C'est pour faire plaisir à Yasmine qu'il est dans un bar ce soir. Pourtant, elle, elle n'est pas là. Il n'avait pas prévu de sortir avec elle. Il devait retrouver un de ses amis dans leur bar habituel. Ca lui faisait presque étrange de penser comme ça. Son bar habituel. Il n'aurait jamais pensé être le genre de mec qui aurait un jour un bar habituel. Il était plutôt du genre à rester chez lui devant son écran. C'était bien plus son truc à lui, les ordinateurs. Tellement plus facile à cerner que les gens. Il était bien plus doué en informatique qu'en interactions sociales. Il regardait toujours avec admiration les gens qui étaient dans leur élément en société. Se demandant toujours comment il était possible d'être si peu timide, si à l'aise avec les autres. C'était un mystère pour lui. Ca avait toujours été le cas d'ailleurs, mais pour faire plaisir à sa soeur, il prenait sur lui. Il essayait de sortir de sa zone de confort. C'était un petit rituel maintenant, une fois par semaine il sortait, retrouvait des amis dans ce qui est maintenant son bar habituel. Il arrivait qu'ils changent d'endroit, mais en général tout le monde était d'accord pour revenir ici. C'était devenu leur quartier général en quelques sortes et Sohan mentirait en disant qu'au fil du temps, il n'avait pas commencé à prendre goût à ce petit rituel. Finalement, ce n'était pas si terrible de passer sa soirée loin de son ordinateur à discuter avec des gens en face à face et non avec un micro à travers un écran. Il n'aurait jamais pensé ça avant de se faire un peu violence. Maintenant, ce n'était même plus un effort comme ça avait été le cas au début. Au début, il avait réellement dû se forcer. Il n'était pas dans son élément, il n'était pas à l'aise. Il avait comme l'impression d'être un éléphant dans un magasin de porcelaine. Maintenant, il s'était habitué, il irait presque jusqu'à dire qu'il se sentait comme chez lui. Au final, il ne lui manquait que son ordinateur et le compte était bon. Sauf que le but était justement de laisser un peu son ordinateur de côté et de se socialiser un peu.
L'ami qu'il devait retrouver aujourd'hui n'était pas encore arrivé quand il poussa la porte du bar. Ca l'aurait dérangé au début et d'ailleurs, il aurait probablement fait demi tour pour aller attendre dehors, se sentant mal à l'aise de devoir attendre seul. Aujourd'hui, ce n'était pas le cas, il alla s'installer au bar, saluant la serveuse qu'il avait apprise à connaitre un petit peu au fil du temps. Elle lui proposa d'ailleurs un coca en attendant, ayant retenu que l'alcool allait à l'encontre de ses principes et que de ce fait, il n'en consommait pas du tout. C'était d'ailleurs une des choses qui le mettait mal à l'aise au début. Non pas qu'il ait honte de ne pas consommer d'alcool, c'était plutôt le regard des autres qui le mettaient mal à l'aise. Ce n'était pas facile d'être le seul mec à boire un coca dans un bar où l'alcool coule à flot et donc attirer l'attention des gens présents. Pour un timide, ce n'était pas vraiment la meilleure chose qui soit, pourtant, il avait réussi à passer au-dessus de ça avec le temps et ça ne le dérangeait plus. Ou disons que ça ne le dérangeait plus autant qu'avec du moins. Son ami venait de lui envoyer un message pour le prévenir qu'il aurait un peu de retard, il avait été retenu à son bureau et était rentré chez lui plus tard que prévu, décalant complètement tout ce qu'il avait à faire. Sohan n'avait plus qu'à patienter, ce qui avec le match de foot qui était diffusé à la télévision, n'allait pas être très compliqué. Au moment où il se tourne pour attraper son verre, son regard croise celui d'une jeune femme de l'autre côté du bar. Un regard perçant, sûr de lui. Sohan ne sait pas trop comment réagir sur le coup et offre un sourire timide avant de baisser les yeux vers son verre.
Ses miches sont posées au Canvas ce soir, encore. Voilà ce que ça donne une heure de conversation téléphonique avec sa mère : une rangée de shots avec des inconnus devenus amis et des verres à foison. Les reproches résonnaient encore dans sa tête, elle a cru s’y être habituée puis les comparaisons ont fait leur chemin jusqu’à ses entrailles, son adolescence lui est revenu de plein fouet façon claque dans la gueule. Bientôt trente-cinq ans et toujours ce besoin viscéral d’approbation maternelle. Alors elle boit en quête de silence et de tranquillité. Non elle n’est pas accro, Chad, il faudrait juste qu’elle ferme la porte à sa mère. « Faut pas croire, je coûte moins cher qu’on croit » qu’elle répond à Fred qu’elle a écouté d’une oreille distraite, de toute façon, il n’a aucun problème à s’écouter parler, ce qui arrange bien Chad durant des soirs comme celui-ci et puis bon, l’auditoire est assez vaste pour qu’il ne le réalise pas. Des éclats de rire en fond, le regard de Chad se perd dans la salle pour finalement s’arrêter sur un visage qu’elle trouve tout à fait à son goût et pas si étranger que ça. Mâchoire carrée et dessinée, elle ne serait pas contre y laisser la marque de ses dent s’était-elle faite en remarque la première fois qu’elle l’avait aperçue, mais elle avait déjà d’autres affaires en attente. Elle le dévisage, comme à son habitude, sans gêne et si longtemps que leurs prunelles finissent par se croiser. Il sourit et elle prend ça pour une invitation. Elle laisse ses compagnons d’infortune –sans grande surprise pour eux- et usant de la démarche la plus féminine qu’elle a en réserve, elle rejoint le jeune homme. « Je peux ? » elle souffle quand elle est à ses côtés, armée de son plus beau sourire mais loin d’attendre une réponse favorable, elle prend déjà ses aises. « Je t’ai vu seul de l’autre côté du bar et je me suis dit qu’un peu de compagnie peut pas te faire de mal » L’inconnu ne lui fait pas l’impression d’être de ceux qui squattent les bars seuls, soit c’est une occasion en or pour elle soit, il attend quelqu’un, elle se souvient d’ailleurs l’avoir vu entouré la fois où elle l’avait remarqué, ceci dit, ça ne change pas grand-chose à ses plans. « Au fait moi c’est Chad » elle dit simplement, persuadée que la politesse le pousserait à se présenter à son tour et curiosité au creux des reins, elle se demande quelle serait sa réaction face à son prénom, c’est un bon moyen de juger des caractères. Une fois la question avait été de savoir si elle avait un pénis entre les jambes, parce qu’apparemment ils sont fort en Thaïlande pour ces choses-là. Elle avait dit oui et la tour de pise s’était effondrée. « Je t’offre un verre ? » Elle demande en remarquant qu’il ne lui reste plus grand-chose, et à elle non plus d’ailleurs.
Sohan c'est le type réservé de base, timide comme on n'en fait plus. ll n'est pas doué pour les interactions sociales. Parfois il se demande même comment il a réussi à se faire des amis jusqu'à aujourd'hui. Des cinglés peut-être qui ont été curieux face à sa personnalité si singulière pour un mec en 2018 ou alors, des acteurs secrètement payé par sa soeur pour le faire sortir de sa tanière et lâcher son ordinateur l'espace de quelques heures. Seulement quelques heures, c'était toujours mieux que rien. Pour lui c'était déjà beaucoup et ça lui demande un certain effort malgré tout. Sohan n'est tellement pas doué pour les interactions sociales que lorsqu'il sourit à la jeune femme en face du bar, pour lui, ce n'est absolument pas une invitation pour qu'elle vienne le rejoindre. Au contraire, c'est plus un réflexe machinal qu'il ne contrôle pas, son moyen pour lui de cacher sa timidité et de détourner le regard sans que ça ne paraisse trop étrange. Il est donc surpris et décontenancé quand il la voit s'approcher d'elle. C'est bien lui ça, envoyer le mauvais message sans s'en rendre compte. C'est tellement plus simple de communiquer derrière un écran d'ordinateur, certain ne s'en rendre vraiment pas compte. Elle lui demande si elle peut s'asseoir à côté de lui. Pour être encore plus précis, elle ne lui laisse pas vraiment le choix puisqu'elle s'installe sans même attendre une réponse de sa part. Visiblement elle a l'air de savoir ce qu'elle veut. Est-ce qu'il a réellement besoin de compagnie en revanche, ça il n'en est pas très sûr. Il compose très bien avec la solitude, il n'est pas dérangé par le silence et ça ne le gène pas le moins du monde de siroter son verre seul au bar. Ca peut sûrement paraître étrange dans un environnement comme celui-ci ou tout le monde discute avec tout le monde et où tout est propice à démarrer une conversation avec son voisin. "J'attends un ami." Lui répond-il simplement. Il ne sait pas trop quoi dire d'autre. C'est la vérité après tout. Il attend un ami qui est en retard. Il n'y avait rien d'autre de plus. Il ne connaissait pas la jeune femme et n'allait donc pas élaborer plus que ça pour combler un quelconque vide. Ca ne semble pas la décourager dans ce qu'elle avait entrepris, peu importe ce que c'était d'ailleurs puisqu'elle se présente."Chad ?"demande t-il l'air interrogateur, il n'est pas forcément du genre curieux ou du moins, il n'est pas le genre de curieux qui va poser cinquante questions aussi déplacées soient elles. Il est plus le genre de curieux à laisser les gens dire ce qu'ils ont envie de dire et puis ce serait mentir de dire qu'il n'utilise jamais ses talents en informatique pour aller récolter quelques informations sur une personne qu'il vient de rencontrer. "C'est un diminutif ?" continue t-il. Chad. C'est peu commun pour une fille c'est pour ça que ça l'interpelle sur le moment et qu'il ne peut s'empêcher de poser la question. "Moi c'est Sohan." Finit il avec son légendaire sourire en coin. Il lui tend la main pour la lui serrer en bon gentleman. "Enchanté." Ca semble peut-être un peu vieux jeu, mais il est comme ça et il fait de son mieux. Il n'est pas du genre à serrer dans ses bras une inconnue dans un bar. Ce genre de choses le mettent bien trop mal à l'aise pour qu'il ne fasse un effort de ce côté-là. Elle lui propose de lui payer un verre, elle a sûrement qu'il avait fini le sien. C'est bien une des premières fois que ce genre de choses lui arrive, surtout si tôt dans la soirée. En général quand l'alcool commence à couler un peu trop dans le sang, il n'est pas si rare qu'on l'approche pour lui payer un verre, en revanche, en début de soirée, c'est très certainement une des premières fois. Surtout de la part d'une femme. "Non laisse, c'est ma tournée." Lui répond-il avant de faire signe à la barmaid afin qu'elle leur réserve la même chose. Les habitudes et l'éducation sont dures à mettre de côté et malgré le fait qu'il ne soit pas intéressé par les femmes, il reste gentleman, comme il a été élevé. "Tu viens souvent ici ?" Lui demande t-il, il a l'impression de l'avoir croisée quelque part, mais n'arrive pas à réellement savoir si c'est plus qu'une impression ou juste un sentiment de déjà vu.
Sans gêne qui s’impose, c’est ainsi qu’on décrit Chad. Elle débarque avec ses gros sabots et fout un coup dans l’espace vital de ceux qui ont le malheur de capter son intérêt. Les gens n’ont d’autre choix que de faire avec lui a déjà dit Carmen dont la première rencontre était encore vive dans son esprit. Comme à son habitude Chad était directement allée lui demander s’il était un homme ou une femme, ou plutôt la façon dont il s’identifiait. La subtilité d’un éléphant dans un magasin de porcelaine, elle n’a jamais su tourner autour du pot et pose les questions comme on enlèverait une bande de cire. « En retard » ajoute Chad lorsque bel inconnu lui assure attendre quelqu’un. Ce n’est pas très grave, il ne lui fait pas l’effet d’un mec qu’on embarque en une soirée, l’aura qu’il dégage implique un travail persistant, la même énergie que l’on mettre pour séduire une ingénue. Cela étant, l’indienne considère son temps précieux et espère qu’il soit moins difficile à mettre dans son lit. « Chad, oui » qu’elle assure avec un petit sourire, sachant pertinemment qu’il attend d’ample informations comme toute personne nouvellement rencontrée « Sans pénis » qu’elle précise néanmoins, dans le doute, façon nom de famille. Après tout, on fait des merveilles en Thaïlande ou à Bali pour une poignée de dollars, elle devrait y songer pour les imperfections qui lui gâchent la vie. « C’est un diminutif, oui » elle fait une pause, comme si l’information qui va suivre est d’une importance capitale « Diminutif de Chadna » il est rare qu’elle donne son prénom en entier mais Mâchoire Carrée mérite une approche toute particulière, il n’a rien à voir avec les personnages de bars qui croisent habituellement sa route. « Enchantée Sohan » elle prend la main qu’il lui tend et note mentalement deux faits : il a un sourire à tomber et de grandes mains, et les grandes mains ont tendance à rendre son imagination fertile. « C’est joli Sohan, c’est de quelle origine si c’est pas indiscret ? » Chad qui joue les civilisées, elle ne trompe personne, enfin peut-être Mâchoire Carrée vu qu’il ne la connait pas encore. Au contraire, gentleman, il se propose même de payer la tournée, il est tellement facile pour une fille de boire sans avoir à débourser quoique ce soit. « Je paierai la deuxième alors » Sohan n’aura donc d’autre choix que de faire avec sa présence pendant encore un moment, de quoi lui permettre d’obtenir son numéro de téléphone, à défaut d’autre chose. « Régulièrement je dois dire, j’habite pas trop loin » L’information est donnée, à voir si cela parviendrait à titiller son intérêt. Elle ne le ramènera peut-être pas chez elle mais c’est un bon moyen de tâter le terrain de son côté à lui « Et toi ? Je crois t’avoir déjà vu ici » elle fait mine de réfléchir même si sa mémoire s’était déjà penchée sur la question « Je confonds peut-être… »
La jeune femme qui vient de s'asseoir à côté de lui est perspicace. Effectivement son ami est en retard. Ou alors c'était lui qui était en avance, ça dépendait où on se plaçait en réalité. "C'est ça." Lui répond-il n'élaborant pas plus que ça. Elle est perspicace et elle risque de vite se rendre compte que lui, il n'est pas très loquace comme mec, surtout dans ce contexte. Il n'est pas dans son environnement, il n'est pas aussi à l'aise que devant son pc, de ce fait, il a encore plus de mal à s'ouvrir qu'en temps normal. Elle confirme qu'elle s'appelle bien Chad, précisant que c'était Chad sans pénis. Ca fait hausser un sourcil à Sohan qui sur le coup ne comprend pas trop le pourquoi du comment. Il n'avait pas eu de doute quant au fait qu'elle n'avait pas de pénis. Enfin, devant lui il était bien sûr d'avoir une femme. "Certains on déjà eu un doute là-dessus ?" demande t-il tout de même, curieux. Il espère pour le coup qu'il n'a pas loupé une blague qu'elle faisait et donc qu'il ne va pas avoir l'air ridicule pour demander cela. Il n'avait pas l'impression qu'elle blaguait, peut-être s'était il trompé. Après réflexion il se dit que ça avait sûrement un rapport au prénom, ou du moins, diminutif du prénom qu'il venait lui donner. Chad, c'était effectivement plus un prénom que l'on voyait porté par des hommes. Il ne pensait pas avoir croisé une seule femme s'appelant comme ça. C'est d'ailleurs ce qui l'avait fait tiquer et demander s'il s'agissait d'un diminutif et non pas son vrai prénom. Bien plus simple et plus correct que de lui demander ce qu'elle avait entre les jambes. "C'est joli Chadna." Lui dit il. Il était sincère. Il avait toujours apprécié les prénoms aux sonorités étrangères, bien plus que les Kevin, Jason et Pamela par exemple.C'était sûrement parce qu'il n'avait pas un prénom anglophone lui-même, mais il avait toujours trouvé que les noms étrangers avaient beaucoup plus de charme. Il rendait la personne encore plus unique, en la faisant se démarquer des autres, d'une manière positive. "C'est d'origine arabe, mes parents sont marocains." Lui répond-il quand elle demande l'origine de son prénom. Ses parents n'auraient jamais envisagé donner un prénom anglophone à leurs enfants qu'ils vivent en Australie ou pas. Yasmine et lui avaient donc hérité de prénoms on ne peut plus étrangers. "C'est de quelle origine Chadna ?" demande t-il en retour. Elle lui paraissait avoir des origines indiennes, mais il n'était pas sûr qu'il n'y ait que ça et ne voulait donc pas assumer savoir. Dans le doute, poser la question était toujours la meilleure façon d'obtenir une réponse. Il propose de payer la tournée de boisson, c'est naturel pour lui, il n'aurait pas imaginé la chose autrement, il est peut-être un peu vieux jeu sur ce point, il le reconnait. Il a été élevé dans la tradition et ça se retrouve dans pas mal de ses actions ou dans sa façon de penser par moment aussi. C'est extrêmement dur pour lui de s'en éloigner. Particulièrement dans un contexte comme celui-ci où pour lui il s'agit surtout de paraitre comme quelqu'un de civilisé et agréable. Ce n'est pas un goujat et il ne se comportera donc pas comme un goujat. C'était aussi simple que ça, dans les grandes lignes. "D'accord." Lui répond-il quand elle dit qu'elle payera la suivante. Il dit ça un peu en l'air, d'ailleurs, il n'a pas forcément l'intention de passer la soirée à papoter avec elle, même si pour le moment elle s'avère tout à fait charmante comme femme, il attend quand même quelqu'un et préfèrerait largement discuter avec quelqu'un qu'il connait un peu mieux et avec qui il est beaucoup plus à l'aise. Elle lui dit ensuite qu'elle vient régulièrement et il se sent un peu idiot, car il vient ici quasiment une fois par semaine et n'est même pas sûr de l'avoir déjà croisée. Il se sent d'ailleurs encore plus bête quand elle lui dit qu'elle pense l'avoir déjà vu ici. "Ah tu habites dans le quartier ? Je viens ici toutes les semaines en général." Lui répond-il avant d'ajouter. "Donc on a sûrement dû se croiser au moins une fois." Oué les probabilités étaient quand même élevées dans ce sens-là. Si elle habite proche, qu'elle vient régulièrement et que lui vient une fois par semaine, à un moment donné ils ont dû se croiser. C'est pour ça qu'il avait l'impression de l'avoir croisée quelque part. Quand il regarde en face de lui, il remarque que les personnes avec qui la jeune femme était précédemment les observe. C'est discret, ou du moins, c'est ce qu'ils essayent de faire de façon discrète. Sohan ne sait pas trop comment le prendre sur le moment. "T'es amis nous regardent." Dit-il à sa voisine de comptoir. "Soit ils surveillent que je te fasse pas de mal, soit ils se demandent ce que t'es en train de faire à boire un verre avec un mec qui boit du coca un vendredi soir." Finit-il en plaisantant. Il savait lâcher prise mine de rien et n'était pas si coincé qu'on pouvait le croire, il lui fallait juste la bonne occasion. "Tu veux pas aller les rassurer et leur dire que je suis pas un tueur en série ?" ajoute t-il. Sohan ne fait pas partie de ses mecs qui adorent qu'on leur prête attention, au contraire, il n'aime pas être le centre d'intérêt des discussions, tout comme il n'aime pas particulièrement qu'on regarde son interaction avec la jeune femme comme si on attendait de voir quelque chose se produire.
« Si tu savais » répondit-elle alors qu’il lui demandait si une personne avait sérieusement douté de son absence de pénis entre les jambes. La réponse était bien sûr oui. Elle avait apparemment un caractère trop masculin pour son propre bien, à défaut, elle passerait aisément pour une lesbienne castratrice, elle ne pouvait même pas avoir le luxe d’être une hétéro mal baisée, elle finissait dans le lit de tout ce qui lui plaisait. « Généralement ils en connaissaient un rayon sur l’envers du décor de Thaïlande ou du Brésil » Les vidéos de transition d’homme à femme circulaient massivement sur le net, de quoi faire réaliser que le maquillage et les accessoires adéquats pouvaient faire des miracles, si on avait un petit investissement c’était encore mieux au vu de la créativité dont les chirurgiens faisaient preuve. « Merci » fut sa seule réponse alors qu’il lui faisait un compliment sur ce prénom qu’elle ne supportait pas en entier. Généralement, il annonçait une réprimande, une critique de sa mère en particulier et préférait de loin être considérée comme Chad, la lesbienne camionneuse mal baisée qui volera vos meufs…elle aimait également grossir les traits. « Marocain, voilà qui te rend exotique » et l’exotisme n’était pas pour lui déplaire. Elle n’en avait pas beaucoup rencontré à Brisbane ou en Australie d’ailleurs, croisant en majorité des personnes d’Afrique sub-saharienne, beaucoup du Zimbabwe, de Namibie –étrangement-, de Côte d’Ivoire et d’Ethiopie, ou peut-être que ce cercle restreint s’expliquait par les lieux qu’elle fréquentait. « Tu es donc né au Maroc ? » Elle ne s’était pas trompée, Sohan était véritablement intéressant. « Sans surprise, je suis indienne mais je suis née ici » Australie ou Brisbane ? Peu importait au final, quelques informations devaient être laissées pour leurs prochaines entrevues. D’ailleurs, il ne semblait pas contre un second round, il ne débordait pas d’enthousiasme mais il n’en était pas non plus réfractaire, de toute façon Chad ne lui laisserait pas le choix. Nul doute qu’elle aurait un avenir certain dans des clubs SM avec ce type de raisonnement. « J’habite dans le coin, oui » insista-t-elle avec un petit sourire, elle invitait rarement les gens chez elle mais sur un malentendu, elle pourrait finir chez lui. « Ca expliquerait cette impression de déjà vu » qui n’en était pas une dans le cas de Chad, mémoire de physionomies, il était rare qu’un visage soit oublié… surtout avec une mâchoire aussi délicieusement attrayante.
A la mention de ses amis, l’indienne se souvint des gens avec qui elle avait commencé la soirée, ils ne loupaient rien de cette danse qu’elle avait amorcée et elle nota au passage dans une partie de son cerveau que Sohan n’était pas de ceux qui affectionne les attentions impromptus. « Je crois qu’ils sont surtout jaloux que tu sois de meilleure compagnie » fit-elle sur un ton mi- plaisantin, mi- séducteur alors qu’elle reportait son regard sur lui « Ils se trouveront vite une occupation » elle avait quelques doutes là-dessus, persuadée qu’ils commenteraient certainement l’instant mating de l’indienne. « Cela dit, entre nous, j’ignore encore si t’es un tueur en série ou pas » elle réduisit un peu la distance entre leur deux corps pour donner de la consistance à son regard moqueur. Les tueurs dénombrant le plus de victimes étaient le plus souvent charmants, en exemple Ted Bundy qui n’avait inscrit malade mental sur son front. « C’est pourquoi c’est important de faire connaissance » C’était bien tourné, devait-elle reconnaître. Et c’était également le plus subtil qu’elle avait en réserve. « Sinon tu fais quoi dans la vie Sohan ? » elle espérait qu’elle n’avait écorché son prénom, ça faisait moche dans une phase de séduction de massacrer le blase de sa cible, ça ne laissait rien présager de bons quand ça ferait des étincelles, car elle s’y voyait déjà. Alors qu’elle allait ajouter quelque chose, la barmaid ramena leurs boissons et Chad ne perdit pas un instant pour s’emparer de la sienne, prête à porter un toast. « Aux nouvelles connaissances ? »
Apparemment il y avait effectivement des gens qui avaient eu des doutes quant au fait de savoir si pénis ou non, il y avait entre ses jambes. Il a du mal à y croire, pourtant de ce qu'elle en dit, elle ne donne pas l'impression que ce soit quelques cas isolés. Ce qui lui semble encore plus étonnant et improbable. D'ailleurs il se contente de lever un sourcil interrogateur, là encore du Sohan par excellence. De son côté, la jeune femme élabore sur son propos et il ne peut s'empêcher de rire, là encore, pas vraiment sûr que ce soit une blague ou pas. "Je crois que j'ai jamais entendu ça jusqu'à aujourd'hui." Lui répond-il en riant, ce n'est pas un rire complètement décomplexé, mais étrangement, elle ne le met pas si mal à l'aise que ça pour quelqu'un qu'il ne connait absolument pas. "Il y a des gens étranges quand même." Se contente t-il d'ajouter. Comme si un prénom ou en l'occurence, un diminutif était une quelconque indication sur le genre de quelqu'un. C'était du jamais vu pour lui. A croire que certains n'avaient jamais entendu parler de prénoms mixtes, au minimum. Elle le remercie quand il complimente son prénom et commente ensuite sur son origine. Exotique. Pourquoi pas. "On peut dire ça comme ça." Répond-il. Il ne s'était jamais vu comme quelqu'un d'exotique, sûrement parce qu'il était né et avait grandi à Brisbane. Il était en grande partie un australien comme les autres pour lui. Il n'était pas si typé que ça pour quelqu'un ayant deux parents marocains, des yeux verts et le teint relativement pâle. Il passait pour un australien pur souche sans problème en général, jusqu'à ce qu'il se présente bien sûr, son nom et son prénom ne laissant pas beaucoup de place à l'imagination. "Je sais pas si ça me rend exotique ou juste étrange." ajoute t-il. Il a croisé pas mal de personnes depuis qu'il est enfant qui n'ont jamais hésité à lui demander comment et pourquoi il s'était retrouvé ici. Dans la plupart des cas, il ne savait pas forcément quoi répondre. Pourquoi ses parents avaient choisi de venir vivre ici plutôt qu'ailleurs ? Pourquoi pas non ? C'était assez compliqué à comprendre pour certains parfois, l'Australie étant très éloignée du Maroc et pourtant, il était bien là, depuis plus de trente-cinq ans maintenant. "Non non, je suis né ici." Lui répond-il. S'il était du genre dragueur, il aurait sûrement ajouté une phrase du genre 'pas trop déçue ?', mais c'était Sohan et il était non seulement, absolument nul sur le plan de la drague, mais les femmes, ce n'était pas du tout son genre. "D'ailleurs je suis allé qu'une fois au Maroc, j'aimerai beaucoup y retourner." ajoute t-il tout de même. Ses parents n'ont jamais roulé sur l'or, les voyages au Maroc tous les étés ce n'était donc pas pour lui et il avait profité à 100% de la seule fois où il avait eu l'occasion d'y aller, se faisant la promesse qu'il finirait par assez bien gagner sa vie pour y retourner. "Exotique aussi." Répond-il à Chadna quand elle lui dit qu'elle est d'origine indienne, mais est née ici. Comme lui finalement.Il acquiesce quand elle lui confirme habiter dans le coin, sans forcément lui donner plus de précisions, ce qui n'attise pas pour autant sa curiosité étant plutôt du genre à penser que si quelqu'un ne saisit pas l'occasion de développer une information, c'est que la personne en question n'a pas forcément envie d'en partager plus, ce qu'il comprend totalement, étant comme ça lui-même.
Il sent le rouge lui monter aux joues quand elle dit qu'il est de meilleure compagnie que ceux avec qui elle se trouvait avant de venir l'aborder. Ca fait partie du genre de trucs qui font ressortir sa timidité. Les compliments de vive voix comme ça, quand c'est dirigé vers sa personne, il ne sait jamais comment réagir, ni même quelle attitude adopter. Doit il remercier la personne ? Retourner le compliment ? Ne rien dire et acquiescer ? C'est comme si son cerveau avait une information en moins et pour combler il rougissait, pas forcément très cool quand on a trente-cinq ans et qu'on essaye de cacher sa timidité un maximum. "Ils seraient pas super contents de t'entendre dire ça." Tente t-il en plaisantant. Elle ne connaissait peut-être même pas réellement ces gens, ce qui expliquerait pourquoi elle n'a pas l'air d'avoir spécialement envie de retourner les voir. "Si j'étais un tueur en série, ce serait pas plutôt moi qui serais venu t'aborder logiquement ?" Lui demande t-elle. C'est comme ça que ça se passe dans les films non ? Le psychopathe aborde la belle jeune fille, il lui sort son plus beau sourire, lui offre un verre, gagne sa confiance avant de finir par montrer sa vraie nature. "Du coup c'est pas plutôt toi la psychopathe ?" Il lui adresse un grand sourire à la fin de sa phrase, histoire qu'elle comprenne bien que c'est une blague et qu'elle ne se vexe pas en pensant qu'il venait de la traiter de psychopathe. Il n'avait pas forcément envie de se prendre une claque pour une vanne mal interprétée. Elle trouve que c'est une bonne raison pour faire connaissance et il se demande réellement ce qu'elle lui trouve d'intéressant ou même pourquoi elle tient tant à faire sa connaissance, mais elle est gentille, ou du moins elle a l'air, alors il se dit que ça ne peut pas faire de mal de se faire une amie de plus, que ce soit pour une soirée ou plus. "Je travaille pour la police." Lui répond-il avec sérieux. C'est un peu son atout surprise, ça intrigue toujours les gens quand il dit ça, puis il n'oublie jamais d'ajouter, une fois le petit effet de surprise ou d'interrogation passé "Je suis analyste informatique." Oué qu'elle n'aille pas s'imaginer non plus qu'il est le genre de mec qui va sur le terrain un flingue à la main, ce ne serait même pas envisageable pour lui. "Et toi ?" demande t-il se disant qu'elle a sûrement quelque chose d'intéressant à raconter. Une fille aussi déterminée ne doit pas faire un job ennuyeux ou commun. Il attrape son verre quand la serveuse lui dépose et se tourne vers la jeune femme déjà prête à trinquer. "Aux nouvelles connaissances." Répond-il avant de cogner doucement son verre contre le sien et de boire une gorgée de son coca. "Même si je me sens un peu idiot parce qu'on a déjà dû se croiser plusieurs fois et je m'en souviens même pas. Ce qui prouve que je dois pas faire très attention." Oué c'est vrai qu'en général il se contente de s'asseoir au bar avec ses amis comme aujourd'hui pas forcément intéressé par ce qui l'entoure ou du moins peut-être trop timide pour être intéressé.
Il était également beau Sohan quand il riait, peut-être plus encore, de quoi confirmer ce qu’elle savait déjà : il lui plaisait terriblement et cette aura qui planait autour de lui ne faisait que rendre l’affaire plus intéressante encore. « Ca, je confirme » conclut-elle quand il lui affirmât que les gens pouvaient être bien étranges, elle était complètement d’accord. Et il semblait d’ailleurs qu’elle les attirait comme un aimant, son mode de vie devrait être sans doute responsable de cela. Son caractère également. Tant pis, jusqu’ici elle était parvenue à faire avec et trouvait qu’elle ne s’en sortait pas trop mal jusqu’ici. « Pourquoi étrange ? » demanda alors Chad quand la question des origines fut abordée. Elle trouvait ça curieux qu’il se présentât comme étrange du fait de son côté marocain, ne comprenant pas trop où il voulait en venir. Au contraire, elle n’avait de cesse de rechercher des personnes qui ne se revendiquaient pas australiens de pur souche, trouvant que leur histoire était beaucoup plus captivante, et leur caractère étrangement plus ouvert. Il avait beau être né ici, comme elle, Chad lui imaginait des envies d’ailleurs, se basant sur sa propre expérience pour de telles conclusions. A tort, ou à raison, là était toute la question. « Tu es allé où au Maroc ? » la curiosité était toujours de mise, preuve qu’elle ne s’était pas trompée en jetant son dévolu sur le jeune homme « j’y suis allée trois fois et c’était à chaque fois génial, je devrais d’ailleurs y retourner bientôt » Et peut-être même qu’ils pourraient y aller ensemble… non, la promesse deviendrait trop sérieuse et ce n’était pas le genre de la maison. « Je suis allée à Marrakech bien sûr, Casablanca, Agadir, Rabat, Fès, Meknès une ville magnifique » les souvenirs plein la tête et les étoiles dans les yeux, l’indienne évoque ses précédents voyages avec un enthousiasme sincère. « On avait aussi booké un séjour dans le désert, c’était juste génial » Elle se rendit compte trop tard qu’elle avait livré plus d’informations à son sujet qu’elle n’avait prévu, ce qui entraîna une seconde prise de conscience : elle se sentait un peu trop à l’aise en compagnie de Sohan.
Tellement à l’aise qu’elle en avait oublié ses compagnons du début de soirée, contrairement à eux qui trouvaient grand intérêt à observer son rapprochement avec le marocain. Marocain qui eut une réaction inattendue lorsqu’elle lui confirma qu’il était de meilleure compagnie. Il rougit…beaucoup, de quoi décontenancé l’indienne qui n’avait jamais croisé un tel spécimen. Elle observa longuement la coloration de ses joues et y attacha l’adjectif timide. Timide et réservé peut-être pour un physique aussi avantageux, il y avait de quoi rendre n’importe qui confus. « Après, il y a que la vérité qui froisse non ? » demanda-t-elle avec un petit sourire alors que Sohan suggérât que Fred et la bande ne seraient pas ravis de la manière dont elle parlait d’eux. « Ils ont l’habitude de ma franchise » Elle haussa simplement les épaules, nonchalante aux vexations des autres. Mettre de l’eau dans son vin afin de réconforter les autres ne faisait en aucun cas parti de son caractère et ceux qui souhaitaient la côtoyer avaient tout intérêt de s’en accommoder. « Les stratégies sont aussi nombreuses qu’il y a de personnes » contra-t-elle presque immédiatement lorsqu’il voulut mettre à mal cette théorie de Sohan étant un potentiel tueur en série, un sourire flottant sur ses lèvres. « Et si c’était le cas ? » elle se rapprocha imperceptiblement, pencha légèrement la tête sur le côté « Et si j’étais la psychopathe de l’histoire, comment tu réagirais ? » Des taquineries étaient toujours un bon moyen de se trouver disait-on. Se trouver impliquait de se connaître un minimum même si la discussion n’était pas nécessaire, cela dépendait des cibles en réalité. « Et ça fait quoi exactement un analyste informatique de la police ? » demanda-t-elle finalement, pas sûre de savoir de quoi il en retournait « T’es celui qui déniche des informations secrètes comme les gars dans les séries ? » Façon CSI ou esprits criminels ? Elle n’en savait trop rien, ce n’était en tout cas pas le job le plus sexy dans les forces de l’ordre. « Je suis détective privée » le titre était obtenu depuis peu mais il n’avait pas besoin de le savoir « et quelques fois chasseuse de serpents » Elle entendait les reproches de sa mère et prit une gorgée de sa boisson pour la sortir de son esprit. Elle ne comprenait pas que sa génitrice pût avoir autant d’influence sur ses humeurs alors qu’elle s’efforçait de convaincre tout le monde du contraire, elle en particulier. « Je peux comprendre, tu sembles pas être de ceux qui campent dans les bars » il ne fallait pas être un génie pour s’en rendre compte « c’est un peu surprenant que tu viennes aussi souvent » elle tentait là de glaner quelques informations sur les raisons de sa présence régulière, certes ce soir attendait-il un ami mais il n’était pas comme Chad, il ne venait pas chercher l’ivresse et la proximité de corps étrangers.
Elle lui demande pourquoi il se trouve plus étrange qu'exotique. Il ne s'est jamais trouvé exotique, c'est surtout pour ça. Quand les gens pensent exotiques en général, ils ont plutôt tendance à penser Moyen-Orient, Aladin et ce genre de choses. C'est assez décevant pour certains parfois, mais il ne ressemble en rien à Aladin, il ne voyage pas sur un tapis volant non plus et n'a pas de génie caché dans une lampe. Pour beaucoup quand il était enfant, il était juste le gamin qui ne mange pas de porc avec des parents étrangers qui avaient un fort accent quand ils parlaient anglais. Pas forcément le rêve, pas forcément l'exotisme. "Je sais pas, je pense que j'étais pas forcément comme les autres auraient voulu que je sois. Certains se demandaient aussi ce que je faisais là." Ceux-là c'était quand même les pires. Ce qu'il faisait là ? C'était une drôle de question à poser à quelqu'un qui n'avait rien connu d'autre que Brisbane durant sa vie. Pourquoi il serait ailleurs plutôt qu'ici ? C'était comme ça qu'il le voyait lui. A la limite il préférait largement ceux qui lui demandaient vingt fois par jour si son père était un charmeur de serpent. Il n'était pas assez inventif pour mentir à ce sujet, pas assez extraverti pour saisir une occasion de se mettre en avant pour rien du tout. Comme il avait l'habitude de dire quand il était petit, il est Sohan, juste Sohan. Non il n'a pas forcément de grandes histoires très intéressantes à raconter, mais ça ne le dérange pas plus que ça. Il aime bien sa petite vie posée. "J'en reviens pas que t'aies eu l'occasion de visiter mon pays d'origine plus que moi." Lui répond-il avant même de lui dire où il avait eu l'occasion d'aller. Les informations qu'elle lui avait balancées étaient bien plus intéressantes que sa réponse à lui à ses yeux. "Je suis juste allé à Agadir et Rabat." Les deux villes où il avait de la famille en soi. Il avait aussi fait une brève escale à Marrakech, leur vol retour partant de cette ville, mais à part le souk, il n'avait pas eu l'occasion de voir grand-chose donc il ne considérait même pas qu'il l'avait visité. Ca avait été une ville de transit plus qu'autre chose. Sa mère avait tenu à faire un tour au souk pour pouvoir acheter des épices parce qu'elle avait complètement de le faire quand ils étaient à Agadir. Autant dire qu'un peu plus et il n'aurait pu voir que l'intérieur de l'aéroport. Rien ne bien fou. Contrairement au voyage de la jeune femme. "Qu'est ce qui t'as donné envie d'aller là-bas la première fois ?" demande t-il curieux de savoir pourquoi elle avait choisi le Maroc et pas un autre pays. "T'as déjà prévu ton itinéraire pour ce prochain voyage ?" Se permet il ensuite de demander intrigué de voir ce qu'elle pouvait avoir en stock.
Elle n'a pas vraiment l'air de se soucier de ses amis de l'autre côté du bar. Il trouve ça intéressant. Il est plutôt tout l'inverse lui. S'il va quelque part avec quelqu'un, ça le met mal à l'aise de devoir laisser la personne en plan, de risquer de la vexer ou autre. Il y a que la vérité qui froisse. Voilà ce qu'elle lui dit et il acquiesce avec un hochement de tête. "C'est ce qu'on dit effectivement." Ajoute t-il quand même. Apparemment elle est du genre franche, c'est ce qu'il en déduit avec sa phrase d'après et ça le ferait presque rougir de nouveau de savoir qu'elle était très certainement sincère en disant qu'il était de meilleure compagnie qu'eux. Il n'est pas forcément habitué à ce genre de compliments, mais il doit bien avouer que malgré la gêne, ça fait quand même chaud au coeur d'entendre ça. "Du coup, là ça veut dire qu'il y a deux stratégies ?" demande t-il avant de continuer "Donc s'il y a un tueur en série c'est forcément l'un de nous deux, mais personne ne peut vérifier qui a raison." Ca se tient comme logique selon lui. Dans ce cas-là ça serait sa parole contre la sienne et si l'un ou l'autre était un tueur en série, il y avait fort à parier que personne ne se dénoncerait. Elle se rapproche de lui et lui ne capte même pas que ce n'est pas du tout anodin ni même une coïncidence. "Si t'étais une psychopathe, je ferai surement semblant d'aller aux toilettes pour m'enfuir." Bon il venait de dévoiler sa technique donc si c'était une psychopathe, il était surement cuit, à moins de ne pas quitter sa place au bar et attendre que quelqu'un lui vienne en aide. Au final c'était peut-être plus efficace que de tenter de s'enfuir. "Ca fait pas mal de choses." Répond-il quand elle demande en quoi consiste son métier. Lorsqu'elle demande s'il est le mec qui se charge de récolter des informations secrètes il ne peut s'empêcher de sourire. "Entre autre, même si la majeure partie de mon temps je suis surtout chargé de m'assurer que tout fonctionne bien sur les serveurs, que personne ne tente d'infiltrer les PC et puis quand il y a un soucis, c'est à moi de le régler." Son métier lui permettait de toucher un peu à tout ce qui avait un rapport plus ou moins éloigné avec l'informatique et il adorait ça. Il n'y avait pas d'autre mot et il n'en changerait pour rien au monde. C'est la surprise qui se dessine sur son visage quand il apprend ce que Chadna fait dans la vie. Il savait bien qu'elle n'avait pas un métier commun, il ne fut pas déçu pour le coup. "C'est pas commun." se sent il obligé de dire face à ça et effectivement, c'était le cas de le dire. "Comment t'es venu l'idée de faire ça ?" il demandait autant pour le métier de détective, que pour celui de chasseuse de serpent. Ce n'était pas des métiers qui venaient en tête comme ça.
Effectivement, il n'est pas vraiment de ceux qui traînent dans les bars. Si ce n'était pas pour Yasmine qui lui avait un peu forcé la main et l'avait énormément tanné à ce sujet au début, il serait sûrement chez lui devant son ordinateur à cette heure-ci en train de jouer en ligne avec Peter. Soit la jeune femme était douée pour cerner les gens, soit, c'était écris sur son front que ce n'était absolument pas son environnement. "C'est pour faire plaisir à ma soeur surtout." Lui répond-il. Qu'est ce qu'il ne ferait pas pour sa soeur tout de même. Il était bien chez lui tout seul avec son écran. Pourtant, pour lui faire plaisir il avait commencé à sortir. Ce n'était pas si terrible, il devait bien l'avouer, mais il y avait tout de même des moments où il avait l'impression d'être comme un éléphant dans un magasin de porcelaine. "Elle veut que je m'ouvre un peu plus aux autres, que je me socialise comme elle dit." ajoute t-il. "Sinon si ça ne tenait qu'à moi, je serai chez moi devant mon PC." Il appréciait tout de même de sortir, même s'il ne voulait pas non plus l'avouer complètement, sa soeur ayant déjà beaucoup trop raison à son gout.
« Après, t’es en rien responsable des attentes des autres » elle connaissait le combat d’avoir des airs d’immigrés et un passeport local. Les deux allaient rarement de pair se disaient les autres alors qu’il suffisait de faire état de la mondialisation pour s’en rendre compte. « Y a des gens très cons malheureusement » Les indiens étaient partout entendait-elle souvent, ils allaient envahir l’Australie et au lieu de s’intégrer, s’évertuaient à vivre comme s’ils étaient chez eux. Conneries. Elle était également chez elle, loin d’avoir sa langue dans sa poche, elle prenait un malin plaisir à rappeler à tous les petits blancs un peu racistes sur les bords qu’ils n’étaient pas non plus chez eux, ils avaient vraiment la mémoire courte et que puisqu’ils l’avaient fait à tout un peuple qu’ils ont parqué dans un espèce de neuf mètre carré, qu’ils ne soient pas surpris qu’on le leur fasse également. Tout à coup c’était elle la raciste, c’était d’ailleurs pour cette raison que durant sa jeunesse son cercle d’amis étaient exclusivement composé de maoris, noirs, indiens…tout ce qui n’était pas blanc en gros. « Tu as un joli pays, tu devrais encore plus le visiter » répondit-elle alors qu’il s’étonnait qu’elle ait vu plus du Maroc que lui alors qu’il en était originaire. D’un certain côté, elle pouvait comprendre. Elle avait beau être indienne d’origine, elle ne connaissait pas grand-chose de ce pays, si ce n’était les villes où tout la famille se rendait. Elle n’avait jamais pris l’initiative de s’y rendre dans un but touristique, désireuse de fuir tout ce qui lui rappelait les siens, en particulier sa mère et ses sœurs. « y avait pas vraiment de raison » la spontanéité a toujours fait partir de sa vie « on partait en Gambie dans le pays d’origine d’un de mes amis et au retour on s’est arrêté au Maroc parce que son frère y vivait du coup on en a profité pour faire du tourisme. Comme on a pu rester assez longtemps, on est revenu l’année suivante plus longtemps » Sa tête est pleine de souvenirs de ces moments géniaux passés avec la bande. Des balades dans le désert, des nuits à dormir dans des tentes façon camping sauvage, pas franchement l’idée du siècle ou encore des séances de danse improvisées avec quelques enfants croisés dans les rues, une tradition à laquelle Moussak tient et qu’il fait à chaque voyage. « Je pense qu’on va retourner à Rabat, le frère de mon pote se marie. Après j’veux encore retourner sur Meknès cette ville est géniale et refaire un tour dans le désert, faudra voir comment caser ça avec l’itinéraire des autres » Surtout qu’elle compte prendre Silas avec elle, il ne faudrait pas quelque chose de trop éprouvant pour sa grosse larve. « Et toi alors, tu prévois d’y retourner bientôt ? » Elle mettrait sa main à couper que non, les voyages ne semblaient pas être du ressort du jeune homme.
« Il y a deux stratégies oui » reprit-elle avec un petit sourire alors que tous deux s’improvisaient tueurs en série du dimanche. « La fin de soirée déterminera qui de nous deux l’est » celui qui parviendrait à coincer l’autre dans une ruelle déserte et à en faire son affaire… peut-être pas de manière répréhensible aux yeux de la loi, dans ce cas de figure, Chad ferait une excellente victime. « Du coup, si c’est moi le tueur, je sais comment te piéger » fit-elle avec amusement alors qu’il partageait son plan de repli si les choses venaient à dégénérer façon esprits criminels. Elle était certes psychopathe ou hystérique aux yeux de certains, mais pas de ceux qui séquestraient dans des caves pour faire on ne voulait savoir quoi. « Mais du coup, t’as un genre de bureau sans lumière où les ordinateurs sont des murs ou ça va on t’a mis une fenêtre ? » C’était comme ça qu’on les montrait dans les films et des séries : des énergumènes qui bossaient jour et nuit dans des caves à la lumière des bougies –ou presque- et des lunettes triple foyer au nez pour cacher leur kilomètres de cernes. Elle savait que le trait était grossi, mais la culture populaire avait plus d’influence qu’on ne voudrait bien le croire. Le point positif étant que Sohan était plus appétissant que la représentation télé. « Comment ? je sais pas trop » répondit-elle lorsqu’il fut temps de discuter de ses activités professionnelles et que Sohan fut assez surpris pour essayer de comprendre le pourquoi du comment « J’ai fait tellement de jobs depuis que j’bosse mais je sais pas ces deux sont restés, on s’ennuie pas avec » il y avait toujours quelque chose de nouveau, des rebondissements qui faisaient palpiter son cœur au point que parfois elle se demande s’il n’allait pas s’échapper de sa poitrine. « Pour les serpents, j’ai grandi dans l’outback donc ça me donne un sacré avantage » pour un tueur en série, elle en donnait des informations sur sa personne, peut-être qu’elle était la victime après tout. Une victime prête à en découdre si cela s’avérait nécessaire. Une chose était néanmoins rassurante, Sohan n’était pas assez à l’aise dans ce milieu pour que Chad croie à cette histoire de tueur. S’il devait en être un, elle le verrait plutôt comme celui des foules. « C’est tout en ton honneur d’écouter ta sœur » dit-elle alors qu’il rendait sa sœur responsable de ses sorties fréquentes dans ce bar. « Donc t’essaie de me dire qu’on peut te forcer à faire des trucs que t’aiment pas aussi régulièrement ou tu commences à apprécier mais tu refuses de le reconnaître ? » son ton se fit taquin alors qu’elle lui donnait un petit coup de coude amical. Proximité physique amorcée, elle avançait doucement mais sûrement.
Non, il n'est pas responsable des attentes des autres, pourtant c'est Sohan, il est comme ça, il n'y peut rien. S'il pouvait s'excuser pour toutes les conneries que tout le monde fait, il le ferait. Il le sait pourtant que ça ne le concerne pas, mais il est comme ça. Il est un poil trop poli, un poil trop sensible et il a une peur bleue de décevoir quiconque croise sa route. C'est presque maladif et il le reconnait volontiers. En revanche, il a du mal à en changer. C'est un work in progress qui avance très très lentement. "Ah ça ..." Il n'aime pas juger. Il n'aime pas affirmer que certaines personnes sont vraiment connes, pourtant il ne peut confirmer à demis mots les dires de la jeune femme. Même s'il est persuadé qu'il y a toujours plus que de la simple connerie. Ou du moins, il aime espérer qu'il y a plus que ça. De l'imbécilité, un esprit pas assez ouvert ou tout autre facteur qui pourrait expliquer les réactions de certains. Ca pouvait être de la connerie, mais il aimait espérer qu'il y avait autre chose, comme s'il voulait trouver à ce genre de personnes des circonstances atténuantes. "C'est tout en haut de ma liste." Lui répond-il quand elle lui dit que le Maroc est un joli pays. C'est d'ailleurs tout en haut de sa liste de pays à (re)visiter depuis des années, mais ce n'est pas la porte à côté et donc un voyage comme celui-ci, ça se prépare. Ou du moins, dans le cas de Sohan, ça se prépare. Il n'est pas du genre à décider de plier bagage du jour au lendemain, surtout pour partir si loin. "Mais bon c'est assez cher alors c'est en projet seulement pour l'instant." C'est assez cher, certes, mais Sohan gagnait relativement bien sa vie. La vérité c'est qu'il avait toujours rêvé d'offrir ce voyage à ses parents, il savait que ce serait sûrement un des plus beaux cadeaux qu'il pouvait leur faire. Malheureusement, la relation entre lui et ses parents depuis quelques années était loin d'être au beau fixe et ce serait mentir de dire que ça n'avait pas eu d'influence sur le fait qu'il ne soit pas encore retourné au Maroc. Ca en revanche, ce n'était pas quelque chose qu'il allait exposer à une inconnue dans un bar, c'était bien plus personnel que ce qu'il était prêt à dévoiler. Il hoche la tête quand la jeune femme lui explique comment elle s'est retrouvée au Maroc. "Tu voyages beaucoup ?" Ne peut il s'empêcher de demander. En écoutant son récit, c'est l'impression qu'il a, mais il préfère poser la question pour en être certain. Surtout que si elle répond à l'affirmative, ça lui ouvre la voit pour un sujet de conversation tout trouvé. "Je vois que t'as déjà tout de prévu pour ton prochain voyage." Ajoute t-il amusé. Lui en revanche, il n'a rien de prévu, autant il aime que tout soit planifié et n'est pas forcément un grand fan de spontanéité, il a du mal à planifier des choses qui n'ont pas encore de date. Il ne sait pas dans combien de temps il ira au Maroc, quelques mois, quelques années ? Qui sait. Il lui est donc compliqué de programmer quoi que ce soit. "Comme je t'ai dit, c'est en projet, après, j'ai pas vraiment déterminé de date." En attendant il se contente de vieilles photos souvenir de son dernier voyage là-bas.
Effectivement pour déterminer qui des deux est un psychopathe, la suite de la soirée ou du moins de cette partie de la soirée allait être utile. "Et si on est tous les deux tueurs en série ? Ca se passe comment ?" demande t-il sourire en coin. Bon la probabilité est très faible, mais elle n'est pas inexistante non plus. Dans le pire des cas ils pourraient sûrement jouer ça comme dans les westerns, dos à dos, une vingtaine de pas et le premier qui tire l'emporte et de ce fait emporte le titre de tueur en série de la soirée. "Ah oué ?" demande t-il quand elle dit que si elle était le tueur, elle saurait comment le piéger. "Tu t'y prendrais comment alors ?" Il a toujours pensé ne pas être facile à cerner comme mec, surtout parce qu'il n'était pas du genre à se dévoiler. Alors, il était plutôt surpris d'entendre ça de la part de quelqu'un qui ne le connaissait pas dix minutes plus tôt. A moins que ce soit du bluff. "Bah disons que j'avais postulé pour être entouré d'un mur d'écrans comme dans les films, malheureusement on m'a dit que c'était que de la fiction donc j'ai le droit à des fenêtres." dit il en plaisantant. Il était du genre geek qui peut passer des heures devant son PC, en revanche, il est aussi du genre à aimer préférer la lumière du jour à l'éclairage artificiel et rester enfermer entre quatre murs, sans fenêtre toute la journée, très peu pour lui. Il avait besoin d'air et de ne pas avoir l'impression d'être coincé. "Alors, je fais avec." Ajoute t-il avec un haussement d'épaules. Il hoche encore la tête quand elle lui parle de ses deux jobs. Elle lui donne un peu l'impression d'être une femme qui a du mal à tenir en place et qui ne pourrait pas travailler dans un bureau cinq jours sur sept, ou du moins, une femme qui s'ennuierait à mourir dans une telle situation. "Tu m'étonnes que tu ne dois pas t'ennuyer." déclare t-il avant d'ajouter. "Un sacré avantage pour ?" il lève un sourcil, faisant mine de ne pas du tout comprendre ce qu'elle voulait dire par là. "Est-ce que t'es en train de me dire que tu pourrai me tuer et faire passer ça pour une attaque de serpent ?" Car si c'est ça, il ne va sûrement pas tarder à prendre ses jambes à son cou, malgré le fait qu'il trouve cette conversation étonnamment agréable. Il reprend une gorgée de son verra après ça, ayant expliqué aussi qu'il était là pour faire plaisir à Yasmine. "C'est surtout un moyen de la faire taire." Répond-il en riant légèrement. Il plaisante bien sûr, même s'il y a une part de vrai là-dedans. Il aime sa soeur d'un amour inconditionnel et donc il n'hésite pas à sortir de sa zone de confort pour lui faire plaisir, surtout quand il sait qu'elle a raison de le pousser et puis il faut dire aussi qu'elle sait insister quand il faut. "Et bien un peu des deux." répond-il à la jeune femme avant d'élaborer un peu. "Elle peut me forcer à faire des trucs que j'aime pas. Après, je mentirai si je disais que j'ai pas pris gout à mon petit rituel hebdomadaire en venant ici." Ce n'est pas aussi terrible qu'il se l'était imaginé. Il n'est pas non plus un outsider dans ce monde comme il l'avait pensé, bien au contraire. "Je crois que maintenant ça me ferai un peu chier de pas venir là boire un verre au moins une fois par semaine, mais chut, ne dit à personne que j'ai avoué ça." Oué s'il avouait ça à voix haute devant sa soeur, elle lui rappellerait sûrement pendant très longtemps qu'elle avait raison et lui, il n'avait pas tellement envie de lui donner raison une fois de plus.
« C’est vrai que l’Afrique en général est un budget » elle approuve Chad avec un léger sourire, beaucoup plus cher que de voyager en Asie, la proximité aidant certes mais la vie en elle-même revient à moindre coût. Elle a eu beaucoup de chance d’avoir des gens sur place si bien que le voyage était la seule chose dont elle a eu à se soucier. Néanmoins aujourd’hui, elle gagne un peu mieux sa vie et préfère de loin faire des économies pour satisfaire ses besoins d’évasion. « J’essaie de voyager aussi souvent que possible » répond-t-elle à sa question sur sa fréquence de déplacements. Elle quitte le territoire australien une à deux fois par an et la ville de Brisbane au moins une fois par mois, ce qui n’est pas bien difficile puisqu’il lui faut déjà rouler trois heures pour aller rendre visite à son oncle en prison. « J’ai fait pas mal de pays déjà, donc on peut que oui » elle réalise soudain quelque chose : elle a posé le pied sur presque tous les continents, une véritable fierté et rareté dans une famille comme la sienne où on s’accroche à ses racines. « C’est en véritable projet ou bien c’est le genre de projet où on a envie mais on remet à plus tard ? » Elle prend un ton légèrement moqueur, comme en témoigne son sourire. Sohan lui rappelle sa famille sur ce point où il semble attaché à ses habitudes et ne semble pas prêt à être dépaysé, il lui faut peut-être un semblant de contrôle sur son quotidien ? Le quotidien a ça qu’il est d’une rassurante inertie, cauchemardesque pour l’indienne.
L’affaire des tueurs en série revient finalement sur le tapis et Chad sourit de plus belle « Eh bien, j’imagine que soit on s’entretuera, soit on se trouvera des points communs et on pourrait s’associer » la seconde option correspond beaucoup plus aux projets qu’elle a pour le jeune homme et elle. Cela serait parfait pour ses attentes, aussi espère-t-elle que ça se solde ainsi, certes pas aujourd’hui, Sohan est un poisson difficile à attraper mais bientôt…très bientôt. « Oh oh oh, je vais pas faire l’erreur de te montrer toutes mes cartes quand même, gardons l’effet de surprise » elle lui offre un clin d’œil amical avant d’avaler une autre gorgée de son verre. « Sinon ca va finir comme les dessins animés, le grand méchant expose tout son plan en détail comme ça le héros peut l’éviter au tout dernier moment » elle secoue la tête, elle a toujours trouvé ridicule ce long speech sur les motivations et les actions du méchant, tout finissait toujours par échouer. Le héros l’avait un peu facile, c’est d’ailleurs pour ça qu’elle a choisi son camp depuis qu’elle est petite : les vilains de l’histoire, les bons vilains s’entend. « Zut des fenêtres, t’as dû avoir l’impression qu’on t’a menti non ? » elle prend un ton qui se veut réconfortant lorsqu’il affirme pouvoir l’extérieur depuis son lieu de travail. « Mais bon t’as l’air solide, je sens que tu peux arriver à surmonter ça » Chad ne le dirait jamais assez, mais la discussion est simple avec Sohan, elle ne s’attendait pas à ce que ça le soit autant, elle ne va pas s’en plaindre, au contraire. Peut-être même que… finalement c’est à son tour de parler de ses jobs, sans surprise, ça ne laisse pas Sohan de marbre, on ne peut pas dire que ce soit les plus courants dans le monde. « Oh merde, t’as découvert mon plan » elle prend un air faussement déçu qui ne dure que quelques secondes avant qu’elle n’éclate de rire. Chad fait référence à la stratégie qu’elle utiliserait si elle était tueuse en série, le venin de serpent serait une méthode jamais vue quoique ça rendrait facile le travail de la police. « Je voulais dire que ça des avantages d’avoir grandi dans l’outback, t’as plus peur des animaux dangereux du coin » on finit même par les respecter selon la méthode aborigène et loin de les tuer, Chad se contente de les mettre dans un meilleur habitat.
Surprise, surprise, Chad finit par en savoir un peu plus sur les raisons qui mènent Sohan à squatter ce bar aussi fréquemment sachant que ce n’est pas vraiment dans ses habitudes. Une sœur, ça respirait l’effort féminin et heureusement ce n’est pas une copine, quoique ça n’a jamais arrêté Chad dans le passé, ça aurait juste compliqué son entreprise inutilement. « Ne t’inquiètes pas, ton secret est sauf avec moi » L’indienne déclare avec solennité, lâchant un petit rire quelques secondes suivantes « Moyennant paiement bien sûr » elle ajoute avec un peu plus de sérieux qu’elle tente de faire durer plus longtemps. Alors qu’elle s’apprête à donner son prix, à savoir le numéro de téléphone de Sohan, une voix masculine la coupe net dans son élan et elle fait son maximum pour ne pas paraitre déçue. « Je crois bien que l’attente est terminée »
"Surtout en partant d'Australie." Ajoute t-il acquiesçant par la même occasion à ce que la jeune femme venait de dire. Voyager de l'Australie vers un autre pays n'était pas forcément donné. Pour l'Asie encore, de par la proximité, aussi relative soit elle, ça restait beaucoup plus abordable. Pour l'Afrique, abordable n'était pas un concept familier. C'était cher, c'était long et ce n'était donc pas le genre de destination pour laquelle Sohan pouvait se décider de partir sur un coup de tête. Ca se planifiait, il fallait l'argent pour commencer et puis il fallait aussi qu'il puisse poser plusieurs semaines de congés à la suite. Il n'était donc pas question de prendre un billet la veille pour le lendemain, même si une promotion du tonnerre pointait le bout de son nez. Il n'avait pas un métier lui permettant de faire cela. Non pas que ça le dérangeait plus que ça. Il appréciait de planifier son voyage, de chercher les points d'intérêts et lieux à ne surtout pas manquer. Pour lui, planifier, faisait d'une certaine façon partie du voyage. "T'as l'air de pas tenir en place." Lui répond-il avec un clin d'oeil. "T'as bien raison." S'il pouvait, il partirait sans doute à droite ou à gauche tous les quatre matins. Dans une autre vie peut-être ou quand il arrêtera de travailler. Pour l'instant il se plait tout de même plutôt bien dans routine. Même s'il vit à Brisbane depuis sa naissance, il lui arrive encore de découvrir de nouveaux endroits et dans un sens il a l'impression de voyager un peu. Lorsqu'elle le questionne sur son projet de voyage au Maroc, il hoche la tête avant de lui répondre. "Non non, c'est un réel projet ... qui prend juste un peu de temps à mettre en place et à réaliser." Il ne le remet pas à plus tard parce que c'est une idée comme ça qui lui a pris un matin quand il s'est levé, mais bien parce qu'il veut que ce voyage soit parfait et puis, sans ses parents dans l'équation, ce n'est juste pas pareil pour lui.
Il ne peut s'empêcher de rire quand elle lui dit que s'ils sont tous les deux tueurs en série, ils pourront soit s'entretuer, soit s'associer. La deuxième possibilité lui ferait presque penser à un film. Il y aurait peut-être de l'argent à se faire comme ça. Deux meurtriers qui s'associent pour commettre encore plus de crime. Il y aurait forcément des tensions à un moment ou un autre. Chacun doutant de l'honnêteté et de la fidélité de l'autre. Finalement, à la fin, ils finiraient peut-être par s'entretuer. "On ferait quand même une belle équipe de criminels." Répond-il avec un petit sourire en coin. "T'imagines un peu ? Un mec doué en informatique, bossant pour la police qui s'associe à une détective chasseuse de serpents ? On pourrait sûrement tenir le crime parfait là et ne jamais se faire prendre." Il fantasmait un peu là, mais il fallait quand même avouer que, effectivement, ça pourrait sûrement être digne d'un blockbuster américain. Dans la vraie vie, en Australie, cependant, ce n'était pas forcément sûr que ce soit très viable. Ce serait sûrement un coup à se retrouver derrière les barreaux. "Attend t'es en train de dire que je suis le héros là alors ?" Un sourire satisfait se dessine sur ses lèvres à ce moment-là. "Est-ce que tu serais pas en train de faire tomber ton masque et de dévoiler que c'est bel et bien toi la tueuse en série entre nous deux ?" Bon elle n'avait vraiment pas l'air d'une dangereuse psychopathe, mais c'était drôle de continuer sur cette lancée. Il s'était pris au jeu et ça lui faisait presque oublier qu'il y a à peine quelques minutes il ne la connaissait absolument pas. Finalement, ce n'était pas si terrible, ni si compliqué de discuter avec de nouvelles personnes. Ou alors, c'était Chadna et sa personnalité qui rendait les choses si simples. "Je me suis sentie trahi." Plaisante t-il revenant sur l'état de son bureau, bien différent de ce que l'on peut observer dans les séries tv. "J'ai dû me faire à la lumière du soleil, mais finalement, je me suis rendu compte que je ne brûlais pas à cause de ça tel un vampire, donc c'est bon, c'est supportable." Ajoute t-il en plaisantant. Oué finalement il n'était qu'un geek et le soleil n'avait jamais fait de mal à un geek.
Il hoche la tête en signe d'acquiescement quand Chadna lui parle du fait que grandir dans l'outback australien l'a un peu vaccinée d'une quelconque peur des animaux sauvages. "La prochaine fois que je vois une araignée aussi grosse que ma main chez moi je t'appellerai." Dit il en riant avant de continuer. "J'ai beau avoir toujours vécu ici et avoir quand même passé un peu de temps à la campagne, je crois que je me ferai jamais complètement à ces bêtes-là." Il vivait seul donc quand une grosse araignée apparaissait sur son mur, il n'avait pas le choix que de se débrouiller tout seul, pourtant, sa réaction est toujours la même quand il en aperçoit une. Son coeur qui loupe un battement et un gros coup de chaud. Avant de prendre sur lui pour la mettre dehors le plus rapidement possible. "Merci de garder ça pour toi alors. C'est très apprécié." Dit il ensuite en riant avant d'ajouter. "Pour le paiement tant que c'est abordable je mettrai ce qu'il faut." il ne pensait pas qu'elle était vraiment sérieuse en disant ça, mais il restait dans le jeu. Si elle voulait il pouvait bien lui payer un autre verre ou autre. Rien de bien méchant.
"Désolé c'était la merde au bureau." Entend-il derrière au même moment qu'une main vient se poser sur son épaule. "T'en fais pas, j'étais en bonne compagnie." Répond-il à son ami, pointant Chadna du doigt. "D'ailleurs c'était sympa de te rencontrer Chadna." Dit il en toute sincérité à la jeune femme. "J'imagine qu'on sera amené à se recroiser de toute façon, donc c'est que partie remise sur cette conversation." Elle était sympa comme femme et il se disait que c'était le genre de personne qui apporterait sûrement une bonne touche de légèreté et de bonne humeur dans sa vie.
Finalement, avec tout ça Chad est contente d’être sortie ce soir. Pour une fois qu’elle ne reste pas à la table des gars à se bourrer la gueule comme de vrais bonhommes, elle aurait pu louper la bonne compagnie qu’est Sohan. « Surtout en partant d’Australie » Chad confirme en hochant la tête. Voyager d’Australie coûte une blinde quand on veut voir autre chose que l’Asie et l’Afrique, par manque de moyens certains et d’un réseau affûté, la facture peut rapidement monter. Encore une fois, Chad se félicite d’avoir un pied à terre. Pas tenir en place ? Chad ? Elle a un petit sourire, Sohan vient de la cerner. Même s’il ne faut pas nécessairement être un génie pour s’en apercevoir, elle respire l’hyperactivité ou plutôt l’incapacité de rester clouée à un seul endroit, ce qui explique d’ailleurs qu’elle ait vécu dans différentes villes d’Australie. A se demander donc quand est-ce qu’elle compte quitter Brisbane. « Tu as raison, les beaux projets méritent du temps et de l’investissement » elle conclut ainsi quand il dit préparer son voyage pour le Maroc. Tout le monde n’appartient à sa catégorie, à savoir ceux qui se lèvent un matin avec l’envie d’ailleurs et réalise cette envie sans se soucier des conséquences. Comme la fois où elle avait sauté sur une occasion en or d’un billet au rabais pour la Nouvelle-Zélande et s’en était allé sans même prévenir son boulot. De toute façon, elle ne s’y plaisait et ce n’était que question de temps avant qu’elle démissionne ou qu’on la foute à la porte. Il parait d’ailleurs que des gens aussi instables ont probablement des problèmes psychologiques inavoués, pouvant tenir de la psychopathie ce qui serait dans la ligne qu’elle a adopté en présentant le duo qu’elle forme ce soir avec Sohan comme de potentiels tueurs en série. Théorie qui se heurte à quelques limites puisque les dits tueurs ont quelques expériences particulières avec les animaux, ce qui n’est pas le cas de l’indienne et elle aurait sans doute avancé qu’il en est de même pour Sohan, mais que sait-elle de lui après tout ? « Les flics ne nous attraperaient jamais » renchérit-elle quand son partenaire de crimes imaginaires lui fait savoir qu’ils formeraient une bonne équipe au vu de leur talent respectif. Au final, retournement de situation Sohan tiendrait plus du héros qui se serait infiltré afin de se rapprocher du méchant qu’elle représente pour réduire ses plans en poussière. Un scénario digne d’Hollywood, elle en est certaine. « J’ai rien dit de tel votre honneur ! » elle déclare avec solennité d’une cour de justice, un sourire hilare flottant sur ses lèvres. « Ce serait bien stupide de ma part tu crois pas ? » cette fois elle ne peut plus longtemps retenir son amusement, elle part d’un petit rire, rire qui s’éternise lorsqu’il confirme s’être senti trahi quand il a découvert les fenêtres dans son bureau, un moment difficile à passer, Chad en convient. « Sinon tu peux être la version twilight et briller comme un diamant comme dirait Rihanna » et de nouveau ça la fait marrer.
« J’ai dit serpents, pas araignées » corrige Chad lorsqu’il lui dit qu’il perd le combat face à une araignée, ou presque. Comme la plupart des gens dans ce pays vu les créatures que l’on peut retrouver dans les chambres ou encore salles de bain. « Mais je me débrouille du coup si jamais t’as besoin » elle sort son téléphone de la poche de son jean et retirant la coque, elle en extirpe sa carte qu’elle tend à Sohan « Voici ma carte, t’as qu’à appeler » même s’il n’y a pas d’araignées à proximité poursuit-elle dans son esprit mais son sourire semble aller dans ce sens, à voir si Sohan le remarquera. « T’inquiètes, garder les secrets c’est ma spécialité » elle fait finalement, ce qui n’est pas complètement faux au vu de son métier, elle en a des informations sensibles sur un bon nombre de personnes. Quand elle prendra sa retraite, il faudra qu’elle songe à ce qu’elle en fera, ça pourrait toujours rapporter non ? Elle n’a pas le temps de donner son prix à Sohan que Chad est rappelée à leur situation d’inconnus et le fait qu’elle n’ait rien à faire ici. « Bonsoir » elle lance alors tout sourire au nouvel arrivant « Il y a des chances et puis t’as mon numéro » elle lance un clin d’œil avant de sauter de son siège pour le céder à l’ami de Sohan « bonne soirée » elle déguerpit sur un nouveau sourire enjôleur, rejoignant la bande qui n’a rien perdu du spectacle.