« C’est ça ouais et bah vas bien te faire foutre ! Connard ! » Nino jeta sa serviette en direction de celui qui fu son patron l’espace de deux heures, à peine. L’italien était à l’essai dans un bar sur la plage. Il avait galéré à venir jusqu’ici depuis Brisbane, il avait fait du stop tout ça pour quoi ? Pour tout envoyer balader. Clairement, être au service de clients aussi cons les uns que les autres, c’était absolument pas à la portée de Nino. Après avoir envoyé balader deux fois le même client, laisser volontairement poireauter une famille devant la porte pendant plus de dix minutes parce que la jeune femme en terrasse était bien plus interessante, pour le patron, c’était déjà limite mais quand Nino ne versa pas le pourboire qu’il avait reçu dans le pot dédié – dont la moitié revenait au patron et l’autre moitié divisés entre les serveurs – c’était la goutte d’eau pour le gérant. « T’es qu’un voleur ! Escroc! » il ne manquant pas de le crier haut et fort pour que tous les clients présents puissent l’entendre. Il pourra de nouveau remercier Mikel, celui qui lui dégotait les tafs de merde. Après le clown ça, il savait qu’il devrait refuser toute proposition à l’avenir.
Il décida alors de rester sur la plage pour trainer dans le sable avant de repartir. Il trouverait bien à nouveau quelqu’un qui le prendrait en stop pour repartir en ville. Il remarqua plusieurs terrains de beach volley a quelques dizaines de mètres de lui. Des personnes en tenus légères sautaient, frappaient dans un ballon, se battaient pour remporter leurs parties. Peut-être y avait-il un événement particulier, vue la grande estrade qui étaient montée en arrière-plan. « Hey ! » l’italien leva les yeux en pensant reconnaître cette voix qui semblait s’adresser à lui. Dans le mile, il reconnut Cassandra un peu plus loin qui lui faisait des grands signes. Il s’approcha d’elle, assez surpris également de la voir ici.  « Si je pensais te trouver ici ! » ils étaient deux. En même temps, Nino ne s’attendait à voir personne ici. « Comment tu vas toi ? » il jeta un œil derrière lui où il pouvait encore apercevoir le bar en question qui donnait tout droit sur la plage. « J’ai connu mieux ! Et toi ? J’te savais pas si sportive ! » a en croire sa tenue, elle était prete à jouer au volley elle aussi. « c’est quoi ? Un tournoi ? » demanda-t-il en regardant autour de lui.

Nino devait redescendre en pression, son sang circulait bien trop vite dans ses veines encore. Voir Cassandra était plutôt une bonne surprise après cette mauvaise anecdote qu’il pourra raconter à ses potes. Mikel pourrait bien aller se faire voir par la suite quand il lui proposera de nouveaux plans foireux. « Ca va. Merci. Enfin, ça aurait été encore mieux de ne pas avoir perdu un pari. C'est pour ça que j'me retrouve ici. » L’italien se demandait de quel pari elle pouvait bien parler. Il serait curieux d’en savoir plus à ce propos. « Abby m'a donné un gage. Et cette peste s'est tirée je sais pas où » apparemment, elle lui en voulait pas mal. «C’est qui cette Abby ? Et t’as perdu quel pari au juste ? » Demanda-t-il avec un petit sourire sur les lèvres. En tout cas, si la défaite l’avait amené sur la plage, ce n’était pas si terrible que ça. L’enjeu n’était pas énorme. « Tu me connais. Le sport et moi, ça fait un million. » c’est vrai qu’il n’avait pas un souvenir d’elle forcément très sportive. Il se souvenait que même prendre des escaliers pour monter chez elle lui était compliqué et douloureux quand son ascenseur ne marchait pas. Elle râlait facilement pour ça. « tout dépend du sport en question d’imagine. » remarque on ne peut plus lourd mais l’italien avait saisi une perche qu’elle n’avait sans pas imaginé lui avoir tendu. Il regarda ces sportifs s’agiter autour d’eux, des ballons volaient à droite et à gauche et ils n’étaient pas à l’abris de recevoir une balle perdu arrivée de nulle part. En tout cas, Cassandra ne savait pas trop ce qu’il se passait par ici. Pourtant, c’était bien elle qui était en tenue de sport, prête à taper dans un ballon, pari perdu ou non, elle devait quand même savoir pourquoi elle était venu jusque là. Surtout que la plage n’était pas à portée de Brisbane. Se taper presque une heure de route pour ne pas savoir pourquoi, c’était ballot quand même. « Abby devait m'en dire plus. Mais comme tu peux constater, elle est pas là. » tout s’expliquait donc. « Et si tu l’appelais ? » peut être qu’elle n’était pas si loin que ça. . « Tu joues toi ? » l’italien la voyait venir à milles kilomètres. Il secoua la tête. « c’est mort. C’est ton pari, pas le mien. Tu me feras pas me ridiculiser face à ces joueurs pros. Je sais pas jouer au Volley. » et encore moins dans le sable. Ca ne faisait pas partis de ses sports favoris lorsqu’il était au collège. « J’ai rien à faire de plus, mais si t’es inscrite, vas-y, moi j’serai le supporter. »

« C'est une amie que j'ai rencontré peu de temps après avoir débarqué à Brisbane. Enfin, après le coup qu'elle vient de me faire, je suis pas certaine que j'puisse encore la considérer comme une amie mais bon. » Nino leva les yeux au ciel. « Ce que vous pouvez être susceptible les nanas… » s’il en fallait si peu à Cassandra pour ne plus considérer son amie comme une amie justement… elle était bien exigeante. Après, peut être qu’elle n’était pas à son premier coup d’essai, qui sait ? Si Nino était si intransigeant avec ses potes, il n’aurait plus personne autour de lui. Mais il n’était pas non plus difficile puisqu’en effet, il n’avait pas non plus énormément d’ami. Mikel était une très bonne rencontre pour lui et malgré les coups pourris qu’il pouvait lui faire, l’italien l’appréciait toujours et pour d’autres raisons également. C’était une facette de sa personnalité qui était aussi amusante. Et Nino lui-même pouvait parfois faire de sales coups. Le dernier en date c’était sans doute d’avoir embarquer Vince avec lui dans ce cambriolage… mais ça, c’était bien plus grave qu’une simple broutille entre fille. Cette connerie avait fait de Vince un véritable légume, son corps ne répondait plus de rien. Nino s’en voulait d’autant plus que Vittorio ne faisait que lui répété qu’il était l’unique responsable de son état. Il se rassurait en disant le contraire, en disant que Vince était maitre de son destin, maitre de son libre arbitre, que personne ne lui avait forcé la main, que si Vitto lui-même n’avait pas quitté Scampia tout ça ne serait pas arrivé et pourtant, c’était bien Nino qui avait promis à Vince une belle vie après tout ça. Il lui avait promis que sa vie changerait, que ce coup leur rapporterait tellement gros… Il avait pas tort, la vie de Vince a bien changé, c’est sûr… à présent il ne peut plus marcher, plus s’habiller seul, plus manger seul… il ne peut plus rien faire sans une aide humaine et technique à la fois. « Ouais, bon, j'exagère sans doute un peu. » il était content qu’elle l’admette. « Mais quand tu vas quelque part, à la base, c'est pour rester ensemble. Et pas aller à droite à gauche, non ? » et elle n’avait pas tort non plus. « Elle s’est peut-être perdue. » dit il en usant de son sarcasme. Enfin bref, si Cassandra voulait vraiment retrouver sa copine, elle n’avait qu’à faire le tour de la plage, hurler son nom, peu importe, mais ce n’était pas si grand par ici. « Facile de l'appeler ... Si j'avais mon téléphone. J'l'ai pas pris avec moi. Parce que les pickpockets, c'est monnaie courante sur la plage. Elle va bien finir par se pointer à un moment ou à un autre. » Ce n’était pas Nino qui lui dirait qu’elle est bien trop méfiante, lui-même savait très bien y faire pour dérober ce genre d’objet si précieux aux yeux de tous. « On est jamais trop prudent ! Enfin bref, ouais, elle va bien revenir. » il était de plus en plus curieux de voir à quoi ressemblait cette fameuse Abby.
Cassandra semblait vouloir trouver en Nino un remplaçant pour jouer avec elle au beach volley. Il regarda les joueurs et même s’ils n’étaient pas professionnels, ils étaient bien meilleurs que lui. « Les gens qui viennent à ce genre d’événement s’entrainent pendant des semaines pour être sur le podium. » il secoua la tête négativement. « enfin, ceux qui viennent parce qu’ils le veulent et pas parce qu’ils ont perdu un pari. » dit-il amusé. « Même si j'te supplie, ça marche pas ? » la tête de Nino en disait long sur sa réponse, jamais. « J'sais même pas si j'suis inscrite. » il remarqua un peu plus loin un stand avec des personnes derrière une table, ca semblait être le centre de tout ce bazar. « tu trouveras surement ta réponse par la bas. » il lui montra du doigt. « J’crois que j'vais me tirer. Ni vu. Ni connu. Et personne n'en saura rien. Enfin, si, toi, tu le sauras. Mais tu vas garder le secret, hein ? » et quel secret dis donc, ca méritait la mention confidentielle pour qu’il ne le répète pas. « J’pourrais vendre l’information au journal du coin, j’suis sûre que ca intéresserait pas mal de monde de savoir que t’as pas tenu ta promesse après avoir perdu un pari ! Breaking News ! » dit-il ironiquement. « Mais, c’était quoi ce foutu pari ? »

« Elle a un GPS dans la tête. Mais même si elle a un GPS, oui ... C'est possible qu'elle se soit perdue. » Bon, pour être clair, Nino se foutait pas mal de savoir où était sa pote. Elle pouvait être bien n’importe où, entrain de faire n’importe quoi, ca ne le regardait absolument pas. « Bon, j’suis vraiment désolé pour toi si tu te sens abandonné, mais maintenant que t’es là, t’as qu’à juste profiter. Ou si nan, comme t’as dit, tu te barre. Et tu règleras tes comptes avec ta pote plus tard. Mais bon, visiblement, elle a mieux à faire. » Il eu crainte d’y être allé peut être un peu fort sur cette dernière phrase, mais en même temps, rester là à parler de sa pote, ca n’intéressait pas vraiment Nino. « Ou alors, c'était ça le gage. Me faire croire que j'allais jouer et m'abandonner sur la plage, toute seule. » Nino répondit alors du tac au tac. « Change de pote ! » ce serait bien là un sale coup. « Enfin, si c'est ça, j'ai la chance d'être tombée sur toi. » c’était toujours assez flatteur de recevoir ce genre de compliment. « Merci, mais je sais pas si t’as vraiment gagné au change tu sais. »
« Me dis pas ça. Fallait me laisser espérer qu'ils sont tous aussi nuls que moi et que j'aurais pu avoir une chance." Nino avait du mal à comprendre pourquoi elle se faisait autant de soucis, elle prenait, pour lui, les choses bien trop à cœur. « Tu sais quoi ? Si t’as pas envie de jouer, laisse tomber. Tu vas à la table d’inscription, tu donnes ton nom et tu leur dis que tu déclare forfait. Qu’est ce qui t’oblige à jouer ? Ta pote s’est barré… » fit-il pour lui rappeler. « en plus, c’est en duo et … t’es toute seule. » hors de question pour lui de jouer, c’était une manière de lui rappeler aussi. « J'vais pas avoir le choix. J'vais devoir aller voir. » Il la laissa se diriger vers la table en question et il la suivait de près en même temps, comme pour lui apporter une sorte de soutien. « Faut voir le bon côté des choses. Je serais dans le journal. » Et ensuite, nul doute pour que les tabloïds viennent s’intéresser à ces deux nanas dont l’amitié à été brisée parce qu’elles n’ont pas pu jouer au Beach volley ensemble. Ce genre d’information intéressantes qu’on pouvait trouver dans Closer. « tu pourras l’encadrer, mais ce sera pas pour la gloire ! ». En parlant de photo dans le journal, il y avait un journaliste pas trop loin d’eux qui venait prendre des photos et poser des questions aux participants pour son article. Nino leur tourna le dos. «Ils sont déjà venu pour toi, tiens… » Pour Nino, c’était loin d’être un avantage, lui qui détestait les médias, être pris en photo, qu’on puisse savoir où il était et quand il y était… impossible pour lui. Même pour une petite fête sportive comme celle-ci. Personne n’avait besoin de savoir. Mais c’était bien à cause de son passé à Scampia qu’il réagissait ainsi.
L’italien demanda ensuite à Cassandra quel était ce fameux pari qu’elle avait bien pu perdre pour être trainée de force jusqu’ici. « Abby pense que j'ai un balai dans le cul. Je cite : "Ma pauvre Cassandra, t'as un baobab dans le cul. Tu t'amuses pas assez." Donc, j'lui ai dit de trouver une activité. Et que j'la ferais. Et que si c'était pas le cas, elle me donnerait un gage. Elle a choisi le pire truc au monde ... Le saut à l'élastique. J'ai eu un mode gros flip. Grosse panique. J'ai pas pu le faire. Et voilà pourquoi je me retrouve sur la plage sans savoir ... vraiment pourquoi je suis là. Si j'suis là pour jouer au volley. Ou bien si elle me réserve autre chose." Faire du saut à l’elastique pour prouver qu’on a pas un baobab dans le cul, d’après cette fameuse Abby et bien, c’était une bonne partie de la population mondiale qui devait avoir cet arbre entre les fesses. « j’aurai pas pris ca comme exemple ! Pour moi, tu peux très bien être la personne la plus cool du monde et pour autant, n’avoir absolument pas envie de sauter à l’élastique. Y a des peurs qui se contrôlent pas… » répondit le sage Nino. C’est surtout qu’il avait l’impression d’être attaqué personnellement avec ce genre de remarque car pour lui, il serait impossible de sauter à l’élastique, il serait paralysé et totalement flippé. Le vertige n’a rien à voir avec le fait d’avoir oui ou non un balai dans le cul. « Du coup, t’en fais pas, n’ai aucun scrupule à te barrer ! Ta pote est une conne. » oups, c’était sortie tout seul. « Il va falloir que j'y aille!» cette présence de journaliste le mettait réellement mal à l'aise.

« On ne change pas de pote comme on change de chemise. C'est comme si tu voulais que j'te dise que j'veux plus te voir. C'est pas possible. T'es peut-être grincheux. T'as pas ta langue dans ta poche. Tu m'remets souvent en place. Mais moi j't'apprécie comme ça. » Voilà une vérité que Nino ne pouvait pas nier. Il n’avait pas sa langue dans sa poche et il n’avait pas de filtre non plus. Et parfois il abusait un peu de ça quand il sentait qu’en face de lui, il pouvait se le permettre. Cassandra avait son caractère, mais il n’hésitait pas un instant à lui dire réellement ce qu’il pensait. Et finalement, ca se passait bien entre eux, le courant était vite passé et c’est bien pour ça qu’ils avaient pu cohabiter. Nino n’aurait jamais imaginé pouvoir dormir chez des personnes rencontrées au coin d’un détour, dans un bar ou par le biais d’une autre personne encore avant de venir pointer son nez en Australie. A Naples, à Scampia même, il était plutôt très solitaire à ne pouvoir faire confiance en personne. Il avait du mettre ça de côté par nécessité et il s’était rendu compte que le monde entier n’était pas comme le quartier de merde dans lequel il avait grandi. Des personnes bien pouvaient aussi croiser sa route. « Une Abby d'un côté, un Nino de l'autre. Moi j'crois que j'y gagne. Puisque t'es face à moi. » Il souri à cette réponse. « j’vais prendre ca comme un compliment ! » il pouvait s’avouer être parfois un peu rude dans ses paroles mais Cassandra était assez intelligente pour ne pas prendre au pied de la lettre chacun de ses mots.
« C'est toujours la gloire de se retrouver avec sa photo dans le journal. Enfin, j'espère bien, pour de vrai, que j'aurais jamais à me retrouver dans un journal. Tu penses que j'devrais aller les voir et prendre la pose devant eux ? » l’italien voyait déjà les grands titres avec la photo de la demoiselle en dessous. « Cassandra, celle qui s’est fait planter par sa copine et qui n’a pas voulu jouer au volley ! sans aucun doute, ca fera vendre des journaux ! vas-y. » Bref, Nino sentie le besoin de s’éloigner d’eux en tout cas. Leur tournant le dos, il avança de quelques pas pour aller un peu plus loin. « Tu m'aurais donné quoi comme gage toi si t'avais été à la place d'Abby ? » Nino n’était pas du genre à donner des gages aux autres d’un part, donc compliqué pour lui de trouver un exemple à balancer à Cassandra. « pas celui là… » il la regarda, faisant mine de réfléchir quand même. « Aller dans un club de strip tease ? Monter sur un podium et danser devant les mecs ? » il était un peu plus dans le trash mais là pour lui ca correspondait mieux à avoir ou non un balai dans le cul. « mais je t’y verrai pas. On peut faire plus soft et juste te prendre à danser solo sur une piste de danse, juste pour avoir les yeux rivés sur toi. Ca marcherai. Ou j’sais pas… aller draguer des mecs, ou des nanas. J’en sais rien en fait. Et bon, c’est assez con comme fonctionnement. J’pars du principe que tu fais c’que t’as envie de faire, t’attends pas que quelqu’un te dise de le faire…ou t’y pousse. » on parlait bien du quotidien… car en réalité, Nino avait passé sa vie à faire ce qu’on lui demandait. « On joue à Prison Break ensemble ? Moi qui échappe à Abby et toi …Enfin, je sais pas si toi tu cherches à échapper à quelqu'un. Mais moi, j'vais me la jouer à Prison Break. » Nino arqua un sourcil, il n’avait aucune fichue idée de quoi elle lui parlait. « Prison Break ? » il n’en avait jamais entendu parler. « On va boire un verre ? » La proposition lui semblait assez alléchante mais en réalité, Nino devait réellement y aller. « Une prochaine fois, appelle-moi à l’occasion ! »