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  road trippin' (khadjaafavis)

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Message(#) road trippin' (khadjaafavis) EmptyMar 14 Aoû 2018 - 22:43

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La sonnerie l’avait tiré de sa douce rêverie à exactement cinq heure trente du matin avant qu’elle ne se décide à l’ignorer pour de bon, ne cherchant même pas à savoir qui était l’appelant, Clara avait à l’aveuglette éteint le téléphone pour revenir à ses moutons. Son sommeil est d’or, un samedi matin qui plus est, l’appelant attendra qu’il soit une heure convenable avant de se faire appeler Arthur. Seulement, elle avait eu le temps de retrouver les bras de Morphée que papa, visiblement plus courageux qu’elle et plus énergique à cette heure de la nuit/matin, avait déboulé dans sa chambre sans prendre la peine de frapper ou même simplement de respecter le silence en s’écriant « Olivia a perdu les eaux, c’est pour aujourd’hui ! » Elle mentirait si elle niait qu’elle n’a pas maudit sa sœur trente secondes pour ce réveil intempestif mais le fait qu’elle n’a probablement pas choisi l’heure et l’excitation naissante à l’idée que son neveu vienne au monde sont venus faire taire ce mauvais sentiment pour la faire bondir du lit. « Okay, je vais regarder les billets d’avions. » Qu’elle souffle en tendant la main vers son téléphone en réalisant que c’était peut-être ça, la raison de l’appel qui l’a réveillé un peu plus tôt. « Bwaah, on trouvera rien de correct aussi tard. C’est samedi en plus et y’aura le pont. Je vais préparer la voiture, fais ton sac et appelle Hassan ! » ajoute papa, énervé par la situation et visiblement pressé à prendre la route puisqu’il s’échappe en claquant la porte. Qui aurait cru que la progéniture d’Olivia le mettrait dans cet état. « Attends ! Tu ne vas pas conduire ! » Elle bondit hors de son lit, dans les escaliers afin de rattraper son père. Sydney, c’est dix heures de route, c’est peut-être pas indiqué pour lui, mais est-ce qu’il va l’écouter ? Non.

Une heure plus tard, les sacs sont prêts. Papa est prêt. Le café est prêt. Hassan est prêt. Aux dernières nouvelles, Olivia est encore en travail et malgré le réveil difficile, Clara semble être elle aussi prête. Il lui avait fallu une bonne demi-heure pour joindre Nicolas au téléphone pour lui annoncer la nouvelle et maintenant que c’est fait, il ne reste qu’à partir. C’est au tour de Yasmine, d’arriver à la maison, prête à monter en voiture. Clara l’accueille, enjouée, malgré l’heure à laquelle elle a été levée. « Merci d’être venue aussi vite ! » Qu’elle s’écrie avant de la prendre dans ses bras, elle ajoute tout en la guidant dans la cuisine. « C’est vraiment sympa de ta part, papa était pas trop rassuré de m’inclure dans la ronde du volant. » « C’est surtout que je ne suis pas sûr qu’elle soit capable de regarder la route et toucher les pédales. » Qu’il ajoute en se moquant, interrompant de fait la conversation avant de saluer à son tour l’arrivante tandis que Clara s’occupe à faire des grimaces en imitant sa méchanceté derrière son dos. Elle finit malgré tout par reprendre son sérieux afin de motiver les troupes avant que tout l’monde ne commence à se moquer. « Bon, du coup, est-ce que tout l’monde est prêt à partir ? Je voudrais pas faire ma rabat-joie mais si on continue comme ça, il sera né alors qu’on ne sera même pas arrivé à mi-chemin. » Nota bene, que l’utilisation du pronom « il » par Clara n’est pas anodine et qu’elle insiste bien dessus en observant Hassan, maintenant que l’issue de pari pris six mois plus tôt s’apprête à être connue de tous ici. « Et j’en conclus que je vous laisse décider des tours de conduite. Pour la peine, je monde devant ! » Qu’elle ajoute, en papillonnant des yeux, son vieil ipod en main, prêt à diffuser la bande original du voyage.
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Message(#) road trippin' (khadjaafavis) EmptyJeu 16 Aoû 2018 - 11:22

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Sur le pont depuis une bonne heure, Yasmine pêcha ses clefs de voiture dans le vide-poche de l’entrée. Les mâchoires refermées sur un morceau de brioche, remettant simultanément son sac à main, son petit sac de voyage qu’elle réservait à ses gardes, et ses cheveux en place sur son épaule, elle s’apprêtait déjà à prendre la route pour le St-Vincent’s. Les gardes du weekend étaient ses préférées, il s’y passait toujours quelque chose en plus. L’agitation qui animait les couloirs des urgences était différente des jours de semaines, et l’adrénaline allant de paire avec les interventions du samedi soir notamment, elle la gardait plus éveillée que jamais, parée à faire ce pourquoi elle avait signé : venir en aide et assister ceux qui étaient plus habilités à soigner les patients. Elle fit un pas vers la porte d’entrée, bien décidée à décoller avant que ses parents n’émergent de leur chambre à coucher, quand son téléphone portable frémit dans la poche arrière de son pantalon. La brioche dans laquelle elle ne pourrait décidément jamais croquer l’empêchant de respirer correctement, elle la dégagea de ses dents d’une main, et ferra son appareil de l’autre, non sans grogner et grimacer un peu. L’impatience et l’excitation était perceptible dans les quelques lignes qu’Hassan lui avait écrites, et c’était si contagieux, qu’elle se surprit à sourire, retenant un petit sautillement en apprenant la nouvelle : Olivia était sur le point d’accoucher. Avec les Davis, il comptait bien se rendre sur place pour voir le bébé le plus tôt possible. Yasmine ne remis pas la logistique en question, et lui répondit qu’elle en était, sans aucune hésitation.
Quittant enfin la maison, elle n’avait même pas dépassé les quelques marches du porche qu’elle mettait en route un appel au St-Vincent’s d’une vigoureuse pression du pouce pour les prévenir qu’elle était vraiment désolée, mais qu’elle ne pourrait pas honorer ses engagements du jour. Départie de cette corvée, elle fit une halte à sa voiture pour embarquer sa trousse de premiers secours, juste au cas-où. Mastiquant ce qui lui restait de son petit-déjeuner en empruntant le chemin vers la maison des Davis, elle accéléra le pas, l’adrénaline sur qui elle comptait tant faisant déjà son œuvre en agrandissant son enthousiasme à l’idée d’un tel voyage. Un vague sentiment de culpabilité s’y frotta à un moment donné, à l’instant précis où elle décida qu’elle préviendrait ses parents et Sohan sur la route ; les premiers pour qu’ils ne s’inquiètent pas du trop gros nombre d’heures de trajet que ça impliquait, le second pour qu’il ne se sente pas davantage exclu du voyage.

Elle largua ses sacs sur le perron des Davis, alors que la porte d’entrée s’ouvrait déjà sur elle, dévoilant une Clara fraîche, pimpante, et survoltée, qui la prit immédiatement dans ses bras. Lui rendant l’accolade, Yasmine la suivit sans sommation, guidée par les voix qu’elle distinguait depuis la cuisine, et peinant à cacher son empressement à prendre la route pour arriver au plus vite « T’as beau être multitâche, on n’est jamais trop prudents – heeeey, monsieur Davis ! » lança-t-elle en dépassant le seuil de la cuisine, et l’étreignant furtivement. Elle se recula un tout petit peu, le tenant par les épaules, pour le regarder tout aussi furtivement, décidant d’un coup d’œil d’experte s’il était en forme ou non – et il semblait l’être. Puis, elle toupilla sur ses pieds pour se diriger vers Hassan, à qui elle donna un baiser rapide sur la joue, avant de lui subtiliser la tasse de thé qu’il tenait dans les mains « Elle a dit il. Je dis ça, je dis rien. » Elle sirota exagérément sa lampée de thé en le regardant par en-dessous, poussant le bouchon jusqu’à battre des cils, et lui rendit aussi vite sa tasse, pour mieux ajouter à la suite de Clara « Ouais, et c’est son troisième. C’est toujours plus rapide, le passage est déjà fait et dégaaaa… » Elle crocheta le regard de monsieur Davis, ce qui l’empêcha de continuer ; elle baissa la tête, faisant de gros yeux. Néanmoins, elle pépia en la relevant subitement « Pardon pour les détails. Je prends les deux premières heures, merci ! » Sa main fendit l’air lorsqu’elle chipa le trousseau de clefs des mains du vieil homme, un peu comme une gamine qui attraperait le pompon à la fête foraine, et rejoignit Clara dans la foulée. Elle lança une derrière œillade vers Hassan, lui souriant presque excessivement, lorsqu’elle se pencha sur la petite blonde qu’elle enlaça par les épaules. Faisant mine de vouloir partager un secret avec elle, elle lui dit tout bas, et son sourire disparut aussi vite « Ne le laisse pas choisir la musique, je t’en prie, je t’en prie, je t’en prie. »
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Message(#) road trippin' (khadjaafavis) EmptySam 25 Aoû 2018 - 20:54

Chatouillant son ouïe avec demi-mesure, le vibreur de son téléphone avait mis un petit moment avant d’atteindre le cerveau ensommeillé d’Hassan, le tirant d’un rêve oublié dès la seconde suivante tandis que lui échappait un grognement désapprobateur ; Qui que soit la personne qui osait l’appeler alors que le soleil n’avait même pas commencé à se lever – un samedi matin, qui plus est – elle ne méritait pas de conserver une place dans son répertoire. Malgré tout il avait fini par se décider, le fait qu’un second appel suive le premier lui laissant croire que c’était important, et tendant le bras au-dessus de celle que le vibreur ne semblait même pas avoir réveillée il avait attrapé son téléphone sur la table de nuit et répondu dans un murmure, frottant ses yeux comme pour les forcer à bien rester ouverts ensuite, mais peu à peu gagné par la fébrilité de Qasim à l’autre bout du fil. Troisième fois et elle n’avait pas faibli d’un pouce. Ses vêtements récupérés à la va-vite au pied du lit, Hassan était sorti de la chambre sur la pointe des pieds et terminait d'enfiler un sweat par-dessus son tee-shirt lorsqu’il avait reçu le SMS de Clara : road trip ce serait, donc. La capuche remontée sur son crâne comme un dernier rempart au réveil total, il avait eu bien du mal à motiver Spike et Bandit à se mettre debout, encore plus à leur faire mettre le nez dehors, et la chair de poule lui glissant le long de la colonne vertébrale lorsqu’une bourrasque de vent était venue souffler dans leur direction il avait profité que les deux animaux soient occupés à renifler la bouche incendie avec application pour rédiger un autre SMS à l’attention de Yasmine. Avec un peu de chance elle ne serait pas encore partie pour l’hôpital. La douche terminant de le réveiller malgré la minute passée sous l’eau chaude à se demander où était passée sa grasse matinée, il s’était octroyé un thé et les quartiers d’une demi-orange, l’autre moitié gracieusement laissée à son invitée l’ayant rejoint à la cuisine. Un sac à dos rempli de quelques affaires de rechange et de ses indispensables tandis qu’elle prenait sa douche, le brun avait rempli les gamelles d’eau des chiens en notant mentalement d’appeler Kelly pour lui demander si elle voulait bien s’occuper de les nourrir et de les sortir en son absence, dès que l’heure serait plus propice à un coup de fil. Échangeant un baiser furtif et promettant vaguement de s’appeler dans la semaine, les deux jeunes gens s’étaient séparés sur le perron, et fermant à clefs derrière lui Hassan avait remonté presque au pas de course la rue en direction de la maison Davis, bâillant une dernière fois à s’en décrocher la mâchoire.

Trop heureux d’y trouver une seconde tasse de thé qu’il s’était empressé d'accepter, Hassan avait échangé quelques banalités avec père et filles, commenté les résultats du dernier match des Queensland Reds avec papa Davis, et finalement accueillie l’irruption de Yasmine dans la cuisine par un sourire tandis que derrière Clara terminait d’ergoter « …-pa était pas trop rassuré de m’inclure dans la ronde du volant. » en se faisant immédiatement reprendre par le principal intéressé d’un « C’est surtout que je ne suis pas sûr qu’elle soit capable de regarder la route et toucher les pédales. » qui avait arraché à Hassan un ricanement gentiment moqueur. « T’as beau être multitâche, on n’est jamais trop prudents – heeeey, monsieur Davis ! » Prenant le patriarche dans une brève accolade, la brune avait ensuite déposé un baiser sur la joue d’Hassan, qui lui avait rendu presque aussitôt, avant de lui chaparder sa tasse de thé pour en boire une gorgée ou deux. « Bon, du coup, est-ce que tout l’monde est prêt à partir ? Je voudrais pas faire ma rabat-joie mais si on continue comme ça, il sera né alors qu’on ne sera même pas arrivé à mi-chemin. » Lui rendant sa tasse dans un sourire espiègle, Yasmine n’avait pas manqué de souligner « Elle a dit il. Je dis ça, je dis rien. » en papillonnant des yeux à l’extrême, Hassan ne manquant pas d’en faire de même avant de répondre l’air de rien « Dit celle qui a refusé de se mouiller en choisissant un camp. » et de passer sa tasse désormais vide sous l’eau de l’évier pour la mettre à sécher sous l’égouttoir. Mais pour en revenir à la possibilité que le bébé soit né avant qu’ils aient pu atteindre Sydney l’infirmière avait ajouté « Ouais, et c’est son troisième. C’est toujours plus rapide, le passage est déjà fait et dégaaaa… » avait que l’œillade froncée de papa Davis ne la persuade de ne pas terminer sa phrase. C’était l’image mentale dont il n’avait pas besoin. « Pardon pour les détails. Je prends les deux premières heures, merci ! » Étirant ses bras au-dessus de sa tête en réprimant un bâillement, Hassan n’avait pu s’empêcher d’échanger un regard lourd de sous-entendus avec Davis père « Comment on peut avoir autant d’énergie à une heure pareille ? » Ça le dépassait totalement, et d’ailleurs tandis que Clara renchérissait aussitôt « Et j’en conclus que je vous laisse décider des tours de conduite. Pour la peine, je monde devant ! » le brun lui se disait qu’il pourrait piquer du nez à son aise à l’arrière quand la blonde serait forcée de rester consciente, puisque tel était le rôle du copilote.

Les deux jeunes femmes déjà aux portières avant pendant que monsieur Davis fermait la maison à clef et qu’Hassan terminait de charger leurs sacs dans le coffre, ce dernier avait eu une œillade vers Clara et Yasmine et croisé le regard de la dernière ; Son regard des mauvais coups, alors qu’elle murmurait dieu sait quoi à l’oreille de la blonde. « Qu’est-ce que vous manigancez déjà, vous deux ? » qu’il avait alors questionné d’un ton suspicieux, fronçant les sourcils avec un brin d’exagération et malgré tout un sourire amusé. Revenu à leur hauteur, le patriarche avait dégainé un jeu de cartes en lançant à Hassan « Puisqu’on nous relègue à l’arrière. » et chacun était finalement monté en voiture, le brun coinçant ses lunettes de soleil sur le col de son sweat avec la certitude qu’il en aurait besoin plus tard – pour le soleil, et pour somnoler plus discrètement. « Je préviens tout de suite, je mets mon véto sur Beyoncé. » Clara dégainant déjà un antique iPod, en bonne copilote qui se respectait, il prenait les devants avant que Yasmine ne décrète qu’un best of de Queen B. serait une bande originale parfaite pour leur trajet. Non. « En plus tu dois te concentrer sur la route, c’est toi qui gère les bouchons de sortie d’agglo, après tout. » Et à son tour il avait adopté la technique des yeux qui papillonnaient et du sourire espiègle qui s’étirait, dommage pour elle qu’elle n’ait pas voulu se mouiller dans un pari sur le sexe de l’enfant à venir ; Elle aurait presque pu négocier un retour full Beyoncé si elle en était ressortie victorieuse. « On the road again, babe. » lui avait-il même finalement lancé, et cela dit, il s’était calé confortablement sur la banquette, croisant au passage le regard de Davis père qui devait avoir clairement l’impression d’être le seul adulte à bord de cette voiture.
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Message(#) road trippin' (khadjaafavis) EmptyVen 14 Sep 2018 - 1:00

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Il ne restait plus qu’à Yasmine d’arriver avant que le convoi ne se mette en route. Clara a quelques difficultés à tenir en place. Si le réveil avait été difficile, la perspective d’un road trip suivie d’un rendez-vous avec son neveu à naître/en cours de naissance suffit à l’activer pour qu’elle se retrouve aussi agitée qu’une puce. Alors qu’elle accueille Yasmine, tout le monde se réunit dans la cuisine afin d’établir un plan de conduite. Enfin, un plan qui ne l’inclut pas, ce qui semble paraître trop normal pour tout le monde. « T’as beau être multitâche, on n’est jamais trop prudents – heeeey, monsieur Davis ! » Son visage est offusquée par ce retour qui cautionne la décision de son père, et encore plus parce qu’Hassan se permet d’en rire dans son coin. Est-ce sa faute si sa croissance s’est stoppée à la sortie de l’école primaire ? Puis papa avait-il vraiment besoin d’acheter une voiture de deux mètres de haut ? Néanmoins habituée à ce type de vanne, elle passe l’éponge pour motiver les troupes à quitter les lieux, au risque d’arriver en retard pour la naissance. « Elle a dit il. Je dis ça, je dis rien. » ajoute Yasmine, voulant probablement attiser la compétition du pari tenu entre elle et Hassan. Clara aimerait dire qu’elle l’a fait exprès, mais ça n’est pas le cas. Plus elle habituera tout l’monde à ce que ce soit un garçon, plus elle augmente ses chances de gagner. (Oui, elle a pas vraiment conscience que les jeux sont techniquement faits depuis un moment) « Dit celle qui a refusé de se mouiller en choisissant un camp. » Signe que la flamme se voulant attiser les tensions n’a pas pris et Yasmine en profite pour faire un cours d’anatomie générale à toute l’assemblée. Pour sa part, elle s’en serait passé et papa aussi, c’est ce qu’il fait comprendre. La non-envie qu’on parle des organes reproducteurs de sa fille étant compréhensible. « Ouais, et c’est son troisième. C’est toujours plus rapide, le passage est déjà fait et dégaaaa… » Clara en a un frisson d’horreur. Décidemment, elle ne comprendra jamais les femmes qui ont des enfants. Et surtout plusieurs. Comment peut-on s’infliger ça ? « Pardon pour les détails. Je prends les deux premières heures, merci ! » Yasmine se rattrape. Probablement parce qu’elle est bien au courant que papa n’aime les bouchons de sortie de la ville et que si on confie le volant à Hassan, vu sa conduite de pépé, le bébé aura dix-huit ans à leur arrivée à Sydney. « Comment on peut avoir autant d’énergie à une heure pareille ? » Facile, Yasmine n’était pas humaine. Question suivante ? Tout l’monde semble prêt au départ et parce qu’elle a déjà assez de ressentiment d’être traitée comme une enfant parce qu’on ne la laisse pas conduire, elle exige d’être à l’avant et y prend place. De toute, il faut que ça dorme derrière. « Ne le laisse pas choisir la musique, je t’en prie, je t’en prie, je t’en prie. » murmure Yasmine, recevant automatiquement un clin d’œil de la conseillère, l’air de lui dire de ne pas se faire de soucis : elle gère.

Une mimique qu’Hassan a vite fait de remarquer, bien qu’elle puisse vouloir dire des tas de choses. « Qu’est-ce que vous manigancez déjà, vous deux ? » Et soudainement, sous ses yeux, ce sont des anges qui apparaissent. Du moins, c’est l’expression que prennent les visgaes des deux demoiselles, comme si elle n’avait rien à se reprocher et qu’Hassan était un peu « parano ». Tout le monde est enfin en voiture et papa semble avoir trouvé de quoi s’occuper avec Hassan le temps du voyage. Clara, quant à elle ne perd pas de temps pour gérer la sono. « Je préviens tout de suite, je mets mon véto sur Beyoncé. » râle Hassan, sans même se douter une seconde des plans de la blonde. « Très bien, pas de Beyoncé. » Son ton est peut-être un peu trop calme pour présager que l’avenir lui sied. « Tu vois, je t’avais dit qu’il le ferait sur Beyoncé. » Qu’elle annonce à Yasmine, en haussant les épaules, parce qu’elle avait pensé à tout. « En plus tu dois te concentrer sur la route, c’est toi qui gère les bouchons de sortie d’agglo, après tout. » S’il s’imagine que c’est ce qui va l’empêcher de pousser la sono à fond. Décidemment, Hassan n’est que trop peu monté en voiture avec elle. « On the road again, babe. » Il a l’air fier de lui, mais ça, c’est avant que Clara n’annonce la bande son. « Maintenant qu’il a gaspillé son véto, je peux enfin faire péter ce que j’ai en magasin. » Qu’elle reprend, maintenant que la route a commencé. « Messieur, applaudissez … » Et là, elle prend cinq secondes pour lancer la chanson, donc les premières notes vont déjà vibrer les basses. Au moins une aventure à ce tank. « NICKI MINAJ !!! » Et elle en est fière, reprenant dans la seconde le rap de l’américaine en cœur. Après tout, Yasmine et elles venaient de renoncer (en acceptant le véto d’Hassan) à leur reprise quasi exceptionnelle du duo Beyoncé/Gaga. Forcément qu’elles allaient lui faire regretter. « Papa, t’as pris ton casque ? » Qu’elle demande à son adresse, parce que lui avait tellement l’habitude des lubies de sa fille qu’il avait acheté un casque qui insonorise. « Et le GPS dit qu’on va mettre seulement 11h pour y aller ! On aurait du faire ça pour Ava et Mehdi aussi ! » Pour le moment, il semblerait qu’il n’y ait qu’elle qui s’amuse.
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Message(#) road trippin' (khadjaafavis) EmptySam 22 Sep 2018 - 15:11

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Pas de Beyoncé « I’m not your babe, babe. » répondit, de façon plutôt belliqueuse d’ailleurs, l’infirmière. Ayant pris place derrière le volant, elle avait partagé ses recommandations désespérées avec Clara avant toute chose, mimant aussitôt l’angélisme face aux soupçons d’Hassan. Autant dire qu’il venait de lancer un pavé dans la mare en leur imposant son veto sur Beyoncé. Tandis qu’elle jugeait son compagnon de route à travers son rétroviseur, elle remonta ses longs cheveux sur le haut de sa tête, et trafiqua un chignon rapide pour ne pas être gênée dans sa conduite, puis elle le fixa avec le premier bracelet qu’elle portait au poignet ; tout ça en opinant imperceptiblement, pleine de désespoir. Plissant et déplissant les paupières, le bout de la langue entre les dents, elle l’aurait condamné à une vie de malheur, psalmodiant des maléfices dans la langue de ses parents, qu’elle n’aurait pas exprimé moins de rancune au fond de ses pupilles qui s’étaient subtilement assombries. La guerre était déclarée, à bon entendeur, et puisqu’elle avait une longueur de retard, elle se détourna du panorama offert par le reflet de son nouvel ennemi, pour mieux ajouter, en empruntant l’expression de ceux qui sont fiers de leur prochaine offensive « J’ai reconsidéré mon choix à propos du sexe du bébé, je suis du côté de Clara. Ce sera un garçon, j’en suis sûre. » Haha, sembla-t-elle marmonner en gratifiant Hassan d’une arche de sourcil bien dessiné, et d’un sourire qui voulait dire vengeance. Il l’avait bien cherché. Refuser de faire péter la sono sur les rythmes vindicatifs de sa chanteuse préférée, c’était la priver de la dose d’énergie dont elle avait impérativement besoin pour assurer le trajet qu’elle venait de s’engager à suivre. Mais ça, Hassan ne le savait pas, et elle ne comptait pas le mettre au courant, au risque de déclencher toute une salve de questions auxquelles elle n’avait pas envie de répondre dans l’immédiat, si ce n’était du tout. Tout ce petit monde l’ignorait, en vérité, pourtant elle n’avait pas plus de quatre heures de sommeil dans les pattes, et même si elle s’estimait bonne comédienne, la remarque du jeune homme sur son énergie débordante étant plutôt un bon indicatif quant à ses talents cachés, il n’en restait pas moins sûr qu’à un moment donné, elle ne pourrait plus faire comme si elle s’était directement injectée de l’électricité dans les veines. Néanmoins, ce qu’ils ne savaient pas ne pouvait pas leur faire de mal pour le moment, et pour l’heure, elle s’appliquerait à ne pas piquer du nez dans les bouchons.

Comptant alors sur Clara, à qui elle adressa un clin d’œil de connivence, pour corriger le tir raté de leur passager du troisième âge – et il ne s’agissait pas du père de Clara, qu’on se le dise –, elle démarra le véhicule, et quitta l’allée des Davis avec la ferme intention de se venger définitivement du coup fourré fermenté par papy Jaafari et ses goûts d’ancêtre à la manque. Heureusement que Clara avait une malice qui ne nécessitait pas des heures de réflexion, et pendant qu’elle faisait jouer le volant entre ses mains, elle sautilla sur son siège en reconnaissant les premières notes du titre qu’elle venait de lancer. Elle tendit sa main droite vers la jeune femme pour recevoir le high five le plus jouissif qu’elle n’ait jamais eu l’occasion d’exécuter « Vous devriez vraiment mettre votre casque, monsieur Davis. » Parce que quelque part, elle s’apprêtait à dire des choses qu’elle n’aurait pas aimé qu’un homme comme lui, père de l’une de ses meilleures amies en plus de ça, entende de sa bouche. Sa mère lui ferait regretter sa venue au monde si elle savait, mais là encore, il y avait des choses qu’il valait mieux garder secrètes pour ne blesser personne. Sans attendre que le vieil homme de s’exécute toutefois, craignant de rater le début de la chanson, elle entama les premiers vers du couplet rapé, très poétique bien sûr, qui fit vibrer le tympan des quatre occupants du véhicule « Punch line Queen, no boxer though, might pull up in a Porsche, no boxster though, tell a hater, yo, don't you got cocks to blow?, tell 'em Kangaroo Nick, I'll box a hoe. » C’était un mystère digne des plus grandes affaires irrésolues de l’histoire du monde qu’une jeune femme aussi sage et pudique que Yasmine Khadji soit capable d’entonner ce genre de ritournelle sans rougir jusqu’à la racine de ses cheveux, et avec une certaine maîtrise, qui plus est. Mais son but immédiat étant de faire regretter à Hassan d’avoir ouvert la cage à toutes les ignominies musicales de leur temps, elle ne tourna pas autour du pot, et ne censura pas les vulgarités qui parsemaient la mélodie ; tout ce qu’elles voulaient dans le fond, c’était pouvoir s’époumoner sur Love On Top avec la naïveté et l’innocence que demandait un titre gorgé d’autant d’amour niais. Au lieu de ça, on l’avait banni sans scrupules, justice devait être rendue. Yasmine termina, en tortillant de la tête en guise de petite chorégraphie – si le chant était son point fort, la danse avait besoin d’être retravaillée « Shoulda shoulda said I got 5 in a possible, don't go against Nicki, impossible, I done came through with my wrist on popsicle, man these hoes couldn't ball with a testicle. » Et elle passa la réplique à Clara en la pointant du doigt, et en arborant une moue appréciatrice, duck-face à l’appuis, pour qu’elle puisse enchaîner cette partie de Carpool Karaoke improvisée au détriment d’Hassan à qui elle accorda furtivement en regard en remuant les fesses sur son siège, les mains toujours étroitement serrés autour du volant.
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Si on lui demandait son avis, Hassan mérite parfaitement la torture auditive qu’il s’apprête à subir pour avoir posé son véto et les avoir privé de la joie de faire démonstration de leur maitrise parfaite du duo Beyonce/Gaga (ou encore mieux, un best of des Destiny Child). C’était pour les filles, la première étape d’un road trip réussi et au lieu de ça, elles allaient devoir se contente d’autres choses. Fort heureusement, Clara garde plus d’une carte dans sa manche et alors que Yasmine commence déjà à perdre de son engouement suite à l’interdiction d’écouter sa star préférée, la blonde sort déjà un deuxième nom avec entrain de sa manche et même si le répertoire n’était pas le même que leur Queen B adorée, celui-ci avait malgré tout le don de ne pas faire plus plaisir à son beau-frère. Et c’était là, la parfait vengeance que les deux demoiselles pouvaient orchestrer. Les notes du premier titres sélectionnés commençaient à se faire entendre en voiture, et parce que c’est un duo et donc la meilleure occasion de chanter, Yasmine préfère mettre en garde papa Davis après avoir gratifié Clara d’un high-five qu’elle prend comme un applaudissement de son esprit diabolique (ou bien, sa capacité à faire l’enfant, tout dépend du point de vue.) « Vous devriez vraiment mettre votre casque, monsieur Davis. » Une mise en garde qui voulait vraiment dire quelque chose et sans s’assurer que le vieil homme s’exécute, Yasmine commence à entamer les premières paroles de la chanson sans aucune pudeur. « Punch line Queen, no boxer though, might pull up in a Porsche, no boxster though, tell a hater, yo, don't you got cocks to blow?, tell 'em Kangaroo Nick, I'll box a hoe. » Et Clara, qui se déhanche à côté sans que le moindre des mots d’oiseaux prononcés par l’infirmière ne la choque ou quoi que ce soit. Un peu triste venant d’une nana dont le boulot est de sanctionner le langage injurieux quand il sort de la bouche de la jeunesse. « Shoulda shoulda said I got 5 in a possible, don't go against Nicki, impossible, I done came through with my wrist on popsicle, man these hoes couldn't ball with a testicle. » A ce moment précis, les hommes pourraient avoir ouvert leur portière pour se jeter dans le vide qu’elles ne l’auraient pas remarqué. Les filles sont bien trop emballée par leur session de karaoké et à montrer avec panache qu’elles peuvent vraiment chanter tout et n’importe quoi. Et alors que la chanson chante d’interprète, Clara poursuit. « Your lipstick stain. Smells like a cheap hotel. Diamond watches and a gold chain. Can't make my frown turn around. The boys always spending all their money on love. The boys always spending all their money on love. They wanna touch it, taste it, see it, feel it, bone it, own it. Dollar, dollar, paper chase it, get that money. » Et elles s’apprêtent bien évidemment à poursuivre le reste de la chanson, avant qu’une voix à l’arrière du véhicule – qui au passage, leur signifie que personne n’a sauté en cours de route – ne pose la question suivante, interrompant tout du délire en étant bien trop sérieux et moralisateur. Papa : tueur de fun. « Dis donc, c’est ça le féminisme maintenant ? » Parce que c’est qu’il avait dû déduire de la chanson, à travers l’ensemble de mot cru utiliser pour le faire comprendre. « On t’a dit de mettre ton casque papa ! » poursuit Clara, légèrement désabusée d’avoir été interrompue en plein dans son délire. Si seulement il avait fait ce qu’elle avait dit et écouté son intégral de Keith Urban. « Je comprends pourquoi. C’est pas très gentil ce qu’elles racontent vos copines. » Elle étouffe un rire devant le qualificatif très innocent qu’il vient d’utiliser, à se demander s’il essaie de leur la morale ou juste de donner un avis en restant poli. Clara ne retient pas de rire, parce que de toute manière, il avait toujours été courant qu’elle aimait écouter des choses vulgaires. Il avait l’habitude. « Ta mère te laisse écouter ça Yasmine ? » Ce qu’il ne pouvait pas dire de Yasmine qui n’avait jamais donné l’image d’une nana capable de jurer plus fort qu’un saperlipopette. « Papaaaa » Interjecte Clara, gênée maintenant qu’il fasse toute une scène. Pourquoi fallait-il qu’il aborde ce que les parents de Yasmine lui donnait le droit de faire ou non. « Quoi ? Je suis pas sûre qu’une chanson sur deux nanas qui râlent après les bons hommes, ça soit quelque chose qui mérite d’être chanté. » Qu’il réplique, avant de prendre un acolyte dans son argumentation. « T’en dis quoi toi Hassan ? » C’est que là, elle serait presque en train de revivre l’humiliation de sa vie quand lors de son huitième anniversaire, il s’était permis de critiquer les BackStreet Boys devant toutes ses copines. « Tu es en train de tuer tout le fun de la situation. » Qu’elle souligne, avant de bouder dans son coin.

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Message(#) road trippin' (khadjaafavis) EmptyLun 1 Oct 2018 - 0:59

Ce qui de prime abord lui avait semblé être une alternative certes plus longue, mais plus conviviale à un trajet en avion – qu’il avait pourtant envisagé avant que la proposition des Davis ne vienne s’imposer comme solution définitive – avait pris des allures de numéro d’équilibrisme à la seconde où sa boutade avait été accueillie par le regard noir d’une Yasmine qui avait aussitôt rétorqué, plus mordante qu’à l’accoutumée. Plus fatiguée aussi, peut-être, mais lui-même en défaut d’une nuit de sommeil complète et d’un taux de théine suffisant dans l’organisme pour une heure aussi matinale, et un brin d’angoisse lui pinçant l’estomac tandis qu’il réalisait n’être jamais remonté dans une voiture en tant que passager depuis son accident, Hassan s’en était tenu à ne pas insister et à caler son sweat comme oreiller de fortune contre la portière de la voiture, après avoir bouclé sa ceinture et fait redescendre ses lunettes de soleil sur son nez. Ce n’était ni la première ni probablement la dernière fois que Yasmine lui donnait l’impression de souffler le chaud et le froid depuis son retour d’Afrique, et si d’ordinaire il ne lui en tenait pas rigueur aujourd’hui était-il peut-être trop à fleur de peau pour y parvenir avec autant de facilité. Dès lors plus agacé qu’il ne l’aurait admis par la volonté des deux filles à faire de ce trajet une guerre d’opposition entre l’avant et l’arrière du véhicule, lui qui alors que le jour se levait à peine aspirait seulement à ce qu’on le laisser terminer d’émerger en paix, il n’avait plus ouvert la bouche et s’était contenté de rouler des yeux derrière le verre teinté de ses lunettes lorsque la seule réponse aux protestations du patriarche s’était résumée à un « On t’a dit de mettre ton casque papa ! » lui indiquant que content ou pas l’homme n’aurait pas plus voix au chapitre que son voisin de banquette. Plus motivé qu’Hassan à protester néanmoins, l’homme avait renchéri « Je comprends pourquoi. C’est pas très gentil ce qu’elles racontent vos copines. Ta mère te laisse écouter ça Yasmine ? » et obtenu tour à tour l’éclat de rire de la blonde et une réponse intelligible de la brune, bien que plus en âge d’avoir à s’en remettre à l’approbation de sa mère pour ce qui était de ses choix musicaux – aussi discutables soient-ils. « Papaaaa. » S’enfonçant dans son siège avec un brin de malaise, Clara s’était renfrognée à son tour, tandis que la voiture se remettait en mouvement après un bref arrêt devant un feu rouge « Quoi ? Je suis pas sûre qu’une chanson sur deux nanas qui râlent après les bons hommes, ça soit quelque chose qui mérite d’être chanté. T’en dis quoi toi Hassan ? » S’étant jusque-là félicité de n’avoir plus à intervenir dans la conversation, le professeur avait haussé les épaules là où Clara maugréait « Tu es en train de tuer tout le fun de la situation. » et rejoignait à son tour le clan des passagers levés du mauvais pied. « Oh moi, tout ce que j’en dis c’est que si on dérange à l’arrière il est encore temps de nous déposer à l’aéroport au passage. » avait-il malgré tout fini par ironiser entre mauvaise foi et résignation, tournant délibérément la tête du côté de la vitre pour observer le paysage d’un Brisbane encore ensommeillé. Mais rien de tel que d’avoir été tiré du lit à l’aube pour s’entendre brailler dans les oreilles des insultes sur la gente masculine, c’était fun, et ce n’était que onze heures de route, pas de quoi tenter de faire en sorte qu’elles se passent au mieux pour tous les occupants de la voiture. « Allons allons, inutile de laisser les esprits s’échauffer, la route débute à peine. » avait alors tenté de temporiser monsieur Davis, fouillant dans le sac à dos posé à ses pieds pour en sortir un paquet de bonbons en vrac qu’il avait tendu à la volée dans l’espoir que chacun y pioche quelque chose « Tenez, servez-vous. » Dubitatif quant à l’idée qu’une sucrerie suffirait à calmer les esprits comme s’ils étaient des enfants – et quand bien même ils semblaient se comporter comme tels – Hassan n’avait pas voulu froisser l’homme en refusant, et piochant au hasard dans le paquet il avait gobé le bonbon tout rond malgré les protestations de son estomac, soudainement plus enclin à accueillir quoi que ce soit. « C’était une boutade pour Beyoncé. C’est toi qui conduit, mets ce que tu veux. » avait-il finalement marmonné, peu fier, croisant à peine un quart de seconde le regard de Yasmine dans le rétroviseur avant de glisser vers celui de Clara pour tenter de jauger si elle comptait mettre de l’eau dans son vin ou si le mode provocation enclenché en même temps que le moteur de la voiture avait encore de belles heures devant lui. Dommage qu'il n'y ait qu'un seul casque anti-bruits pour deux paires d'oreilles.
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Message(#) road trippin' (khadjaafavis) EmptyVen 5 Oct 2018 - 11:53

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« Ta mère te laisse écouter ça Yasmine ? » faisant fi du vent de protestations qui s’éleva de l’arrière du véhicule, Yasmine s’était secrètement émerveillée du talent qu’avait Clara de déclamer des horreurs avec autant d’élégance ; elles devaient envisager très sérieusement le karaoké comme passe-temps à partager entre copines, au moins elles auraient la satisfaction de pouvoir se défouler sans avoir à supporter la sourdine désagréable qui leur chatouillait les oreilles à l’heure actuelle. Néanmoins, elle ne put ignorer la question de monsieur Davis plus longtemps, et la moiteur de ses paumes rendirent le volant soudain moins aisé à diriger, tandis qu’elle le faisait jouer entre ses doigts habitués à la conduite manuelle. Le sourire qui remontait ses pommettes disparut graduellement de son visage, et elle ravala par à coup sa salive devenue plus épaisse. Faire un exposé de tout ce que ses parents condamneraient s’ils connaissaient les moindres détails de la vie de leur fille n’avait rien de réjouissant sur le moment. Ça se résumerait à admettre qu’à 30 ans, elle était encore sous la coupe de ses parents, et que par souci de répondre à leurs traditions et de les rendre fiers d’elle, elle s’interdisait beaucoup trop de choses, au point de se sentir humiliée par des réflexions lancées à la volée par les parents de ses amis – elle n’en voulait pas à monsieur Davis, mais elle admettait que ça avait quand même un peu de mal à passer. Chanter des vulgarités ne faisait pas partie de la liste de ses interdits, c’était un fait, et elle n’appréciait pas tellement de se le faire reprocher, quand il s’agissait de la seule chose qu’elle s’autorisait à faire sans craindre de s’attirer les foudres de l’opprobre familiale qu’elle savait sévère et irrémédiable. Elle s’apprêta donc à se défendre avec politesse, lorsque Clara se chargea d’émettre son avis en pointant du doigt le caractère rabat-joie de la réflexion de son père « Tu es en train de tuer tout le fun de la situation. » Il y en avait un autre qui se montrait particulièrement rabat-joie ce matin-là, et si elle pouvait supporter et comprendre aisément les offensives générationnelles de monsieur Davis, elle avait du mal à déterminer quelle mouche avait bien pu piquer Hassan. L’angoisse propices aux grands évènements, comme l’accouchement de sa belle-sœur, était-il la cause de sa mauvaise humeur notoire, ou il lui fallait se lancer dans l’énigme qui se présenta soudain à elle, quand il rétorqua avec mauvaise foi « Oh moi, tout ce que j’en dis c’est que si on dérange à l’arrière il est encore temps de nous déposer à l’aéroport au passage. » Une pierre lui tomba brusquement sur l’estomac, et elle refusa d’un signe de tête les bonbons que monsieur Davis fit passer à l’avant. Elle attendit une longue seconde avant de risquer un regard dans le rétroviseur pour se confronter au profil d’Hassan, occupé à mâchouiller en regardant à l’extérieur. Elle était têtue, mais pas assez pour se lancer dans une guerre comme celle-ci. Elle aurait dû tenir bon pourtant, trop coutumière du fait de battre en retraite pour apaiser les tensions qu’elle ne savait pas bien gérer – là encore, elle serait sans doute la première à s’excuser, de quoi, elle l’ignorait toujours, et sans doute qu’elle espérait trouver une réponse en lançant une œillade en biais vers la Clara boudeuse à ses côtés « C’était une boutade pour Beyoncé. C’est toi qui conduis, mets ce que tu veux. » Yasmine regretta de ne pas avoir apporté de lunettes de soleil, elle aussi. Elle aurait tué pour pouvoir soustraire son regard incertain du reflet renvoyé par le rétroviseur, et dissimuler aux yeux des autres que la réaction du jeune homme la peinait plus qu’elle ne se sentait capable de l’admettre ; c’était pourtant courant qu’ils se tirent faussement dans les pattes, et la fatigue mise à part, il ne lui semblait pas avoir été plus virulente que d’ordinaire. Elle se trompait probablement, alors puisque la chanson avait continué à dérouler sa partition sans qu’elles ne puissent apporter leur aide aux deux chanteuses qui continuaient à s’époumoner à travers l’autoradio, elle l’éteignit en disant d’une petite voix « Le silence, c’est bien aussi. » Ça ne l’était pas, ça leur donnerait matière à ruminer, et à naïvement souhaiter que la tension s’apaise au cours du trajet. Contrairement au reste du convoi, elle ne pourrait pas. Rester au volant en sentant la boule de nerfs qu’était Hassan soupirer derrière elle, ça la rendrait trop fébrile ; elle caressa l’idée de discrètement tendre la main dans l’interstice entre la porte et son siège pour frôler son genou et lui apporter l’apaisement dont il semblait avoir besoin, mais elle n’était pas prête à se faire rabrouer encore une fois, pas tout de suite, et Dieu savait qu’elle en avait envie pourtant, de jouer le rôle qu’on lui confiait volontiers quand il s’agissait de jouer à la soigneuse. Doucement, elle se recala dans son siège, et resserra ses mains moites autour du volant pour calmer la brûlure qui monta progressivement au centre de sa main dominante, et appuya prudemment sur l’accélérateur. Le silence commençait déjà à la tourmenter, alors les yeux dirigés droit vers la route qui serpentait, elle lança instinctivement « Et si on lançait les paris pour le prénom ? »
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Message(#) road trippin' (khadjaafavis) EmptyJeu 22 Nov 2018 - 21:10

La simple perspective de pouvoir voir le soleil se lever aurait en temps normal suffit à satisfaire l’humeur d’Hassan, qui tel un tournesol pouvait voir son humeur suivre la courbe du soleil et se nourrir de sa chaleur avec quiétude. Ce matin-là pourtant rien n’y avait fait et le moral en bandoulière le brun s’était laissé guider par la nervosité collective, la fatigue ambiante et par une susceptibilité dont les racines descendaient jusqu’à des frustrations que les choix musicaux discutables des deux jeunes femmes à l’avant ne suffisaient pas à expliquer. Mais il s’en agaçait néanmoins, de la perspective d’un voyage à quatre au goût de bonne humeur communicative remplacée par le concert du duo à l’avant tandis que l’arrière était poliment prié de se boucher les oreilles et de fermer sa bouche. Y’aurait-il eu d’autres manières moins incisives et tendant moins dans la mauvaise foi que celle choisie pour le faire remarquer ? Assurément. Était-il totalement en tort d’avoir fait remarquer l’indélicatesse dont faisaient preuve les deux jeunes femmes à l’égard du père de Clara et de lui-même en sous-entendu que contents ou pas ils n’avaient pas leur mot à dire ? Il était persuadé que non. En clair, les torts étaient à ses yeux partagés, et cela semblait dans l’immédiat bien suffisant pour qu’il se refuse à présenter des excuses, tout à la mauvaise humeur venue solidement planter ses griffes dans son épiderme. Mais à quoi bon, après tout ? Clara n’admettrait jamais le moindre tort elle non plus, quant à Yasmine … Il la connaissait assez pour savoir qu’elle devait déjà réfléchir à une façon maladroite d’arrondir les angles pour échapper à la situation. C’était donc bien un bref soupir de résignation qui avait échappé à Hassan tandis qu’il mettait de l’eau dans son vin et laissait à la brune le soin de continuer à écouter ce que bon lui semblait, puisqu’elle avait le contrôle du volant ; Il rongerait son frein, et exigerait un silence total en compensation lorsque son tour viendrait de prendre la conduite. S’en remettant au paysage qui défilait à la fenêtre, caché derrière ses lunettes de soleil et la capuche d’un sweat dans lequel il avait pourtant subitement la sensation d’avoir froid, il n’avait alors pu empêcher le vague roulement d’yeux que lui avait inspiré le « Le silence, c’est bien aussi. » opposé pour mettre fin au problème. Un frisson lui parcourant l’échine, il s’était enfoncé encore un peu plus dans son siège, tirant sur la capuche de son sweat avec résignation et le sentiment que ces dix heures de route seraient les plus longues qu’il n’ait jamais parcouru. A côté de lui Davis père avait semblé chercher sa position également, gardant pour lui tout commentaire ou réflexion supplémentaire mais sans doute pris par la sensation de voyager avec trois enfants incapables de se tenir correctement dès lors qu’il était question de trajet en voiture. Le silence proposé par Yasmine s’était alors étiré avec malaise, la respiration de l’un se heurtant au grincement de siège de l’autre, le bruit du moteur semblant prendre toute la place et en même temps peiner à remplir le vide créé par le manque de conversation. Et la délivrance à nouveau était venue sans surprise de Yasmine, dont les mains crispées sur le volant tranchaient avec la nonchalance qu’elle souhaitait donner à sa proposition : « Et si on lançait les paris pour le prénom ? » Quittant du regard la route qui serpentait par la vitre de sa portière, Hassan avait observé d’abord Yasmine à la dérobée puis Clara, qu’il s’attendait à voir réagir la première et se lancer dans des propositions à la hauteur de son esprit de compétition. Mais rien, la blonde était restée muette face aux tentatives de son amie de désamorcer la querelle et le brun s’était retrouvé pris entre la volonté de ne pas faire d’effort si tout le monde n’y mettait pas du sien, et celle de ne pas laisser Yasmine patauger péniblement sans obtenir de résultat. L’énième soupir restant coincé dans sa gorge, Hassan s’était donc lancé le premier « Je parie un prénom court. Pas plus de deux syllabes. » Rien de bien difficile à déterminer jusque-là, si l’on tenait compte des prénoms des deux premiers enfants d’Olivia et Qasim, dont témoignaient un goût visible pour les prénoms faciles : faciles à retenir, faciles à prononcer, faciles à écrire. A l’image de ce que les deux frères Jaafari auraient parfois aimé avoir à la lueur du nombre de professeurs ayant écorché nom et prénoms plus de fois qu’il n’était nécessaire. « Pas trop désuet, mais qui ne fasse pas « bébé » non plus … Avec quoi ils avaient hésité pour Medhi déjà ? Aria ? » Il trouvait ça joli, Aria … Mais n’oubliant pas pour autant leur précédent pari, Hassan s’était rapidement repris en ajoutant « Ça aurait été mignon, s’ils avaient attendu un garçon. » d’un ton volontairement provocateur, mais tout à la volonté de provoquer une réaction chez Clara pour la dérider. « Mais pour une fille … je ne sais pas. Lola ? Je crois avoir déjà entendu Olivia dire qu’elle aimait bien ce prénom. » Et comme pour chercher confirmation il avait jeté un regard de biais vers Davis père, faisant glisser au passage ses lunettes plus bas sur son nez pour observer au-dessus. « Ou Nour … J’aime bien Nour. » Mais on tendait là à une expression totalement subjective des goûts d’Hassan, dont il savait qu’ils ne cadraient pas forcément avec eux de son aîné et de son épouse, et que le brun n'avait pu s'empêcher d'évoquer d'un ton pensif ... et avec un brin de regret pas forcément décelable.
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Message(#) road trippin' (khadjaafavis) EmptyLun 3 Déc 2018 - 20:30

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« Le silence, c’est bien aussi. » Ouais, enfin si c’est pour passer les dix prochaines heures de conduite à attendre les mouches voler, il était encore temps pour qu’elle descende de voiture et chope un Uber parce qu’elle avait beau avoir très très envie de faire la rencontre de son nouveau neveu et d’aller voir sa sœur pour assister à la première journée du petit gars, si elle passait du temps en voiture sans que chacun ne soit incapable de prendre sur lui plus de trente secondes parce que la musique ne plait pas, elle attendra les prochaines vacances scolaires. Elle préfère autant ne pas arriver à l’hôpital tout en ayant l’envie de faire un meurtre. Sauf qu’au lieu de lâcher sa remarque, qui aurait de toute manière fait qu’augmenter la tension plutôt que de calmer les choses, c’est sur Yasmine qu’elle pose les yeux. Là où il y’a dix minutes, son amie était en train de rire aux éclats avec elle, à plaisanter sur ce qu’elles ont l’habitude de faire quand elles sont ensemble, maintenant, elle observe quelque chose qui ne va pas et parce qu’elle ne sait pas cette mine a été provoquée par la remarque de papa ou celle d’Hassan, elle n’ajoute rien qui pourrait défendre son amie. Elle se tait simplement et en profite pour envoyer un texto à Nicolas, se détendre sur le fait que finalement, elle a embarqué dans le road trip le moins fun du monde.

C’est alors qu’elle arrive à atteindre un troisième nouveau niveau à Candy Crush que Yasmine se risque à percer à nouveau le silence. Clara jette un coup d’œil à l’arrière pour observer si les esprits ont arrêté de s’échauffer. « Et si on lançait les paris pour le prénom ? » Pour autant, elle n’a pas envie d’y répondre. La petite blonde savait être une forte tête et comme on lui avait pourri ses trois minutes de fun, elle n’allait pas aidé à désamorcer la situation. Elle a son téléphone, assez de sa batterie portable pour tenir jusqu’à Sydney et papoter avec Nicolas par texto reste plus intéressant que de se faire juger sur ses goûts musicaux alors qu’elle sait très bien que dès que papa touchera au volant, tout l’monde subira la country sans faire la moindre remarque. C’est du parti pris et ça l’exaspère d’avance. « Je parie un prénom court. Pas plus de deux syllabes. » Dans la mesure où c’est déjà le cas pour les deux premiers, c’était pas difficile de parier que le troisième allait suivre le même chemin. Mauvaise ? Toujours. Ça n’empêche qu’au lieu d’ignorer, elle continue d’écouter la conversation. « Pas trop désuet, mais qui ne fasse pas « bébé » non plus … Avec quoi ils avaient hésité pour Medhi déjà ? Aria ? » Et elle essaie de se jurer de ne pas prendre place dans la conversation, même si c’est pas cool vis-à-vis de Yasmine qui tente d’ajouter un peu de fun au séjour, Clara est têtue et elle ne compte pas lâche le morceau. « Ça aurait été mignon, s’ils avaient attendu un garçon. » Sauf quand Hassan commence à la provoquer ouvertement, parce qu’il sait pertinemment que ce qui part au quart de tour chez la blonde, c’est bien sa fierté dès qu’il est question d’avoir raison. « Mais pour une fille … je ne sais pas. Lola ? Je crois avoir déjà entendu Olivia dire qu’elle aimait bien ce prénom. » Ouais, le problème, c’est que les Lola que Clara avait en tête, ce sont ces élèves et ça n’a forcément l’électricité à toute les fenêtres. Heureusement que le bébé ne s’appellera pas comme ça. « Ou Nour … J’aime bien Nour. » « Hassan, voyons, il va se faire railler à l’école s’il s’appelle. Je sais que c’est 2018, les garçons peuvent mettre du rose, les filles devenir plombier, mais il y’a encore quelques limites. » Qu’elle finit par ajouter en papillonnant des yeux, parce que c’était certain, le bébé allait être un garçon. Appelons ça un sixième sens et le fait que de tout façon, l’univers ne peut pas lui donner tort. « Après, si tu veux commencer à lister les prénoms pour leur quatrième, on peut faire ça aussi. En attendant, j’aime bien Sami moi. C’est court, c’est mignon et il aura pas l’air idiot une fois à l’âge adulte parce qu’on lui aura collé un prénom trop bébé. Non, parce que je vous assure, j’en ai des prénoms au boulot. C’est pas possible une fois que ton môme a de l’acné partout sur la figure et porte des pantalons déchirés. » Elle avait quelques élèves en tête rien qu’à y penser, de pauvres âmes qui n’ont pas été aidé dans la vie par leur parent, ça c’est sûr. « Puis en plus, je suis certaine qu’un prénom, ça guide vraiment ta personnalité. Les gens vont pas te traiter pareil quand tu t’appelles Marianne que quand tu t’appelles Chloé. » Oui, parce que toutes les Chloé sont des salopes, c’est bien connu.


Pardon.:
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Message(#) road trippin' (khadjaafavis) EmptySam 15 Déc 2018 - 18:47

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Peut-être que relancer la conversation en comptant sur l’esprit de compétition d’Hassan et Clara n’était pas l’idée la plus judicieuse qui soit. Seulement, Yasmine était dans une situation désespérée. Que ce soit d’un côté ou de l’autre, elle avait la sensation qu’un rien mettrait le feu aux poudres. Et puisqu’elle ne pouvait pas prétendre être totalement innocente dans l’histoire, elle décida que faire amende honorable, maladroitement, certes, était pourtant l’attitude la plus adulte à adopter. Ça n’empêcha pas sa gorge de se serrer, réduisant le passage de son souffle à peau de chagrin, lorsqu’elle s’aperçut qu’aucun occupant du véhicule ne daignait saisir la perche qu’elle leur tendait. Elle garda bonne figure cependant, faisant jouer ses jointures en s’accrochant au volant, et passant le bout de sa langue sur ses dents pour chasser la pellicule qu’avait laissé sa gorgée de thé de tout à l’heure. Elle fixa la route avec une attention un peu exagérée pour éviter d’avoir à regarder ailleurs. Si elle avait su que les choses se seraient passées de cette façon, tandis qu’elle ressentait que sa présence était peut-être de trop, elle aurait pris son service à l’hôpital au lieu de se lancer dans ce voyage qui prenait des allures de règlement de compte sorti de nulle part.

Pendant une poignée de secondes, elle envisagea de faire un signe à monsieur Davis pour qu’il retire son casque anti-bruit, et engager la conversation sur le sujet qu’il préférait – elle en avait quelques-uns en stock, et sans nul doute qu’entamer la discussion sur les décisions politiques du gouvernement actuel avec l’homme lui vaudrait plus de succès. Et puis soudain « Je parie un prénom court. Pas plus de deux syllabes. » Que la délivrance vienne d’Hassan lui fit graduellement pencher la tête sur le côté, mais retenir l’œillade qu’elle lui aurait adressé d’ordinaire, craignant qu’il y voie une attaque personnelle. En fait, elle tint deux secondes à peine, et s’obligeant à croiser rapidement son regard dans le rétroviseur, elle se racla la gorge l’air de rien, feignant de se rasseoir convenablement sur son siège. Soudain, sa conduite se fit plus souple après qu’elle ait dépassé un cabriolet trop lent à son goût, alors qu’il ajoutait  « Pas trop désuet, mais qui ne fasse pas « bébé » non plus … Avec quoi ils avaient hésité pour Medhi déjà ? Aria ? » Elle ne savait plus, alors elle haussa les épaules, couvant l’impression d’avoir perdu sa voix au détriment de l’ambiance qui avait tant de mal à s’alléger dans ce petit habitacle qu’elle se surprit à vouloir quitter. Elle coula un regard ce qu’il fallait de suppliant en direction de Clara qui, elle aussi, gardait le silence.  Yasmine battit des cils, et prononça un « S’il te plaît. » presque muet, une tentative éperdue de rendre les choses plus faciles à vivre pour tout le monde, mais surtout pour elle. Et tandis qu’Hassan poursuivait, donnant un avis plus personnel qu’objectif, la blondinette se joint enfin à la fête. Yasmine respira mieux « Hassan, voyons, il va se faire railler à l’école s’il s’appelle. Je sais que c’est 2018, les garçons peuvent mettre du rose, les filles devenir plombier, mais il y’a encore quelques limites. » La jeune femme lui souffla un baiser aérien pour la remercier, et elle aussi, consentit enfin à dire « Moi aussi, j’aime bien Nour. C’est mixte, comme Camille. » Qu’elle n’appréciait pas particulièrement, et qui n’entrait même pas dans les critères de sélection d’Olivia et Qasim ; elle le mentionna seulement pour marquer son point, et timidement prendre part au débat « Puis en plus, je suis certaine qu’un prénom, ça guide vraiment ta personnalité. Les gens vont pas te traiter pareil quand tu t’appelles Marianne que quand tu t’appelles Chloé. » Pendant un court instant, elle fût tentée de lui demander ce qu’il s’était passée pour qu’elle se montre aussi arbitraire avec les Chloé, mais elle rongea son frein.

A la place, elle haussa les sourcils, piquée par l’illumination, lorsqu’elle lâcha sans y réfléchir, et opinant même du chef pour appuyer ses propos et dire fièrement, étoffant le fil de pensée de Clara qu’elle regarda du coin de l’œil « Ouais, ou Clitorine. » Elle retint une brusque respiration, si bien que quand elle ajouta « Ça existe, je vous signale. C’est français. » sa voix gonfla, et donna à sa phrase des airs de blague de mauvais goût qui trouva sa chute dans le rire communicatif qu’elle laissa exploser sans essayer de le contenir plus longtemps ; un rire franc, spontané, libérateur qui diminua d’un coup au moment où elle s’aperçut que monsieur David avait retiré son casque, et la fixait avec les paupières plissées « Oh tiens, ça alors ! Une station-service ! » Comme les choses sont bien faites, faillit-elle compléter dans l’urgence d’échapper au regard de monsieur Davis. Sur le même ton surjoué qu’elle emprunta pour la pointer du doigt, elle poursuivit avec philosophie, encore secouée par des résidus de rire qu’elle fit passer en se raclant la gorge une seconde fois « C’est l’heure de la pause boisson chaude, ça fera du bien à tout le monde. » Surtout que ses yeux commençaient déjà à papillonner, et que son taux de théine étant proche de zéro, il lui fallait compenser. Puis avec un peu de chance, ça réchaufferait les cœurs en même temps que le climat qui régnait dans la voiture, et qui était si glacial, que le bout de ses doigts étaient endoloris. Yasmine braqua à droite pour s’engager sur le parking de la station-service.
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Message(#) road trippin' (khadjaafavis) EmptyMar 22 Jan 2019 - 13:49

Le cœur n’y était pas vraiment, mais plus rebuté encore par l’idée de poursuivre dans cette mauvaise humeur générale – peut-être même jusqu’à Sydney – Hassan avait fait contre mauvaise fortune bon cœur et donné une chance à la perche maladroitement tendue par Yasmine pour tenter d’apaiser les tensions qui s’entrechoquaient dans l’habitacle. S’ils se débrouillaient aussi bien qu’ils avaient pu le faire pour Ava et Medhi il y avait fort à parier que le prénom sur lequel Qasim et Olivia avaient arrêté leur choix ne serait même pas prononcé dans la conversation, les deux époux ayant toujours gardé jalousement leurs idées de prénom jusqu’au jour de la naissance de leurs enfants. Rassemblant souvenirs et intuitions pourtant, Hassan y était donc allé de ses propres suppositions, taclant au passage l’idée qu’on lui opposait quant au fait que sa future nièce puisse être un futur neveu. Clara, elle, n’en démordait toujours pas, et lorsqu’enfin elle avait daigné participer à la discussion ce fut pour rétorquer « Hassan, voyons, il va se faire railler à l’école s’il s’appelle Nour. Je sais que c’est 2018, les garçons peuvent mettre du rose, les filles devenir plombier, mais il y’a encore quelques limites. » avec son brin de provocation personnel et en papillonnant des yeux avec cette fausse innocence que seul son gabarit de Minimoy lui permettait de cultiver avec tant de succès. « Moi aussi, j’aime bien Nour. C’est mixte, comme Camille. » avait de son côté renchéri Yasmine, Clara ne s’arrêtant pas pour autant en si bon chemin et reprenant presque comme si elle n’avait pas été interrompue « Après, si tu veux commencer à lister les prénoms pour leur quatrième, on peut faire ça aussi. En attendant, j’aime bien Sami moi. C’est court, c’est mignon et il aura pas l’air idiot une fois à l’âge adulte parce qu’on lui aura collé un prénom trop bébé. Non, parce que je vous assure, j’en ai des prénoms au boulot. C’est pas possible une fois que ton môme a de l’acné partout sur la figure et porte des pantalons déchirés. » Il devait bien admettre qu’elle marquait un point, au moins pour la dernière partie, mais il émettait en revanche une réserve tandis qu’elle assénait enfin « Puis en plus, je suis certaine qu’un prénom, ça guide vraiment ta personnalité. Les gens vont pas te traiter pareil quand tu t’appelles Marianne que quand tu t’appelles Chloé. » avec ce que l’on devinait ne pas être de compliments à l’égard des Chloé. Pas étonnant avec ça que les filles soient réputées pour être des harpies entre elles, si même le prénom était sujet à préjugés. S’apprêtant à le faire remarquer, il avait été coupé dans son élan par Yasmine « Ouais, ou Clitorine. » Récoltant un haussement de sourcil des deux autres trentenaires du véhicule, elle s’était justifiée « Ça existe, je vous signale. C’est français. » dans un demi-couinement avant que, intrigué par ce qui semblait provoquer un nouveau débat, le père de Clara ne retire à nouveau son casque et se heurte à l’éclat de rire de la brune, semblant sortir de nulle part « Allons bon qu’est-ce qui vous fait tant rire, maintenant ? » Le regard croisant celui de Yasmine dans le rétroviseur Hassan s’était bien gardé de répondre à la question, au même titre que les deux jeunes femmes, la brune préférant sauter sur l’occasion de noyer le poisson en s’exclamant « Oh tiens, ça alors ! Une station-service ! » et ce alors que même leurs vessies de fillettes ne pouvaient pas déjà être arrivées à saturation. « C’est l’heure de la pause boisson chaude, ça fera du bien à tout le monde. » Ne protestant pas pour autant, le professeur n’était pas contre l’idée d’un nouveau shot de théine et après un coup d’œil à sa montre il lui semblait même raisonnable d’envisager passer un rapide coup de téléphone à Kelly pour lui demander de gérer ses chiens sans risquer de la réveiller. Les lunettes de soleil revenant sur son nez pour parer à l’agression lumineuse, Hassan avait étiré ses bras à peine hors de la voiture et remonté la capuche de son sweat sur le sommet de son crâne. Le voyant faire quelques pas dans la direction opposée à la leur, Davis père avait questionné « Tu ne viens pas avec nous Hassan ? » et secouant vaguement la tête le brun avait répondu « J’ai un coup de fil à passer, je vous rejoins. » sans se soucier que cela ressemble à un prétexte plus gros que lui pour se défiler qu’à la simple réalité. Expédiée en quelques minutes à peine, au terme desquelles Kelly avait accepté de s’occuper de Spike et Bandit en son absence, la conversation téléphonique lui avait en effet permis de s’éloigner un peu et de prendre l’air dans l’espoir de ravaler l’amertume qu’il s’efforçait d’ordinaire de calfeutrer dans un coin. Probablement qu’accepter de prendre part à ce trajet n’était pas une si bonne idée en fin de compte, probablement qu’il aurait dû prétexter un rendez-vous ou un impératif ce matin ou sauter dans un avion en début d’après-midi ; Peut-être même qu’il serait arrivés avant eux à destination. Mais soit, il faisait finalement partie du convoi, et il lui restait approximativement neuf heures pour parfaire l’illusion d’une bonne humeur retrouvée Dieu sait où et Dieu sait comment, et dont même Qasim ne parviendrait pas à douter lorsqu’il l’aurait en face de lui. Passant les portes automatique de la station-service, Hassan avait quitté à nouveau capuche et lunettes de soleil et pris le temps de se payer un thé au distributeur automatique pris d’assaut dans un coin, avant de se mettre en quête du reste de la troupe. Sans trop de mal – et sans grande surprise – il avait retrouvé les deux jeunes femmes au rayon du grignotage en tous genres et lancé à la volée « On fait des provisions ? » Jaugeant un instant des cochonneries sélectionnées par l’une et l’autre, il s’était finalement fendu d’un « Je vois, on part sur du sain et du diététique, donc. » moqueur, et s’était saisi à son tour d’un paquet bonbons crocodiles histoire de rester dans le thème. Du regard il avait cherché des yeux monsieur Davis, visiblement en grand dilemme de son côté entre les magasines de pêche et les magasines de jardinage, avant d'être de nouveau interrompu par la vibration de son téléphone dans la poche de son jean. N'y jetant d'abord qu'un coup d’œil furtif, le brun avait laissé échapper un « Oh ... » entre surprise et déception, s'attirant le regard interrogatif des deux jeunes femmes avant qu'il ne leur montre le message. Le visage fatigué mais souriant d'Olivia, un nouveau-né dans les bras, et la légende "désolés les gars, on ne vous a pas attendus" qu'Hassan devinait sans mal avoir été rédigé par un Qasim un brin goguenard. « Ça, c'est parce que tu as parlé de son passage déjà dégagé. » qu'avait alors lancé Hassan à l'intention de Yasmine, avant d'avoir un nouveau sursaut de réalisation « MAIS ! » Récupérant son téléphone il avait envoyé un "GARÇON OU FILLE ?" absolument pas contenu, et puisque leur honneur à tous était présentement en jeu les trois jeunes gens avaient fixé l'écran dans l'attente d'une réponse à la question fatidique ...
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Message(#) road trippin' (khadjaafavis) EmptyMer 20 Fév 2019 - 19:48

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Clara avait toujours eu les idées arrêtées sur beaucoup de chose et dès qu’une tentative de faire valoir son opinion face à la sienne était faite, elle ne manquait jamais de ne pas en compte et continuer son discours comme si de rien était. Yasmine pouvait aimer tous les prénoms du monde. Ils pouvaient numériquement plus nombreux qu’elle dans cette voiture à aimer tel prénom, cela n’empêcherait pas de dire le fond de sa pensée et de juger que, tout de même, ses idées sont bien meilleure. C’est exactement ce qu’elle fait en exprimant son avis après qu’Hassan ait eu la bonne idée d’énumérer des prénoms pour  leur futur neveu/nièce, laissant sous-entendre qu’il gagnerait le pari ce qui est aux oreilles de la lilliputienne totalement impossible et une main bien tendu pour qu’elle s’exprime à nouveau et réagisse. Sous-entendre que Clara puisse s’être trompée et la demoiselle sort immédiatement les armes et le caractère borné qui va avec. Pour ceux qui auraient à lui dire qu’elle est trop gâtée, le responsable est assis sur la banquette arrière à écouter les plus grands morceaux de country dans son coin. Ce dernier sort d’ailleurs de ses pensées au moment où Yasmine se décide à partager ce qu’elle sait des mœurs française, de leur goût douteux en prénom et alors qu’elle semble rire seule à une blague que visiblement, ni Clara, ni Hassan ne comprend, papa demande : « Allons bon qu’est-ce qui vous fait tant rire, maintenant ? » Pas de réponse. Juste le sourire en coin de Clara qui se replace bien droite dans son siège pour suivre la route.

« Oh tiens, ça alors ! Une station-service ! » s’écrie Yasmine, faisant ainsi diversion face à un papa qui continue de s’étonner de l’ambiance qui semble s’adoucir malgré que les caractères ne se prêtent pas forcément à la chose. « C’est l’heure de la pause boisson chaude, ça fera du bien à tout le monde. » ajoute-t-elle, amenant Clara à penser que prendre du café (ou autre boisson excitante tel quel le thé) n’était peut-être pas la chose à faire dans la mesure où les esprits s’étaient déjà échauffé au bout de vingt minutes de voiture. Mais, peut-être que là, il s’agit d’un de ces moment où il vaut mieux ne rien dire et tourner sept fois sa langue dans sa bouche. Une technique qu’elle avait pris le temps de peaufiner à force de fréquenter les Rollins, leurs habitudes détestables et d’avoir eu à se retenir de faire savoir sa pensée. Le véhicule bien rangé dans sa place. Les portières qui claquent et voilà le convoi prêt à se lancer à l’assaut de la station. Pour les filles, la destination coule de source au moment où elles posent le pied au sol : il faut aller aux toilettes. « Tu ne viens pas avec nous Hassan ? » demande papa, alors que le concerné s’écarte du groupe. Les deux filles se stoppent net avant de reprendre le chemin après avoir eu un retour. « J’ai un coup de fil à passer, je vous rejoins. »

Laissant Hassan aller là où il devait, les filles avaient fait leurs affaires avant de rejoindre papa dans la boutique et d’avoir l’idée de faire tout un tas de provision pour la route, pas tellement par faim mais pas pur plaisir de manger tout et n’importe quoi et la blonde n’avait pas tardé à se planter devant le stand de bonbon en vrac pour en remplir un sac qui pourrait être facilement aussi grand qu’elle. « On fait des provisions ? » ajoute Hassan, revenu de son coup d’fil alors qu’elles font l’inventaire de leur trouvaille. « Je vois, on part sur du sain et du diététique, donc. » C’est sûr que leurs bras chargés n’avaient en rien l’air de prôner une alimentation saine et équilibrée comme elles devraient avoir afin de montrer l’exemple, mais quelque part, c’est les vacances alors ! « Il y’a des bonbons à la fraises, bananes, oranges, pêches et pommes. C’est cinq fruits, c’est que conseille l’OMS ! » fait observer Clara, comme si elle détenait là un argument absolument imparable à sa remarque. Argument qui ne trouvera pas de réponse, puisqu’aussitôt le portable d’Hassan vibre une seconde fois, dissipant la conversation parce qu’un « Oh ... » avait suffi à capter leur curiosité pour qu’elles l’interrogent du regard sur l’origine de ce son. Sans les laisser mariner plus longtemps, il leur tend le téléphone où l’on voit Olivia tenant dans ses bras ce qu’elle devine être son nouveau neveu. « Ça, c'est parce que tu as parlé de son passage déjà dégagé. » ajoute Hassan, amenant Clara à être entre rire et dégoût, parce que si la vanne tombe bien, elle aurait voulu avoir une autre image en tête que les voies intérieures de sœur aînés. « MAIS ! » intervient Hassan, deux secondes avant que Clara ne réagisse à la même chose « Et le sexe ?! » Qu’elle s’écrie dans la station-service, attirant vers elle plusieurs regards interpellés par son langage. Sans attendre, Hassan pianote, les laissant pendant les secondes suivantes à bout de souffle face à l’attente de cette réponse. C’est le moment parfait pour que Clara fasse une prière à Dieu pour qu’il lui ait une nouvelle fois donné raison, parce qu’autrement, elle serait mortifiée. (Oui, Dieu aurait mieux fait de lui donner une leçon d’humilité, mais bon …) et finalement, après une attente qu’elle accuserait presque Qasim d’avoir fait exprès de faire durer parce qu’il SAIT qu’ils sont à tous les coups à se battre au sujet de ce pari, le sexe tombe et c’est un garçon. « POH POH POH ! » s’empresse de crier Clara, avant de taper dans les mains de Yasmine et de lancer un mini-twerk de la joie au beau milieu de la station. Papa qui arrive enfin à ce moment-là, à moitié surpris de trouver les filles dans cet état. « C’est encore leur musique de dégénérées ? » Qu’il demande à Hassan, avant que ce dernier ne lui montre le téléphone et la photo du petit dernier de la famille. Devant cette grand expression pleine de fierté, les filles reprennent une attitude normale et papa termine de s’écrier. « BON ! En voiture tout l’monde, on a un p’tit bonhomme à aller rencontrer ! » Et sans objection cette fois, tout le monde obéit.
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