Douglas n'était pas en ville depuis des dizaines d'années comme certains, mais il y a des endroits où il se sentait comme chez lui. Par exemple, à l'église ou même, aussi bizarre que cela puisse paraître au cimetière. Mais il y avait aussi cet endroit où il passait quelques heures par semaine, ce bâtiment qui abritait une association pour femmes battues. Le jeune anglais a toujours été touché par la cause des autres, et il a un coeur tellement grand qu'il voudrait pouvoir venir en aide à tout ceux qui en ont besoin, même si naïvement il sait que c'est impossible, il continue de faire son possible pour que cela se fasse le plus possible.

Anderson n'avait pas énormément de temps pour lui-même, il passait beaucoup de temps à droite et à gauche, mais que très peu dans cette maison qu'il payait pour être en colocation avec un autre jeune de son âge. Mais ce n'était pas plus mal, même s'ils s'entendaient bien, ils n'avaient pas le même mode de vie, ce qui amenait bien souvent à des conflits entre eux, alors il était mieux en dehors de cette maison.

Après sa journée d'études, le jeune garçon avait décidé de se rendre à l'association. Celle-ci avait eu un impact tout particulier pour lui, parce que d'une part, son éducation fait qu'il a un respect sans faille envers les femmes, et d'autre part, il ne comprend pas comment un homme quelque qu'il soit, puisse oser lever la main sur une femme, un être qui doit être respecté plus que n'importe quoi au monde. Peut-être aussi qu'il se sentait concerné, parce que même si n'était pas une femme, il avait été frappé par son père pendant six ans. Six ans au cours desquels, il avait espéré chaque soir qu'il ne rentrerait pas ivre, qu'il ne prendrait pas cette ceinture, qu'il ne le verra pas caché sous son lit. Six ans à vivre avec la peur au ventre et à devoir mentir aux autres sur les hématomes présents sur son corps.

Arrivé sur place, il mit son casque de moto ainsi que les quelques affaires qu'il avait dans un casier puis il se dirigea vers les femmes déjà présentes. Il se sentait tellement coupable de leur malheur que ça lui retournait les tripes à chaque fois. Douglas est un jeune homme adorable mais qui prend les choses beaucoup trop à coeur malheureusement. Il s'occupa de la personne devant lui avec qui il discuta pendant un long moment pour essayer de lui faire comprendre qu'elle ne devait pas se sentir coupable. Après ça, il fit un tour pour s'assurer que les femmes hébergées ne manquent de rien, que ce soit pour elles ou leur enfant. Et c'est ainsi que se poursuivit la soirée. Sa soirée.

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{ Une oreille attentive }
crédit/ tumblr ✰ w/ Douglas

Aujourd’hui, c’était vraiment une longue journée pour la maman, elle avait dû faire un shooting pour une marque enfin une petite entreprise pour de la publicité. Elle avait couru un peu toute la journée, entre les papiers qu’elle devait faire, passer des moments avec sa fille, retourner travailler puis aller à la salle de sport. Carter avait fait en sorte d’être occupée le plus possible, elle avait laissé sa fille avec son grand-père quand elle n’avait pas passé du temps avec elle et sa cousine était avec eux. La jeune maman était contente de la voir ici, de voir qu’elle était présente dans cette ville surtout pour elle et sa filleule. Thais avait besoin de cette présence, elle avait besoin de la présence d’une autre femme que sa propre mère. Un léger grognement sorti de sa bouche en regardant l’heure, elle avait été beaucoup trop préoccupée par le reste au point qu’elle était au revoir dans l’association des femmes battues. Elle devait y aller ce soir, elle n’avait jamais été une femme battue – heureusement d’ailleurs, elle avait toujours eu de la chance malgré son gros caractère, les hommes avaient toujours été patients envers elle. Par contre, la jeune maman avait déjà été violée dans le passé. C’est à partir de ce jour-là, qu’elle avait pris la décision de pouvoir se défendre contre les hommes alors elle avait pris des cours de boxe et de self défense. Alors elle pensait que son expérience pouvait être utile à toutes ses femmes ou même qu’elle pouvait donner des cours de boxe parce que c’était toujours utile. Enfin c’était sa façon de voir les choses. Elle lançait son sac sur la banquette arrière avant de démarrer sa voiture pour aller en direction du centre-ville et rentrait dans la pièce quelques minutes plus tard. La jeune maman annonçait directement qu’elle allait donner un cours de boxe pour celles qui le voulaient, elle ne forçait personne car la violence pouvait être un vrai traumatisme pour certaines. Un petit groupe était en train de se former autour d’elle, elle se mit à donner quelques conseils tout en faisant des démonstrations. Son cours durait une vingtaine de minutes avant qu’il ne prenne fin, elle remerciait toutes les femmes qui étaient venus suivre ce cours tout en leur lançant un léger sourire. La brune rangeait ses affaires rapidement avant de coincer son sac sur son épaule, ce n’était pas la seule chose qu’elle allait faire dans cet endroit, c’était même le moins important. La maman voulait échanger avec ses femmes, elle voulait en apprendre davantage sur elles et savoir comment elle pourrait les aider. « Salut. » Carter lançait cette phrase au jeune homme qui était là dans le même but qu’elle-même, ils voulaient tous les deux aider ces femmes battues. « Tu vas bien ? »

Depuis tout petit, avec l'éducation qu'il avait reçu, avait fait en sorte que Douglas soit toujours au service des autres. Très souvent, il s'oublait lui-même pour pouvoir venir en aide aux personnes les plus démunies ou celles qui ont besoin d'aide tout simplement. Assez jeune, il avait commencé à être bénévole à la soupe populaire, dans des associations pour des jeunes enfants défavorisés. Il s'était toujours senti concerné par toutes ces causes, même si au fond, il n'avait pas eu réellement à se plaindre de son enfance. Elle n'avait pas été toute rose, mais ces personnes qu'il côtoyait avaient vécu bien pire que lui, et c'était son rôle de les aider, de les écouter et de les conseiller pour qu'elles reprennent doucement goût à la vie.

Depuis son arrivée à Brisbane, il avait d'abord commencé par suivre ses cours, puis, une fois qu'il avait réussi à obtenir son stage, il avait eu un peu plus de temps. C'est là qu'il avait trouvé cette association pour femmes battues. Cette cause lui tenait particulièrement à coeur, voilà pourquoi il en était devenu bénévole. Il n'avait pas de tâches précises, il était ce qu'on appelle polyvalent. Ça pouvait aller du simple accueil d'une femme, à des entretiens où elle se confie, et même veiller sur elle une fois qu'elle est installée, vérifier qu'elle ne manque de rien. Avec ses connaissances en droit, Douglas était aussi là pour les aiguiller si elles décidaient de porter plainte, il avait étudier les textes de lois, les recours possibles et il était à même de les conseiller si elles souhaitaient se rendre en justice.

Chaque personne dans cette association avait son petit plus à apporter, et c'est ça aussi qui permettait de conseiller ces femmes aussi bien que possible pour qu'elles reprennent goût à la vie et ne s'arrêtent pas à cette douloureuse épreuve.

Après avoir fait un petit tour ai niveau de l'hébergement des nouvelles femmes, il retourna au niveau de l'accueil, plus calme à cette heure-ci, mais il était éreinté, tant physiquement que moralement. C'est à peine s'il avait entendu la voix d'une jeune femme qu'il connaissait que de vue. Il l'avait déjà aperçu dans cette association, elle donnait des cours de boxe aux femmes qui désiraient apprendre à se défendre. À côté, lui ne se sentait pas si utile que ça.

" - Bonjour. Ça va, juste un peu ... fatigué, ça a été une grosse soirée. Et toi ? T'es cours se sont bien passés ?"

Finalement, les bénévoles qui sont ici ne se connaissent pas réellement. Par exemple, Douglas connaît la jeune femme, mais sans vraiment connaître son prénom ni même ce qu'elle fait en dehors de son temps ici.

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{ Une oreille attentive }
crédit/ tumblr ✰ w/ Douglas

La jeune maman avait passé la majeure partie de son temps à penser pour les autres, à agir pour les autres et apporter son aide. Carter ne savait pas faire autrement, c’était bien pour ça qu’elle s’occupait beaucoup de sa fille, qu’elle avait à ce point besoin de se présence près d’elle et tout ce que cela importe. Dans le passé, la jeune maman avait fait beaucoup de voyages humanitaires tout comme elle avait apporté son aide dans différentes associations. Elle n’avait pas de préférence puis pourquoi elle devait choisir hein ? La seule chose qu’elle aimait faire c’était aidée les autres, c’était donnée de son temps pour faire sourire ceux qui en avait besoin. Elle n’avait pas eu la vie facile, elle le savait parfaitement, dès son enfance tout avait mal commencé, mais ce n’était pas pour ça qu’elle devait se morfondre sur son propre sort. La jeune maman s’était toujours dis que son passé devait être une force pour son présence, que ce qu’elle avait subie ne devait pas arriver à une autre personne – elle était très idéaliste, un peu trop même, mais c’était son côté un peu naïf sur les bords qui voulait croire que le monde pouvait changer, que les humains pouvaient juste changer et devenir beaucoup moins cons qu’actuellement. C’était avec cet état d’esprit qu’elle venait dans cette association pour femme battue, elle donnait des cours pour que ces femmes puissent se défendre. La violence contre les femmes, elle détestait cette chose, elle avait juste envie de vomir en pensant et en imaginant un homme frapper une femme. C’était beaucoup trop simple pour eux, c’était trop facile de frapper une personne qui ne pouvait pas réellement se défendre. Carter avait vécu ce sentiment, elle savait ce que cela faisait d’être incapable de se défendre et de devoir simplement se laisser faire, laisser les coups s’abattre sur soit tout en priant sans cesse que cela soit le dernier. Dès que son cours fut terminé, elle finit par retourner à l’accueil avec une bouteille d’eau, elle s’installa au côté d’un jeune homme qu’elle avait déjà vu de nombreuses fois dans l’association. Quand on venait dans ce genre d’endroit, on avait pour habitude de reconnaître les gens, de voir des têtes connus en quelque sorte et c’était le cas avec le jeune brun. La maman ne connaissait rien sur lui, mais ce n’était pas pour cela qu’elle n’entamait pas une conversation avec lui comme si de rien était. « Tu as aidé beaucoup de femmes, ce soir ? » Ce qui était assez logique, enfin c’était bien pour cela qu’il parlait de longues soirées, non ? « Je suis fatiguée aussi, c’est crevant d’avoir deux séances de sport dans la journée. La séance s’est très bien passée, je pense qu’elles ont été contentes d’apprendre à se défendre et elles attendent la suite avec impatience. » Elle sourit doucement, c’était ce qu’elle aimait le plus quand elle faisait ça, c’était de voir le sourire des autres et entendre que ce qu’elle faisait les aider à être plus fortes. « Au fait, je m’appelle Carter et toi ? »

Douglas avait toujours eu dans ses gènes de s'occuper des autres. Il avait toujours eu ça dans le sang, ce n'était pas de son père ça c'était certain, mais il avait toujours voulu venir en aide à ceux qui en avait besoin, il s'était toujours fait passé au second plan. Et aujourd'hui, même si sa mère l'avait abandonné, le laissant seul avec son alcoolique de mère, Douglas ne lui en voulait pas. Enfin, si forcément, une mère n'abandonne pas son enfant sans raison, mais ce qui lui avait fait le plus mal c'était le comportement de son père vis-à-vis de lui.

Donner de son temps pour des personnes dans le besoin, des gens sans maison, ça lui semblait normal au fond. Il faisait parti de ces jeunes qui n'hésitaient pas à mettre la main à la patte quand il le fallait, il était prêt à sacrifier son temps pour ces personnes. Aider les femmes victimes de violences conjugales lui semblait être une bonne cause, malgré son comportement très calme et posé, Doug était capable de devenir presque violent s'il assistait à une scène de ce genre, même s'il devait sortir les poings, si c'était pour prendre la défense d'une femme, il était prêt à tout. Aux yeux de l'anglais, une femme et un enfant sont la meilleure chose qui puisse lui arriver. Fonder sa propre famille c'était son but ultime, même s'il avait conscient que tout cela était un peu utopique dans le monde dans lequel il vivait.

Les femmes s'étaient succédées à l'accueil, Douglas les avait accueilli avec le sourire tout en essayant de les faire se sentir à l'aise. Il savait que ce n'était pas ce qu'il y avait de plus facile dans la démarche de venir dans une association de ce type. C'était le premier pas qui permettait d'aller vers le meilleur. Lui-même lorsqu'il avait subi les violences de son père, il avait mit six ans avant de dénoncer ces actes, mais lorsqu'il l'avait fait, il s'était senti libéré. Il voulait que ces femmes qui venaient ici se sentent dans le même état d'esprit, même si ce n'était pas gagné.

" - Oui, je me suis chargé de l'hébergement et pour certaines je les ai exposé les poursuites qu'elles pouvaient engagées au niveau judiciaire."

Chacun avait sa spécialité, elle c'était le sport au vu de ses dires et lui, c'était le droit. Douglas n'était pas un sportif de haut niveau, mais il lui arrivait de faire du sport quand il avait un petit moment pour lui.

" - C'est important qu'elles apprennent à se défendre, psychologiquement elles passent du statut de victime qui subit les coups à celui de victime qui peut riposter, et c'est important pour la suite du processus. Il faut qu'elles apprennent à reprendre confiance à elles, en leur corps, et ce n'est pas aisé au vu de leur situation respective."

Émotionnellement parlant, Doug était extrêmement investi dans cette cause qui lui tenait à coeur, et c'est aussi pour cette raison qu'il était épuisé. Tant physiquement que mentalement.

" - Enchanté. Je m'appelle Douglas, mais on m'appelle souvent Doug." conclut-il avec un sourire un peu gêné et timide à la fois. " - Tu es coach sportive en dehors ou quelque du même genre, tu as l'air sportive " fit-il en lui adressant un nouveau sourire.

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{ Une oreille attentive }
crédit/ tumblr ✰ w/ Douglas

La jeune brune avait toujours plus ou moins vécue dans la violence physique autant que psychologique. Enfin depuis qu’elle avait été kidnappée à l’âge de trois ans par des kidnappeurs d’enfants, elle avait été violée par eux et personne n’avait été capable de la croire. Carter avait été voir un psychologue pour se libérer, mais cela avait été pire que tout. C’était bien pour ça qu’elle s’était de nouveau refermée sur elle, au point que sa chambre n’avait jamais ressemblée à une chambre d’enfant. Ses murs étaient restés blanc, aucune photo, aucun dessin, aucun poster, rien du tout. C’était presque déprimant dans le fond. Puis durant son adolescence, elle avait été harcelée et agressée de nombreuses fois à cause de sa bisexualité. La brune avait assumé assez rapidement sa bisexualité, elle aimait les femmes et les hommes, pour elle ce n’était pas un souci, mais pour les autres, les gens dans cette ville cela avait été plus qu’horrible. Donc la jeune femme avait fini de nombreuses fois à l’hôpital à cause de ses agressions. Tout ça, c’était derrière elle, enfin depuis quelques années. Depuis son viol – oui, elle n’avait pas eu la vie facile, elle avait toujours subi la violence des autres et n’avait jamais été capable de se défendre. Mais après ce viol, elle avait décidé de prendre des cours pour pouvoir se défendre contre les hommes. Il était hors de question qu’elle se laisse faire une nouvelle fois, il était hors de question qu’un homme prenne le dessus sur elle – du moins physiquement parlant. Elle connaissait son caractère et se rappelait très bien les disputes qu’elle avait pu avoir avec Dimitri, durant ce genre de moment elle était loin de se laisser faire. Elle était une femme plus que têtue, elle avait du mal à se laisser à des excuses ou même assumer ses erreurs. Malgré tout, Carter finissait par le faire parce que sinon ils ne se parleraient plus depuis très longtemps. Faire le premier pas, ce n’était pas spécialement leur spécialité au deux. Bref, elle venait de donner un cours de boxe à des femmes qui en avaient besoin. Elle ne pouvait que comprendre le besoin qu’elles pouvaient avoir de savoir se défendre, ne pas être qu’une femme battue, elles étaient devenues des femmes battues, mais qui pouvait rendre les coups à présent. Carter se doutait bien que ses femmes n’allaient pas le faire aussi rapidement, qu’elles allaient avoir besoin de temps avant de le faire, mais au moins elles connaissaient quelques gestes. « Puis même qu’en simple victime savoir se défendre fait toujours du bien. Je veux dire… On peut toujours se dire qu’à la prochaine agression, on sera capable de se rendre contre l’agresseur et on pourra faire autre chose que de subir… » On sentait le vécu dans ses paroles, mais elle se mettait beaucoup de fois à la place des femmes à qui elle donnait des cours. La brune n’avait rien subi des années, mais on ne savait jamais quand on pouvait se faire agresser. Puis elle apprendrait aussi à sa fille à savoir se défendre. De nos jours, c’était primordiale à ses yeux. « C’est presque mission impossible pour reprendre confiance en son corps après tout ça… » Carter haussa simplement les épaules, elle n’avait jamais eu confiance en son corps, mais après son viol ça avait été encore plus compliqué par la suite. Malgré tout, elle avait eu un enfant. « Je suis photographe donc rien à avoir avec coach sportif. Je pratique juste la boxe depuis très longtemps et j’en fais un peu dans la semaine… » Elle faisait quand même attention à elle puis faire du sport faisait en sorte qu’elle se vide l’esprit. « Tu fais quelque chose en rapport avec le droit, non ? » Au vue de comment il aidait les femmes ici, elle avait pu le deviner puis elle aussi avait fait des études de droit et avait été avocate durant quelques semaines.

Douglas comprenait bien ce que ces femmes vivaient au quotidien, il l'avait vécu avec son père, et même s'il est très rare de voir des associations aidées les hommes qui se font battre par leur femme, il ne faut pas oublier que ça existe quand même. La différence, c'est qu'en étant un homme, la situation est beaucoup plus complexe à assumer. Il y a l'humiliation, la perte de sa masculinité. Ça avait beaucoup d'impacts, mais le plus important c'était celui psychologique.

Aujourd'hui, le jeune homme avait peur des conversations qui étaient un peu explosive, ou tout risquait de déraper en quelques secondes. Un éclat de voix et un geste colérique. Il n'en fallait pas plus. Et c'est d'ailleurs pour ça qu'il évitait au maximum de rester trop longtemps avec Archie. Ils ne cessaient de se disputer à propos de sa tendance maniaque à toujours tout ranger. Il avait élevé la voix plus d'une fois et Douglas avait même cru qu'il pourrait lever la main sur lui. Il vivait dans un climat de peur et c'était pesant de subir ça au quotidien.

Ce qui mettait le plus en colère le jeune Anderson, c'était de voir que chaque jour, chaque soir, le nombre de femmes augmentait. Il y en avait toujours plus qui arrivaient à l'association. Et bien qu'il était ravi de leur venir en aide, d'avoir un impact sur leur vie, il était avant tout désolé de voir que ce genre de pratique ne diminuait pas. Et encore, il était conscient que les femmes qui franchissaient le seuil de ces portes n'étaient qu'une infime partie de toutes les victimes de coups. Il aimerait pouvoir sensibiliser les personnes dans des écoles, dans des lieux où il était sûr d'avoir un impact important, mais les choses n'étaient pas aussi simples que ça.

Prenant une pause durant la soirée, il était tombé sur Carter. Ils s'étaient déjà croisé à de nombreuses reprises sans vraiment approfondir plus qu'un simple bonjour de la main. Il faut dire que tous les bénévoles présents ici ont beaucoup à faire et très peu de temps de pause entre leurs actions. Ce soir, ils l'avaient pris tous les deux afin de pouvoir discuter un peu plus d'eux. Apprendre à se connaître en soit.

L'anglais écouta les propos de la jeune femme, il ne fallait pas être intellectuel pour comprendre que ces paroles reflétaient ce qu'elle avait vécu. Quand ? Où ? Comment ? Il l'ignorait mais même le timbre de sa voix la trahissait. Il se sent soudainement pris d'un sentiment de culpabilité. Pourquoi n'avait-il rien vu auparavant ? Il n'avait jamais accordé assez d'attention à cette femme pour voir qu'elle avait subi de telles choses. Il se voulait évidemment, mais il ne pouvait pas lui poser les questions qui trônaient dans sa tête.

" - Je suis désolé.."

Douglas se sentait toujours de devoir venir en aide à toutes les personnes qui en avaient besoin. Visiblement Carter en faisait partie maintenant.

[Color=#669999]" - Je veux dire.. Si jamais un jour tu as besoin de parler, de te confier.. Je suis toujours dans le coin donc tu devrais me trouver facilement."]/color] fit-il en esquissant un fin sourire.

Voilà qui expliquait tout. Carter était une adepte de la boxe, d'où son corps taillé comme une sportive professionnelle. Et quoi de mieux que de faire profiter de ses talents, de ses connaissances à ces femmes qui n'ont rien et qui cherchent un refuge ? C'était la plus belle chose que Douglas fera probablement de toute sa vie.

" - Oui, enfin je suis étudiant en droit mais actuellement je suis en stage dans un cabinet d'avocats. Après ça, il me restera un an pour l'obtention de mon diplôme."

Douglas avait toujours été un élève studieux, persévérant et ambitieux, alors il n'y avait aucun doute qu'avec tout le mal qu'il se donnait qu'il obtiendra son diplôme.

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{ Une oreille attentive }
crédit/ tumblr ✰ w/ Douglas

Le nombre de fois où elle avait parlé de son passé pouvait se compter sur les doigts d’une seule main. Elle avait du mal à se faire, comme elle avait pu le dire à Dimitri un jour, elle avait l’impression qu’elle devait être la seule à savoir ce qu’elle ressentait et surtout ce qu’elle avait pu ressentir durant ce moment. Ce qui était totalement idiot, elle n’allait jamais s’en sortir comme ça, elle le savait, mais elle était comme ça. Carter n’aimait pas parler de ce qu’elle avait pu vivre – puis sérieusement elle avait autre chose à faire de sa vie, non ? Surtout elle n’avait pas des heures à perdre pour tout ça, elle voulait oublier son passé, oublier ses épreuves qui avaient d’elle ce qu’elle pouvait être actuellement. La brune passait son temps à aider les autres depuis qu’elle était en âge de le faire, c’était un peu sa manière à elle de pouvoir se sauver de ses épreuves, de les oublier et que personne ne se retrouve dans son cas. L’alcool et la drogue n’aidait jamais personne, cela faisait juste en sorte de retomber un peu plus. Enfin ce n’était pas le moment de se morfondre sur elle-même, elle n’en avait pas envie. La jeune femme avait envie d’aidé les jeunes femmes ici présente, être battue surtout par l’homme qu’on aimait ce n’était pas simple. Clairement ça doit être une situation plus que désagréable, la jeune brune passa sa langue sur ses lèvres jouant avec la bouteille qu’elle avait entre les mains. Elle faisait connaissance de Douglas, un jeune homme qu’elle avait pu voir de nombreuses fois ici sans jamais avoir eu le temps de lui parler, elle aimait bien faire la connaissance des personnes avec qui elle pouvait aider les autres. Ils avaient forcément des points communs, la passion d’aider les autres ce qui n’était pas rien à ses yeux. « Ne soit pas désolé, c’est pas de ta faute. » Elle continuait de jouer avec sa bouteille, elle savait que c’était gentil et sympa de sa part, sauf que ce n’était clairement pas son genre d’aller vers les autres pour avoir de l’aide. « C’est vraiment gentil de ta part… Mais je n'aurais jamais le courage de toutes ses femmes, déjà parce que j’ai l’impression que c’est beaucoup moins grave qu’elle et puis je serais jamais capable d’aller chercher de l’aide. Je suis beaucoup trop réservée pour ça. » Même si on ne dirait pas comme ça, c’était le cas. Avant qu’elle ne se mette en couple avec Dimitri, jamais elle ne lui avait parlé des abus sexuels qu’elle avait pu vivre durant son enfance. Elle avait juste décidé qu’il devait la connaître entièrement, qu’il devait connaître toutes les parties de sa vie surtout avec son statut. « Je vois… » Elle bougeait la tête de haut en bas. « T’aimes ce que tu fais ? J’ai fait des études de droit aussi, j’ai été diplômé et j’ai étais avocate pendant quelques mois. Mais j’ai tout plaquée, je le faisais simplement pour faire plaisir aux autres. » Elle venait de s’ouvrir plus que prévu, mais ce n’était pas un secret et ce n’était pas quelque chose de tellement important dans sa vie.

Douglas n'était pas vraiment le meilleur interlocuteur qu'il existait au vu de sa timidité apparente. Il avait toujours été ainsi et sans doute que les coups assénés par son père n'avaient rien fait de bon. Aujourd'hui, il tentait d'avancer avec ce fardeau sur les épaules, de se demander si à l'époque il avait fait le meilleur choix parmi ceux qui s'offraient à lui. Est-ce qu'envoyer son père en prison était justifié ? Justifié oui, mais ce n'est pas dans un tel endroit où il pourra se repentir et songer à tout le mal qu'il a pu faire. Cependant, Doug se sentait à l'abri et loin de celui qui lui avait fait endurer cet enfer, ce n'était pas plus mal.


Au lieu de ça, il se concentrait sur toutes ces femmes qui franchissaient le seuil de la porte pour demander de l'aide. Elle était bien plus courageuse qu'il ne l'avait lui-même été quand il n'était qu'un enfant. Il était naïf, il pensait qu'avec le temps tout irait en s'arrangeant, mais ça n'a fait qu'empirer avec les années. Il les conseillait, les aidait à comprendre qu'elle était les victimes et qu'elles ne devaient en aucun cas se sentir coupable de tout ce qui leur était arrivé. Le jeune étudiant prenait vraiment du plaisir à les aider, c'était tout ce qu'il savait correctement, peut-être pas autant que le droit, mais c'était dans ses gênes et il ne pourra jamais cesser d'aider ces personnes dans le besoin. Que ce soit ces femmes battues ou même les enfants rejetés par leurs parents parce qu'ils sont homosexuels. Tant qu'il pourra le faire, il le fera.

Carte prit la parole et soit Doug était assez perspicace pour comprendre qu'elle parlait de son vécu, soit c'est le fait d'être à l'écoute des autres en permanence qui lui a fait deviné qu'il s'agissait d'elle dans ses propos. Il s'excusa. Pourquoi ? Il n'y était pour rien, mais il se sentait quand même coupable de ce qu'elle avait pu vivre sans vraiment connaître la vérité. Et il n ne la lui demanderait pas, ça ne fera que remuer le couteau dans la plaie et il refuse qu'elle souffre par sa faute.

" - Tu sais, dans ces types de situation, on se dit toujours que ce n'est rien, que les autres ont toujours subi pire que ce qu'on a eu nous, mais c'est simplement ce qu'on tente de se dire parce qu'on a pas le courage de faire le premier pas. Ce que tu as subi n'est pas moins grave que ces femmes, c'est simplement différent. Toutes leur histoire sont différentes, même si au final, elles ont toutes cette même souffrance qui les habite. Tu es dans une association pour aider les autres parce que c'est dans ce que tu aimes faire, alors laisse ce qui aime faire ça aussi te venir en aide. Te renfermer ne servira à rien, et même si ça doit mettre du temps, tu dois en parler, pour ton bien, parce que tu ne dois pas porter un poids sur tes épaules qui ne t'es pas destiné.. Il n'avait pas le droit mais tu en dois pas te sentir coupable pour autant. Si ce n'est pas avec moi que tu veux en parler, c'est pas un problème, mais trouve quelqu'un à qui tu pourras parler, c'est important.."

Il le savait que trop bien. Il s'était enfermé avec ce lourd secret et aujourd'hui, ça lui pesait bien plus lourd qu'il ne l'aurai pensé. Il ne cesse de se sentir coupable et de se dire qu'à l'époque il aurait pu faire un autre choix qui aurait moins impacté son père.

" - Je ne sais pas si je voulais être avocat quand j'étais petit, mais j'ai toujours voulu aider les autres. Aider ceux qui ne peuvent pas se défendre par eux-mêmes. Ces femmes par exemple ou encore les enfants.. Donc oui, j'aime énormément ce que je fais, j'espère de donner ce que je peux pour que les personnes tournent la page sur une période qu'ils préféraient effacer de leur mémoire, alors je me dis que je peux leur permettre de faire ne serait-ce qu'un pas vers leur nouvelle vie, j'en suis ravi."

Heureusement pour lui, même si son enfance n'avait pas été toute rose, Douglas n'avait jamais été forcé par qui que ce soit concernant les études qu'il avait choisi. On l'avaient conseillé mais jamais forcé à être dans un domaine qui ne lui correspondait pas. Il avait toujours ça idiot les parents qui forcent leur progéniture à faire quelque chose parce qu'eux, n'ont pas été dans la capacité de le faire. Ils se projettent sur leur enfant et ce n'est pas du tout sain comme type de situation, autant pour les parents que pour les enfants.

" - Et maintenant ce que tu fais te plais ?" il connaissait déjà la réponse.

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{ Une oreille attentive }
crédit/ tumblr ✰ w/ Douglas

La jeune maman n’avait jamais eu envie qu’on puisse comprendre qu’elle ait pu subir quelque chose qui l’avait brisé. Elle n’était pas ici pour se plaindre, il y avait plus important qu’elle, avec les années rien n’avait changé, elle pensait toujours que ses épreuves n’étaient rien. Après tout comment pouvait-elle croire que c’était grave alors qu’elle passait la majeure partie de son temps à vivre pour les autres ? Sa vie ce n’était pas un conte de fée, elle le savait, mais elle était incapable de se centrer sur elle-même. C’est pour cela qu’elle ne parlait jamais des abus de son enfance, de son viol ou même de ses agressions. C’était son jardin secret, ce qu’elle était incapable de partager avec les autres. Dimitri était au courant, c’était sûrement le seul qui n’était pas de sa famille qui connaissait toute cette partie de sa vie, il ne l’avait pas appris comme ça, elle avait été capable de lui dire. Ce qui n’a jamais été le cas avec Roman, ils avaient dû se disputer pour qu’il sache pour son enfance alors qu’elle était enceinte de lui. La brune avait une confiance aveugle en le père de sa fille, elle pouvait lui avouer n’importe quoi sans avoir honte d’être jugée ou n’importe quoi d’autres, il a toujours été là pour elle. Les nouveaux mots de Douglas la touchait réellement, il avait raison en tout point, mais elle était têtue. Fawkes avait du mal à comprendre tout ça, du mal à comprendre comment le temps pourrait l’aider. Rien ne pourrait lui faire oublier ses mains, cette présence qu’elle ne voulait pas, cette violence. Elle avait simplement appris à vivre avec, c’était un peu comme une cicatrice qu’on déteste. On ne peut rien faire contre, mais on ne s’arrête pas de vivre pourtant, on continue, on avance. Elle avait plutôt bien réussi, elle était maman d’une petite fille qui avait une joie de vivre incroyable. Thais avait toujours le sourire, elle était juste un rayon de soleil du haut de ses un an et demi. « J’ai peur de revivre ce que j’ai vécue dans mon enfance… » Il avait de la chance c’était sûrement la première fois qu’elle avouait un truc pareil, elle avait parlé et on l’avait traitée en quelque sorte de menteuse alors maintenant elle avait du mal, du mal à parler de ses sentiments, de ce qu’elle avait pu ressentir durant ces moments. « Mes parents m’ont envoyés voir un psychiatre et… je lui ai parlé de ce que j’avais subis, de comment je le ressentais… Mais pour cette personne j’avais inventé une quelconque histoire pour faire l’intéressante… Je n’avais pas réellement subis tout ça, c’était juste un traumatisme à la perte de mes parents biologiques. » Carter n’avait jamais compris, pour elle ça n’avait jamais été un mensonge, elle avait très bien subis des abus sexuels. « Alors depuis dès que je vis quelque chose de compliqué, je me renferme sur moi-même. Je me concentre sur mes proches au point de mettre ma propre santé de côté. C’est les autres avant moi. » Elle colla ses jambes contre son buste pour poser son menton sur ses genoux, lors de son viol elle avait passé très peu de temps à l’hôpital parce qu’elle avait été capable de sauter dans le premier avion pour boston et rejoindre Dimitri qui était dans le coma. Elle n’avait jamais porté plainte, rien du tout, elle avait juste lâché l’affaire et aucun de ses proches n’avaient cherchés à savoir si elle avait fait les démarches ou non. Qu’importe, elle n’en voulait à personne à quoi bon de toute manière ? Elle finit par le questionner sur ses études, est-ce qu’il se plaisait dans ce qu’il faisait ? Carter avait déjà un bout de réponse, il aidait les personnes ici présentes envers les démarches juridiques donc c’est qu’il devait aimer ça. Ce qui était une bonne chose, elle n’avait rien contre le droit, elle avait adoré ses études avant de se rendre compte qu’elle ne se voyait pas vieillir en faisant ce métier. « ça se voit que tu aimes ce que tu es en train de faire, c’est vraiment une bonne chose. Je suis certaine que tu vas pouvoir aider tout un tas de personne qui seront dans le besoin. » Il était passionné par ses études et en plus de ça, il montrait un vrai intérêt à aider les autres. Tout le monde n’était pas comme ça. « Largement plus. J’étais déjà du genre à prendre des tonnes de photos avant de devenir photographe puis je suis libre de faire ce que je veux quand je veux. Ce qui est en parfaite cohérence avec le fait que je suis maman d’une petite fille. J’ai autant de temps que je veux pour ma fille sans mettre de côté mon métier. Si j’avais continué dans le cabinet où j’étais, je n’aurais jamais été aussi libre qu’actuellement. » La vie de famille, c’était quelque chose d’important à ses yeux depuis l’arrivée de Thaïs dans sa vie.

Même s'il ne savait pas exactement ce dont avait été victime Carter, il avait sa petite idée, mais jamais il ne le lui demanderait. Si elle désirait en parler,  elle le ferai de son propre chef, jamais il ne la forcera à avouer ce qu'elle avait pu vivre. Il savait à quel point ça pouvait être douloureux de revenir sur des souvenirs que l'on essayé d'enterrer au quotidien. Mais Douglas avait besoin de dire ces mots qu'il pensait peut-être avoir un certain pouvoir sur la jeune femme, bien qu'il ne la connaissait pas plus que ça. À vrai dire, avant ce soir, ils n'avaient jamais pris le temps de réellement échanger sur leur vie respective en dehors de l'association, alors il ne pouvait prétendre avoir une influence trop étendue sur Carter, mais il espérait que ses propos pourront tout de même la faire réagir.

Ce qu'il désirait, c'était toujours de faire le bien partout où il passait, très souvent à ses dépends d'ailleurs. Comme le lui avait dit Archie lors de leur dispute, il était gentil, bien trop gentil et les gens n'hésiteraient pas à l'écraser s'ils en avaient l'occasion, il en était conscient, mais il était incapable d'être juste "un connard". Ce n'était pas dans ses gênes et ce n'est pas ce à quoi il aspirait.

En tenant ce discours, il ne s'était pas attendu à ce que Carter lui livre autant de détails sur son passé, sur la douloureuse étape qu'elle tentait d'oublier, et lui bien sûr, il ne faisait que remuer le couteau dans la plaie pour rouvrir des cicatrices qu'elle tentait certainement de panser. Mais malgré le dicton qui dit que seul le temps peut agir, il est très bien placé pour savoir que le temps vous permet simplement de vous habituer à l'idée de vivre avec pour le restant de vos jours, mais jamais il n'effacera ces images, ces mots prononcés. Jamais. Même des décennies plus tard.

" - Je devrais probablement te faire la morale là-dessus mais je ne suis clairement pas mieux placé que toi puisque j'agis de la même manière. Moi aussi quand j'étais enfant, on ne m'a pas cru, et ce n'était pas les preuves qui manquaient.. J'ai longtemps hésité en me demandant si je prenais la bonne décision, et il ne passe pas un jour sans que je me demande si j'ai fais le bon choix. Je sais que c'est dur quand on met sa parole en doute, quand on te regarde comme si tout ce qui sort de ta bouche était des mensonges, mais personne ne pourra jamais te retirer ta douleur, ces images qui tournent en boucle dans ton esprit quand les choses deviennent un peu similaire à la situation vécue. Tu penses en être sorti, et tu te rends compte que finalement, ses souvenirs dirigent toujours ton présent, tes choix te sont dictés par ce que tu as vécu, alors ne te renferme pas, parle en à une personne te confiance, une dont tu sauras qu'elle ne te jugera pas, une qui sera capable de t'épauler. Tu ne dois pas être seule dans cette épreuve."

Généralement, le jeune anglais était plutôt doué pour conseiller les autres, mais il est toujours plus facile de le faire pour les autres que de les appliquer pour soi-même. Puisque les propos qu'il venait d'adresser à la jeune femme, il ne l'avait jamais fait pour lui-même.

" - J'espère sincèrement pouvoir les aider, que ce soit ces femmes ou toutes les autres personnes qui en auront besoin. Faire quelque chose qu'on aime c'est bien, mais pouvoir faire profiter ses connaissances pour des personnes dans le besoin c'est encore mieux."

C'est sans doute pour cette raison, en plus de son traumatisme de son enfance, qu'il s'était dirigé dans cette voie. Il avait toujours eu envie d'être utile aux autres, et quoi de mieux que d'être avocat et permettre à des personnes qui n'ont pas les pour.s d'avoir une défense comme tout le monde mériterait d'en avoir une, qui que ce soit.

" - Oh tu as une petite fille ? Elle s'appelle comment ?" demanda-t-il un peu nostalgique.

Douglas avait un but ultime dans son existence, celui de fonder une famille. Sa famille. Mais il n'avait jamais trouvé cette femme qui pourrait lui inspirer des projets sur le long terme, il faut dire qu'il ne cherchait pas non plus spécialement, et puis, il ne sortait pas assez pour rencontrer de nouvelles personnes. Mais il voyait les années défiler et pourtant, il avait l'impression que son existence n'avait pas vraiment de sens. Il faisait des études qu'il aimait, il était en voie d'obtenir son diplôme mais après ? Il n'avait ni compagne, ni maison. Finalement il n'avait pas grand chose lorsqu'on y pense. Force de cette constatation, il soupira en silence tout en haussant la tête vers le sol.

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{ Une oreille attentive }
crédit/ tumblr ✰ w/ Douglas

Carter ne savait pas qu’elle pouvait être autant un livre ouvert, qu’avec ce qu’elle pouvait dire ou même montrer, on pouvait deviner qu’elle avait vécue quelque chose d’horrible. Enfin, il n’y n’avait pas qu’un seul événement malheureusement, elle avait subi plusieurs choses dans sa vie qui avait fait qu’elle n’osait pas en parler, elle refusait d’en parler préférant tout garder pour elle. Mauvaise idée, elle le savait parce qu’elle se faisait du mal, garder tout pour soit ce n’était jamais bon. La jeune maman avait réellement un blocage pour parler, ce n’était pas seulement à cause de ce qu’elle avait vécue dans sa vie, mais pour tout. Quand elle avait un souci, quand elle détestait quelque chose, elle gardait juste tout pour elle. C’était tellement plus simple, mais ça causait aussi surtout beaucoup de disputes, de problèmes dans sa vie. La brune finit par parler, elle finit par avouer pourquoi elle était incapable de faire comme les femmes qui étaient présentes dans cette association, personne n’avait voulu la croire quand elle était enfant et elle avait l’impression que les choses se répéteraient. Elle pensait tout bêtement qu’elle devait être la seule qui devait être au courant la peine qu’elle ressentait, que personne ne pouvait comprendre et qu’on ferait comme dans son enfance, qu’on la prendrait pour une menteuse alors que les preuves étaient plus que voyantes. « Tu ne dois pas être la première personne à me demander de m’ouvrir. J’essaye vraiment de le faire, avec ma psychologue ou avec certains de mes proches. Mais je vais toujours dire le minimum, je vais faire rapidement changer de sujet ou faire quelque chose pour qu’on oublie ce que je suis en train de dire. » Elle lâcha un petit rire sachant qu’elle avait des multitudes d’exemples à donner pour prouver qu’elle se protégeait de cette manière. Carter avait embrassé Dimitri quand ils étaient en train de parler de la perte de son premier enfant, de son fils qu’elle avait perdue comme cela. Puis quand ils étaient en voyage, elle lui avait parlé de son enfance et encore une fois, elle avait changé de sujet en proposant qu’ils aillent se baigner. La brune ne savait pas parler de la douleur qu’elle ressentait face à tout ça, elle n’avait jamais parlé de son viol, de la douleur qu’elle avait ressentie et surtout du fait qu’elle avait tout mis de côté pour retrouver l’homme qu’elle aimait dans le coma. « C’est trop dur de faire rentrer quelqu’un dans ce cercle vicieux. » Honnêtement, la brune n’avait pas la force de faire quelque chose comme cela. Elle préférait garder tout ça pour elle, c’est vrai qu’elle n’était pas forte, qu’elle était faible et ça aussi elle l’avait montré de nombreuses fois. Mais elle ne pouvait juste pas faire rentrer quelqu’un dans tout ça. Dimitri était au courant, mais ce n’était pas pour autant qu’elle le considérait comme entrer dans ses histoires. Alors au lieu de trouver de l’air pour elle-même, elle donnait son temps pour les autres, ce qui était beaucoup plus simples. Carter avait toujours fait passer les autres avant elle-même, jamais elle ne changerait ce fait dans sa vie, elle avait besoin d’agir comme cela, pour son bien-être. « Je ne doute pas une seule seconde que tu pourras aider plusieurs personnes surtout si c’est ce que tu veux faire, il n’y aucune raison que tu n’y arrives pas. » La jeune maman lui lança un petit sourire se montrant totalement sincère, déjà sa présence dans cette association lui montrait parfaitement qu’il pourrait le faire, que dans le futur il aiderait encore plus de monde. Son sourire augmenta quand Douglas commençait à lui poser des questions sur sa fille, c’était la prunelle de ses yeux, la chose qu’elle avait de plus précieux dans sa vie et juste la prunelle de ses yeux. « Ouais, une petite fille d’un an et demi et elle s’appelle Thaïs. » L’amour de sa vie, la plus belle chose qu’elle avait été capable de faire dans ce monde. Elle était hyper fière de sa fille et avait besoin de ses moments avec elle, les débuts avaient été compliqué parce que se retrouvait seule avec un bébé, ce n’était pas facile, mais maintenant elle était plus qu’heureuse de l’avoir. Sans elle, elle ne serait sûrement plus dans ce monde, elle ne se voilait pas la face.

Douglas ne pouvait pas qualifier sa vie ni son enfance de rose, mais il s'estimait plutôt heureux. Même s'il avait manqué d'une présence féminine, puisqu'il n'avait aucun souvenir de sa mère avant qu'elle ne quitte le domicile familial, il ne pensait pas avoir eu une enfance trop compliquée. Alors oui, l'accident de son père, suivi de sa forte consommation d'alcool n'avait pas arrangé les choses. Et c'est même à cet instant que le quotidien était devenu un cauchemar pour Douglas. Mais comment pouvait-il blâmer Carter ? Il agissait de la même manière qu'elle, pourtant, elle semblait si fragile, qu'il avait cette envie, ce besoin irrépressible d'aider toutes les personnes dans le besoin. Allait-il comprendre un jour ou l'autre qu'il ne pouvait pas sauver toutes les âmes en peine ? Le jour où il l'aura compris, alors il aurait déjà fait un grand pas et sa naïveté aura sans doute disparue.

" - Crois-moi, je sais à quel point c'est compliqué, que parler de soi ne soit pas agréable et qu'on appréhende toujours, de peur d'être critiqué, de ne pas être pris au sérieux. Je le sais pertinemment, j'ai dû passer par là aussi mais.. Tu ne dois pas t'isoler, j'ai fais ça bien trop longtemps et aujourd'hui j'en paye le prix."

Douglas était pris entre deux feux, lui qui ne parlait jamais de ce qu'il avait pu vivre avec son père, il était prêt à le raconter à Carter si ça pouvait l'aider à ouvrir les yeux et à prendre conscience qu'elle devait se ressaisir, qu'elle devait se battre et tourner une bonne fois pour toute la page sur cet épisode passé, même si au fond, ça fait tout de même parti de son présent et de la femme qu'elle est devenue aujourd'hui.

" - En t'entendant parler, j'ai l'impression que tu te considères comme un fardeau pour tes proches. C'est faux. Quoique tu es subie, tu es une victime et même si ce statut est compliqué à accepter, il faut que tu réapprennes à vivre autrement.."

Tout comme lui essayait au quotidien. La peur le rattrapait chaque jour qui passait, cette peur que l'homme qui avait traumatisé son enfance réapparaisse ici, et lui dicte sa vie. Chaque jour il imaginait leurs retrouvailles, ce jour où il pourrait serrer son père dans ses bras, parce qu'il avait besoin de son père quoiqu'il dise, même si la haine qu'il avait envers lui était sans limite. Se retrouver face à lui l'apaiserait très certainement.

En plus d'être quelqu'un de nature timide, Douglas avait également peu confiance en lui. Il ne cessait de doutait de lui-même et ce, à chaque action qu'il faisait. Il menait un combat intérieur contre lui-même, et c'était épuisant à force, mais il ne savait pas agir autrement. Les violences subies dans son enfance lui avait retiré toute confiance en lui, et le fait qu'il soit constamment critiqué ne l'aidait pas à prendre confiance. Alors oui, même s'il rêvait de faire de ses études son métier : à savoir le droit. Il voulait aider les personnes qui n'avaient pas des moyens financiers élèves, permettre à tout le monde d'obtenir la même défense, c'est quelque chose qui lui tenait vraiment à coeur.

Le sujet revient sur la jeune femme en parlant de sa fille. Les yeux du jeune étudiant s'illuminaient automatiquement dès lors qu'on parlait d'enfant. Il rêvait d'en avoir, en dehors d'avoir une situation professionnelle stable, une compagne aimante, le fait d'avoir des enfants était un des objectifs qu'il souhaitait accomplir avant la fin. En aurait-il la possibilité ? Il perdait espoir à mesure que le temps défilait. Il avait parfois tendance à penser qu'il ne réussirait jamais sa vie comme toutes ces personnes qui ont accompli tous leurs objectifs.

" - J'aime beaucoup le prénom, c'est très original. J'adore les enfants, j'aimerai tellement pouvoir avoir la chance d'avoir les miens plutôt que de me contenter d'observer ceux des autres.." avoua-t-il avec un brin de nostalgie.

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crédit/ tumblr ✰ w/ Douglas

Après son enfance, elle refusait que sa fille vive la même chose. La brune faisait tout pour qu’elle ai un sourire constamment sur ses lèvres, qu’elle agisse simplement comme une enfance et qu’elle ne perde pas cette âme qu’elle n’avait jamais eu dans le fond. C’était bien pour cela qu’elle consacrait sa vie actuelle à sa fille, elle faisait tout pour elle et s’oubliait totalement dans cette histoire. Le pire dans tout ça, c’était son père biologique qui avait été capable de vivre sa disparition quand elle avait trois ans, il était capable de lui rappeler assez régulièrement ce détail, ce n’était pas comme si elle n’avait pas déjà peur. Enfin elle se retrouvait avec son passé qui revenait sans cesse dans sa figure, elle détestait ça, mais n’avait pas le choix. « Je le fais depuis tellement d’année… qu’il m’en faudra tout autant pour réussir à ne pas m’isoler, pour réussir à en parler comme si ce n’était qu’une étape dans ma vie. » Ce n’était pas qu’une question d’isolement pour elle, c’était aussi le fait qu’elle s’était toujours trouvée assez réservée. La jeune femme préférait passer son temps à aider les autres que se concentrer sur soi. Depuis toujours, elle agissait comme cela et pas seulement pour mettre ses propres soucis de côté, parce qu’elle avait l’impression d’être utile. Mais elle aimait ça, elle aimait aider les autres de cette manière, elle se rappelait de nombreuses fois ses voyages humanitaires, elle avait pu connaître de nouvelles cultures. Elle avait vécue avec ses personnes dans le besoin, elle avait vue de nouvelles choses. « Pas seulement pour mes proches, pour tout le monde. J’ai dû mal avec le statut de victime, j’ai dû mal à me dire que les personnes à qui je raconte mes histoires n’ont pas de pitié pour moi après. Je veux pas me placer en tant que victime et qu’on agisse différemment avec moi. » Sa langue glissa sur ses lèvres rapidement, elle avait juste du mal à se placer en tant que victime et elle refusait qu’on la considère comme telle. « Je préfère être cette fille souriante que la victime. » Pour elle, c’était beaucoup plus facile d’être une femme qui avait toujours le sourire. Quand elle se mettait à pleurer, quand elle était dans cet état-là, elle se détestait. Carter avait juste l’impression d’être pathétique, elle voulait juste être cette femme souriante qui fait rire les autres, la chiante de service qui parfois, même très souvent pouvait se montrer pire qu’une enfant. Donner l’image d’une femme forte, elle savait juste très bien le faire, elle le faisait depuis tellement d’année que prendre le rôle d’une victime, ce n’était pas possible. Un sujet plus léger commençait entre eux, un sujet qu’elle aimait et de loin. Ils ne parlaient plus de ses soucis, de ce qu’elle avait pu vivre durant son enfance, son adolescence et en grandissant. Ils parlaient maintenant de la plus belle chose qu’elle avait dans la vie, sa fille. La prunelle de ses yeux, sa meilleure réussite dans cette vie, la chose dont elle était la plus fière. Carter aimerait bien avoir un second enfant, de préférence un garçon, mais ce n’était pas facile. Il fallait bien une deuxième personne pour avoir un enfant, pour le moment elle était seule et n’était pas prête de refaire sa vie avec une quelconque personne. Elle n’avait plus envie de se retrouver dans ce cercle vicieux que pouvait être l’amour. « On voulait un prénom qu’on entend pas très souvent, du moins c’est ce que je voulais. » Elle rit doucement après tout, c’était un peu comme le sien, il était rare de voir une femme qui porte le prénom de Carter. « Crois-moi, il vaut mieux prendre son temps et quand tu trouveras la bonne personne, tu auras cet enfant. Il ne faut pas précipiter les choses.. » Pas que sa fille avait été précipité, elle parlait de sa première fausse couche, ce premier bébé avait été précipité et avait été avec le mauvais homme.

Douglas avait toujours eu cette sensation que s'il ne venait pas en aide aux autres, il n'était pas utile sur cette terre. Mettre son temps à disposition pour aider ceux qui en avaient réellement besoin, c'était un échappatoire pour lui. D'une part parce que lui permettait d'oublier pendant quelques temps qu'il faisait aussi parti de ces victimes qu'il tentait de consoler et d'aider au mieux, et d'autre part, parce que c'était dans ses gênes d'agir ainsi. Est-ce que c'était sa mère qui lui avait transmis ? En tout cas, pour ce qu'il a de souvenirs avec son père, ce n'est certainement pas lui.

" - Je sais que ça doit te paraître compliqué mais est-ce que tu veux bien faire un deal avec moi ?"

Ils ne se connaissaient pas et franchement, si on lui posait une telle question, même s'il était curieux, il serait probablement parti en courant. Maintenant, il espérait fortement que la jeune femme allait accepter, ce n'était pas aisé ce qu'il avait en tête, mais aider Carter allait très certainement pouvoir aussi l'aider à son tour. À accepter la personne qu'il est devenu, à accepter ce que son père lui a fait endurer, peut-être même à lui pardonner.

Douglas savait combien il était dur de se placer en temps que victime, lorsqu'il l'avait été, la police l'avait questionné, mais qui croire entre un adulte qui est père et un enfant à l'imagination débordante ? Tout avait commencé lorsqu'il avait dix ans, personne ne l'avait cru puis il y avait eu ces hématomes, et là, les autorités avaient commencé à le croire, tout comme ses enseignants. Alors oui, il savait que c'était encore plus douloureux quand les personnes qui sont censé vous aider se moque de vous en pensant que tout ceci n'est qu'un roman inventé, mais elles n'ont aucune idée de ce que vous avez dû endurer, c'est ça la différence entre elles et vous.

" - Tu sais je.. J'ai essayé aussi d'être ce garçon serviable, souriant, toujours à l'écoute, qui essaye de se fondre dans la masse. Mais la vérité c'est que ça ne marche qu'un temps. Au début tout fonctionne à merveille, tu te caches derrière ce mensonge que tu déguises, mais il arrive un temps où ce mensonge devient trop lourd à porter, où tu ne pourras plus mentir, et c'est ce jour là que tu auras encore plus mal en réalisant que ce que tu pensais derrière toi est en fait devant et t'empêche de vivre pleinement ton avenir."

Même si Douglas n'avait pas d'enfant, il se doutait bien que c'était la chose qui lui était la plus chère au monde, c'est pourquoi, il joua un coup bas en appuyant la corde sensible, pas pour blesser Carter mais juste pour qu'elle réalise que ses propos étaient justes.

" - Qu'est-ce que tu vas enseigner à ta fille ? À mentir ? À se protéger contre la vérité en se réfugiant derrière un mensonge ? Je ne veux pas m'immiscer dans l'éducation de ta fille, mais tu vas lui apprendre des choses et toi, tu feras tout le contraire.."

C'est un peu comme lorsque les parents apprennent aux enfants à ne pas mentir mais eux, n'hésitent pas à le faire pour le père-noël ou autres personnages fictifs. Alors oui, c'est pour la bonne cause, mais les parents enseignent des choses à leur enfant mais bien souvent, ils ne l'appliquent pas pour eux sous prétexte que ce sont de grandes personnes, comment l'enfant doit comprendre ça ?

" - Je trouve ça très joli en tout cas comme prénom." dit-il avec un fin sourire.

Puis, vient alors le moment où Carter lui dit qu'il suffit de trouver la bonne personne, et quand ce sera fait, alors il pourra avoir tout ce qu'il désire, dont cet enfant. Il ne peut s'empêcher de laisser échapper un rire nerveux.

" - Ce n'est pas si simple que ça.. Enfin en théorie si, mais je ne suis pas comme vous, j'ai eu une éducation un peu particulière et je ne vis pas forcément de la même manière que les personnes ici.. Cette bague signifie que je suis et resterai vierge jusqu'au mariage, et aujourd'hui, il y a encore peu de gens qui veulent se lancer dans une telle aventure.." fit-il avec un brin de déception dans la voix.