me demanderaient de réévaluer dans la minute ; huit mois, c’est le maximum que mes parents peuvent supporter. » Elle haussa les sourcils si haut qu’ils frôlèrent la racine de ses cheveux noirs, pendant qu’elle imaginait la tête que sa mère ferait à une annonce pareille. Puis elle se mordit brièvement l’intérieur de la joue, levant les yeux vers le serveur qui vint discrètement déposer leurs victuailles au milieu de la table. N’attendant pas qu’il reparte, elle reprit sur le même ton, laissant ses yeux clairs vriller ailleurs dans le restaurant toujours bondé « C’est pas une question d’être plus heureuse là-bas – j’adore ma vie ici. » C’était sincère, prononcé sur le ton de l’évidence même. Elle remercia le serveur, qui pivota sur ses pieds pour s’en aller, d’un signe de tête, et attrapa tout de suite la paille de son milk-shake pour en remuer le contenu épais « Mais je me sens pas utile. » Ça aussi, c’était prononcé sur le ton de l’évidence même ; qu’avait-elle accompli de bien à Brisbane en définitive ? C’était une question qu’elle se posait beaucoup trop souvent, accroissant de fait son désir secret de reprendre des études de médecine ; même si elle finissait sa vie en Australie, ce qui serait sans doute le cas, elle aurait la satisfaction d’avoir su rebondir pour accomplir ce qui la faisait rêver : aider vraiment ceux qui le demandaient. Elle soupira, laissant le mouvement répétitif de sa paille calmer l’agitation qu’elle ressentait à l’intérieur d’elle-même, et se laissa volontairement alpaguer par la révélation que lui fit le jeune homme à propos de ses projets londoniens « Qu’est-ce que tu comptes y faire ? » Il tenta de la relancer sur le Niger, mais Yasmine secoua la tête en signe de dénégation. Chassant le superflu de milk-shake sur sa paille en la glissant dans sa bouche, elle la replanta ensuite au-milieu de son verre plein pour mieux protester avec une véhémence légèrement surjouée « Ah, non ! T’en as déjà beaucoup trop dit, t’es obligé de m’en parler tout de suite ! »

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Message(#)Breakfast 7.30am - Kane&Yasmine EmptyDim 22 Juil 2018 - 18:35


Je fronce le nez quand elle parle de sa famille qui ne serait pas enthousiaste à l’idée qu’elle reparte. Je ne connais pas ses proches alors je ne me permettrai pas de les juger ouvertement, mais ouais je les juge quand même au travers de mes réflexions. On ne devrait pas être bloqué à cause de sa famille. On devrait être encouragé à faire ce qui nous plaît, ce qui nous rend heureux, ce qui fait qu’on se sent utile, qu’on a un but dans la vie. Mais comme je n’ai aucun détail de sa vie familiale, je me contente de grimacer suite à son affirmation. Quitter sa famille c’est pas toujours ce qui est facile, mais parfois c’est nécessaire. Je n’ai personnellement jamais quitté ma famille plus de six mois à la suite, mais je suis sûr qu’ils ne seraient pas contre le fait que je m’envole pour un autre continent de manière indéfinie. Je dois avoir de la chance d’avoir un entourage comme ça. Qui ne dépend pas de moi. Ce qui fait que j’ai du mal à réaliser que ce n’est pas le cas de tout le monde. Yasmine me fait bien comprendre ça. Elle doit être malheureuse de ne pas pouvoir vivre comme elle l’entend. Moi je le serai à sa place, même si je n’ai pas de réel projet d’aller vivre ailleurs, on sait jamais ce que la vie nous réserve.

Nos plats arrivent et je lâche la salière tout en me reculant dans mon siège pour laisser la place au serveur. Je suis rassuré quand Yasmine dit qu’elle aime sa vie ici et qu’elle n’est pas plus heureuse là bas. Au moins, si elle est bloqué à Brisbane, elle s’y sent bien. Elle a donc cette chance.

Plot twist. Elle se sent pas utile ici. Je comprends que c’est en comparaison avec sa vie au Niger. J’en conclus qu’elle n’est donc pas totalement heureuse et épanoui en Australie. Ca a l’air d’être un sujet sensible alors je ne vais pas continuer là dessus. Elle a l’air bloqué dans cette ville, peu importe ce dont elle a vraiment envie au fond d’elle. Je trouve ça triste. Je ne sais pas trop quoi dire à ce propos, je ne préfère pas relancer sur le sujet. Je ne connais pas assez de détails de sa vie pour oser émettre un jugement.

Elle veut en savoir plus sur mon voyage alors que je suis revenu sur le sujet initial et je plisse les yeux en la regardant face à son insistance.

« Toi t’as vraiment pas envie de me parler de ton voyage en Afrique, je retiens je retiens. »

Parce que je n’ai eu aucun détail pour l’instant alors que c’est la raison première de notre arrêt dans ce dinner. J’ai vraiment l’impression de la déranger avec ce sujet et je ne vais pas faire plus de forcing à ce propos. D’ailleurs cette dernière remarque de ma part est un peu limite, mais trop tard. Je crois avoir bien compris qu’elle préférait éviter même si elle annonce le contraire depuis le début. Je peux comprendre que ce soit douloureux d’en parler quand on veut y retourner mais qu’on est bloqué à Brisbane.

« Je vais faire un road trip avec une amie. On part un mois en Angleterre, on va à Leeds festival aussi au passage entre autre… »

Je ne sais pas si elle connait mais comme il s’agit de la raison première du road trip, je me sens obligé d’en faire mention. J’ai pas mal de trucs prévu pendant ce road trip, mais je ne vais pas lui faire le détail du programme, j’ai peur que ça ne l’intéresse mais pas à ce point là.

« Ce sera en Août. Un mois ça va passer vite. »

Et je commence à manger mon plat qui attend tranquillement sous mes yeux depuis quelques minutes.

« Je mettrai des photos sur Instagram si jamais tu veux me suivre. »

Je prends une gorgée de mon verre avant de reprendre la conversation.

« T’es déjà allée en Europe ? »
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Message(#)Breakfast 7.30am - Kane&Yasmine EmptyMar 7 Aoû 2018 - 15:10


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« Mais non, je te jure. » répondit-elle, laissant un rire, légèrement goguenard, s’échapper de ses lèvres, sucrées par la boisson qu’elle avait commandée. La question n’était pas si oui ou non, elle avait envie d’en parler, car comme elle le lui avait dit un instant plus tôt, et ce sans en faire trop, s’étendre sur son récit, elle pourrait le faire toute la journée si l’occasion lui était donnée ; elle envisageait de partager son expérience d’une façon ou d’une autre, quand le mal du pays disparaîtrait complètement, et qu’elle se sentirait capable de réunir ses pensées pour les déclamer devant un parterre de jeunes gens aux ambitions humanitaires, ou les coucher sur le papier, ou encore sur les pages d’un blog que Sohan pourrait l’aider à monter du bout de ses doigts d’expert. Mais en même temps, se replonger aussi tôt dans l’ambiance, les anecdotes, et les mauvaises surprises qu’elle avait découvertes en atterrissant au Niger, c’était enfoncer le couteau profondément dans la plaie béante qu’elle tachait de dissimuler sous une bonne couche de sourires forcés et de propos rassurants sur son état d’esprit. Elle aspira une nouvelle lampée de son milk-shake, s’essayant à deviner si le jeune homme lui en voulait vraiment de repousser chaque fois un peu plus l’imminence de sa narration, et elle le regarda un instant de trop. Le temps de déceler de l’impatience dans son ton, et elle s’en voulut définitivement de faire durer le suspens en le poussant à lui raconter ses projets à lui. Mais la passion qui perçait dans la façon dont il lui exposa son prochain séjour en Angleterre la fit mettre sa culpabilité de côté, et secrètement comparer leur façon si différente d’envisager leurs futurs projets ; une autre forme d’impatience teinta les explications du jeune homme, et Yasmine comprit à quel point il attendait d’y être pour vivre cette expérience, et se créer des beaux souvenirs en compagnie de cette amie qui l’accompagnerait – elle reconnut sa propre motivation à la veille de son départ pour Diffa, huit mois plus tôt, quand l’anticipation et la crainte l’avaient gardé éveillée toute la nuit. Yasmine sourit timidement. Elle l’enviait un peu, dans le fond, et se penchant sur son milk-shake, elle fit une halte sur ce qu’il lui racontait pour lui demander, suspendant l’action de boire à nouveau :

« Instagram, c’est le truc pour les photos ? » Elle arqua un sourcil interrogateur, puis avoua avec une grande naïveté, et sans aucune espèce de honte ou de regret « J’ai pas ça, mais mon frère m’expliquera. » Parce que désormais, elle était curieuse de suivre les aventures de son presque collègue, et de s’émerveiller en direct de le voir accomplir le rêve qu’il lui avait conté. Elle attrapa sa paille du bout des doigts, se calant sur le geste de Kane, et reprenant une gorgée de sa boisson, elle aussi. Avant de répondre à sa question, elle secoua la tête en signe de dénégation « Jamais. J’ai pas voyagé beaucoup tu sais. Le Niger ça a été ma première fois pour tout ; quitter ma famille et l’Australie, prendre l’avion… entre autres. » Comme pour appuyer sa révélation, elle opina encore un peu, sentant que cette fois-ci, elle ne pourrait se dérober, et faire passer son récit à la trappe. Soudain un peu nerveuse, elle posa son coude sur le bord de la table, et se mit à agiter ses jambes dessous. Puis après quelques secondes à faire le tri dans ses pensées, elle lança tranquillement « Quand je suis arrivée le premier jour, on m’a dit qu’il y avait une épidémie de polio qui avait déjà terrassée une bonne partie du village d’à côté en à peine quelques semaines. » Elle avait eu honte de laisser échapper une exclamation de surprise face à cette révélation d’un autre temps, tandis qu’Anita lui faisait visiter le camp en ne lésinant par sur les détails, et les recommandations. Elle planta son menton dans la paume de sa main, accentuant la pression de son coude sur la table qu’elle sentait à travers le tissu de sa chemise « La polio, une maladie qu’on n’a pas l’occasion de rencontrer, parce qu’elle a été éradiquée il y a quoi, une bonne trentaine d’années aux Etats-Unis, une vingtaine chez nous ? » Elle roula ses lèvres l’une sur l’autre, et un sourire amer fendit son visage « On a commencé une campagne de vaccination en mars 2018, six mois après mon arrivée ; ça te donne une idée des difficultés qu’on rencontre là-bas pour obtenir de l’aide de la part de l’industrie pharmaceutique, alors qu’on en a expressément besoin. » Elle déglutit, sentant la glace de son milk-shake épaissir sa salive, et l’atmosphère s’alourdir. Tellement, qu’elle se sentit obligée de dire  avec une pointe d’humour, et en se reculant de la table « Excuse-moi de casser l’ambiance, c’est toi qui l’a voulu. »

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Message(#)Breakfast 7.30am - Kane&Yasmine EmptyDim 12 Aoû 2018 - 15:51



Elle n’a pas l’air très branché réseaux sociaux à la vue de sa question sur instagram. Je fais oui de la tête, sans plus de remarque à ce propos. Elle a l’air intéressé néanmoins, ce que je trouve cool. Elle fera même appel à son frère pour lui expliquer.

« C’est super facile tu verras. »

Je bois un peu de mon milk shake. J’ai l’impression d’en avoir bu beaucoup mais il y en a toujours autant à l’intérieur. Je sens que je vais être blindé à la fin parce qu’il est très chargé et ça plus le plat qui est devant moi, je ne vais pas être en reste. Je risque de m’endormir comme un rien après tout ça. Faudra juste que je trouve assez d’énergie pour me rendre jusque chez moi.

On reparle voyage et je découvre qu’elle n’a pas eu l’occasion de le faire tant que ça. Le Niger, encore une mention de son voyage, mais je ne vais pas la reprendre là dessus. On verra si elle le fait d’elle même.

« Ca va être ma première fois hors de l’Australie pour moi aussi. »

Pas première fois en avion parce que j’ai déjà pris sur des vols nationaux. Mais avec plus de vingt heures, ça oui, c’est une première. Je ne sais pas comment je le sens à ce propos. J’espère que ça va bien se passer. Y’a pas de raisons, l’avion est le moyen de transport le plus sûr. Un silence s’installe mais je m’en rends pas forcément compte puisque je suis également parti dans mes pensées. Je commence à manger en même temps et puis Yasmine reprend la parole. Au fur et à mesure de son récit, je comprends qu’elle me raconte enfin son aventure au Niger. Je m’arrête de manger alors qu’elle continue de me raconter. Je lui donne toute mon attention. Ce qu’elle m’annonce est fou. On sait qu’il y a des pays qui sont moins chanceux que nous, mais on apprend à vivre dans l’ignorance, préférant ce qui se trouve sous notre nez dans notre pays développé. Quand on s’investit dans l’humanitaire on s’en prend en pleine face de toute cette inégalité. C’est révoltant. Devant mon silence, elle essaie de détendre l’atmosphère.

« J’aurai dû m’attendre à quelque chose dans ce goût là… Mais t’excuses pas. C’est juste que c’est une triste réalité. Je sais pas si j’aurai le coeur assez accroché pour pouvoir faire ce genre de truc… »

Même si oui, au fond je suis toujours très fort quand il s’agit d’être sur le terrain devant des situations critiques. J’en reste pas moins sensible et j’ai parfois besoin d’un temps plus ou moins long pour remettre les choses à leur place dans ma tête et dans mon coeur. Faire de l’humanitaire ce serait trop éprouvant tout le temps. Je me sous estime, je pense pas être capable.

« Je t’admire d’avoir fait cette expérience. C’est sûr que revenir ici ça fait relativiser un tas de truc, voir toute sa vie. »

Les gens ici ont quand même besoin d’aide, de nous, de nos métiers, mais à un autre niveau que ceux des pays d’Afrique en difficulté.

« Et c’est quoi qui t’a fait choisir le Niger plutôt qu’un autre pays ? »

Parce que je sais que ce n’est pas le seul pays du monde à être dans une situation délicate comme ça. Je fais régulièrement des dons pour diverses associations. Ce n’est pas grand chose mais je me dis que je contribue quand même à faire avancer les choses d’une certaine façon.


Dernière édition par Kane Williamson le Mer 22 Aoû 2018 - 18:01, édité 1 fois
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Message(#)Breakfast 7.30am - Kane&Yasmine EmptyJeu 16 Aoû 2018 - 20:11


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Elle ne pensait pas l’avoir non plus, le cœur bien accroché, et pourtant, elle avait rempilé à chaque fois, allongeant d’un mois supplémentaire son séjour qui ne devait durer que quelques semaines au départ. Huit mois, elle se demandait parfois comment elle avait pu tenir autant de temps sans perdre la raison, confrontée à la misère humaine et à la folie des hommes, l’insécurité rôdant autour du camp, et les cris, tantôt exprimant la douleur, tantôt exprimant la peur, rendant ses nuits courtes et pénibles, voire inexistantes à la fin – elle avait apporté ce souvenir empoisonné dans ses bagages, en attestait les cercles violets sous ses yeux rétrécis par la fatigue d’après-garde, et les trop nombreuses pensées qui se bousculaient dans sa tête à la nuit tombée. Les enfants l’avaient beaucoup aidée, parce que même dans la tragédie, ils avaient cette lueur d’espoir déclinant à peine au fond de leurs yeux mouillés par le chagrin. Elle avait eu du succès auprès des petits, sans doute à cause de son exotisme et de ses yeux trop verts pour son teint cuivré, mais plus probablement à cause de ses longs cheveux lisses qu’elle leur laissait coiffer, à l’image de ceux d’une poupée abandonnée dans l’urgence de la situation qui les avaient amenés à fuir leur maison et leur pays. Depuis, Yasmine envisageait sérieusement la pédiatrie, encore fallait-il qu’elle se décide à prospecter pour reprendre ses études, et les terminer. En inspirant profondément, tachant de garder le contrôle sur ses émotions immédiates, elle sourit timidement à Kane. Puis, haussant les épaules en enveloppant le bas de son verre à moitié vide avec ses deux mains jointes, elle lui dit avec sagesse :

« Je suppose qu’on ne peut pas savoir tant qu’on n’y est pas confronté. Tu serais peut-être surpris par toi-même, qui sait. » Elle secoua la tête face à son compliment. Un peu gênée par le début de sa phrase sur laquelle elle rebondit avec un sourire emprunté, ses pommettes rosirent à vue d’œil sous l’éclairage naturel du dinner « Je suis pas la seule à tenter l’expérience, d’autres sont partis une fois, et ne sont jamais revenus. » Anita, sa très chère Anita, sous ses grands airs revêches et ses moues réprobatrices, qui avait tout quitté pour s’investir complètement dans la gestion du camp qu’elle avait monté de ses propres mains, avant que l’ONG n’y mette ses moyens, et la soutienne dans son combat « C’est ceux-là qui méritent ton respect, moi j’ai vraiment pas fait grand-chose. » Ce n’était pas de la fausse modestie, elle le pensait sincèrement, dépitée par l’inutilité de son action, et l’impression qu’elle avait de n’avoir joué qu’un rôle secondaire dans la vie du camp qu’elle avait rejoint huit mois en arrière. Son regard s’étant brièvement perdu dans le tourbillon qu’elle forma en remuant sa paille dans son verre, elle le releva graduellement vers Kane, en acquiesçant, cette fois « Je suis d’accord avec toi. Je suis partie en laissant des brouilles et des secrets derrière-moi, je me rends compte à quel point ça vaut pas le coup de s’encombrer de tout ça quand il se passe ce genre de choses de l’autre côté de la barrière. Ca sonne cliché dit comme ça, mais… » Et elle haussa les épaules, encore une fois. On pouvait la taxer d’idéaliste, elle savait ce qu’elle avait vécu ; elle imaginait bien les plus cyniques de son entourage la placer dans la case des jeunes femmes, un peu naïves, mais au grand cœur, prêtes à sauver la veuve et l’orphelin sans se poser de questions, et croyant que la paix dans le monde n’était pas qu’une utopie utilisée par les médias pour faire vendre du papier, et embrigader les plus influençables dans des corps de métiers tels que l’armée, ou l’humanitaire – elle s’en fichait, royalement. Yasmine, se redressa sur son siège en s’agitant légèrement dessus. Relevant davantage les yeux pour confronter ceux de Kane, qu’elle sentait de plus en plus intéressé par ce qu’elle racontait, elle continua « Il y a une grande crise migratoire au Niger, Diffa c’est le plus grand camp de réfugiés du pays. La plupart des gens qu’on accueille là-bas fuient Boko Haram et son régime. » Et Diffa en payait les frais, comme le prouverait l’attaque contre le camp à côté de celui que Yasmine avait quitté, et qui se déroulerait quelques jours à peine après cette conversation entre les deux collègues de travail. Pour l’heure, elle poursuivit par quelques mots supplémentaires « La maladie et la misère, c’est pas grand-chose à côté de ce à quoi ils tentent d’échapper. Ils doivent tout reconstruire ailleurs, ça m’a parlé, alors j’y suis allée. » Ses parents avaient migré en Australie pour d’autres raisons, pas plus heureuses certes, moins dictatoriales cependant. N’empêche que l’effet miroir qu’elle y avait décelé en se renseignant sur le sujet l’avait aidé à faire son choix : c’était là-bas qu’elle devait aller, et nulle part ailleurs. Soudain, elle se mit à rire un peu, repensant à ce qu’elle lui avait dit quelques instants plus tôt, et elle secoua la tête en écartant les mains devant elle « Tu vois, une fois que je suis lancée, on ne peut plus m’arrêter ! »

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Message(#)Breakfast 7.30am - Kane&Yasmine EmptyMer 22 Aoû 2018 - 20:16



C’est vrai que dans les situations d’urgence, je suis du genre à me surpasser et m’impressionner moi même après coup. Ca arrive assez régulièrement ce sentiment mais je ne m’y habitue pas. Je suis doué en tant que paramedic et j’ai ce sentiment de donner toujours plus que son maximum lors des interventions. C’est du sérieux. C’est le minimum syndical à mon avis. Faut pas rigoler avec ce job, on a la vie de gens entre nos mains. On me dit que je suis un peu trop sérieux au boulot parfois mais je prends pas ça comme une mauvaise chose. Du coup peut être bien que je pourrais me trouver une vocation à faire un voyage humanitaire comme elle a fait. C’est pas du tout à l’ordre du jour. Mes projets sont plutôt d’ordre musical. Ca me fait penser que je voulais contacter Levi pour lui parler de quelques petites choses à ce propos… Je me concentre de nouveau sur Yasmine. Je fais « non » de la tête quand elle dit qu’elle ne mérite pas le respect.

« Pas du tout d’accord. Moi je trouve que tout ceux qui font don de leur temps ou de leur argent, méritent le respect à un certain niveau. C’est ça qui fait bouger les choses. »

Faut pas se dénigrer. Si tout le monde avait la main sur le coeur comme nous je pense que le monde serait meilleur. Elle est d’accord sur la relativisation. Normal, elle l’a vécu sûrement de manière très brutale. Ca a apparemment aidé à résoudre des problèmes, des histoires dans sa vie. C’est tant mieux. Elle m’explique pourquoi le Niger, j’acquiesce au fur et à mesure de ses explications. Je ne suis au courant de rien de tout ça. Je comprends que y’a des soucis supplémentaires que ceux de la santé. Ca me fend le coeur cette histoire. Je me dis que je suis chanceux d’avoir cette vie, d’être né en Australie. Je comprends aussi qu’elle est touché de manière plus ou moins proche par ces évènements et je me demande vraiment c’est quoi le fond de l’histoire. Je n’ose pas lui demander, ça a l’air trop personnel. Je lui en reparlerai un jour futur si l’occasion se présente, si je me sentirai assez à l’aise pour se faire. J’hausse les sourcils quand elle se met à rire d’un coup et même si je comprends pas d’où ça sort, je souris de la voir faire. Elle s’explique et je souris un peu plus franchement.

« C’est super intéressant en plus. Si jamais t’as envie d’en parler encore sache que je suis à ton écoute. Maintenant ou quand tu veux. »

Je suppose qu’on sera mené à se revoir de manière assez régulière maintenant qu’elle est de retour. Un peu comme avant. Je bois mon milk shake et je reprends à manger mon assiette que j’avais un peu délaissée.

« T’as pensé à faire un blog ou quelque chose sur le net pour raconter ton expérience ? Je suis sûr que ça peut en inspirer plus d’un. »

J’ai bien compris qu’elle n’était pas trop branché réseaux sociaux mais un blog, c’est autre chose, alors je le tente quand même, espérant ne pas être maladroit. Ca part d’un bon sentiment.

« C’est quoi le nom de l’organisme avec lequel t’es partie ? »

Je regarderai s’ils ont pas un endroit pour faire des dons. Son histoire m’a touché et j’ai envie de contribué à ma façon, même si c’est pas énorme comme geste. Je me dis que si la moitié de la population mondial faisait ça, les choses bougeraient forcément. Alors j’essaie de ne pas perdre foi en l’humanité et je continue mes dons ponctuels ici et là.



Dernière édition par Kane Williamson le Sam 1 Sep 2018 - 13:09, édité 1 fois
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Message(#)Breakfast 7.30am - Kane&Yasmine EmptyDim 26 Aoû 2018 - 13:48


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kane & yasmine

A la seconde où Kane remit les choses dans leur contexte, partageant son improbation face à la façon plutôt dure qu’elle avait de décrire son rôle lors de son voyage humanitaire, un léger sourire sardonique étira les lèvres minces de Yasmine. Pour la énième fois depuis qu’ils s’étaient fait servir, elle concentra son regard émeraude sur le contenu de son verre, et remua distraitement la glace fondue du bout de sa paille. La consistance, semi-épaisse, de sa boisson lui donna soudain mal au cœur, et lui fit abandonner toutes velléités de la terminer, craignant au fond que son estomac ne puisse plus le supporter. Elle repoussa le verre devant elle, assez loin pour que Kane comprenne de lui-même qu’elle n’en voulait plus. Puis, se redressant doucement sur son siège, le dos endoloris par la tension présente dans ses muscles, elle tenta de cacher son malaise. Se frottant lentement le visage, elle pensa que stimuler ses nerfs et déflouter sa vision en se frictionnant les tempes l’aiderait à chasser les signes de fatigue qui s’ancraient visiblement dans sa peau brune, accentuant les angles de son visage tendu par les efforts qu’elle déployait pour ne pas s’assoupir ; elle était brusquement épuisée, vidée. Le sommeil arrivait toujours à des moments inopinés comme celui-ci, jamais quand elle avait la tête posée sur l’oreiller, tandis qu’elle récitait quelques prières désespérées pour l’appeler et être soulagée. Dans une inspiration profonde, censée apaiser ses barbouillis et sa torpeur, elle releva enfin la tête pour affronter le regard de son interlocuteur. Elle se raccrocha à ce qu’ils se racontaient pour ne pas sombrer, même si ses paupières commençaient à dangereusement s’alourdir, faisant évoluer tout ce qui passait autour d’elle au ralenti. Elle se concentra davantage pour reprendre pieds, dut froncer les sourcils pour y arriver, quand elle parvint enfin à émerger de derrière le voile d’inertie et de confusion qui était tombé devant ses petits yeux fatigués ; il avait raison, évidemment, chaque geste avait son importance, mais c’était difficile pour elle de se glisser dans les chaussures d’une héroïne, au sens le plus noble du terme. Alors, elle ne dit rien de plus à ce sujet, préférant reprendre la parole une fois seulement qu’elle se sentit prête à conter les grandes lignes de ce qui l’avait amenée à accepter de partir huit mois à l’étranger. Son ventre se contracta de nouveau sous le ton morne qu’elle employa, comme si elle débitait une liste de courses rédigée sur un coin de table ; c’était la fatigue qui rendait sa voix traînante. Pourtant, elle était véritablement passionnée par le sujet qu’elle avait entamé, mais elle se rendait compte qu’elle avait beau être convaincue qu’elle ne se lasserait jamais de parler de ce qu’elle avait vécu, dissimulant des tas d’anecdotes et les chérissant comme des trésors, il y avait néanmoins quelque chose en elle qui la forçait à rester sur ses gardes : son angoisse, cette sonnette d’alarme beaucoup trop stridente, au point qu’elle l’assourdissait, et lui faisait perdre le vrai sens des choses quand elle se mettait à vouloir la faire flancher, et à lui faire réaliser que quelque chose ne tournait pas rond chez elle, et qu’elle devait à tout prix l’accepter.

« Merci. » murmura-t-elle, sa voix lasse s’éteignant derrière le rire qu’elle avait lâché, plus nerveusement qu’autre chose. Elle balaya ses cheveux d’un geste rapide de la main, puis haussa les épaules en croisant les bras devant sa poitrine. Laissant son dos cogner contre la banquette, elle pencha la tête sur le côté ; que Kane mentionne la création d’un blog la conforta dans cette idée, celle qu’elle avait caressé de coucher ses souvenirs sur un support, n’importe lequel « J’y ai pensé. Mais c’est compliqué. » Pour plusieurs raisons ; la première, elle l’expliqua dans la foulée « Je suis pas très douée pour tout ce qui touche à la technologie, même si je sais parfaitement utiliser un ordinateur, et télécharger moi-même des applications sur mon téléphone, maintenant. » Pas peu fière, elle sortit son téléphone de la poche de sa veste, qu’elle renfila juste après ; ses cheveux restèrent coincés dans son col « Comment t’as dit que ça s’appelait ton truc, Instaframe ? » D’un œil inattentif, elle vérifia l’écran de son appareil, mais à cette heure beaucoup trop matinale, la seule notification qu’elle avait reçue venait de Fatima qui s’inquiétait qu’elle ne soit pas déjà rentrée à la maison – comment avait-elle survécu huit mois sans pouvoir la surveiller d’aussi près ? Elle grogna en silence, rempocha son téléphone en fronçant le nez. Ecrasant ensuite un bâillement avec le dos de sa main, elle secoua la tête pour se remettre les idées en place, pour pouvoir répondre plus rapidement au jeune homme « Je peux t’envoyer toutes les informations par mail pour que t’y jettes un coup d’œil, si tu veux ? » Elle bailla, et déplaça ses longs cheveux, encore une fois « Parce que je vais devoir te fausser compagnie, je suis crevée. » avoua-t-elle en amorçant une glissade vers l’extérieur de la banquette pour se lever : son mouvement fit tanguer la tambouille qui remplissait son estomac.

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Message(#)Breakfast 7.30am - Kane&Yasmine EmptySam 1 Sep 2018 - 15:03



Je fronce très légèrement les sourcils en voyant le comportement de Yasmine changer. Elle continue la conversation alors je me dis que tout va bien, ou aussi bien que ça peut aller après une garde à l’hôpital. Une chose est sûre, elle n’a plus l’air très enclin à manger. Je n’ai pas loupé son geste envers son milk shake. Je me demande quand même si ce brusque changement de comportement a quelque chose à voir avec les différents sujets que j’ai abordé. Non, ça ne peut pas être ça. Il faut pas que je laisse mon côté parano prendre le dessus. Il était clair depuis qu’on s’est croisé qu’on allait parler de son expérience au Niger. Elle se cale contre la banquette et je l’écoute expliquer qu’elle n’a pas fait de blog. J’hoche la tête sans la juger, ça arrive les gens qui ne sont pas fans de la technologie. Je peux le comprendre. Elle remet sa veste et j’ai comme l’impression que c’est en train de marquer la fin de notre moment ensemble tous les deux.

« Instagram. »

Mais je ne fais pas plus de commentaire à ce propos. Elle aura tout le loisir de le découvrir par elle même si elle se penche là dessus. Elle compte m’envoyer les détails de l’association par mail et j’hoche la tête, approuvant cette idée. Ce que je sentais arriver arriva, elle me dit qu’elle va filer. J’ai bien compris qu’il s’est passé un truc à un moment mais je ne sais pas vraiment quoi. Je mets juste ça sur le compte de la fatigue de sa nuit de travail. D’ailleurs elle le confirme avec quelques mots et j’hoche la tête, comprenant tout à fait.

« Pas de soucis. »

Je lui fais un joli petit sourire et un dernier signe de la main alors qu’elle est en train de filer vers la sortie.

« A très vite. »

Je sais que nos chemins sont voués à se croiser de nouveau de manière très régulière. De mon côté je termine mon assiette et mon milk shake en prenant le temps. Je regarde mes messages sur le téléphone et puis je retourne à l’hôpital pour avoir des nouvelles de ma jeune fille que j’ai emmené y’a quelques heures.

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