Après des jours et des jours de pluie et de temps gris, le ciel était enfin dégagé ce matin, on arrivait presque même à discerner derrière les nuages une esquisse de soleil, un peu plus de lumière qu’à l’habitude. Noah avait passé plusieurs fois le commentaire que la météo lui faisait penser à Londres, aux longs mois pluvieux, aux trottoirs reluisants d’eau glacée, aux grondements qu’on entendait résonner du ciel à la terre en permanence. J’étais toujours étonnée de l’entendre babiller au sujet de l’Angleterre, ayant longtemps cru - et espéré - qu’il n’en garde que quelques vagues souvenirs, rien qui puisse vraiment le marquer à mal. L’ambiance familiale là-bas était à des lieux d’ici, la présence de mes parents n’aidant pas du tout, et toute cette histoire de mariage et de mensonge que j’arrivais enfin à doucement mettre derrière moi. Le tout aurait facilement pu laisser des séquelles et traumatiser le pauvre petit homme qui n’avait rien demandé de tout cela, encore moins qu’on lui cache si cruellement la vérité des années durant. Mais soit, qu’il se rappelle les averses me suffisait, qu’il l’aborde les yeux émerveillés me fascinait. Et puis, en attendant, il réprimait ses plaintes de ne plus avoir droit à la traditionnelle neige en hiver, lui comme moi étant particulièrement fan de cet ajout plus que poétique aux paysages une fois décembre en vue. Ce matin donc, par la fenêtre de l'atelier, j’avais observé le gamin débarquer dans le jardin le sourire aux lèvres, le casque de vélo mal aligné sur sa tête, le goût qu’on fasse la course en bicyclette jusqu’à l’école pour se revigorer un peu, pour se dégourdir les jambes. De petit être fragile à garçonnet à tendance sportive, je me surprenais toujours de voir à quel point Noah avait su rapidement se remettre sur pieds - craignant malgré moi une rechute un jour ou l’autre nous ramenant tous les deux drastiquement à la réalité. Secouant la tête pour chasser ces sombres pensées, j’avais déposé mon pinceau sur l’établi d’un air distrait, avant de suivre le gamin dans l’entrée et finalement vers nos bolides.
Le trajet entre la maison et l’école passe en éclair, et notre duo finit par se poster face à la cours de récréation un peu avant la première cloche annonçant l’entrée immédiate des élèves. Comme à son habitude, sa tête blonde esquive mon bisou de bonne journée face à ses potes, mais revient au trot dès l’instant où ils tournent le dos pour une énième caresse à travers ses mèches hirsutes. Il est long gone lorsque j’arrête de jouer à la maman creepy appuyée sur l’arbre face à l’établissement à l’observer à distance d’un oeil brillant, amusée. Remontant en selle, l’envie de retourner à la maison est un peu moins pressante que celle de dériver à travers les rues du quartier, de prendre mon temps, de profiter de la matinée pour voguer un peu là où l’inspiration m’amène, sans but précis. Un trottoir que je découvre, un arrêt qui me revient, une maison aux jolies couleurs, un jardin que je connais pour en avoir entendu parler. Avant même que je ne le réalise, mon vélo me guide dans les dédales de Toowong pour finir devant une adresse familière, une maison vue jusqu’à maintenant uniquement qu'en photo, quand jadis on tentait tous les sujets possibles dans la 214 pour éviter de parler de la maladie effrayante de Noah. Voiture dans le stationnement, semblant de lumière à l’intérieur, et la seconde suivante, je pose ma bécane contre la boîte aux lettres pour trottiner naturellement vers la maison de mon ami, mains dans les poches, sourire aux lèvres. Aucun motif valable, aucune raison particulière, lorsque je toque à la porte, petite visite de courtoisie oblige le temps de prendre de ses nouvelles, et de lui gratter peut-être un café si je suis chanceuse, avant de repartir vers d'autres aventures. À mes coups éparses, je ne reçois aucune réponse, ce qui n’est pas plus mal. Une autre fois, alors. Volte-face, je m’apprête à quitter le pallier lorsque je remarque une petite blonde en retrait, inconnue, semblant elle aussi passer voir l’infirmier à en juger par sa présence à quelques centimètres du porche. « Hey. » elle sursaute à mes mots, je réalise qu’elle n’avait donc probablement pas remarqué ma présence. « Je suis désolée, je ne voulais pas vous faire peur. » pas de réponse, air hagard, je n’en tiens pas rigueur. Anticipant qu’Isaac est soit toujours endormi, soit parti je ne sais où, je passe à côté d’elle, m’apprête à repartir, chantant un « J'espère que vous aurez plus de chance que moi. » qui se veut léger, alors que mine de rien, je suis plutôt mal à l’aise de m’être imposée comme ça sans vraiment le réaliser. Surtout sachant qu’il attendait quelqu’un d’autre. « Bonne journée, vous le saluerez de ma part. » qui m’étonne, résonne à mes oreilles, accélère mon mouvement maintenant que je ne me sens tout bonnement plus du tout à ma place.
Dernière édition par Ginny McGrath le Lun 13 Aoû 2018 - 18:01, édité 1 fois
Les mois étaient passés à une vitesse folle malgré la monotonie certaine de la vie de la jeune femme. Ecrire, se poser un millier de questions, contacter Maze pour rire un peu et se changer les idées, contacter Tess pour plancher encore un peu plus sur le roman. Tout s’était enchaîné plus vite que ce qu’aurait imaginé Greta et prise dans une spirale interminable, c’est finalement face à une éditrice qu’elle avait terminé sa course. Un moment décisif, un moment important qu’elle ne connaissait que trop bien. Un moment qu’elle désirait partager avec ses plus proches amis, un moment qui lui avait donc rappelé combien un être bien précis lui manquait. Son amitié avec Isaac avait marqué un tournant dans son arrivée à Brisbane, l’aidant à traverser cette épreuve plutôt difficile. Elle ne s’y était pas attendue, son choix avait été réfléchi et elle pensait que tout serait fluide et que le changement lui apporterait un bien-être immédiat. Mais le dépaysement et la nouveauté avait fait ressembler l’entrée d’Isaac dans sa vie à un miracle. Jour après jour, ils avaient appris à se connaître pour finalement construire une réelle amitié et une complicité sans faille. Ils s’étaient finalement rapproché un peu trop un soir, alors que son ami avait le coeur brisé et c’était peut-être là finalement le début de la fin de leur relation. Pourtant, le duo s’était revu après cette nuit spéciale et tout semblait être revenu dans l’ordre, ils étaient passés outre l’événement, tout aussi gênant soit-il. Ils s’étaient revus une dernière fois, Greta se retrouvant face à un Isaac différent, fermé, vide. Un Isaac en danger, un Isaac prêt à taire la souffrance qui grandissait en lui et que Greta n’avait su voir. C’était donc la gêne qui avait mené l’auteure à se renfermer sur elle-même, à couper les ponts et à ne pas prendre de nouvelles de son ami, son meilleur ami. Il lui était arrivé fréquemment d’éclater en sanglots chez elle le soir, trempant ses manuscrits de larmes, incapable de vivre avec cette culpabilité, avec cette petite voix qui lui disait qu’elle aurait pu tout empêcher quand elle était allée le voir ce jour-là. Isaac avait attenté à ses jours et par ce geste avait comme poignardé le coeur d’une Greta abattue et incapable de trouver les mots qui justifieraient son absence durant ce dur moment. La jeune femme s’était efforcée de cacher ce dur moment à quiconque, bien trop honteuse pour en parler à qui que ce soit. Bien sûr, il avait été impossible de cacher ça bien longtemps à Maze, sa meilleure amie, qui avait elle aussi finalement sympathisé avec Isaac. Quand cette dernière avait prononcé son nom devant l’écrivain, elle avait tout de suite compris que quelque chose n’allait pas. Après une longue discussion - dans un contexte plus que particulier, après ce fameux marathon où tout semblait possible - Maze avait convaincu Greta de prendre sur elle et de reprendre contact avec Isaac. Leur amitié ne pouvait pas se clôturer de cette façon, Isaac était probablement assez sage pour lui pardonner. C’est tout ce qu’elle espérait ce jour là alors qu’elle prenait le chemin du quartier de Toowong. Son rythme cardiaque frôlait l’indécence et Greta retenait difficilement ses larmes alors que sa culpabilité reprenait le dessus. Seule face à ses pensées durant la balade, elle souffrait mais peut-être plus pour longtemps. Essayant de reprendre ses esprits, de se maîtriser et de préparer son discours, si la maison de son ami se dessinait à l’horizon, c’est également un profil féminin qu’elle apercevait. D’après la brève description physique qu’Isaac en avait fait, il était clair que la femme qui venait de sonner puis s’écarter de la porte d’entrée était Chloé. Celle qui avait trompé une personne aussi sincère que l’infirmier, celle contre qui Greta avait tant de rancoeur. Celle qui était à l’origine du moment d’égarement des deux jeunes gens. « Vous ne m’avez pas fait peur mais j’ai beaucoup entendu parler de vous et je suis juste étonnée de vous trouver ici… » Le ton utilisé était involontaire agressif, la jeune femme était incapable de se contrôler alors qu’elle se remémorait cette conversation sur l’adultère de Chloé qu’elle avait eu avec Isaac. Comment avait-elle pu trahir un homme aussi amoureux ? Malgré les tromperies et le mal qu’elle avait pu faire, cependant, Isaac avait toujours été claire avec Greta sur ce point, il ne souhaitait pas la rayer de sa vie. Il y avait maintenant quelques mois que l’auteure avait laissé tomber l’idée de venir en aide à son ami et tout avait pu changer dans sa vie, elle n’était plus au courant de rien. « Isaac n’est pas là ? » avait-elle tenté, adoucissant la conversation. Puisqu’elle parlait d’avoir plus de chance, c’était probablement parce qu’Isaac n’avait pas répondu. Logique. « Ce ne serait pas de la chance, il ne va juste pas ouvrir à n’importe qui. » Amère, Greta trouvait étrange la façon dont cette peste se comportait, comme si sa présence ici était naturelle. Regrettant de ne pas avoir lancé la conversation alors que Chloé s’éloignait, Greta avait finalement enchaîné, parlant un peu plus fort pour la mener à se retourner et lui refaire face. « Vous avez quand même un sacré culot, c’est un peu simple de sonner puis de partir, qu’est-ce que vous veniez faire ? Apporter un courrier anonyme, des menaces, quelque chose ? Vous vanter de votre nouvelle vie ? » C’était probablement ça, elle venait sûrement lui faire un peu plus de mal qu’elle n’en avait déjà causé. Greta ne voyait que cette explication pour expliquer qu’elle soit venue sonner chez lui pour partir rapidement ensuite.
Il me faut un léger moment d’adaptation avant de capter les paroles que la jeune femme envoie à mon intention. Si son premier coup d’oeil ne laisse pas du tout présager qu’elle aurait la langue acide, voilà que direct à son approche, j’esquisse un pas vers l’arrière, surprise, mal à l’aise, mal tout court. « Vous ne m’avez pas fait peur mais j’ai beaucoup entendu parler de vous et je suis juste étonnée de vous trouver ici… » j’ai beaucoup entendu parler de vous? Je frissonne, les pires scénarios hypothétiques remontant au fil de mes pensées qui s’enflamment, se troublent. Bien sûr qu’il a glissé un mot à mon sujet à ses amis, qu’il a parlé de la mère dépressive qu’il a dû ramasser à la petite cuillère alors qu’elle pensait stupidement bien faire en lui prêtant faiblement une oreille, et un toit le temps qu’il aille mieux. De suite, je regrette, j’anticipe, j’appréhende et surtout, je justifie. Mollement, à entendre ma voix qui tressaille, mais bon, faisons avec ce qu’on a sous la main comme courage à deux balles. « Je faisais que passer, je pensais que… je… j’ai pas réfléchi. » ce qui est un mensonge en soi. J’ai volontairement pas réfléchi, j’ai fait fi de la possibilité que mon amitié avec Isaac ne soit pas si malsaine que ça, et qu’il y ait peut-être quelque chose de bon qui en ressorte maintenant qu’on s’était trouvés, qu’on espérait s’aider l’un l’autre. Idiote Ginny, naïve petite. « Isaac n’est pas là ? » pas besoin de préciser, la porte close et le silence derrière celle-ci suffit à ce que je ne m’éternise pas plus longtemps près de mon - agressive - interlocutrice, et que je regagne plus vite que mon ombre mon vélo. « Ce ne serait pas de la chance, il ne va juste pas ouvrir à n’importe qui. » et elle frappe à nouveau, immobilise mes mouvements, coupe mon souffle. Mais vraiment, j’ai compris vous savez. Je ne suis pas la bienvenue, je ne le serai jamais, et j’ai cru à tort ne pas être nocive pour quelqu’un. La blague. « C’est bon, j’y vais. Je n’ai clairement pas affaire ici. » limpide, message clair, intentions données. Il faut le lui donner, ce n’est pas tous les jours qu’on arrive à faire passer aussi vite et bien une demande, et entre son regard noir, sa mine fermée et ses mots douloureux, il n’y a rien qui puisse justifier qu’Isaac ait pu dégager quoi que ce soit de positif sur mes tactiques malhabiles d’être là pour lui. Qu’au final, j’ai tout gâché, j’ai peut-être même empiré la situation, probablement été un risque évident à lui rappeler ses tares, à lui agiter sous les yeux mes faiblesses comme on offre une bouteille de scotch pleine à un alcoolique en rémission. Et parce que ce n’est pas assez, à la seconde où je grimpe sur le siège de ma bicyclette en me jurant de ne plus jamais m’imposer de la sorte chez quiconque sans être assurée d’être invitée, ou au moins, de ne pas être l’ennemie numéro un à abattre, la blonde reprend son envolée, me rattrape presque par le collet avec une langue qui claque et des gestes que j’évite au mieux. Le tout contraste tellement avec l’ambiance paisible de matinée dans un quartier on ne peut plus tranquille que je tente de me rattacher au parfum des fleurs, au bruit des branches qui craquent, à n’importe quoi d’autre qu’à ce qui suit. « Vous avez quand même un sacré culot, c’est un peu simple de sonner puis de partir, qu’est-ce que vous veniez faire ? Apporter un courrier anonyme, des menaces, quelque chose ? Vous vanter de votre nouvelle vie ? »
C’en est assez. Mon coeur palpite, ma respiration halète, je tourne le dos, beaucoup plus habituée à fuir le drame et les crises et tout ce qui frôle de près ou de loin les complications depuis que Matt et mes parents m’en ont bombardée des années durant. Casque sur la tête, silence sur les lèvres, j’attends à la dernière seconde avant de retenir mon pied dans son accélération d'étrier. Et mes derniers mots qui, je jure, sont dits avec un calme impeccable, une justesse trop neutre pour l’être complètement. Mais je ravale, j’excuse, je compatis. « Il n’a jamais été question d’étaler ou de vanter quoi que ce soit. » bien loin de moi l’idée qu’Isaac croit que je l’avais facile, que ma vie allait mieux que la sienne à force de lui dire à quel point on finissait par s’en sortir. Et tout autant, mon semblant de rechute à ses côtés n’avait rien de larmoyant, censé attirer sa sympathie, ou pire le faire retomber. je m'en voulais déjà assez moi-même, si on pouvait laisser son entourage hors de mes regrets, ce serait sympa - nécessaire. « Je voulais simplement l’aider à passer chose à autre, ce soir-là. Être là pour lui le temps qu'il faut, le laisser prendre ses marques tout seul après. Je pensais pas que ça se terminerait comme ça. » que je flancherais, que dans ses bras je serais toute aussi faible qu’avant, fragile, prête à craquer la seconde d’après. Si j’avais su, jamais je ne lui aurais fait vivre cela. Jamais. « J’ai fait de mon mieux. » et comme à l’habitude, j’ai eu tout faux que je retiens, de clore toute discussion possible.
Sa réaction était peut-être le reflet de cette pointe infime de jalousie que Greta pouvait ressentir. Isaac n’était pas à elle, mais il avait existé quelques heures pendant lesquelles ils avaient semblé n’être que deux. Magnifique duo harmonieux indissociable et pourtant si fragile, voué à se rompre quelques temps plus tard. Devant cette porte close, Greta se remémorait cette dernière image d’un Isaac amoché, las et prêt à tout pour stopper cette souffrance qu’elle aurait peut-être pu aider à adoucir. L’image d’un ami joyeux et plein de vie avait sûrement floutée la vision de Greta lorsqu’elle l’avait vu ce jour-là, incapable de penser au pire, ce que s’apprêtait pourtant à faire Isaac. Ses yeux s’embuaient malgré elle, l’auteure ne pouvant plus nier sa terrible façon d’agir. Maze avait eu la gentillesse de lui ouvrir les yeux et de la convaincre qu’Isaac lui pardonnerait et elle avait cru sa meilleure amie. Alors que Maze évoquait le jeune infirmier, Greta avait également été emprise d’une grande reconnaissance envers sa meilleure amie qui avait pris le relais. Il aurait été difficile pour Greta d’imaginer que quiconque puisse prendre soin de lui aussi bien que la brune et c’était une petite consolation de savoir qu’il n’était pas seul. Jamais, Isaac était entouré et apprécié et la seule personne négative et capable de lui causer tant de maux était celle qui se tenait devant elle aujourd’hui. « Non vous ne semblez pas être le genre de personne à réfléchir, sinon vous n’oseriez probablement même pas m’adresser la parole. Je ne sais même pas comment je peux me maîtriser face à vous. » Greta ne se souvenait pas avoir déjà été dans un tel état, entre la surprise et l’énervement mais prête à bondir aux moindres paroles de Chloé. Prise sur le fait, elle menaçait de partir en toute impunité mais c’était plus fort que l’auteure qui se devait de réparer la situation. Ce n’était pas ce qu’Isaac aurait voulu, la blonde connaissait son amour profond pour la jeune femme. Il était peut-être passé à autre chose, ou peut-être l’aimait-il encore, elle n’en savait rien mais il était évident qu’il n’aurait jamais voulu la blesser à son tour. Greta, elle, n’hésiterait pas. « Vous cherchez quoi exactement ? En général quand on cause tant de dégâts, on fait profil bas. Je ne sais pas ce qui me retient de vous en coller une, sûrement le respect que j’ai envers Isaac. Mais le respect, ça aussi ça doit vous être totalement inconnu » Greta toisait Chloé avec tellement de haine dans le regard qu’elle en était elle-même étonnée. Plus les minutes avançaient, plus la discussion se faisait, plus Greta réalisait qui elle avait en face d’elle. Celle qui était à l’origine de la plus grosse erreur jamais commise par Isaac, après s’être mis en couple avec une personne aussi cruelle que Chloé. « Il n’y a en effet pas de quoi se vanter. Comment avez-vous pu ? Comment pouvez-vous vous regarder dans une glace ? » Qu’était censé faire l’auteure ? Engagée dans une relation avec un policier, l’idée d’agresser la jeune femme puis tenter de s’en sortir ensuite en utilisant la position de Lonnie lui était passée en tête. Mais Greta n’était pas ce genre de femme, elle ne se battait pas et n’utiliserait certainement pas Lonnie de cette façon. C’était quelqu’un de bien, de rangé mais elle avait l’impression de faire face à une criminelle. Et alors que Greta rassemblait tout son self-control pour ne pas craquer, pour ne pas se venger de la manière la plus simple qu’il soit, Chloé avait lancé le coup de grâce. « Cette nuit-là ?! C’est à ça que se résume Isy, à une simple nuit ? Puis être là pour lui, mais c’est une blague, vous auriez dû le laisser en paix ! Evidemment que ça allait mal se terminer, on ne peut pas associer quelqu’un d’incroyablement gentil et sincère à une vipère. Nom de dieu, je rêve… » Greta tournait en rond et ses cris avaient fait tourner quelques têtes des passants du quartier. Incapable de trouver assez de bon sens pour se calmer et ne pas attirer les foudres des voisins, le flôt de paroles était parti. « Vous êtes un désastre à vous toute seule, faire de votre mieux ah ça oui, vous n’avez vraiment pas loupé votre coup, vous avez ruiné sa vie putain ! » Greta s’énervait encore plus sachant que si elle n’avait pas participé à ce désastre qu’avait été la vie d’Isaac, elle n’avait pourtant rien évité et n’avait pas joué un rôle dans son rétablissement. S’avançant vers Chloé un peu plus à chacune de ses paroles, Greta avait donné un grand coup dans le stupide vélo de cette dernière, meilleure option que son visage. Alors que le casque de celle-ci était tombé au sol, c’est avec un coup de pied que Greta l’avait envoyé encore un peu plus loin. « Putain mais comment tu peux oser te pointer ici espèce de malade ! » Le vouvoiement devenait de plus en plus obsolète, tout comme le self-control qu’elle s’était évertuée à garder. Son corps et sa voix agissaient malgré son cerveau qui lui indiquait que c’était loin d’être la solution pour obtenir le pardon d’Isaac.
Je m’étais juré de rester loin de toute forme de drame. Promesse ancrée, insistée depuis que Noah allait mieux. De tourner le dos à mes parents, de fermer ma vie à Matt, de ne miser que sur du doux, du simple, du beau. Je m’étais juré de rester en retrait de tout ce qui mettrait mon coeur à la malle, à défaut d’avoir la force pour y survivre à nouveau. J’étais bien, depuis qu’on avait la maison. Depuis qu’on s’était doucement posés, qu’on avait rénové le tout, qu’on y mettait notre couleur, qu’on y vivait simplement. C’étaient plusieurs mois qui venaient de s'écouler maintenant que mon fils était en santé, qu’on construisait nos repères, qu’on s’entourait des bonnes personnes, de gens sains, de gens autour desquels on ne sentait plus la pression familiale, l’agression à travers. Tout allait bien, tout allait mieux.
Jusqu’à ce qu’apparemment, je crois qu’une vie normale et ordinaire soit acquise. Que toute trace de drame soit impensable, si je m’en tenais naïvement le plus loin possible. La scène à laquelle j’assiste depuis que je suis débarquée à l’improviste chez Isaac a tout de théâtral, de compliqué à comprendre. Chaque mot prononcé de ma part en reçoit le triple en agressivité de la sienne, en venin craché à mon intention directe. Bien sûr que je sens des torrents de culpabilité monter le long de mes veines, de mon coeur à ma tête, lorsque la jeune femme me prête de mauvaises intentions, lorsqu’elle est vociférante, lorsqu’elle ne me laisse aucune chance de repartir par où je suis arrivée ; et de ne plus jamais revenir. Essayer de m’en sortir indemne ne semble pas une possibilité, ne plus poursuivre cette discussion - si une attaque verbale à sens unique est une discussion en soit - et ce qu’elle déverse sur moi comme hargne me rappelle toutes ces années au lycée de moqueries, de méchancetés, de moments isolée, cachée là où tout sauf accessible. Je l’écoute, attentive, parce qu’elle ne me donne pas le choix de rien faire d’autre. Si elle ressent tout ça, si elle y tient à ce point, si elle hausse le ton, si elle vrille son regard noir dans ma direction, c’est que rien ni personne ne peut l’empêcher de poursuivre sur sa lancée. Mes excuses qu’elle balaie du revers, et mes sourcils que je fronce lorsque clairement, elle insinue que le mal que j’ai pu faire à Isaac en lui partageant mes propres démons, en réveillant immanquablement les siens, était volontaire.
« De dégâts? Si j’avais pu faire quoi que ce soit pour empêcher que ça arrive, si j’avais été là avant, si j’avais su qu’il pensait à faire ça je… jamais j’aurais laissé ça arriver. » qu’elle ne croit pas que tout ceci était réfléchi, qu’elle oublie que devant son coup d’oeil accusateur se trouve quelqu’un qui, foncièrement, a vécu la même chose que lui, a touché du bout des doigts le calvaire par lequel il est passé, a tenté humblement d’aider. Qu’on m’accuse de mon inconscience est une chose, qu’on m’associe à son mal-être de mon plein gré en est une autre. « Je serais pas encore là à vous écouter si c’était juste une nuit. » que je m’entends dire, lorsqu’elle reprend mes propres mots, lorsqu’elle m’assène avec. « Je serais pas là à endurer ce qui vous a autant blessé et autant atteint dans toute cette histoire, sans que je comprenne le rôle aussi négatif selon vous que j’ai pu y jouer, si ça avait été qu’une seule nuit. » et si je ne joue pas au même jeu qu’elle en évitant soigneusement toute trace de méchanceté dans mes mots, tout trait de violence lui laissant le bénéfice du doute, je reste tout de même sur mes gardes. Assez pour ne plus rien ajouter d’autre, assez pour m’éloigner maintenant que la blonde réduit la distance entre nous deux. Sous un sursaut de surprise, je vois l’élan de ses gestes repoussant mon vélo d’un côté, mon casque de l’autre. Un passant s’arrête dans l’angle, un couple épie de l’autre côté de la rue. « De nous deux, je me demande qui est la plus malade. » dos à elle, les palpitations qui remontent jusqu’à mes tempes, je ramasse doucement le guidon de ma bicyclette, habituée à pire de la part de mes bourreaux, visant déjà le chemin le plus rapide pour m’éloigner d’elle à la seconde où j’aurais mis un dernier mot sur une conversation que je n’ai jamais demandée. « C’est bon? Tout a été dit? » elle fait volte-face Ginny, elle sent la chaleur naître dans son ventre, les doigts qui tremblent mais le menton bien haussé, défiant. « Ou vous voulez aussi vous en prendre à mon sac? À la branche, là? Aux roses dans l’allée? » plus lasse qu’excédée, plus dépitée qu’enragée. Si vraiment elle souhaite faire de moi son souffre-douleur, si à ce point elle croit que je mérite tout ceci pour avoir été stupide et naïve et déraisonnable d’avoir pensé pouvoir le moindrement supporter le Jensen dans son retour à une potentielle vie après l'acte qu'il a commis, c’est l’instant où jamais de finir ce qu’elle a elle-même entamé, et d’ainsi me permettre de tourner la page d’un chapitre auquel elle a elle-même mis abruptement fin.
Isaac Jensen
le coeur au bout des doigts
ÂGE : 34 ans (13.05.90) SURNOM : Isy STATUT : Penny est le soleil et l'amour de sa vie, l'évidence avec laquelle il écrit sa plus belle histoire et s'autorise à réaliser des rêves de bonheur (06.07.2021) MÉTIER : Infirmier au service des urgences, président de l'association Run for Judy, infirmier bénévole à la Croix Rouge et aux Flying Doctors, sapeur-pompier volontaire et surtout : papa comblé de Jude (13.09.2018), Maia (14.06.2022), Jack et Mila (01.08.2023) LOGEMENT : Penny et lui ont quitté Toowong en 2024 pour s'installer avec leurs enfants à Bayside et y créer leur cocon à l'image entière de leur amour POSTS : 28708 POINTS : 0
TW IN RP : dépression, anxiété, automutilation, idées suicidaires, tentative de suicide, mentions d'abandon d'enfant PETIT PLUS : Emménage à Brisbane en 2003 ∆ il exerce en qualité d'infirmier au st vincent's depuis 2006 puis est affecté aux urgences en 2013 ∆ une suite de blessures anéantit sa carrière de joueur de football australien en 2010 ∆ il attente à ses jours en mars 2018 et reprend le travail en septembre 2018 ∆ finaliste de ROA en 2020 ∆ il se soigne contre son anxio-dépression, après avoir longtemps refusé son diagnosticCODE COULEUR : Isy s'exprime en #9966ff ou slateblue RPs EN COURS :
« Je resterai toujours à tes côtés, pour te changer les idées, pour discuter, pour te rappeler que je tiens à toi, chaque semaine, chaque jour, plusieurs fois par jour, autant de fois qu'il le faudra. Je serai là jusqu'à ce que tu ailles mieux, qu'importe le temps que ça prendra. » La promesse de Maze demeurait gravée en mon esprit, faisant religieusement écho au soutien inébranlable que m'avaient promis Arthur, Noa, Loan, Nicolas, Kane, Ginny et bien d'autres. Il me semblait désormais masochiste de tirailler mon cœur quant aux amitiés que j'avais perdues lorsque d'une certaine manière, les êtres qui avaient su rester à mes côtés malgré le geste fatal que j'avais esquissé, se démontraient tels de fidèles compagnons. Il m'était cuisamment affligeant de songer à ceux qui clairement ne désiraient plus être associés à ma personne, tout comme mes proches dont je savais pertinemment ne pardonnerait jamais ce que Kane avait justement qualifié de « maladie mentale » ; mais jour après jour, j'acceptais cette souffrance, ces vides béants parsemant mon cœur précaire ainsi que mon répertoire.
La Crawley avait tenu sa promesse, en dépit de toute l'énergie qu'elle pouvait lui soutirer. Sa présence dans mon quotidien s'était instaurée, d'abord sous la forme de messages textes humoristiques ou inspirés de passions communes, puis via notre inscription à une nouvelle course caritative. Le doute m'avait saisi quant à l'option de reprendre le sport suite à une brutale et catégorique interruption, néanmoins, alors que nous nous orientâmes vers mon domicile, je constatais que cet entraînement détenait des goûts agréables de passé, d'ordinaire. J'avais eu le sentiment que rien n'avait été altéré entre nous, au contraire, notre entente s'était peut-être même approfondie. Par ailleurs, ce qui me prodiguait jadis satisfaction rejetait des airs de possible dans mon avenir. Si je considérais encore ma tentative de suicide tel un schisme dans mon existence, aujourd'hui, j'observais que des liens pouvaient se faire entre les premiers chapitres de ma vie et celui que j'avais été forcé d'entamer dès ma réanimation par les secouristes de Brisbane.
Nous empruntâmes la rue menant vers ma demeure et j'écoutais attentivement les propos animés de Maze. Bien que la jeune femme m'ait toujours assuré que je n'avais pas à lui dévoiler l'ouvrage considéré impardonnable par des individus de mon ancien entourage, la culpabilité d'être malhonnête par rapport à la britannique m'était lancinante. Plus d'une fois, j'avais voulu m'élancer dans ces aveux délicats et douloureux. Jusqu'ici, le destin m'avait incessamment interrompu, que ce soit par une nouvelle discussion sur Noël ou un élément extérieur à notre duo. Cette fois-ci, le bruit métallique d'un vélo malmené et la roulade d'un casque sur la chaussée attira mon attention, brisant toute entreprise de sincérité.
En premier lieu, les notions paramédicales persistant dans mes veines me firent redouter un accident. Les vociférations audibles ne s'apparentaient nullement toutefois à des appels à l'aide. Promptement, je reconnaissais le timbre de Greta qui me surprenait à se poster devant ma maison et qualifier son interlocutrice de « malade » sans retenue, sa colère proéminente. Il me fallut quelques secondes supplémentaires pour reconnaître la dite accusée qui me faisait dos et relevait son moyen de transport dont la chaîne avait été délogée lors de son impact avec l'asphalte.
J'échangeais un regard incrédule avec mon acolyte sportive et recueillais le casque tanguant encore sur le sol. « De nous deux, je me demande qui est la plus malade. » J'ouvrais la bouche, prêt à riposter dans l'optique de cesser ce feu d'insultes heurtant deux personnes que j’appréciais, malgré les disputes, malgré les erreurs, malgré les circonstances. « C’est bon? Tout a été dit? Ou vous voulez aussi vous en prendre à mon sac? À la branche, là? Aux roses dans l’allée? » « Qu'est-ce qui se passe ? » m'enquis-je d'une voix ferme, dotée de ce ton que j'usais aux urgences pour recadrer les usagers partant en vrille. J'avais réduit considérablement la distance entre ma personne et la scène d'altercation. Mon regard s'ancra d'emblée sur Greta, des milliers d'interrogations virevoltant hâtivement dans mon esprit. Le fait qu'elle se trouve sur mon terrain me certifiait l'éventualité qu'elle était venue me rencontrer et au nom de notre relation, j'étais déterminé à élucider les raisons qui l'avait poussées à renouer - je l'espérais fortement - avec moi. Puis, mes pupilles se posèrent sur la silhouette de Ginny. Je n'expliquais pas sa présence à Toowong, toutefois, je ne pouvais dénier le fait que mon cœur manqua un battement lorsque je croisais son regard si expressif de ses états d'âme. « Ça va ? » demandais-je stupidement, avant de lui tendre son casque que je déduisais lui appartenir. « Tu ne peux pas partir comme ça, » commençais-je, lisant dans son attitude une pointe de défi quant à mon désir de lui priver une envolée. Je n'allais pas la retenir, je ne la forcerais jamais à quoi que ce soit, cependant, je ne souhaitais pas la voir attirée sauvagement par la gravité une fois son équilibre voué à un engin non fonctionnel. « Ta chaîne, attends, » précisais-je avant de m'agenouiller devant la bicyclette en vue de la réparer, des interrogations brûlant mes lèvres quant aux circonstances actuelles, mes iris se relevant fréquemment vers Greta pour m'assurer qu'elle ne quittait pas les lieux.
Pleine de sueur, essoufflée, moite, râlant tout ce qu'elle pouvait ; c'était cette vision de rêve que Maze offrait présentement aux gens qu'elle croisait. De quoi leur donner envie de la connaître, sans aucun doute. Ou bien de simplement dégager le passage pour la voir disparaître le plus rapidement possible. Pourtant, malgré tout cela, elle gardait un imperceptible sourire aux lèvres -imperceptible car il ne fallait tout de même pas que son entourage commence à penser que courir lui plaisait...-. Sourire qui s'expliquait par la présence d'Isy à ses côtés. Ça n'était un secret pour personne, l'Anglaise détestait courir. Mais la présence du jeune homme changeait complètement la donne, sans qu'elle ne comprenne exactement de quelle manière elle pouvait tant haïr ce sport d'un côté et soudainement l'apprécier quand les bornes étaient parcourues avec son ami. Notez, cela ne l'empêchait pas le moins du monde de râler tout ce qu'elle pouvait cependant. Après avoir passé la soirée de la veille chez Matt à regarder des séries et partager bon nombre de ressentiments à l'égard de scénaristes peu scrupuleux quant à l'évolution de leurs personnages, Maze avait enchaîné le lendemain sur un entraînement en compagnie d'Isaac. Elle était plus que ravie de pouvoir partager ce moment avec lui, d'autant plus qu'il avait traversé une bien mauvaise passe ces derniers temps. Elle était toujours dans le flou quant à ce qu'il s'était exactement passé, mais tout ce qui lui importait était d'être là pour lui et de savoir qu'il allait mieux. Il avait toujours été présent pour elle concernant son diabète, toujours prêt à l'aider, et surtout toujours enclin à lui botter les fesses pour qu'elle sorte et fasse du sport; chose indispensable au bon équilibre de sa glycémie. Isaac lui était finalement devenu aussi indispensable que sa dose d'insuline quotidienne. Aujourd'hui, c'était à son tour d'être à ses côtés pour le soutenir. Elle était à la fois contente et soulagée qu'il ait accepté de s'inscrire à une nouvelle course caritative avec elle, cela lui permettant d'être avec lui tout en lui changeant les idées. Il était donc maintenant temps pour eux de retourner à des entraînements réguliers pour se remettre en forme, et le jeune homme semblait toujours aussi résistant aux complaintes régulières de Maze durant leur course. Heureusement pour elle, elle savait qu'ils se rapprochaient du logement d'Isy et que cela signifiait donc la fin potentielle de son calvaire. Elle s'imaginait déjà s'affaler sur un canapé et siroter un grand verre de thé glacé. En revanche, elle n'avait pas imaginé une seule seconde le spectacle qui allait s'offrir à eux. Déjà surprise de voir un vélo faire un vol plané, elle resta bouche bée en reconnaissant nettement Greta dans les éclats de voix qui parvenaient à ses oreilles. Tout en se rapprochant prudemment du carnage, elle tenta de comprendre du mieux qu'elle pouvait la conversation qui se déroulait en ce moment même. Elle avait beau connaître Greta depuis de nombreuses années, elle l'avait rarement vue dans une telle rage. Maze pouvait deviner sans peine la raison qui la poussait à être présente chez Isy après leur discussion lors du marathon, en revanche que faisait-elle à hurler sur...Ginny ?! Ses sourcils se levèrent de surprise en découvrant que l'adversaire de la blonde n'était autre que la soeur de Matt. Cette dernière rendait régulièrement visite à l'un des voisins de l'Anglaise. Si elle n'avait jamais envahi sa vie privée en l'interrogeant sur les raisons de ses fréquentes visites -cela semblait plutôt évident aux yeux de Maze...-, elle avait toutefois eu l'occasion de discuter rapidement avec elle au détour d'un couloir. Ginny semblait si posée, si calme, très loin de rechercher la confrontation. Alors que faisait-elle là face à une Greta à la limite de l'hystérie ? En entendant son amie employer les mots "espèce de malade", la jeune femme décida qu'il était peut-être temps d'intervenir. Plutôt du genre passive en temps normal, son comportement changeait du tout au tout quand ses proches étaient impliqués. "Ohhhh !" Interjection veine, elle jugea plus efficace et plus prudent de se rapprocher de Greta et de s'interposer entre elle et Ginny avant qu'elle ne décide de franchir les derniers mètres qui les séparaient et de l'assassiner sauvagement. Elle jeta un coup d'oeil dans sa direction, sourcils froncés, avant de déclarer : "On se calme Jones." Elle n'avait pas haussé le ton et avait évité tout contact physique avec son amie, la sentant prête à asséner un coup de poing à quiconque s'approcherait trop d'elle. "Il se passe quoi ici ?" demanda-t-elle en faisant écho à la question d'Isaac et s'adressant aux deux jeunes femmes à la fois. "Guys, je souffre terriblement après cette course de plusieurs kilomètres. Vous allez quand même pas me faire enchaîner sur un match de boxe ?" Avec cet humour vaseux tombant au plus mauvais moment, Maze s'attendait maintenant à recevoir un casque de vélo en pleine tête à tout instant.
Pas la moindre intention de rester, plus la moindre envie de faire quoi que ce soit d’autre que de retourner à la maison sans demander mon reste. Si la jeune femme a décidé de s’en prendre verbalement à moi, c’est mon vélo qui écope du reste de sa rage, casque à la dérive, et voilà que je m’avance pour récupérer les pièces restantes sans regarder ailleurs que dans mon champ de mire. Qu’elle finisse de m’envoyer son venin, qu’elle expie tout ce qu’elle a à dire, et qu’elle se mure à mon dos, à mon calme, à mes quelques mots envoyés sans grande conviction, sans agressivité aucune. Comme si un masque bien stoïque se chargeait du reste, qu’une carapace la gardait de m’atteindre, comme si ça faisait trop mal de réaliser ses dures paroles, de les assumer en imaginant que tout ce que je craignais en m’imposant dans la vie d’Isaac ne soit fondé, véridique. « Qu'est-ce qui se passe ? » et justement, sa voix s’immisce entre notre échange tendu, s’adresse autant à la blonde qu’à moi. À celle que j’imagine être une excellente amie, peut-être même sa nouvelle copine, une personne si importante qu’elle fait ses marques là où tout s’aligne, sans le moindre doute de ma part que si elle s'investit autant c’est qu’elle en a le droit et la place. Je ne sais pas moi-même ce qui se passe, que je garde de renchérir, garde pour moi, lèvres scellées et coeur en vrac. « Ça va ? » si le brun pose son regard sur moi, je ravale mon malaise, je ne veux pas qu’il ait la moindre inquiétude, la moindre pitié à mon égard. Je suis totalement en mesure de me sortir toute seule de la situation, d’encaisser sans tuteur. De toute façon je semble, aux dires de la jeune femme, lui avoir déjà fait plus de mal que nécessaire, autant arrêter tout de suite ses suppositions avant qu’une deuxième vague d’insultes vole vers moi. M’apprêtant à les laisser seuls, je finis par conclure. « C’est pas à moi que tu devrais demander si ça va. » si je réalise Maze aux côtés d’Isaac la seconde après, c’est glissant les mains dans les poches de mon jeans et affichant un air particulièrement mal que je laisse à la voisine de Ben tout le loisir d’observer à quel point je suis plus pitoyable en ce moment que lorsque je m’adonne à des courses de fusil à l’eau avec le duo Brody dans les couloirs du bâtiment où ils habitent tous. Oh well, notre prochaine rencontre au détour d’une cage d’escaliers risque d’être emplie de malaises.
Visage fermé, retour à la Ginny qu’Isaac connaît d’avant, celle qui restait de glace devant les diagnostics sombres concernant Noah lorsqu’il était dans la même pièce que nous, celle qui n’a jamais craqué devant public. Devant lui, c’était autre chose, et apparemment on me le reprochait. Autant me garder de déclencher encore une fois de trop un torrent de haine ainsi justifiée en prévoyant déjà mon exil. « Ta chaîne, attends, » le Jensen m’immobilise dans mon élan, dans ma fuite. Espérant qu’il ne se penche pas, qu’en voyant mon mouvement simultané il abdique son aide offerte en désespoir de cause, j’ajoute une remarque, le supplie la seconde suivante. « Non, je peux m’en... » mais ses doigts s’y affairent déjà, et un soupir que je retiens d’avoir à attendre dans un silence de coton qu’il ait terminé. « Merci. » bonne action soulignée, et j’espère que personne ne s’éternisera plus longtemps à m’empêcher de filer maintenant que je réalise que ma place n’est pas ici, ou du moins, qu’elle ne l’a peut-être même jamais été. « Je n’aurais pas dû passer à l’improviste. Ça n’arrivera plus. » attendant maintenant patiemment qu’Isaac cesse de fixer des prunelles la blonde pour se tourner de mon côté, j’en profite pour clarifier, pour surtout lui assurer que ce genre de comportement de ma part n’aura pas de suite, du moins, plus par ma faute. J’ai assez donné, je préfère tirer ma révérence avant qu’un autre de mes items personnels ne percutent le bitume. « Pense à étirer tes mollets, sinon ça va être pire demain. » à l’intention de Maze toutefois, je pointe du menton, le regard qui sous-entend que si elle ne suit pas le conseil, mon expérience de yogi avertie le lui rappellera bien assez tôt au réveil. Et à l’autre, à celle qui a cru bon me sauter à la gorge, je ne daigne même pas accorder le moindre regard. Je n’ai pas d’énergie à perdre avec elle de toute façon. Jusqu’à ce qu’une petite voix me souffle de faire la part des choses. Jusqu’à ce que je me déteste de m’immobiliser dans mon impulsion, dans mon départ, à en froncer les sourcils, à m’en mordre l’intérieur de la joue. Peu importe ce que j’avais pu dire ou faire, n’en restait que la jeune femme avait été assez blessée pour m’agresser sans douter une seule seconde de ses gestes. À ses yeux, le tout était donc justifié, et il devait bien y avoir un élément qui la dédouanait, une erreur commise par ma part, évidemment. Au ralenti, espérant tout de même lâchement qu’à tout moment je me rétracte, je finis par faire volte-face, laisser glisser mon regard sur son visage contrit, ses traits durs d’inquiétude, et de colère, disons-le. « Je suis désolée que ce que j’ai pu faire ou dire t’ai fait réagir ainsi. Ça n’a jamais été mon intention d’être aussi nocive pour lui que je le suis à tes yeux. » inspirant, me faisant violence, je m’assure tout de même qu’elle a entendu. Et que d’un coup d’oeil, le Jensen le comprenne aussi. Désolée Isaac, i messed up. Again.
Le spectacle qui se joue devant elle, Greta n’a pas l’impression d’en être la protagoniste et pourtant, elle est bien là, le pied à peine reposé après avoir rencontré le vélo de son interlocutrice, dans un élan de colère. C’est une haine viscérale qui s’empare de l’auteure alors qu’elle avait déjà entendu parler de Chloé dans des circonstances bien plus plaisantes. L’humeur est loin d’être la même alors que celle-ci se justifie et laisse planer un doute quant à son implication dans le drame des mois précédents. Peut-être qu’elle ne comprend pas, était-elle seulement au courant de ce qui se profilait, de ce qu’Isaac menaçait d’accomplir après qu’elle l’ait laissé ? Prête à riposter, Greta avait été arrêtée net par une voix qu’elle reconnaitrait entre mille, la voix de Maze Crawley, essayant de calmer le jeu. Plus qu’une amie, plutôt une sœur, Maze avait ce don de savoir l’apaiser à tout moment mais la blonde se retrouvait surprise qu’elle ait réussi à la couper dans sa rage folle, destructrice. « Je suis désolée, je vais t’expliquer, cette fille se pointe ici alors que tout est de sa faute… » Au bord de l’implosion, implorant son amie de l’écouter se justifier, l’implorant de se lier à sa cause, Greta n’avait pas eu le loisir de parler plus longtemps. Il était là, en chair et en os, plein de vie et ce qui ressemblait à un sourire sur son visage. Figée sur place, le corps entier de Greta s’était immobilisé comme à la suite d’une décharge électrique. En flashbacks lui revenaient les mots et les actions des mois précédents alors qu’elle lui avait rendu visite et qu’elle était lâchement partie, se persuadant qu’il ne ferait rien. Il l’avait fait, et leurs chemins s’étaient séparés depuis tout ce temps. Greta lui en voulait mais avant tout, c’était à elle qu’elle en voulait de ne pas avoir été lui rendre visite. Elle ne pouvait pas, ses jambes incapables de l’amener jusqu’à cette chambre sinistre où il était emprisonné à cause d’un geste désespéré. Puis il y avait ce sentiment de déranger qui ne l’avait plus quitté depuis ce 22 mars 2018 où il avait semblé ne pas la reconnaître. Il était là et c’était Maze qui se tenait à ses côtés, qui avait initié la conversation et la vue l’avait rassurée, l’avait ramené à la réalité. « Pourquoi demander ? Elle est là, tout va forcément mal. Ca ne devait pas se passer comme ça… » Les retrouvailles étaient gâchées et telle une petite fille boudeuse que l’on venait de gronder, Greta baissait la tête, au bord des larmes, incapable de gérer une telle situation. C’était nouveau, jamais n’avait-elle été autant confrontée aux drames que depuis son arrivée à Brisbane et la pièce qui se jouait devant elle la laissait perplexe. Ils ne se soucient pas d’elle mais de la bicyclette de Chloé. Son but n’étant pas d’être le centre du monde, Greta se retrouve tout de même étonnée de tant de bonne volonté envers celle qui ne méritait rien. Sa tête tournait, ses pensées se mélangeaient et elle avait du s’asseoir par terre pour ne pas s’écrouler. De cette manière, elle échappe au regard de celui qu’elle a trahi mais qui l’avait abandonné avant. « Je voudrais qu’on m’explique, pourquoi tout le monde semble si calme ? Je suis heureuse de recevoir des excuses, vraiment, mais honnêtement je suis supposée en faire quoi ? J’ai visiblement raté un bon nombre d’épisodes. » Se cachant le visage dans ses mains pour se concentrer sur son discours, Greta ne comprenait pas pourquoi elle semblait être la folle dans l’histoire. Visiblement, quelque chose lui échappait et peut-être qu’être venue s’excuser et renouer avec Isaac était une grossière erreur, peut-être avait-il fait le point pour renouer avec Chloé, peut-être que Maze lui suffisait à présent. Elle n’en savait rien, la situation relevait de l’absurde.
Isaac Jensen
le coeur au bout des doigts
ÂGE : 34 ans (13.05.90) SURNOM : Isy STATUT : Penny est le soleil et l'amour de sa vie, l'évidence avec laquelle il écrit sa plus belle histoire et s'autorise à réaliser des rêves de bonheur (06.07.2021) MÉTIER : Infirmier au service des urgences, président de l'association Run for Judy, infirmier bénévole à la Croix Rouge et aux Flying Doctors, sapeur-pompier volontaire et surtout : papa comblé de Jude (13.09.2018), Maia (14.06.2022), Jack et Mila (01.08.2023) LOGEMENT : Penny et lui ont quitté Toowong en 2024 pour s'installer avec leurs enfants à Bayside et y créer leur cocon à l'image entière de leur amour POSTS : 28708 POINTS : 0
TW IN RP : dépression, anxiété, automutilation, idées suicidaires, tentative de suicide, mentions d'abandon d'enfant PETIT PLUS : Emménage à Brisbane en 2003 ∆ il exerce en qualité d'infirmier au st vincent's depuis 2006 puis est affecté aux urgences en 2013 ∆ une suite de blessures anéantit sa carrière de joueur de football australien en 2010 ∆ il attente à ses jours en mars 2018 et reprend le travail en septembre 2018 ∆ finaliste de ROA en 2020 ∆ il se soigne contre son anxio-dépression, après avoir longtemps refusé son diagnosticCODE COULEUR : Isy s'exprime en #9966ff ou slateblue RPs EN COURS :
Maze et moi arrivions proche de mon domicile pour découvrir un spectacle surprenant. Aussi hébété l'un que l'autre, alors que je demandais ce qui se passait aux deux femmes, mon amie en tenue sportive jugeait judicieux de s'interposer, quitte à emplir le rôle de bouclier humain. Mon regard s'attarda sur Greta que je n'avais pas vue depuis de longs mois, les ponts ayant été brutalement coupés suite au geste que j'avais posé contre mes propres jours en mars dernier. J'étais en mesure de saisir les raisons de l'auteure visant à m'expulser de son histoire. J'avais pleinement conscience de l'innommable mal que je lui avais affligé, elle qui m'avait sans relâche soutenu - en vain. Je me demandais si un jour, elle pourrait comprendre que même si elle m'avait décroché la lune, la finalité aurait resté fatalement la même. Je ne pouvais plus perpétuer cet enfer continu dans lequel j'avais sombré. La seule issue possible, mon unique salut, avait été d'attenter à mes jours, d’œuvrer méticuleusement pour ne plus être. Greta n'aurait jamais pu me soigner. Pouvait-elle me pardonner, néanmoins ? Cet espoir croissait exponentiellement en mon être, sa présence même sur mon porche le nourrissant. « Pourquoi demander ? Elle est là, tout va forcément mal. Ça ne devait pas se passer comme ça… »
Puisqu'en face d'elle se trouve Ginny qui détient l'entière connaissance de l'immensité du soulagement, du contentement exceptionnel qui m'avait possédé lorsque j'avais réalisé disposer d'un contrôle sur ma vie, ou plutôt, son terme. Je croisais le regard implorant de la McGrath, ses muscles aspirant à réduire autant de distance que possible avec ce quartier manifestement malfaisant à ses yeux. De quelle faute Greta parlait-elle ? J'étais incapable d'aligner les points vers un éventuel quiproquo. « C’est pas à moi que tu devrais demander si ça va. » Je fronçais les sourcils, interrogateur, et déposais de nouveau mes pupilles sur la silhouette de l'écrivain. Je retenais la jeune mère dans son élan et me penchais pour réparer sa bicyclette avant même qu'elle n'esquisse le moindre geste, lui évitant ainsi une rencontre inévitable contre l'asphalte. Je hochais la tête en signe de dénégation, signifiant que c'était tout naturel, lorsqu'elle me remerciait et plongeais davantage dans mon interrogation lorsqu'elle m'annonçait : « Je n’aurais pas dû passer à l’improviste. Ça n’arrivera plus. » Et avant même que je ne puisse assimiler ses dires, elle conseillait Maze vis-à-vis de ses mollets, puis s'adressais à Greta, intensifiant le mystère de cette conversation, d'éléments dont j'étais entièrement ignare. « Je suis désolée que ce que j’ai pu faire ou dire t’ai fait réagir ainsi. Ça n’a jamais été mon intention d’être aussi nocive pour lui que je le suis à tes yeux. » La britannique était désormais assise sur les marches menant à mon domicile, perplexe et larmoyante. « Je voudrais qu’on m’explique, pourquoi tout le monde semble si calme ? Je suis heureuse de recevoir des excuses, vraiment, mais honnêtement je suis supposée en faire quoi ? J’ai visiblement raté un bon nombre d’épisodes. » Et stupide, j'observe à tour de rôle les protagonistes. Ginny et son casque vissé sur sa tête, à quelques secondes d'un envol précipité. Maze, manifestement aussi désemparée que ma personne, à qui j'ai presque envie de suggérer un nouveau tour de quartier au pas de course. Et Greta, dont les propos ne font aucun sens dans mon esprit. « Je comprends rien. Qu'est-ce qui s'est passé exactement ? Qu'est-ce qu'elle a fait ? » Mon regard passe de la Jones à la McGrath, que j'adressais via mon "elle". Parce qu'à ce niveau, j'étais incapable de déterminer la victime même des agressions formulées. Je plongeais mes yeux vers la peintre, située à quelques mètres de ma personne. « C'est envers qui que tu te dis si nocive ? Moi ?! » J'avais beau être le seul homme de la scène, ses répliques étaient bien trop abstraites à mes yeux pour susciter toute perspicacité de ma part. Après tout, peut-être Greta et Ginny avait un homme en commun ? Qu'en savais-je ? J'ignorais même qu'elles se connaissaient avant aujourd'hui. Cependant, promptement, j'élucide être au coeur de cette altercation. « Qu'est-ce que t'aurais fait ? » Je questionne Ginny, dubitatif.
It's the eye of the tiger, it's the thrill of the fight. Rising up to the challenge of our rival. And the last known survivor stalks his prey in the night. And he's watching us all with the eeeeeye of the tiger. Cette chanson ne quittait plus la tête de Maze depuis qu'elle avait aperçu le regard de tueur de Greta face à Ginny. Au point qu'elle en était arrivée à se mordre la lèvre pour éviter de se mettre à la chanter haut et fort. Elle n'était pas certaine que cela aurait permis de dédramatiser la situation étant donné l'atmosphère électrique et pesante qui s'était installée. Est-ce que cela l'empêchait de visualiser Ginny et Greta en justaucorps au milieu d'un ring, gants de boxe aux mains et prêtes à s'arracher les yeux ou, au choix, à simuler les meilleurs prises de catch ? Non, absolument pas. L'Anglaise aurait définitivement dû s'abstenir d'enchaîner les deux saisons de Glow ces derniers jours. Il était temps qu'elle se ressaisisse avant de se prendre une balle perdue par l'une ou l'autre partie adverse. « C’est pas à moi que tu devrais demander si ça va. » Oh, wow. Maze ne connaissait pas Ginny plus que ça, mais elle ne l'avait jamais visualisée comme quelqu'un capable d'être aussi sèche dans sa façon de s'exprimer. Qu'est-ce qu'Isaac et elle avaient donc bien pu louper pour que les deux jeunes femmes se retrouvent dans cet état là ? Si Ginny semblait plus prête que jamais à s'éclipser et éviter la confrontation, Greta quant à elle paraissait toujours aussi tourmentée. Toutefois, l'Anglaise était plutôt contente de constater que sa remarque à l'intention de la blonde avait eu pour effet de la calmer quelque peu. C'était soit ça, soit se prendre une salve d'insultes dans la figure et elle était rassurée de voir que Greta avait plutôt opté pour la première option. "Tout est de sa faute ? Qu'est-ce qui est de sa faute ?" Elle avait l'impression de jouer les perroquets juste après Isaac qui se posait les mêmes questions qu'elle et qui ne comprenait vraisemblablement rien à la situation non plus. Le visage de Greta semblait par ailleurs s'être transformé en apercevant Isy. Et ce dernier semblait tout aussi surpris de voir son amie devant chez lui. L'Anglaise constata qu'il lui manquait définitivement des informations et qu'il y avait de nombreux non-dits autour d'elle. Ce qui, dans la situation actuelle des choses, commençait à sombrement l'irriter. Sourcils froncés et ton légèrement plus froid qu'elle ne l'aurait souhaité, elle regarda tour à tour Isy et Greta : "On peut m'expliquer ce qu'il se passe là ?" Elle voulait bien volontiers chercher à aider les gens et tenter de calmer le jeu, mais pas quand tout le monde semblait mettre un point d'honneur à la garder dans l'ignorance. Néanmoins, elle fit un effort pour rester stoïque et aussi neutre que possible en constatant que Greta était plus à fleur de peau que jamais. Elle déposa sa main sur son épaule et exerça une légère pression. Ne comprenant strictement rien à cette histoire, elle ne savait pas quoi dire et avait opté pour ce geste ayant pour but de prouver à son amie qu'elle était à ses côtés. "Heu...merci, j'y penserai." Il fallait avouer que Ginny était plutôt serviable et intentionnée de lui avoir donné ce conseil concernant ses mollets malgré la scène qui était en train de se dérouler. Maze se sentait de trop dans toute cette histoire ; plus la conversation avançait et plus elle avait la certitude que tout cela ne la concernait aucunement. Si elle s'éclipsait maintenant, discrètement, peut-être que personne ne le remarquerait ? Elle songeait même à potentiellement piquer le vélo de Ginny pour être certaine que les trois protagonistes règlent leurs affaires. Mais son petit doigt lui soufflait que ce plan risquait d'être compliqué et rapidement compromis. Perdue et quelque peu excédée de ne rien comprendre, Maze se laissa choir par terre, en tailleur, un coude en appui sur sa jambe pour ensuite venir placer son menton dans la paume de sa main et observer tour à tour Ginny, Isaac et Greta jouer la plus convaincante des telenovelas qu'il lui ait été donné de voir. Que se passerait-il dans le prochain épisode ? Ginny ressortirait-elle de cette histoire indemne et sans oeil au beurre noir ? Son vélo survivrait-il ? Isaac allait-il se reconvertir en mécanicien à plein temps ? Greta enverrait-elle tout balader pour s'enfuir avec le voisin ? La suite au prochain épisode.
Je m’étais excusée pour lui, pas pour elle. Et je le savais très bien, maintenant que mes mots franchissaient mes lèvres, s’alignaient vers les oreilles de la blonde. Isaac n’avait pas besoin d’une énième dose de drame dans sa vie, il n’avait pas à modérer une crise de plus en débarquant sur le porche de sa propre maison, son propre asile. L’impression d’être de trop qui me tenaille le ventre entre les coups d’oeil et les questions, qui s’accentue pendant les silences, qui se déploie lorsque résonne dans ma tête l’accusation d’entre toutes, celle qui a fait le plus mal, celle qui justifie aussi que je dois partir, que c’en est devenu un besoin viscéral. Vous êtes un désastre à vous toute seule, faire de votre mieux, vous n’avez vraiment pas loupé votre coup, vous avez ruiné sa vie. C’est ce qui motive ma gorge nouée, c’est ce qui lève mes prunelles horrifiées dans la direction du Jensen, me fait douter une fraction de seconde, déjà trop longue, de tout ce qu’on a pu se dire, se promettre. C’est ce qui flotte au-dessus de mes excuses de grande personne, d’effort mature, de tentative de sauver les meubles, la situation. Et j’enfile mon casque, et je suis résignée, inutile. « Je voudrais qu’on m’explique, pourquoi tout le monde semble si calme ? Je suis heureuse de recevoir des excuses, vraiment, mais honnêtement je suis supposée en faire quoi ? J’ai visiblement raté un bon nombre d’épisodes. » mais ça, ça passe pas. Sans le réaliser, j’hausse le sourcil, arqué d’incompréhension, d’étonnement surtout. Et la suite de la scène m’arracherait presque un soupir si je n’avais pas su peaufiner avec les années un masque parfaitement impassible en situation de crise. Celle qui à peine quelques minutes plus tôt était véhémente, criait, s’agitait dans tous les sens, menaçait au passage, est maintenant réduite à une silhouette recroquevillée sur le perron de la demeure, les yeux embués. Ah bien sûr. C’était toujours plus facile d’accuser les gens lorsque la personne qu’on souhaitait attendrir n’était pas dans les parages ; et encore une fois, les agissements de la jeune femme ne font que me confirmer qu’ils sont probablement beaucoup plus qu’annoncé ; ce à quoi je ne m’attarde même pas. « Donc, tu m’as dit tout ça sans rien avoir sur quoi te baser? Et maintenant tu demandes des explications? » ma voix est posée, et je résume simplement, j’étale les faits, je constate le stratagème. Sauter à la gorge des gens était facile, faire gober de mauvaises intentions pour ensuite leur filer le mauvais rôle l’était tout autant. Les recouvrir de stigmates en attendant qu’ils s’y noient eux-mêmes était du déjà vu, du réchauffé. « Habituellement, quand on menace les gens, on valide ses sources avant. » et j’aurais pu faire fi de tout ça, j’aurais pu poursuivre dans ma veine, et partir comme l’intention précédemment annoncée. Mais la larme qu’elle surjoue ne passe pas, l'hypocrisie non plus. Pleurer était un geste tellement important, tellement intense, un dernier recours. Ce qu’Isaac m’avait partagé à coeur ouvert, ce qu’il m’avait vu vivre jadis tout autant. De voir la jeune femme changer du tout au tout d’attitude entre les éclats de rage et la recherche de pitié maintenant qu’il est dans les parages ne m'augure rien de bon.
« Je comprends rien. Qu'est-ce qui s'est passé exactement ? Qu'est-ce qu'elle a fait ? » la voix du Jensen comme médiateur, et maintenant qu’il est bien loin de mon vélo, le voilà qui tente d’élucider à nouveau, de répéter les mêmes questions, d’attendre de nouvelles réponses. Qu'est-ce qu'elle a fait ?Exister, apparemment - que je me retiens de dire, ne jouant apparemment pas la carte de la victime aussi bien que son amie. « C'est envers qui que tu te dis si nocive ? Moi ?! » mon regard rêverait de viser le sol, d'attraper le bout de mes baskets, de dériver même vers l'horizon. Mais à la place, il soutient celui d’Isaac comme une réponse évidente à l’interrogation qu’il vient de poser. De qui d’autre est-ce qu’on parlerait? Il y a tellement de choses à accuser, on a tant de reproches à lui faire, à l’amie dépressive et suicidaire qui est venue agiter ses démons d’antan sous le nez de l’infirmier en espérant l’aider à s'en sortir et qui, visiblement selon la blonde, n’a fait qu’empirer son sort. Je suis déjà passée maître dans l’art de me culpabiliser toute seule, si on pouvait me laisser le monopole de ce boulot, ce serait bien. « Qu'est-ce que t'aurais fait ? » mauvaise question, mauvaise interlocutrice. Je fronce les sourcils, serre les lèvres, blocage complet et total lorsqu’il s’agit de parler devant public de moi, de ma vie - et évidemment, des problèmes que j’ai ramenés aujourd’hui sur son paillasson comme mes erreurs sous forme de cachets avalés en trop grande quantité. « Je peux pas. Parler de ça, ici. C'est ma limite. Me force pas s'il-te-plaît. » et déjà, c’est bien parce que c’est lui, c’est bien parce que je lui ai tant dit et j’en ai tant entendu que je suis franche à ce point, que j’insiste, que je tente au mieux de lui expliquer. Je lui ai promis de lui dire la vérité tout comme il l’a fait pour moi. Ne serait-ce pas à cela que je me raccroche? Bien sûr que le fait que j’ai moi aussi fait une tentative choque tes amis, bien sûr qu’ils voient en moi une personne nocive à écarter de ta vie. J’ai été stupide de croire que ta confiance était suffisante à leurs yeux, et j’en paie maladroitement le prix. Mais ça, c’est pour une autre discussion. « Je suis désolée que tu assistes à ça. » à Maze, encore et toujours prise avec la même incompréhension, le visage inquiet, les pires scénarios qui nous montent à la tête. De toute façon, à travers les inquiétudes de son amie qu’elle rejoint au sol et les coups d’oeil qu’Isaac leur lance à la dérivée, je comprends bien vite que je ne suis qu’un pion aujourd’hui, que je ne suis qu’un tampon et que le vrai problème, réside entre eux. Ils ont clairement quelque chose à régler tous les deux, et de grâce, j'espère qu'ils me garderont hors de ça. Plongeant les mains au creux des poches de mon jeans en espérant être libérée pour enfin laisser de côté toute cette histoire, je tombe sur la raison, le motif, la connerie qui m’était passée par la tête avant de m’arrêter ici et qui maintenant, me semble bien obsolète. Autant finir la livraison tant qu’on y est, question de donner plus de munitions encore. « C’est ridicule, maintenant. Mais à la base j’étais juste venue te porter ça. » la seconde d’après ma voix s’élève, un peu plus légère, tentant au mieux de la rendre plus posée, moins agressive, moins blessée. Ma paume se tend vers Isaac, remplie d’emballages bleus, des bonbons qu’il avait gobés avec parcimonie le soir d’Oz, ce soir-là. Quand je pensais honnêtement que seulement de bonnes intentions suffisaient à pouvoir mieux l’épauler, à pouvoir mieux l’aider dans tout ça. Quand il m’avait fait une place que j’avais prise sans y penser à deux fois. Quand on s’était dit que la vie nous renverrait des obstacles et des défis, que ce serait difficile, mais qu’on survivrait. Qu'être là, qu'être à ses côtés, chasserait tous les démons du monde, les siens comme les miens. En voilà une ironie.
Sac sur l’épaule, c’est à peine si je ne jogge pas jusqu’à mon vélo avant de commencer à l’enfourcher. Un bruit sourd derrière que je n’entends pas, que je nie sûrement et apparemment, si je n’étais pas si tête en l’air, j’aurais bien vu que mon sac était entrouvert, et que mon portefeuille tombe au sol dans l’élan. À voir s'ils le remarquent ou si déjà la conversation flotte vers tout le danger que je personnifie.
Les retrouvailles avec Isaac n’étaient pas supposées se passer ainsi, Greta y avait tant songé même lorsqu’elle n’était plus sûre d’être encore capable de le regarder dans les yeux. Ce scénario s’était déroulé dans son esprit tant de fois qu’elle pouvait affirmer que ce qui se tramait devant ses yeux n’était qu’une sombre accumulation de coïncidences hasardeuses. Ce que la blonde avait prévu, poussée par Maze, était d’ouvrir son cœur à celui avec qui il était autrefois si simple de le faire. Greta lui aurait expliqué avoir été faible, déboussolée par l’extrême violence des événements. L’auteure se serait excusée, aurait tout fait pour qu’Isaac lui pardonne et qu’ils terminent la journée à parler de tout et de rien pour rattraper le temps perdu. C’était une idée égoïste de penser qu’Isaac serait capable de lui pardonner alors qu’il avait tous les droits de lui en vouloir. Mais était-il envisageable qu’il lui en veuille au point de retourner dans les bras de Chloé après la tragédie ? L’idée semblait valable alors qu’elle se dressait là, aux côtés de sa bicyclette, arborant tout l’attirail de la victime parfaite. Mais il semblait ne pas comprendre, et alors qu’il lui demandait ce qu’elle avait fait de mal, Greta n’avait même pas le courage de construire une réponse cohérente. Mais Maze n’avait pas tardé à faire echo aux paroles d’Isaac, visiblement tout aussi interloquée que lui. Connaissait-elle Chloé ? Avait-elle était amie avec Isaac assez longtemps pour connaître l’histoire ? Selon Greta, l’amitié entre les deux était naissante et la blonde en savait bien plus que son amie, d’où son étonnement. « C’est une caméra cachée ? » Faire de l’humour était la dernière chose que souhaitait l’auteure mais pour le moment, ce sentiment d’être l’héroïne d’une farce gigantesque demeurait. Maze souhaitait des explications, Isaac également, mais les demandant directement à celle qui avait brisé sa vie. S’efforçant de se calmer, la cycliste reprenait de plus belle, prenant finalement Greta de haut. « Ah mais tu te sens forte parce que t’en entourée maintenant ? Tu te crois mieux que tout le monde parce que t’es assez maligne pour savoir qu’il faut s’étirer après un jogging et que tu te déplaces en vélo ? Bon sang ! » Ses dernières paroles avaient ressemblé à des hurlements, son visage virant au rouge, son regard se portant sur Maze, cherchant le soutien. « Mais pourquoi, qu’est-ce que j’ai raté ? Depuis quand Chloé est devenue votre meilleure amie ? Elle est la raison de tout ça non ?! » Ils la regardaient maintenant tous avec des yeux grands ouverts, et Greta avait beau chercher un visage moins tendu que l’autre, c’était peine perdu. Les trois personnes étaient similaires, toutes partagées entre étonnement et peine. Et la source de toute cette rage vocifère et déblatère des phrases incompréhensibles, se comporte comme un agneau docile et apeuré, comme si Greta était un loup affamé. Son air de chien battu force Greta à serrer les poings pour se retenir, pour la première fois de sa vie, de lui en coller l’un dans la figure. Quelque chose cloche, elle peut le tâter du bout des doigts. La tension qui règne autour d’eux n’est pas normale, tout comme la visite de Chloé. Cette façon d’apostropher sa meilleure amie, comme si ça aussi, elle le lui avait pris. Greta, prête à bondir, se refuse à assener le coup de grâce sur une femme de dos, et alors que son portefeuille tombe, le doute l’accable. Et si, finalement, cette femme douce et se défendant corps et âme n’était finalement pas celle qu’elle croyait ? S’asseyant de nouveau, Greta attendait son châtiment, consciente d’avoir perdu toute chance de retrouver un brin d’amitié avec Isaac, d’avoir brisé l’amitié avec Maze et d’avoir blessé – moralement voire physiquement - une inconnue.
Isaac Jensen
le coeur au bout des doigts
ÂGE : 34 ans (13.05.90) SURNOM : Isy STATUT : Penny est le soleil et l'amour de sa vie, l'évidence avec laquelle il écrit sa plus belle histoire et s'autorise à réaliser des rêves de bonheur (06.07.2021) MÉTIER : Infirmier au service des urgences, président de l'association Run for Judy, infirmier bénévole à la Croix Rouge et aux Flying Doctors, sapeur-pompier volontaire et surtout : papa comblé de Jude (13.09.2018), Maia (14.06.2022), Jack et Mila (01.08.2023) LOGEMENT : Penny et lui ont quitté Toowong en 2024 pour s'installer avec leurs enfants à Bayside et y créer leur cocon à l'image entière de leur amour POSTS : 28708 POINTS : 0
TW IN RP : dépression, anxiété, automutilation, idées suicidaires, tentative de suicide, mentions d'abandon d'enfant PETIT PLUS : Emménage à Brisbane en 2003 ∆ il exerce en qualité d'infirmier au st vincent's depuis 2006 puis est affecté aux urgences en 2013 ∆ une suite de blessures anéantit sa carrière de joueur de football australien en 2010 ∆ il attente à ses jours en mars 2018 et reprend le travail en septembre 2018 ∆ finaliste de ROA en 2020 ∆ il se soigne contre son anxio-dépression, après avoir longtemps refusé son diagnosticCODE COULEUR : Isy s'exprime en #9966ff ou slateblue RPs EN COURS :
Le mystère ne fait que se décupler, mes questions ricochant contre celles prononcées par Maze, l'altercation entre les deux anglaises croissant dangereusement. Je ne percevais absolument pas quelconque tort incombant à Ginny ni les motifs inspirant Greta à désapprouver avec tant de véhémence sa présence dans mon quartier. D'autre part, le fait que l'écrivain se trouve sur le seuil de ma porte m'épatait prodigieusement, suscitant cependant un maigre espoir qu'elle vienne pour recoller les morceaux explosés de notre ancienne amitié.
Je sentais les couleurs de mon visage disparaître promptement lorsque la Crawley quémanda des explications sur la nature de ma relation avec sa meilleure amie. On peut m'expliquer ce qu'il se passe là ? Le problème était que j'avais soigneusement conservé Maze dans l'ignorance, non pas par manque de confiance envers l'anglaise, mais bien par manque de force, de courage de ma part. Par ailleurs, en profond égoïste, j'avais fortement apprécié le fait que tout en acceptant et sachant que j'avais commis une énorme erreur récemment, la brune m'avait pardonné aveuglement ainsi qu'offert son soutien inéluctable. J'augurais un abominable pot-aux-roses se dresser devant chez moi, que je n'étais aucunement prêt à assumer et dont les conséquences me terrifiaient lamentablement. De toute évidence, Greta avait préservé Maze de la raison pour laquelle nous étions en froid. Je priais pour qu'elle continue sur cette lancée, le temps que je puisse dévoiler ce pan de mon histoire moi-même et non suite à des termes acerbes lancés à la dérobée. J'évitais méticuleusement de croiser le regard de Maze, sachant pertinemment qu'elle y lirait tout l'interdit que je m'accablais, et orientais mon attention sur Ginny.
Son regard me heurta violemment, suivi de ses propos qui me firent instantanément regretter cuisamment mes questions. Un profond sentiment de culpabilité doublé de stupidité me happait tandis que la McGrath s'excusait à la Crawley, que je me refusais désormais de regarder directement. L'ampleur de la situation et ses conséquences obscurcissaient aussi vivement que sombrement mon esprit, qui s'extirpa de sa torpeur lorsque la peintre me tendit quelques bonbons, redondances d'une soirée inoubliable. Je les réceptionnais sous la symphonie des nerfs à vif de Greta qui, en un seul mot, éradiquait mes confusions. « Mais pourquoi, qu’est-ce que j’ai raté ? Depuis quand Chloé est devenue votre meilleure amie ? Elle est la raison de tout ça non ?! » Je ferme les yeux l'instant d'une seconde, abasourdi. S'il m'était facile de restaurer l'identité de chacun dans cet échange, le fait que Greta s'avance sur la culpabilité de Chloe allait insatiablement piquer la curiosité de Maze ce qui mènerait à un mea culpa de ma part forcé. Du moins, c'était l'horrible théâtre que je me peignais. D'une voix blanche, je m'entendais articuler : « Greta, je te présente Ginny. Une amie que j'ai rencontrée il y a quelques années. » Je levais mon regard d'émeraude vers l'auteure à succès alors que la McGrath s'élançait vers sa bicyclette dans mon dos, présageant déjà de nouvelles questions de la part de cette première : comment pouvait-elle n'avoir jamais entendu parler de Ginny ? Je ne livrais pas de compte-rendu détaillé de mes relations à la Jones, mais je sentais que la suite de la journée allait être rude. Ou était-ce uniquement mon pessimisme légendaire qui ravageait mes états d'âmes ? « Chloe est mon ex fiancée, » j'adressais à Maze, mon regard la fuyant après un contact visuel d'un millième de seconde. Mon cœur battait désormais solidement la chamade, mon esprit, désespéré, sollicitait naïvement un don de télépathie pour implorer Greta de ne pas aller plus loin sur ce dossier et capter que la brune ignorait tout de Chloe ainsi que ma tentative de suicide ayant eu lieu cinq mois plus tôt - raison pour laquelle nous ne nous parlions plus. Le serpent paraissait se mordre odieusement la queue dans ce scénario, des pièces fatidiques d'un puzzle inavoué indispensables à pallier les incompréhensions éprouvées par Maze. Greta et Ginny joueraient-elles le rôle de gardienne de mon secret malgré le fait qu'il les impactait ?
Entre les excuses de Ginny, les reproches de Greta et l'incompréhension d'Isy, Maze se demandait chaque seconde davantage ce qu'elle faisait là. Elle n'arrivait pas à raccrocher les wagons et, à vrai dire, cela faisait maintenant plusieurs minutes qu'elle avait même arrêté d'essayer. Comment Ginny, une personne à ses yeux complètement pacifique, s'était-elle débrouillée pour mettre Greta dans une telle rage ? Elle observait la joute verbale qui s'était installée entre elles deux, ne sachant même plus comment s'y prendre pour essayer de calmer le jeu. Et pourquoi Isaac semblait-il maintenant éviter son regard ? Lui qui semblait ne pas en mener plus large qu'elle quelques secondes auparavant avait soudainement quelque chose à cacher à son tour ? Était-elle sans le savoir prise au beau milieu d'un tournage de Punk'd ? Si Ashton Kutcher souhaitait débarquer en fanfare pour lui annoncer qu'elle avait été piégée, c'était le moment ou jamais. "Depuis quand Chloé est devenue votre meilleure amie ?" A cette phrase, Maze tourna instantanément sa tête vers son amie, les sourcils froncés et l'air plus perdu que jamais. Chloé ? Qui ? Alors qu'elle s'apprêtait à demander des explications à Greta, Isaac prit les devants en présentant Ginny. Un soupir las lui échappa quand elle comprit que tout ce remue-ménage n'avait été que le fruit d'une erreur d'identité. Mais son cerveau continuait malgré tout de tourner à plein régime, pressentant au fond d'elle-même qu'il y avait bien plus que ça à découvrir. Pourquoi cette fameuse Chloé avait-elle transformé Greta en véritable furie ? Les phrases de son amie résonnaient en boucle dans sa tête sans qu'elle ne réussisse à en comprendre le sens, alors que les trois autres personnes autour d'elles semblaient soudain percevoir la situation dans son ensemble. La question évidente qui s'annonçait après tout ce déballage était évidemment : "Qui est Chloé ?" Une nouvelle fois, Isaac répondit à sa question avant même qu'elle n'ait le temps de la formuler. Toujours aussi perdue, Maze ne saisissait pas comme une ex fiancée pouvait être à l'origine d'une telle tension. Tension qui était d'ailleurs toujours palpable, malgré les éclaircissements qui venaient d'être faits. Des ex, on en avait tous n'est-ce pas ? Il y avait des histoires plus ou moins reluisantes à raconter, des ruptures plus douloureuses que d'autres, des rancoeurs encore parfois dissimulées des années plus tard. Mais de là à mettre Greta dans cet état là et rendre le regard d'Isaac complètement fuyant ? Qu'avait donc cette Chloé de si exceptionnel ? Elle regarda les trois protagonistes tour à tour. Chacun d'entre eux semblait soudain très distant. Il fallait être aveugle pour ne pas comprendre qu'ils détenaient des informations dont elle ignorait encore tout. Et vraisemblablement, cela n'était pas prêt de changer car aucun ne semblait enclin à lui livrer les clés de ce mystère. Les problèmes, elle avait pour habitude de les affronter, pas de les contourner ou de les reléguer dans un coin oublié de son esprit. Depuis son arrivée à Brisbane, Isy avait été à ses côtés à chaque étape sportive de sa vie visant à prouver qu'elle était plus forte que son diabète ; il aurait dû être le premier à savoir qu'elle n'était pas prête à se laisser faiblir face à l'adversité. "Ok...C'est ton ex fiancée...Et qu'est-ce qu'elle a f..." Sa phrase resta en suspens. Une conversation qu'elle avait eu quelque temps auparavant avec Isaac lui revint brutalement à l'esprit. Toute cette histoire pouvait-elle concerner ce fameux acte que son ami avait commis et pour lequel plusieurs de ses proches avaient juger préférable de prendre leurs distances ? Il n'avait alors pas souhaité s'étendre davantage et Maze n'avait pas eu besoin d'en savoir plus. Tout ce qui lui importait, c'était de lui montrer qu'elle était à ses côtés, quelles que soient les épreuves à affronter. Mais les faits étaient là : la britannique était la seule à être présentement dans une totale ignorance. Et cela ne pouvait signifier qu'une chose à ses yeux : ses proches ne la jugeaient pas digne de confiance. Le meilleur moyen pour attaquer efficacement la jeune femme était sans nul doute de blesser son amour-propre; et c'était ce qui venait de se produire. Sans même s'en rendre compte, sa mâchoire s'était crispée, ses points s'étaient serrés et les ongles de ses doigts commençaient à sérieusement attaquer la paume de sa main. Elle déglutit difficilement, sentant sa gorge se serrer face à cette situation dont tout le monde semblait vouloir l'exclure à tout prix. Venant de Ginny, cela pouvait être compréhensible. Elles n'avaient pas un lien suffisamment fort leur permettant de se livrer à de quelconques confidences. En revanche, venant de la part de Greta et d'Isaac, la pilule avait beaucoup plus de mal à passer. Elle se sentait simplement blessée. Si elle leur vouait une confiance aveugle, la réciproque n'était apparemment pas vraie. "Vous savez quoi ? Il est évident que je ne suis pas dans la confidence et il y a sûrement une très bonne raison à ça. Alors je vais vous laisser." Son ton était cassant et froid ; mais il était déjà remarquable qu'elle ait réussi à prononcer cette phrase alors qu'en toute autre circonstance elle aurait plutôt choisi de se murer dans un silence total. Dépitée de la tournure que cette journée avait prise, elle jeta un coup d'oeil à ses baskets et amorça un départ, déjà prête à déguerpir au pas de course, faisant le vœu que ses pieds l'emmènent aussi vite que possible chez elle. Ou tout du moins très loin de cette rue.