Voilà bientôt un mois que j’étais sortie de prison et j’avais difficilement réussi à mettre un pied dehors si ce n’était pour des nécessités. J’étais encore en arrêt de travail pour le moment, mon médecin ayant accepté une période de latence avant de pouvoir reprendre totalement mon poste. C’était une période assez compliqué pour moi et je m’étais découvert telle que je ne me connaissais pas encore : pessimiste, aigris, broyant du noir. Je m’étais toujours montrée forte, prenant mes problèmes à bras le corps, cette fois ci c’était bien plus compliqué que je n’aurai pu le penser. Jamais je n’avais sous estimé les difficultés et les séquelles que pouvaient laisser un passage en détention mais j’avais pensé que j’étais bien plus forte que ça. Erreur sur toute la ligne. J’avais été une colocataire infecte pour Loan et je m’en voulais jour après jour. Elle s’était montrée largement compréhensive mais je me doutais bien que parfois, elle avait elle aussi des envies de meurtre.
Je me devais d’aller mieux, de reprendre du poil de la bête et je me refusais de descendre plus bas que je ne l’étais déjà. Je savais alors qu’il y avait le Health Fest en ce moment à Brisbane c’était pour moi une occasion de pointer le bout de mon nez dehors et pourquoi pas, croiser des visages connus. J’en avais fini de me morfondre sur ma situation. Finalement, il fallait commencer à voir le côté positif : l’enquête avait bien, j’étais bientôt totalement disculpée et ma vie allait pouvoir reprendre son cours. J’étais sortie de prison et rien ne pouvait m’y faire retourner. Alors je n’avais plus qu’une chose à faire : reprendre ma vie là où je l’avais laissé.
Direction les berges de la plage artificielle de Brisbane, j’appréciai toujours venir me promener par ici, c’était loin d’être les belles plages de Goldcoast mais au moins, c’en était un minimum dépaysant. J’étais alors assise dans le sable, observant les différentes activités à droite et à gauche. Paddle par ci, Jet ski par ici et même du water polo à l’autre bout. La liste était encore bien longue mais je n’étais même pas étonnée. A la base, j’avoue ne pas être venue ici pour tester quoi que ce soit, plutôt dans l’objectif d’être observatrice et de m’amuser par procuration, tenter de sourire ou même de rire. Mais peut être que je pourrais me laisser aller à une ou deux activités…
Je me relevai pour aller faire un tour un peu plus loin quand je croisais Andy, pas bien sûre qu’il m’ait reconnu avec ma tête de fantôme, cheveux vaguement coiffés, à peine maquillée et surtout très fatiguée. J’étais pas certaine de vouloir l’accoster et qu’il me voit ainsi mais j’avais en réalité, besoin d’un contact humain, même si c’était avec mon ancien colocataire de l’enfer. Puis, notre dernière entrevue n’avait pas si mal fini… au contraire. « Andy ! » dis-je en haussant la voix, levant la main pour qu’il me capte plus rapidement.

T’as pris ton pied sur ce jet ski, même si c’est pas la chaleur à cette époque, tu n’as pas pu te retenir de faire ce petit tour. Petit oui, parce que y’a du monde et du coup, t’as pas pu rester aussi longtemps que tu l’aurais voulu sur ce scooter des mers. Tu sais que t’as qu’à tirer jusqu’à Gold Coast pour en faire d’avantage, mais tu sais aussi que là bas, c’est pas gratuit. Alors tu prends ce qu’on te donne et tu fais pas la fine bouche. Depuis que Lady Gaga a annoncé ses shows à Vegas, tu t’es mis dans la tête d’y aller d’une façon ou d’une autre, alors tu économises partout où tu peux.

Ton retard en série n’est plus. T’as même maté un paquet de films sur Netflix ces dernières semaines. T’es resté chez toi beaucoup plus que d’ordinaire. T’avais besoin de faire une vraie pause dans ta vie nocturne. Exception faite du Death Before Decaf où tu as généralement quelques verres à l’oeil. C’est devenu ton bar préféré pour plusieurs raisons, celle des économies au premier plan.

C’est tout naturellement que tu te remets dans la file et personne ne s’en rend compte. Le mec qui est en charge de l’attraction te regarde bizarrement quand c’est ton tour mais il ne dit rien et tu passes une deuxième fois pour ton plus grand plaisir.

Sur les côtés, tu restes un moment à regarder les autres s’éclater à leur tour sur les jet ski et t’attends de voir si tu vas pouvoir y retourner une troisième fois. Tu sens que ça va être plus compliqué de passer inaperçu. Tu vas te changer n’ayant plus besoin d’aller dans l’eau à présent.

Les cheveux un peu en vrac, tu marches sur les bords de la plage artificielle, ton sac de sport avec toi. Tu tournes la tête quand t’entends ton prénom. Noa ? Tu t’approches d’elle et tu remarques qu’elle a pas le même air que d’habitude, mais tu n’arrives pas à mettre le doigt sur ce dont il s’agit. Peut être que c’est simplement qu’elle n’est pas maquillée. Certaines filles font peur quand elles sont au naturel.

« Hey. »

C’est une agréable rencontre. Ca fait un baille que vos chemins ne se sont pas croisés et votre dernière rencontre t’a laissé pas mal de bons souvenirs. T’espères qu’elle sera pas relou et que tu continueras à être sur une note positive avec elle. Continuer le streak.

« T’as l’air morte. »

Très délicat Andy.

« Ils donnent des boissons énergisantes à un stand par là bas. Profites en. »

Tu vas te faire plaisir d’en piquer une ou deux, c’est certain.

Ok, vu la tête d’Andy quand nos regards se sont croisés, je crois que j’avais vraiment une sale tête. J’dois faire peur, ou je ne sais pas… Il n’avait d’ailleurs pas manqué de me le faire remarquer.  « T’as l’air morte. » Je crois qu’il ne m’avait jamais vu comme ça. Nos quelques mois passés en colocation, même si j’étais adepte du no make up à la maison, je n’étais jamais aussi creusée sous les yeux. « On peut dire ça ouais. J’ai du mal à me poser en ce moment. » C’était bien trop tôt pour lui dire « bien sûr, je sors de prison, et toi ca va ? ». J’étais là pour tenter de me changer les idées et quand je prenais cette décision, il était hors de question pour moi d’aborder le moindre sujet qui plomberait l’ambiance. Et connaissant Andy, il ne serait pas question de faire du drama, il tournerait la situation en dérision sans doute, faisant des remarques sexistes sur le sort des nanas en prison. Me demandant si les légendes seraient vraies, si j’avais moi aussi mon « mec » dedans qui m’attendait jusqu’à sa sortie. Je n’avais réellement pas envie de subir ce genre de remarque, d’interrogatoire mal placé. J’avais envie de légèreté et j’imagine que pour ce rôle, il était bien mieux placé.  « Ils donnent des boissons énergisantes à un stand par là bas. Profites en. » je me tournais pour voir le stand en question. En effet, il semblerait que l’évènement en lui-même soi sponsorisé par cette boisson connue du grand public. « Allons voir si elle donne vraiment des ailles. » Je l’incluais avec moi dans ce périple jusqu’à ces deux hôtesses qui distribuaient gratuitement des échantillons de la boisson. « Alors, t’es venu pour faire trempette ? » je l’imaginais très bien s’amuser sur un jet ski ou encore pour faire du canoé, amateur de sensations fortes. Même si c’était sans doute bien plus calme ici que dans l’océan. « Je tenterai bien de faire du paddle. J’en ai jamais fais… » lui lançais-je comme pour l’inviter à en faire avec moi. Je n’avais qu’une envie c’est qu’il accepte, et j’avais cette sensation de faire pitié en réalité.

Elle confirme qu’il y a quelque chose sous son air de zombie. T’as aucune idée de sa vie, tu sais pas si t’as envie de savoir parce que vu sa tronche, ça veut dire problèmes. Les soucis des autres t’en as rien à cirer, sinon va falloir que tu fasses semblant d’être emphatique ou pire, de réellement être touché et tu devrais montrer que t’as un coeur. Nope. A la place tu lui lances une vanne pour qu’elle retrouve un peu de vitalité et elle le prend sans problème. Elle t’entraîne avec elle, même si t’allais y aller d’office. Pourquoi ne pas passer un peu de temps avec elle après tout. T’as plus rien de prévu pour aujourd’hui. Tu serais juste rentré chez toi pour bosser ou mater des séries.

Tu mets ton sac sur ton épaule et tu suis Noa jusqu’au stand. Elle te demande ce que tu fou ici et tu hoches la tête.

« Le jet ski c’est le pied. »

Le sexe c’est super mais vous avez déjà fait du jet ski ? Sûrement parce que tu n’en fais qu’une ou deux fois par an à tout casser qui fait que tu kiffes à ce point là quand ça arrive. Ce qui est rare est toujours meilleur. Elle parle de faire du paddle et tu fais une petite grimace brève. Ca te tente pas du tout ce truc là.

« Ca a l’air ennuyant. »

Tu confirmes que tu n’en as jamais fait non plus. Vous arrivez au stand, tu chopes une canette qu’on te tend. L’hôtesse te fait un beau sourire et tu passes en mode « je tente de faire le séducteur », parce que oui, on peut pas dire que tu sois très doué. Faut dire qu’avec les filles c’est toujours compliqué, elles prennent toujours mal les éventuelles remarques ou quoi. Enfin, ça c’est pour les filles qui savent se servir de leur cerveau, bien sûr. Bizarrement y’en a plus que ce qu’on pourrait croire.

« Merci. Je peux en avoir deux ? Ou trois ? Je suis pas très sûr de moi, j’ai besoin de plusieurs essaies avant de me décider si j’aime vraiment une marque. »

Que tu dis de la meeeeeerde !! Mais t’espères que ton sourire et ces coups d’oeil que tu donnes à cette fille vont aider. Et apparemment CA MARCHE. Elle te rend ton sourire et te tend une deuxième canette.

« Je comprends, je suis pareille. »

Tu lui lâches un clin d’oeil en récupérant la canette et puis tu te tournes vers Noa.

« Deux se serait un minimum pour elle aussi. Je pense qu’il lui faut un pack entier. »

Tu te marres comme un con que t’es, tu te trouves drôle. Tu regardes Noa et tu vas glisser ton bras autour de ses épaules, s’en suit un baiser sur sa joue, comme pour t’excuser de tes vannes pourries, parce que au fond, tu l’apprécies cette meuf.

Andy était donc venu ici pour faire du jet ski, je n’en était pas étonnée. Je le voyais bien frimer sur cette bécane des mers. Ce serait d’ailleurs pas surprenant qu’il s’amuse à promener des nanas pour les impressionner aussi. Dommage que je n’ai pas pu assister à ça plus tôt. Peut être qu’il faisait partie de ceux que j’avais vu au loin avant de m’installer sur la plage. Mais je ne l’avais pas reconnu, les scooters avaient plutôt l’air d’être des points noirs dansant sur l’eau vu d’ici. « t’as raison, c’est pas mal. » j’avais eu l’occasion d’en faire à plusieurs reprises lors de mes précédents voyages. Je me rappelais spécialement cette fois au Maroc où j’avais rencontré Wesley d’ailleurs. On avait passé une après midi entière à la plage et presque deux heures à parcourir les côtes marocaines sur nos bolides aquatiques. J’en garde un excellent souvenir. Mais j’imaginais qu’à Brisbane, c’était peut-être moins fort en sensation. Toute fois, se promener sur le fleuve ne devait pas être désagréable. J’avais fait quelques petites croisières en bateau et même en barques pour différentes occasions, et c’était toujours sympa de découvrir la ville par cette voie navigable. Par contre, ma proposition de Paddle ne semblait pas brancher Andy. « Ca a l’air ennuyant. » je levais les yeux au ciel. J’avais entendu dire que le Paddle était très physique, qu’il nécessitait d’un excellent équilibre et mobilisait pas mal de muscles pour tenir en place sur cette planche. Mais l’homme était visiblement en mal de sensation forte. « J’te met au défi… » disais-je juste avant d’arriver au stand de boisson énergisante. Aussitôt, l’hôtesse nous donne une petite cannette chacun et Andy change totalement d’attitude. J’en revenais pas, tous les moyens étaient bon pour accoster une belle nana visiblement. « Merci. Je peux en avoir deux ? Ou trois ? Je suis pas très sûr de moi, j’ai besoin de plusieurs essaies avant de me décider si j’aime vraiment une marque. » je fronçais les sourcils, c’était quoi cette phrase d’accroche ? « Je comprends, je suis pareille. » Alors là, j’en revenais pas. Ce sourire tellement bête sur le visage de cette nana. « Où va le monde… » soufflais-je. « Deux se serait un minimum pour elle aussi. Je pense qu’il lui faut un pack entier. » bah voyons. « Une ce sera suffisant. » je corrige en m’adressant à cette nana. Une fois qu’Andy a récupéré son pack, je m’éloigne aussitôt, le forçant à me suivre. « tu peux pas t’empêcher ! » J’ouvris ma canette et bu quelques gorgées, à ce rythme-là, elle allait bientôt être vide.C'est alors qu'Andy s'approcha de moi pour m'enlasser de ses bras.   « Qu'est ce qu'il t'arrive Rivera?» il avait peut être un peu trop pris la confiance depuis qu'on avait couché ensemble... puis là, un bisous sur la joue. Je crois que je virai au rouge, totalement. Loin de m'attendre à ça. J'avais sentie comme une complicité, absolument pas un bisous malsain, aucune agression particulière. Je le regardais un peu chamboulée et du coup... je lançais simplement :« Bon, du coup, j’suis partante pour du jet ! Si tu me laisse conduire ! » oui, je partais déjà du principe qu’on allait être sur le même scooter. « J’suppose que tu dois avoir un nombre de passage limité… c’est gratuit et si t’as passé ta journée ici… j’suis ta chance pour avoir un nouveau ticket. » j’en savais rien en fait du nombre de fois qu’il avait chevaucher son jet ski. Mais j’imaginais vraiment qu’il devait y avoir un nombre de passage restreint. Si non ce serait pas gérable.

Elle te met au défi de tester le paddle et tu grimaces une fois de plus. Vraiment pas chaud pour tenter ça. T’as rien à lui prouver alors t’en as rien à foutre de ne pas relever ce défi. Tu t’encombres pas de challenge inutiles, même si à une époque, t’étais plutôt du genre à lui tenir tête quoi qu’il arrive. Juste pour la faire chier autant qu’elle te faisait chier. Ce temps est passé. Vous vous voyez presque plus, t’as plus de raisons de vouloir la faire chier systématiquement.

Quand tu arrives à tes fins au stand, Noa est carrément perplexe et t’es tout fier de toi. Elle te contredit à propos de la quantité de boisson qu’il lui faudrait. Elle te fait même une remarque. Ca te fait carrément marrer, surtout qu’elle se met à boire sa canette tout de suite, signe qu’elle en a besoin rapidement. Après avoir rangé tes boissons énergisantes dans ton sac, tu glisses ton bras autour des épaules de Noa. Elle a pas l’air sûr de ce que t’es en train de faire. Pour dire la vérité, tu sais pas trop non plus. T’avais juste envie. Elle a clairement une sale tête, plus toutes les vannes que tu lui as sorti, tu t’es dit que ça lui ferait du bien un petit bisou et un geste attentionné.

« Quoi ? »

Tu sais même pas quoi lui répondre en vérité, mais tu captes qu’elle rougit et ça te fait sourire en coin. Alors comme ça tu la laisses pas indifférente ? T’aurais pas cru qu’elle réagirait aussi vivement suite à un simple baiser. Tu ne la quittes pas des yeux, tu ne lâches pas ses épaules non plus et elle reprend la parole, revenant sur le sujet du jet ski. Elle veut en faire avec toi. Tiens donc… Son argument à propos du nouveau ticket n’entre pas dans l’oreille d’un sourd.

« Ouais toi aux commandes et moi derrière, je suis presque sûr que je vais finir dans l’eau mais bon ok, deal. »

Ca te fait pas peur de terminer dans la flotte. Ton bras toujours autour de ses épaules, vous vous dirigez vers le stand de jet ski. Ton sac de sport au bout de ton autre bras. Tu te détaches d’elle quand vous vous mettez dans la file d’attente.

« Y’en a pour au moins une demi heure à poireauter je pense. »

En comparaison avec ce que t’as déjà fait tout à l’heure. Y’a toujours autant de monde donc ça doit être ça à peu près. Tu te tournes pour être face à Noa. Tu l’observes deux secondes et tu vas lui mettre une toute petite tape sur la joue.

« Termine la canette avant qu’on commence. »

T’es pas des masses rassuré. Tu veux pas qu’elle fasse un malaise sur l’eau. T’as pas envie de devoir la secourir ou quoi, ça te ferait chier de perdre du temps pour ça. T’es venu pour t’amuser. D'ailleurs, tu poses ton sac par terre et t'enlèves ton tshirt pour te préparer à la suite.

S’il y a bien une chose que je n’attendais pas de Rivera, c’était ce baiser sur ma joue. J’étais, avec lui, habituée à d’autres genre de relations. Outre cette dernière rencontre qui nous avait amené jusqu’à son lit, on avait plutôt l’habitude de se faire des crasses. L’amour vache peut être. Andy faisait, il y a quelques années, partie de ceux que je ne supportais pas. Mais j’me dis qu’on était peut-être juste pas fait pour vivre ensemble, pas fait pour la colocation. Qu’en dehors, il semblerait qu’on puisse s’entendre sans avoir envie de se frapper, sans avoir la langue qui nous démange d’insulter l’autre. C’était quelques mois que je n’avais absolument pas envie de revivre. Quand on en vient à ne plus avoir envie de rentrer chez soi car on n’a pas envie de croiser celui avec qui on vit, ca craint quand même. J’avais fini par partir et ne plus jamais le recroiser. Enfin, jusqu’à la dernière fois où j’avais l’impression de découvrir un nouvel homme. Et aujourd’hui encore, ce n’était pas celui que j’avec connu et avec qui j’avais partagé un appartement. Il joue l’innocent d’ailleurs, comme si ce petit bisou était tout à fait normal de sa part, comme s’il n’y avait aucun historique négatif entre nous. Peut-être qu’il avait raison de ne pas y faire référence. Faire table rase. C’était aussi ce que je devrais faire, après tout, après être sortie de prison, c’est ce que je m’étais promis de faire. Simplement profiter de mon quotidien, de ma routine qui parfois me faisais chier mais qui finalement, je ne changerais pour rien au monde. Plus maintenant.
Ma proposition de jet ski semble lui plaire. A la seule condition que je prenne les commandes et il accepte. « Ouais toi aux commandes et moi derrière, je suis presque sûr que je vais finir dans l’eau mais bon ok, deal. » je levais les yeux au ciel. « il te suffira de bien t’accrocher… » Il n’y avait pas de raison pour que je l’envoie à la flotte. Mais qui sait, si mes bonnes résolutions s’envolaient une fois sur l’eau, peut être que je m’amuserai à aller un peu vite pour le faire décoller du siège. Il me guide jusqu’à la file, toujours en étant très proche de moi, bras sur mes épaules puis il fini par se décaler une fois qu’on était dans la queue. « Y’en a pour au moins une demi-heure à poireauter je pense. » je jetais un œil devant, une demi-heure ca devrait passer assez vite. « Une demie heure pour regarder tes beaux yeux alors ! » dis-je en faisant des yeux de biches. « Termine la canette avant qu’on commence. » me répond-il comme pour m’arrêter de dire n’importe quoi et finalement, je m’exécute. Le laissant alors se mettre torse nu, en condition visiblement. « Une demie heure pour regarder ton beau torse alors… » je ne pouvais m’empêcher d’ajouter. « ca me rappeler quelques souvenirs. » dis-je innocemment. J’avais peut-être du mal à l’avouer mais avoir croiser Andy aujourd’hui était peut-être une des meilleures choses qui me soit arrivée. Ça me faisait du bien, contrairement à ce que j’aurai pu penser. Au moins, j’étais vraiment divertie.

Ouais tu vas bien t’accrocher. Qu’elle n’ait crainte. T’as déjà une idée précise en tête mais t’es pas sûr qu’elle apprécie que tu te tiennes à ses boobs. C’est un allé simple vers la flotte, c’est sûr. T’es quand même super tenté de le faire. Tu verras sur le moment comment tu le sens. Peut être que tu te laisseras aller sur la fin du tour, histoire de ne pas le gâcher complètement. Tu veux prendre ton pied au jet ski quand même, c’est le but premier de la manoeuvre. Mais voyant les prochains passagers qui se préparent tu réalises que vous allez enfiler des gilets de sauvetage et que donc l’accès à sa poitrine va être difficile. Dommage. Tu souris quand Noa te fait les yeux doux et un petit commentaire très appréciable sur ta personne. Tu te demandes ce qu’elle a derrière la tête. Ca n’augure rien de bon, c’est sûr. Elle boit la canette sans protester. Au moins elle sait qu’elle en a besoin, elle ne se cherche pas des excuses. Tu vas juste être un peu plus vigilant sur le jet au cas où y’aurait besoin de prendre les manettes en plein milieu si y’a un soucis ou quoi.

Une fois torse nu t’as le droit à une remarque direct. Ca te fait marrer qu’elle continue son petit jeu. Elle fait référence à votre moment au lit de y’a quelques mois. Tu vis un peu pour ce corps parfait que tu as. Tu fais énormément de sport pour l’entretenir et les commentaires dans son genre tu les accueilles à bras ouverts.

« Toi t’as faim. »

De quoi ? Tu ne le précises pas mais elle va comprendre. T’es en train de te demander si tu te laisserais aller à coucher avec elle une nouvelle fois. Ta queue te dit oui, ton cerveau te dit non. C’est surtout cette sale mine qu’elle se paye qui te fait dire ça, mais faut être honnête, t’écoute rarement ton cerveau. Même si tu t'es calmé niveau plans culs dernièrement, t'es toujours bien faible face à une possibilité de tirer un coup. Pour ça que tu sors moins. Pour éviter la tentation. Tu te passes une main sur le torse parce que tu te kiffes. Tu ne la quittes pas des yeux.

« T’as un maillot ? »

Sous entendu : montre moi. Comme si t’attendais un truc en retour forcément.  Non. Clairement non. Qu’elle te bouffe du regard te suffit largement pour te satisfaire MAIS on sait jamais. Alors tu tentes. Peut être qu’elle va se laisser aller aussi de son côté. Des points bonus si elle a pas de maillot mais qu’elle se déshabille quand même. En espérant qu’il y ait de la dentelle au milieu parce que là ce serait juste parfait pour tes yeux.

« Si tu fais ça en t-shirt je serai extrêmement déçu. »

T’exagères. T’y penses pas un mot. Tu veux juste avoir de quoi mater un minimum si possible. Sinon, c’est pas grave. Tes yeux se baladeront ailleurs. Certainement sur des beaux mâles aux alentours plutôt que des courbes féminines. T’es un mec faible comme ça ouais. C’est d’ailleurs ce moment là qu’un gars à côté choisi pour s’enlever son tshirt. Est-ce qu’il a envie de montrer que lui aussi est bien foutu depuis que tu t’es mis à moitié nu ? Jokes on him, maintenant t’as de quoi profiter toi aussi parce qu'il est très clairement un habitué de la salle de sport. Tes yeux se posent sur lui et ça il ne s’y attendait certainement pas.

Peut être bien que j’avais faim comme il disait. Que ce soit en prison ou depuis ma sortie, je n’avais touché personne et en réalité, je n’en avais absolument pas l’envie. Aucune pensée n’était dans ce sens. J’étais loin d’avoir envie de prendre mon pied, que ce soit avec un mec et encore moins avec une nana en réalité. J’avais reçu tellement de proposition salaces, dégueulasses en détention que j’étais presque immunisée pour un moment pour une quelconque relation avec une femme. J’en était un peu dégoûtée. J’espérais que ce soit provisoire, je savais que mon état d’esprit était assez fermé à ce sujet pour l’instant car je n’étais pas prête à m’accorder le droit au plaisir. Mais Andy face à moi me redonnait un peu d’espoir quant à ma libido au point zéro de ces dernières semaines. Il était beau et entretenait son corps, ce n’était pas pour rien. Je savais bien que mes petites provocations allaient le toucher et j’étais plutôt satisfaite qu’il en joue. « T’as un maillot ? » Je secouais la tête. « nope… »  je n’étais pas venue ici dans le but de pratiquer à la base, simplement regarder les différentes activités, passer un bon moment et m’en aller. Mais c’est vrai que je n’avais pas pensé à ce détail en proposant à Andy de faire du Jet Ski ensuite. « Si tu fais ça en t-shirt je serai extrêmement déçu. » Il en faisait trop mais ça ne me posait pas de problème. « T’en fais pas. » je lui souris, lui lance un clin d’œil et alors que je m’apprête presque à retirer à mon tour mes fringues pour être prête à enfiler un gilet de sauvetage, voilà que son attention de porte sur autre chose ou plutôt, quelqu’un d’autre. Ce mec juste derrière moi qui se fou à son tour torse nu, me volant presque la vedette. Une once de jalousie s’empara de moi, jalousie incontrôlable et totalement imprévisible surtout. Je le regardais lui, puis l’autre et de nouveau lui. « serieusement ? » ma gorge était serrée. C’était irraisonné et plus fort que moi. Mais surtout, je savais que le problème n’était pas là. Le problème venait de moi, de la période difficile que je traversais. Et sans même m’en rendre compte, me voilà que je fondais en larme juste devant lui. « et merde… » larmes chaudes qui ne s’arrêtaient plus. Je dévale la file d’attente à l’envers, ressortant de là et tant pis pour le jet ski. Je n’avais qu’une envie, me barrer loin de tout ça.

Elle n’a donc pas de maillot. Ca promet du sous vêtement à la vue. Tu l’espères en tout cas. T’as de grandes attentes pour la suite de cette journée. Toi qui pensait rentrer chez toi et faire passer le temps, ça change et ça te plaît. Elle te dit de pas t’inquiéter et tu souris grave en coin suite à cette affirmation. Tu vas pouvoir mater, peut être toucher. Après tout, vous êtes déjà assez intime tous les deux. Elle a apprécié tes mains sur elle une fois, elle a clairement envie de les avoir de nouveau sur elle vu ses quelques phrases très précises et ce clin d’oeil pour appuyer le tout. Parfait.

Malgré tout, tu es un homme, un mort de faim, et tu ne peux pas t’empêcher de profiter de la vue du mec derrière Noa qui s’est dévêtu à son tour. Il est putain de bien foutu et t’aimes t’imaginer qu’il s’est exposé pour te faire de la concurrence. Sauf que la miss Jacobs s’en rend compte et te pète une petite crise. Tu commences à sourire, amusé de la voir un brin jalouse. Un brin ? Ca c’était avant qu’elle ne fonde en larmes.

« Wow okay. »

T’es sur le cul. Tu pensais pas qu’elle se mettrait dans un état pareil. Elle te connait très bien en plus. C’est pas genre anormal que tu mates des culs, des corps. Les yeux c’est fait pour voir et t’en profites beaucoup trop dans ta vie. Rien ne vaut les petits plaisirs de ce genre. Noa se tire de la file d’attente et tu récupères ton sac par terre avant de filer à sa suite.

« Noa ! »

Tu marches plus vite et la rattrape. Tu t’accroches à son poignet, te mets devant elle et elle finit sa course contre ton torse. Tu fermes les yeux un bref instant pour éviter de les lever au ciel et tu passes ton bras libre autour d’elle alors qu’elle est encore en train de pleurer.

« Qu’est ce qui t’arrives ? »

Parce que t’es pas con, c’est pas son état normal. Sa sale tronche doit avoir un rapport avec tout ça. Elle est en dépression ou quoi ? Ca en a tout l’air.

« J’aurai pas cru te voir pleurer un jour. »

T’essaies de faire de l’humour. T’es quand même toujours super surpris par ce qui est en train de se passer mais tu comprends qu’elle va pas bien du tout. Tu ne vas pas la laisser comme ça. Même si vous aviez des différents quand vous viviez ensemble, de l’eau a coulé sous les ponts et elle est maintenant une bonne pote que tu croises rarement mais une bonne pote quand même. T’aimes toujours plus les gens après avoir couché avec eux. C’est mathématique.

Je l’entendais derrière moi qui m’appelait. Il n’avait surement pas compris ce qu’il venait de se passer et j’avoue que moi-même j’étais incapable de me l’expliquer. Comme si j’avais vraiment des raisons de faire une crise de jalousie à Andy, comme si on était ensemble, c’était pas le cas. Il y a encore quelques mois, j’étais persuadée que lui et moi on était vraiment pas fait pour s’entendre, qu’on allait se détester toute notre vie. Et me voilà aujourd’hui à pleurer parce qu’il avait regardé un mec torse nu alors que j’étais dans une phase de séduction. Super. Je continuais à avancer mais il était plus rapide que moi. Je me retrouvais avec sa main autour de mon poignet et me voilà attirée vers l’arrière, obligée de m’arrêter dans ma lancée. « Qu’est ce qui t’arrives ? » j’ai pas envie de répondre, j’ai honte en fait. J’ose même pas le regarder dans les yeux, je suis fuyante, je reste plantée la devant lui. Je reste silencieuse, la gorge serrée, ces yeux qui brillent encore et mes larmes qui coulent encore surtout. J’étais absolument pas maître de moi-même. Je ne contrôlais plus rien. « J’aurai pas cru te voir pleurer un jour. » et moi ? J’aurai pas cru qu’il me voit non plus. J’étais plutôt du genre sure de moi, cette façade toujours souriante, impossible de dévoiler mes faiblesses, je n’aimais pas ça. J’avais suffisamment été faible dans ma jeunesse, suffisamment pleuré devant les autres pour que ce soit encore le cas aujourd’hui. « Désolée… » je finis par lâcher, glissant mes mains sous mes yeux pour stopper ces larmes qui coulaient. « Je sais pas ce qu’il m’a pris… » je profitais de cette proximité avec lui comme pour me protéger du monde extérieur, de tous ces gens qui nous regardaient, dans l’incompréhension aussi. Que foutait cette nana en pleure dans les bras de ce mec ? « J’ai pas tellement envie de rester ici… j’suis désolée pour le jet ski, si tu veux en faire, ce sera sans moi. » qu’est ce qui m’avait fait penser que j’pouvais sortir et reprendre ma vie comme je l’avais laissé avant d’être en détention. Je crois qu’avec Andy, ce que j’avais cherché, c’était qu’il me voit autrement qu’un numéro, qu’un objet dans une cellule. C’était cette sensation que j’avais en prison. Je n’y étais plus Noa Jacobs, j’étais souvent juste Jacobs ou parfois même mon numéro de matricule : 0254B35C rien que ça. Et pour les nanas qui étaient la dedans, j’étais souvent un trophée, un choix dans un catalogue. Tiens celle-ci me plait bien et si j’tentais quelques choses ? Aucun désir sexuel juste des gestes, des actes sans sentiment. Alors, faire en sorte qu’Andy fasse attention à moi, c’était plaisant et en regardant cet autre mec, j’avais de nouveau l’impression d’être retournée entre ces quatre murs. Et là, je découvrais quand même un autre Andy, celui qui était attentif et qui cherchait à savoir ce qu’il se passait. Mais c’était impossible pour moi de me dévoiler plus que ça. Surtout pas là, au milieu de tout ce monde. « j’vais rentrer. » je me détachais un peu de son emprise et fit un pas en arrière, prête à y aller.

Elle a l’air de pas assumer son comportement et ça te fait te questionner encore plus sur toute cette mascarade. Qu’est ce qui lui prend bordel ?? Tu ne peux décemment pas la laisser toute seule dans cet état. A une époque tu aurais pu, mais pas là maintenant. Ca va lui faire bizarre de voir que t’as un coeur mine de rien. Elle n’a jamais vu cette facette de ta personnalité parce que même quand tu ramenais McDo pour tout l’appart’ à l’époque, et bien c’était surtout tout l’appart’ sauf elle. Même pas honte.

T’as le droit à des excuses mais t’en as rien à foutre, elle a pas besoin de s’excuser. Y’a clairement quelque chose d’autre là dessous qu’une simple crise de jalousie due à un simple coup d’oeil. Tu gardes ton bras autour d’elle parce qu’elle ne se défait pas de toi et t’as l’impression qu’elle en a besoin. Elle se donne en spectacle et elle s’en rend compte. Elle veut se tirer. Tu fais « non » de la tête quand elle parle du jet ski.

« C’est bon j’ai assez donné pour le jet ski. »

Un pas en arrière et tu la regarde se défaire de ta prise. Elle confirme qu’elle veut s’en aller. Tu hoches la tête, tu comprends. Tu récupères ton tshirt dans ton sac que t’enfiles de nouveau rapidement.

« Je te ramène. »

T’es venu en voiture et vous habitez pas loin tous les deux, donc la question ne se pose pas. De plus, vu son état, t’es pas chaud à la laisser vagabonder les rues comme ça. Elle risquerait de s’effondrer sur le sol à la prochaine petite contrariété.

« Je suis pas garé loin. »

Et c’est comme ça que tu commences à marcher, faisant attention à ce qu’elle te suive, prêt à la garder sur le bon chemin si jamais elle tente de filer. T’as l’impression qu’elle est sous ta responsabilité alors que pas du tout. Tu veux juste qu’elle arrive à bon port pour pouvoir pleurer et être misérable en toute tranquillité.