Je descends du bus avec grande difficulté. Je n'ai pas donné rendez-vous à Clément vraiment loin de la maison mais se balader avec ces béquilles est un défi digne de ce nom. Je serai presque entrain de suer comme un bout de beurre en plein soleil, c'est pour dire. Je fais mon maximum pour ne pas poser mon pied gauche par terre, pour donner le moins d'accout possible. Pourquoi ? Parce que je veux que cet arrêt ne dure que quinze jours - comme prévu - et pas un de plus. Mon médecin serait fier de moi de voir les efforts que je fais. Je pousse la porte du café détenu par Matt - et ça je le sais grâce à la soirée de la Saint Patrick - et je me dirige vers la première chaise libre que je trouve sur mon chemin. Je pose mes béquilles contre le mur et sors mon téléphone de ma poche arrière. Je n'ai pas envoyé de textos à Kane depuis quelques jours, je ne l'ai pas prévenu de mon état mais ce n'est pas bien grave. C'est bizarre d'être en couple. Encore plus avec un garçon. Si on m'avait dit ça il y a quelques semaines, je n'y aurais jamais cru. Mes yeux se détachent de mon cellulaire dès que j'entends la porte du café s'ouvrir. Ce n'est pas Clément alors je replonge dans mon feed instagram où j'y découvre des photos de mes amis, des clichés de mes copines de Sydney en vacances toutes ensemble. Ça me fait chaud au coeur de voir qu'elles sont toujours ensemble, qu'elles sont toujours aussi soudées mais ça me brise le coeur de voir que je ne fais plus partie de ce petit groupe. C'était mon choix de quitter Sydney pour Brisbane et je ne le regrette pas. Juste peut-être aujourd'hui. La porte s'ouvre une nouvelle fois et c'est mon ami qui apparait. " Hey ! J'suis là Clément ! " Que je souffle en levant le bras pour qu'il me repère de loin. Je lui adresse un sourire mais je peux voir sur son visage que ce n'est pas la grande forme. " Tu peux plus danser et moi non plus… On est vraiment maudit, partenaire ! " Parce que même si je dois changer de partenaire un jour ou l'autre, il sera toujours le number one, celui qui m'a fait faire de la compétition et avec qui j'ai gagné quelques prix. Je l'invite à s'asseoir et rapidement, le serveur vient prendre nos commandes. Un chocolat chaud bourré de mini marshmallows pour moi, histoire de se remonter le moral avec du sucre. Pas l'idée du siècle mais la seule que j'ai en ce moment. " Tu prends la même chose ? Rien de mieux pour se remonter le moral, conseil d'inf ! " Que je souffle. Petite mine tous les deux, on fait sacrément flipper, je vous le dis…

Troisième nuit d'insomnie. Et sans doute la journée la pire journée depuis ce début de l'année. Pourquoi aujourd'hui plus que les autres ? Il ne saurait le dire. Peut-être l'accumulation du manque de sommeil ? Sans aucun doute. Ajoutez cela à la prise de tête avec Charles au théâtre la veille, c'est un combo parfait pour douter d'absolument tout et pour le garder éveillé toute la nuit. Il aurait put aller voir Ambroise qui a veillé très tard aussi, mais il n'en avait pas la force finalement. Le lendemain, c'est Sybbie qui a sorti Moana alors que Clément, après un dixième café, s'est remit à l'apprentissage de son texte. Il a passé plusieurs heures enfermé dans sa chambre, n'en est sorti que pour aller chercher une bouteille puis aux toilettes.

Mais a 11h, Clément sature complètement. Il a autant envie de dormir que peur de fermer les yeux car il sait que les cauchemars sont d'autant plus fort lorsqu'il dort la journée. C'est, alors qu'il allait demander à Ambroise de sortir avec lui ce soir, qu'il entend la porte d'entrée s'ouvrir puis se fermer, signe que son meilleur ami vient de sortir. Sybbie étant à une manifestation habituelle, il se retrouve donc seul avec lui-même et ses pensées. Soupirant, se laissant tomber sur son lit, Clément ferme les yeux et pose ses mains sur son visage, avant de se tourner sur le côté et récupérer son portable. Il peut très bien envoyer un message à Ambroise pour savoir ce qu'il fait ce soir. Mais au final, c'est à Wendy qu'il pense. Elle lui a envoyé un message il y a quelques jours, demandant comment il va. Clément a été on ne peut plus sincère et au final sa partenaire lui a proposé d'aller manger une glace ou boire un coup.

Et c'est donc à la danseuse que le jeune homme décide d'envoyer un message pour lui propose de partager un chocolat chaud au Death Before Decaf. Il n'a pas à attendre longtemps avant d'avoir une réponse positive de la jeune femme. L'idée de passer quelques heures avec Wendy l'enchantant totalement, c'est, remotivé à bloc, que Clément se plonge à nouveau dans son livre. Si bien qu'il en oublie le temps. Se redressant en panique en voyant l'heure avancée, il sort de sa chambre et se dirige vers l'entrée où il enfile ses chaussures. Il est très vite rejoint par Moana qui, queue frétillante, pense sans doute qu'il l'emmène dans le parc.  « Oh non ma jolie … non on ne va pas sortir. Pas tout de suite en tout cas» dit-il, désolé, en lui flattant le cou. Comme si elle avait comprit, la chienne tente le regard de chien battu mais Clément se détourne déjà et sort de l'appartement.

Il met une bonne vingtaines de minutes avant d'atteindre le DBD et y entre rapidement, regardant si Wendy est déjà arrivé. Et c'est bel et bien sur elle et ses grands gestes que le regard de Clément se porte rapidement. Avec un léger sourire, il répond à son signe de la main et se dirige vers elle. La prenant dans ses bras en une étreinte plus qu'agréable, ses yeux se posent sur les béquilles qui se trouvent au sol, à ses côtés et, tirant la chaise, il fronce les sourcils, interrogeant la jeune femme du regard. Mais celle-ci n'aborde pas directement le sujet, indiquant simplement qu'elle non plus ne peut pas danser et qu'ils sont maudit. C'est un rire jaune qui franchit les lèvres du jeune comédien avant que Wendy ne commande un chocolat chaud avec des marshmallow, m'ordonnant presque d'en faire de même. Il hésite quelques instants puis fini par hocher la tête  « Ouais, mettez en un deuxième. Et une coupe de glace chocolat, caramel et noisette, s'il vous plaît» la serveuse leur sourit gentiment, disant qu'elle apporte ça tout de suite puis s'en va préparer leur commande.

 «Bon, deux choses » dit-il en se tournant vers jolie blonde  «1. Depuis quand ils tournent The Walking dead à Brisbane ? » demande-t-il avec sérieux. Et une toute autre personne que Wendy n'aurait sans doute pas comprit son ironie.  «Et surtout, depuis quand t'es figurante dans cette série de merde ? » c'est un léger sourire, presque amusé qui s'affiche sur son visage  « Et 2... qu'est-ce t'as foutu, toi ? Si tu me dis 'blessure à la danse' alors je pense que Victor et Jeanine nous ont réellement lancé un sort ...» Il a décidé de tenter l'humour pour éviter d'avoir une discussion trop poussée et trop sombre.

Il peut s'en passer des choses en quarante-huit heures, c'est moi qui vous le dit. En deux petites journées, mon quotidien a bien changé. Quand j'ai contacté Clément, tout allait bien. Enfin, d'un point de vue physique-personnel, tout allait bien. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Ma cheville dégonfle bien mais elle n'en reste pas moins douloureuse. Impossible pour moi de poser le pied par terre et je fais tout ce que les médecins me demandent pour que tout aille bien. Je veux retourner au travail et faire ce pour quoi je suis douée : aider les gens. Depuis ma chute à Kangaroo Point, mes journées consistent à discuter avec ma mère, regarder la télé avec ma mère et aller à mon rendez-vous avec mon psychologue. J'ai fini par craquer, par y aller pour avoir de l'aide, pour avoir un soutien et j'ai bien fait de le faire. Avec Kane à l'autre bout du globe, je ne veux pas l'inquiéter pour une si petite blessure. Même si ça veut dire que je passe mes journées à lui écrire des textos en lui cachant un plutôt gros élément de ma santé. Clément à mes côtés, deux éclopés ensemble, je souris quand il prend la même boisson que moi et même une méga coupe de glace qui donnerait presque envie ! Peut-être que je lui en piquerais un peu, s'il me l'autorise. Et si ce n'est pas le cas, je finirais surement par commander quelque chose aussi mais plus fruit pour équilibrer le chocolat chaud qui ne va pas tarder à arriver. Deux choses. Je l'écoute et ris légèrement. " Je voulais pas te laisser tout seul. Apprécie ma dévotion " Que je lui lance avec mon plus beau sourire avant d'entendre son numéro 2 et de secouer la tête de droite à gauche. Peut-être que j'aurais préféré me faire mal à la danse. Je pourrais m'en prendre qu'à moi alors que là, j'avoue sans honte aucune que j'en veux à la terre entière pour me coller au placard. Tout ce temps libre, c'est la mort parce que je peux penser à tout ce qui ne va pas dans ma vie. Il ne manquerait plus que mon père revienne et j'aurais touché le fond du trou. " J'étais en randonnée, j'ai trébuché sur un putain de caillou qui se trouvait sur mon chemin et.. voilà. Entorse. Je suis en arrêt quinze jours. J'espère que je ne serai pas renouvelée… Je tourne en rond à l'hôpital sans pouvoir aider personne, je me sens inutile. Je suis infirmière moi, pas patiente… " Et c'est vraiment quelque chose que j'ai du mal à assimiler. Il faut que je prenne soin de moi, que je renforce mes articulations et tout ce qui va avec. C'était une chute vraiment très conne quand j'y pense. Mais c'est souvent comme ça que ça arrive malheureusement. On dit toujours que c'est dans les actes les plus simples qu'il y a le plus de soucis. " Mais je pense qu'ils nous ont lancé un sort. Tu sais genre "la petite Carmichael ne pratique pas assez, on ne la voit plus, remettons lui les idées en place" " Que je souffle en riant légèrement avant de regarder partout autour de moi avant de me rapprocher de Clément, chuchotant presque " Ne les contrarions pas trop… " Et un léger rire glisse entre mes lèvres. Ça fait du bien d'être avec mon ami et de déconner un peu. Notre commande arrive rapidement et je plonge ma longue cuillère dans mon chocolat chaud pour chopper quelques mini-marshmallows et un peu de liquide chocolaté. Je mets le tout en bouche et souris bêtement, heureuse comme pas deux. " Un faux mouvement hein ? " Que je lui demande en glissant les yeux sur son genou. Pas que je ne le crois pas mais j'ai un peu de mal à penser que c'est ça qui le met au tapis si longtemps. Les ligaments croisés peut-être ? J'espère qu'il va s'ouvrir, même si ça fait toujours mal de parler de ce qui nous met à terre. Enfin, on a du sucre pour nous gaver, c'est bien ça, non ?

Revoir sa partenaire de danse mais surtout grande amie, lui fait beaucoup de bien à Clément. En abandonnant ses livres et ses cours, ils n'auraient jamais imaginer pouvoir se détendre et se mettre à l'humour. Et pourtant c'est ce qu'il fait dès lors qu'il s'installer en face de la jeune femme. Wendy répond du tac au tac sur le même ton, expliquant qu'elle ne voulait juste pas que Clément se sente trop seul. Celui-ci sourit en coin, amusé, mais dans le fond elle ne doit pas avoir tort : il a sans doute la même tête que son amie, à savoir celle d'un être humain duquel on se demande comment il peut encore être en vie et debout.  « Trop aimable» répond-t-il en haussant doucement les épaules  « Franchement j'apprécie le soutient » continue-t-il, alors que la serveuse arrive pour prendre leur commandes. Tous deux prennent le chocolat chaud supplément marshmallow, mais Clément y ajoute une coupe de glace. Cette dose de sucre ne lui fera sans doute pas de mal.

Mais, alors que la serveuse repart pour prépare leur boisson, il demande à Wendy ce qui s'est passé pour qu'elle soit obligé de se déplacer en béquille. Un accident des plus cons : elle a trébuché sur une pierre. Résultat : entorse et quinze jour d'arrêt. Pour elle qui est infirmière et qui soigne les blessé, se retrouver de l'autre côté du tableau ne lui plaît absolument pas.  « Putain ouais … merde» Je grimaçais-je par compassion avant de rigoler doucement lorsque la jeune femme lui donne raison : Jeanine et Victor leur à lancé un sort. Mais, il ne faudrait pas les contrarier ! Écarquillant les yeux, Clément regarde, paniqué, autour de lui, puis hoche la tête  «Oui ...oui, désolé » répond-t-il en un murmure en mettant sa main devant sa bouche avant de rigoler doucement

Après avoir récupérer leur commande, Clément entour sa tasse avec ses mains et laisse la chaleur bienfaisante lui réchauffer les mains avant de tirer la coupe de glace vers lui et plonger sa cuillère dans la crème glacée, alors que Wendy lui demande si c'est vraiment un faux mouvement qui l'a mit dans cet état. Soupirant doucement, le jeune comédien hoche la tête  «Yep ... » dit-il en hochant la tête  «A la réception d'un salto arrière j'ai dû enchaîner avec un demi tour. Mon genou n'a pas suivi le mouvement, mon pied s'est bloqué et là... t'imagines même pas la douleur » rien qu'en y repensant, je sens la douleur me vriller le genou.  « résultat : luxation de la rotule et entorse du ligament croisé antérieur» expliquais-je en haussant les épaules  «Bon ça fait déjà 2 mois que c'est arrivé, mais le kiné me dit qu'il faut bien plus de temps et … enfin bon de toute façon je n'ai pas le temps avec le théâtre et les cours. Du coup, comme dit par sms, je vais me prendre un an afin de me concentrer sur la comédie et ma professionnalisation et reprendre la danse quand ça se sera calmé de ce côté là» reprend-t-il en prenant un peu de chantilly sur la cuillère. Il observe un peu le tout et sens un certain dégoût lui nouer la gorge. Il se force tout de même de prendre encore quelques cuillerées avant de pousser la coupe vers Wendy  «Fais toi plaisir » lui indique-t-il, préférant se concentrer sur son chocolat chaud dont les marshmallow ont déjà fondus  « ça va ta mère, au fait ?» change-t-il de sujet, tout en se disant que ce sujet là n'est pas le meilleur qui soit pour continuer sur une note joyeuse.

Je regarde Clément et souris largement " J'espère bien que tu apprécies le soutien parce que ça fait un mal de chien ce truc ! " Que je souffle en baissant les yeux sur ma jambe et ma cheville toujours un peu enflée. Ça dégonfle, ça dégonfle mais ça prend excessivement de temps parce que je ne reste pas mon cul sur ma chaise plus de dix minutes à la maison. Netflix and chill, c'est clairement pas pour moi ! " Apprécies la détermination quand même. Tu trouveras jamais personne qui ferait ça pour toi ! " C'est ironique plus qu'autre chose mais c'est aussi un peu une façon de savoir s'il a quelqu'un dans sa vie, s'il a enfin ouvert sa bouche et dit ce qu'il ressentait à Ambroise. Je n'ai pas vu les deux meilleurs amis ensemble depuis la compétition l'année dernière alors peut-être que des tas de choses ont changé. Après tout, je suis en couple avec Kane maintenant, un homme. Moi qui m'était affichée lesbienne auprès de Clément. Enfin, il sait que ce baiser échangé n'avait aucune signification si ce n'est artistique. Et en parlant d'artistique, je pense vraiment que c'est un signe, cette blessure. Je ne sais pas si c'est le signe pour dire que je dois tout abandonner ou celui pour dire qu'il faut que je m'y remette mais il y a quelque chose. Avec toutes les randonnées que j'ai pu faire avec ma mère, ça ne m'est jamais arrivé. C'est comme si j'avais été balancée sous un bus pour le coup. Je vais m'en remettre mais ça me fait chier. Je n'ai pas l'habitude d'être celle à qui on demande si ça va, loin de là même. Mais il faut faire avec.

Enfin, maintenant que Clément était au courant de mon histoire, de la raison de ma blessure, j'avais envie d'en savoir plus sur la sienne. Il n'y avait aucune possibilité pour qu'un caillou lui fasse ça. Il est musclé, fort et s'entraîne si souvent que ses muscles sont sensés suivre chaque mouvement, résister à chaque geste. Mais visiblement pas trop. Je visualise la scène. Salto arrière enchaîné d'un demi tour. Et je visualise aussi l'accident et la douleur. Je serre la mâchoire et grimace à l'annonce du diagnostique. Il hausse les épaules comme si ce n'était rien. À sa place, je serais encore en position latérale de sécurité dans mon lit à pleurer sur mon sort. Mais s'il avait l'air à plat par texto, le discours qu'il tient semble un peu plus encourageant alors j'abandonne ma tête toute désolée et souris largement à ce plan et ces projets ! " T'es courageux ! C'est génial que tu prennes le temps, surtout avec ce genre de blessures. Pour en voir quelques unes aux urgences, y a que le temps qui aide vraiment, sinon c'est la douleur à vie dès qu'il fera trop froid ou autre. Bon, pas que ce soit un risque à Brisbane mais on ne sait pas de quoi demain sera fait " Que je souffle en mettant de nombreux marshmallows dans ma bouche. Je ressemble sûrement à un petit hamster écureuil à ce moment précis. Et quand il me propose de prendre un peu de glace, je n'hésite pas une seule seconde. Je suis comme ça, une vraie morfale. Mais le contact entre la fraîcheur de la glace et la chaleur des marshmallows… woaaaw ! Je manque de m'étouffer quand il me demande comment va ma mère. Je tousse quelque peu, avale mes marshmallows et fais signe au barman pour avoir de l'eau. Ma voix est cassée quand je le demande mais il revient rapidement. Une gorgée, deux gorgées et je retrouve mon calme, mon oesophage arrêtant de se contracter pour aucune raison. " Si tu l'écoutes, oui ça va. Si tu regardes son dossier médical, c'est une autre histoire… " Que je souffle doucement. " Son état décline de jour en jour et elle va essayer une dernière opération. J'ai réussi à la convaincre de se laisser une dernière chance mais je sais qu'elle a signé un ordre de non réanimation si quelque chose se passe mal… " J'ai le visage baissé sur ma coupe de chocolat chaud dans lequel je touille ma cuillère, comme si de cette façon, une solution miracle allait sortir du verre. " Je pense qu'elle en a assez de se battre et que rien ne marche. Ça fait un an qu'elle est à l'hôpital, elle en a assez et je peux le comprendre mais.. C'est ma mère " Et ma voix se brise lorsque je prononce ces mots. C'est ma mère, mon pilier, mon rock comme on le dit si souvent. Elle est tout pour moi et je ne suis pas prête à lui dire adieu… " Et toi ? Des changements dans ta vie privée ? " Que je demande en pensant à Ambroise. Et pour qu'il le comprenne, je souffle doucement " Tu devineras jamais avec qui je suis en couple ! Kane… Un mec ! T'y crois toi ! " Genre c'est le scoop de l'année ! S'ouvrir sur les plans wtf de ma vie allait peut-être le faire parler… Je veux tout savoir et on a du temps alors…

Si Clément avait été superstitieux, il aurait sans aucun doute pensé que Victor et Jeanine leur aient réellement lancé un sort. Mais finalement, en apprenant que sa partenaire et douce amie a simplement trébuché sur une pierre et c'est donc de cette manière qu'elle a réussi à se flinguer la cheville. Pas à cause de la danse, juste à cause d'une simple inattention. Et c'est d'autant plus frustrant en vrai. Le jeune comédien se montre compatissant et sourit doucement lorsqu'il comprend que Wendy prend le tout avec humour. Sur le même ton, il lui dit à quel point il apprécie la dévotion et le soutient de la jeune femme.  « Je ne peux que trop bien imaginer la douleur» dit-il en hochant doucement la tête.

Au final, la discussion s'oriente sur son propre cas et Wendy semble réellement compatissante. Mais au final, c'est un sourire sincère qui s'affiche sur son visage alors qu'elle dit de lui qu'il est très courageux et que c'est plus que génial qu'il prenne ce temps pour lui car on ne plaisante pas avec ce genre de blessures. Clément parvient même avec laisser échapper un petit rire lorsqu'il est question du fait que la douleur risque de s'aggraver avec le froid mais qu'ils ne craignent pas vraiment ce genre de température ici  «Oh détrompe toi ! » s'exclame Clément  « J'ai presque hésiter à sortir mon écharpe aujourd'hui, tu sais ? » sourit-il  «Non vraiment, le vent est froid et mordant aujourd'hui et j'ai pas très envie de risquer ma voix non plus » explique-t-il en haussant les épaules. Si déjà il peut plus danser, il vaudrait mieux pour lui qu'il puisse encore suivre ses cours de chants histoire de ne pas perdre totalement la main sur son rêve de broadway.

Le jeune danseur lui demande ensuite comment va sa mère et me rend très rapidement compte que ce n'était pas la question à posé. La réaction de Wendy ne laisse rien présager de bon et ses explications ne font que confirmer cela. Sa mère dira toujours que ça va, mais en vrai son état s'aggrave de plus en plus. Wendy a réussi à la convaincre de subir encore une opération mais la femme a signé un contrat de non réanimation. Le ton de Wendy est plein d'émotion et c'est compréhensible. «Je vois » dit-il doucement, compatissant  «Désolé ...je … enfin si je peux faire quoique ce soit pour toi, pour elle ...enfin pour vous, tu me le dis, ok ? » Clément n'a rencontré qu'une seule fois la mère de sa partenaire et il a vu en elle une femme formidable malgré le stade déjà avancé de sa maladie. Foutu cancer  « Tu … t'as déjà entendu parlé de l'association Beauregard ?» demande-t-il finalement, comme pour donner des solutions  «Elle a été créé justement pour ce genre de cas, épauler les familles qui connaissent les cas de cancer. J'en entends que du bien » il hausse les épaules et reprend une cuillerée de sa glace  «Le fiancé d'un ami de la Northlight fait parti de la famille fondatrice et est bénévole là-bas. D'après ce que mon collègue me raconte sur lui, je pense que tu peux vraiment leur faire confiance » Il pose son regard sur la jeune femme puis sourit doucement  «Je pense que dans tous les cas ça vaudrait le coup que tu ailles toquer à leur porte, ne serait-ce que pour parler un peu ou je ne sais quoi, tu vois ? » conclut-il alors qu'il attrape sa tasse en main pour prendre une gorgé du chocolat chaud.

Grand mal lui a prit ! La révélation de Wendy a l'effet d'une bombe, si bien que la gorgé ne passe pas et que Clément part dans une quinte de toux incroyable. Les larmes aux yeux, la respiration courte, il finit par reprendre le contrôle sur lui-même et prend une profonde inspiration  « Désolé ...» souffle-t-il  «Je ...pardon ? J'ai cru entendre que tu étais en couple avec un mec ?  » demande-t-il en l'interrogeant du regard  « T'es sérieuse ? Je veux dire … t'étais pas sensé aimer les femmes ? Enfin je ne juge pas hein, qu'on soit clair !» se reprend-t-il vivement en se redressant  « Tu ...c'est juste que ...ouah, ok...prévient la prochaine fois quand tu m'annonces ça hein» il rigole doucement et secoue doucement la tête, reprenant une plus petite gorgé de sa boisson, repoussant ainsi le moment où il devra répondre à la question que son amie vient de lui poser.

Une entorse ce n'est pas grand chose alors j'essaye de relativiser. Oui, ça fait mal. Oui, c'est plus que chiant. Mais on se remet très bien sur pieds et en un rien de temps. C'est sûr que j'ai besoin de ma cheville pour pouvoir travailler mais ça va aller vite. Et si ça tiraille, si ça me fait mal, je pourrais demander à un ortho de jeter un coup d'oeil. Tout le monde n'a pas cette chance. Certains sont bien plus touchés par leurs blessures et c'est le cas de Clément. Il est foutu, plus de danse pour un petit bout de temps et même s'il est polyvalent et peut donc se concentrer sur autre chose, ce ne doit pas être facile tous les jours. Quand on a ce genre de métier et de passion, c'est comme une routine, une bouffée d'oxygène. J'hausse les épaules en riant doucement. "  Come on Clément ! Le bonnet et les moufles aussi pendant que tu y es ! " Que je lance taquine. " Non, je comprends… Le vent était super fort tout à l'heure. Déjà que j'avance à deux à l'heure mais alors quand je me prends le vent de face, laisse tomber… Une vraie tortue ! " J'ai tellement hâte d'aller mieux et de me débarrasser de mes béquilles. C'est horrible mais je sais que c'est pour mon bien. Je ne peux pas faire la con parce que je risque de me faire encore plus mal et j'e n'aurais rien gagné, au final. C'est terrible ce qui nous arrive mais ça passera. Il y a des soucis qui ne passent pas si vite et nous sommes plutôt chanceux. Il met de côté la danse pour se remettre mais il y reviendra, c'est sur. Et j'ai hâte d'être à ce moment pour tout dire. On a toujours passé de bons moments en compétition et il n'y a pas de raison pour que ça change si on revient à faire un duo lui et moi. Il est quand même plutôt important pour moi. Je ne peux pas le nier, j'ai passé de très bons moments avec Clément, j'ai de bons souvenirs avec lui et j'ai hâte d'en créer de nouveaux, plus tard. Je rêvasse un peu et le retour sur la planète terre, en parlant de ma mère, fait mal au cul. Et au coeur. Surtout au coeur. Je lui adresse un sourire et serre doucement sa main. Un léger contact mais qui fait du bien. " C'est gentil " Et ça l'est vraiment. Ça fait beaucoup de bien de savoir que je ne suis pas seule et c'est tout ce dont j'ai besoin depuis quelques temps. Je l'écoute, buvant mon chocolat et … Woaw ! Clément, ce génie ! Bien sûr que je connais cette association mais je n'y ai pas pensé. Peut-être que je devrais m'y intéresser et voir ce qu'il peut en découler. J'ai besoin de soutien, j'ai besoin de parler et de voir s'ils peuvent m'aider en quoi que ce soit. Avoir des amis présents, c'est une bénédiction mais des fois, c'est de conversations plus factuelles dont j'ai besoin. " J'y aurais jamais pensé. Pourtant ils ont un super réseau à l'hôpital et tout… J'ai le nez dedans plusieurs fois par jour putain, quelle idiote " Que je lance en riant légèrement. " J'irais voir ça oui… Je ne suis pas sûre à cent pour cent de ce qu'ils font alors il faut que je me renseigne mais c'est une très bonne idée " Et je me note mentalement de les contacter dès demain si je rentre trop tard de l'hôpital ce soir. Parce qu'on ne va pas se voiler la face, je vais y faire un crochet pour voir ma mère et voir comment elle s'en sort. Et pour rendre cette conversation un peu moins morose, j'apprends à Clément que je suis en couple avec Kane. Un être humain du sexe masculin. Je me doute que ça va lui faire un choc mais je ne m'attendais pas à ce choc, je dois bien l'avouer. Je pose ma main sur son épaule, établissant un contact visuel avec lui et l'interroge, " Ça va ? " Il s'excuse et répète l'information que je viens de lui délivrer, m'arrachant un sourire quand il me demande si je ne suis pas sensée aimer les femmes. Oh, mais je les aime. Du plus profond de mon coeur, je les aime mais… Ouai. J'aime aussi Kane et j'ai très envie de tenter quelque chose avec lui, de ne faire plus qu'une avec lui. D'un terme relationnel parce que sur le plan sexuel, on en est pas là. J'ai le temps. Pas tant que ça, mais bon. " J'aime les femmes oui. Mais lui c'est… J'arrive pas trop à comprendre, je t'avouerais " Je joue avec ma paille et finis par boire une gorgée. " C'est super étrange mais je me sens trop bien avec lui, je n'arrive pas à me dire que tout ça est beaucoup trop étrange et tout… J'ai l'impression que je me suis enfermée dans une boîte toute ma vie et que là, j'ai enfin ouvert les yeux. Mais c'est la première fois que je ressens quoi que ce soit pour un mec, c'est vraiment bizarre " Que je souffle en passant une main dans mes cheveux. C'est bizarre et tellement déstabilisant. Je me demande si je ne suis pas dans un rêve de temps à autre. Je sais bien que non mais ça y ressemble fortement. " Je sais pas si ça t'es déjà arrivé. Genre c'est lui ou personne. En vingt sept ans, aucun mec m'a fait tourner la tête. Mais lui… " Olalaaaa, il m'a dans la poche et bien comme il faut !

désolée du retarrrrd... Je suis ENFIN de retour en France, je m'y remets pour de bon. 1000 fois sorryyyyy

J’aurais beau dire et prétendre le contraire, fait est que sortir et voir des amis comme Wendy me fait beaucoup de bien. Je sais déjà maintenant que lorsque je rentrerais, j’aurais l’esprit beaucoup plus léger et je pourrais retourner sans problèmes à mes révisions. L’assimilation de mon texte et mes cours seront beaucoup plus facile ce soir. Alors, en attendant, je discute et rigole avec ma partenaire de danse, remarquant que malgré les mois passés nous sommes toujours sur la même longueur d’onde, autant au niveau de nos discussions que notre humour et ça fait vraiment plaisir. Je rigole de bon cœur lorsque la jolie blonde surenchérit, disant que j’aurais dû sortir le bonnet et les moufles aussi avant de dire qu’avec ce vent qui souffle dehors elle n’avance vraiment pas rapidement. « je t’aurais bien proposé de te prendre sur mon dos pour le retour, mais pas sûr que je supporte ton poids» dis-je avec un coup d’œil appuyé sur le chocolat chaud marshmallow et la cuillère de glace qu’elle est entrain de prendre. Bien évidemment, elle sait que je ne suis pas sérieux. Si Wendy est lourde, alors je suis roi d’Angleterre. Et puis vu les chorégraphies qu’on a déjà fait, je sais que je suis capable de la porter. Mais peut-être pas au point de la ramener chez elle ? Enfin peu importe.

Lorsque la discussion se tourne vers la mère de la jeune femme et le fait que son état de santé décline, c’est tout naturellement que je propose à Wendy d’aller toquer à la porte de l’association Beauregard. Etonnée dans un premier temps, ma partenaire finie par se traité d’idiote, tant elle n’y a pas pensée. Souriant doucement, amusé, j’hoche la tête lorsqu’elle me remercie et hausse les épaules «C’est normal. En vrai ça fait quelques temps que j’y pense déjà, que tu devrais passer les voir. Mais je savais jamais comment emmener le sujet et comment te le dire, » me justifiais-je, quelque peu hésitant. Même si aucun sujet n’est tabou entre nous, il faut dire que celui d’état de santé de sa mère est assez délicat. Et comme je sais que je manque très souvent –pour ne pas dire tout le temps …- de tact, je décide de ne pas me risquer sur ce terrain.

Ainsi donc, lorsque Wendy décide changer de sujet, je suis bien content… avant de m’étouffer littéralement sur ses mots. Elle est en couple. Avec un autre homme. En vrai, je ne sais pas pourquoi je réagis aussi vivement, elle est bien libre d’aimer qui elle veut, non ? Certes, elle m’a dit aimer les femmes mais elle m’a aussi embrassé lors de notre concours. Aimait-elle déjà les hommes à ce moment là ? Notre baiser ne voulait-il réellement rien dire ? Il faut croire que oui, étant donné qu’elle commence à me faire l’éloge de cet homme et je pense deviner que cette histoire ne date pas d’hier. Ce qui me rassure quand même pas mal. C’est avec un sourire amusé, que je l’écoute parler comme une adolescente énamourée et rigole doucement à la fin de son récit «Eh ben dis donc … je ne sais pas qui est l’heureux élu, mais ça doit être un mec particulièrement parfait pour que tu parles de lui comme si c’était ton premier grand amour » dis-je, amusé et taquin avant d’hausser les épaules « perso ça m’est jamais arrivé» avouais-je « J’ai jamais été en couple et je n’ai que couché avec mon meilleur ami. Mais c’est tout.» et ça fait quand même bien mal, de me dire que tout ça n’est qu’éphémère et que jamais Ambroise ne verra autre chose que le côté charnel de la chose. « Enfin en tout cas je suis vraiment content pour toi» déclarais-je avec entrain, réaffichant un sourire sincère « Mais parle moi un peu de lui…c’est qui ? Il s’appelle comment ? Il est comment ? Tu le connais d’où ? Je veux tout savoir !» dis-je en m’accoudant sur la table et finissant mon chocolat chaud.

Spoiler:

Je le regarde avec de gros yeux et frappe doucement son épaule. " Vas-y dis que je suis un poids lourd pendant que tu y es ! " Que je lançais sur le même ton que lui. Je savais bien qu'il disait ça pour déconner et ma réponse était en adéquation avec sa pique d'humour. Après tout, il m'avait soulevé plus d'une fois pour des portée parfois périlleux et on y était arrivé comme des chefs. Sauf que là tout était différent. Il était blessé et moi aussi. Je n'étais peut-être pas un poids mort mais j'avais plus de kilos à porter qu'en temps normal. Qu'est-ce que j'ai hâte de retrouver l'usage de ma jambe ! Parce que là, c'est un vrai supplice quoi ! C'est pas possible pour moi. Je m'encroute à la maison et je commence à venir à bout du catalogue Netflix, c'est pour dire… Mais j'allais peut-être avoir une nouvelle occupation et ce, grâce à Clément. Il me mettait sur le chemin des Beauregard et peut-être que ça allait changer ma vie. Comme si elle ne changeait pas assez, me diriez-vous. C'était le grand bouleversement ces derniers temps mais tout cela avait du bon, j'en avais la certitude. Je le regardais en fronçant les sourcils, comme si j'étais en colère. " Tu peux tout me dire tu le sais bien Clément. Regarde, ça aurait pu m'être utile il y a quelques mois déjà " Que je ronchonnais faussement. Mieux vaut tard que jamais et je doute réellement que j'aurais accepté son aide, leur aide plus tôt. Il y a un temps pour tout et ça tombait à pic, comme on dit. " Je sais bien que c'est un sujet épineux mais faut pas prendre de pincettes avec moi. La preuve, tu m'as bien fait comprendre que les marshmallows et le chocolat chaud c'était pas l'idée du siècle pour mon corps de sirène " Que je lance en lui adressant un clin d'oeil. Aucune envie qu'il se vexe le petit coco. Mais j'avais besoin de gens qui n'avaient pas peur de me tenir tête, de me dire merde et me donner de vrais conseils en face de moi. J'avais besoin d'amis, de vrais amis. Et j'espérais que maintenant que je lui avais dis ça, je pouvais compter sur Clément et sur sa franchise. Il allait surement avoir de nombreuses choses à dire sur le prochain sujet. Parce que si mon coeur était brisé par tout ce qu'il se passait avec ma mère - les évènements s'enchaînant et se dégradants ces derniers temps - il y avait quelqu'un pour apaiser mes maux et le faire battre, ce coeur meurtri. Et il n'avait pas tord. Kane est comme mon premier grand amour et ça ne me fait même pas peur. Les frissons qui se dessinent sur mes avants-bras sont la chair de poule et rien d'autre. En tout cas, quand il m'avoue qu'il n'a que coucher avec son meilleur ami, ma bouche s'ouvre en grand ! Oh. Mon. Dieu ! Sérieusement ?! Ambroise et Clément ? Le premier savait-il que le second était fou amoureux ? Enfin, c'était ce que j'en avais déduis lors de notre précédent concours. Ambroise ne semblait pas indifférent au jeune Winchester mais j'avais peut-être mal traduit le comportement du meilleur ami de Clément. Et je n'avais pas le temps de demander quoi que ce soit que mon interlocuteur m'assaillait de questions. Mais j'allais y revenir, pas de soucis ! " Alors… Il s'appelle Kane et il est pompier… Oui, oui, rien que ça ! Il est pas très grand, blond, cheveux mi-longs. Je l'ai rencontré y a super longtemps en festival mais bon, j'étais jeune, j'suis partie aux US avec ma mère donc voilà. Et on s'est revu y a pas trop longtemps et… voilà. Y a toujours eu un truc mais je savais pas trop quoi. C'est bizarre. Je suis la première surprise je t'avouerais " Et il y avait de quoi. Kane était le tout premier garçon à me faire sentir comme ça. " Mais du coup, toi, Ambroise, c'est le même genre ? Je veux dire, genre il est particulier, c'est pas n'importe qui ? " Bah quoi. Je voyais des parallèles, il fallait bien que je revienne sur ce sujet de conversation, ne sachant pas du tout que les deux hommes qui faisaient battre nos coeurs étaient de la même famille. Quelle coïncidence !

Je rigole doucement lorsque Wendy, fronçant les sourcils, m'intime ironiquement de dire qu'elle est un poids lourd.  « Je n'irais pas jusque là quand même !» m'exclamais-je en prenant une cuillérée de ma glace  « Je dépasserais pas le point d'un Espace» souriais-je, malicieux, avec un clin d’œil. Elle n'est pas grosse Wendy, elle n'est même pas très lourde étant donné les nombreux levés plus ou moins périlleux qu'on a déjà réussi à maîtriser parfaitement. N'empêche que dans notre conditions physiques respectives je ne pense pas que ce soit possible. Mais ça va revenir, je n'en doute pas. En attendant, nous pouvons bien dévorer les quelques glaces et chocolats chauds avec des marshmallow, non ?

Dans tous les cas, bien que le ton employé par Wendy est calme et tranquille, j'ai réellement l'impression d'y percevoir un certain énervement. Ou plutôt une déception cachée, engendré par le fait que je n'ai pas forcément osé lui parler avant de cette association. Elle me rassure, certes, en me disant que nous pouvons tous nous dire, que je n'ai pas à prendre des pincette avec elle, mais le fait qu'elle me dise que ça lui aurait été très utile quelques mois plus tôt engendre un certain malaise en moi. Sans réelles raisons apparentes, j'ai l'impression qu'elle m'en veut un peu. Mais ça doit être ma paranoïa un peu trop élevée ces derniers temps quand il s'agit de mes amis.  «J'y penserais la prochaine fois » assurais-je en souriant doucement.

Fort heureusement, Wendy décide rapidement de changer de sujet, m'avouant être en couple avec un homme. Cette annonce est tellement surprenant à mes oreilles que je m'étouffe presque avec ma gorgé de chocolat chaud. Prit d'une quinte de toux, c'est après quelques long instants que je parviens à me calmer quelque peu, reprenant assez de contenance pour lui demander plus d'explication. Elle m'avoue que cet homme, c'est un certain Kane, pompier -j'arque un sourcil là, à cette déclaration- blond et qu'elle l'a rencontré lors d'un voyage aux USA avec sa mère.  « pas mal ...» déclarais-je, amusé  «Eh bien, il faut une première à tout, comme on dit, non ? » je souris doucement et hausse les épaules  «L'important, de toute manière, c'est que tu l'aimes et que lui t'aime et que vous êtes heureux ensemble » reprenais-je en haussant les épaules.

… Avant de grimacer lorsqu'elle remet Ambroise sur le tapis. Car évidemment, le fait que j'ai couché avec mon meilleur ami n'est pas tombé dans l'oreille d'une sourde ! Et je le paye maintenant avec cette question où, faisant un parallèle avec son Kane, elle me demande si mon meilleur ami n'est pas aussi quelqu'un de spécial.  «Pour être spécial, il l'est réellement. Dans tous les sens du terme » dis-je, souriant doucement  «Il a une façon de pensée et d'agir bien à lui. Il est marrant, un peu lourd parfois mais qui ne l'est pas, hein ? Non, lui il est ...je sais pas, pas toujours très compréhensif -et compréhensible ...- mais il sait toujours trouvé les bons mots et ... » je soupire et baisse le regard  « C'est un électron libre. Un esprit qui ne s'attache à personne émotionnellement parlant, il couche à gauche et à droite et dès que j'ose lui faire la remarque que ça me dérange un peu, il se braque et dit qu'il ne m'appartient pas, que je n'ai pas d'emprise sur lui ni rien...» je dévi le regard en soupirant doucement  «Enfin bref, non. Non jamais nous ne serons ensemble » assurais-je, presque à contre cœur. Fait est que je dois réellement me faire une raison et essayé de passer outre mes sentiments grandissants. Je ne sais même si c'est vraiment de l'amour ou quoique ce soit qui s'y apparente. Je sais juste que je tiens énormément à mon meilleur ami et que rien ni personne ne pourrais jamais le remplacer  «Et je suis le premier que ça fait chier » avouais-je finalement dans un souffle, sans savoir pourquoi je dis ça.

C'est agréable de retrouver Clément, de discuter de tout et de rien, de prendre du bon temps sans se prendre la tête. Des moments comme ça, entre amis, ça me manque. C'est d'ailleurs pour cela que j'ai profité de ma blessure pour le recontacter. C'était le moment parfait parce que sinon, entre le boulot, ma mère et ma nouvelle relation avec Kane, c'est du gros cafouillis. Je n'ai de temps pour rien et je refuse de devenir cette femme qui met ses amis entre parenthèses. Les amis sont la famille que l'on se choisit et c'était bien le cas avec Clément. Il était comme un cousin pour moi. Toujours là pour me taquiner et m'aider quand je touchais le fond. Et j'étais un peu déçue qu'il n'ait pas réellement osé me parler de l'association des Beauregard plus tôt. Je ne veux pas que l'on prenne de pincettes entre nous. Bien sûr, c'est pas facile de penser à ça, de parler de la maladie de ma mère mais il faut bien que je m'y fasse. Elle n'est pas éternelle. Personne ne l'est et c'est comme ça. Je n'étais pas fataliste mais je tentais de me faire rentrer ces informations dans ma petite tête blonde. " Et si jamais un jour t'as envie de me dire que je te casse les pieds, tu le fais aussi " Que je souffle en tentant de détendre l'atmosphère. J'ai besoin d'aide et je l'admets enfin, je serais incapable d'affronter tout cela sans aide. Il y avait Kane - dont je parlais à Clément - mais il ne s'en sortirait pas seul, c'est clair et net. Je ne remets pas les compétences de mon petit ami en cause mais j'étais déjà bien au fond du trou aujourd'hui alors quand ma mère allait mourir… Je ne préférais pas y penser, me concentrant sur Kane et sur notre histoire. Histoire qui semblait surprendre mon ami. Ça surprenait tout le monde de toute façon. Où était passée la Wendy en couple avec des femmes ? Aux oubliettes parce qu'elle avait tout simplement trouvé l'amour dans les bras d'un homme. " T'as raison, le plus important c'est d'être heureux, quitte à foutre en l'air tout ce à quoi on a cru pendant des années " Et j'ai toujours été heureuse avec mes anciennes petites amies, j'ai toujours été bien dans ma peau, rien à redire là dessus. Mais avec lui, c'est différent. J'ai l'impression d'être une autre femme et j'espère que ça restera de la sorte pour longtemps encore. Il a - pour sur - laissé une belle empreinte sur moi. Et il semblerait que je ne sois pas la seule dans ce cas. Je bois mon chocolat chaud, croque dans quelques marshmallows tout en écoutant Clément de manière plus qu'attentive. Je sentais bien que tout cela le pesait et il ne mit pas longtemps à le confirmer. " Je vois… Et du coup t'as décidé quoi ? De profiter de ce qu'il t'offre ou de mettre des limites pour pas souffrir ? " Que je souffle doucement, mordillant ma paille, comme si j'étais devant le plus intéressant des films de l'année. Mais je ne pouvais que comprendre sa position. Ce n'allait pas être facile avec Kane, de passer à l'étape suivante. " Tu crois que tu pourrais t'en contenter ? " Clément avait le sexe mais pas l'émotionnel. Kane avait l'émotionnel mais pas le sexe avec moi. Il était prêt à attendre mais est-ce que ça lui allait vraiment ? Je ne voulais pas remettre en cause les paroles de mon petit ami alors je préférais checker chez mon ami. Si ça lui convient, tant mieux. S'il mentait à Ambroise, ça ne me rassurerait pas vraiment sur ma situation… Chaque relation est différente mais tout de même.