Nino l’observait du coin de l’œil. Il savait bien qu’il l’avait déjà vu. Il n’avait juste pas été capable de se rappeler où. Cette nana qu’il avait vu la veille dans un bar, elle se retrouvait juste sous ses yeux maintenant. Les femmes se faisaient rare par ici, il n’était pas commode pour elle de venir dans cette cave. En général, elles étaient accompagnées, très bien entourées même. Un ou deux grands gaillards bien bâtis, des chiens de garde en quelques sortes.
Il était resté en retrait et l’avait observé pendant un bon moment. Elle n’avait pas l’air d’être très prises par les paris, du moins elle ne sortait jamais d’argent de son sac ni d’aucune poche de son jean. Nino n’avait pas bien saisi si elle était venue seule ou non mais jusqu’à présent, elle n’avait adressé la parole à personne et personne ne semblait tourner autour d’elle. Il tourna la tête un instant pour jeter un œil sur les deux nouveaux boxeurs qui entraient sur le ring et quand son regard se posa de nouveau dans sa direction, elle n’était plus là. Il la chercha un bon moment mais elle avait comme disparu. Peut être en était-ce trop pour elle ce soir, elle s’était fait la malle.
« Et maintenant, deux hommes féroces aux dents d’acier. The Storm et The Shaaaark ! » l’assemblée de mis à trembler, à sauter, à crier. Ces deux là était des légendes par ici. Nino n’avait pas encore eu l’occasion de les voir se battre l’un contre l’autre, le spectacle promettait d’être magique. Avec des noms pareils, il y avait de quoi ! Si non ce serait un peu comme ces films « T-rex contre Requin » ou encore « Astéroïd 2.8 mission Extermination » le titre est prometteur, le contenu décevant…
Le combat commençait, Nino n’avait pas parié pour celui-là, il n’avait absolument aucune idée de qui pourrait finir KO en premier, l’enjeu était bien trop important pour qu’il prenne trop de risque ce soir. Il s’était bien renfloué les poches ces derniers jours, ce n’était pas le moment de déconner.
Le match fini, Shark avait bien défoncer Storm qui avait presque perdu une oreille sur le ring. Le sang recouvrait le tapis au sol et ils n’avaient pas manqué à glisser dessus à plusieurs reprises. Nino se demandait toujours comment des mecs pouvaient bien avoir envie de se battre parfois jusqu’à la mort. Lui se contenter de se faire de la tune sur leur dos et c’était bien suffisant comme ça. L’italien sortie rapidement de là et en haut de l’escalier qui menait à la sortie, elle était de nouveau là. Plantée en haut, toujours seule. « C’est pas un endroit pour qu’une nana se balade seule par ici… » lui lança-t-il.

Mon regard observe le processus de préparation de celui que tout le monde appelle The Shark dans le coin et que je connais comme Alban, faut avouer que ça en jette moins. Il enlève son t-shirt qu’il jette à mes pieds, un sourire amusé au visage. Je lâche simplement un soupir, ce qu’il peut être con, un jugement qui reste dans ma tête exclusivement. Je ne lui ferais pas le plaisir de l’ouvrir, un fait rare quand on me connait, moi et ma grande gueule. Je cherche encore à piger le concept de venir se faire démonter la gueule dans une cave pour le plaisir d’autres cons, dont certains ont parié du fric. C’est que ces merdes remportaient un sacré paquet de billets, aux combattants comme aux parieurs. Il suffit de voir le corps d’Alban pour se demander si ça vaut le coup, puis il paierait sa tournée et je me dirais que ouais, pourquoi pas au final. Chacun ses choix, tant qu’il les assume. Perso, j’ai posé mes miches ici parce qu’une de mes cibles traîne souvent dans ce type d’endroits. Nino Marchetti, un italien qui mène une vie de bon à rien selon les critères de la société. Au fond, ses habitudes je m’en tamponne mais celle qui m’a engagée un peu moins. Une autre italienne qu’il a probablement mal baisée et oublié de rappeler…enfin c’est ce que je me suis dit dans un premier temps. Généralement, les nanas qui venaient à l’agence pour payer nos services voulaient deux choses : prouver l’infidélité de leur mari ou copain, ou bien retrouver un gars qui s’était barré sans dire au revoir. Pour la seconde option, les gens seraient sûrement étonnés du nombre de nanas prêtes à payer pour avoir une réponse à leur pourquoi. Parce que le silence radio n’est visiblement pas suffisant et c’est mon temps qu’on perd dans ces conneries. Dans le cas actuel, il n’en est rien et c’est pour ça que j’ai accepté la mission. En tout cas, je fais tâche dans cette cave, c’est d’ailleurs pour ça que je reste en retrait, ça et j’ai pas tellement envie de voir mon pote se faire dévisser la tête, même si le gars se vante qu’il pourra le défoncer sans problème, mais bon Alban a toujours tendance à se vanter. Clope au bec, j’attends que ça se passe, priant pour que ma cible ne fasse pas sa diva pour sortir de là. Bingo. « C’est un endroit pour qui alors ? » Je libère la fumée de ma cigarette avant d’esquisser un petit sourire « Tu proposes tes services de garde du corps à la nana sans défense que je suis ? » Mon sourire s’élargit. D’homme de mains à garde du corps, il n’y a qu’un pas de ce que j’ai compris. « Alors, t’as misé sur le bon cheval ? » Je désigne du menton l’endroit dont il vient de sortir, où les cris d’excitation, presque animal ont laissé la place au surnom d’Alban chanté à l’unisson, signe qu’il est le grand vainqueur.

Nino ressortait bredouille de ce match. Pour une fois il avait été prudent et ne s’était pas lancé sur n’importe quel mec pour vider ses poches. Il avait retenu la leçon après plusieurs tentatives, des échecs cuisants. Il s’était retrouvé avec des dettes et tant qu’il ne les avait pas remboursés, il risquait gros. Il avait mis quelques jours pour rassembler l’argent et finir par effacer son ardoise. Tant mieux pour lui, surement quelques jours de plus et il se serait retrouvé avec quatre phalanges en moins. Et Nino mettait un point d’honneur à se faire discret à l’extérieur, si c’était pour qu’on lui demande toutes les deux heures pourquoi il n’avait plus de doigts, ça risquait d’être gênant. D’autant plus qu’à l’heure actuelle, ses mains sont aussi ses outils de travail. Il sortait de cette cave pour tomber sur cette nana qu’il avait remarqué en bas. « C’est un endroit pour qui alors ? Tu proposes tes services de garde du corps à la nana sans défense que je suis ? » Elle lui faisait penser à Megara dans Hercule. L’un des seul Disney qu’il avait vu lorsqu’il était gosse. Pas chez lui où la seule référence à Disney était un nounours de la souris avec un œil en moins mais il était allé chez un copain de l’école dont la mère les avait collés devant la télé pour être tranquille avec son mec. Cette belle brune l’avait marqué et il en était presque tombé amoureux. Assez badasse pour le gamin qu’il était à l’époque. « Tu trouveras mieux comme garde du corps. La majorité des mecs qui sont là-dedans sont plus baraques que moi. » du haut de son mètre quatre-vingt-trois, Nino était peut-être grand mais il n’avait pas grand-chose dans les bras. Il aller s’adosser au mur à ses côtés, la voyant fumer une clope, il sortie son paquet pour l’imiter. « Alors, t’as misé sur le bon cheval ? » il haussa les épaules en allumant sa cigarette. « Je ne mise pas. C’est pas pour moi… » il mentait si bien. « Mais c’était un beau combat. Shark a fini par gagner, il aura sans doute mal aux oreilles pendant deux semaines… et l’autre a pris de sacret coups dans les côtes… » il se demandait toujours comment on pouvait avoir envie de se faire défoncer comme ça. « j’viens ici pour le spectacle. J’ai pas besoin de parier des thunes… » insista-t-il peut être un peu trop. « Qu’est ce que tu fou dans le coin ? Un des mecs qui monte sur le ring est ton gars ? » après tout, il ne voyait pas beaucoup d’explication pour qu’une nana vienne traîner dans un endroit pareil. Pour lui, elle n’était pas à sa place ici. Peut être fallait-il plutôt qu'elle attende sagement chez elle?

Mon regard reste bloqué sur Nino, accompagne chacun de ses gestes et de ses expressions. Un drôle de spécimen que cet italien. « Tu trouveras mieux comme garde du corps. La majorité des mecs qui sont là-dedans sont plus baraques que moi. » J’esquisse un petite sourire à sa remarque. « Dommage, j’pensais avoir trouvé mon preux chevalier » je lâche sur un ton amusé, légèrement moqueur même. Et celui avec qui je suis venue est encore plus monstrueux, mais j’évite de le dire à voix haute. Alban est un monstre physiquement, je suis presque sûre que s’il m’en fout une, je vais dormir pendant un long moment, pas dit que je me réveille un jour. Pourtant, ça ne m’a pas empêché de lui chercher des noises à notre première rencontre, d’ouvrir ma grande gueule sans que ce soit nécessaire et de le pousser à bout. Je me demande encore comment il a fait pour ne pas me mettre son poing dans la figure, parce qu’à sa place je n’aurais pas pu me retenir. Il parait que c’est pour ça qu’il m’aime bien, je lui tiens tête et je le remets à sa place, mais il faudrait que je ne surfe pas trop avec le manque de respect car ce serait une raison suffisante pour m’aligner. « Je ne mise pas. C’est pas pour moi… Mais c’était un beau combat. Shark a fini par gagner, il aura sans doute mal aux oreilles pendant deux semaines… et l’autre a pris de sacrés coups dans les côtes… » J’ai un léger haussement de sourcil, et toujours cet air amusé sur le visage. Intérieurement rassurée d’apprendre que ce con d’Alban est vivant. « j’viens ici pour le spectacle. J’ai pas besoin de parier des thunes… » Je hoche simplement la tête, sourire aux lèvres. Je me demande s’il se rend compte qu’il insiste un peu trop, au point que ça en devienne louche. Mauvais menteur, il faudra que je pense à l’inscrire sur son dossier, en tout cas ça pourra peut-être rendre toute cette mission plus facile. « Donc t’es en train de m’dire que ton truc à toi c’est d’regarder des gens se faire défoncer la gueule ? » mes prunelles prennent les siennes en grippe, insistantes et insidieuses. « T’aimes tellement ça que tu te traines dans les vieilles caves pour mater un gars bouffer l’oreille d’un autre ? » je dis ça un peu comme si je l’accuse d’être un malade mental qui s’astique le manche devant des spectacles glauques et que si c’est le cas, il devrait peut-être songer à consulter au plus vite. « Qu’est-ce que tu fou dans le coin ? Un des mecs qui monte sur le ring est ton gars ? » il s’interroge au passage sur ce que moi je fous ici. Forcément en tant que meuf je peux pas venir promener mes ovaires par ici, ils doivent forcément appartenir à un mâle du coin… certes ce n’est pas faux mais le principe m’horripile au plus haut point. « Celui qui va avoir mal aux oreilles » après tout c’est comme ça qu’Alban m’a présentée aux autres. Généralement quand j’ai besoin d’infos et que je fais à son réseau, je suis généralement la meuf du requin, on ne m’emmerde pas mais mon égo en prend un coup. « On s’est déjà vus quelque part non ? » je lance au bout d’un moment, le regard toujours insistant. « Pas façon plan de drague foireux mais je crois qu’on s’est déjà croisés » je fais référence à notre rencontre éphémère dans le bar du pote de Dean, heureusement aucun des deux n’est lié à Nino sinon ça aurait pu compliquer tout ce bordel.

« Dommage, j’pensais avoir trouvé mon preux chevalier » S’il y avait bien une chose que Nino savait ,c’est qu’il n’était pas un preux chevalier, il ne l’avait jamais été et il mettra quiconque osera le penser sur ses gardes. Il n’était pas du genre à faire croire à une femme qu’il était l’homme parfait. Il savait bien, surtout après sa rupture avec Giulia qu’il n’avait rien de l’homme parfait, surtout pas le petit copain ou le chevalier parfait. Il n’était à la hauteur pour aucune femme et il préférait ne s’engager dans aucune responsabilité. « J’suis déjà pas foutu de faire gaffe à moi alors jouer les héros avec une nana, encore moins. » et il était pas du genre à faire semblant. Il en faisait déjà bien assez pour Hannah, il se mettait en danger en acceptant le deal avec Mitchel et maintenant qu’elle était au courant, c’était surement pire… d’ailleurs, depuis qu’il l’avait vu, depuis qu’ils avaient eu cette discussion et qu’elle l’avait embrassé, Nino faisait toujours le mort auprès de la demoiselle. Il en venait à se dire qu’il devait surement en parler à Mitchel, finir par lui dire qu’elle était au courant de tout et qu’il pouvait avoir la conscience tranquille, Hannah ne parlerait du club à personne. S’il y avait bien une chose qu’elle voulait, c’était être loin de tout ça, qu’on lui foute la paix pour tout ça. Nino ensuite, pourrait peut-être prendre ses distances à son tour, en finir avec le club aussi. Et lui, il savait bien qu’il aurait toujours quelqu’un au cul pour s’assurer aussi qu’il n’aille jamais voir les flics. Il ne savait absolument pas ce que la suite allait donner, ce qu’il savait par contre, Hannah lui manquait mais pour l’instant, il ne voulait prendre aucun risque, ni pour elle ni pour lui. Enfin bref, il fallait qu’il arrête de se torturer l’esprit avant tout.
Il voulait montrer patte blanche, faire celui qui savait pas réellement ce qui se tramait la dedans, il était au courant des paris, mais surtout il y participait pas. Après tout, il ne connaissait pas cette nana et la voir trainer par ici faisait pas d’elle une personne de confiance. « Donc t’es en train de m’dire que ton truc à toi c’est d’regarder des gens se faire défoncer la gueule ? » C’est un peu ce qu’il était en train de lui dire. « Y a bien des gens qui paient pour aller voir des matchs de boxe, du catch… » Même si ce n’était que de la pure comédie. « T’aimes tellement ça que tu te traines dans les vieilles caves pour mater un gars bouffer l’oreille d’un autre ? » « ici au moins, j’peux rentrer à l’œil. C’est toujours mieux que de regarder ça sur internet. » et en même temps, y avait l’adrénaline et le stress de savoir comment le match allait vraiment finir mais surtout de savoir s’il allait perdre ou gagner de la tune. Il lui demandait alors si elle était venue avec un mec pour trainer dans le coin, c’était pas courant de voir des nanas seules par ici et c’était pas forcément l’endroit pour elle. Surtout quand on est canon comme ça, qui sait ce qu’il peut arriver, qui sait qui elle pourrait croiser. Les mecs sont pas tous équilibrés ici. Elle lui confirma qu’elle était avec Shark. Nino fit presque un pas en arrière. « j’veux pas de problème. » des fois que le gros gaillard soit du genre jaloux. « Du coup maintenant, j’peux te reposer la question, t’aime venir ici et savoir que ton mec se fait bouffer l’oreille ? » c’était bizarre d’accepter ce genre de pratique. « On s’est déjà vus quelque part non ? Pas façon plan de drague foireux mais je crois qu’on s’est déjà croisés » Elle regardait Nino, sûre d’elle. « J’me disais bien aussi ! » toujours incapable d’en savoir plus. « Quand j’t’ai vu en bas, j’étais sûr qu’on s’était déjà croisé. » puis il haussa les épaules. « mais bon, on s’est jamais parlé, donc c’est pas bien important ! » il fit quelques pas en entendant des mecs remonter les escaliers pour sortir de la cave. « Mais, j’ai du te marquer du coup… »

« J’suis déjà pas foutu de faire gaffe à moi alors jouer les héros avec une nana, encore moins. » Je pars dans un petit rire bref. « C’est rare un mec qui reconnait quand il n’est pas à la hauteur » Je note également mentalement qu’il a quelques tendances franches, de toute façon, je n’aurais pas accepté une toute autre réponse. J’ai eu l’occasion de l’observer avec attention et dire qu’il ne sait pas prendre soin de lui serait un doux euphémisme. Il a l’air d’avoir écrit poisse sur sa gueule, il me fait l’effet d’être un de ces mecs qui se retrouvent dans des situations bizarres. Il parait que ce genre de gars ne vivent jamais longtemps, ils finissent toujours par surfer d’un peu trop près avec le danger et finissent par se faire bouffer. D’ailleurs, j’ai envie de tester cette franchise et savoir pourquoi il vient ici, on sait tous deux ce qu’il en est mais il tente de me baratiner à m’assurant qu’il est présent pour le sang et les dents cassés. « Y a bien des gens qui paient pour aller voir des matchs de boxe, du catch… » J’ai un autre sourire. « ici au moins, j’peux rentrer à l’œil. C’est toujours mieux que de regarder ça sur internet. » la différence étant que les autres activités qu’il a mentionné sont légales et peuvent tranquillement apparaitre sur une chaîne à l’heure de grande écoute. Je ne relève pas, son incapacité à mentir pourra m’être utile par la suite. Même s’il faudra que je la teste encore de nouveau, histoire de confirmer qu’il en soit réellement incapable. Sa réaction reste toute aussi honnête quand je lui dis avec qui je suis venue, une réaction à laquelle j’ai déjà assisté à plusieurs reprises, de quoi me faire réaliser que je traînais vraiment avec un mec particulier. Alban vient souvent faire sa grand gueule auprès de moi, à me raconter à quel point il est respecté dans le monde du bas, à quel point personne ne veut se frotter à lui au risque de se faire niquer et ne connaissant que la partie graveleuse de sa personnalité, j’ai eu de quoi douter. Ca m’a assez surprise la première fois où j’ai traîné dans le coin avec lui, personne n’osait croiser mon regard de peur que ce soit mal interprété, on ne reluque pas les meufs des autres serait la règle tacite. « Du coup maintenant, j’peux te reposer la question, t’aime venir ici et savoir que ton mec se fait bouffer l’oreille ? » si c’était vraiment mon mec, je lui aurais certainement demandé d’aller se trouver un boulot qui ne le dévisage pas, personne n’a envie de se faire sauter par une tronche ratatinée. « Faut bien le soutenir, les joies du couple tu sais » je hausse les épaules, nonchalante, mon ton s’étant fait un peu plus complice, peut-être que j’aurais une confidence un peu plus poussée. « Et puis, faut avouer qu’il baise mieux après une victoire » un autre haussement d’épaules, ou plutôt qu’il régale bien même si je vais devoir jouer les infirmières ce soir. Un deal est un deal. « J’ai une bonne mémoire des visages » je réponds à son commentaire sur le fait qu’il ait pu me marquer d’une façon ou d’une autre. « Et puis tu sais, Brisbane est petit » j’ajoute avec un mince sourire « même très petit » ce que me confirment les regards des mecs qui passent devant nous, leur attention s’arrête sur l’italien, suspicieux, alors que moi je n’ai droit à rien. Ils se demandent sans doute qui tape la causette à la meuf du requin à l’abri des regards. « Je crois qu’on se demande ce qu’on fout ensemble loin de l’agitation » cette histoire peut prendre une tournure pour le moins inattendue mais pas inintéressante. « A moins que ce soit des amis à toi » Alors Marchetti, qui sont tes potes dans le coin ?

« C’est rare un mec qui reconnait quand il n’est pas à la hauteur » Faut dire que Nino savait bien une chose, c’est qu’il savait pas s’y prendre avec les nanas. C’est qu’il avait pourtant essayé mais il devait se rendre à l’évidence qu’il n’était qu’un merdeux qui pensait souvent qu’à sa gueule et du coup, ca fini par tout foutre en l’air. Ca avait été le cas avec Giulia, et il avait mis du temps à l’admettre que tout ça, c’était sa faute. Que Ok, c’était une grosse connasse qui l’avait trompé mais ok, en fait, le connard dans l’histoire, c’était lui. Et puis, il suffisait de voir comme il s’était comporté ensuite avec Hannah. Cette façon de faire le mort alors que la belle lui avait donné un baiser. C’est surtout qu’il flippe pour son cul si ca fini par se savoir, donc preuve de plus qu’il pense encore qu’à lui dans tout ça. Mais il finira sans doute par réapparaitre, il finira par aller la voir, c’est juste qu’il ne savait pas quand, que pour l’instant, il avait d’autres chats à fouetter. Et pourtant, c’était pas faute de penser à elle, souvent.
Par contre, concernant d’autres domaine, c’était bien moins évident pour que l’italien assume ses mauvais choix, assume de ne pas être à la hauteur. La famille, là c’était bien plus compliqué, fierté mal placée. Nino prenait sur lui pourtant, il avait fait du chemin depuis bientôt deux ans qu’il était à Brisbane. Au début, il voulait juste casser la gueule à Vittorio, lui faire comprendre qu’ils étaient plus rien l’un pour l’autre mais qui croirait un mec qui avait fait des milliers de kilomètres rien que pour faire comprendre à son frère que c’était terminé ? La blague. Il se mentait à lui-même. Il avait fini par le comprendre mais pourquoi l’avouer ? Pourquoi avouer que Vitto était ce qui lui restait de plus cher ? Nan, il préférait lui faire croire qu’il en avait plus rien à foutre tout en restant à Brisbane, le sachant toujours dans le coin. Enfin bref, Nino s’était montré curieux à son tour, en demandant à la demoiselle en détresse ce qu’elle aimait à venir voir son mec se faire défoncer devant une foule en délire. « Faut bien le soutenir, les joies du couple tu sais » les joies du couple ouais. Il s’imaginait pas une seule seconde venir avec sa nana dans ce coin, encore moins, s’il venait pour en découdre avec un autre mec baraqué, sachant que pendant ce temps là, il aurait même pas les yeux sur elle pour la surveiller. Il est comme ça Nino, un peu trop protecteur, un peu trop possessif aussi sans doute. Ce qui est à toi est à moi. « Et puis, faut avouer qu’il baise mieux après une victoire » le voilà le secret alors. « Une preuve de plus de montrer qu’il en a ! » tu parles. « J’ai une bonne mémoire des visages Et puis tu sais, Brisbane est petit… même très petit » et qu’est ce qu’il était censé comprendre par là ? « J’ai compris ça assez vite quand j’suis arrivé ouais. » surtout avec le Livuel, seul épicerie dans laquelle il n’aurait jamais du bosser un jour. Ca lui aurait évité bien des problèmes. . « mais pourquoi tu m’sors ça ? »  Nino décolla les yeux de la demoiselle pour voir ces mecs qui leur tournaient autour, avec une attention particulière pour l’italien. Il se demanda ce qu’ils pouvaient bien lui vouloir puis se rappela de qui était cette nana. Fallait p’t’être pas parler à la meuf du requin. « Je crois qu’on se demande ce qu’on fout ensemble loin de l’agitation » l’italien, loin de vouloir des problèmes fit une pas en arrière. « A moins que ce soit des amis à toi » il secoua la tête. «Nan, je les connais pas. Si c’est les potes de ton mec, dis leurs que j’ai rien fais ok ? J’vais me barrer ! » en voyant leur carrure, il avait l’impression qu’un en coup, ils pouvaient le mettre KO, non merci. Par contre, Nino sentait qu'il pouvait courir bien plus vite qu'eux.

Ma présence dans cette cave lugubre me permet également de réaliser pourquoi Alban n’arrivait pas à se caser. Il aime mettre en avant son côté homme indomptable qu’aucune femelle ne parviendrait à domestiquer, mais quelle nana aurait supporté de voir son mec se faire défigurer toutes les semaines ou presque ? Disons plutôt quelle nana pas complètement fêlée du casque aurait pu accepter une telle chose, au risque de devenir une infirmière à temps plein et une veuve avant l’heure ? « Une preuve de plus de montrer qu’il en a ! » répond alors Nino lorsque je parle des prouesses sexuelles de mon petit-ami factice et je ne peux qu’être d’accord avec lui. Alban est un putain de cliché ambulant, tout ce qui le concerne doit avoir l’approbation de ce qu’il a entre les jambes et autant dire que ça dicte beaucoup de ses réactions. « J’ai compris ça assez vite quand j’suis arrivé ouais. Mais pourquoi tu m’sors ça ?» Je me contente d’un sourire quand il s’interroge sur mon insistance sur le sujet, à juste titre d’ailleurs. « T’es pas du coin c’est ça ? » je rebondis sur un autre fait plus intéressant, dont je suis au courant bien sûr mais lui l’ignore, pire, il n’a pas besoin de le savoir. Je sens néanmoins que la petite discussion va bientôt arriver à sa fin au vu de l’insistance des regards des personnes qui remontent, la fête doit être terminée en bas et devrait s’exporter ailleurs, la meuf du vainqueur avec «Nan, je les connais pas. Si c’est les potes de ton mec, dis leurs que j’ai rien fais ok ? J’vais me barrer ! » Je hausse simplement les épaules « j’les connais pas » je réponds avant de porter un regard inquisiteur sur notre assistance, ils sont en train de mettre l’italien en fuite. De leur côté, j’ai l’air d’être en train de manquer de respect à la bête sauvage qui me sert de mec, sa queue va pas beaucoup aimer ça. « Et t’inquiètes, y a pas d’lézard » au moment où cette phrase sort, le grand méchant loup ou plutôt requin fait son apparition, et sa gueule laisse entendre que la nuit va être longue. Trop longue. Je fonce vers lui en petite-amie soucieuse, inspectant les dégâts occasionnés sur son visage, dire que ce con a été beau un jour. Remarquant l’attention qu’il porte à l’italien, je suis forcée de faire les présentations « Je te présente… » Je manque de donner son prénom alors que les présentations n’ont pas été faites, erreur de débutant. Mon silence l’invite ainsi à se décliner son identité qu’on connait déjà. « Il m’a un peu rassuré, tu sais comment je suis quand tu te bats » un petit rire gêné bien que calculé s’échappe et je sais qu’Alban se retient d’éclater de rire au lieu de quoi, son attention se rive sur Nino. Le requin hoche la tête. « T’as kiffé l’fight ? » une question simple aux premiers abords mais je sens Alban l’étudier, le jauger, le peser du regard avant d’esquisser ce qui ressemble à un sourire mais vu son état… il aurait dû s’en abstenir.

Nino aimait pas attiré l’attention sur lui, plus il se faisait discret mieux c’était ,surtout dans ce genre d’environnement. Ca peut vite mal tourner et il le savait trop bien. Alors quand on le matait alors qu’il pensait être en compagnie de la petite amie de Shark, il ne faisait pas le malin. Si ca se trouve, il fallait pas oser l’approcher cette nana, si ca se trouve, il venait de signer son arrêt de mort en osant lui parler. Et voyant la carrure de Shark, il portait plutôt bien son nom, sauf que d’après la légende, suffit de frapper fort sur la gueule d’un requin pour qu’il vous laisse tranquille, mais concernant le boxeur, Nino savait bien que ça marcherait pas. Un poing dans sa gueule pour se défendre lui ferait sans doute l’effet d’une petite gifle pas bien méchante alors que l’italien aurait l’impression de perdre sa main. Il était prêt à partir de toutes façons, voulant pas avoir de problème et la brune le rassura en disant qu’elle connaissait pas ces mecs, mais c’était encore plus flippant alors qu’ils les regardent pour autre chose. Pour quoi ? « Et t’inquiètes, y a pas d’lézard » une grande ombre vint ternir le visage de la jeune femme, cette ombre venait derrière Nino. Il se retourna alors et Shark se tenait juste derrière lui. Nino faisait plus d’un mètre quatre vingt mais semblait minuscule à côté du requin. « Je te présente… » le blanc laissait supposer que c’était à l’italien de se présenter. « Nino. » tout court, pas besoin d’avoir plus d’information à son sujet. « beau match ! » fit-il pour montrer qu’il était pas là pour avoir des embrouilles. « Il m’a un peu rassuré, tu sais comment je suis quand tu te bats » Ouais voilà, c’était ça, pour la rassurer, rien d’autre. « Pas de malaise quoi… » histoire qu’il se fasse pas de film. « T’as kiffé l’fight ? » Nino hocha à nouveau la tête. « Ouais, tu t’es bien battu ! » fit-il maladroit, il tapota sur le torse bombé du boxeur. « Bon, j’vais vous quitter ! Ma nana m’attend ! » un mytho pour laisser s’envoler toute suspicion de drague envers la petite amie du grand vainqueur. « Bonne soirée ! » il tourna rapidement les talons et au coin de la première rue, il changea de direction, s’éloignant le plus vite possible.