Vendredi soir typique au DBD, vendredi soir chargé. Du genre où les tables sont toutes pleines, le bar déborde, les verres sortent aussi vite que les commandes entrent. Depuis que l’équipe était le moindrement habituée à passer la nouvelle carte de cocktails, le plancher était bien moins collant des jus et autres alcools renversés, les consommations étaient mixées dans un temps plus qu’efficace, les clients offraient des pourboires intéressants. Une bonne semaine qui se terminait avec ma gueule de con bien souriante au coin du comptoir vernis, à verser des shots pour quelques habitués, à en prendre bien sûr un avec eux. Une bonne semaine conclue par la signature d’un nouvel actif à mon nom, suite de hasards et de décisions qui m’ont mené à pouvoir finalement mettre le grappin sur le local au-dessus du café, l’acheter comme nouveau logis, faire un homme de moi enfin. D’ailleurs. « J’monte chercher un truc, j’reviens dans 5. » que j’annonce maintenant à Scarlett, lui laissant le soin de rouler des yeux devant ma fuite même pas calculée au moment où un groupe de dix finit par passer les portes déjà ouvertes du commerce. C’était pratique, de vivre au-dessus du café ; beaucoup plus que de me la jouer hobo dans la réserve le temps de réaliser que je devais reprendre ma vie en main. Mis à part les soirées qui pouvaient s’éterniser du DBD au loft, ce qui était le plus sympa restait le total d’une minute trente secondes au compteur que ça me prenait pour filer dans l’escalier, rapatrier ce qui me faisait envie ; en l'occurrence ce soir mon paquet de clopes traînant fièrement sur la table basse de l’entrée plutôt que sagement dans mes poches, avant d’y retourner. Une minute trente secondes de trop à ce que je comprends, mon portable qui vibre et les lettres signées par Scar à l’écran qui, je l’entends à la connaître par coeur, est pas du tout amusée en bas. « Y’a ton pote en bas, celui qui aime choisir la musique. J’te laisse le gérer. » que je lis. Laissant échapper un rire dans ma descente, je mets une bonne fraction de minutes à capter que le fait que j’ai direct mis le doigt sur la présence du Rivera en mon établissement est légèrement assombrie par la dernière fois où je l’ai croisé, Lene dans les parages. Et que depuis, rien n’allait plus entre la Adams et moi. Andy ne m’avait jamais donné l’impression d’être le genre de mec à se casser la tête avec les problèmes de ses potes, mais comme la jeune femme était tout de même sa meilleure amie, mes appréhensions ont le temps de faire leur chemin en mon sein avant que je pousse la porte accès employés du DBD pour finir sur le plancher, dans son angle. « Hey, Andy. » j’entends presque Scarlett souffler de soulagement quelques mètres plus loin quand je fais signe au colombien, m’avance à sa hauteur en gardant cet air de con que je maîtrisais de mieux en mieux avec les années. « T’étais dans le coin? » seule explication possible, lui qui n’était pas venu ici depuis le nouvel an à ce que je me rappelle avec empressement, l’examen de ma mémoire que je fais en même temps que je l’invite à me suivre au bar. Lui servant un verre vite fait en me laissant guider par ce qu’il commandait presque toujours en ma présence, je finis par espérer qu’aucune hache de guerre n’aura besoin d’être enterrée ce soir. « Tiens, en souvenir. » le verre synonyme de drapeau blanc glisse dans sa direction. Quoi qu’on ne sait jamais.
Ca fait plus d’une demi heure que tu tentes de joindre Ash, ton pote. L’adresse qu’il t’a filé pour ce soir n’est pas la bonne. C’est à Logan City, c’est tout ce que tu sais. Même si tu détestes ça, tu tentes le coup de fil pour avoir plus d’info sur l'endroit. Tu marches dans la rue un peu au pif. Tu entres dans le premier bar qui a l’air plutôt sympa. Au moins attendre avec de l’ambiance. Tu lèves un sourcil une fois dedans, ce lieu t’es familier. Tu retournes dehors pour voir la devanture et quand tu lis « Death before decaf », ça te reviens. T’es venu ici pour le jour de l’an. C’est le bar que tient Matt. Oh.
Matt. T’as entendu parler de lui. Souvent. La dernière en date, y’a pas si longtemps. T'as demandé comment s'était passé la baby shower. Lene en avait gros sur le coeur. Tu venais de te garer pour rentrer chez toi, sauf qu'à la place t'es allé chez elle. T'as passé la fin de la journée et toute la soirée avec elle.
Quand tu penses qu’au début t’avais aucune idée de tout l’historique entre Lene et Matt. Pour toi c’était juste un mec qu'elle aimait faire chier dès que l’occasion se présentait. Sachant qu’ils vivaient sous le même toit, c’était fréquent. Tu te laissais embarquer avec plaisir. Par la suite, Matt a été un sujet de conversation très sensible. Tu évites de le mentionner pour ne pas la mettre de mauvais poil, mais après quelques remarques ici et là à son propos, elle enchaînait sur le sujet. Une chose est sûre, ce Matt est dans sa tête. Elle doit d’ailleurs se détester de ne pas arriver à tirer un véritable trait sur lui. Les amis communs, ça a la vie dure.
Te revoilà à l’intérieur et tu te fais accueillir par le gérant lui même. Matt. Ca fait de longs mois que vous vous êtes pas vu. Si à une époque c’était fréquent, depuis qu’il n’habite plus chez Lene, c’est le néant.
« Hey. »
S’il avait voulu t’esquiver, il aurait pu facilement le faire vu tout le monde dans l’établissement. Tu le suis et il te demande à propos de ta présence ici. Toi tu voudrais savoir à propos de son intérêt envers toi. Penses-t-il qu’il a besoin de faire bonne impression ? Certainement. Parce que oui, Lene aura un récit détaillé, analysé, minuté de l’intégralité de vos échanges ce soir.
« J’attends un pote. »
T’es un peu froid. Tu sais pas trop comment te comporter. Tu veux être loyal à Lene, mais quand il t’offre un verre, tu te dis qu’elle approuverait de profiter de la situation pour boire à ses frais. Tu brandis le verre vers Matt l’air de dire « à la tienne » et tu bois une gorgée, appréciant de voir que c’est exactement à ton goût. Le lèche cul.
« Ca marche plutôt très bien ton truc. Je savais pas que c’était chez toi avant de lire l’enseigne. »
T’es vraiment surpris qu’il réussisse à faire tourner un business avec succès. Matt est con, Lene te l’a démontré par A + B à maintes occasions. La seule explication possible, c’est qu’il a juste investit et que des professionnels s’occupent de la gestion. After all, this motherfucker is rich.
« Le jour de l’an est bien loin… »
Tu le regardes l’air de dire « I know what you did ». Parce que t’en as entendu parler de ce putain de baiser qu’il lui a volé. T'as aussi eu vent de cette déclaration à la baby shower. Ton regard parle de ça également.
« Tu m’en mets un deuxième ? »
De ce cocktail fruité qu’il t’a servi. Non, ton verre n’est pas encore terminé, mais tu veux voir s’il se plie quand même à tes désirs.
« J’attends un pote. » aucune surprise, et je tique à peine sur le masculin utilisé. Bien sûr que Lene passerait pas, passerait plus. C’était terminé, fermé à clé, jeté à bout de bras cette histoire. La baby shower comme dernière page à ce truc, à cette année complète passée à jouer à l'idiot, et ma grande finale qui m’avait valu toute la merde qu’elle avait bien sur le coeur, et un extra pour la route. Alors non, je suis pas déçu qu’elle soit pas à sa suite, je suis pas peiné, stressé, dans l’attente. Je l’attends plus de toute manière. « T’as fait le tour? Il est peut-être sur la terrasse. » Matt le con en puissance qui s’attarde pas aux détails ni à la perche potentielle que qui que ce soit tendrait ; j’ai plus le temps pour ça, et j’ai jamais vraiment eu la tête à capter ce genre de choses. Andy avait toujours été cool et même si je m’attends pas à ce qu’on soit les meilleurs amis du monde, le voir qui déguerpit pas à la moindre tentative sympa en son sens me confirme qu’on est capables de se croiser sans que toute cette histoire avec la Adams ne soit au centre de la discussion. Grand bien m’en fasse. Le temps que je passe derrière le comptoir, le Rivera s’étonne de la popularité de l’endroit, du potentiel plein du commerce. Encore sous le choc moi-même, c’est d'un maigre sourire que je renchéris, finissant par aller chercher les ingrédients nécessaires à la suite. « On a eu un bon coup de pub la semaine dernière, un blogueur qui a vloggé sa soirée, du coup on surfe encore là-dessus. » le crédit me revenait absolument pas, à savoir que j’avais rien d’un commerçant, encore moins d’un marketing boy. Mais les choses allaient bien, le timing était pour nous, l’équipe était cool et j’étais choyé de pouvoir y mettre mon grain de sel une fois de temps en temps. La seconde suivante, je tends au colombien son verre en souvenir du bon vieux temps ; et bien sûr, son allusion fait pas mouche, mais pas du tout. Étrangement, je suis plutôt en paix avec tout ce qui s’est passé depuis, autant désastreux ont été les événements. Sortir tout ce qui me restait dans le système à l’intention de Lene, vider mon coeur, tout ça, ces conneries, ça avait eu l’effet d’une désintoxication express qui me rendait un peu plus léger quoique déçu de la tournure de tout ça. Drôle de dualité. « Et tes résolutions, elles ont tenu? » mais je reste tout de même un gros stupide de première, et le double sens reste en travers de ma gorge, maintenant que je la joue safe, aucune mention nécessaire.
Pas particulièrement sûr de s’il reste ou s’il prévoit voler vers d’autres cieux, j’éclate tout de même de rire, un rire franc et bien loin d’être forcé, quand le brun me demande déjà d’aligner un seconde verre à son intention. « Sure. Mais finit quand même celui-là, sinon ça va râler derrière le bar. » un coup d’oeil par-dessus l’épaule me confirme que Scarlett est toujours pas fan de mon interlocuteur du moment, et que même si je reste le patron, dealer avec ses roulements d’yeux devant mon favoritisme me tente plus ou moins. Sentant le paquet de clopes dans mes poches qui s’impatiente, j’attrape une bière dans le frigo, repasse devant le comptoir, fait signe à Andy du menton. Mon geste accompagne mes paroles. « J’ai encore quelques minutes avant de reprendre le boulot. J’sortais fumer. Tu viens? » libre à lui de suivre ou non, j’ai pas la rancoeur d'insister, et encore moins le goût de le forcer. « Pas obligé, mais j’allais sur la terrasse au cas où tu veuilles vérifier pour ton pote. » et la parfaite excuse s’il veut poursuivre la discussion, de se greffer à n’importe qui dans l’élan. Avant que je disparaisse, y’a même Loan qui apparait dans l’angle, le traditionnel plateau de shots accompagnant minuit quand on a une soirée populeuse au bar. Agrippant un gobelet et faisant signe à Andy de se servir, je laisse tout de même aller en guise de remerciement à l’intention de la brune un « T’es la meilleure! » honnête, et alcoolisé.
Tu fais un signe négatif de la tête quand il te parle de la terrasse. Le fait est que ton pote n’est pas là, c’est sûr et certain. Tu n’élabores pas sur la question. C’est trop de détails qui ne servent à rien.
Ils ont eu un coup de pub, tu comprends mieux l’engouement. Tu te dis que ça va peut être pas durer alors. Cela dit t’es tombé un bon soir. Derrière le bar, tu jettes des coups d’oeil aux gens qui squattent, y’en a partout. Tu peux même pas mater tranquille. Matt te parle de tes résolutions, tu réfléchis, tu te souviens pas de quelle connerie t’avais dit ce soir là.
« Pas de résolutions pour moi. »
Tu prends jamais au sérieux ce genre de truc. Si jamais tu veux du changement, t’attends pas le début de l’année. D’ailleurs c’est fin juin que t’as modifié quelques trucs dans ta vie suite à un malencontreux évènement.
Ca te fait sourire de le voir se marrer suite à ta requête. Le petit con te prend pas au sérieux. Il accepte quand même de te filer un autre verre, à condition que tu termines celui là d’abord. Tu prends.
« Je croyais que c’était toi le boss. »
Puis il te propose d’aller fumer dehors. Tu hoches la tête, le suivant. Il n’a que quelques minutes à t’accorder avant de reprendre du service, autant les mettre à profit et voir ce que tu pourrais lui soutirer d’intéressant. Il remet sur le tapis la terrasse et ton pote. Tu fais « non » de la tête une fois de plus.
« Il m’a filé une adresse mais c’est pas la bonne. Je l’attends ici plutôt que d’être dans la rue. »
Autrement dit, tu ne devrais pas rester ici trop longtemps. Juste en attendant que ton pote se décide à t’appeler ou t’envoyer un message pour te donner le lieu exact. Tu lui en as laissé moult, maintenant, t’as plus qu’à patienter. En espérant qu'il soit toujours opérationnel pour cette soirée…
« Je veux bien voir cette terrasse. »
Tu n’y es pas allé au jour de l’an. Une tournée de shot fait son apparition et tu prends un verre, même si t’as pas fini le tiens. Ca passe toujours les shots. Tu suis Matt dehors, vous vous calez là où y’a de la place, parce que c’est bien rempli par là aussi. Ton shot à la main, tu regardes l’anglais un moment avant de prendre la parole.
« Okay je vais tenter de ramener ma soirée ici si ça continue comme ça. »
Parce que des boissons et des shots à l’oeil, tu dis oui ! Du monde en veux tu en voilà aussi. T’aimes beaucoup trop cette ambiance et puis de ce que t’as pu entendre, la musique est décente. Tu te laisses imprégner de l'atmosphère un moment, avec tes deux verres dans les mains. Tu observes Matt, le trouvant stupidement sexy le british.
« Et sinon, quoi de neuf ? Depuis la baby shower je veux dire. »
Et tu bois ton shot d’un trait.
Dernière édition par Andy Rivera le Dim 29 Juil 2018 - 13:48, édité 1 fois
Plus Andy prend ses aises, plus je prends les miennes. Ça avait jamais vraiment été compliqué entre lui et moi. On se la coulait douce, on déconnait un peu, on se piquait, ça restait dans les règles de l’art, la politesse de deux grands cons aux sourires en coin. Sauf que depuis l’épisode Lene s’étirant sur la dernière année, j’avais jamais vraiment eu de moment seul à seul avec lui. C’était le classique du pote de l’ex-sans-vraiment-être-une-ex, et la gymnastique des quelques premières minutes me faisant douter de si on allait maintenant garder la même complicité que celle qu’on avait développée à force de se côtoyer du côté de Toowong. « Bah, ça veut pas dire que c’est une dictature non plus. » quand le colombien s’amuse de ma façon si docile de me plier à la majorité de ce que mon team me demande, j’esquisse une révérence, un grand éclat de rire ensuite. Scar, Loan, Deklan, ils formaient ma famille, le genre de bande que je côtoyais plus que qui que ce soit d’autre, et valait mieux que je les traite au taquet si je voulais pas que personne dans l’histoire ne se fasse chier, ne se déteste. Andy baratine sur son pote qui n’est pas ici, je capte en une fraction de seconde qu’il se laisse la latitude de se barrer à tout moment, ce que je comprends, respecte. Ce n’est qu’après avoir pointé du menton la terrasse que je dénote dans son regard une étincelle de curiosité. D’emblée, j’engage le pas. « C’est derrière, viens. » à peine quelques secondes plus tard on finit par sortir sur le carré entouré de plantes, de lumières suspendues, le truc bien caché entre les buildings autour, à ciel ouvert. La nuit est fraîche mais la brise est bonne, une table dans la diagonale où on se poste le temps que je dépose ma bière, dégaine mon briquet. « Et la soirée risque de lever encore plus d’ici la prochaine heure, le DJ arrive toujours dans ces eaux là. » parfait pitch de vente, la tête dodelinante du brun me confirme que même s’il se réserve réserve, le charme simpliste de l’endroit fait effet sur lui. On reste aux bases au DBD, on ne s'en fait pas avec des fioritures et autres choses que de bons cocktails, du bon houblon, et du café décent quand le jour se lève. Je me plaisais à dire que c’étaient les clients et le staff qui rendaient le commerce aussi cool. Que malgré toute la merde qu’on avait pu m’envoyer depuis que j’avais reposé le pied à Brisbane, j’avais au moins su faire une bonne chose de mes dix doigts en offrant un toit où rassembler tous ces gens-là une bonne fois pour toutes.
Manquant de m’étouffer dans la latte de nicotine que j’aspire profondément, j’accueille la question d’Andy comme une claque du revers. La baby shower. Il était pas là, du coup Lene a dû lui en glisser un coloré mot. Soit, ça me paraissait logique qu’il envoie une pique à ce sujet, pique que je balaie l’instant suivant. J’ai pas envie de me faire plus de regret que ce que je me suis déjà infligé, les jours d’après, les semaines aussi. « Pas mal de trucs. » à question vague réponse vague. Faisant glisser mon paquet vers lui, je mise sur la cigarette comme drapeau blanc. « T’en veux une? » restons-en aux banalités, restons-en à la conversation de surface où je peux conserver le moindrement contenance à travers tout ça. C’était fini avec Lene, Andy était la seule attache qui me restait à elle, autant pas tourner le couteau dans la plaie. « Hey Matt! Tu me files les clés, je monterais visiter! » comme un gros cheveux bien gras sur une soupe toute aussi puante, Jules débarque à notre hauteur, sourire Colgate. Jules et son torse bombé, Jules qui faisait justement de l’oeil à la Adams lors de la baby shower, Jules à qui je lance tout de même distraitement mon trousseau sous le regard curieux d’Andy. « J’ai acheté le local à l’étage, j’y habite maintenant. » simple explication, sans en faire tout un plat. « On célèbre ça à l’after tout à l’heure, en fait. » suivant des yeux le trajet de Jules et de la nana qu’il a à son bras ce soir, je reporte finalement mon attention sur le Rivera maintenant qu’il est venu le temps de statuer les choses sérieuses, et surtout de giggler comme un gamin à ce qui risque de se produire au-dessus de nos têtes dans une poignée de minutes. « Quoi que certaines personnes ont déjà commencé à fêter apparemment. »
Un DJ va débarquer dans pas longtemps. Il sait quoi dire pour éveiller ta curiosité sur le cran au dessus le petit. Tu sors ton téléphone de ta poche pour vérifier non seulement l’heure, mais aussi si t’as pas de message de ton pote. Non, toujours rien. Tu commences presque à espérer qu’il se ramène pas pour pouvoir écouter le DJ. Tes yeux se baladent sur les gens aux alentours et y’en a un paquet. Du beau monde, mais tes yeux se reposent sur Matt qui d’ailleurs manque de s’étouffer après ta question. Un large sourire se forme sur ton visage. T’es content du petit effet que ça lui a fait. Il n’élabore pas là dessus mais c’est pas grave, sa réaction t’a suffit. Il te propose une clope et quand bien même ça fait des mois que t’essaies de t’arrêter, tu acceptes. T’as eu assez de soucis ces derniers temps pour ne pas profiter d’un petit moment de plaisir avec un peu de nicotine. Tu piques son briquet pour allumer ta clope quand un mec s’adresse à Matt. Tu le mates, ignorant que tu connais ce mec de nom. Tu n’as jamais vu de photo de sa personne mais t’as déjà entendu parler de lui. Matt s’explique sur l’histoire des clés et tu hoches la tête. C’est donc là qu’il a trouvé refuge. Juste au dessus de son bar. Pratique. Tu penses directement à toutes les personnes que tu pourrais baiser confortablement avec un set up pareil dans ta vie. Tu te demandes s’il en profite, il aurait tort de s’en priver. D’ailleurs le mec avec les clés de Matt a l’air bien accompagné. Y’a une after pour fêter sa nouvelle acquisition et tu comprends que c’est un ami assez proche de Matt. Tu fais 1 + 1 et tu te dis qu’il va y avoir certainement quelques amis à Lene aussi dans le lot.
« Si ma soirée fait un flop je sais où me pointer. »
Oui tu t’invites à l’after sans honte. Non. Tu plaisantes. T’es sûr qu’il ne te laisserait pas venir parce que vous n’avez pas du tout le même cercle d’amis tous les deux - minus Lene, mais concrètement elle ne fait plus partie de sa vie à présent. Tu sors ton téléphone rapidement et tu envoies un SMS à Ashley et se faisant t’en reçois un de sa part. Empêchement, retard, tu lui dis que tu l’attends au DBD. Tu tires sur ta clope en regardant Matt alors que tu ranges ton téléphone dans ta poche alors que Matt lance que certains sont déjà en train de s’amuser chez lui. T’as tout à fait compris de quoi il veut parler, t’as bien vu le mec partir avec cette meuf.
« Tu donnes tes clés trop facilement. »
Est-ce que c’est à double sens ? Oui. Ton regard crie le prénom de Lene.
« Tu vas peut être le regretter. »
Tu tires sur ta clope sans le quitter des yeux. Tu reprends la parole en soufflant la fumée.
« Tu sais pas la chance que t’as jusqu’à ce que tout soit foutu. Si j’avais un appartement aussi bien placé, j’en prendrais soin pour pas le ruiner. »
Pas tout clair ce que tu racontes mais tu t'en fou. L'idée générale est là. Tu penses à Danny un bref instant. Impossible de le perdre lui, même si c’est vrai que tu n'es pas très attentionné. Ca reste mieux que ce que Matt a fait en partant du jour au lendemain.
La cigarette aux lèvres, je prends le temps d’inspirer une longue bouffée, autant pour calmer le stress d’entre quarts de boulot où, même si j’ai à 99% l’air de m’amuser, y’a quand même deux trois cellules de mon cerveau qui pensent fric, gestion, ressources, commandes, que pour ravaler l’envie de râler qui remonte à chaque fois où mon regard se pose sur Jules ces temps-ci. On se souvient tous de comment il a essayé de se choper Lene sous mes yeux à la baby shower, de comment il l’a mise dans son lit au mariage de Max et Lauren et si aujourd’hui il a une autre nana au bras, c’est tout juste si j’enterre la hache de guerre en finissant par lui tendre mes clés, complice. Be a big boy Matt, que je me répète. Andy assiste à tout ça le sourcil haussé, et le commentaire bien acéré. « Ah ouais, tu penses ça toi? » je suis con, je suis aveugle, je suis idiot au possible, mais je suis aussi sarcastique, et j’arrive tout de même à dénoter qu’il parle pas qu’au premier degré, et qu’il y va de sa propre analyse de la situation non sans m’arracher un sourire en coin. « On verra quand on sera rendus là. » parce que j’ai pas l’intention de me barrer à nouveau, parce que j’ai fait mes marques, j’ai des racines ici, j’ai appris à faire avec les dos tournés, à me relever au mieux, à tenter d’avancer, à y aller au jour le jour. Mais c’est pas pour autant que je me laisserai m’auto-détruire comme j’ai fait y’a 8 ans non plus. Laissant la cendre tomber à mes pieds, l’écrasant du bout de mon soulier, je relève tout de même le regard vers le colombien, piquant. « Depuis quand tu te la joues Maya Angelou? » il avait toujours été du genre cash avec moi, avec tout le monde. Honnête, franc, direct ; comme il fallait, comme toute relation devrait être, et je le comprenais que maintenant, depuis mes grandes frasques d’aveux envers sa BFF. « Je tente un nouveau truc, tu sais. » de la clope, je passe à ma bière presque songeur, confident - ou ce que mon air de beauf de service arrive à dépeindre comme semblant de tentative. « Faire confiance aux gens, et pas prendre pour acquis leurs réactions. » ça marche pour Jules qui est bien rendu sur le canapé là-haut à la minute où on se parle. Et ça marche aussi pour Rivera qui essaie de passer son message sans que j’ai nécessairement envie de creuser. Et bon Dieu, ça marche surtout pour ma soeur limite, maintenant que j’ai bien compris que la laisser respirer n’était qu’une option nécessaire, et viable pour elle. Pour Lene tout autant, d’où le fait que je sois hors de sa vie depuis des semaines maintenant.
« Mais pour Jules c’est vrai qu’il a la tête du dude qui va démonter mes installations en tentant de lui flasher ses biceps en bon douchebag qui se respecte. » et j’éclate de rire, bien judgmental, mais néanmoins probablement en plein dans le mille quand on y pense. On n’était pas potes pour rien, nous deux, de toute façon. « Même si ça me ferait bien chier, j’vais m’éclater à lui demander la totale en remboursement par contre. » je joue des sourcils, les lève et les baisse avec une rythmique approximative, juste assez pour faire le type aux idées bien arrêtées et à la prochaine ruse bien alignée. « Oh, ça me fait penser. » l’instant d’après, j’éteins ma cigarette d’un doigt distrait, attend qu’Andy renvoie son attention vers moi pour continuer. « J’ai encore tout ton stock de capotes au bacon à l’étage. Tu passes prendre quand tu veux. » vestige d'une époque où on était voisins et où la carte bleue de mes parents avait vu ce que ça donnait, de rester seule avec Andy et Lene un après-midi complet. Scar qui passe par là hausse le sourcil, ce à quoi je réponds non sans exagérer un ton bien narquois. « Ouais, ça sonne aussi dirty que ça l’est. »
Ce que tu racontes le fait se questionner. Le fait se marrer aussi. Ca te fait sourire de le voir comme ça. Malgré tout faut dire que t’as toujours eu que des bons souvenirs en compagnie de Matt. Tout le côté négatif vient d’ailleurs et quand bien même tu te sens impliqué parce que Lene est le centre de tout ça, le fait est qu’avec Matt, tu te marres.
T’es pas sûr de qui il parle. Maya qui ? Tu lèves un sourcil en le regardant, lui montrant ton incompréhension. Mais t’as quand même capté que ça avait un rapport avec tes sous entendus. Il est con Matt, mais peut être pas autant que tu ne le pensais. Il se lance dans une explication. Il tente un nouveau truc. Tiens donc ? Ca t’intéresses… Tu le vois boire sa bière et tu fais de même avec ton cocktail. Clope, alcool, terrasse blindé, musique, un mec que, malgré tout, tu kiffes bien, tu passes un bon moment. Tu hoches la tête quand il te sort sa nouvelle technique. T’es pas complètement sûr de comprendre ce qu’il veut dire par là, mais tu penses avoir saisi l’idée générale.
Il parle de Jules. Tu ouvres de grands yeux.
« Attend… ça c’est Jules !? »
De ta main avec ta clope tu indiques l’intérieur du café, endroit par lequel il a disparu quelques instants auparavant. Ta question est rhétorique, mais t’as pas su te retenir de faire cette exclamation. Tu crois pas un mot de ce qu’il te raconte à propos du remboursement. Matt est blindé. C’est pas le fric qui lui pose soucis dans la vie.
« Ouais on y croit tous. »
Tu t’es mis dans la tête que sa vie c’était un autre monde du tiens du fait de tout le fric qu’il a. Y’a eu une époque où t’as eu du fric, mais ça ne s’est jamais renouvelé par magie, ta mère y connaissait rien en gestion et t’as pas pensé à faire des trucs intelligent avec ton fric. Quand t’y penses de nos jours tu te mettrais des claques. Tu tires sur ta clopes alors que Matt parle du stock de capotes au bacon. Ca te fait sourire. Surtout le coup d’oeil de la meuf qui bosse ici aussi et la remarque de Matt à cette dernière.
« T’as pas d’occasions de les utiliser que tu veux t’en débarrasser ? »
Une nouvelle bouffée de ta cigarette, t’es vraiment trop hot avec une clope au bec. Dommage que ça fasse une mauvaise haleine et qu’on pue, sinon rien que pour le look tu fumerais tout le temps. Oui accessoirement c’est pas bon pour la santé, mais who cares really ?
« Si t’as un sac je te les prends maintenant. »
Parce que oui, toi tu vas t’en servir. En tant que capote de secours quand t’es en rade, parce que cet arôme ne risque pas d’être au goût de tout le monde. T’es quand même déjà en train de réfléchir à des punch line en rapport avec cette anecdote. Peut être bien que ça va t’offrir de belles occasions cette connerie.
« Comme ça on va emmerder Jules au passage. »
Oui tu t’invites dans son appart’, oui tout à fait. La vérité c’est que t’as bien envie de revoir ce Jules de plus près maintenant que tu sais qu’il est lui.
« Enfin, je veux dire, comme ça on va vérifier qu’il est pas en train de te casser tout le mobilier. »
Tu marques une brève pause avant de reprendre suite à une réalisation.
« Mais en vrai tu devrais les mettre dans une jarre à l’entrée parce que c’est certain que ton appart’ va être le repère pour baiser. »
Vu comme il le laisse à disposition des gens qu’il connait au vu de ce qu’il se passe en ce moment avec Jules. Tu penches un peu la tête sur le côté et tu te mets à battre des cils de manière exagéré.
« Tu me laisserais squatter ? »
Parce que c’est clair que tu vas revenir ici. L’ambiance est beaucoup trop sympa. T’aimes. Tu te sens bien dans ce lieu et non pas seulement parce que t’auras certainement des verres gratuits ici et là régulièrement. Oui. Parce que tu vas ramener du monde. T’as un tas de potes avec qui tu sors, Matt va certainement faire un geste pour cette pub que tu vas lui faire. Même si concrètement l’endroit n’a pas besoin de toi pour réussir.
Passer un moment avec Andy, la glace post-Lene cassée, me rappelle à quel point il me fait rire à toujours parler de sexe, à être le mec pas de filtre aux allusions grivoises qui arrivent à faire rire et ou cringer la grande majorité de ses spectateurs. Personnellement, son sens de l’humour et sa capacité à vanner qui et quoi que ce soit me fait rigoler since day one, et même s’il est tout un personnage, ça fait du bien de l’entendre dire à nouveau de la merde à mes oreilles. « Personne est à leur hauteur, personne les traiterait à leur juste valeur. » faussement affligé, je prends une seconde pour secouer la tête de la négative, fermer les yeux, mettre une paume sur mon coeur. La vérité, c’est que ce genre de goodies était beaucoup plus à propos pour en rigoler et pour satisfaire les curieux ; mais in the heat of the moment, je préférais la version classique. Call me old fashioned. Parlant d’utilisation des fameuses denrées, Rivera en profite pour nous façonner une histoire plausible, et à la clé la façon parfaite de faire chier Jules. Bon, le tout reste puéril, et entre bro’s, y’a tout de même ce code tacite, ces règles non-écrites qu’on essaie de pas volontairement bousiller pas le coup d’un autre, surtout quand il est à une fraction de seconde de se produire, mais mon peu d’amour pour ce mec suffit à ce que le plan du colombien m’arrache un grand, un énorme, un mesquin sourire. « Tu lis dans mes pensées. C’est une erreur après tout : on a le motif et l’alibi. » battant des cils, je termine ma clope et ma bière, entamant le mouvement vers l’intérieur en commençant par me lever de mon siège et entraîner le brun à faire de même. Pourtant, il m'immobilise dans mon élan, et un éclat de rire bien communicatif part tout seul. Tout un personnage, disais-je. « Cette transition de malade, j’y ai vu que du feu tellement t’es subtil. » entre son “tu me laisserais crasher” et “tout le monde va vouloir monter y baiser” je perds pas de temps à faire un + un. La boîte de Pandore que je viens d’ouvrir là, du coup.
Doucement, on quitte la terrasse pour passer sous la rambarde, entrer à nouveau dans le café. Andy propose un self-service de capotes ce qui en soit n’est pas une si mauvaise idée. Mais parce que c’est toujours beaucoup plus fun de pousser la blague à un niveau pas encore atteint, et surtout parce que je sais qu’avec lui, aucune allusion de beauf ne sera mal prise, je poursuis, meilleur public à l’écoute. « On verra. J’devrais faire payer tu sais, comme ça avec le fric que je fais en louant la chambre d’invités, je peux acheter des sex swings et autres trucs pour leur faire un dungeon en bonne et dûe forme. » en vrai, le truc bien énorme que j’imagine, la red room of pain qui ferait fuir les plus peureux, et rire les initiés. À voir si mon sarcasme sera compris, ou si l’hispanique va renchérir les yeux brillants et la mine rêveuse, ça, c’est une autre histoire. Ni d’une ni de deux, on passe par la porte commune, grimpe les quelques escaliers menant au palier supérieur. De bonne foi, je cogne trois coups à la porte - trois coups presque inaudibles, par contre, bitchy un jour bitchy toujours - pour finir par entrer chez moi d'un élan d'ouverture d'une porte pas verrouillée. Il s’aide pas le petit. « Toc, toc. Les mains bien en vue. » pas un geste, pas un mot, rien qui trahit la présence du duo ici. Jusqu’à entendre un soupir étouffé, et quelques murmures provenant du fond du loft. Derrière le rideau érigé pour diviser l’aire ouverte de la chambre aménagée le long de la baie vitrée, j’invite Andy à me suivre avant de tirer le tissus pour dévoiler ce qui, mine de rien, me déçoit. « Sérieux? T’as l’appart au complet et tu te la joues traditionnel dans mon lit? » le spectacle de Jules par-dessus sa concubine du moment est fade, beige, drabe. Et moi qui croyait que j’avais quoi que ce soit à craindre de lui du temps d’Adams.
Matt est chaud pour visiter l’appart’ alors que Jules est très certainement en train de se mettre dans l’ambiance avec la jolie demoiselle. T’as le même sourire que lui aux lèvres. Vous êtes up to no good. Vous êtes en chemin après avoir fini vos clopes et vos verres. Tu n’oublies pas que tu auras certainement droit à ton deuxième verre quand vous serez de retour en bas. Tu fais ton air de saint quand il dit que t’es subtil. Tu ne l’étais pas du tout, mais t’apprécies qu’il ne te refuse pas l’accès en bloc. Y’a une véritable possibilité de squatter son chez lui pour passer un bon moment. Un ou plusieurs. Mais au moins un. Pour commencer.
On verra. C’est que t’as des idées qui sont bonnes quand même parfois. T’apprends qu’il a une chambre d’invité. C’est vraiment trop parfait pour être vrai. T’espères aussi qu’il a un bon canapé, parce que t’aimes bien ça les sofa. Il parle de sex swings pour faire un dungeon, ça te fait marrer.
« J’apporterai du matos pour faire une contribution personnelle. »
Tu entres dans son jeu. Ca te fait beaucoup trop marrer d’imaginer son appart’ se transformer en red room. Vous montez à l’étage et tu ne loupes pas du tout le manège de Matt avec ses coups frappé à la porte plutôt très discret. Vous allez peut être avoir quelque chose d’intéressant à voir. Il ouvre la porte, tu regardes un peu l’appart’ qui est beaucoup trop bien. T’es presque jaloux qu’il vive dans un endroit pareil tout seul. Tu suis Matt, notant au passage un joli plan de travail dans la cuisine et un canapé qui n’attend que d’être utilisé d’une manière ou d’une autre. C’est grand. C’est franchement bien. Tu commences à te dire que s’il en fait pas un dungeon, tu peux proposer l’endroit pour une soirée échangiste. Avec le bar en dessous, ce serait juste un super set up. Vous trouvez Jules dans la chambre et même pas celle pour les amis. Y’a pas grand chose à mater, mais tu prends la peine de bien détailler Jules, de ce que tu peux voir. Surtout ses fesses quoi. Qui sont plutôt appétissantes.
« Jules, tu me déçois. »
Tu lances ça comme si tu le connaissais. Tu sais de lui que ce que tu as entendu de Lene.
« Mais continue, fais comme si on était pas là. »
Tu te cales dans l’encadrement de la porte un instant avant d’éclater de rire, te retourner tout en prenant Matt par l’épaule afin de laisser Jules se refaire une contenance face à la meuf. Vous lui avez tué son coup et c’était l’idée originale. WIN. Tu reprends la parole, parlant un peu plus fort afin que Jules t’entende sans problème même si vous vous éloignez de la chambre.
« On va se contenter du canapé, t’inquiètes pas pour nous Jules ! »
Tu te demandes s’il va être assez con pour te croire.
« Alors elles sont où ces capotes ? »
Tu défais ton bras des épaules de Matt en lui posant cette question. Enchaînement tout à fait logique. T’aimerais bien que Jules ait encore l’oreille tendue pour jouer le vice plus loin.
Les valves à conneries sont ouvertes, et Andy y entre à pieds joints alors qu’il parle lui-même de ses réserves et de tout ce qu’il serait prêt à entreposer à l’appart si je lui en offrais la possibilité et la place. Éclatant de rire, j’hoche de la tête de la positive, la seconde d’après tentant d’afficher mon meilleur air de fin négociateur pour la peine. « Pourquoi je doute même pas une seconde que t’as vraiment des items de qualité? » ç’aurait presque été décevant de ma part de ne pas croire que sa collection recelait de reliques dignes des meilleurs (et pires) pornos de notre époque. Trottinant avec le colombien à mes côtés, c’est comme des gamins qu’on grimpe les escaliers sur la pointe des pieds, pour finir par toquer du bout des jointures en murmurant notre arrivée. On pourra pas nous reprocher de ne pas avoir signalé notre présence, y’a de bonnes intentions derrière, mais surtout celle d’embêter celui envers qui j’ai retenu plusieurs coups du revers durant les derniers mois. Qu’il voit ça comme une façon de ma part de lui montrer que j’ai grandi et que nos querelles de nanas sont loin derrière. « Les mecs… Matt, s’pas cool. » que Jules grommelle, maintenant qu’on a bien crié, qu’on a babillé notre méfait et que je le vois s’activer pendant qu'on élit domicile dans le cadre de porte nous donnant pleine vue sur son dégât. « C’est qui? » sa concubine ajoute, une fois que le Rivera est passé en mode culpabilisateur. Me mordant l’intérieur de la joue, je retiens tout de même un éclat de rire supplémentaire le temps de faire mon pitch de vente, torse bombé et clin d’oeil à la fille pour la peine. « Le proprio de l’appart. Et du bar en bas. On a les verres en rabais à deux pour un dans une heure, au cas où ça te dit. » sérieux comme un coq, je suis l’hispanique qui rebrousse chemin bras enlacés, bribe d’intimité qu’on leur laisse pour simplement reprendre des forces et poursuivre nos moqueries la seconde suivante.
« T’es pas croyable. » Jules crie de la chambre au salon la seconde suivante, et se cogne à mon ton qui glisse du rieur au j’m’en balec dude, clairement pas impressionné par son petit jeu et par la façon dont il semble vouloir me faire vivre un guilt trip de pacotille. De ce que je me souvienne, c’était toujours lui qui avait vécu chez moi durant ses moments moins fabuleux - vie de couple en vrille, réorientation de carrière, déménagement entre deux endroits - il me ferait pas douter de mon hospitalité ce soir certainement. « Et toi tu penses que t’es un cas d'excellence? » je bats des cils à son ombre que je discerne, avant de m’affaler sur le canapé et de voir qu’Andy a lui-même ses propres bêtises à ajouter au jeu pour une touche supplémentaire de malaise. Il flirte, il est lascif, il exagère les sous-entedus et je ne pourrais pas être plus fier de lui que lorsque Jules finit par nous rejoindre, berné comme un idiot de première. « T’es bi maintenant? » faussement offusqué, j’ouvre grand la bouche et les yeux, le soupir forcé qui suit. « On vit dans une ère où poser ce genre de questions est très blessant. Depuis quand t’assumes mon orientation, Jules? » puis, je roucoule, passe au racoleur, j’y vais all in. « Pourquoi tu demandes, t’es intéressé? » choisit ce merveilleux moment pour venir rejoindre notre trio au salon la dulcinée du soir dans des fringues beaucoup trop provocantes pour être prise au sérieux. Mais j’essaie, fort, vraiment. « Enchanté! Moi c’est Matt, lui c’est Andy. » jetends la main, poli, Jules rage, et j’allonge mes jambes sur les cuisses d’Andy à proximité. « Bah quoi, tu fais pas les présentations en plus, rude. » « J’ai compris, j’dégage. » ah bah voilà qui est bien. Installé dos à la porte, je ne les vois pas débarrasser, trop occupé à célébrer la petite victoire du jour et à initier un fou rire avec Andy la seconde d’après. « Tu diras salut à Lene de ma part. » fou rire stoppé dans son élan, et mon regard passe au noir direct. Je jure, si la porte n’avait pas claqué de suite, j’aurais eu le dernier mot. Aka mon poing sur sa gueule.
T’es presque outré que Matt ne te présente pas quand la donzelle demande qui vous êtes. Mais tu comprends, il vaut mieux laisser entretenir le mystère. Surtout que t’as des trucs derrière la tête et ça te fait plutôt kiffer. En tout cas tu trouves ça super classe de pouvoir dire qu’on est proprio, deux fois en plus. T’es propriétaire de rien du tout toi. Faudrait peut être que tu vois pour t’acheter un bien rien qu’à toi. Mais t’as pas assez de fric de côté alors t’as jamais voulu te lancer dans cette voie, c’est pas tellement envisageable. Peut être que tu devrais prendre soin d’un nouveau vieux riche sur le point de claquer, histoire d’avoir un nouvel héritage et de placer l’argent cette fois au lieu de le dilapider au fil des ans. Mais bref, tu te sors bien vite ces idées de ta tête parce que c’est facile de se proclamer proprio quand on est blindé de tunes. Ca n’empêche que t’as trouvé ça hot d’une certaine façon.
Jules est outré par votre attitude et ça te fait sourire plus que de raison. Tu gardes bien ton corps à proximité de Matt, histoire de voir si ça le rend confus et pire, jaloux. En tout cas il a mordu à l’hameçon parce qu’il se trouve devant vous à questionner Matt sur sa sexualité. WIN. Un putain de grand sourire aux lèvres, tu vas doucement poser ta main sur la cuisse du McGrath, pendant que ce dernier se lance dans des explications. Tu veux bien montrer votre niveau d’intimité, qu’il n’y ait pas de place au doute. Ca te fait beaucoup trop kiffer. Quand il demande à Jules s’il est intéressé, tu peux pas t’empêcher d’émettre une objection.
« Hé ! »
Pour faire comprendre que t’étais là le premier, il n’a qu’à se mettre à la file s’il veut un bout de l’anglais. La meuf se ramène et t’es satisfait d’être présenté cette fois. La meuf a de beaux atouts qu’elle ne laisse pas hors de vos vues et t’apprécies ça d’elle. Matt s’installe sur toi et tu poses tes mains sur ses jambes dans un geste presque possessif. Jules est vexé par votre mascarade et ça se voit que t’es pas loin d’exploser de rire à cause de toute cette situation. Quand il parle de Lene tu vois l’attitude de Matt changer du tout au tout.
« Ce sera fait ! »
Parce que oui, tu la verras bien avant, mais tu sais pas si Jules t’a entendu car il a filé plus vite que son ombre. Tu te redresses sur le canapé, poussant les jambes de Matt de tes cuisses parce que le show est terminé. Jules n’est plus. Matt a les nerfs.
« C’est un vrai champion ce Jules. »
Pas dans le bon sens du terme et ça se voit à la façon dont tu as dit ça.
« Je vois pas pourquoi il t’a questionné. T’as clairement une tête à jouer pour les deux équipes. Mon gaydar devient fou quand il s’agit de toi. »
Tu plaisantes. Tu sais pas pourquoi t’as envie de lui changer les idées. Ah si, tu sais. Tu veux ton deuxième verre gratuit. Tu vas mettre une petite tape sur la joue de Matt afin de le faire réagir d’une façon ou d’une autre. Tu reprends la parole un peu plus sérieux cette fois.
« Bon allé il va pas te ruiner la soirée juste parce qu’il a mentionné Lene. Va falloir que tu t’y habitues mais je t’apprends rien de nouveau là. T’es un grand garçon. »
Comme ils ont quand même pas mal de potes en communs, ça ne doit pas être la première fois que ça arrive. T’as les bras posés sur tes genoux, tu regardes Matt.
Dernière édition par Andy Rivera le Jeu 20 Sep 2018 - 21:43, édité 1 fois
Qu’Andy s'émerveille ironiquement de sa première rencontre avec Jules me laisse pantois, à un éclat de rire de briser le calme laissé dans l’appart maintenant que le duo venu se peloter est parti à la recherche de plus verts pâturages - et quelque chose me dit que ce n’est pas une finalité qu’ils trouveront l’un avec l’autre. « Du haut calibre comme il s’en fait plus, ce dude. » le colombien pousse mes jambes de ses cuisses, je profite de l’élan pour me lever du canapé, faire une dizaine de pas vers la cuisine, dériver entre le congélo puis l’armoire du fond, rouler de quoi faire passer mes nerfs, et un peu d’herbe que je craque au-dessus du papier filtre en rigolant de plus en plus facilement des commentaires amusés du Rivera. Il détendait l’atmosphère comme il fallait, il allégeait mes épaules juste comme il le fallait, et ses vannes à la con étaient exactement ce dont j’avais besoin, qu’il me reluque le cul ou qu’il laisse ça à Jules pour ce soir, et ce soir uniquement. « Ouais, mais c’est parce qu’avec toi c’est spécial. J’ai pas les mêmes papillons avec qui que ce soit d’autre. » que je crie, charmeur au possible, Casanova de pacotille, détournant la tête vers lui à travers la grande pièce, lorgnant par-dessus mon épaule le temps de voir son sourire carnassier en rajouter une couche sur notre flirt gros comme la lune.
Revenant au salon, je joue avec la clope d’herbe entre mon pouce et mon index, pas tant à l’aise d’entendre Jules mentionner Lene devant son BFF même s’il savait pas de qui il s'agissait, encore moins lorsqu’il s’était plus à m’envoyer l’attaque de la plus sale des façons, comme un idiot innocent et faussement naïf. Il savait bien que je parlais plus à la brune, qu’on avait coupé les ponts, que j’étais sorti de sa vie et que jamais elle n’avait agit en d’autres termes qu’en allant dans le même sens que moi. C’était over, c’était fini, terminé, tourné, oublié. Alors pourquoi est-ce que ma mâchoire est aussi serrée, pourquoi est-ce que mon poing planqué dans la poche de mon jeans est aussi contracté? « J’suis habitué. » que je m’entends rétorquer, rebondir sur ses mots, calme, stoïque, sans faire de vagues, sans insister sur rien. Pas besoin, pas nécessaire. Et puis Andy était cool, au-delà de tout ça. Autant profiter du fait qu’on avait une soirée sympa, avant que la réalité revienne au galop et qu’il se souvienne que dans les petits caractères de son contrat d’amitié et de loyauté, il doit y avoir une clause mentionnant que dès qu’il en a la chance, me défoncer à coup de batte de baseball n’est pas qu'une option. « Ça m’a juste pris par surprise, c’est rien. » doucement, je file à la fenêtre, la grande baie vitrée qui fait presque tout le mur, du living à la délimitation de la chambre. Ouvrant les carreaux, je fais craquer mon briquet, inspire doucement, avant de tendre le joint allumé et un tantinet fumé vers Andy en espérant le distraire avec un peu de drogue douce d’une potentielle conversation impliquant de trop près la Adams à mon goût. « Jackpot. » la seconde d’après, distrait, je me lève de mon siège improvisé et plane, vole, rigole vers le lit d’où je repère, au sol, la culotte de la fameuse ingénue ayant suivi Jules plus tôt. La pauvre, dans son élan, elle a pas ramassé ses soutifs ou du moins, à moitié. D’un coup de pied puérile, je lance ma trouvaille dans la direction d’Andy, hilare. « Si tu veux la mettre en ligne sur votre boutique. » qui sait, y’a peut-être à faire tant que le sous-vêtement n’est pas brodé au nom de sa propriétaire.
La déclaration de Matt te fait marrer. Il insinue que t’es le seul qui lui fait de l’effet et ça fait du bien dans ton égo, même si ce n’est qu’une plaisanterie. Y’a toujours une part de vérité, oui, quand ça t’arrange surtout. Il reste dans le personnage alors que vous n’avez plus d’audience, c’est ça qui te fait kiffer chez Matt. Toujours là pour déconner, même quand c’est à ses dépends.
Tu le vois qui revient avec une roulée et tu comprends bien évidemment qu’il y a de l’herbe là dessous. Ca te fait chier de voir Matt aligner les bonnes initiatives comme ça. Mais de toute façon, si t’es encore là en train de lui parler, c’est uniquement pour ce verre de plus, gratuit, qu’il t’a promis. Ce verre et tous les autres derrière, parce que faut pas déconner, tu vas rentabiliser ta soirée au maximum, jusqu’à ce qu’il te foute dehors pour impayés. C’est ça le plan. Le vrai.
Il est habitué donc ? C’est peut être vrai, mais il est aussi à fleur de peau sur le sujet. Tu n’aurais pas cru autant. C’est vrai qu’il s’est sacrément mis à nu à la baby shower. Tu sais pas si c’était de la folie ou du courage, mais c’est sans aucun doute, beaucoup d’émotions pour lui. Tu ne comptes pas lui faire plus de remarque sur le sujet. T’es team Lene quoi qu’il advienne. Même si tu sens qu’elle en pince toujours autant pour le British. Parfois l’amour ne suffit pas. Ce qu’il a fait à Lene est clairement impardonnable.
Il met sa réaction sur la surprise. Tu trouves ça un peu léger comme explication sachant que Jules est un ami de Lene, c'est pas anormal qu’il en fasse mention. La question est, est-ce que Mister Jules est au courant des vagues entre Lenatt ? Sûrement. Ou alors il est véritablement con et ça reste fort probable. Il file à la fenêtre pour son joint et tu le mates faire, attendant qu’il fasse tourner à un moment ou un autre. Chose la plus logique qui soit. Tu veux juste le dépouiller de sa drogue en plus de son alcool. Et puis faut pas oublier toutes les capotes qu’il t’a promis.
Jackpot ? Tu regardes Matt bouger jusqu’à sa chambre et il lance un sous vêtements dans ta direction. Ca te fait sourire de le voir faire. Il mentionne la boutique, tu t’y attendais pas à celle là. De ton côté t’en as parlé à personne parce que c’est le business de Lene avant tout. Tu sais qu’elle garde un profil bas à ce propos, histoire de pas être emmerdée au boulot entre autres.
« Attend faut que je vérifie si ça atteint nos standards. »
Et tu te penches vers le sol pour récupérer la dite culotte et la porter à tes narines sans gêne aucune. Tu fais ça avec beaucoup de sérieux. Ca te rappelle des souvenirs d’il y a plus de 10 ans. Seule différence, c’est que le string de Marianna était propre. Malheureusement.
Tu poses le bout de tissu sur le canapé et un sourire se fend sur ton visage.
« Ouais nan en fait j’en sais rien, j’ai pas pu tester la marchandise. »
T’aurais pas dit non, juste pour donner ton avis « professionnel » sur la question. Niveau fluides de Lene, c’est Matt qui doit être le plus calé de vous deux. Tu te retiens de lui faire la remarque. Tu vas plutôt le rejoindre et tu tends la main vers lui pour qu’il te passe sa clope amélioré.
Pas la peine d’en rajouter, pas la peine de faire à nouveau le tour de la question. Jules est un con, Jules a parlé de Lene, j’ai ravalé ma fierté, et le joint qui se roule doucement entre mes doigts suffit à calmer ce qui reste. À un moment, j’me dis que ça va juste arrêter de me piquer cette histoire. Dans mon ego, dans mon amour-propre, dans tout ce que j’ai cassé et perdu comme le gros lourd que je suis, que je resterai probablement toujours. En attendant, le briquet craque et la première bouffée fait du bien, y’a la toux qui suit, le sourire en coin, les paupières closes et la tête appuyée dans le cadre de fenêtre. Vestige de la weed achetée en soirée j’me souviens plus dans quel bar à l’autre bout de la ville, nettement moins forte que celle que dénichait Jill avant qu’on sorte à l’époque, mais toujours meilleure que la cochonnerie que Maxime nous dégotait aux fêtes de fac. Lui qui encourageait n’importe quelle minette à l’époque qui avait une paire de jambes décentes et un timbre de voix suffisamment aigu pour qu’on l’entende jacasser à l’autre bout de la pièce ; et que ça suffise pour qu’on décampe sachant qu’elle était dans les parages. Parlant de bimbos. « Classy. » la culotte de la conquête de Jules au bout de mes orteils s’envole vers Andy qui prend vachement son boulot au sérieux, et m’arrache un éclat de rire teinté d’herbe la seconde d’après. Bien déçu de pas avoir pu tester lui-même la marchandise et de se retrouver à être un vulgaire deuxième choix, et même encore, y’a pas eu de choix possible puisqu’elle s’est tirée avant même une approche, je laisse au colombien le plaisir de suivre mon regard entendu vers la porte. « Elle doit traîner encore en bas si tu penses pouvoir te mesurer à Jules le charmeur. » et un battement de cils plus tard, je partage le joint sans la moindre intention de me la jouer égoïste. C’est pas dans ma nature de pas distribuer mes acquis, c’est bien pourquoi ma caisse balance jamais vraiment, et que mon appart finit toujours par être peuplé de potes et de clients une fois la nuit tombée. D’ailleurs, les autres devraient doucement commencer à grimper les escaliers si je me fie au planning qu’on avait mis en branle pour ce soir. À moins que Jules se soit fait un devoir de me casser du sucre sur le dos à quiconque pensait monter célébrer. M’enfin. « Y’a de quoi faire dans les placards ; mais j’ai que de l’alcool fort. Les trucs fruités sont au bar. » Andy qui perd pas le nord et pense à nouveau à s’abreuver, à qui j’indique la cuisine du bout du doigt la seconde d’après. « De la bière au frigo, sinon. »
Ne sachant pas trop si j’ai envie de rester ici ou de retourner au bar, je laisse à ma clope bien verte le bénéfice du doute, et plus la fumée emplit mes poumons et le salon, plus je sens mes nerfs se détendre et mon cerveau penser relativement plus sereinement. « T’avais pas un pote censé te rejoindre? » ceci amenant cela et j’étudie l’excuse qu’Andy m’a lâchée un peu plus tôt, un sourire mutin sur les lèvres. C’est là son exit plan si c’est ce qu’il veut, et je lui en tiendrai vraiment pas rigueur. Le revoir était sympa, déconner avec lui était plus que cool, mais c’est pas parce que fût un temps on se voyait presque à tous les jours qu’il a le moindrement de comptes à me rendre. S’il reste c’est parce qu’il a envie, s’il se tire je vivrai avec sans soucis. « Il va s’inquiéter. » mais parce que je reste le Matt bien con et maintenant relativement high, suffit d’un dandinement de hanches une inspiration plus tard avant de renchérir avec ma meilleure voix d’ingénue. « Après, t'as bien fait de rester, autrement j’pourrais être jaloux. » l’instant d’après, le mégot trouve sa place dans le cendrier en rebord de fenêtre, et je m’active à redescendre. Le calme de l’appartement suffit, et si je tends l’oreille, j’entends que le DJ prévu pour ce soir vient de prendre sa place derrière les platines. « Andy? » jouant avec les clés qui traînent sur la table basse de l’entrée, j’attends que le brun soit à ma hauteur avant de lâcher, presque complice. « Si tu penses que ça peut lui faire plaisir, tu lui diras que j’étais un mess. » qu’il ait de quoi bitcher avec elle, qu’il ait matière à s’éclater sur le canapé et à l’entendre dire qu’elle s’en doutait, et que c’est bien fait. Cadeau ; la mari m’a toujours rendu relativement généreux de ma personne.