J'ai beau avoir réagis avec un certain détachement la dernière fois, fait est que l'aveu de ma sœur n'est absolument pas anodin du tout. Bien au contraire. Même si, dans les faits, ça ne change rien à l'amour que je lui porte, ça reste quand même une nouvelle que j'ai assez de mal à digérer. A cela s'ajoute les problèmes que je rencontre avec l'adoption d'Arthur et encore plus avec ceux concernant l'organisation de mon mariage avec Myrddin. Ce dernier ne me facilitant, en vrai, pas vraiment la tâche. Et évidement, les problèmes avec Alex qui ne se sont toujours pas forcément arrangé. J'ai même l'impression qu'ils se soit aggravé. Beaucoup trop de questionnement perdu dans mes pensées, c'est en pilote automatique que je parcours les différent rayons du magasin. J'attrape les aliments plus ou moins au hasard avant de regarder ma liste de course, sans m'immobiliser.

Au même moment, une jeune femme tourne dans le rayon que je décide de quitter et la collision frontale est inévitable. Je relèves mon regard au dernier moment mais ne peux empêcher nos deux sachet de déverser leur contenu sur le sol et se mélanger.  «Putain … quel con …  » m'insultais-je en marmonnant avant de me baisser  «Désolé, vraiment. Je ... » je me tais lorsque, relevant mon regard sur la jeune inconnue, je me rends compte qu'elle n'est, en vrai, pas si inconnue que ça.  « Savannah … ?» soufflais-je, plus que fortement étonné, presque choqué  «Qu'est-ce que … ? Je ... » je regarde autour de moi et me relève avec mes sachets  «qu'est-ce que tu fais là ? » demandais-je  «Je veux dire ...ici. A Brisbane ... » je fronce légèrement les sourcils alors, qu'en me relevant, l'idée qu'elle soit revenue pour James et mon filleul me traverse l'esprit. Et en vrai, elle s'y encore de plus en plus.

Je déambule à travers les allées, observant les produits qui défilent sous mes yeux, et pourtant, rien ne parvient à attirer suffisamment mon attention. J'ai ce moment épique de la veille qui me hante, cette fameuse rencontre avec Mathis. Une rencontre qui semble avoir arrêter le temps, j'ai l'impression d'être dans l'attente depuis. Et puis, la façon dont les choses se sont finies avec James me laissent un goût quelque peu amer. Il m'est difficile de parvenir à le cerner, moi qui le connaissait si bien auparavant, je découvre une personnalité que je n'avais jamais cotoyé, et c'est assez déstabilisant. Je tente de noyer le poisson, préférant croire que ce sont les rancœur et la colère qui le poussent à avoir un tel comportement vis à vis de moi, mais c'est difficile, et je ne sais plus quoi faire pour parvenir à apaiser cette tension perpétuelle. Je tiens dans mes mains un paquet de céréales, fourrés au chocolat, ainsi qu'un pot de glace vanille. Le parfait repas pour soigner les bobos du coeur, du moins, c'est mon petit rituel à moi. Mon inattention va cependant provoquer un choc sans précédent au détour d'un rayonnage, faisant tomber au sol les articles que je tenais jusqu'à présent. Mes céréales se retrouvent déverser sur le sol alors qu'instinctivement, mon corps s'est empressé de se baisser afin de ramasser le carnage que je viens de causer malgré moi. L'homme s'excuse, alors que j'aurais plutôt plaider coupable pour le coup. "Non non c'est moi, j'avais la tête ailleurs..."avouais-je tout en regroupant mes céréales sur sol d'un geste avec les mains. L'immobilité soudaine de l'homme ne question va me forcer à interrompre ce dernier alors qu'il m'observe. Je relève le regard, forcée de constater que l'homme en question est loin d'être une tiers personne. Il s'agit de l'un des frères de James, et le revoir ici me fige le sang soudainement alors que mon prénom sort de sa bouche. «Qu'est-ce que … ? Je ... » Je suis incapable de sortir un mot, mais je comprends que vu son étonnement, son frère ne l'a pas avertis de mon retour, et je ne suis pas sûre qu'il soit si ravi que ça que de me retrouver en ville. Je plis mon paquet, ayant parvenu à garder une bonne partie du contenu à l'intérieur et me pince lèvres pour cacher mon malaise. Je me relève, ayant malheureusement le droit à LA question. "Eh bien...J'ai décidé qu'il était temps de rentrer à la maison." A peine ai-je eu le temps de dire cette phrase que je la regrette immédiatement, j'imagine que c'était un peu mal venu quand on connaît les circonstances dans lesquelles j'ai fuis la ville quelques années auparavant. Je ferme les paupières douloureusement avant de dire de façon plus sincère. "Je suis venue retrouver Mathis." Je n'évoque pas James, j'ai très bien compris que le duo que je pouvais former avec lui ne méritait sûrement plus d'être sur le tapis. Y penser est peut être même un crime, va savoir. "Je...Ca fait un bail qu'on s'était pas vu toi et moi" tentais-je afin d'amortir la chute. Peut être que lui aussi allait finalement décider de s'en prendre à moi...

Savannah est bien la dernière personne que j'imaginais croisé aujourd'hui et demain. En vrai, je croyais que plus jamais je ne le reverrais. Et ça ne m'aurait absolument pas dérangé à vrai dire. Mais voilà que le destin nous met l'un en face de l'autre et je ne sais pas comment réagir. Avec joie ? J'ai beaucoup aimé Savannah, elle a toujours été une personne gentille et altruiste. Jusqu'au jour où elle a décidé de quitter la ville alors qu'elle était enceinte du fils de mon frère, Mathis, mon filleul. Elle a fait une erreur fatale en partant, d'avantage encore lorsqu'elle a abandonné son enfant. Fort heureusement, mon frère était là pour le petit. Sans James, je ne sais pas ce qui se serait passé avec Mathis.

Ainsi je décide de réagir avec grande retenue et me montre presque froid lorsque je lui demande ce qu'elle fait là. Savannah semble, elle aussi, tout à fait étonnée de me voir mais elle a au moins la décence d'être sincère. Après avoir dit qu'elle avait décidé de rentrer à la maison, elle avoue être de retour pour Mathis. Prenant une profonde inspiration soupirant doucement, je secoue légèrement la tête puis la hoche.  « Je vois...» changeant de sujet, m'informe que ça fait longtemps que nous ne nous sommes plus vu.  « A qui la faute» grognais-je avant de soupirer à nouveau et secouer la tête un peu plus vivement,

 « Non je ...laisse tomber» dit-je en me reculant d'un pas  «Je veux dire, t'as sûrement déjà vu James, il t'as sans doute déjà dit tout ce qu'il pense de ton retour. Sache que je n'en penses pas moins que lui mais je ...ne suis pas là pour te faire la morale. Je n'en ai pas envie. Ça reste entre vous et je ne me vois pas être en mesure de me mettre entre vous. Toutefois  » je me redresse, un peu plus menaçant et fronce les sourcils, montrant bien que je suis en ne peut plus sérieux  « Si tu décides de repartir avec Mathis, je serais là pour ne pas te laisser faire. Peu importe vos différents avec James, votre fils ne doit pas en pâtir et, en tant que parrain officiel, je compte bien tout faire pour protéger mon neveu.» dis-je sur un ton plus que sincère.

Je savais très bien que mon retour ici ne se limiterait pas à cette famille que j'ai décidé d'abandonner. Il y avait les autres, et ces derniers pouvaient être tout autant influent par leur parole. Peut être que c'était pire que ce qui pouvait s'échapper de la bouche de James, qui lui était probablement trop impliqué sentimentalement pour avoir un jugement objectif. Les autres, eux, parviendraient à me donner les derniers coups de bâton avec des remarques définitivement trop vraies. La probabilité que j'y fasse face était bien élevé, mais elle m'avait échappé, jusqu'à ce que je me retrouve à l'ultime confrontation avec un des frères de James. J'avais apprécié Thomas pour sa simplicité bien que nous n'avions pas pris le temps de réellement apprendre à nous connaître. C'était le plus franc de tous, et je risquais d'en faire les frais après mon comportement. La dernière fois que nous nous étions vus, nous étions en couple James et moi, les choses étaient tellement différentes maintenant... Il se montre courtois et respectueux, et c'est probablement la raison qui me force à lui fournir une réponse à sa question. J'imagine bien sa surprise de me voir ici, dans un contexte si banal. Je ne pèse cependant mes mots que lorsque je les ai prononcé, sachant que je lui donnais toutes les clés en main pour me réduire à néant.« A qui la faute» Voilà, le moment arrivé donc. Je me pince les lèvres, pas vraiment à l'aise, bien que je méritais tout ça. « Non je ...laisse tomber» Je fronce les sourcils, l'observant faire un pas en arrière sans savoir quelle allait être ma sentence. Je l'écoute, ne pouvant dissimuler ce petit air surpris qui envahi mon visage. Je m'attendais à tout sauf à ça, c'était... surprenant.  « Si tu décides de repartir avec Mathis, je serais là pour ne pas te laisser faire. Peu importe vos différents avec James, votre fils ne doit pas en pâtir et, en tant que parrain officiel, je compte bien tout faire pour protéger mon neveu.» Je hoche de la tête. Si cette menace devrait m'effrayer, elle me rassure...Parce qu'au delà du fait que je pourrais payer cher un autre écart de conduite, je remarque que mon fils récolte tout l'amour dont il a besoin. Je l'ai remarqué avec James, qui est un père incroyablement bienveillant et aimant, et je vois qu'il n'est pas le seul à lui attribuer autant d'attachement. Ca me réconforte dans l'idée que Mathis a tout de même eu tout l'amour et l'attention nécessaire durant mon absence. "Je ne compte pas le prendre à parti, ce n'est pas un jeu." dis-je avec sincérité en haussant les épaules. "J'espère juste pouvoir trouver ma place auprès de lui avant qu'il ne soit trop tard." lâchais-je. Mon regard se détourne un instant avant de se reposer sur Thomas, un brin hésitant. "Il est heureux?" lançais-je en croisant le regard du jeune homme. "...James...Est ce qu'il est parvenu à passer à autre chose?". Ce genre de réponse, je ne pouvais l'avoir que dans la bouche d'un de ces proches. Je cherchais peut être à m'assurer que je ne l'avais pas brisé, ou alors qu'il était parvenu à s'en remettre. C'était bien trop compliqué pour en faire mon propre jugement lors de nos échanges qui étaient clairement obstrués par cette vague d'émotions poignantes.

Je ne suis pas la personne idéalement placé pour gâcher le retour de Savannah. Elle a fait des erreurs, j’en ai fait aussi. Certes, elle a fait du mal à mon frère, mais ne peut-on pas relativiser ? James a aussi briser les rêves de quelques filles, tout comme je l’ai fait, ou qu’Ezra l’a fait. Même David ! Le passé est le passé, il est immuable et même si on n’oublie pas, il faut savoir aller de l’avant et l’accepter tel quel. Et cela me concerne surtout moi. Car en vrai, j’ai toujours beaucoup apprécié Savannah. Bien que je n’aie jamais eu l’occasion de bien la connaître, elle était une personne charmante et magnifique. En vrai, elle est toujours aussi charmante. J’ai toujours trouvé sa beauté particulière et je comprends tout à fait pourquoi mon frère ait pu tomber sous son charme à l’époque.

Ainsi donc, je décide assez rapidement de cesser de ressasser le passé et commencer à accepter son retour. Toutefois, je ne peux m’empêcher de mettre un honneur sur le fait que quoiqu’il arrive, je saurais me battre pour Mathis. A mon sens, il faut d’abord que Savannah fasse ses preuves avec mon filleule avant de pouvoir décidé de quoique ce soit. La jolie blonde me rassure toutefois en disant ne pas vouloir prendre Mathis à partie mais qu’elle espère quand même trouver sa place auprès de lui. Je grimace un peu et hausse légèrement les épaules «ça ne va pas être facile, tu le sais ça » dis-je doucement « mais peut-être qu’avec un peu de persévérance, qui sait» je lui offre un léger sourire, en voulant pas briser ses rêves et en même temps ne souhaitant pas lui donner trop d’espoir. De toute manière, je ne suis pas placer correctement pour juger sa relation avec James. Tout dépend de mon frère en vrai.

D’ailleurs, le sujet dévie assez rapidement sur le père de Mathis, la jeune femme voulant savoir s’il va bien, s’il a réussi à passer à autre chose. Je l’observe quelques instants, remarque bien qu’elle n’est pas tout à fait à l’aise et fini par hocher la tête « oui» dis-je doucement « à mes yeux il a réussi à passer à autre chose» je pince les lèvres «après je ne lui ai jamais réellement posé la question en vrai. Je veux dire … » je soupire doucement «Peut-être t’as-t-il oublié, peut-être non, je ne saurais réellement le dire. En tout cas c’est un père grandiose et Mathis un garçon adorable. Si tu veux lui faire plaisir, achète lui la crème glacé pistache/caramel à Dreamworld, il adore ça » ajoutais-je, taquin, presque amusé et dans la confidence avec un clin d’œil.

Je regarde mon cadis, puis les pommes que je tiens encore en main et reporte mon attention sur la jeune femme « Bon, je vais devoir y aller» dis-je, posant les pommes dans le cadis « Si jamais tu …veux qu’on se voit, qu’on prenne un café pour discuter plus calmement et tranquillement, n’hésite pas. J’ai pas changé de numéro » reprenais-je, lui offrant un sourire un peu plus détendu et peut-être plus rassurant aussi. Après un dernier signe de la main et hochement de tête, je me place à nouveau derrière le cadis et pousse afin de me diriger vers les caisses, venant à regretter mes dernières paroles.