La famille. Que ferons-nous sans elle ? Les membres d’une famille font partie de ce qui ne vous juge pas, du moins dans la plupart des familles, car chez les Rollins, c’était un peu différent. La perfection avait toujours été de mise parmi eux, les parents ne supportant pas de donner une mauvaise image aux gens. Ils avaient toujours été très stricts sur ce point, souhaitant le meilleur pour leurs enfants, mais surtout ne voulant pas avoir honte face à d’autres familles les côtoyant. Nicolas avait été le premier à venir au monde et malgré le souhait de son père, il n’avait pas suivi le chemin de la médecine. Heureusement, il avait choisi une carrière qui ne le dévalorisait pas, Rebekah elle avait suivit un chemin tout aussi convenable, contrairement à Marco, l’enfant du milieu, le vilain petit canard comme l’appelait souvent Nicolas. Marco n’avait pas fait grand chose de vie. Ne réussissant pas à avoir des projets pour le futur, il se pencha vers la facilité, vivant sous le crochet de papa et maman, se droguant à ne plus se rappeler son propre nom et en buvant comme un trou. Longtemps, les parents Rollins avaient souhaité faire changer leur fils, mais à court d’idée, il fut envoyé dans un centre pour adolescent en difficulté durant plusieurs années, en vain. C’est seulement à l’âge adulte qu’il donna une lueur d’espoir à sa famille en trouvant un job lui permettant de passer ses journées différemment. Il continuait à se droguer cependant, mais tentait de faire un effort sur sa façon de vivre et était sur la bonne voie pour donner une meilleure image de lui.
Malheureusement, il y a trois ans, Marco quitta son boulot sans raison. Influencé, d’après les Rollins par la jeune femme avec qui il passait beaucoup de son temps. Chadna. Si elle avait tout l’air d’être une femme charmante, elle n’avait pas réussi à passer l’épreuve de sélection auprès des Rollins qui ne tardèrent pas à la pointer du doigt, l’accusant d’être la raison pour laquelle leur fils avait rechuté. Nicolas, lui, n’avait pas vraiment eu l’occasion de se faire sa propre idée sur la jeune femme, alors que ses parents étaient déjà hors d’eux lorsque Marco la ramenait à la maison. Il lui fallut un peu plus de temps avant de se rendre compte que son frère avait en effet changé de comportement et que ça coïncidait avec la présence de la brune. Marco fut envoyé assez rapidement en centre de désintox une première fois, puis une deuxième, n’en finissant plus, rechutant à chaque fois. Trois ans plus tard, il en était toujours au même stade, et mêmes si des différents avaient toujours été présent entre les deux frère, Nicolas prenait le temps d’aller lui rendre visite de temps en temps, pensant un jour, réussir à le faire changer. Une quête qui jusque-là n’avait pas eu beaucoup de succès. Nico ne baissait pas pour autant les bras, il voulait faire de son frère un homme meilleur et c’est en lui rendant visite qu’il pouvait également se donner bonne conscience, sachant que leurs parents ne se donnait pas la peine de se déplacer.
Après une heure passée à tenter de discuter avec son frère qui avait plutôt bonne mine, Nicolas se laça du manque d’échange qu’il pouvait y avoir et décida de s’en aller. « Je reviens d’ici trois jours frérot ! » Il savait qu’il détestait qu’il l’appelait ainsi, mais le faisait quand même, ça le faisait rire. Après une grimace de la part de son frère, il prit enfin la porte de sortie, souriant à la jeune femme qu’il venait de croiser avant de se rendre compte de qui il s’agissait. « Chadna ? » Osait-il demander, pensant peut-être se tromper tout en se retournant vers elle, l’empêchant de poursuivre son chemin par sa question.
« Un chien ça manque des croquettes Carmen » souffle Chad suivi d’un petit rire « c’est pas un gosse non plus, t’as pas besoin de lui faire un biberon ou lui changer les couches » elle ajoute alors que Carmen enchaîne avec ses questions sur la manière dont on s’occupe d’un chien. Une fois de plus. Les animaux ne lui réussissent visiblement pas et si elle avait pu faire autrement, Chad aurait fait appel à quelqu’un d’autre. Dean, sans doute le dogsitter favori de Silas, avait son carnet à rendez-vous plein, et la personne en qui elle a le plus confiance après lui, c’est Carmen. La diva ne passera certainement l’après-midi à jouer avec lui, mais Chad est certaine de le trouver en un seul morceau, devant une de ces séries latines interminables que son amie affectionne tout particulièrement. Elle était parvenue à le faire asseoir devant une vingtaine d’épisodes d’une histoire d’amour insipide. Carmen a voulu en faire de même avec Chad, s’il n’y a pas au moins trois meurtres en début d’épisode, il y a peu de chance que son attention demeure. « Du thon ? c’est pas un chat Carm’, viens pas chialer quand il va te bouffer une autre chaussure » Carmen lâche un cri strident qui pousse l’indienne à éloigner le téléphone de son oreille, elle va finir sourde à ce rythme. « C’est bon, ça se trouve partout des croquettes pour chien » Chad pousse un soupir, lasse des réactions dramatiques de son amie. Heureusement que ce n’est pas un humain qu’elle lui confiait, tout Brisbane serait au courant de la situation et sans doute qu’elle les trouverait aux urgences. « Bon je dois te laisser, t’inquiètes tu vas t’en sortir. Il est comme moi, donne-lui à bouffer et ça ira » L’indienne raccroche avant que Carmen ne se lance dans une de ses tirades fleuves.
Chad passe enfin la porte du centre de désintox, une angoisse perfide au creux des reins. Elle n’aime toujours pas cet endroit, mais une promesse étant une promesse. En tout cas, jamais elle n’échouera ici, elle s’en fait la promesse. Soudain, on appelle son prénom. Voix masculine. Elle stoppe net son mouvement. Elle n’est pas censée connaitre grand monde dans le coin, aussi s’inquiète-t-elle des conséquences de croiser un visage familier. Son prénom en entier. La personne est connue mais pas proche, ce n’est pas plus rassurant. « Oui ? » Elle se retourne, sourire aux lèvres… sourire qui s’évanouit la seconde suivante lorsque ses prunelles mettent un nom sur le visage. « Nicolas » Elle souffle avec toute la sympathie qu’elle a pour lui, c’est-à-dire aucune. L’inverse est également vrai au vu de la lueur qu’elle peut voir dans son regard. « C’est sympa d’avoir pris un moment dans ton emploi de temps de ministre pour venir voir ton frère » elle lance avec condescendance, un sourire en prime. Nicolas, comme tout le reste de la famille Collins n’a jamais vu d’un bon œil la présence de Chad dans la vie de Marco, le cadet à problèmes. « Vous avez passé un bon moment entre frères ? » Chad n’ignore rien de la relation entre les deux hommes et s’amuse à appuyer sur les boutons sensibles, les lèvres fendues en un sourire innocent. « J’espère que tu me l’as laissé de bonne humeur »
En sortant du centre, Nicolas n’avait pas idée de la rencontre qu’il allait faire, à croire que la journée était destiné à être mauvaise. Son frère lui en faisait déjà voir de toutes les couleurs par son comportement à croire que du haut de ses trente ans, il revivait une partie de son adolescence et de sa vie de jeune adulte. Les rapports entre les deux frères Rollins n’avaient jamais été très bon, mais malgré cela Nicolas réussissait à se convaincre qu’un jour, ils oublieraient cette rancune – qui n’avait pas lieu d’être- et qu’ils allaient aller de l’avant et devenir enfin proche sans avoir à faire semblant pour faire plaisir à leurs parents.
Croiser la brune ne ravissait pas Nicolas. Alors qu’il déposait son regard sur elle, il pensait aux fois où il avait retrouvé son frère sans dessus-dessous et se remémorait les fois où ses parents avaient pointé du doigt Chadna comme étant d’une très mauvaise influence pour Marco alors qu’il avait réussi à remonter la pente. Après un léger doute de la part de Nicolas, elle lui confirmait que c’était bien elle, usant d’un regard et d’un ton qui ne plaisait pas du tout au brun. Elle se permettait de le juger –du moins c’est ainsi qu’il prenait sa petite remarque - elle lui donnait l’air de vouloir le provoquer et n’arrangeait pas son cas. La première fois qu’il avait vu Chadna, Nicolas ne s’était pas permis de la juger directement –contrairement à ses parents, qui ne s’étaient pas gêné- il avait voulu avant tout avoir des preuves sur ce que les Rollins pouvaient avancé à son sujet, mais lorsque Marco sombra à nouveau, la coïncidence était beaucoup trop forte pour ne pas se rallier à l’opinion de ses parents sur la jeune femme. Depuis, il ne pouvait pas la voir en peinture et estimait qu’elle n’avait rien à faire ici et qu’elle devait rester loin de son frère. « J’essaye de venir le plus souvent possible. » Répondait-il calmement, ne voulant pas se donner en spectacle et surtout ne voulant pas entrer dans son jeu. Il est vrai qu’il ne pouvait pas venir souvent voir son frère, la plupart du temps, il se trouvait à bord de son avion à parcourir les quatre coins du globe pour y mener des centaines de voyageurs et son temps libre était bien souvent réservé à la femme qu’il aime ou à ses amis proche. Sa réponse donnait l’impression qu’il avait ce besoin de se justifier, voulait-elle le faire culpabiliser ? Où voulait-il lui prouver qu’elle était bien plus présente pour Marco que lui ? Il secouait la tête pour se débarrasser de ses idées, alors qu’elle lui demandait s’ils avaient passé un bon moment entre frères. Arquant un sourcil, il souffla sans la lâcher du regard. « Oui, c’était plutôt pas mal, mais ça ne te regarde pas. » Disait-il d’un ton très calme, accompagnant ses dires par un petit sourire crispé. « Je ne pense pas que tu devrais aller le voir, il est très fatigué. » Il ouvrait la porte de sortie tout en lui faisant signe de sortir. « Puis je dois t’avouer que je ne pense pas que ta présence lui fasse vraiment du bien. »
La mauvaise influence et l’aîné idéal, un duel au sommet qu’elle n’avait prévu de livrer aujourd’hui. Pourtant, le destin semble en avoir décidé autrement et comme à son accoutumée, Chad ne tarde pas à ouvrir les festivités. Il n’y avait pas de raison que ce soit elle qui ouvre le bal, outre ce caractère qui paraissait avoir été créé de toute pièce pour mettre à mal les plus patients. Elle n’a rien contre Nicolas dans l’absolu, elle ne le connait qu’à travers le portrait brossé par Marco et les quelques regards qu’elle a pu intercepter sur sa personne. Les Rollins ne la portent visiblement pas dans son cœur, elle a su s’y faire même si le jugement lui apparaissait comme injuste dans un premier temps mais loyale en amitié –ou autre qualificatif qui convienne pour la relation qu’elle entretient avec Marco-, elle s’est rapidement placée en fervente défenseuse de ses droits, ce qui n’exclue pas qu’elle le rappelle à l’ordre quand il merde, mais son avis ne pèse pas toujours dans la balance. « C’est tout à ton honneur » réplique-t-elle quand Nicolas assure qu’il fait de son mieux pour rendre visite à son cadet, qu’il essaie de faire de son mieux plutôt comprend Chad, ce qui est rarement suffisamment à ses yeux. Elle considère les choses de façon manichéenne : soit on y parvient, soit on y parvient pas. « Fatigué ? » Elle a petit haussement de sourcil inquisiteur « Me dis pas que t’as encore joué les prêcheurs avec tes leçons de morale ? » Elle prend un air faussement déçu et s’autorise même un bref soupir. Elle reconnait que c’est un peu facile et si l’on doit noter cette prestation, elle ne serait pas dans les meilleures qu’elle ait livrées. « Qu’est-ce qui te fait dire ça ? » Chad questionne finalement quand Nicolas affirme que la présence est aussi attendue que la sienne « J’pense au contraire c’est plus que jamais nécessaire qu’il ait une personne à ses côtés qui le comprenne et se soucie vraiment de lui » Elle sait appuyer où c’est douloureux et le plaisir qu’elle récolte est perceptible. Elle considère l’attitude Marco justifiée compte tenu des informations qu’elle a sur les Rollins, ces personnes plus obsédées par leur réputation qu’ils ne le sont pas leur fils, Nicolas lui avait paru différent… à l’époque. « Tu crois pas ? » Ingénuité feinte, rhétorique bancale, Chad n’a certes pas d’avenir dans une cours de justice, mais tout était possible en tant que bourreau mental.
Nicolas avait malgré lui le bon rôle chez les Rollins. Il était le fils prodige qui ne leur avait jamais fait défaut contrairement à Marco qui était l’opposé de ce qu’ils avaient espéré de lui. Ils l’aimaient, comme tout parent aimant leurs enfants, mais ne cachait pas leur déception face à leur cadet, ne se privant pas de valoriser les gestes de Nicolas, qui lui, était bien entré dans le moule prédéfinis par leur soin créant une relation peu confortable entre les deux frères depuis toujours. L’ainé n’avait pas conscience de tout cela et ne se retenait pas de donner tord à quelques regards extérieurs lorsque le sujet Marco était sur la table. Pour lui, le simple fait que son petit frère était laissé pour compte à cause de son comportement n’était pas envisageable, bien que les faits étaient sous son nez depuis de nombreuses années maintenant. Il essayait d’être le bon fils, d’être le bon frère, d’être parfait aux yeux de tous sans pour autant remettre en question ce poids familiale qui flottait juste au-dessus de sa tête. Il avait été formaté à la façon des Rollins et sa réelle façon de penser restait enfouit au fond de lui, ne la laissant jamais remonter à la surface. Chadna en était la preuve parfaite. Nicolas n’avait jamais rien eu contre elle, il la connaissait qu’à travers son petit frère et ne s’était jamais permis de la juger, du moins jusqu’au jour ou ses parents pointèrent leurs doigts sur elle, en l’accusant d’être de très mauvaise influence pour leur fils, la mettant en haut de la liste des raisons pour laquelle Marco avait encore rechuté, alors qu’il avait réussi à se racheter une conduite et à monter dans l’estime de ses parents. Nicolas n’avait pas cherché midi à quatorze heures et avait partagé l’opinion de ses parents, comme toujours. Il voyait la jeune femme comme était une mauvaise personne et la méprisait tout comme on lui avait suggéré de le faire. En la croisant lors de sa sortie du centre, il ne manqua le regard qu’elle déposa sur lui et dû faire face à sa petite remarque sur sa venue peu régulière pour voir son frère. Nicolas tenta de se justifier en lui faisant savoir qu’il essayait de venir le plus souvent, ce qui était vraiment le cas, bien que son emploi du temps ne lui permettait pas de venir aussi souvent qu’il le souhaitait. Bien sûr il sentit le jugement qu’elle pouvait avoir à ce moment précis alors qu’elle faisait savoir que c’était tout à son honneur. Des paroles qui déclenchèrent un petit sourire chez le brun, ne voulant pas jeter la première pierre. Puis elle lui demanda s’ils avaient passé un bon moment entre frères, une question à laquelle il n’avait pas tardé à répondre, la conseillant de ne pas aller le voir, prétextant la fatigue de Marco. Sans attendre Chadna eu une réaction qui ne choque pas Nicolas, lui demandant s’il avait encore joué au prêcheur avec ses leçons de morales. Passant une main dans ses cheveux, Nicolas ne perdit pas son sourire, faux certes. « Si par leçons de morale tu veux dire lui faire ouvrir les yeux. » Répondait-il toujours très calmement. « Si je ne le fais pas, personne ne le fera. » Mise à part ses parents qui se donnaient un malin plaisir de faire que ça. Il avait peut-être le mauvais rôle aux yeux de son frère, alors qu’à chaque visite, il tentait de lui faire comprendre qu’il fallait qu’il se reprenne en main. Chadna en rajoutait une couche en le questionnant sur la raison qui devrait l’empêcher d’aller le voir. « En ta présence, il n’ouvrira jamais les yeux, il restera prit dans ses problèmes. » Il soupirait légèrement. « Il n’a pas besoin de compagnie pour lui rappeler à quel point le temps passé était merveilleux, il faut qu’il tourne la page et je ne pense pas que ta présence l’aide vraiment à se projeter dans le futur. » Il était direct et se retenait de lui dire clairement qu’elle était de très mauvaise influence pour Marco. « Sa famille est là pour le soutenir, pour le comprendre, ce n’est pas ton rôle. » Il se sentait agressé par les propos de la jeune femme et se devait de répliquer, bien qu’elle n’avait pas réellement tort. « Ce qu’il faut, c’est qu’il arrête de se faire passer pour la victime de l’histoire et qu’il redescende sur terre et réalise qu’il gâche sa vie.»
Au fond, elle est assez curieuse Chad de savoir comment s’est déroulée l’entrevue. Elle sait que les deux hommes n’ont jamais su comment se parler, Marco a toujours pris plaisir à ne laisser aucune occasion à son frère de le faire, à juste titre jugeait l’indienne. A chaque fois que Nicolas tente d’esquisser un mouvement dans la direction de son cadet, il essuie un refus ou une simple fuite. Ce pour quoi Marco est très doué. Alors maintenant qu’il ne peut plus s’éloigner physiquement, il ne lui reste plus que le silence mais ce dernier n’exclut pas qu’il puisse écouter ce que son frère a à lui dire. En ce sens, Chadna y voit la relation qu’elle entretient avec sa propre sœur. Relation où la communication n’a jamais réussi à percer et pire dès que l’indienne a été en âge, elle s’est contentée de faire ses valises et d’expédier son cul à l’autre bout du pays. Bien sûr, elle entre dans le tas Chadna mais la patience de Nicolas semble tenir jusqu’ici. Il a même un sourire, il mériterait presque une médaille pour conserver son calme mais bien sûr la chieuse de service n’a pas encore dit son dernier mot, au contraire. « T’as déjà eu des occasions de le faire, ça donné quelque chose ? » elle fait référence au fait d’ouvrir les yeux à Marco comme Nicolas le dit si bien, cet air que Chad considère comme pompeux et suffisant, comme s’il était mieux que le junkie en réhabilitation… sans doute aux yeux de la société. « Sa famille est là pour le soutenir ? » elle a un petit ricanement, Chad, mauvais et sarcastique au possible. « Pour le comprendre ? » Elle reprend également, toujours aussi acerbe. Elle toise longuement Nicolas, guettant une faille dans son attitude mais il semble clairement croire en ce qu’il dit. « Quand est-ce que vous allez arrêter de vous prendre pour des victimes ? » Elle accentue avec force sur le ‘vous’, décidant qu’il est temps d’appeler les parents et l’aîné Rollins à la barre. Dans le fond, elle rejoint son raisonnement au sujet de Marco mais sa loyauté l’empêche de pactiser avec l’ennemi et l’emmène plus tôt à défendre son ami bec et ongles. « Quand est-ce que vous avez eu un mot sympa sur Marco ? Tes parents mis à part considérer qu’il gâche leur réputation et ce nom génial de Rollins, qu’est-ce qu’ils ont fait de plus ? » Elle se contente de répéter les confidences qui lui ont été faites et les conclusions qu’elle a tiré de son observation de la famille. « A part se présenter comme les pauvres parents victimes d’un enfant ingrat à qui ils ont tous donné qu’est-ce qu’ils font ? » Elle s’emporte peut-être un peu trop, une erreur que d’en faire une affaire personnelle. « L’aider c’est pas seulement venir le voir quand on a le temps pour se donner bonne conscience et jouer les parents et frère exemplaires » Elle est peut-être injuste Chad, tant pis. Elle n’a pas toutes les données, tant pis également. Au fond, elle s’en fiche bien. « Crois-moi que si vous le compreniez vraiment comme tu dis si bien, vous en serez par-là » elle parle de la présence de Marco une énième fois dans un centre de désintoxication et de leurs relations en dent de scie. « Et toi, t’étais où quand il avait besoin de toi ? » Absent, encore, comme les autres.
La situation de Marco avait toujours été un tabou pour les Rollins, personne n’en parlait autour d’une table et encore moins en public. Certaines personnes de leur entourage devait même ignorer la présence d’un autre enfant, pensant qu’il y avait que Rebekah et Nicolas. Ils avaient cessé de se rendre au centre, à quoi bon si ce n’était que pour montrer à l’enfant du milieu la honte qu’ils avaient pour lui. Ils avaient baissé les bras, il y a déjà bien longtemps, ayant peu d’espoir pour qu’un jour Marco puisse vivre une vie normale en entrant dans les clous de la société. Jane Rollins était même amenée à regretter la naissance de ce second enfant, elle s’était trop rongé pour lui, elle essayait de lui trouver des excuses à l’époque jusqu’au jour ou elle décida d’abandonner, se rendant compte qu’elle avait échoué à son rôle de mère. Nicolas faisait souvent la navette entre les parents et Marco, racontant ce qu’il se passe des deux côtés. Aujourd’hui encore; il allait rapporter à ses parents l’état de leur fils, tentant une nouvelle fois de les convaincre de venir le voir en vain.
C’est après plusieurs minutes de dialogue à sens unique que Nicolas s’était décidé à quitter le centre, ne pensant pas une seule seconde tomber sur Chadna. La tension fut présente dès leur premier échange et si Nicolas tentait de faire bonne figure, c’était sans compter sur la détermination de la brune à le provoquer. Il croisait les bras tout en étant attentif à ce qu’elle pouvait lui dire, lui demandant s’il avait réussi à faire ouvrir les yeux de son frère. Bloqué sur le passé et sur son opinion qui était avant tout celui de ses parents sur la jeune femme, il la regardait avec un léger mépris, ne comprenant pas pourquoi elle se permettait de l’attaquer ainsi. « Rome ne c’est construit en un jour n’est-ce pas. » Qu’il disait en guise de réponse, bien qu’il ne savait pas comment l’attaquer à son tour. « Avec le temps, je suis sûr que ça donnera quelque chose et ce n’est pas en te pointant ici que ça changera. » Les deux frères n’étaient peut-être pas proches, mais le brun n’était pas con et il savait que tout n’avait pas été rose entre Chadna et Marco et se demandait si elle n’était pas la raison de sa rechute, alors que ses parents en étaient convaincus. Il avait l’air d’un robot programmé par ses ainés, agissant en défendant leur cause sans pour autant en être convaincu lui-même, mais c’est comme ça qu’il avait été élevé et c’est comme ça qu’il agissait depuis toujours. Le pilote arquait un sourcil suite au ricanement de son interlocutrice qui ne prenait pas part à sa défense. Il eut un petit moment de silence, il pensait qu’elle avait peut-être raison, qu’ils n’étaient pas présents comme ils pouvaient le penser. « On ne se prend pas pour des victimes, on s’inquiète pour lui. » Répondait-il avec peu de certitude. « Ne fait pas comme si tu savais de quoi tu parles Chadna, depuis petit Marco est incontrôlable, il attend, je ne sais quoi pour se bouger le cul et si sa famille n’avait pas été présente il ne serait sûrement plus de ce monde à ce jour. » Il se sentait légèrement blesser par les provocations de l’Indienne, les Rollins n’étaient peut-être pas la famille idéale, mais jusqu’à preuve du contraire ils avaient tout fait pour aider Marco, bien qu’il ne souhaitait pas attraper les mains tendus vers lui. Ils n’étaient peut-être pas le meilleur soutien pour lui, mais ils avaient tout fait pour qu’il se sente à sa place. « Tu vas me dire que toi tu le comprends ? Il a toujours tout eu, il n’a manqué de rien alors que d’autre n’avait pas la moitié de ce qu’il pouvait avoir, il y a quoi à comprendre dans tout ça, il est perturbé, c’est tout. » Elle n’hésitait pas à tacler les parents et ne calmait pas la situation, rendant Nicolas assez nerveux face à la situation. S’il avait réussi à garder son calme durant un petit instant, il bouillonnait intérieurement et ne se retenait plus. « Et toi que fais-tu pour lui, mise à part venir le voir de temps en temps ? Tu as été présente pour lui avant sa dernière rechute ? Je crois pas non, c’était sa famille, son frère qui se demande pourquoi il essaye encore de venir le voir alors qu’il se retrouve face à un mur !» Il soufflait un bon coup. Il n’était peut-être pas aussi présent qu’il voulait le faire entendre pour son frère, mais faisait son possible pour l’être, à croire que ça ne suffisait pas. « J’ai réussi ma vie moi, je ne peux pas passer mon temps à réparer les tords de Marco, je l’ai assez fait et ça n’a rien donné, qu’il s’avère heureux que je vienne encore le voir, mes parents eux ne font plus cet effort ! » Il avait lâché le morceau bisant cette illusion de famille parfaite présente pour leur fils qu’il tentait de faire entendre à Chadna. « Puis c’est facile de venir avec tes reproches, tu es autant fautive dans toute cette histoire ! » Chadna était la raison de la rechute de Marco d’après Nicolas, d’après les Rollins.
Pourtant Chad s’est levée ce matin dans l’idée de faire une bonne action. La mission était de rassembler son courage pour aller affronter la mauvaise humeur de Marco comme à chaque fois qu’elle venait le narguer avec sa liberté, du moins c’est ainsi qu’il le voyait. Elle s’est exhorté Chad au calme hier soir lorsque le courage a été trouvé, du calme et de la patience. Ça avait l’air si simple en théorie. Puis, son regard a croisé celui de Nicolas et il a suffi qu’il ouvre la bouche pour qu’elle abandonne ses bonnes résolutions. Pour sa défense, ses résolutions concernaient Marco, nullement son frère mais elle sait également que lorsque l’incendie est déclaré, il est difficile de l’éteindre. Et puis, l’incendie ne fait que grandir au fur et à mesure que Nicolas partage son point de vue sur la situation de son cadet, ce que l’indienne assimile à de la justification de petit chrétien, de quoi lui permettre de dormir sur ses deux oreilles. « Je sais de quoi je parle » Chad confirme ainsi sans ciller, soutenant le regard de son vis-à-vis. Elle ne sait que trop bien l’effet que ça fait d’être la mauvaise graine de la famille, ses réussites sont rapidement éclipsées par les accomplissements de sa cadette. Elle n’approuve pas complètement la manière de faire de son Marco, mais quand sa loyauté est acquise, elle se doit de jouer les avocates jusqu’au bout, en public du moins. « T’es sûr que c’est pas plutôt votre soi-disant présence et votre soi-disant aide qui a créé cette situation ? » Ses doigts forment des guillemets dans l’air à la mention de présence et aide, confirmant son ton sarcastique. Elle est néanmoins d’accord sur un point, Marco a tout pour s’en sortir mais son manque d’actions concrètes allié à son incapacité de faire le point honnêtement sur sa situation empire sa situation. Ce qui a poussé Chad à vouloir lui administrer quelques gifles dans le temps, ce qu’elle a fait quelques fois d’ailleurs et ça marchait…parfois. « Vu que la situation s’améliore pas, c’est qu’il y a un problème avec la stratégie, vous avez pensé à la revoir ? » Son ton se fait beaucoup plus cassant, un moyen pour elle de dissimuler la fissure qu’il vient de faire dans son armure. Nicolas la met face à son impuissance faisant probablement écho à celui de l’aîné Rollins, qu’apporte-t-elle de plus à débarquer ici de temps à autre ? Et comme à chaque fois qu’elle est mise devant ses propres limites, elle décide de balayer ses doutes d’un revers de la main et d’attaquer de façon perfide. « Alors pourquoi tu viens ? » son ton est aussi cassant qu’il est froid « Pour te donner bonne conscience ? Pour ne pas ternir ton image ? Pour pouvoir dormir sur tes deux oreilles en te disant que c’est bon, t’as donné trois minutes de ton temps t’as mérité ta place au paradis ? Tu veux une médaille peut-être ? » Elle se rapproche légèrement de lui, piquée à vif par ses accusations, son corps tout entier respire l’animosité qu’elle lui porte. « Fautive ? J’ai été là quand il en avait besoin, moi ! » Elle n’avait pas prévu de hausser le ton, tant pis. Son esprit est assailli de souvenirs de cette vie de couple bancale alors qu’elle a tenté par tous les moyens de lui tenir la tête hors de l’eau « Ça vous arrangerait bien hein ? Tout le monde sauf vous hein ? Vous qui avez tellement fait de votre mieux » Elle accentue sur le faire de votre mieux, la défense préférée de Nicolas. En tout cas, les Rollins ont ça en commun de remettre la faute sur les autres, que ce soit les parents, l'aîné ou bien encore le cadet. Chad a perdu le contrôle de ses émotions, ce que vient lui rappeler un employé de l’établissement. « Je vais vous demander de porter cette discussion passionnante ailleurs » une voix imposante masculine vient verser de l’eau froide sur le brasier avant qu’il ne se mette à faire des ravages. « Elle est terminée » dit-elle simplement, se souvenant tout à coup de la raison de sa présence ici.
Les mots de la brune étaient forts et n’hésitaient pas à taper le pilote en plein cœur. Il avait conscience que sa famille et lui n’étaient pas parfait, bien au contraire, lui-même se retrouvait bien souvent en première ligne pour les critiquer, mais en tant que fils modèle, il ne pouvait appuyer l’opinion des gens envers les siens, non, il devait défendre sa famille et ce même s’ils ont tort. C’est ce qu’il avait fait durant bien longtemps par rapport à son petit frère Marco, il le défendait à chaque fois, et ce, malgré le fait qu’il ne comprenait pas pourquoi il se donnait le plaisir de foutre sa vie en l’air. Jusqu’au jour, ou l’agacement prit le dessus. Nicolas était devenu comme les autres, critiquant son frère à tout champ, mais essayant tout de même de le sortir de la merde, bien qu’il hésitait également à laisser tomber cette idée une bonne fois pour toute afin de se concentrer sur sa propre vie.
Le lieu n’était pas le meilleur pour se prendre le chou et pourtant, c’est bien ce que faisaient Chadna et Nicolas dans le sas du centre qui accueillait le jeune Rollins. Si la conversation avait commencé avec de la tension, elle ne cessait de monter dans les décibels et n’allait pas tarder à alerter l’hôtesse présente à l’accueil. La brune pointait du doigt la stratégie utilisée pour faire revenir Marco à la raison, le faisant douter fortement sur ce qu’il pensait être bon pour son frère. Il gardait le silence, ne sachant pas comment rebondir suite aux paroles de la jeune femme, mais n’en pensait pas moins. Il y avait un côté de lui qui était d’accord avec elle et un autre qui avait envie de la contredire jusqu’au bout. Puis elle lui demanda la raison de sa présence ici, une question qui lui fit relever la tête sans attendre vers son interlocutrice. « Pour te donner bonne conscience ? Pour ne pas ternir ton image ? Pour pouvoir dormir sur tes deux oreilles en te disant que c’est bon, t’as donné trois minutes de ton temps t’as mérité ta place au paradis ? Tu veux une médaille peut-être ? » Elle poussait le bouchon un peu trop loin, mais n’empêchait pas au pilote de se poser la question. Non, il était persuadé du contraire, il était présent pour son frère pour l’aider avant tout, du moins, il essayait de s’en convaincre. Il n’eut le temps d’en placer une, qu’elle continuait à l’enfoncer sans qu’il puisse réellement rebondir, jusqu’à être interrompu par l’hôtesse, leur demander de poursuivre leur passionnante conversation ailleurs. Nicolas se sentait gêné et jeta un regard froid à Chadna avant de se concentrer sur la jeune femme venue les interrompre. « Je suis navré. » Ce furent les seuls mots qu’il put prononcer avant de sortir définitivement du centre, laissant Chadna derrière lui. La nervosité avait envahi son corps et il avait hâte de retrouver son appartement pour pouvoir penser à autre chose.
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