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 We lose ourselves in books || Gaby

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Message(#)We lose ourselves in books || Gaby EmptyMer 12 Sep 2018 - 21:56

Dans un lourd soupire je referme mon ordi portable et me laisse tomber en arrière sur mon lit, fermant les yeux et posant mes mains sur mon visage. Crispant le visage et fermant les poings, je rage contre moi-même et fini par repousser mon ordinateur et me lever. Ignorant la douleur dans mon dos qui se fait violement sentir, j’ouvre la porte de ma chambre et m’avance. C’est en panique que je dois me rattraper au mur d’en face lorsque je trébuche sur Moana qui a élue domicile juste devant ma porte. Me retournant, je la fusille du regard «Mais t’es conne ma parole ? » m’exclamais-je « Qu’est-ce tu fou là ? Hein ? Devant ma porte quoi !» continuais-je de l’engueuler, ignorant le regard penaud avec lequel elle me fixe en baissant la tête « Bouge de là !» grognais-je en pointant le salon du doigt. Queue entre les jambes et tête baissé, Moana passé à côté de moi et se dirige vers le salon.

En la voyant partir, je soupire doucement puis grimace et me traite de bel enfoiré. C’est la première fois en trois ans que j’engueule mon chien, alors qu’elle n’a rien fait. Elle ne savait pas que je sortirais à ce moment là et je sais que les chiens ne réfléchissent pas jusque là de toute façon. Secouant la tête, déglutissant, je pince les lèvres « Momo ?» rappelais-je l’animal avec douceur. La chienne ne met pas longtemps avant de revenir dans le couloir, m’observant avec hésitation. Je fini par m’accroupir et, tendant la main, l’invite à me rejoindre. Elle ne se le fait pas dire deux fois, queue frétillante, elle vient fourrer sa truffe dans ma main. Je la caresse gentiment et la gratouille derrière les oreilles avant de déposer un baiser sur son museau. «désolé ma chérie » soufflais-je en la prenant dans mes bras. Alors qu’elle passe sa langue sur mon visage, je me demande sincèrement si je mérite l’amour inconditionnel de cet animal. Un être humain ne serait jamais revenu et ne m’aurait jamais pardonné aussi rapidement.

Attrapant la tête de ma chienne entre les mains, je plonge mon regard dans le sien et, souriant, incline légèrement la tête sur le côté «On va promener ? » demandais-je. Pour toute réponse, Moana jappe et cours vers la porte pour revenir avec la laisse entre les dents. Je rigole doucement et me redresse « Doucement ma belle, ok ?» j’enfile mes chaussures puis attache la laisse au collier de la chienne, attrape mes clefs et sort de l’appartement.

Ensemble nous marchons un bon bout de temps à travers les différents parc où je laisse Moana gambader comme bon lui semble jusqu’à ce que nous nous retrouvons à Toowong et plus précisément la state liberty. Je reste immobile devant la boutique pendant quelques instants, essayant de me remémorer d’où je connais ce nom. Mais au final, c’est une boule de poils qui me rafraichit la mémoire. Sirius, voyant qu’un congénère attend devant la vitrine, s’est faufilée entre les décorations et, queue frétillante, aboie comme un dératé. Evidement, son excitation se répercute sur Moana qui se met à aboyer elle aussi. Remarquant que ce n’est pas agressif mais vraiment de la joie, je décide de pousser la porte. Très vite le petit Berger australien vient sauter autour de nous et j’avoue avoir du mal à tenir Moana. Relevant mon furtivement mon regard, j’aperçois la tête de Gabriel dépasser de la porte au fond de la boutique et le regarde, désolé «Je peux détacher Moana ? Elle est intenable » demandais-je. J’attends l’approbation du libraire avant de délivrer ma chienne qui commence à faire une course poursuite dans la librairie avec Sirius. Les observant avec un sourire amusé, je me dirige vers la Gabriel et sourit doucement «evidemment, je paye l’éventuelle ca-… » je n’en dis pas plus car, arrivé à la porte, mon regard se pose sur le jeune homme que je peux finalement observer plus en détail. Lui et son visage tuméfié et son air fatigué, la douleur se lisant sur ses traits « Tu …ça va ?» demandais-je, subitement inquiet « qu’est-ce qui s’est passé ?» voulais-je savoir en m’approchant d’avantage.
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Message(#)We lose ourselves in books || Gaby EmptyMar 25 Sep 2018 - 19:06

▲ We lose ourselves in books ▼


Cela faisait maintenant un peu plus d’une semaine que Gabriel était sorti de l’hôpital, qu’il avait enfin pu rentrer, retrouver son chez lui, Sirius et Aodh, sa librairie, ses livres et par là même un peu de sa paix intérieure. Les dégâts matériels avaient été réparés, ils étaient à vrai dire peu nombreux, toute la violence qui rongeait Maximilien ayant été essentiellement dirigé physiquement contre le libraire et non contre ce qui les entourait. Jameson s’était occupée de tout d’une main de maître, de nourrir ses deux compagnons à quatre pattes à la remise en état de l’endroit après les constatations de la police, jusqu’à prévenir sa famille en Irlande et s’occuper des questions administratives. Gaby ne lui serait sans doute jamais assez reconnaissant de tout ce qu’elle avait déjà fait pour lui depuis leur première rencontre, toute son aide et son soutien sans faille. Il avait tant de tendresse et d’affection pour celle qui était très vite devenue l’une des personnes les plus importantes de sa vie, l’un de ses piliers.

Après avoir pris quelques jours pour lui, l’irlandais avait rouvert sa petite boutique, il avait besoin de s’occuper, de penser à autre chose. Bien sûr cette agression avait fait du bruit dans le quartier, un coup de feu, la police, les secours, quelques encarts dans les journaux du coin, catégorie « faits divers »,… Une agitation dont le libraire se serait bien passé, lui qui aspirait simplement à vivre paisiblement. Mais il n’avait pu se résoudre à laisser la State Liberty fermée plus longtemps, il n’avait pas envie de se cloîtrer chez lui à broyer du noir et ressasser encore et encore, il l’avait assez fait à l’hôpital. Alors tant pis pour les regards sur ses blessures, tant pis pour les questions, tant pis pour ces personnes qui jouaient les commères, tout cela glissait sur Gabriel comme l’eau sur une toile imperméable.

Mais passés les premiers jours de réouverture, les choses avaient commencé à se calmer et se tasser. La vie semblait reprendre son cours et ses habitudes dans la petite librairie et cela convenait parfaitement à Gabriel. Il avait déjà assez à faire pour réussir à gérer la boutique avec un bras en écharpe, une béquille et un corps douloureux au moindre mouvement pour ne pas en plus devoir en permanence prêter attention aux badauds curieux de savoir ce qu’il s’était passé. Il préférait pourtant cent fois être ici plutôt que dans un lit d’hôpital !

Gabriel était donc bien décidé à reprendre tant bien que mal le fil de sa vie et son quotidien. Avancer et ne surtout pas s’enfermer sur soi, ne pas se laisser happer par des ténèbres trop épaisses et leurs cortèges d’idées noires. Cependant cela s’avérer parfois plus difficile que d’autres et ce jour-là c’était le cas. Dans l’arrière-boutique la sonnerie de son portable avait retenti alors que l’irlandais essayait tant bien que mal d’ouvrir d’une main l’un des cartons contenant des ouvrages neufs destinés à être mis en rayon très prochainement. Gaby stoppa son geste et tout en s’appuyant largement sur sa béquille il attrapa son portable posé sur une étagère de la réserve. Un long frisson le parcourut, figeant son visage. Numéro inconnu, sa main tressaillit en devinant qui était l’auteur de ce message qui n’était ni plus ni moins que des menaces claires et nettes. Ses yeux parcoururent à plusieurs reprises chaque mot qui semblait réveiller la douleur de ses plaies. Incrédule, il resta ainsi un moment, appuyé entre l’encadrement de la porte de l’arrière-boutique et la béquille qui lui permettait de se déplacer. Son souffle s’était fait plus court, ses veines battant bruyamment dans ses tempes, tant et si bien qu’il n’entendit pas immédiatement la clochette de l’entrée retentir. Méritait-il réellement un si profond acharnement ? Lui qui avait mis tant de temps à se laisser convaincre que non, il n’était pas responsable de la mort de Moïra. Et voilà que quatre ans après la vie lui infligeait un revers des plus violents.

Sa mâchoire se contracta, tirant un peu plus sur ses traits déjà fatigués. Oui il y avait de la colère en lui, c’était pourtant si rare, mais pour la première fois depuis bien longtemps l’irlandais faillit avoir un mouvement instinctif d’irritation et le portable manqua de peu de faire un vol plané à travers la pièce. De peu oui car ce ne fut qu’une certaine agitation dans la librairie et des aboiements qui évitèrent à l’appareil un sort funeste en finissant sa course contre un mur. Gabriel jeta un œil dans la boutique et reconnut sans mal la silhouette juvénile de celui qui venait d’entrer. Mais l’excitation de Sirius résidait surtout dans la présence d’un autre chien.

Encore tendu par la douleur et la colère Gabriel adressa un sourire crispé à Clément, se rappelant qu’il avait convié le jeune homme à passer un jour à la librairie. Il ignorait si c’était cette invitation ou bien le hasard qui l’avait conduit à franchir la porte mais ce qui était sûr c’était que cette visite inattendue était finalement plutôt salutaire. D’un hochement de tête le libraire répondit par l’affirmative lorsque le garçon demanda si il pouvait lâcher sa chienne. Sirius était ravi et Gaby espérait que la présence d’une de ses congénères lui changerait les idées étant donné que leurs sorties quotidiennes se faisaient plus rares en raison de l’état de santé de son propriétaire. Il claudiquait plus qu’il ne marchait avec sa béquille et sa rotule abîmée aussi les longues promenades n’étaient guère à l’ordre du jour et le jeune animal avait de l’énergie à revendre.

Clément s’approcha tandis que l’irlandais observait les deux chiens jouant entre les étagères d’un œil qui se faisait déjà plus doux. Son regard céruléen finit par accrocher celui de plus en plus inquiet du jeune homme à mesure qu’il s’avançait vers lui et découvrait l’étendue des dégâts que les coups de Maximilien avaient laissés. Sans réfléchir, par pur instinct, Gariel se détourna légèrement comme pour dissimuler un peu le coté de son visage le plus abîmé. Mais il ne faisait pas illusion, la fatigue et la souffrance mêlées se lisaient sur son visage. Des ecchymoses coloraient sa peau, ses plaies n’avaient pas cicatrisé et de sombres cernes s’étendaient sous ses yeux. Il faisait peur à voir et il le savait.

Le libraire déglutit difficilement, essayant de dénouer le nœud qui s’était formé dans sa gorge quelques minutes plus tôt à la lecture de ce message non signé mais qui portait la marque de la haine de son beau-frère. Cela ne faisait pas le moindre doute.

« Ca va… », commença t-il avant de réaliser qu’évidemment vu son état ces mots n’avaient absolument aucun sens ni aucune crédibilité dans sa bouche à l’heure actuelle. Il se reprit. « Disons que j’ai connu mieux… mais sans doute pire aussi », la vérité était là. Bien sûr il était dans un état pitoyable après cette pluie de violence mais il était certain que ce qu’il vivait en ce moment même n’était finalement pas grand-chose comparé à ce qu’il s’était passé quatre ans auparavant.

Vint la question décisive, celle que Gabriel aurait aimé oublier tant on la lui avait posé ces derniers temps. Se raclant doucement la gorge le libraire chercha un instant du regard Sirius et sa nouvelle compagne de jeu.

« Alors voici donc la fameuse Moana ? C’est vrai qu’elle a l’air adorable », détourner la conversation, s’accorder encore une poignée de seconde de répit.

Mais il savait bien qu’il ne pourrait esquiver aussi facilement, sentant sur lui le regard interrogateur et préoccupé de Clément. Gaby retint un soupir tout en accrochant de nouveau ses yeux clairs au visage de son vis-à-vis.

« J’ai… J’ai fait une mauvaise rencontre », c’était le moins qu’on puisse dire… L’irlandais demeurait secret et il avait du mal à se laisser aller aux confidences. Qui plus est, entrer dans les détails de son agression c’était raviver de bien plus douloureux souvenirs encore, d’anciennes blessures qui ne s’étaient jamais refermées. C’était s’aventurer dans la partie la plus sombre de sa vie, ce qu’il s’évertuait à éviter depuis qu’il avait décidé de remonter la pente. Et puis il ne voulait pas tracasser plus que de raison le jeune homme qui avait probablement ses propres soucis. C'est sans doute ce qui le poussa à ajouter d'un ton qui se voulait rassurant mais qui devait sembler peu convaincant : « Mais il n'y a rien de trop grave, d'après les médecins je devrai être vite remis ». Peu convaincant oui...

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Dernière édition par Gabriel Carnahan le Lun 12 Nov 2018 - 8:48, édité 2 fois
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Message(#)We lose ourselves in books || Gaby EmptyJeu 27 Sep 2018 - 19:15

Lorsque je pose mon regard sur Gabriel et que je m’attarde un peu plus longuement sur lui, je remarque très rapidement qu’il n’est plus le Gabriel que j’ai rencontré il y a quelques semaines de ça. Faible, les traits tiraillés par la douleur et le manque évident de sommeil, les ecchymoses ainsi que sa démarche on ne peut plus irrégulière me confirme très vite qu’il s’est fait passé à tabac. Il aurait très bien pu s’être simplement fait renversé par une voiture, mais je connais ce genre de marques par expérience personnelle, autant sur moi que sur d’autre. Pourtant, Gabriel reste très évasif sur le sujet. Puis-je l’en blâmer ? Absolument pas. J’imagine cet homme très calme, posé et surtout très secret.

Je ne réagis pas à son commentaire concernant ma chienne, me doutant fortement que ce n’est qu’un prétexte pour ne pas répondre directement à ma question et continue de le fixer. Une mauvaise rencontre, donc. Ça ne fait que confirmer mon hypothèse. Soupirant doucement, j’hoche la tête me demandant sincèrement qui aurait envie de s’attaquer à quelqu’un d’aussi adorable que cet homme. «ça doit être un con alors » déclarais-je, sobrement alors que, m’avançant, je dépose la laisse de Moana sur l’étagère à ma droite « Frapper quelqu’un n’a jamais été la solution à rien, j’espère que celui qui t’as fait se sent misérable. Et s’est fait renversé par un bus au moment où il a traversé la rue après t’avoir causé ces blessures » dis-je avec sérieux avant de secouer la tête. « J’te jure …» soufflais-je en détournant mon regard sur Moana qui arrive en courant.

Connaissant ma chienne, je la retiens à temps avant qu’elle ne saute sur Gabriel pour le saluer à sa façon. «Doucement » ordonnais-je fermement en la tirant légèrement par le collier «Tu peux dire bonjour, mais tu restes par terre, compris ? » dis-je en la maintenant quelques instants par terre, avant de la lâcher. Ayant comprit mes indications, la chienne s’approche plus doucement de Gabriel, fourrant son museau dans les jambes du libraire. Je souris tendrement et offre une caresse à l’animal avant de me tourner vers Sirius qui sautille autour de moi comme la boule d’énergie qu’il est «Si t’as besoin d’aide » recommençais-je alors que je m’installe au sol pour câliner le petit animal «Dans la librairie, avec Sirius…enfin peu importe la tâche, tu me le dis si t’as besoin de moi, ok ? » dis-je sur un ton sérieux, relevant mon regard sur le jeune homme afin de lui faire comprendre que je ne rigole pas. J’ai beau avoir pas mal de boulot entre les cours et les répétitions pour notre prochain spectacles, je sais que je saurais trouver du temps pour aider Gaby.
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Message(#)We lose ourselves in books || Gaby EmptyMar 2 Oct 2018 - 14:58

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L’arrivée de Clément et sa chienne dans la librairie avait retenu le bras de Gabriel qui s’apprêtait à offrir à son portable un aller simple destination le mur de l’arrière-boutique après lecture d’un message clairement signé de la main de Maximilien. Un geste de colère plus que rare chez le paisible libraire. Et pourtant. Depuis son agression quelque chose grondait en lui, au fond de ses tripes. Son beau-frère avait visé dans le mille, parvenant à faire sortir le si calme irlandais de ses gonds. Mâchoire contractée, traits tirés par la fatigue et la douleur il eut bien du mal à adresser un sourire autre que crispé au jeune homme qui lui faisait maintenant face et qui n’y était pourtant pour rien dans toute cette histoire. Prenant une profonde respiration Gaby essaya de retrouver la tranquillité pleine et complète qui le caractérisait habituellement tandis qu’il observait les chiens jouer ensemble. L’insouciance incarnée. Et cette joyeuse vision sembla l’apaiser profondément.

Son regard céruléen revint s’accrocher au visage de Clément qui affichait un air soucieux face à l’allure déplorable qu’affichait l’irlandais. « Ne t’inquiète pas pour moi va. » C’était la première fois qu’il tutoyait le jeune homme, c’était un peu comme ci cette situation avait créé un peu plus de proximité entre eux. Gabriel hocha légèrement la tête à la remarque du brun. Oui, en cet instant c’est exactement ce qu’il se disait… Un sacré con même. Le regard du libraire se perdit un instant dans le vague, se demandant si, comme le disait le garçon qui lui faisait face, Maximilien se sentait misérable. Il aurait sans doute parié que non, si son dernier souvenir de cette soirée là n’était pas les excuses de son beau-frère. Des excuses faites juste avant de le sédater et de le larder à coup de bris de verre, il le savait maintenant. Sérieusement il y avait quelque chose qui ne tournait clairement pas rond chez l’ex-militaire. D’autant que voilà qu’il se mettait à le menacer à coup de messages sous numéro masqué. De nouveau Gaby prit une profonde inspiration afin d’éviter de voir la colère remonter en lui. Il ne releva toutefois pas, son regard se posant sur Moana qui arrivait en courant vers eux, rapidement interceptée par Clément qui lui ordonna aussitôt d’aller doucement. L’irlandais ne put retenir un sourire devant la joyeuse énergie de l’animal. A son tour Sirius les rejoignit, lui aussi plein de joie, visiblement ravi d’avoir trouvé là une nouvelle compagne de jeu et bien décidé à le faire savoir autour de lui. Conformément aux ordres de son propriétaire la chienne au beau pelage acier s’approcha précautionneusement de Gabriel pour le renifler.

« Salut ma belle », dit-il un sourire doux aux lèvres tout en essayant de se baisser doucement pour que Moana puisse sentir sa main. Le contact avec son pelage doux et soyeux procura à l’irlandais un réel sentiment d’apaisement.

Se redressant il posa à nouveau ses yeux clairs sur Clément et lui adressa un hochement de tête accompagné d’un sourire. « Je te remercie. » La proposition du jeune homme était plus que bienvenue bien sûr, même si Gaby n’était pas vraiment du genre à se plaindre, de l’aide risquait en revanche de lui être nécessaire. Sirius tournoyait autour du brun, visiblement il avait jeté son dévolu sur ce garçon et face à cette affection évidente. Gabriel savait à quel point son jeune berger australien avait besoin de sortir se défouler et ces derniers temps c’est précisément ce qu’il ne pouvait guère lui offrir. « Je crois que Sirius en a assez de tourner en rond dans la librairie. Depuis cette histoire il n’a pas pu sortir autant qu’il en a l’habitude. Alors si tu es d’accord tu peux venir quand bon te semble pour l’emmener en balade et jouer avec lui. Il est vraiment très sage et à l’écoute, il ne devrait pas te causer de soucis. Je te mettrai tout ce qu’il faut à disposition bien sûr et l’on peut même considérer qu’il s’agit de dogsitting si tu es d’accord. » Pour Gaby il était plus que normal de proposer une contrepartie financière pour un tel service qui demandait tout de même du temps de l’investissement. Et il préférait que cela revienne à quelqu’un comme Clément que Sirius appréciait visiblement plutôt qu’à n’importe qui d’autre.

Gabriel se rappela soudain de la discussion qu’il avait eue avec Clément lors de leur première rencontre au sujet des auteurs de théâtre. Le jeune homme lui avait alors parlé D’Anouilh et Antigone. « Tiens tant que j’y pense, j’ai quelque chose à te donner. » Clopin-clopant Gabriel se dirigea derrière le comptoir de la boutique d’où il sortit un ouvrage soigneusement emballé dans du papier kraft. Il s’agissait d’un vieil ouvrage, une édition originale illustrée et en français de la fameuse pièce. Le libraire tendit le paquet à Clément avec un sourire. « Prend-le c’est pour toi. »
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Dernière édition par Gabriel Carnahan le Lun 12 Nov 2018 - 8:48, édité 2 fois
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Message(#)We lose ourselves in books || Gaby EmptyMar 2 Oct 2018 - 21:15

Je déteste me sentir impuissant face aux faiblesses de mes amis. Et même si Gabriel reste, malgré tout, un inconnu, un homme que je n’ai vu qu’une seule fois, je me sens pas mal concerné par sa santé. Je ne saurais même pas dire pourquoi. Peut-être est-ce parce que je sais exactement ce que ça fait que de s’être fait passé à tabac ? Certes, Marvin n’a jamais fait de sérieux dégâts sur mon corps –sauf la fois où il m’a fêlé une côte- mais je sais combien les ecchymoses et autre hématomes au visage peuvent faire mal. Et puis Gabriel ne m’a vraiment pas semblé être le genre d’homme a s’attiré d’aussi grands ennuies. Aussi, le voir se déplacer avec une canne n’est pas bon signe et une preuve ultime que l’attaquant n’a pas que frapper le visage mais est allé beaucoup plus loin.

A cette idée, mon sang ne fait qu’un tour et, serrant le poing, je maudis cet homme sur toutes ses générations à venir. Et c’est une profonde colère qui monte subitement en moi. Ce genre de colères inexplicables et qui peuvent faire bien des malheurs si elles ne sont pas contenues. Fort heureusement, Moana, arrivant en courant vers nous, me sort de mes pensées et de la colère qui menace de me submergé. Portant tout de suite mon attention sur la chienne, je la retiens avant qu’elle ne fasse une bêtise en voulant sauter trop brusquement sur Gabriel. Calmée et ayant sans aucun doute comprit ma mise en garde, c’est avec douceur qu’elle vient fourrer son nez dans les mains du libraire qui la salut en souriant, se penchant pour la caresser.

Voyant ma chienne entre de bonnes mains, je décide de m’occuper de Sirius qui sautillent autour de moi. M’installant sur le sol, je m’amuse avec le chiot avant de proposer mon aide à Gabriel. Que ce soit à la libraire ou pour m’occuper de l’animal –car clairement vu l’état dans lequel il se trouve, je pense bien que le chiot n’ait pas sa dose de sorties essentielles pour son bon développement. Et c’est effectivement le cas, comme me l’avoue Gabriel : les sortie de Sirius sont coupées courts. Je peux donc venir quand bon me semble pour l’emmener en balade. Il précise aussi qu’il est très sage, ne fait pas de bêtise et que c’est du dog sitting. Donc que ce sera rémunéré. J’arque un sourcil et secoue la tête « no way Gabriel» m’exclamais-je en me redressant « je m’occuperais avec plaisir de Sirius, pas besoin de faire de ça quoique ce soit d’officiel hein » précisais-je en me relevant doucement, laissant Sirius vaquer à ses occupations « Je pense que je passerais régulièrement. Il semble bien s’entendre avec Moana en plus» dis-je en voyant les deux animaux jouer à nouveau ensemble « En même temps, Moana elle aime tout ce qui est petit et fluffy» précisais-je en rigolant doucement alors que ma chienne, couchée, se laisse mordiller l’oreille par Sirius.

C’est alors que Gabriel, se rappelant soudainement d’un truc, repart dans l’arrière boutique puis revient avec un paquet entouré de papier craft. Le prenant en main, j’arrache délicatement le papier et découvre le livre dont Gaby m’avait parlé : l’édition originale et illustré d’Antigone. En français. J’arque un sourcil, très franchement surprit puis lève mon regard sur le jeune libraire « Tu … t’étais donc vraiment sérieux quand tu m’as dit la dernière fois que tu me le donnerais … ?» demandais-je, incrédule avant de secouer doucement la tête «je …wow. Je …je sais pas quoi dire en vrai » dis-je en observant le livre, le maniant avec une réelle délicatesse «T’es sûr que tu veux pas le garder ou essayer de le vendre ? Je veux dire il vaut sûrement une putain de fortune quand même ! C’est l’œuvre originale en plus, non ? » réfléchissais-je à haute voix en feuilletant les pages «Pourquoi tu me le donnes alors ? » demandais-je, relevant à nouveau mon regard sur Gabriel.
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Message(#)We lose ourselves in books || Gaby EmptyMer 3 Oct 2018 - 15:55

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Tout comme les jeux insouciants des deux chiens avaient apaisé Gabriel, l’arrivée joyeuse de Moana vers eux semblait avoir chassé les nuages ombrageux et l’air soucieux qui avaient obscurci les yeux de Clément. L’irlandais avait beau tout ignorer du vécu de ce dernier, il devinait néanmoins à son air assombri que ce qui lui arrivait le touchait profondément. Et intérieurement cela ennuyait profondément le libraire de causer ce genre de soucis à un jeune homme qui avait probablement assez des siens. Mais l’énergie et la joie de vivre communicatives des deux chiots qui accoururent vers eux sembla avoir le pouvoir de faire oublier toutes ces questions aux deux hommes. Les animaux avaient décidément un incroyable pouvoir en la matière et pouvaient vous changer les pensées en un rien de temps et sans le moindre mot. Gaby avait toujours été admiratif de cette capacité, lui qui avait toujours vécu avec un chat, un chien ou autre chez lui et ce d’aussi loin qu’il se souvienne. Et tandis que Moana vient gentiment saluer le libraire, Sirius tournoie et sautille autour de Clément, visiblement ravi de retrouver ce compagnon d’un jour qui s’emploie aussitôt à jouer avec lui. Devant cette scène un sourire doux s’étire sur le visage de Gabriel, pas de doutes il y a un réel attachement qui semble s’être créée entre ces deux là. C’est donc sans la moindre hésitation que l’irlandais accepte l’aide du jeune homme en ce qui concerne Sirius et ses sorties. Pour lui le bien-être de son chiot était essentiel, et il le savait entre de très bonnes mains avec ce garçon. « Entendu, c’est comme tu le souhaites. » Gaby lui était infiniment reconnaissant pour cette aide plus que bienvenue. « Oui on dirait bien que ces deux là s’entendent déjà à merveille », acquiesça alors que les chiens retournaient à leurs jeux. Le rire de Clément parvint à soutirer un air amusé au libraire et ce n’était actuellement pourtant pas une mince affaire. « Cela dit qui pourrait résister à ça ? »

Se remémorant leur conversation lors de leur première rencontre Gabriel alla attraper un petit paquet qu’il avait mis de coté expressément pour le jeune homme. Et c’est avec un regard bienveillant que Gaby l’observa retirer doucement le papier et découvrir une belle édition originale d’Antigone. L’irlandais se contenta d’hocher doucement la tête lorsque Clément lui demanda s’il était sérieux. « Prends-le. La question n’est pas de savoir quelle valeur pécuniaire a l’objet en lui-même mais bien celle de la capacité à apprécier l’œuvre à sa juste mesure. Je pense que c’est ton cas, je préfère donc te le donner plutôt que de le vendre à quelqu’un qui ne s’en servira que comme objet de démonstration de ses moyens. Les livres sont faits pour vivre et être lus, pour passer de main en main, pas pour demeurer derrière une vitrine blindée à l’abri des regards. » Le ton du libraire ne trompait pas il était on ne peut plus sérieux et sincère. Et comme pour finir de convaincre le jeune homme il ajouta, « Ce livre nous a suivi mes parents et moi lorsque nous sommes partis d’Irlande pour le Canada. Il est resté des années dans les rayons de ma librairie et puis je suis arrivé ici, et il était encore avec moi. Je me suis souvent dit qu’il devait bien y avoir une raison à cela, et je crois que je l’ai trouvé. » Gabriel n'avait pas franchement pour habitude de parler de lui de la sorte mais quelque chose chez ce garçon qui lui faisait face l'y poussa sans qu'il ne puisse dire quoi exactement. Il adressa un sourire à Clément. Oui il tenait réellement à lui donner cet ouvrage, son instinct lui soufflait que c’était sans conteste la bonne chose à faire et il lui avait toujours fait confiance, cette fois-ci ne ferait pas exception. Se redressant lentement Gaby essaya de reprendre une allure plus sûre malgré la douleur qui le tiraillait un peu. « Est-ce qu’un café ou un thé te ferait envie ? »
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Dernière édition par Gabriel Carnahan le Lun 12 Nov 2018 - 8:47, édité 2 fois
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Message(#)We lose ourselves in books || Gaby EmptyMer 3 Oct 2018 - 17:41

Voir Gabriel dans cet état réveil une drôle de colère en moi. Ce genre de colère que je n'ai plus ressenti depuis la fois au Mctavish où Ambroise m'a fait comprendre à quel point j'avais été con de l'avoir invité à cette fin de soirée avec Andreï et où Marvin a jugé bon de m'emmerder. Bien évidement que sa mâchoire s'en est rappelée longtemps de cette soirée, tout comme mon arcade. Aux emprises de cette colère, j'avoue que je ne réfléchis plus et que je réagis bien souvent au quart de tour. Et c'est cette même colère qui tonne en moi et qui menace de me submerger pour une raison qui m'est inconnue. Fort heureusement les chiots sont là pour me sortir de mes pensées sombres et je suis obligé de m'encrer à nouveau dans la réalité lorsque Moana menace de sauter sur Gaby. Après l'avoir reprise à l'ordre, elle décide d'y aller plus en douceur alors que moi je m'occupe de caresser son compagnon de jeu.

Nous échangeons quelques paroles concernant les animaux, ne pouvant qu'affirmer les dires du libraire. Ces deux chiens se sont vraiment bien trouvés tant ils sont adorable ensemble. Et c'est donc avec un grand plaisir que j'irais promener le petit berger australien qui a l'air d'avoir beaucoup d'énergie à revendre.  « J'repasserais demain alors. J'ai pas le temps de refaire encore un tour et mon genoux ne me le permettra sans doute pas non plus» dis-je, haussant les épaules, presque déçus. S'il est vrai que j'ai de moins en moins de douleur dues à ma blessure survenue en juillet, aujourd'hui fait parti de ces jours où, si je force, mon articulation me le fera vraiment sentir.  «Mais demain on va aller s'amuser un peu toi et moi, d'accord mon petit ? » demandais-je au jeune chien qui m'observe, queue frétillante.

Je me redresse ensuite lorsque Gabriel revient avec un paquet et me relève en l’accueillant dans mes mains. Ouvrant les paquets, j'aperçois l'oeuvre originale et illustrée d'Antigone, la pièce que nous sommes entrain de monter avec la Northlight. J'arque un sourcil, fort surprit de ce cadeau aillant une valeur d'achat assez conséquente et ne manque de le dire au jeune libraire. Celui-ci, pourtant, m'informe qu'il préfère savoir cet ouvrage entre les mains d'un passionné plutôt qu'un collectionneur qui n'en prendra sans doute pas soin.  «T'inquiète pas » dis-je en passant délicatement ma main sur la couverture du livre  « Je vais en prendre soin moi, je te le promet» dis-je en relevant mon regard sur Gabriel, lui souriant doucement.

Il continue alors, m'emmenant un bout dans son passé. J'apprends donc que ce livre l'a suivi lui et ses parents d'irlande quand ils sont partie au Canada et que même ici il ne l'a jamais quitté. Et la raison lui semble maintenant évidente : il devrait me le donner. Retirant mon sac à dos, je dépose délicatement le livre à l'intérieur puis reporte mon attention sur Gabriel lorsqu'il me demande si je veux boire un thé ou un café.  «Un café ne sera pas de refus ! » dis-je malgré qu'une partie de moi voudrait lui dire de ne pas s'embêter. Toutefois Gabriel se détourne et me fait signe de le suivre.

J'indique à Moana de rester près de moi et suis donc le libraire, restant derrière lui quand il monte les escaliers et m'ouvre la porte de son appartement. Nous avons à peine fait quelques pas à l'intérieur qu'un miaulement paresseux se fait entendre alors qu'un chat roux vient voir qui ose le déranger dans son sommeil. Moana se fige instantanément puis s'avance rapide vers le nouvel animal, se demandant bien quel genre de chien se trouve devant elle.  « Doucement, ok ?» interpellais-je la jeune chienne alors que je suis Gaby dans la cuisine. Je l'observe quelques instant avant de m'avancer et lui prendre la boîte de café des mains  « Vas-y, installe-toi, je m'en occupe» dis-je sur un ton sans équivoque. Après quelques manipulations, je met la machine à café en route puis vais m'asseoir à mon tour en face du jeune homme.  « Ainsi donc tu es Irlandais ?» demandais-je  « J'me disais bien que ton accent n'est pas très local» dis-je, amusé avant d'hausser les épaules  «Tu viens de quelle ville ? Et t'as habité où au Canada ? Et puis ça fait combien de temps que t'es ici, à Brisbane, du coup ? » voulais-je savoir, ma curiosité naturelle revenant au galop.
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Message(#)We lose ourselves in books || Gaby EmptyJeu 4 Oct 2018 - 14:59

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L’arrivée de Clément et Moana dans la librairie avait presque réussi à chasser Maximilien et ses menaces de l’esprit de Gabriel, et ce n’était pourtant pas une mince affaire. C’est sans la moindre hésitation que le jeune homme accepte de venir régulièrement pour emmener Sirius en balade le temps de la convalescence de l’irlandais. « Demain c’est parfait. Merci, je t’en suis sincèrement reconnaissant. Et je pense qu’il en est de même pour Sirius. » Le chiot était en effet tout occupé à capter l’attention du garçon pour obtenir caresses et jeux. Une scène qui parvient à dessiner un sourire attendri sur le visage fatigué du libraire et qu’il observe un instant avant d’aller chercher un paquet à l’attention de Clément. Ce dernier en en découvrant le contenu sembla à la fois incrédule et réellement touché de l’attention. Mais pour Gaby l’essentiel était qu’un si bel ouvrage revienne à un vrai passionné et non à quelqu’un qui l’oublierait bien vite dans une vaste bibliothèque servant uniquement d’élément d’apparat. Et alors que le jeune homme lui promis d’en prendre soin le libraire lui adressa un léger hochement de tête approbateur et un sourire. « Je n’en doute pas. »

C’est sur cette certitude et la satisfaction d’avoir à la fois fait plaisir à quelqu’un et trouvé le bon livre pour la bonne personne - ou peut-être était-ce l’inverse ? – que Gabriel proposa une tasse de quelque chose à son jeune vis-à-vis. « Va pour un café alors ! » Plutôt que de le prendre en bas dans la librairie, Gabriel se dit qu’ils seraient mieux installés à l’étage. D’autant que, la douleur revenant à la charge, il aurait bien besoin de ses médicaments. Se dirigeant vers l’escalier situé tout près de la porte de la réserve, il invita Clément à le suivre. Une volée de marche plus tard et les voilà sur le petit palier précédant la porte d’entrée de l’appartement de l’irlandais. « Entre, tu peux faire comme chez toi. » L’appartement avait beau être de taille relativement modeste il n’en était pas moins chaleureux et accueillant. Confortable et baigné d’une belle lumière naturelle la journée, il n’avait rien du stéréotype du logement de l’homme vivant seul. Tout était propre et rangé, sans forme de maniaqueries non plus, il y régnait une ambiance paisible et douce, de vie s’écoulant tranquillement loin de la précipitation du monde. Comme l’on pouvait s’y attendre des étagères pleines de livres couvraient une partie des murs clairs, mais elles abritaient également bon nombre de CDs, vinyles et DVD en tous genres. Une vieille platine trônait fièrement sur un meuble contre lequel était adossée une guitare dont le vernis gratté témoignait d’une utilisation régulière, dans un coin un petit piano droit récupéré chez une voisine sommeillait paisiblement en attendant que quelqu’un lève le cache protégeant son clavier pour en extraire quelques mélodies, quelques photos grand format et affiches habillaient les murs, ailleurs des plantes vertes soigneusement entretenues et quelques cadres photos fleurissaient ça et là. Un décor aux allures vintage et cosy qui respirait la douceur de vivre et la sérénité, de quoi se ressourcer à coup sûr. Gabriel laissa Clément prendre connaissance des lieux et se dirigea vers la petite cuisine ouverte sur la pièce principale, toutes deux séparées par un bar entouré de chaises hautes. Presque aussitôt en entendant la porte s’ouvrir Aodh se manifeste avant de se figer en voyant entrer un animal étranger. Face à ce nouveau chien il ne bougea pas d’un poil, se contentant de se gonfler pour avoir l’air plus impressionnant qu’il ne l’était déjà avec son pelage roux épais et sa haute taille élancée. « Ne t’inquiète pas il fait toujours ça, histoire de faire croire qu’il est vraiment courageux. » Le libraire laissa échapper un rire doux face aux mimiques de son chat qui n’aurait même pas levé la patte sur une souris s’il en avait croisé une. Gabriel entreprit de s’occuper du café, mais il dut marquer un temps d’arrêt, une vague de douleur venant tirailler son épaule droite qui avait été salement lacérée par Maximilien. Il avait beau tourner le dos au jeune homme, ce dernier sembla remarquer ce presque imperceptible arrêt en plein mouvement, si bien qu’il prit la direction des choses. « Merci. » Gaby s’installa donc de l’autre coté du petit bar, plus habitué à ce que ce soit lui qui s’affère en cuisine. Une fois la machine en route et le café en train de passer, Clément vint s’asseoir face à lui rebondissant sur ce que lui avait dit le libraire un peu plus tôt au sujet de ses origines. Face à cette foule de questions Gaby eut un sourire amusé. « A vrai dire je suis né en France, j’ai grandi en Irlande et ce n’est qu’un peu avant mes 18 ans que je suis arrivé au Canada. Et j’y ai vécu jusqu’à ce que je décide de venir m’installer ici, à Brisbane. Je suis arrivé fin janvier. » Gabriel n’avait pas évoqué les raisons réelles qui l’avaient poussé à prendre cette décision, pas encore, c’était instinctif. « Et toi alors Clément, ça fait longtemps que tu vis à Brisbane ? »
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Dernière édition par Gabriel Carnahan le Lun 12 Nov 2018 - 8:50, édité 4 fois
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Message(#)We lose ourselves in books || Gaby EmptyJeu 4 Oct 2018 - 18:03

Lorsque Gabriel me propose un café je suis à deux doigts de refuser, pensant qu’il n’est pas au meilleur de sa forme et qu’il a sûrement plus besoin de repos qu’un café et moi comme compagnie. Toutefois, lisant toute la sincérité du monde sur son visage, j’ai l’impression, qu’au contraire, ma présence lui est bénéfique. Alors j’accepte en souriant et le suis, restant derrière lui lorsqu’il monte les escaliers. Ouvrant la porte, il dit que je peux faire comme chez, comme tout le monde, et laisse donc Moana et Sirius entrer derrière nous. Nous sommes tous les 4 très rapidement accueillit par un chat roux qui, voyant ma chienne, se gonfle. Gaby m’explique que c’est pour qu’il puisse paraître plus impressionnant et courageux et je rigole doucement. « je vois» dis-je en passant à côté du chat pour rejoindre Gaby dans la cuisine.

Le voyant en galère avec un pot de café –ou sous emprises de douleurs- je décide de préparer moi-même le café. Après avoir mis la machine en route, je m’installer en face du libraire et lui pose pas mal de questions à la suite. C’est avec un sourire dont seul lui détient le secret qu’il me répond plus en détail. J’apprends ainsi qu’il est né en France, mais qu’ils ont rapidement déménagé en Irlande puis au Canada à ses 18 ans où il a vécu jusque fin janvier, moment qu’il a choisit pour venir s’installer ici à Brisbane. «ah ouais, cool ! » dis-je me redressant « T’as vu pas mal de pays dis donc ! Et c’est lequel ton préféré de tout ceux-là ?» demandais-je, toujours plus curieux.

« moi ? ça fait 4 ans que j’habite ici» répondais-je lorsqu’il me retourne la question « J’ai grandit en Nouvelle Zélande» un tendre sourire s’affiche sur mon visage comme à chaque fois que je parle de ce pays « A Riwaka, plus précisément, un petit village au bord du Abel tasman National park» je me redresse et croise les bras sur la table « Pendant des années je l’ai exploré de long en large et même en profondeur. J’adorais faire du snorkeling dans les différents lac et tout …bref, c’était le bonheur» j’hausse les épaules «on a quitté le pays suite à plusieurs problème familiaux » je baisse le regard sur mes mains « mes parents ont divorcé et tout s’est un peu cassé la gueule » je soupire doucement puis hausse les épaules et sourit « mais bon. On s’est bien rattraper ma mère et moi en arrivant ici» je me laisse glisser de la chaise et me dirige vers la cafetière qui est déjà remplis. « ah et fun fact» reprenais-je en fouillant les placards à la recherche de tasses «Je suis né à Brisbane » je m’avance avec deux mug et la cafetière vers la table «Enfin, je suis né sous X d’une mère qui n’avait pas envie de m’assumer et c’est comme ça que je suis devenu Clément Winchester et que je ne suis pas resté Clément King » haussais-je les épaules en servant les deux mug. «Je l’ai appris y a seulement quelques mois. T’imagine ? 22 ans de secrets … » je secoue la tête en soufflant sur ma tasse «J’sais pas comment ma mère a tenu jusque là »
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Message(#)We lose ourselves in books || Gaby EmptyMar 13 Nov 2018 - 9:19

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Tandis que Clément était occupé à lancer la machine à café, Gabriel en profita pour attraper la petite boîte d’antidouleurs posée sur le bar de sa cuisine ouverte. Il en extirpa deux cachets qu’il avala rapidement avant de répondre aux interrogations de son jeune interlocuteur. Réponses qui semblèrent attiser un peu plus encore sa curiosité, ce qui ne manqua pas d’amuser l’irlandais devant les iris toutes brillantes de questions du brun qui lui faisait face. « Pas mal oui. Et ça ce sont juste les endroits où j’ai vécu. » Car depuis son plus jeune âge Gaby avait parcouru bien des pays et des kilomètres, d’abord avec ses parents qui l’emmenaient autant que possible avec eux dans leurs périples, puis seul, avec des amis, ou avec Moïra. Il avait le voyage dans les gênes, le road-trip dans les veines. Ca faisait partie intégrante de ce qu’il était, tout comme son insatiable amour pour la liberté et la découverte. De la Nouvelle-Zélande à l’Islande en passant par l’Italie, il avait effectivement vu bien du pays, sac à dos à l’épaule, crayon à la main et appareil photo au cou. « A vrai dire je serai bien incapable de te dire lequel je préfère, je crois que je les aime autant les uns que les autres. La France et l’Irlande ce sont mes racines, le Canada mon pays de cœur. Impossible de choisir pour moi. » Il eut un rire doux. Ca lui faisait du bien à Gaby de parler ainsi, avec légèreté. Il en avait grand besoin, plus encore aujourd’hui. Il avait aimé ces trois pays, sincèrement, profondément, avec autant d’intensité, avec la même vibration au fond de son être. Ils avaient façonné sa vie. Les terres françaises et irlandaises, terrains privilégiés de ses jeux d’enfants, les provinces de l’ouest canadien, écrin de quelques unes des plus belles années de sa vie. Et à ces pensées ce fut un sourire tendre, teinté d’une douce nostalgie et de souvenirs, qui se dessina sur son visage fatigué. A son tour Clément répondit à sa question. Gabriel leva un sourcil amusé et étonné en apprenant d’où était originaire le jeune homme. La Nouvelle-Zélande, sans le moindre doute un de ces endroits préférés parmi ceux qu’il avait eu la chance et l’occasion de visiter et d’arpenter. « Vraiment ? C’est un pays superbe. » Cela remontait maintenant à quelques années mais l’irlandais avait eu l’occasion d’y voyager à plusieurs reprises. L’Abel Tasman National Park, le libraire le connaissait bien. Au cours d’un de ses voyages en terres néo-zélandaises il avait passé un moment à en arpenter les pistes et admirer les incroyables paysages, entre baies aux eaux limpides, cotes accidentées, langues de sable clair et végétation verdoyante. « Un endroit magnifique ce parc. J’ai pu y randonner lors d’un passage en Nouvelle-Zélande. » Son ton s’était fait un peu plus rêveur tandis qu’une foule de souvenirs venait se répandre tranquillement dans son esprit. Mais outre ces décors naturels dont il était tombé sous le charme, il y avait un autre événement qui l’avait particulièrement marqué lors de son passage dans cette région. Cela remontait déjà à plus de dix ans. Au cours d’une énième randonnée, alors qu’il était occupé à abreuver ses yeux et sa mémoire de tout ce qu’il voyait, photographiant, croquant sur son carnet à dessins ces paysages aux nuances superbes, des cris l’avaient fait sursauter. Il avait sans doute rarement couru aussi vite pour atteindre ce vaste point d’eau azur et en extirper ce petit bonhomme paniqué, d’une dizaine d’années à vue de nez, qui avait manqué de s’y noyer. Une drôle d’aventure qui heureusement avait trouvé un dénouement positif. L’espace d’un instant Gabriel se demanda ce que pouvait bien devenir ce gamin aujourd’hui, il devait avoir à peu près le même âge que Clément désormais. Sa concentration revint d’ailleurs toute entière à ce dernier qui poursuivait son histoire. Un air sincèrement désolé s’était dessiné sur son visage, il avait une empathie naturelle plutôt exacerbée et entendre son jeune interlocuteur lui parler de ce qu’il avait vécu, entre le divorce de ses parents et la découverte qu’il était né sous X à Brisbane, le touchait profondément. Il ne dit cependant rien, préférant écouter le brun avec une attention sincère. Il savait bien qu’il n’y avait pas de mots capables d’adoucir et panser certaines blessures que la vie infligeait. Et puis Gabriel n’avait jamais été très doué pour savoir ce qu’il convenait de dire ou pas selon les situations, il parlait avec son cœur en quelque sorte. L’irlandais hocha doucement la tête avec un sourire doux lorsque Clément lui tendit un des deux mug qu’il venait de remplir de café chaud. L’air embaumait désormais, les effluves caféinées ajoutant un petit quelque chose d’apaisant à l’atmosphère chaleureuse du petit appartement. Aodh semblait avoir estimé qu’il serait plus en sécurité juché en haut du dossier d’un fauteuil pour observer le nouveau chien qu’il ne connaissait pas, quant à Moana elle était occupée à inspecter les moindres recoins de l’endroit, Sirius la suivant comme son ombre. Gaby but une gorgée du liquide brun brûlant avant de reporter son regard céruléen sur Clément. 22 ans… C’était long, très long. « Je ne sais pas. » Un murmure, comme si Gaby avait malencontreusement pensé à voix haute. « C’était peut-être sa façon à elle de te préserver. » Qui pouvait le dire ? Les humains étaient si plein de nuances et de complexité, de contradictions parfois aussi. Les pensées de Gaby s’éloignaient, il s’égarait. Ca lui arrivait, il était d’un naturel rêveur, pensif, et à cet instant précis les médicaments ne l’aidaient probablement pas à se concentrer. Il fixa son attention sur le mug devant lui, comme pour mieux se recentrer, se fixant sur sa respiration. Une minute. Et voilà. Une nouvelle gorgée de café descendit le long de sa gorge, lui donnant au passage la sensation de réchauffer tout son corps. « Excellent ce café. » Il eut un sourire à l’adresse de Clément avant de reprendre. « Et que fais-tu maintenant ? Je veux dire le théâtre, les études, un boulot ? » Lors de leur première rencontre ils n’avaient guère parler d’autre chose que de théâtre, et de leurs chiens respectifs également, et Gaby se demandait où en était désormais son jeune interlocuteur.
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Message(#)We lose ourselves in books || Gaby EmptyDim 18 Nov 2018 - 17:25

Dès les premières paroles échangées avec Gaby dans le parc l’autre jour, j’ai tout de suite su qu’il serait extrêmement agréable et plaisant de parler avec lui. Et aujourd’hui me le prouve exactement. Après un échange de banalités, je décide qu’il est grand temps d’approfondir les connaissances que nous avons l’un de l’autre et lui demande d’où il vient. C’est ainsi que j’apprends qu’il est né en Irlande mais a grandit au Canada avant de s’installer ici. C’est qu’il a pas mal voyagé ! Et il me le confirme, disant toutefois que ces trois pays là ne sont que ceux où il a réellement habité. Hochant doucement la tête, je l’observe avec une certaine fascination dans le regard, assimilant toutes les informations qu’il me donne. La France et l’Irlande sont ses origines mais le Canada le pays de son cœur. Toutefois j’apprends aussi, après lui avoir dit que je viens de Nouvelle Zélande, qu’il adore aussi ce pays.

C’est une lueur toute particulière qui brille dans mes yeux lorsque je pose un regard intrigué sur Gabriel. Comme à chaque fois que quelqu’un me dit venir de Nouvelle Zélande ou adorer ce pays. Pourtant, on est en Australie, à 2h ou 3h de vol d’Auckland. Il n’est absolument pas rare de voir des Néo Zélandais arpenter les rues de Brisbane. Et pourtant la joie en moi est toujours grande dès que j’entends parler du pays de mon enfance et mon adolescence. En plus Gabriel connait le parc national que je connais par cœur ! Si ça ce n’est pas un signe qu’on soit fait pour s’entendre … « T’es sérieux … ?» demandais-je, large sourire étirant mes lèvres « C’est fou … c’est pas le parc national le plus connu non plus… mais c’est génial ! T’y es allé quand ? Peut-être qu’on s’est croisé sans le savoir, qui sait» dis-je sur le ton de l’humour, rigolant doucement. En vrai les chances sont très minces voire inexistantes.

Au final, je ne sais pas pourquoi, mais je commence à lui raconter ma vie. Evidemment, je ne lui dis pas tout, je ne l’embête pas avec mon traumatisme suite au tsunami, ni la mort de mon frère, mais je lui avoue le divorce de mes parents et surtout le fait que j’ai été adopté, qu’en vrai que je suis d’origine Australien et non Néo Zélandaise comme j’ai pu le penser pendant 22 ans. Gaby émet l’hypothèse que ma mère avait voulut me préserver. J’avoue que je n’y crois pas trop mais soit, j’hausse simplement les épaules et prend une gorgé de mon café avant que le libraire en reprenne la parole me demandant ce que je fais dans la vie à part le théâtre et les cours, si j’ai un boulot ou quoique ce soit de ce genre. « Le théâtre c’est mon job, Gaby » dis-je, souriant «Je suis passé comédien professionnel en début d’année » expliquais-je avec une réelle fierté dans la voix et le regard « ça me fait un certain revenu par mois, pas énorme mais ça me permet au moins de payer le loyer. Et puis comme je suis encore étudiant j’ai des aides financière de l’état et ma mère et mon père, évidemment» continuais-je « Après, franchement, si j’avais pas le théâtre et que je devais absolument travailler, je ne saurais vraiment pas quoi faire …» je secoue doucement la tête « Impossible pour moi de travailler dans la gastronomie, je serais un piètre serveur, le tourisme ne m’intéresse absolument pas et la vente c’est d’un chiant ! Genre tu m’imagines à la caisse d’une supérette par exemple ? » demandais-je, rigolant légèrement avant de secouer à nouveau la tête « Non vraiment, sans le théâtre j’saurais pas quoi faire de ma vie» je m’accoude sur la table, posant ma tête dans mes mains « je danse aussi. Enfin, je dansais jusqu’à ce qu’un faux mouvement ait raison de mon genou» ajoutais-je aux explications «mais la danse c’est encore plus compliqué d’y percer donc bon » j’hoche la tête «le théâtre semble être la meilleure option pour moi » et j’en suis totalement persuadé.
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Message(#)We lose ourselves in books || Gaby EmptyMer 20 Fév 2019 - 9:11

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La conversation allait bon train et mine de rien Clément était parvenu à faire parler un peu Gabriel de lui, de là où il venait, des endroits chers à son cœur. Bien sûr il ne s’agissait que de quelques bribes d’informations par-ci, par-là, sans guère plus de précisions. Mais l’irlandais était naturellement plus volontiers de ceux qui écoutent que de ceux qui parlent. Evidemment il n’était plus ce jeune garçon si introverti qu’il en avait parfois du mal à parler, mais qu’il parle de lui à quelqu’un restait tout de même chose relativement rare en dehors des personnes qui lui étaient proches. Pourtant cette petite part de lui qui demeurait un peu sauvage ne semblait pas s’effaroucher devant la curiosité de Clément et sa soif d’en apprendre un peu plus sur lui. Il émanait de ce jeune homme quelque chose de foncièrement sympathique qui parvenait à apprivoiser la confiance du libraire, et ce malgré ses récentes mésaventures qui avaient mises à mal son ouverture aux autres. C’était sans le moindre doute pour cette raison qu’il avait si facilement accepté son aide et qu’il l’avait invité à partager un café. Café qui s’avérait par ailleurs délicieux et particulièrement réconfortant. Chose que Gaby ne manqua pas de souligner à son jeune invité. Un sourire amusé se dessina sur le visage fatigué de l’irlandais lorsqu’il croisa les iris sombres de Clément qui le fixait avec attention comme s’il buvait littéralement ses paroles. Iris qui semblèrent s’éclairer d’une lueur nouvelle lorsqu’il expliqua avoir déjà parcouru la Nouvelle-Zélande, et plus particulièrement l’Abel Tasman National Park que le jeune homme connaissait bien pour avoir grandi tout près. « Très sérieux oui. », répondit Gaby avec un certain amusement dans la voix face à l’étonnement ravi de son interlocuteur. « C’est vrai. Mais je crois que ça fait aussi partie de son charme. On y est au calme, loin de certains sentiers touristiques plus connus. » Ah le calme. Ce calme que Gabriel affectionnait tant. Se sentir seul au monde, au milieu de la nature, était rarement pour lui déplaire. Il marqua une courte pause, comme pour mieux se remémorer la réponse à la question suivante. « C’était en 2005 si mes souvenirs sont bons. » Son rire doux vint se mêler à celui de Clément. « Peut-être bien qui sait ? » Après tout la vie avait souvent appris à Gaby que les hasards pouvaient vite devenir des coïncidences et que les croisées des chemins étaient plus nombreuses et emplies de surprises qu’on pouvait souvent le croire.

Etait-ce ce point commun inattendu, l’Abel Tasman National Park, qui poussa Clément à se confier plus avant sur sa vie ? L’irlandais n’aurait su le dire. Toujours était-il qu’il écouta son jeune interlocuteur avec une réelle attention et une profonde empathie, sincèrement touché par son histoire. Il était comme ça Gaby, c’était inscrit dans son être, il ne pouvait rester de marbre face à ses semblables, ça lui était tout à fait impossible. Il était une véritable éponge à émotions. Bien sûr il avait appris à se protéger de cette part de lui, par pure auto préservation. Il ne pouvait accueillir tous les maux du monde dans son âme, ça le boufferait, ça le bouffait. Il le savait. Il laissait encore souvent des plumes à ce jeu là. Des miettes de son cœur, écorché par ce qu’il entendait dans la voix des autres, par ce qu’il lisait dans leurs yeux. Alors évidemment les mots du brun l’atteignirent sans mal. Il laissa ses pensées divaguer pendant un instant dans des méandres connus de lui seul avant de revenir à l’instant présent, de concentrer son attention sur la réponse de Clément. Il sourit lorsque ce dernier l’appela Gaby comme s’ils étaient des amis de longue date. Les choses se faisaient avec un naturel certain entre eux et, de toute évidence, le jeune homme se sentait aussi en confiance que Gabriel en sa compagnie. Il n’y avait pas de gêne, pas de distance maintenue, comme si les choses coulaient de source entre eux, tout en simplicité.

D’ailleurs le brun répond, toujours avec autant de naturel, à la dernière question du libraire. Ce dernier apprenant par là même que son interlocuteur était en fait désormais professionnel. « Félicitations alors. », dit-il avec une profonde sincérité. Il savait à quel point il était plaisant de pouvoir vivre de et pour sa passion, malgré toutes les difficultés, tous les obstacles qui pouvaient se dresser sur la route. Il n’y avait rien de tel que de se lever chaque jour en sachant que l’on consacrera son temps à faire ce que l’on aime. Et quelque part Clément confirma cette pensée en expliquant que s’il n’y avait pas le théâtre dans sa vie il y aurait sans doute une sorte de vide. Il ne se voyait pas faire autre chose. Gabriel sourit. Lui non plus ne se voyait pas vraiment faire autre chose. Les livres, la librairie, le dessin, l’écriture, tout cela faisait partie intégrante de sa vie, de ce qu’il était même, au plus profond de son être. S’en voir priver serait un coup extrêmement dur pour l’irlandais. Ses yeux clairs vinrent se poser un instant sur ses mains encore parcourues des témoins de sa récente agression. Il n’avait pas repris un crayon depuis, c’était encore trop tôt, ses doigts fracturés n’étaient pas encore ressoudés. Une question persistait. Pourrait-il de nouveau dessiner comme avant ? Bien sûr il faudrait encore un peu de temps pour être fixé sur la question mais lorsqu’il voyait ses mains trembler encore et sa difficulté à avoir une prise sûre depuis qu’il s’était réveillé à l’hôpital… Il s’égarait, à nouveau. Il chassa rapidement ces idées noires, secouant doucement la tête. Oui il s’en remettrait, encore une fois. Il le fallait. Ses iris revinrent se poser sur le jeune homme qui lui faisait face. « Je comprends totalement. » Un sourire doux accompagna ses mots. « C’est une chose formidable de trouver le moteur de sa vie, de s’adonner à sa passion. » Gaby prit une nouvelle gorgée de café tandis que Clément poursuivait. « Théâtre et danse ? Voilà un sacré duo. » Le libraire aimait les arts, il les avait toujours aimé et le spectacle vivant avait une place particulière dans son cœur. Il appréciait énormément d’assister à des démonstrations, spectacles et autres représentations. Toujours émerveillé et impressionné des performances des interprètes et artistes. Pour lui, l’introverti, c’était tout à fait passionnant de voir cela. « Cela fait longtemps que tu pratiques ? » Gabriel apprit alors que suite à une blessure au genou Clément ne dansait plus. « Oh, je suis navré de l’apprendre. J'espère que ton genou se remettra. » L’irlandais sourit à la dernière remarque de son interlocuteur qui, semblait t-il, et malgré son jeune âge, avait visiblement déjà pas mal réfléchi à la question. « Tu sais je suis assez amateur de théâtre, alors si jamais tu venais à te produire sur scène je serait ravi de venir te voir. », ajouta t-il, déjà curieux de voir comment pouvait évoluer Clément sur scène.

Leur discussion se poursuivit, tranquillement, autour des tasses fumantes. Et, que ce fut l'effet des cachets ou la compagnie appréciable de Clément, il sembla à Gabriel que la douleur s'estompa un moment. La douceur de l'instant s'étira encore un moment dans le petit appartement au-dessus de la librairie, comme une bulle hors du temps, loin de l'agitation et de la folie d'un monde que l'irlandais ne parvenait pas toujours à saisir. Un peu de calme était plus que bienvenu, qui plus est au vu de ses récentes mésaventures. Il n'aurait su dire combien de temps s'écoula ainsi, mais les tasses étaient vides depuis un moment déjà lorsque Clément et Moana repartirent, accompagnés d'un signe amical de la main du libraire. Il sourit en les regardant s'éloigner, sur le pas de la porte de sa boutique, un délicat rayon de soleil venait chatouiller sa peau. Après tout, il y avait du bon dans ce monde.
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