Pardon. Enfin, si tu le veux bien. Au fond, rien ne t’y oblige. Ce serait même normal que tu ne le fasses pas. Enfin. J’ai dû réécrire cette lettre une bonne quinzaine de fois, sans réussir à aboutir à une formulation correcte (et pas sûr que celle-ci soit la bonne, mais bon. Tentons.). Je suis désolé, vraiment. Désolé de mon comportement, désolé de ce que j’ai dit, de ce que j’ai fait. Ça n’efface pas grand-chose, si ce n’est rien, mais je tenais à ce que tu le saches tout de même. Je ne saurais pas expliquer mon attitude. Une part de moi, probablement égoïste, dirait que je t’avais prévenu. Une autre que notre relation n’était pas assez claire. Que je ne suis qu’un homme, qu’un gros con, un queutard, un abruti incapable de respecter les autres. Peut-être.
C’est douloureux de t’aimer.
Désolé de l’écrire, désolé de te le faire lire, mais je pèse mes mots. J’ai l’impression qu’on est encore moins proches que quand on était potes. J’ai l’impression d’en savoir encore moins sur toi que lorsqu’on vivait sous le même toi. Ironique, un peu, non ? (Et je ne parle même pas de la situation de ces derniers temps). Alors, bien sûr, c’était peut-être un peu stupide de croire que tout redeviendrait comme avant, même après huit mois d’absence. Cela dit, je ne m’attendais pas à tout ça non plus. Je ne m’attendais pas à ce que tu déménages à 4 numéros de chez moi, sans même prendre la peine de me prévenir. Je ne m’attendais pas à ce que tu ne m’alertes pas de ta rechute. Je ne m’attendais pas à te voir complètement ivre, à me reprocher des choses que tu avais, jadis, toujours acceptées. C’est probablement ce qui m’a le plus amoché. De croire que tu m’acceptais tel que j’étais pendant toutes ces années, pour en arriver là aujourd’hui. Je n’ai pas dit que c’était une mauvaise chose, après. J’imagine que si tout le monde me le reproche, si personne ne peut vraiment l’accepter, c’est que c’est à moi de changer. C’est à moi de me ranger, de réfléchir, et de réaliser ce que j’ai fait. Je n’exclus pas la possibilité de ne pas y arriver.
Je ne m’attendais pas non plus à toutes ces engueulades par SMS. Peut-être que c’est pour ça qu’aujourd’hui, j’ai choisi le format papier. Parce que ça demande plus de temps. Parce qu’on ne peut pas s’envoyer des insultes à l’arrachée, presque préformulées grâce aux chouettes évolutions de la technologie et la prédiction automatique. Alors, quand je me dis que ton portable arrivera mieux à prédire « T’es qu’un connard » que « Je t’aime », je me demande si on a fait les bons choix. Je me demande si c’était une bonne idée de me mettre à moitié avec toi, plutôt que d’essayer, dans un premier temps, de reconstruire ce qui avait été délaissé.
Je ne m’attendais pas, enfin, à exploser ainsi contre toi. Je ne m’attendais pas à m’emporter tant de fois pour tout ce qui te concernait. (Et encore, tu n’as pas assistée à toutes mes crises de colère à ton sujet). Je ne m’y attendais pas, et j’avoue que m’entendre m’emporter comme je le fais, pour toi, m’effraie.
Mais putain, qu’est-ce que tu me manques.
Ce qu’on était avant me manque. La possibilité d’un maintenant un peu meilleur me manque aussi. Je ne sais pas comment arranger ça. Je ne sais pas si ça peut s’arranger. J’ai tenté les fleurs, les chocolats, et une lettre d’excuse, mais je ne peux pas effacer ce que j’ai fait. C’est un peu stupide, les cadeaux, au fond. Je ne sais pas, j’ai l’impression d’essayer de t’acheter. Mais, qu’est-ce qu’il faut faire, pour mériter un peu de ton temps, et une discussion posée ?
Alors, tu peux brûler les roses, et tout ce qui est avec. Tu peux venir et me filer la claque que tu as envie de me donner, ou même envoyer Orion, si tu estimes que je ne vaux pas la peine de ton déplacement. Tu n’as peut-être même pas lu ma lettre jusqu’ici. Peut-être même que tu n’en auras jamais connaissance. Peut-être que ton colocataire t’aidera à m’oublier. Tant mieux ?
Je comprendrais.
Archie
Cette lettre, tu la déposes juste au pied du bouquet. Quinze roses roses. Clin d’œil un peu stupide, qu’elle ne comprendra peut-être pas. Une boite de chocolats. Peut-être que c’était de trop. Et en même temps, ça n’excuserait rien. C’était peine perdue, mais tu laisses tout de même le tout sur le paillasson, devant sa porte, et tu fuis. Tu n’auras pas la curiosité d’attendre, planqué derrière une voiture, comme dans les films. Tu n’auras pas la folie de sonner pour ensuite partir en courant. Courir, tu le fais déjà. Tu le fais dans les deux secondes qui suivent le dépôt de tes excuses. Ou bien de tes adieux ? Tu restes dans le doute. Tu restes dans cette incertitude, et tu fuis, chez toi. Tu fuis, dans ce château malheureux qui fut un jour propre à vous deux.
T’es partie quelques jours. L’temps d’un week-end, pour souffler un peu. Pour oublier qu’Orion est venu s’installer chez toi, que c’est devenu un chez vous d’façon un peu précipitée. T’es partie parce que t’avais besoin d’oublier ta dispute avec Archie. T’as merdé, du début à la fin. T’as trinqué toute seule à votre histoire morte avant même d’avoir démarré. C’est horrible mais c’est tellement vrai. Et tu t’sens pas bien, tu t’sens terriblement seule sans lui. Tu pensais pouvoir l’oublier. Pouvoir oublier tes sentiments pour lui qui t’bouffent un peu plus chaque jour. Puis y’a eu ta rechute, y’a aussi l’fait que t’as subitement arrêté d’prendre ton traitement pour aller un peu mieux. Tu veux pas d’une drogue qui t’tue le moral. La seule chose qui pourrait faire que tu ailles mieux, c’est d’le revoir, d’lui dire à quel point tu regrettes, mais ta foutue fierté t’y empêches.
Pourtant il suffit d’un sms. Ou d’aller l’voir plutôt que d’fuir encore la réalité. T’es partie. Sur un coup d’tête, loin de Brisbane, dans l’espoir d’aller un peu mieux quand tu rentreras. T’as quand même prévenu Orion, pour pas qu’il s’inquiète et aussi Zelda, parce que tu n’veux pas qu’elle pense que t’es partie définitivement. T’aurais pu hein. Tu l’aurais fait si Orion n’avait pas sonné à ta porte y’a d’ça quelques semaines. Ta valise était prête. La destination pas vraiment choisie, mais t’aurais pu dire adieu à ton pays natal une deuxième fois.
T’es sur la route du retour, disque de Billie Eilish qui tourne dans le lecteur CD, t’as mal au cœur en t’rapprochant de Bayside, parce que pour aller chez toi, faut que tu passes devant ton ancienne maison. Devant chez lui où t’y es plus depuis trop longtemps. Alors t’as accéléré bêtement. Pour pas traîner, pour pas être tentée de t’arrêter. Un peu comme si tu cherchais l’accident. Pour qu’ça mette fin à toute cette foutue douleur qui fait son retour.
Voiture garée, tu souffles. Tu sais qu’Orion est au boulot. Qu’tu peux rentrer tranquillement et que tu pourras pleurer une dernière fois avant d’retrouver ton colocataire. T’es sortie d’la voiture, tu rangeras ton sac plus tard, là, t’as juste la flemme de tout, puis t’es arrivée devant ta porte. Bouquet de roses roses. Tu devines immédiatement de qui ça vient. Tu t’es baissée. Boîte de chocolat laissée de côté pour attraper et lire cette lettre. Cette lettre qui te déchire le cœur. Son nom signé en bas de la feuille. Et les larmes que tu réservais pour quand tu serais sur ton canapé, elles ont coulé toute seule sans t’prévenir. Il a pas l’droit d’te dire ça. D’te dire que tu devrais l’oublier avec Orion.
T’es rentrée, bouquet de roses dans les mains, lettre dans la poche arrière de ton jean. Qu’est-ce tu dois faire ? Aller le voir ou lui écrire une lettre à ton tour ?
Archie,
T’avais pas l’droit d’me laisser une lettre devant chez moi sans être là. J’ai hésité tu sais, à venir te voir directement, mais j’en suis tout bonnement incapable. J’suis faible bordel. Bravo t’as réussi à m’faire chialer, j’sais pas si c’est ce que tu voulais, mais là de suite, j’ai pas la force de venir chez toi. Je sais pas quoi dire, j’me creuse la tête depuis quelques heures et les mots sortent enfin. Je suis désolée. Pour tous les reproches que j’ai pu te faire. J’en pensais pas un mot, j’étais pas bien et salement bourrée, mais je sais que ça pardonne rien. Huit mois c’est long. Tu sais c’qui m’a fait le plus mal pendant notre dispute ? Que tu aies pu croire que je t’ai mené en bateau, que tu aies pu croire que je n’étais pas réellement malade. T’auras qu’à demander à Orion, même si je me doute que tu n’aies pas envie de le voir.
Lui il pourra te le confirmer, il pourra te dire à quel point j’étais dans un sale état. À quel point j’avais envie d’en finir et d’mettre fin à ma vie pour ne plus souffrir chaque jour qui passait. Et pourtant j’me suis battue. Pour toi, pour revenir. Et j’ai pas pensé que mes sentiments pour toi pouvaient nous détruire en un rien de temps. C’était peut-être une connerie de tomber amoureuse de toi, d’mon meilleur ami qui me manque tant maintenant. L’amitié, ça peut pas devenir de l’amour, c’est trop toxique pour nous deux j’ai l’impression. Alors oui, je crevais d’envie de pouvoir t’embrasser mais y’a un truc qui s’est brisé, sinon aujourd’hui on en serait pas là tu crois pas ?
Pour moi aussi c’est douloureux de t’aimer. Alors on fait quoi ? On oublie et on essaie de redevenir comme avant ou bien on se reverra plus jamais ? J’peux pas survivre sans toi. J’aurais l’impression de mourir à petit feu, parce que j’ai trop besoin de toi dans ma vie. Je brûlerais pas les roses parce qu’elles viennent de toi. Idiot. Je veux pas t’oublier, je veux pas perdre mon meilleur ami. Promis j’retiendrais mes sentiments pour qu’on essaie de redevenir comme avant. Promis je te dirais tout dès que je vais pas bien.
Nothing is perfect but your imperfections are quaint And your love is worth it and for that I will wait And though you hate me, when you have a turn I drive you crazy but you always return.
Musique qui résonne presque furieusement dans l’habitacle. Tu hésites entre le besoin de rageusement couper le son de la radio Bluetooth ou de le laisser tranquille. Pourquoi est-ce que tu écoutes ça ? Qu’est-ce que tu étais supposé faire ? La laisser dans son coin ? Ses SMS te blessent, encore. Pincement au cœur, alors que tu commences sérieusement à te demander si vos discussions n’ont toujours été que coups de poignard, ou si c’était différent avant. Et pourtant, tu tentes, tel un fou, de la récupérer. Tu tentes, du mieux que tu peux. Mais visiblement, vu les quelques stops qu’elle t’a foutu par texto, c’est un échec cuisant. Alors, pourquoi est-ce que tu as l’idée folle d’aller la chercher ? Pourquoi est-ce que tu vogues, chatouillant légèrement l’accélérateur de ta vieille caisse, jusqu’à ton ancien lycée ? Tu soupires. Il faut que tu te calmes, pas vrai ? Il faut que tu essaies de t’apaiser, juste cinq minutes. Parce que tu voulais lui montrer que vous étiez capable de faire autre chose que de vous engueuler. Tu voulais lui prouver que tu pouvais être bien, que tu pouvais être cool, comme avant. Mais elle continue d’insister sur ta sexualité dérangée. Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’elle fait ça ? Pourquoi est-ce qu’elle se torture avec ça ? Et toi, comment est-ce que tu réagirais, si elle faisait ça ? Tu as tenté de te poser la question, des nuits entières, juste pour essayer de comprendre ce qui dérangeait tant les autres à ce sujet. Tu imagines que c’était le fait de partager ton corps avec quelqu’un d’autre. Au fond, elle pouvait, si elle voulait. Peut-être pas avec Orion, en revanche. N’importe qui, même Andy si elle voulait, mais pas Orion. Tu ne l’avais jamais vu (sauf sur Instagram), mais tu ne sais pas. Son apparition soudaine t’agaçait. Elle t’intriguait. C’était louche. C’était louche, et tu trouvais ça carrément glauque qu’il vive chez elle alors qu’il s’agissait de son psychologue. Ramasse-miette étrange, qui devait probablement se repaître de ses victimes – tu avais beaucoup trop regardé Hannibal Lecter.
Although you love me, sometimes we're mean Things can get ugly but we're still a team We are an army that breaks from within But that's why we're stronger, and that's how we'll win.
Tu finis par couper le moteur. Tu inspires profondément, avant de sortir. L’endroit est désert, en cette fin de vendredi – tu imagines que les étudiants étaient, comme toi à leur époque, juste pressés de rentrer chez eux, ou de partir festoyer un peu. Quelques vieux souvenirs remontent, alors que tu te diriges vers le vieux terrain de foot. L’herbe est ravagée, trop sèche, amochée par le passage des lycéens. Faut pas être devin pour savoir que vous n’avez probablement plus le droit de traîner par ici. Mais bon. Au pire, vous vous feriez peut-être surprendre par le vieux surveillant – s’il était toujours ici. Elle était censée être par ici, elle, cependant. Tu te ronges les ongles, un peu. Tu essaies de ne pas trop angoisser à l’idée de la voir, alors que tu tournes encore un peu, juste derrière la petite cabane abritant le matériel sportif. Tu t’es posé à côté d’elle, sans rien dire, dans un premier temps. Tu as plongé tes mains dans une des poches de ton pantalon, pour en tirer ta petite boite métallique. Tu tires un joint préalablement roulé – faut croire que t’es un mec prévoyant. Lueur du briquet qui vient, un instant éclairer vos visages. Tu gonfles tes poumons de fumée, avant de lui tendre le bâtonnet incandescent. « Tiens. » proposes-tu. Si elle voulait faire comme au bon vieux temps. « Pourquoi ici, alors ? » demandes-tu, finalement. Prudent.
Quelques jours sont passés depuis que t'as laissé la lettre devant sa porte. Devant la porte de ton ancienne maison. Et t'as attendu. T'as attendu bêtement qu'il vienne sonner chez toi, qu'il t'envoie un message, t'as attendu pendant quelques heures, quelques jours qu'il vienne. Pour te sauver. Pour t'sauver de cette descente aux enfers qui s'est déclenchée toute seule, t'as même pas cherché à lutter, à essayer de t'en sortir ni même d'en parler avec Orion.
Orion... Dans sa lettre, Archie te conseillait même d'essayer de faire ta vie avec lui, que tu pourrais l'oublier avec lui. Et l'espace de quelques secondes t'y as pensé. T'y as pensé juste parce que t'étais pas bien. T'y as pensé et tout de suite t'as regretté parce que t'auras beau en souffrir, c'est Archie dont tu es tombée amoureuse et pas un autre. Fallait que ça tombe sur lui. Fallait que tu lui fasses des reproches, que tu t'réveilles pour te rendre compte que depuis que t'es rentrée t'as du mal avec sa sexualité.
Et tu lui avais promis que ça arriverait jamais. Tu lui avais promis que t'étais prête à prendre tous les risques pour lui, à te battre pour le garder auprès de toi. Au lieu de ça t'as craqué, t'as picolé et tu lui as dit des horreurs. Tu t'en mords encore les doigts parce que t'as eu l'impression d'le perdre définitivement. Et tu savais que sans lui tu tiendrais pas le coup. Parce qu'il est tout pour toi et tu veux pas que ça, c'truc un peu nocif et quand même si magique entre vous, ça disparaisse pour toujours.
Tu veux continuer d'te battre pour vous deux. Pour que y'ait un truc entre vous, que ce soit plus qu'une amitié compliquée. T'es perdue putain...
T'es partie de chez toi. Pour souffler. Pour faire le vide dans ta tête, dans ton palpitant qui a trop mal depuis quelques jours. Tu lui as encore envoyé des textos. Tu lui as dit que t'avais envie de partir pour tu ne sais où tant que c'était loin de lui, loin de Brisbane.
Mais y'a un truc qui t'en as empêché. Y'a ses textos à lui qui a fait que tu lui as dit où tu t'trouvais. Dans votre ancien lycée. Là où pour la première fois vous vous êtes croisés. Là où pour la première fois vous avez fumé un joint ensemble. C'est là qu'il a réussi à t'apprivoiser. C'est là qu'il est entré dans ta vie et n'en est plus jamais sorti. Sauf quand toi t'es partie.
Et bordel qu'est-ce que t'as regretté. Immédiatement. T'as été tentée de faire demi-tour, d'revenir, plutôt que d'fuir tes sentiments pour lui.
T'es calée près de la cabane du matos sportif. Y'a encore vos initiales dessus, sur la petite porte en bois. Promesse d'ados qui se lâcheront jamais. Promesse d'ados un peu naïfs encore. Promesse éternelle de jamais s'faire du mal.
T'as entendu du bruit. Tu sais très bien que c'est lui parce qu'il a pas lâché un mot avant d'se poser à tes côtés, avant d'rouler et d'allumer un joint. Sourire qui se dessine sur tes lèvres.
"J'sais pas. J'me suis dit que tu t'souviendrais de l'endroit." sourire qui lâche pas tes lèvres. Bouteilles de bière à tes pieds, t'attrape le joint pour tirer dessus. Ça te rappelle tellement de bons souvenirs. ”Tu m'as manqué tu sais. J'ai cru que j'allais devenir folle en vrai sans toi. J'veux plus jamais me disputer avec toi. J'y survivrais pas. Je survivrais pas sans toi Archie...j'arrive pas à t'imaginer avec quelqu'un d'autre. J'sais plus quoi faire à part continuer de t'aimer. Si j'en ai le droit…”
« J'sais pas. J'me suis dit que tu t'souviendrais de l'endroit. » Tu souris, légèrement. Tu souris, alors que l’arrive de ton crâne vient se poser contre la paroi du local. « Je suis pas … si vieux. J’arrive encore à me souvenir … » lâches-tu, d’une voix chevrotante, en laissant ta main trembloter devant ses yeux. Tu ris doucement. Tu ris, juste avant de laisser l’air s’échapper de tes poumons. Tu sentais venir quelque chose de sérieux. Tu sentais que la blague s’arrêtait là. « Tu m'as manqué tu sais. J'ai cru que j'allais devenir folle en vrai sans toi. J'veux plus jamais me disputer avec toi. J'y survivrais pas. Je survivrais pas sans toi Archie...j'arrive pas à t'imaginer avec quelqu'un d'autre. J'sais plus quoi faire à part continuer de t'aimer. Si j'en ai le droit… » Tu as tourné la tête sur le côté. Tu l’as observée, l’espace de quelques secondes, avant de te remettre à fixer le ciel. Qu’est-ce que tu pouvais répondre à ça ? Qu’est-ce que tu étais censé répondre à ça, si tu ne voulais pas que la discussion tourne au drame en moins de quarante-deux secondes ? « T’as le droit de m’aimer, tu sais. Genre. J’aime bien ça. » lâches-tu, un sourire amusé accroché aux lèvres, en portant une main à ton cœur. T’es con, non ? T’es bête, de dire ça, compte tenu de la situation. Mais bon. « Mais plus sérieusement. Je t’aime, tu sais. Genre. Genre vraiment, quoi. Et … J’sais pas quoi faire à ce sujet. J’sais pas comment agir, j’sais pas comment réparer ton cœur, que j’ai visiblement piétiné. C’est triste, pas vrai ? » lâches-tu, alors que tu viens récupérer, entre tes doigts, le joint que tu lui avais filé. La cancéreuse retrouve tes lèvres, alors que tu offres le droit à tes épaules de se détendre un petit peu. « J’suis fatigué, moi aussi, de me prendre la tête avec toi, en tout cas. » conclues-tu, finalement. Est-ce que vous étiez obligés de tourner, encore et encore, l’affaire ? Est-ce que vous étiez obligés de la contempler sous toutes les coutures, juste pour réaliser que vous vous étiez mal débrouillés ? « Et … désolé d’avoir douté de ton cancer. C’était pas spécialement cool de ma part. Même carrément abruti, en fait. » Mais bon, tu l’étais, ce n’était pas une réelle nouveauté. Tu étais carrément con, et voilà que tu rampais presque à ses pieds pour essayer de te racheter.
« Tu te souviens du nombre d’heures de cours qu’on a séché, juste pour fumer là ? » Est-ce que vous aviez vraiment tenu un compte ? Est-ce qu’il fallait prendre le temps de le faire, maintenant ? Tu souris, doucement. Tu souris, alors que tu te souviens de ces années-là. « Et … Quand on s’est fait pincer par le pion et qu’ma mère a dû venir me chercher. » Tu te marres. Tu pouffes, comme un con, te souvenant de cet instant. « Genre … J’savais pas si elle allait attendre que je m’installe dans la voiture pour me buter ou le faire direct dans le bureau du proviseur. Tu t’souviens de la tronche qu’elle tirait ? » En colère, furie véritable. Déçue, effrayée. Effrayée, probablement, que tu démarres une longue et douloureuse descente aux enfers. Effrayée, très certainement, que tu finisses comme ta tante – même si, à l’époque, tu n’avais quasiment aucune idée de ce qu’il se passait avec la mère de Sid. Au fond, même si tu en riais maintenant, tu avais été presque terrorisé, en la voyant débarquer. « Archibald Allen ! » mimes-tu, en prenant la voix de ta mère. « Elle t’aimait tellement pas, en vrai. Désolé pour ça, d’ailleurs. » ris-tu, en tirant encore un peu sur le joint. « ‘fin, j’sais pas. Un peu, quoi. Genre … Persuadée qu’elle allait finir par me rendre visite en taule parce qu’on avait fait la connerie de trop, tous les deux. Persuadée que tu devais me tirer vers le bas. » Mais au fond, même si elle se demandait où est-ce que tu trouvais tes potes, elle l’appréciait, au moins un peu. « D’une certaine manière, j’crois qu’elle t’idéalisait un peu. Mais genre … dans l’autre sens, quoi. Genre … démonisait ? Ça existe, ça ? » Et quand vous aviez commencé à vivre en coloc, elle avait dû s’imaginer que tu ne terminerais jamais tes études. Elle avait dû craindre le pire, t’imaginer père à même pas vingt ans, suite à un oubli avec cette blonde sauvage. Gamins défoncés. Tu imaginais que les pires scénarios lui avaient traversés l’esprit, dans quelques moments d’angoisse. « Mais maintenant … Uh. J’pense qu’elle t’a acceptée, quand même. » ajoutes-tu, alors que tu viens attraper ton menton entre tes doigts. « J’créerais même pas la surprise si j’lui avoue que je t’aime. C’est désolant. » conclues-tu, le regard rieur.
Comment il fait ? Comment il fait pour tout t’faire oublier rien que par sa présence à tes côtés ? Depuis quand t’es tombée amoureuse de lui aussi, si ça s’trouve ça fait un moment et au fond t’avais tout fait pour retenir tout ça… Parce que tu savais dès l’début que ça allait être compliqué, que vous passeriez par des disputes avant d’vous rendre compte que y’avait ptêt une chance infime pour que ça fonctionne. Et maintenant encore t’es prête à prendre tous les risques, pour ses beaux yeux, parce que ouais, Archie, tu l’aimes à en crever…
Et quand il t’dit que t’as le droit de t’aimer, ça t’arrache un sourire idiot, il t’fait perdre tous tes moyens et au fond ça te terrorise. T’as encore peur de tout faire foirer, d’le perdre définitivement à cause d’une crise de jalousie qui n’aura pas lieu d’être, à cause de tes craintes qu’il soit pas assez satisfait avec toi et qu’il ressente l’besoin d’aller voir ailleurs… Toi, ça t’fiches le cœur en vrac, à l’envers et tout plein d’autres sensations qu’t’aime pas particulièrement.
Faut que tu t’battes, que tu t’battes pour lui, pour lui faire oublier tous les autres qui occupent ses pensées, que tu fasses comprendre au monde entier que tu serais capable de tuer si jamais on l’approchait trop. Que tu serais capable de mordre, de sortir les armes…
Y’a un autre sourire qui s’dessine sur tes lèvres quand il te dit que lui aussi il t’aime. Pas un j’t’aime tout court, tout simple, non un vrai. Tu l’écoute, tu l’écoute ressasser le passé, c’était l’bon temps, quand est-ce que vous avez grandi, quand est-ce que vous avez commencé à vraiment vous déchirer aussi ? « J’oublierais jamais nos premiers moments ensemble, j’oublierais jamais nos premiers fous rires, et encore moins l’engueulade de ta mère. Qu’est-ce qu’on était cons à l’époque pas vrai ? T’as pas un peu l’impression qu’on l’est toujours un peu d’ailleurs, à se déchirer bêtement, à se faire du mal alors qu’on pourrait essayer d’être un peu heureux ? » tu lui réponds, après tout c’qu’il vient de te dire.
Ça t’fait du bien. De le voir sourire, de l’entendre te dire tout ça, tu t’rends compte que lui non plus il pas oublié tous vos moments ensemble. Ça t’fait un bien fou. Et tu sais pas si c’est l’ambiance qui s’est installée entre vous, mais t’es en train d’tomber encore plus amoureuse de lui.
« Je t’aime Archie Allen, j’dis pas que j’veux faire des plans sur la comète avec toi, mais un truc écrit dans les étoiles rien que pour nous deux, ça t’fait pas rêver un peu ? » tu lui sors, ton visage tourné vers le sien, tes doigts qui sont venus timidement se glisser dans les siens, juste parce que t’as un peu peur d’le laisser s’échapper et que tu veux plus t’prendre la tête avec lui. Et c’est par cœur que ton visage s’est rapproché du sien, tes yeux bleus dans les siens, qui s’autorisent à se perdre encore dedans. Parce que ça t’as manqué, t’avais l’impression aussi d’plus savoir comment respirer, comment vivre sans lui. Tes lèvres, elles sont venues chercher les siennes, parce que tu ne peux pas t’en passer, pour vous faire oublier toutes les horreurs dites y’a quelques jours avant.
T’es complètement mordue de lui, totalement accro qu’ça déchire ton cœur, sans lui, t’avais l’impression d’être morte à l’intérieur aussi, qu’tu t’rendais compte qu’il t’manquait une partie d’toi-même sans lui à tes côtés. « J’ai besoin d’toi Archie, t’imagines même pas à quel point. »
Baiser encore volé, pour ensuite retrouver ton souffle, pour t’sentir de nouveau vivante.
« J’oublierais jamais nos premiers moments ensemble, j’oublierais jamais nos premiers fous rires, et encore moins l’engueulade de ta mère. Qu’est-ce qu’on était cons à l’époque pas vrai ? T’as pas un peu l’impression qu’on l’est toujours un peu d’ailleurs, à se déchirer bêtement, à se faire du mal alors qu’on pourrait essayer d’être un peu heureux ? » Tu hoches la tête, doucement. Tu hoches la tête, alors que le sourire qui s’était accroché à tes lèvres s’efface doucement. Vous pourriez essayer d’être heureux. Vous pourriez essayer d’être quelque chose – correct l’un envers l’autre, pour commencer. Tu souffles. « Si j’étais si intelligent, on l’aurait su. » confies-tu, en riant doucement. Tu t’en fichais, en réalité, mais tu avais admis, depuis un moment déjà, que tu n’aurais pas de mal à trouver quelqu’un d’un peu plus fûté que toi. Mais bon, tu n’étais pas un parfait abruti non plus, hein ? « Mais cela dit … J’pense qu’on peut mieux faire, ouais. » Vous aimer un peu mieux, plutôt que de vous engueuler à longueur de journées.
« Je t’aime Archie Allen, j’dis pas que j’veux faire des plans sur la comète avec toi, mais un truc écrit dans les étoiles rien que pour nous deux, ça t’fait pas rêver un peu ? » balance-t-elle, alors que ton estomac se tord doucement. Rien que pour vous deux. Au moins vous deux. Est-ce que ça te fait rêver ? Est-ce que tu es capable de te projeter, un peu, de l’imaginer à tes côtés ? Ton corps a tressailli, alors que ses doigts venaient lentement capturer les tiens. Quelques papillons viennent furieusement battre des ailes au fond de ton estomac. Picotements peu désagréables, alors que tu commences à ouvrir la bouche pour répondre. Tu commences, pour réaliser que ses lèvres se trouvaient toutes proches des tiennes. « Ah heu … » essaies-tu d’articuler, alors qu’elle vient t’offrir un baiser. Tu tends le cou, un peu. Tu t’articules, un peu, juste pour te rapprocher d’elle. Juste pour savourer un peu plus les lèvres qu’on t’offrait. Ton ventre se tord encore, et voilà que tu ne sais plus vraiment ce que tu veux. « J’ai besoin d’toi Archie, t’imagines même pas à quel point. » Tu t’es offert le droit de la fixer un instant, alors qu’elle s’éloignait après t’avoir volé un autre baiser. Tu lâches un léger soupir de frustration, presque vexé de la voir partir ainsi. Entre tes doigts, le joint, fatigué d’être délaissé, s’est éteint. Tu l’as laissé se perdre dans l’herbe, avant de te décider à t’approcher un peu plus de ta blonde. Tu es venu à califourchon sur ses cuisses, lassé de devoir te tordre le cou pour avoir tout le loisir de la regarder. Ta main est venue se poser sur sa nuque et ton front contre le sien. Tu souffles. Tu souffles, tiraillé par l’envie de capturer ses lèvres encore et celle de dire quelque chose. Qu’est-ce qu’il fallait faire ? « J’ai besoin de toi, aussi. » murmures-tu. « Désolé si ça sonne cliché. Et … peu original. » Tu ris, doucement. Tu ris, avant de venir emprunter ses lèvres. Lippes attirantes, fascinantes. Douce odeur de weed qu’elle te partage, alors que ta langue s’amuse à partir à l’assaut de la sienne. Doux frémissement. « Ce genre de trucs me manquait, aussi. » confesses-tu, alors que tu cherchais à retrouver ta respiration. « J’te … fais pas mal aux jambes ? » demandes-tu soudainement, revenant brusquement à la réalité, et réalisant que la position dans laquelle tu t’étais foutu n’était pas forcément des plus confortables. « C’est tellement tue-l’amour, mais j’crois que j’vais perdre mes chevilles, perso, si j’bouge pas. » ris-tu, alors que tu t’assois à nouveau à ses côtés. Tu souffles, alors que tu essaies, à nouveau, de faire circuler le sang dans tes jambes en massant tes chevilles douloureuses. « Quelle idée j’ai eu … » ris-tu, doucement, avant de reposer ta tête contre la baraque de tôles. « Tu m’embrasses encore … ? » demandes-tu, un sourire idiot sur les lèvres, alors que ta main vient s’emparer de la sienne.
T'avais besoin de lui dire tout ça. De lui dire à quel point t'as envie de vous laisser une chance, même si elle est infime, même si ça risque d'vous détruire encore plus, mais au fond...ouais tu veux prendre tous les risques pour lui. Tu serais capable de tout. Quitte à c'qu'il y ait encore des disputes, des horreurs, mais tu espères sincèrement qu'dans votre potentielle histoire y'aura pas que ça, t'es peut-être un poil maso, tu ne sais pas combien de temps tu pourras tenir le coup. Mais d'parler à cœur ouvert avec lui, ça t'fait un bien fou, le voir sourire, lui parler normalement sans vous prendre la tête, t'as l'impression de faire un bond dans le passé quand tout allait bien entre vous.
Y'a juste des sentiments qui se sont glissés entre vous, ça vous est un peu tombé dessus sans crier gare, et pour être honnête, ce sentiment, ces trucs que tu ressens pour lui, tu t'sens un peu plus vivante qu'avant. C'est un peu pour ça aussi que t'es venue voler ses lèvres. Parce que ça t'avait manqué, t'as pas hésité, et de toute façon tes lèvres elles connaissent le chemin jusqu'aux siennes par cœur maintenant donc bon. Même les yeux fermés tu retrouverais ses lèvres.
Et puis...quand il te dit que lui aussi il a besoin de toi, que tout ça, ça lui manquait, t'es encore plus rassurée, et tu te sens même rougir comme si c'qu'il venait de dire, c'était tout c'que tu voulais entendre.
C'est lui qui revient. C'est lui qui revient chercher tes lèvres sans que tu n'aies quoi que ce soit à rajouter.
Rire qui s'échappe de ta bouche quand il grimpe sur toi. Quand il te demande si t'as pas trop mal aux jambes. "T'aurais pas un peu pris de poids ?" tu lui demandes pour le taquiner un peu quand il se remet assis à côté de toi. Vous êtes bien là, tous les deux, derrière cette vieille cabane de matériel sportif. Il veut encore des baisers. T'es accro. Complétement.
Cette fois c'est toi qui vient sur lui. Baiser langoureux, passionné, plus qu'il n'en faut, ton cœur qui bat trop rapidement. Et tes lèvres qui murmurent ensuite quelques mots. "J'ai...envie de toi. Là maintenant." cœur qui dérape un peu, cœur qui n'en peut plus d'attendre.
« T'aurais pas un peu pris de poids ? » Tu fais la moue. Tu fais la moue, alors que tu soulèves le bas de ton pull, pour montrer ton estomac encore à peu près plat. « Pas tant que ça … connasse, va. » répliques-tu, un léger sourire aux lèvres. « Okay. Quasi sept kilos entre le lycée et maintenant. Mais c’est pas que du gras. L’ultimate et le gainage ont aidé. Puis … j’reste pile sous la barre des soixante-dix, t’as pas l’droit d’sous-entendre que j’suis gras. » lâches-tu, avant de lui offrir une grimace, plissant le nez. « De toute façon, j’en avais besoin pour pas finir disloqué au premier contact. » Tu lui tires la langue. Tu ne restais pas suffisamment imposant, de toute manière, pour ne pas te faire défoncer la gueule par le premier qui le souhaiterait. Alors, plutôt que de discuter violence et prise de poids, tu viens lui réclamer quelques bisous. Et cette fois, c’est la blonde qui vient sur tes cuisses. Plume légère, qui vient t’offrir un baiser langoureux. Demoiselle légère, alors que ta main vient encore se perdre dans ses cheveux. Tu laisses ton bas-ventre se réchauffer doucement, perdu.
« J'ai...envie de toi. Là maintenant. » Ça disjoncterait presque dans ta tête. Ça déconnerait presque, quand tu l’entends. Maintenant. Et toi ? Toi, t’as envie d’elle là ? Depuis qu’elle est à califourchon contre toi. Depuis que ses cheveux blonds te chatouillent la joue. Depuis la première fois qu’elle a posé ses lèvres sur les tiennes, peut-être. Depuis que t’as pigé que t’étais tant capable de crever que de te forcer à exister pour elle. Alors, forcément, le baiser que tu lui offres à une saveur un peu particulière. Un peu différent de tous ceux que tu avais pu donner avant. Tu essaies de lui faire comprendre que tu n’es absolument pas contre cette envie, alors que tu viens mordiller sa lippe inférieure. « Dans l’herbe … ? » demandes-tu pourtant, réfléchissant deux secondes à la pelouse sèche et piquante sous tes doigts. T’as peur d’être un peu beauf, soudain. T’as peur d’être un peu trop gras, incapable de savoir s’il fallait correctement marquer cette première fois. Tu oserais presque souffler que ta voiture est garée sur le parking, qu’elle pourrait vous mener dans un coin un poil plus confortable, mais t’oses pas. Tu as peur que ça devienne bizarre, que tu trouves ça awkward, juste parce que c’est ta meilleure amie, à la base. Tu penses trop. Ton cerveau fait des huit, et tu laisses un grognement s’échapper de ta gorge. « Et puis merde. » que tu lâches, avant d’incliner la tête pour partir à la découverte de son cou. Peau douce, saveur sucrée. Soupir léger qui fuit ta bouche, alors que tu te délectes doucement de ces sensations nouvelles.
Te retrouver ici, avec Archie, c'est un peu comme revivre vos années lycées, et au fond, ouais ça continue de te faire tout drôle, parce que t'aurais jamais cru que tu lui dirais ces quelques mots. Et pourtant, ils n'attendaient plus que ça, que tu les dises enfin, qu'ils sortent, parce que c'est comme si t'acceptais pour de bon tes sentiments pour lui. Pas d'retour en arrière possible hein ? Ça te fait sourire. Vous êtes un peu cons tous les deux, ici derrière cette cabane qui est un peu délabrée. Qui se laisse un peu aller, comme vous deux.
Tu espères juste que y'aura pas le vieux gardien du lycée qui viendra faire sa ronde, pour justement trouver des sales gosses qui seraient venus fumer en douce, pour éviter leur parents.
Dans l'herbe, ici, avec lui. Comme pour sceller un truc entre vous. Comme pour te permettre de croire que ça changera rien entre vous. Et t'as cette petite voix qui t'dit que t'es en train de déconner grave. Qu'y'aura encore plus de dramas entre vous, que ça pue tout ça et toi, tu t'en fous. Dans l'herbe comme deux ados qui découvrent leur hormones pour la première fois. Deux ados qui vont se déchirer.
Deux adultes un peu cons.
"Parce que tu seras capable d'attendre qu'on rentre ?" tu murmures à son oreille, toujours à califourchon sur lui quand ses lèvres viennent déposer plein de baisers dans ton cou. Sensation trop agréable. Tu t'sens frissonner un peu, puis beaucoup, et tes mains elles viennent sous son tee-shirt que tu enverrais bien loin de vous deux. Ta poitrine collée contre son torse. Tes doigts dans ses cheveux, t'as l'impression de le découvrir une nouvelle fois. Que tu veux pas perdre cette nouvelle sensation non plus, t'es pas sûre de tenir le coup sans lui.
Puis y'a ton cœur qui s'emballe un peu trop rapidement, pour revenir chercher ses lèvres, les mordre un peu sauvagement aussi. Tu le fixes ton Archie. Et tu retires toi-même ton tee-shirt pour qu'il fasse de même. Pour pas que tu sois la seule sans ton haut. Là, c'est différent, c'est plus comme quand vous étiez colocs, c'est le level au dessus.
« Parce que tu seras capable d'attendre qu'on rentre ? » La phrase te fait lâcher un gémissement, témoignant, par la même occasion, ta faiblesse. Il est difficile, pour toi, d’aligner deux pensées cohérentes dans une telle situation. Difficile de te concentrer, quand elle est à califourchon sur tes jambes. Difficile de te dire que tu pourrais attendre, alors que ses doigts doux viennent se coller contre ton torse, juste sous tes vêtements. Tu frissonnes. Tu te mords la lèvre inférieure, alors que tu relèves les yeux vers elle. « Je sais pas … » Tu étais un peu honteux, mais l’idée d’attendre alors que les choses avaient si bien commencées te déplaisait grandement. Ses dents viennent mordre tes lèvres, sauvagement, alors que tu couines douleur. C’est presque agréable, pourtant.
Et puis, il y a son regard de glace qui se plonge dans le tien. Il y a son tee-shirt qui passe un instant dans ton champ de vision, et tu comprends que oui, l’herbe légèrement piquante vous accompagnera pour cette première fois. Tu t’exécutes, toi aussi, miroir d’un instant. Tes bras nus viennent effleurer son corps, alors que tu te délectes, un instant, des courbes sous tes yeux. « T’es sûre que je suis le seul incapable d’attendre qu’on rentre ? » demandes-tu tout de même, taquin. Tu avais bien le droit de la tacler, elle aussi, sur vos faiblesses. Tes doigts viennent glisser sur ses épaules. Ils effleurent un instant le tissu du soutien-gorge, avant de continuer leur route vers son estomac. Tu viens défaire les boutons de vos pantalons, te libérant un peu, par la même occasion, de la pression du tissu. Tu souffles, avant de revenir l’embrasser. Bouche dont tu te délectes, encore. Tu essaies de réfléchir. Tu essaies de te contenir, un minimum. « Nept’ … » murmures-tu, alors que tu l’enlaces doucement, collant ton torse contre le sien. Nept. Syllabe que tu adores murmurer. Syllabe que tu pourrais répéter sans discontinuer, tel une musique dont on ne parvient pas à vraiment se lasser. Est-ce que tu pourrais t’en passer ? Est-ce que tu pourrais en avoir marre, un jour, de murmurer son prénom ? Tu arrêtes d’y penser. Tu préfères ne pas y songer, concentrant ton esprit sur l’idée de correctement embrasser son épaule dévoilée. Ta main libre s’aventure entre vos deux corps, glissant sous la barrière de ses tissus. Intimité humide que tu caresses, doucement, alors que ta langue vient jouer avec la sienne.
Un rire soudain vient s’échapper d’entre tes lèvres, alors que tu poses ton front contre son épaule, soudainement embêté. « J’ai pas de préservatif … » confesses-tu, sans oser croiser son regard. Soit elle sauvait la situation, soit vous veniez de gagner le droit d’apprendre à prendre votre mal en patience, jusqu’à ce que vous rentriez à la maison.
Toi, t’es complètement incapable d’attendre, parce que ça fait beaucoup trop longtemps que t’attends c’moment, ptêt même depuis le jour où t’es partie, depuis l’jour où t’as regretté d’t’être barrée comme une voleuse… Tu sais pas si tout c’qui se passe entre vous là tout de suite, ça pardonnera ton départ y’a de ça neuf mois maintenant… Neuf mois, et le temps est pourtant passé si lentement quand t’étais en Suisse. Neuf mois, le moment pour une femme dans sa vie d’accoucher, d’vivre l’plus beau jour de sa vie, avec l’homme qu’elle aime pour toute sa vie.
Si avec Archie vous formerez une famille ? Aucune idée. Si t’en as envie ? Peut-être, mais tu t’rends compte que vous êtes encore deux adultes pas si responsables que ça, que y’aura probablement encore des prises de têtes entre vous, parce que bon, on est jamais à l’abri de rien. Tu veux pas penser à ça. Chasser les pensées un peu moins cool pour profiter du moment, pour retenir ce moment si important et si tendre entre vous, pour retenir tout ça pour quand ça n’ira pas, pour quand vous vous déchireriez encore la gueule. Tu veux pas penser à ça, et pourtant t’arrives pas à t’dire que tout se passera bien entre vous.
Et lui, il arrive à tout t’faire oublier, ses doigts t’font frissonner, délicieux frisson qui parcourt tout ton corps, lui qui soupire ton prénom pas en entier, lui qui t’appelle comme quand il le faisait avant que tout ne devienne compliqué entre vous. Puis c’est à ton tour d’murmurer son prénom, parce que tout ça, ça vous rends un peu plus vivants qu’avant. Vous avez besoin de ça, de vous sentir vivant, l’un dans les bras de l’autre. « Archie… » son prénom murmuré doucement à son oreille, tandis qu’vos vêtements se sont retrouvés un peu plus loin, sourire qui s’dessine sur tes lèvres, rire mélodieux. Ta main qui s'est faufilée sous son caleçon pour s’occuper de son sexe quand ses mots t’ont fait sourire. Pas de capote. « Je… j’en ai pas non plus, mais…j’veux avoir ma première fois avec toi sans préservatif, j’sais que ça signifie prendre des risques, mais je prends ma pilule. » moment pas très romantique, mais t’as tout de suite attrapé ses lèvres pour l’embrasser, bouche qui a dévié jusqu’à son cou que tu as embrassé lentement.
Bouche qui est allée jusqu’à son torse, tes yeux bleus qui ne l’ont pas lâché du regard, pas une seule seconde pour arriver jusqu’à la barrière du caleçon. Sourire timide, t’es finalement remontée jusqu’à son visage tout en faisant glisser la dernière barrière entre vous, pour envoyer valdinguer ta petite culotte noire. « J’veux pas attendre plus longtemps.»
Ton prénom murmuré résonne à tes oreilles, alors que tes vêtements glissent le long de ton corps, sans que tu ne le réalises vraiment. Ses doigts fins sur ton entrejambe suffissent à te faire soupirer d’envie, mais voilà que tu te vois contrains de te confronter à la réalité : tu as oublié tes protections. « Je… j’en ai pas non plus, mais… j’veux avoir ma première fois avec toi sans préservatif, j’sais que ça signifie prendre des risques, mais je prends ma pilule. » Tu la fixes un instant, juste un temps, puisqu’elle vient te voler presque immédiatement tes lèvres. Prendre des risques. Ça signifiait prendre des risques. « T’es sûre … ? » demandes-tu tout de même. Au fond, le souci, ce n’était pas juste d’avoir un enfant. Ce n’était pas juste de fonder une famille par erreur, mais de possiblement détruire sa santé parce que tu avais réussi à te chopper une saloperie qui traînait. Au fond, tu as toujours fait attention, non ?
Tes pensées déraillent. Tu peines à réfléchir correctement sur la question, alors que sa bouche glisse le long de ton torse. Bouche qui s’arrête juste à la frontière de ton caleçon, t’arrachant un gémissement de frustration. Et vos derniers vêtements se retrouvent dans l’herbe, sans que tu n’y prêtes plus d’attention. Tu préfères te concentrer sur les lèvres qui sont revenues goûter les tiennes. « J’veux pas attendre plus longtemps. » entends-tu, alors que ta main était repartie à l’aventure, entre ses cuisses. Tu t’es relevé, la tirant avec toi. Tes doigts sont venus se perdre dans sa chevelure, alors que tu l’invitais gentiment à reculer contre les tôles de la cabane. Tu l’as soulevée, alors que tu glissais une main sous ses cuisses, pour qu’elles enlacent tes hanches. « J’te fais pas mal ? » demandes-tu, presque timide, alors que ton torse s’est plaqué gentiment contre le sien. Est-ce que tu n’étais pas juste en train de l’étouffer ? Est-ce que tu ne te posais pas trop de questions, juste dans l’idée de rendre cette première fois agréable ? Au fond, tu cherchais juste à comprendre comment est-ce qu’elle fonctionnait. Ce qu’elle préférait. Est-ce que tu avais déjà hésité autant pour quelqu’un auparavant ? Est-ce que tu t’étais déjà posé autant de questions ? Ça devait faire un moment. Et tu t’es glissé en elle. Tu as lâché un soupir de soulagement, grisé par le contact chaud et humide. Tu as cherché un regard d’approbation, pourtant. Tu as cherché un signe, un signal, quelque chose pour t’inciter à continuer. Le droit de laisser les papillons au creux de ton ventre éclater. Et doucement, tu bouges tes hanches. Tu ondules contre elle, au milieu des soupirs et des baisers. Tu ondules, te délectant de la proximité, et de la joie de vous être retrouvés.
T’imaginais pas ta première fois avec lui comme ça, t’imaginais pas qu’un jour ça puisse se passer comme ça entre vous, qu’finalement la barrière de l’amitié serait dépassée. Ça t’fait peur, tu vas pas t’mentir à toi-même, t’es pas prête. Tu pensais l’être. Tu pensais être capable d’tout assumer avec lui, tu pensais aussi qu’ça serait un peu plus romantique entre vous deux, surtout pour un moment tel que celui qui est en train d’arriver. Mais tu t’en fous. Tu t’en fous du romantisme tant que t’es avec Archie, c’est tout c’qui compte là maintenant, tout en espérant aussi qu’y’aura pas le gardien du lycée qui débarquera au meilleur moment pour vous deux.
Tu veux pas penser à ça. T’es un peu perdue dans tes pensées, mais t’es bien sûre d’une chose, c’est d’vouloir avoir ta première fois avec lui sans préservatif. Et si jamais ça faisait tout foirer entre vous si tu t’retrouvais enceinte plus tard ? Et s’il se sentait pris au piège, d’se retrouver dans l’obligation d’être auprès d’toi tout l’temps durant la grossesse ? Tu regrettes…tu regrettes tes mots comme quoi t’étais sûre, mais de toute façon c'est bien trop tard pour le lui dire, parce que l'excitation elle est là, c'est ptet même pour ça que tu as dit ces mots sans vraiment réfléchir aux futures conséquences.
Puis y'a les papillons qui sont revenus. Quand il t'as soulevée t'as eu un peu peur au début mais tu t'es agrippée à lui, pour pas qu'il te lâche, pour plus jamais le quitter.
"Tu me fais pas mal..." t'as soupiré doucement à son oreille, juste après qu'il se soit glissé en toi. Un soupir de plaisir que tu n'as pas pu retenir, ton corps parcouru par des milliers de frissons. Combien de temps tu attendais ça ? Depuis trop longtemps. Beaucoup trop.
Tes yeux ont cherché les siens, pour te perdre dans son regard, tes lèvres sont encore allées chercher les siennes. Des mots doux, des murmures, des soupirs... Des je t'aime entre tes lèvres.
Tu ne lui fais pas mal. Elle te souffle que tu ne lui fais pas mal et tu dois te faire violence pour continuer de penser correctement. Tu flancherais presque. T’es bien, là, pas vrai ? T’es bien, à te délecter des papillons qui te bousillent le ventre et de l’envie qui te retourne la tête. Il y a ses je t’aime. Il y a les soupirs que tu lâches, entre tes vas-et-viens. Il y a les lèvres que tu croques, son cou au parfum sucré que tu marques. Et tu te perds. Mouvements de bassin un peu plus rapides, alors que tu ne cherches plus à réfréner ton excitation. Tu t’égares, tu finis par t’égarer, murmurant son prénom comme le mot final d’une délicate incantation. Neptune. Douce sensation, alors vos corps finissent par presque s’effondrer, enlacés, dans l’herbe à vos pieds. Tu as besoin de reprendre ton souffle. Tu as besoin de reprendre tes esprits, alors que ton regard s’égard sur le corps nu contre le tien. Tes doigts effleurent le galbe d’un sein, avant de remonter jusqu’à l’arête de sa joue. Comment est-ce que tu te sens ? Complet. Etrange, différent. Bien. Tu te sens bien. Tu te sens bien, alors qu’à nouveau, tu viens voler ses lèvres. « Je t’aime. » que tu murmures, doucement. Petits mots qui, malgré tout, peinent à franchir la barrière de tes lèvres. Petits mots qui te semblent si nouveaux, mais si anciens. Comme s’ils avaient toujours été là, comme s’ils s’étaient rouillés en attendant d’être utilisés. Tu aurais pu rester là pendant des années. Tu aurais pu rester là, dans l’herbe qui pique, pendant des siècles, à juste la regarder. A juste savourer ces minutes d’après-sexe dont tu raffolais tant.
« Qu’est-ce que … » entends-tu, après de longues minutes de silence. Tu sursautes, alors qu’au-dessus de vous se dessine la silhouette du vieux gardien, découpé par les étoiles. « Oh putain. » as-tu braillé, alors que tu te relevais avec précipitation. Tu as choppé vos affaires qui traînaient sur le sol à toute vitesse, avant de détaler, nu comme un ver, entraînant Neptune par la main. T’as couru comme un gamin. T’as couru, avec le sourire et l’idiotie accrochés à ton visage. T’as couru jusqu’à ta voiture, faisant tomber la moitié de tes affaires au pied de la porte, à la recherche des maudites clefs. Tu fouilles, et tu finis par ouvrir la voiture, laissant juste le temps Neptune d’entrer, avant de détaler, faisant marche arrière brusquement, dans un dérapage à peine contrôlé. Le seul truc que tu penses à mettre, c’est ta ceinture de sécurité – réflexe stupide mais censé. Si vous n’aviez rien perdu en chemin, ça relèverait du miracle. Quand tu t’es arrêté, enfin, dans ta course effrénée, ton regard s’est tourné vers Neptune. Ton front s’est brusquement penché vers l’avant, alors que tu as éclaté de rire, la tête posée sur le volant. « Oh mon dieu, non. » lâches-tu, alors que tu finis par appuyer l’arrière de ton crâne sur le siège. « J’avais pas prévu ça, j’suis désolé. » ajoutes-tu, alors que tu te calmes doucement.