When all the tears are rolling down your face And it feels like yours was the only heart to break When you come back home and all the lights are out And you're getting used to no one else being around
Le quotidien d’un écrivain n’était pas bien palpitant et il était parfois difficile pour Greta de réellement s’organiser et de s’octroyer des journées entières de travail. Elle écrivait comme cela lui venait, se laissant guider par son inspiration. Son second roman était au point mort et cette fameuse inspiration ne semblait pas vouloir venir la trouver, c’était plutôt d’immenses pages blanches qui partageaient ses journées. Il fallait que la jeune femme trouve une solution, qu’elle se donne toutes les cartes pour rebooster sa carrière d’auteure, démarrée en Angleterre et qu’elle se devait de perpétuer à Brisbane. Sinon, son départ de Londres n’aurait servi à rien. Elle voulait se prouver des choses, notamment qu’elle pouvait réussir sous un pseudonyme et sans l’aide de la notoriété de ses parents. Qu’elle était capable d’attirer les lecteurs n’importe où, du moment qu’ils parlaient la langue anglaise. Les pensées se mêlaient dans son esprit et avant de devenir complètement folle, elle avait attrapé son téléphone. Je n’en peux plus de la page blanche, je peux venir me réfugier chez toi? Oui, viens. Le ton du message n’était pas habituel, Isaac était normalement toujours enjoué de voir Greta depuis qu’ils avaient réglé leur premier désaccord : leur nuit ensemble. Ils n’avaient pas pu tirer un trait sur leur belle amitié, finalement incapable de vivre sans l’autre, même si cela signifiait rougir quand l’autre se léchait les doigts après avoir dîné, notamment. Des détails qui les ramenaient toujours à la même chose. Attrapant son trench-coat et son iPad - au cas où elle se déciderait à écrire une fois avec Isaac - Greta s’était hâtée chez son ami, heureuse de le voir, heureuse de déconnecter de son récit fictif. Reconnecter avec la vraie vie. « T’as mauvaise mine, tout va bien ? » Dès qu’il avait ouvert la porte, Greta avait pu sentir que quelque chose n’allait pas. Après des années passées ensemble, la blonde commençait à connaître le jeune homme par coeur. Ce sourire éclatant, si communicatif qu’il accordait à chacune des personne qu’il croisait dans Brisbane. Ces fossettes discrètes qui lui donnait un air malicieux et incroyablement sexy, même Greta avait été obligée de l’admettre alors qu’elle s’était abandonnée à lui. Puis ces yeux, des yeux dans lesquels on pouvait voir tellement de choses. Mais, alors qu’il avait ouvert la porte à son amie, les yeux d’Isaac ne brillaient pas de cette malice habituelle. Il était éteint, négligé. Ses cheveux étaient en bataille et il portait un bas de pyjama malgré l’heure avancée de la journée. Tout laissait à penser que c’était une dure journée pour lui. Alors qu’Isaac tenait de balayer d’un revers de la main les craintes de Greta, celle-ci avait répliqué. « C’est juste que je suis habituée à être celle qui me plaint, celle qui pète des plombs et qui est parfois en déprime, pas l’inverse… » S’avançant tout de même pour une étreinte, le sentiment de gène de cette fameuse nuit définitivement écarté, Greta avait froncé le nez. « Eh dis donc, t’aurais eu le temps de te doucher depuis que je t’ai envoyé le SMS ! Bon allez, dis moi, qu’est ce que t’as? » Tous les signes étaient réunis, Isaac ne pouvait pas mentir. Sans vouloir évoquer une nouvelle fois le drame de sa vie, Chloé, Greta tentait tout de même d’en apprendre plus sur l’état actuel de son ami.
Dernière édition par Greta Jones le Lun 13 Aoû 2018 - 8:37, édité 1 fois
Isaac Jensen
le coeur au bout des doigts
ÂGE : 34 ans (13.05.90) SURNOM : Isy STATUT : Penny est le soleil et l'amour de sa vie, l'évidence avec laquelle il écrit sa plus belle histoire et s'autorise à réaliser des rêves de bonheur (06.07.2021) MÉTIER : Infirmier au service des urgences, président de l'association Run for Judy, infirmier bénévole à la Croix Rouge et aux Flying Doctors, sapeur-pompier volontaire et surtout : papa comblé de Jude (13.09.2018), Maia (14.06.2022), Jack et Mila (01.08.2023) LOGEMENT : Penny et lui ont quitté Toowong en 2024 pour s'installer avec leurs enfants à Bayside et y créer leur cocon à l'image entière de leur amour POSTS : 28708 POINTS : 0
TW IN RP : dépression, anxiété, automutilation, idées suicidaires, tentative de suicide, mentions d'abandon d'enfant PETIT PLUS : Emménage à Brisbane en 2003 ∆ il exerce en qualité d'infirmier au st vincent's depuis 2006 puis est affecté aux urgences en 2013 ∆ une suite de blessures anéantit sa carrière de joueur de football australien en 2010 ∆ il attente à ses jours en mars 2018 et reprend le travail en septembre 2018 ∆ finaliste de ROA en 2020 ∆ il se soigne contre son anxio-dépression, après avoir longtemps refusé son diagnosticCODE COULEUR : Isy s'exprime en #9966ff ou slateblue RPs EN COURS :
Now things are only getting worse and you need someone to take the blame. When your lover's gone, there's no one to share the pain, you're sleeping with the TV on and you're lying in an empty bed. All the alcohol in the world could never help me to forget.
L'esprit encore embrumé par l'alcool, je me réveillais affalé dans le canapé du salon, la télévision dérisoirement allumée sur une chaîne qui ne captait plus aucun signal. Je m'étendais à scruter la neige apparaissant à l'écran, amorphe, inerte, tandis que les souvenirs de la veille surgissaient naturellement : Itziar qui confisquait ma carte bleue dans le but de m'éviter une ruine imminente, Elora qui me priait de « goûter » son café à la recette améliorée plutôt que d'ingurgiter un nouveau verre de rhum, les piliers de bar m'entourant mettant sans retenue en doute ma capacité à retrouver le chemin qui me mènerait ultimement à mon domicile. De toute évidence, ils m'avaient sous-estimé, à moins qu'un bon samaritain m'ait raccompagné jusque chez moi sans que je ne m'en souvienne.
Les minutes agonisent, les heures peut-être même sans que je ne daigne me mouvoir de ce canapé, transi par cette vie que j'estimais ratée, superfétatoire, disgracieuse. La valse infernale des idées drastiques soulèvent ma poitrine, motivent mon cœur à palpiter encore. Je navigue entre de futiles résolutions qui me déplaisent inlassablement, appellent à des efforts que je catalogue de vains en toute intransigeance. Je sursaute légèrement lorsque mon téléphone portable se met à vibrer et chute sur le plancher, glissant de la poche de mon jean de la veille - et de l'avant-veille et des jours encore avant ce dernier -. Mes doigts saisissent l'engin, les règles de bienséance s'avérant coriaces. Je lis les propos de Greta, sa problématique de pages blanches, sa demande d'asile. Sans penser, j'envoie un "Oui, viens" que je regrette derechef. Oui, viens, mais dans quel monde ? Je m'extirpe non sans difficultés de mon trône quotidien et entreprends de nettoyer les pièces à vivre. Vaisselle, balai. J'ôte finalement mes habits pour enfiler un vestige propre au fond de mon armoire - décimée depuis que me pencher sur ma lessive compose une corvée inenvisageable - : un bas de pyjama que m'avait offert Noa une décennie plus tôt, lors d'une ancienne vie. Un parfum de nostalgie m'étreint douloureusement, que la Jones chasse en toquant à la porte.
Je l'invite dans mon nid d'infortunes si criardes que mon amie proche déclare en guise de salut : « T’as mauvaise mine, tout va bien ? » « Ouais, » je mens précipitamment, si naturellement que j'en ai odieusement honte. Je m'apprête à préciser que j'ai une gueule de bois - cette dernière aura bon dos, elle justifiera tout, je venais de le décider - mais la britannique reprend la parole, évoque des jérémiades, des crises, des déprimes. Je fronce les sourcils, agacé et froissé, définitivement à fleur de peau. Je me retiens de ne pas lui rétorquer que je ne me suis pas plaint et que je n'ai pété aucun plomb jusqu'ici - du moins, pas en sa compagnie -, mais l'étreinte qu'elle m'offre altère cet irrationnel agacement. « Eh dis donc, t’aurais eu le temps de te doucher depuis que je t’ai envoyé le SMS ! Bon allez, dis moi, qu’est ce que t’as? » « C'est bon, » mon ton trahit violemment mes nerfs à vif, il me semble même lire la surprise étirer les traits de mon interlocutrice. En effet, elle ne m'a jamais vu perdre mon sang froid, malgré les circonstances sérieusement prenantes dans lesquels nous avions pu nous trouver. J'inspire profondément et reprends sous une intonation que je force dans la neutralité, regrettant mes précédentes paroles : « Fais comme chez toi, je reviens tout de suite. »
Je monte à l'étage, me résous à attraper des vêtements propres et passables que je balance sans ménagement sur le meuble de la salle de bain avant de ma glisser sous la douche. L'eau passe du glacial au tiède contre mon épiderme et je soupire longuement. Je me questionne sur le jeu que j'expose à Greta, je m'interroge sur mes motifs m'ambitionnant à m'évertuer à présenter bonne figure devant la jeune femme ; puisque vraiment, je me force. Je n'avais nullement envie de soigner quoi que ce soit de mon environnement ou de ma personne. Je n'ai envie strictement de rien et j'ai le sentiment de dilapider une quantité d'énergie de manière sérieusement inutile en prenant cette douche qui m'exténue prodigieusement. J'ai beau chercher, je ne perçois aucune bonne raison à effectuer ces actions, si bien que je finis par poser mon front contre le carrelage de la cabine de douche, à bout de souffle. J'abats mes paupières sur cette réalité puis ferme solidement mes yeux, espérant presque la rejeter si je m'aveuglais assez. J'halète, les J'en ai marre traquant les Ça m'énerve fuyant les J'en peux plus qui étouffent le Je veux que ça s'arrête. Dans un dernier élan de courage, j'inspire et fais mousser savon et shampoing. Je sors de la douche, enfile mon pantalon, passe mes bras dans ma chemise. Je perds patience avec les boutons, serre les poings pour ne pas tout envoyer valser dans la pièce et sors défiler cette nouvelle mode. Alors que je descends dans la cuisine, je réalise que je n'ai strictement aucune idée de la durée de ma douche. Manifestement, assez pour que Greta ouvre son Ipad mais pas suffisamment pour qu'elle quitte les lieux. « Mieux ? » J'interroge, comme pour lui afficher ma bonne volonté du moment en dépit de mon existence en vrac, mon esprit tiraillé, mon cœur brisé, mon humeur massacrante. Mon regard passe de la blonde à la page blanche de son écran et incapable de résister à la tentation, j'ouvre un des buffets de la cuisine. Vodka, Tequila, Rhum, Whiskey. La bouteille de vodka me rappelle beaucoup trop Chloe, il faut que je l'assassine. Je la prends avec moi jusque le salon, attrape deux verres qui finissaient d'égoutter au passage. « T'en veux ? » J'en remplis déjà un, qui sera le sien si elle accepte, le mien si elle préfère rester sobre ou jouer la fine bouche avec les boissons. Je m'installe dans le canapé à ses côtés, remarque mon téléphone portable égaré sur la table basse à quelques centimètres. Je me demande si Greta est du genre curieuse à vouloir y pêcher quelques informations. Je sais que Noa ne se privait pas, elle estimait que ce que je laissais traîner dans les pièces communes obtenait automatiquement la faculté d'être partagé. Ça ne m'avait jamais dérangé toutefois, je n'avais rien eu à lui cacher, comme je me ficherais bien que l'auteure farfouille dans mon mobile. « C'est quoi qui te bloque ? » Je demande, comme si Greta planchait sur une équation et non un récit inspirant. En réalité, j'oeuvre misérablement pour concentrer la conversation sur elle, dans un espoir d'éviter soigneusement l'allure catastrophique que j'affiche ainsi que les questions qu'elle m'a adressées dès notre rencontre.
Sa journée avait semblé interminable et c'était en venant chez Isaac qu'elle avait souhaité trouver un peu de réconfort. Leur amitié était ainsi, si quelque chose n'allait pas, il suffisait de rendre visite à l'autre et de lui infliger un film romantique ou un documentaire sordide - selon qui était au plus mal - pour tout arranger. Les problèmes d'Isaac et Greta avaient toujours nécessité un simple revers de la main pour être effacés. Ils avaient une vie confortable, un métier qu'ils aimaient et surtout des personnes à qui se raccrocher. Mais la détérioration du couple d'Isaac l'avait tiré vers le bas, dans un précipice infernal. Une descente dont Greta avait été témoin mais pourtant impuissante, incapable d’interférer dans quelque chose qui ne la concernait absolument pas. Il lui était impossible de juger le mode de vie de ses amis, leurs relations, l’amitié étant bien trop précieuse pour la gâcher en prenant de telles positions. Greta avait essayé de le raisonner, en vain, et avait dû se résoudre à laisser Isaac persuadé de pouvoir reconquérir une femme qui n’était probablement plus amoureuse. La seule solution qu'elle avait alors su proposer était une nuit d'oubli et cette vérité était encore difficile à accepter, leur amitié suffisait avant à régler chaque problème. Aujourd'hui, quelque chose n'allait pas. Nul besoin d'être une amie proche d'Isaac pour le savoir, malgré les tentatives d'Isaac pour que sa maison semble un minimum en ordre et propre, Greta savait. Il n'allait pas bien et s'efforcer évidemment de le cacher. Son ouais négligeant n'était pas plus convaincant que ses tentatives de sourires et Greta avait secoué la tête en continuant à le questionner, en le mettant face à l'évidence. Il continuait à nier et l'auteure se trouvait perturbée de le retrouver torse nu face à elle, des flashbacks de leur nuit encore récente défilant devant ses yeux. Détournant le regard, son ami avait visiblement lui aussi réalisé le malaise de la situation. « Ca marche, prends ton temps, j'suis bien ici ! » Greta se sentait en sécurité et à l'aise dans la demeure de l'infirmier, malgré les odeurs d'un ménage et d'une toilette négligés et d'une décoration modifiée pour ne plus être celle de l'ex amour de sa vie. Quelques jurons s'échappent alors qu'Isaac monte, sûrement pour une douche comme l’espérait Greta. Si sa venue semblait dérangeait pour la toute première fois depuis le début de leur amitié, elle aurait au moins obligé Isaac à accorder quelques instants à sa toilette. Etonnée par les moindres faits et gestes de l’infirmier, elle lui avait lancé un regard alors qu'il montait les escaliers et avait attrapé son iPad pour se repencher sur cette fameuse page blanche, raison de sa présence ici. Visiblement, sa venue serait davantage utile pour Isaac que pour elle. Son air arrogant et son ton presque agressif n’augurait rien de bon et Greta doutait de recueillir les informations qui lui étaient nécessaires pour retracer ce comportement, pour le comprendre. Alors qu’Isaac tentait de faire bonne figure et de cacher la moindre trace de détresse, Greta devenait de plus en plus soucieuse à chacune de ses paroles, de ses actes. Pourtant, elle aussi tentait de garder le cap, se tentant à l’humour, se persuadant que ce n’était qu’une mauvaise passe. Incapable de s’imaginer qu’une femme comme Chloé puisse causer tant de dégâts, inconsciente du réel enfer que vivait Isaac, trop réservé et secret pour le lui exposer. C’est l’odeur de vodka explosant dans ses narines qui avait tiré Greta de ses pensées. « On a quelque chose à fêter ? Vu ta tête, ça semble pas être une bonne nouvelle, mais pour boire de la vodka à cette heure t’as peut-être quelque chose à me dire ? » Peut-être qu’en utilisant le ton léger qu’ils employaient si facilement d’habitude Isaac se livrerait, retrouverait le sourire. Mais il n’en était rien, entre insolence et mutisme, désinvolture et tristesse, Greta ne savait sur quel pied danser et c’était par tous les moyens que les deux jeunes gens tentaient de cacher leurs faiblesses. « Je sais pas ce qui me bloque, je suis bloquée, c'est tout. Mais toi tu vas être bloqué avec moi si tu te décides pas à soit me dire ce qui ne va pas, soit AU MOINS à me préparer un café. » Puis alors qu’elle sombrait dans des banalités, ignorant que ce coup de mou d’Isaac n’était pas temporaire, c’était l’alcool qu’il avait choisi pour cet après-midi. Un geste désespéré ne ressemblant aucunement à l’homme terre à terre qu’il était, un geste auquel Greta n’avait probablement pas accordé assez d’attention. « Désolée mais là je t’accompagne pas, en plus je conduis. » Ils ne prenaient normalement jamais de gants pour se taquiner ou s’ordonner des choses, leur amitié étant naturelle. Cette fois pourtant, la simple demande d’un café avait eu comme l’effet d’une bombe sur Isaac, son visage montrant de réels signes de fatigue. Oubliant cela et faisant une croix sur son café qui n’était guère utile dans le scénario, Greta avait songé à l’heure avancée de l’après-midi - qui ne justifiait pas encore un apéritif corsé - et avait continué. « Je peux rester ce soir sinon.... » Loin d’elle l’idée de s’imposer à son ami déjà bien occupé avec ses pensées, ou pire, de réitérer cette fameuse nuit, l’auteure n’avait aucune envie de partir en le sachant dans un tel état. Son regard était vide et Greta sentait Isaac lui glisser peu à peu entre les doigts et cette idée la terrorisait. Il fallait qu’elle reste, qu’elle soit là pour lui.
Isaac Jensen
le coeur au bout des doigts
ÂGE : 34 ans (13.05.90) SURNOM : Isy STATUT : Penny est le soleil et l'amour de sa vie, l'évidence avec laquelle il écrit sa plus belle histoire et s'autorise à réaliser des rêves de bonheur (06.07.2021) MÉTIER : Infirmier au service des urgences, président de l'association Run for Judy, infirmier bénévole à la Croix Rouge et aux Flying Doctors, sapeur-pompier volontaire et surtout : papa comblé de Jude (13.09.2018), Maia (14.06.2022), Jack et Mila (01.08.2023) LOGEMENT : Penny et lui ont quitté Toowong en 2024 pour s'installer avec leurs enfants à Bayside et y créer leur cocon à l'image entière de leur amour POSTS : 28708 POINTS : 0
TW IN RP : dépression, anxiété, automutilation, idées suicidaires, tentative de suicide, mentions d'abandon d'enfant PETIT PLUS : Emménage à Brisbane en 2003 ∆ il exerce en qualité d'infirmier au st vincent's depuis 2006 puis est affecté aux urgences en 2013 ∆ une suite de blessures anéantit sa carrière de joueur de football australien en 2010 ∆ il attente à ses jours en mars 2018 et reprend le travail en septembre 2018 ∆ finaliste de ROA en 2020 ∆ il se soigne contre son anxio-dépression, après avoir longtemps refusé son diagnosticCODE COULEUR : Isy s'exprime en #9966ff ou slateblue RPs EN COURS :
22.03.2018. Now things are only getting worse and you need someone to take the blame. When your lover's gone, there's no one to share the pain, you're sleeping with the TV on and you're lying in an empty bed. All the alcohol in the world could never help me to forget.
Inavouablement, je regrettais le message texte que j'avais envoyé, naturellement, instinctivement, à Greta. J'appréciais beaucoup trop la jeune femme, elle détenait un impact bien trop immense sur le regard que j'adressais à mon existence, pour assumer le fait que je l'accueillais dans des conditions odieuses. Premièrement, mon lieu de vie n'avait jamais été aussi négligé, bien que je m'étais évertué à lui redonner des couleurs passables les minutes précédant son arrivée. Ensuite, je ne composais en aucun cas une bonne compagnie, pire, je craignais écorcher notre relation par mes rejets de peines, colères, désarrois, désespoirs que j'étais désormais incapable de préserver entièrement au fond de mon être. Forcé par ma propre conscience, je m'exténuais à aller me doucher et revêtir des vêtements convenables, éreinté uniquement par cette action que j'estimais personnellement si dérisoire, si nocive même à la continuité de cette journée. Alors que je passais une main dans mes cheveux trempés en bataille, je réalisais à quel point ma gorge était serrée, mon cœur menaçait d'imploser, mes yeux rougis brillants tant qu'ils paraissaient constituer les seuls témoins de mes palpitations cardiaques.
J'inspirais profondément, implorant courage, et descendais retrouver ma proche amie. Risquant le plus faux sourire de l'histoire de ma vie, je quêtais son approbation quant à mon allure physique, à défaut de pouvoir modifier tous les autres éléments de mon histoire. Greta s'était installée avec son Ipad, face à un écran redoutablement blanc. L'espace d'un instant, je ne pus m'empêcher d'envier cet aspect immaculé. Et si ma vie n'était qu'une toile vierge ? Épurée de tout ce qui aujourd'hui cataloguait indéniablement chacune de mes journées d'infernale. Cette éventualité vint derechef me percer le cœur. J'avais tant bâti, je refusais être une page blanche réduisant mes sacrifices et agissements au néant ; je tenais précieusement à ces lames acérées m'assassinant, aussi insensé cela puisse paraître. L'idée de devoir repartir de zéro invitait le désastre larmoyant et je détournais le regard honteusement, plongeant désespérément vers une bouteille de vodka, tantôt réminiscence haïssable de mes chagrins, tantôt vocation pieuse à les noyer.
« On a quelque chose à fêter ? Vu ta tête, ça semble pas être une bonne nouvelle, mais pour boire de la vodka à cette heure t’as peut-être quelque chose à me dire ? » Je me stoppais, dos à mon interlocutrice. Ma main passa sur mon front, mon cœur martelait douloureusement ma poitrine. Je me sentais au bord de l'écroulement, mentalement, physiquement. Je levais les yeux vers le buffet et attrapais quelques verres, feignant mon moment d'égarement, et annonçais, d'une voix blanche : « Je bosse pas demain. » Comme si ne pas devoir me rendre à mon travail composait un succès à célébrer, moi qui adorais jadis mon métier, qui avais toujours jugé vivre de sa vocation après mes rêves déchus de joueur professionnel de football australien. Je rejetais d'un revers de la main ces aveux si criants de mon mal-être, questionnant la britannique sur la stagnation de son écriture. Elle m'indiquait ne pas savoir précisément ce qui la bloquait et me conseillait fortement de lui servir un café, rejetant mon invitation d'un verre d'alcool à une heure peu avancée de la journée. « Sage décision, Sam, » commentais-je face à sa conduite.
Je m'installais à côté d'elle, la bouteille coincée entre mes genoux, le verre plein sur la table, attraction d'un regard vide qui se perdit, ma conscience rayant complètement le souhait de caféine de la Jones, qui m'extirpait de mes songes en reprenant la parole : « Je peux rester ce soir sinon.... » Je hochais la tête en signe de dénégation, fuyant désormais son regard, ne jouant plus aux faux semblants, aux sourires forcés. « Je suis franchement pas de bonne compagnie. Je gâcherais ta soirée. Ça te servirait à rien. » Et mes doigts rampent jusqu'à mon verre, l'enlacent, le portent à ma bouche. « Il y a qui comme personnage dans ton roman ? » J'appuie mon dos contre le dossier boisé de la chaise. Mon regard est fixe, mon ton horriblement détaché. « T'as déjà fait un personnage qui a foutu sa vie en l'air ? » Parce que oui, j'étais un abominable ami qui n'avait jamais lu son best-seller. J'ignorais même de quel style était la plume de Greta. L'excuse que j'étais trop occupé à contribuer à sauver des vies m'avait innocenté jusque là toutefois, ou du moins, je m'en convainquais. « Un type qui a tout perdu, tout foiré et est trop vieux pour tout reconstruire ? » Mes pupilles s'orientent vers la blonde, l'observent sans la voir. « J'espère pas en fait. Ce serait nul, personne ne voudrait lire ça. Enfin, j'pense pas. J'voudrais pas en tout cas. » Et l'alcool incendie ma gorge, que je ne dilue même plus à une boisson fruitée ou pétillante. Je m'accoude à la table, appuie mon front quelques instants contre ma paume, mes doigts creusant dans mes boucles brunes. Je divague à nouveau et laisse tomber ma main sur le meuble, résigné.
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Dernière édition par Isaac Jensen le Ven 17 Aoû 2018 - 3:11, édité 3 fois
Isaac était revenu trouver son amie face à sa page blanche mais surtout paralysée par l’étonnement. Réalisant qu’elle n’avait pas répondu lorsqu’il avait demandé un avis sur son état physique après sa douche, Greta avait tenté de rassurer son ami. « T’es tout beau comme ça, en plus tu sens bon, j’apprécie, merci pour l’effort ! » Comme si son apparence physique était la clé du problème et que Greta venait de le régler en lui affirmant qu’il était beau. Non, c’était plus profond. La situation ressemblait de plus en plus à un film d’épouvante avec son lieu principal, une maison négligée, et son protagoniste, un homme meurtri au regard sombre, n’ayant plus rien à perdre. Il ne restait à Greta que le rôle de victime, pourtant, loin d’elle l’idée de craindre Isaac. Ce qu’elle craignait, ce qui lui faisait peur, c’était son attitude en totale opposition avec ce qu’il dégageait habituellement. L’auteure était restée sans voix face à la déchéance, Isaac banalisant le fait de boire de la vodka à cette heure comme si ce n’était pas quelque chose de choquant. Il semblait prendre plaisir à cet état végétatif qui se poursuivrait le lendemain mais elle tentait de se convaincre qu’il avait juste besoin d’un peu de repos. Greta tentait donc d’être joviale, elle souriait et blaguait, incapable de déceler ce qui allait suivre. Il était impensable qu’Isaac soit dans un tel état de détresse, elle était persuadée que tout allait s’arranger au fil de la discussion. Malheureusement, ce sentiment de déranger et d’être de trop lui brûlait le coeur, lui laissant un goût amer d’incompréhension. Durant quelques secondes, Greta en était venue à se demander si le problème venait d’elle, si il regrettait maintenant leur nuit ou si tout simplement elle avait fait quelque chose de mal. Il n’était pas heureux de la voir, mais elle ne pouvait pas partir, même pas suite à ses tentatives de blagues qui sonnaient plutôt comme des critiques, des moqueries. « Le problème n’est pas de savoir si tu seras de bonne compagnie, j’ai pas besoin d’aller bien moi, j’ai besoin d’être là pour toi. Je m’en fiche de ça, Isy. » Il forçait la discussion à se tourner vers elle, un indice encore indégnable de son mal-être. Il était insistant, Isaac la déstabilisait tant son comportement était inhabituel et sa seule réaction était de répondre. Répondre comme si tout allait bien, car elle ne savait plus quoi faire d’autre. « Isaac » Un long soupir avait suivi, Greta réunissant tout le courage qu’elle possédait pour ne pas flancher, pour dire ce qui était à dire, pour empêcher Isaac d’à nouveau lui mentir et la croire naïve au point d’estimer qu’il allait bien. « Tu te rends compte de ce que tu dis ? Tu penses que je vais te répondre, te parler de mon livre comme une idiote qui n’en a que faire des états d’âme d’un de ses meilleurs amis ? Je vois que quelque chose ne va pas, plus tu parles plus je sens que tu tombes, que tu sombres. Qu’est ce qu’il se passe, putain ? Je suis désolée d’être obligée de m’énerver, je pensais jamais avoir à m’énerver contre toi mais s’il te plaît, reprends toi, ne me dis pas des choses comme ça ! » Il ne parlait pas de ses personnages, il se fichait des personnages et de son roman comme du temps qu’il faisait. Son esprit était sombre, plus noir qu’il ne l’avait jamais été et elle ne le reconnaissait pas. Pourquoi évoquer le désir d’en finir si ce n’était parce qu’il y pensait ? L’idée lui glaçait le sang, la chair de poule parsemait ses bras et ses yeux s’embuaient. Greta se sentait impuissante voire aveugle, n’ayant absolument pas vu ce qui était en train de se tramer. « Si tu as accepté que je vienne c’est parce que tu avais besoin de compagnie, non ? T’es pas dans ton état normal. Puis arrête avec cette vodka, s’il te plait ! On peut aller se promener, prendre l’air si tu veux ? » L’auteure savait que ses tentatives étaient inutiles et n’avaient pour résultat que d’énerver Isaac qui semblait prêt à exploser à tout moment. Une crainte justifiée, il avait bu son premier verre avec une telle rapidité, elle n’avait même pas eu le temps de terminer sa phrase et ne s’était pas aventurée à lui enlever cette bouteille qu’il couvait comme un père poule. Il semblait nerveux et réellement réactif à chacun de ses mots, mais de manière négative. Ses poings se serraient et sa mâchoire était tendue, Greta et ses leçons de morale n’étaient visiblement pas les bienvenus. Ignorant ses paroles, tout ce qu’elle souhaitait était de le faire réagir, le faire sortir de cette torpeur inquiétante.
Isaac Jensen
le coeur au bout des doigts
ÂGE : 34 ans (13.05.90) SURNOM : Isy STATUT : Penny est le soleil et l'amour de sa vie, l'évidence avec laquelle il écrit sa plus belle histoire et s'autorise à réaliser des rêves de bonheur (06.07.2021) MÉTIER : Infirmier au service des urgences, président de l'association Run for Judy, infirmier bénévole à la Croix Rouge et aux Flying Doctors, sapeur-pompier volontaire et surtout : papa comblé de Jude (13.09.2018), Maia (14.06.2022), Jack et Mila (01.08.2023) LOGEMENT : Penny et lui ont quitté Toowong en 2024 pour s'installer avec leurs enfants à Bayside et y créer leur cocon à l'image entière de leur amour POSTS : 28708 POINTS : 0
TW IN RP : dépression, anxiété, automutilation, idées suicidaires, tentative de suicide, mentions d'abandon d'enfant PETIT PLUS : Emménage à Brisbane en 2003 ∆ il exerce en qualité d'infirmier au st vincent's depuis 2006 puis est affecté aux urgences en 2013 ∆ une suite de blessures anéantit sa carrière de joueur de football australien en 2010 ∆ il attente à ses jours en mars 2018 et reprend le travail en septembre 2018 ∆ finaliste de ROA en 2020 ∆ il se soigne contre son anxio-dépression, après avoir longtemps refusé son diagnosticCODE COULEUR : Isy s'exprime en #9966ff ou slateblue RPs EN COURS :
22.03.2018. Now things are only getting worse and you need someone to take the blame. When your lover's gone, there's no one to share the pain, you're sleeping with the TV on and you're lying in an empty bed. All the alcohol in the world could never help me to forget.
Greta approuve l'apparence que je lui offre, use de compliments ainsi que de remerciements. J'ignore si elle se moque de moi ou fais preuve de pitié à mon égard et me contente d'étirer mes lèvres en un rictus, signal que j'ai perçu ses propos mais ne détiens aucune énergie à y répondre, à entrer dans une démonstration de répliques amusantes ou le déploiement de propos faussement narcissiques. En réalité, une partie de mon être désire lui expliciter tout le fléau que je me suis affligé pour atteindre cette allure. Je ressens l'innommable besoin de discuter de toute l'énergie que j'ai la conviction d'avoir purement gaspillé précédemment ainsi d'à quel point il m'avait été difficile de ne pas résister à la tentation de m'effondrer sur le sol de ma douche. Me laisser vivre, survivre, sous le jet d'eau dont la température aurait évolué à mesure de l'épuisement de mon chauffe-eau. Jeter l'éponge, dans une prouesse littéraire qui lui plairait peut-être, à la mettre en oeuvre sous plusieurs sémantiques simultanément. Je cillais, me consolant qu'au moins, mon geste plaisait ultimement à l'écrivain.
Accompagné de verres et d'une bouteille de vodka, je m'installais aux côtés de Greta et sa fatale page blanche. Je justifiais ma consommation d'alcool à cette heure inadaptée de la journée par le fait que je ne travaillais pas le lendemain et lorsqu'elle me suggérait de rester, je lui peignais ma vérité. « Le problème n’est pas de savoir si tu seras de bonne compagnie, j’ai pas besoin d’aller bien moi, j’ai besoin d’être là pour toi. Je m’en fiche de ça, Isy. » Je déglutis, m'interroge sur l'image que je projette présentement à la britannique. Mes émotions, mes sentiments, mes ambitions morbides transpirent-ils au travers de mes traits, de mes pores ? Je me mords discrètement la lèvre inférieure, j'entends les propos de la Jones mais refuse de les écouter. Je rejette ce rôle de fardeau, de peine perdue. Puisque vraisemblablement, même si Greta décidait de rester tous les soirs de la semaine, elle ne pourrait pas réparer mon quotidien. L'auteure était incapable de solutionner mes problématiques, chasser mes démons, noyer mes peines, accepter à ma place ma réalité. Elle ne jouissait pas de la capacité de rectifier la trajectoire infernale dans laquelle j'étais désormais si ancré que ses paroles de soutien inspirant un bien-être me paraissaient catégoriquement inapplicables à mon présent comme à mon futur.
Plutôt, je reprenais sur son ouvrage. Je vacillais dans ma volonté de faire de mon interlocutrice le sujet principal de notre conversation, revenant inexorablement vers mon désarroi, bon gré mal gré, dissimulé par des sous-entendus affublant de leur transparence. Mon amie n'était pas dupe, dès qu'elle articulait mon prénom - et non mon surnom, comme d'ordinaire -, elle m'affichait mon fiasco. Sa tirade me heurtait de plein fouet, sa colère ricochant contre mon cœur inépuisable qui battait toujours plus fort contre ma poitrine, comme s'il voulait s'en évader quitte à se mourir contre ma cage thoracique, la fuite de toute cette misère utopique. « Qu’est ce qu’il se passe, putain ? » Si seulement elle savait à quel point son interrogation faisait écho à celle que je me posais, qui me revenait, chaque jour, récalcitrante, depuis des mois. « S’il te plaît, reprends-toi, ne me dis pas des choses comme ça ! » Mon regard s'anime, lui révèle l'espace d'une seconde l'étendue de mon désespoir, de ma souffrance. Je porte mes doigts à ma bouche, malmène distraitement leur extrémité sous mes dents. Je vogue entre cette conversation réelle avec ma proche amie et tous ces souvenirs, ces constats, ces rêves brisés et projets condamnés à l'inachevé qui morcellent mon âme, annihilent sans ménagement toutes envies de découvrir l'avenir. Je me demande si Greta assimile l'intégralité de ma situation. Je me questionne si l'un de ses personnages a déjà eu si mal dans sa vie, qu'il n'avait pas le sentiment qu'on lui brise le cœur, mais bien qu'on lui arrache l'âme. A-t-elle déjà fait naître entre ses lignes d'écriture un être de papier prisonnier de cet état lancinant de supplice continu ? L'un de ses protagonistes trouve-t-il du réconfort en contrôlant un stock de médicaments qui, combinés, deviendraient létaux, faute d'avoir, à ses yeux, la main sur tous les autres éléments régissant son existence, la putréfiant jusqu'à l'intolérable. « Si tu as accepté que je vienne c’est parce que tu avais besoin de compagnie, non ? T’es pas dans ton état normal. Puis arrête avec cette vodka, s’il te plait ! On peut aller se promener, prendre l’air si tu veux ? » La mâchoire qui se crispe, le poing qui se serre tant que mes ongles creusent des sillons dans ma paume. Je milite ardemment, péniblement, pour ne pas m'écrouler devant mon interlocutrice. Je lutte, retenant mes mots, mes maux. J'expire doucement par le nez, réalisant au bout d'un moment que je retenais ma respiration dans cette conquête de l'impassible, ou du moins, du passable, du gérable. Je repousse lentement la bouteille de vodka sur la table, scrutant sa silhouette comme l'on considère un ennemi à abattre. Finalement, mes tympans abasourdis par le tambour de mon cœur, je prononce : « J'ai pas envie de prendre l'air. Pour quoi faire, prendre l'air ? » Je joins mes mains devant moi, concentré sur un point inconnu au milieu de la cuisine, m'évertuant à maîtriser, ne serait-ce que pour la durée de son passage à mon domicile, ma prodigieuse déroute. « T'es là parce que tu voulais venir, » je lance, déclarant la vérité tout sauf légitime ici. « T'es là parce que t'es toi et je pourrais jamais dire non à ta compagnie. T'es là parce que t'es toi. » Ma voix s'agace de cette absence de force ambitionnant des explications plus claires malgré mon attachement pour Greta qui rend en conséquence abominable cette réduction à quelques mots abstraits. Parce que tu es bien plus qu'une simple amie, tu es ma confidente, tu es celle qui aura toujours une place dans mon existence, en dépit de ce que cette dernière vaut. Parce que t'es celle qui arrive à me faire faire le ménage et prendre une douche quand bouger de mon canapé m'était impossible. Greta avait raison. J'avais besoin d'elle. « J'ai pas envie d'aller me promener, » je répète avec force et agressivité, comme si je redoutais que la Jones m'y force, me chasse de mon propre domicile avec un "Va t'amuser dehors, Isy, je t'ai assez vu entre tes propres murs". « Forcément que j'suis pas normal, » je déforme, amer. « J'ai tout foiré, Greta. Dis-moi ce que j'ai fait de bien ? » Je ne lui en laisse pas la chance, toutefois. « Je me retrouve comme un parfait imbécile, à trente-deux ans, avec plus rien du tout. J'ai plus de fiancée, j'ai plus de projet, j'ai tout foiré. Je foire toujours tout. » Et c'est le cœur, déraisonnable, qui crie, qui hurle, qui vocifère. « J'ai été trop débile pour faire quelque chose de ma vie. » Je martèle le bois de la table en énumérant : « J'ai foiré le football australien. J'ai foiré mes coéquipiers pour qui je devais faire quelque chose. J'ai foiré Chloe. J'ai foiré le bé - » Je me fige, interdit. « Non. » J'inspire profondément, mes mains tremblent désormais, secousses qui se répercutent sur l’entièreté de mon corps. Je rameute mes bras contre mon torse, à la recherche d'un soutien et de stabilité - ou était-ce de protection face à toute cette vulnérabilité que j'étalais férocement à mon interlocutrice ? Quoi qu'il en soit, le jeu de maintenir les apparences était révolu. « J'ai tout foiré, j'ai plus rien, ma vie vaut rien. J'ai rien fait de bien. Je ferai jamais rien de bien. » Je baisse les yeux, pince mes lèvres tressaillantes. « J'essaye pourtant. J'essaye de faire bien. » La voix se brise, la fureur se meurt, le désespoir trône, ce sentiment d'injustice. « J'ai pas arrêté de donner, de me sacrifier, de travailler dur, de pardonner. J'ai essayé, mais c'est jamais assez, Greta. » Tristement, dans mon chagrin si cuisant qu'il en était aveuglant, j'étais incapable de considérer ce dont je disposais : des amis, des collègues, un métier qui me plaisait, une maison - certes vide -. Ces éléments, bien qu'appréciés et sollicitant reconnaissance de ma part, étaient complètement étouffés par les plaies béantes décrites par mes paroles.
On ne s’imagine jamais combien les amis peuvent être vulnérables tant ils représentent une source de force normalement inépuisable. Puis, un jour, ils montrent leurs faiblesses et il est plus aisé de comprendre qu’eux aussi souffrent, qu’ils ne sont pas là uniquement pour l’amusement et les sorties. Que leur vie à côté, celle qu’ils nous racontent, peut parfois les mener à une tristesse profonde dont on ne se rend compte qu’une fois qu’on y fait face, par erreur ou par hasard. En venant ici, Greta n’aurait jamais imaginé l’état dans lequel se trouvait Isaac, luttant contre sa propre personne. Elle savait bien sûr qu’il était abattu, que son coeur portait des charges bien trop lourdes pour lui et qu’il finirait par craquer. Mais elle s’attendait à des larmes, à quelques jours sombres et à des appels à l’aide. L’auteure n’avait pas imaginé plonger dans un des romans dramatiques qui trainaient sur sa bibliothèque extrêmement bien rangée. Elle pensait que la rupture et tous les maux qui l’accompagnaient avaient commencé à s’estomper, n’ayant plus eu de nouvelles d’Isaac à ce sujet. Pourtant, la douleur était décuplée, même Greta semblait la ressentir à travers lui tant elle semblait importante. Essayant de se ressaisir pour ne pas amener la conversation sur le ton de l’énervement, elle avait répondu à sa question initiale avec une première tentative pour le rassurer, le consoler, le sortir de son unique dessein. « Mes personnages, ceux du premier roman, c'est un écho à ma situation, à mon coeur brisé il y'a dix ans. j'étais persuadée de ne pas m'en remettre, je n'y arrivais plus alors j'ai couché sur papier ces maux et j'ai cherché à leur donner une fin plus glorieuse à eux. Ils n'existaient que dans mon imaginaire mais ça m'a fait un bien fou. Il faut t'échapper de tout ça, refuser de te laisser emporter par une souffrance absurde, elle ne doit pas te contrôler. » Greta parlait avec la sagesse qu’elle avait tenté d’accumuler au fil des années mais avec l’ignorance d’une femme n’ayant connu qu’une seule rupture. Il était ironique de l’entendre parler, de la voir émettre un détachement quant à la fin d’une relation alors qu’elle-même après dix années pensait toujours à celui qui avait piétiné son coeur. Pourtant, la situation avait au moins le mérite de la mettre devant une réalité qu’elle ne s’était jamais décidée à accepter, Charlie n’avait pas mal agi, il n’était tout simplement pas heureux dans leur relation. Il n’avait pas été respectueux, il était incomparable à une Chloé qui avait laissé Isaac au sol, incapable de se relever. Il était donc impossible pour elle d’émettre un quelconque jugement, consciente de ses propres erreurs. Son coeur semblait recevoir d’infimes aiguilles à chacun des mots prononcés par Isaac tant ses dires étaient faux, pourtant, elle était certaine que jamais il ne l’admettrait. Greta était tout de même obligée de révéler le fond de sa pensée, ne pouvant pas renoncer à cette bataille qui semblait pourtant déjà perdue d’avance. « Je suis personne pour juger ce que tu fais de bien ou mal, je suis ton amie, je peux pas te juger. Tout ce que je peux te dire c'est que le simple fait d'être entré dans ma vie c'est déjà du positif. Mais y'a pas que ça, tu m'as rendu heureuse alors que j'étais perdue en arrivant ici mais t'as également destiné ta vie à sauver des gens ou du moins à les aider à aller au delà de leur souffrance. T'en es capable pour les autres, pourquoi pas pour toi ? » Elle lui posait les questions qui faisaient mal, tentant de le faire réagir et de lui montrer qu'il s'enfonçait dans un tourbillon d'absurdités. Le but du jeu n’était pas d’être raisonnable et d’indiquer à Isaac que tout allait bien, qu’il devait être heureux. Il était évident que les problèmes dans sa vie étaient réels, elle ne pouvait le nier et faire comme si tout allait bien dans l’espoir de le voir sourire à nouveau. Il fallait trouver les mots justes, chose qu’elle peinait à effectuer. « Tu te sens réellement coupable ? Ta seule culpabilité c'est de l'avoir aimer à en crever et je refuse que tu prennes cette expression au pied de la lettre. Moi je t'aime, des tas de gens t'aiment. Tu peux pas voir tout en noir et affirmer que tu as tout perdu à cause d'une seule et unique personne, même si celle-ci représentait ton monde tout entier. Tu sais je te comprends, j'imagine que la douleur te consume, mais ne m'en veut pas d'essayer de te raisonner.» Désarmée, le corps paralysé par ce qu'il s'apprêtait à dire, Greta ne pouvait pas se laisser submerger par l'émotion qui la rongeait, il était obligatoire de continuer ce discours et de tenter par tous les moyens de raisonner Isaac. Celui-ci répétait ne pas vouloir sortir et sa douleur raisonnait dans cette phrase, Greta le voyait souffrir à l’idée même de mettre un pied dehors. Cette souffrance se répercutait sur l’auteure qui ne retenait plus ses larmes. Il estimait qu’elle était là parce qu’elle était légitime, pourtant, elle, se sentait comme une étrangère dans les lieux mais elle continuait pourtant dans sa lancée, essayant de trouver un retour à chacune des sombres pensées de son ami. « C'est la vie ça. Une vie merdique, remplie de fatalité. Tu foires pas, tu te retrouves juste face à ce que t'imposes la vie parce que t'es humain et que personne n'y échappe, sauf s'ils sont chanceux. C'est dur, c'est clair que c'est dur, c'est clair que tu traverses des choses bien plus difficiles que moi et que j'ai honte d'avoir ce discours mais je t'assure que t'y es pour rien dans tout ça. » L'auteure s'était levée pour attraper une verre d'eau et le tendre à son ami, persuadé que le bénéfice serait plus important que celui d'un verre de vodka. Peut-être qu'une alcoolémie avancée le ferait sombrer dans un sommeil profond, le rendant incapable de faire quoique ce soit de négatif. Peut-être que c'était la solution, mais elle ne serait que temporaire et causerait sur la longueur bien plus de dégâts. Ou peut-être que l'alcool décuplerait son courage, un courage le menant à l'irréparable et c'est ce qu'elle voulait éviter. « Bois ça, ça te fera du bien. » Après sa gorgée, Greta s’était avancée vers lui et l’avait forcé à enfouir son visage dans son cou, lui permettant de pleurer, d’hurler, de jurer, de faire tout ce qui était nécéssaire à l’évacuation de cette infâme douleur qui brûlait en lui. Comme s’il était un enfant, elle lui caressait les cheveux, les yeux fermés, profitant de ce moment, terrorisée à l’idée que ce soit le dernier mais taisant cette peur, incapable de la croire véritable. « Tu peux pas rester comme ça, qu’est ce que tu comptes faire ? » Sa voix avait éclaté dans un sanglot alors que son esprit n’acceptait plus cette idée. Ils savaient qu’ils se comprenaient, qu’ils étaient au courant de ses intentions mais ils ne pouvaient tout simplement pas les dire tout haut.
Isaac Jensen
le coeur au bout des doigts
ÂGE : 34 ans (13.05.90) SURNOM : Isy STATUT : Penny est le soleil et l'amour de sa vie, l'évidence avec laquelle il écrit sa plus belle histoire et s'autorise à réaliser des rêves de bonheur (06.07.2021) MÉTIER : Infirmier au service des urgences, président de l'association Run for Judy, infirmier bénévole à la Croix Rouge et aux Flying Doctors, sapeur-pompier volontaire et surtout : papa comblé de Jude (13.09.2018), Maia (14.06.2022), Jack et Mila (01.08.2023) LOGEMENT : Penny et lui ont quitté Toowong en 2024 pour s'installer avec leurs enfants à Bayside et y créer leur cocon à l'image entière de leur amour POSTS : 28708 POINTS : 0
TW IN RP : dépression, anxiété, automutilation, idées suicidaires, tentative de suicide, mentions d'abandon d'enfant PETIT PLUS : Emménage à Brisbane en 2003 ∆ il exerce en qualité d'infirmier au st vincent's depuis 2006 puis est affecté aux urgences en 2013 ∆ une suite de blessures anéantit sa carrière de joueur de football australien en 2010 ∆ il attente à ses jours en mars 2018 et reprend le travail en septembre 2018 ∆ finaliste de ROA en 2020 ∆ il se soigne contre son anxio-dépression, après avoir longtemps refusé son diagnosticCODE COULEUR : Isy s'exprime en #9966ff ou slateblue RPs EN COURS :
22.03.2018. Now things are only getting worse and you need someone to take the blame. When your lover's gone, there's no one to share the pain, you're sleeping with the TV on and you're lying in an empty bed. All the alcohol in the world could never help me to forget.
J'ai l'impression d'appartenir à une sombre comédie, de composer ce ridicule pion déambulant sur un théâtre que je ne contrôle même pas. Je subis, j'obéis, je suis pieusement le mouvement de la masse. Lorsque l'angoisse m'étrangle, suffocante, je me sens propulsé de cette enveloppe charnelle, épiant à distance cette sombre mascarade qui ne vaut absolument rien, mène à un désastreux néant.
Et je ne sens plus rien. La sensation d'être en chute libre est perpétuelle, englobe goulûment chaque partie de mon âme meurtrie, de mon cœur brisé, de mon esprit exténué. Si je tente de me rattacher à quelques éléments qui jadis me procuraient du bonheur, des personnes qui pouvaient irrémédiablement me rendre le sourire, des redondances qui assuraient une sérénité pour mon palpitant ; toutes ces couleurs se sont désormais envolées. Je vis d'obscurité et d'aveuglant, incapable de ressentir le moindre repos, toujours affublé par la lourdeur de ces sentiments toxiques, ces idées noires ravageuses, ces scolopendres poignardant de souvenirs mon présent.
Mes pupilles s'attache au visage de poupée de Greta comme si elle composait une bouée de sauvetage, seul repère dans cet assassin océan de troubles. Elle m'expose son premier roman et ses personnages, comment écrire et se réfugier dans son imaginaire lui fut salvateur. Je déglutis, retiens un rictus, baisse mon regard sur la table boisée à côté de laquelle nous sommes installés, où prône l'élixir à oubli que la Jones m'a dérobé. J'ai envie de lui formuler à quel point sa solution ne s'applique pas à mon être. Que je ne jouis plus d'aucun abri, aucun havre de paix. J'ai passé ce stade, j'ai grillé toutes mes munitions, tous mes secrets, tous mes espaces de calme. « Tu aimais ça, les écrire ? » Ma voix ornée de trémolos interroge. « Tu ressentais leurs sentiments ? » Ça te paraît idiot comme question et tu n'oses même pas croiser le regard de ton amie de peur d'y lire de l'incrédulité. Bien sûr, qu'elle devait s'apparenter à eux, excommunier ses démons en voyageant main dans la main avec ces êtres de papier. Bien sûr, puisqu'elle était là, soleil perçant ma nuit continuelle.
Les nerfs s'effritent, je m'énerve à l'idée de devoir sortir, rejette cette option en bloc, comme si j'étais terrifié à l'idée que d'une manière ou d'une autre, l'auteure parvienne à m'y forcer. J'enchaîne, clamant les pièces de ce puzzle que composent mon désarroi, ma dépression, ma voltige vers le fatal. L'échec revient, inlassable, inexorable. Cette valeur nulle qu'a mon souffle se répercute dans notre conversation et ce point de non retour. Cette panne sèche pour aller de l'avant, continuer à donner lorsqu'on ne fait plus que souffrir ou, encore pire, ne plus ressentir.
J'entends Greta tenter de remettre les pendules à l'heure, remémorer ces bienfaits que j'ai pu causer, ne serait-ce que dans son existence. L'amitié que j'ai pu apporter mais aussi cet altruisme dont je fais preuve en tant qu'ami ou infirmier. Mon regard se lève vers mon interlocutrice lorsqu'elle m'annonce m'aimer, tel un électrochoc. Les mots clefs s'ancrent dans ma mémoire, la honte s'invite lorsqu'elle tente de me raisonner, le vide me hante en l'écoutant compatir inlassablement. « Bois ça, ça te fera du bien. » Un verre d'eau apparaît devant moi, que je fixe de longues secondes, comme si j'avais perdu la faculté de mouvoir mes mains. Finalement, je consens à prendre une gorgée qui apaise cette trachée irritée par l'alcool, qui aspire à cet éveil de douceur. Je repose le verre puis la britannique m'attire vers elle dans une étreinte frisant le vital. « Tu peux pas rester comme ça, qu’est ce que tu comptes faire ? » Je déglutis difficilement, sentant déjà une des larmes de Greta s'affaler dans mon cou, percevant non sans difficulté le sanglot qui a happé sa voix, coupé ses mots. Je me concentre sur ses mains dans mes cheveux, ces gestes affectueux que l'on pose instinctivement pour ramener quelqu'un à la raison, au bonheur, à la vie. « Je sais pas, » Réponds-je faiblement, inavouablement, tantôt pour cacher la vérité, tantôt pour exposer cette voie qui te semble beaucoup trop méconnue ou douloureuse pour être empruntée. Ma tête ne cesse de hurler, déclamer que je suis le seul responsable de tout ce chagrin que j'afflige à Greta. J'aurais mieux fait de ne jamais entrer dans sa vie, en dépit de ce que j'ai pu lui offrir des mois, des années plus tôt. Aujourd'hui, le sentiment de faire payer à ma confidence le prix de son amitié en lui crachant des bribes de mon calvaire me tétanisait. Froidement, j'étais entièrement conscient que si je venais à disparaître, ça lui ferait mal mais elle s'en remettrait. Elle me remplacerait.
« T'en es capable pour les autres, pourquoi pas pour toi ? » Sa phrase résonne telle une sentence, le clocher annonçant les coups fatidiques vers une prise de décision indétrônable. « J'ai plus de volonté. » Je m'entends articuler, en dépit de ce désir de ne pas ajouter des couches à Greta qui souffre bien assez par ma faute. « J'ai plus la force. Ça s'arrête jamais. » Je ne vois pas d'intérêt, me retiens-je d'ajouter, face à cette voie, jugeant cela bien frustrant lorsque l'écrivaine m'avait teint à quel point je lui apportais, sous quel impact j'étais bénéfique à la vie d'Autrui. Je meurs d'envie de mentir à la Jones, lui annoncer que ça ira, que ce n'est qu'une délicate mais éphémère phase. J'envie cette puissance m'insufflant assez de contenance pour lui affirmer que je vais me reprendre, m'ériger de nouveau vers le futur. Plutôt, je susurre, anéanti : « Je suis désolé. » Puis, telle une prière : « Je suis peut-être juste fatigué. »
L’impuissance. Un sentiment nouveau auquel n’avait encore jamais été confrontée Greta, ne pouvant s’autoriser à prononcer les phrases usuelles. "Je suis passée par là", "Je te comprends", "Tu vas t’en sortir, je le sais". Des phrases toutes faites, parfois un peu simples, dénigrant souvent le mal-être de la personne au rang d’un simple symptôme à balayer d’un revers de la main. L’auteure savait qu’elle n’avait rien vécu qui puisse justifier d’être dans un état similaire à celui de son ami, elle avait eu, comme lui, le cœur brisé. Comme lui, la déchirure intérieure l’avait marqué au point de n’en être toujours pas remise et pourtant, Greta était incapable d’accorder l’intégralité de ce désastre à Chloé même si elle demeurait la première coupable. Impossible de se comparer à Isaac présentement, puisqu’elle savait également qu’un déclencheur n’était pas forcément nécessaire à cette descente aux enfers. Tout simplement parce qu’elle s’efforçait d’être altruiste malgré sa naissance avec une cuillère en argent dans la bouche, les autres comptaient. A ce moment, l’esprit de la jeune femme d’ordinaire toujours en activité, cherchant sans cesse l’inspiration dans chacun de ses instants s’était mis sur pause pour ne plus réfléchir qu’à une seule chose, tenter d’apaiser Isaac. Tout semblait vain et, durant un court laps de temps, Greta se sentait finalement plus proche de lui qu’elle ne l’avait jamais été, comprenant son constat d’échec et d’incapacité à continuer. Elle se sentait maladroite d’avoir parlé de sa passion pour l’écriture pour tenter de trouver une échappatoire à son ami, presque égoïste. « Honnêtement, je ne sais plus quoi dire. Je ne sais pas pourquoi je t’ai parlé de mes livres, c’est idiot. Mais oui, je m’identifiais tellement à eux que je ressentais leur peine. Comme je ressens la tienne aujourd’hui, sauf qu’à l’inverse de mes personnages, toi je ne peux pas te contrôler pour t’octroyer une fin heureuse… » Les larmes perlaient de ses yeux bleus alors qu’elle fixait Isaac en parlant, le forçant à s’imprégner de sa sincérité. La colère. « Mais putain Isaac, qu’est-ce qu’il faut que je te dise pour que tu cesses avec ce regard glaçant ? Et qu’est-ce que tu vas faire si tu ne veux pas sortir, si même boire un verre d’eau te révulse ? Hin ? Je suis pas aveugle, je le vois le chao ! » elle avait désigné l’ensemble de la pièce dans un geste excessif du bras puis s’était écroulée dans son siège, incapable de continuer la phrase qu’elle venait de terminer dans un sanglot. Ils se comprenaient si bien que même à quelques instants du drame, même s’ils taisaient la conclusion affreuse qui se profilait, leurs regards meurtris discutaient entre eux, conscient du contexte de l’échange. Greta s’obstinait à croire qu’il ne ferait rien une fois qu’elle serait partie mais le doute lui rongeait l’ensemble de ses organes vitaux et elle se sentait endolorie. Il était rare qu’elle ne sorte de ses gonds et son état n’était qu’un amat de sentiments contradictoires, ses mots montraient combien son esprit bataillait pour faire entendre raison à cette personne qui n’était plus elle-même. Sa colère s’était éteinte à l’instant où le corps d’Isaac s’était collé à elle pour une étreinte qui ressemblait tristement à un adieu et elle avait finalement choisi de ne plus parler et d’écouter les brèves interventions de l’infirmier qui montrait encore ses faiblesses et menaçait de la quitter. L’abandon. Un sourire empreint d’une immense hypocrisie s’était dessiné sur le visage de l’auteure, mimant un sentiment de soulagement qui jamais ne serait sien. Il était juste fatigué, c’était la fatigue, il avait besoin de repos. Ignorant le peut-être, se convaincant du c’est sûr. Telle une incantation, l’auteure se répétait ces mots, cherchant à apaiser les douleurs qui s’étaient réveillées en arrivant chez son meilleur ami et en sachant que le seul repos que souhaitait Isaac à ce moment était éternel. Ses yeux se fatiguaient, prêts à se fermer seul tant les larmes avaient coulé, tant elle avait crié, tant elle avait cherché une solution. « Ne sois pas désolé, pas avec moi, tu sais combien je t’aime, tu le sais ? » Elle le suppliait d’acquiescer, comme si intérieurement elle souhaitait n’avoir aucun regret dans le cas d’un geste irréparable. Tout le long de leur échange cette pensée n’avait pas quitté son esprit, mais que pouvait-elle faire si ce n’est espérer ? S’imposer chez lui, le forcer à sortir, elle avait tout essayé. « Je vais te laisser te reposer, on se reverra demain. Prends soin de toi. Je t’aime. » Elle l’avait serré très fort dans ses bras, et, sans réellement y accorder d’importance tant le combat semblait vain, avait déposé un rapide baiser sur les lèvres de l’infirmier. Comme un adieu. Ils ne se reverraient probablement pas le lendemain. Emportant ce dernier signe d’affection avec elle, Greta s’était écroulée quelques secondes après avoir quitté le domicile de son ami, incapable de retenir plus longtemps le flot de larmes qui la consumait. L’après n’avait été que plus difficile mais pour la seule et unique fois depuis le début de leur amitié, l’auteure s’était réjouie du manque de chance d’Isaac.