| | | (#)Mar 18 Sep 2018 - 13:39 | |
| « Félicitations ! » Je sortie de mes pensées. Félicitations ? Pourquoi donc. Je regardais Miss Buckley l’air interrogateur. « Votre mariage. » ah ! Mon mariage, oui. Passé depuis plus de deux mois, j’étais loin des félicitations classiques mais il est vrai que je n’avais pas croisé miss Buckley depuis un bon moment déjà. « Merci Miss Buckley, excusez-moi j’ai encore du mal à y croire. » Le temps passais si vite aussi. Roman ne devait pas être très loin, je le cherchais d’ailleurs du regard et Miss Buckley pris de nouveau la parole. « Et alors, quand comptez vous fonder une vraie famille. » elle avait lourdement insisté sur le mot « vraie » et à ce moment-là, j’en perdis presque mes mots. Une vraie famille… bonne question. Et puis, de quoi je me mêle. A la lenteur de ma réponse, elle trouva le moyen d’ajouter. « à votre âge, vous ne devriez plus traîner. » Il est certain qu’à mon âge, elle avait déjà quatre enfants, tous avaient plus de dix ans. « Ne vous en faites pas, la science a fait de gros progrès en quelques années… » je fis demi-tour et alla faire quelques pas un peu plus loin. Je n’avais aucune envie de venir ici. Je n’avais plus mis les pieds au vignoble depuis deux ans et je savais que ce n’était pas une bonne idée de revenir. Il y avait plus de personnes ici qui souhaitaient voir l’empire de ma famille s’effondrer que de personnes qui nous soutenaient vraiment. J’avais entendu dire que je devais ma place à ABC radio uniquement grâce à mon père et que je n’avais aucun mérite d’y être. Il semblerait que mes compétences soient à la hauteur de celles de mon père et si on en croit la majorité des personnes étant ici, ce serait proche de zéro. Mais, pour l’honneur, pour la fierté, il fallait venir, il fallait se montrer. Surtout montrer que nous étions au-dessus de tout cela, que ça ne nous touchait pas. Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, n’est-ce pas. Ma mère me rejoint dehors, sur la grande terrasse qui donnait sur un domaine de plusieurs centaines de kilomètres carrés. Le domaine était magnifique, il me faisait penser à celui de la famille de Roman, les vignes en moins. J’aimais passer du temps dans ce genre d’endroit, ça me permettait de souffler, de m’éloigner de la ville et surtout, de penser à autre chose qu’au travail. « Depuis ton mariage, au moins l’on cesse de me parler de l’enfant de Tony ! Heureusement ! » je me tourne vers ma mère, il semblerait qu’elle aussi ai eu droit à des félicitations. « Eliott a un an, il serait temps que les gens passent à autre chose ! » elle ne me répondit même pas. Elle n’avait toujours pas accepter son propre petit fils, c’était assez difficile pour Tony d’ailleurs. « Bon, je vais rejoindre ton père. Ne traine pas dehors, il ne fait pas si chaud que ça… » dit-elle en regardant ma robe, bras dénudés. J’acquiesce. « je vais rentrer. » Je restais encore un peu dehors lorsque juste à ma droite, quelqu’un vint se poser contre la rambarde. Je n’y prête pas vraiment attention jusqu’à ce que je lève les yeux, prête à rentrer. Je m’arrêta alors un instant, étant certaine de le connaitre. Je pointais alors mon doigt vers lui. « Levi ? » je souris. Quelle surprise et en même temps je n’y croyais pas vraiment. « C’est assez étrange de te croiser par ici… tu t’es perdu ? On t’as menacé ? » Ce petit con sur qui j’étais obligée de jeter un œil il y a bien des années. Il ne fallait pas être dupe pour savoir qu’il se foutait totalement de ce monde hypocrite qu’était la haute société de Brisbane et d’Australie. « Encore en vacances ? » il n’était pas d’ici et si je le connaissais c’est parce que petit il passait ses vacances à Brisbane avec ses parents. Ces gens que mes propres parents ne voyaient qu’une fois par an mais avec qui ils avaient, semble-t-il, liés une belle amitié… |
| | | | (#)Ven 21 Sep 2018 - 0:41 | |
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I'm steppin' around in the desert of joy, baby, anyhow I'll get another toy and everything will happen.Tu adorais l'imprévu, voir tes plans démolis sans merci par le destin, observer à quel point le sort semblait se moquer éperdument de quelconques projets en balançant péripéties et éléments perturbateurs en grand nombre. Tu connaissais une multitude de personnes qui l'abhorrait, mais toi, tu le vénérais. Tu y puisais même une dose intense de défi : si l'avenir voulait se jouer de tes plans, tu comptais bien déjouer les siens pour en tirer tous les avantages possibles. Lorsque tu étais passé au DBD, Matt comptait si pieusement sa caisse que tu avais manqué de t'assoupir. Il avait guère apprécié le fait que tu lançais des nombres aléatoires au fil de ses calculs et lorsque ton cousin s'avérait de plus en plus violent envers ta personne et ton comportement provocateur, tu avais décidé de mettre les voiles pour aller taquiner sa cadette : Ginny. Bien sûr, la peintre des McGrath n'était pas là, tout comme sa progéniture. Étonnement, tu avais découvert que la jeune mère ne verrouillait pas la porte de son domicile et avais interprété ce fait telle une invitation à y pénétrer. En quelques minutes, tu repérais sa bicyclette et sans réfléchir, tu la traînais sur l'extérieur. Cela faisait des décennies que tu n'avais pas fait de vélo, néanmoins, l'adage disait vrai : on ne perd pas cette compétence avec l'âge. Tu avais pédalé à vive allure, jouissant de ce moyen de locomotion plus ou moins volé. Tu t'étais orienté au petit bonheur la chance, espérant peut-être croiser Jillian la volage, puis, une envie folle de raisins te motiva à te déplacer vers Sirromet Wines. Ne perdant pas l'apparence du voleur, tu t'étais avancé sur la propriété privée sans t'annoncer. Prenant place derrière une rambarde, tu observais le défilé de silhouettes, la plus élancée demeurant toujours au même endroit, néanmoins. Tu te hissais sur ton piédestal improvisé et lorsque le regard de la femme se pose sur ta personne, un silence suspicieux s'invite. « Levi ? » Tu hausses les sourcils, surpris et flatté. Puis, tu te questionnais : est-ce possible d'oublier un être aussi insupportable que toi ? Eva a-t-elle subi des cauchemars dont tu étais le protagoniste principal, à renverser des verres de vin sur les robes chics des demoiselles coincées et déboutonner constamment ta chemise en pure indécence snobinarde. Quelques applaudissements demeuraient de rigueur. Intrigué, il te fallait également y élucider le mystère de la situation d'Eva, cette pauvre fille armée d'une poignée de printemps de plus que toi qui avait été accablée de la lourde tâche de retenir un maximum ton excentricité dans les soirées mondaines. Ces souvenirs provoquaient un large sourire sur tes lèvres. « C’est assez étrange de te croiser par ici… Tu t’es perdu ? On t’a menacé ? » Un rire franc file entre tes lèvres et tu sautes de ton appui de manière à t'approcher de l'australienne. « Encore en vacances ? » « Toujours en vacances ! » répliquais-tu. Tu n'avais ni métier, ni diplôme, ni situation. Beaucoup te considérerait tel un raté, personnellement, tu te sentais riche de libertés. Ce qui n'était pas forcément le cas de la Adams. « Mais toi, tu as signé pour du boulot constant avec une autre personne ? » Du menton, tu pointes l'auriculaire de la trentenaire. Tu es une vraie pie : tout ce qui brille t'attire. « Quoi de neuf, Eva ? Oh ! Tu me fais un synopsis rapide du film de ta vie ? Et j'prends des raisins en guise de pop-corn ! » Ton regard brille de malice bien que ton attention soit totalement sincère.
Dernière édition par Levi McGrath le Ven 28 Sep 2018 - 21:55, édité 1 fois |
| | | | (#)Ven 28 Sep 2018 - 9:35 | |
| Au vu de cette apparence négligée, il était certain que Levi n’était pas venu ici pour passer la soirée à serrer des mains à droite et à gauche pour bien se faire voir. Il s’était peut-être perdu, avait vu de la lumière et s’était arrêté. Après tout, nous étions au vignoble, il était un minimum connu dans le coin, c’était aussi l’occasion de pouvoir boire quelques coupes ou verre de vin à l’œil. Je ne serai pas bien étonnée de voir qu’il était ce genre de profiteur à présent. Lorsque je lui demandais si en effet, il s’était perdu dans le coin, il ne me répondit que par un rire assez franc, mes suspicions ne pouvaient être que véridiques dans ces circonstances. Il se moquait de moi… « J’espère que tu trouveras le vin à ton gout au moins… » dis-je en levant le ballon que j’avais entre les doigts. « Toujours en vacances ! » ose-t-il me répondre. Je levai les yeux au ciel, j’avais affaire à ce genre de type dont j’avais horreur. Ceux qui vive à la Carpe Diem comme on dit. Ces expressions inventées pour déculpabiliser ceux qui ne font rien de leurs vies. Vous êtes des branquignoles, des assistés, mais pas de soucis, vous vivez la vie dont vous avez toujours rêvés. Des rêveurs oui, ceux qui sont loin du monde réel, les déconnectés de la vie. J’aurai du me douter que Lévi était de ce genre-là. « Mais toi, tu as signé pour du boulot constant avec une autre personne ? » il se montrait assez arrogant mais j’avais l’impression que c’était un jeu dont il s’amusait surtout. « Je suis mariée en effet. » le reprenais-je. « C’est bien loin d’être une contrainte. » je regardais ma bague que je portais fièrement à mon doigt. « Un jour peut être que tu rencontreras quelqu’un avec qui tu pourrais enfin signer un contrat aussi, ce serait tout nouveau pour toi ! » le mariage ou rien que le fait de signer un contrat ? Surement les deux. « Quoi de neuf, Eva ? Oh ! Tu me fais un synopsis rapide du film de ta vie ? Et j'prends des raisins en guise de pop-corn ! » Je me retournais complètement sur moi-même, m’adossant à cette rambarde ayant maintenant vue sur la réception. Qu’est ce qui m’obligeait vraiment à lui faire le résumé rapide de ces dernières années ? Puis, je me rappelais que je n’étais pas venu ici de bon cœur, que je m’y étais forcé cette fois, pour faire bonne figure comme toujours. Alors, peut être que Levi pourrait être mon échappatoire pour ce soir. « Je ne suis pas certaine que le synopsis de ma vie t’intéresse réellement. Il ne comporte ni aventure sauvage, ni pont de singe dangereux à traverser, ni longues soirées au bord d’une plage, guitare à la main. » c’était un peu l’image qu’il me renvoyait en réalité. Cette vie de bohème dont j’ignore les réelles motivations. « Je suis mariée, c’est tout ce qu’on peut dire. » passons ma stérilité, il n’avait pas besoin d’en savoir plus à ce propos.
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| | | | (#)Sam 29 Sep 2018 - 6:33 | |
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I'm steppin' around in the desert of joy, baby, anyhow I'll get another toy and everything will happen.La situation t'amuse, ton regard brille de malice, tel un gamin augurant un mauvais coup. Tu remarques promptement que ton attitude déplaît un minimum à Eva avec ses yeux qui se lèvent au ciel quand tu t'exclames être toujours en vacances. Mais tu ne le retiens pas davantage, enchérissant derechef sur le bijou qu'elle porte à son annuaire. Ton regard scrute plus attentivement l'alliance alors qu'elle t'explique que son état civil ne représente aucune contrainte. « Vraiment ?! » Tu t'étonnes, comme si elle venait de te déclarer que les flamands roses adoraient le bacon. Tu pouffes de rire sans aucun scrupule lorsqu'elle dessine le tableau où tu empruntes le rôle d'un époux. Ça te semble plus que fantasque. « Je dirais même plus que "nouveau pour moi" : incompatible. » Tu fais un clin d’œil à l'Adams qui te fait désormais totalement face. T'autoriserais-tu à juger que ta compagnie est plus agréable que celles des gens pompeux abrités dans la riche bâtisse te faisant face ? Curieux, tu enchaînes sur l'existence de l'australienne et t'imagines déjà écouter un récit autobiographique en savourant quelques raisins frais dérobés à la volée. Un fin sourire étire tes lèvres devant les propos révélant l'idée qu'Eva se faisait de ton quotidien. Elle n'était pas loin de la vérité, même si tu percevais dans son ton un mélange de désapprobation et d'incompréhension. Il était vrai que tu étais complètement insouciant et souvent, tu te demandais comme cela se faisait-il que tu étais encore en vie vu les choix insensés que tu prenais. Tu n'avais aucune limite, tu n'avais aucun respect pour les règles. Tu vivais en dehors de la civilisation et ses procédures. Même tes proches, tu ne les voyais pas comme la tradition le souhaiterait. Tu es un électron libre qui ne passe qu'en pointillé dans la vie d'Autrui. Tu fronces les sourcils alors qu'elle conclut : « Je suis mariée, c’est tout ce qu’on peut dire. » « T'es sérieuse ? Tout ce qu'on peut dire ou tout ce que tu veux me dire ? » Tu marques une pause et reprends, hébété : « Ta vie se résume à ton mariage ? Le seul truc d'intéressant dans ton existence, le seul truc qui te semble important, assez valorisant pour m'le dire, c'est le fait qu'on t'ait passé la bague au doigt ?! » Tes yeux sont écarquillés. Tu pouvais éventuellement comprendre le fait qu'Eva ne souhaitait pas débuter une longue conversation rythmée de confidences avec ta personne, mais c'était vraiment très succinct comme résumé de vie. A croire que le quotidien de la trentenaire ne tournait qu'autour de son couple. Avait-elle un métier ? Des projets ? « T'étais plus fun dans mes souvenirs. » Tu fronces les sourcils, frappant de franchise. « Après, t'as pas l'air de passer la soirée de ta vie non plus. Le vin est si mauvais ? » A continuer ainsi, tu risques de te le prendre en plein visage, mais tu aimes ce risque.
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| | | | (#)Jeu 4 Oct 2018 - 11:37 | |
| Levi et moi étions deux opposés. Le pôle positif et le pôle négatif d’une pile. Nous n’étions pas faits pour être compatible et pourtant, lorsque nous étions plus jeunes, il était toujours fourré dans mes pattes. Nous étions donc indissociables et d’après nos parents, il avait besoin de moi. Plutôt, eux avait besoin de moi pour que je le surveille, je portais cette responsabilité de veiller sur Levi alors que j’étais à peine plus âgée que lui. Un moyen de laisser le gamin sans surveillance de ses propres parents et il avait ce don de toujours disparaître. Des parties de cache-cache interminables mais je dois avouer que parfois, ça me permettait de m’amuser un peu aussi. Même si, devant témoin, je ne faisais que me plaindre d’avoir ce gamin entre les pattes. « Vraiment ?! » insista-t-il alors que je lui avais dis qu’être mariée n’était pas une tare, bien au contraire. J’avais attendu ce moment depuis si longtemps. Humiliée après un premier mariage raté, qui n’avait même pas été jusqu’à la signature du dit contrat d’ailleurs, j’avais misé énormément sur celui-ci. « La différence entre toi et moi Levi, c’est que l’un de nous a parfaitement sa place ici et l’autre est loin d’y trouver son compte. » sa place ici signifiait qu’il fallait être compatible avec la société actuelle avec ses traditions et ses mœurs. J’estimais y être tout à fait assimilée et intégrée. Je répondais à ce que la société attendait de moi, je craignais que ce soit le cas pour lui. Pauvre malheureux. Je le plaignais. De nouveaux, il en fit preuve. Rejetant totalement le mariage ou un quelconque engagement avec quelqu’un. « Je dirais même plus que "nouveau pour moi" : incompatible. » je trouvais ça triste. « J’espère que tu finiras par changer d’avis. Tu n’as surement jamais trouvé l’amour… » c’est l’image que j’en avais. Un mec seul, peut être qu’il enchainait les conquêtes et que finalement, déçu à plusieurs reprises, il décidait de jouer l’électron libre. Qui sait. Il était étonné, voir même choqué que je n’ai rien de plus à lui dire que le fait que je sois mariée… « T'es sérieuse ? Tout ce qu'on peut dire ou tout ce que tu veux me dire ? Ta vie se résume à ton mariage ? Le seul truc d'intéressant dans ton existence, le seul truc qui te semble important, assez valorisant pour m'le dire, c'est le fait qu'on t'ait passé la bague au doigt ?! » C’était à peu prêt ça oui. Et en même temps, il avait raison, je n’avais pas envie de lui en dire plus. « Tu attends quoi Levi ? Un moment canapé rouge où je m’allonge et je me mets à te raconter mes aventures ? » aventures aussi peu nombreuses soient-elles, dans tous les sens du terme d’ailleurs. Je ne parlais pas uniquement de mes romances. « T'étais plus fun dans mes souvenirs. » J’avais sans doute bien moins de responsabilité, si ce n’était la sienne, sur les épaules aussi. Je pouvais me permettre à mon tour de disparaître d’une cérémonie pour lui courir après dans des jardins ou des bâtiments aussi grands que des administrations où on s’y perd facilement. « Les parties de caches caches sont finis depuis longtemps pour moi. » j’avais cette sensation d’être Wendy dans Peter Pan. Cette gamine qui finit par retourner chez elle pour grandir et avoir une vie adulte alors que lui reste avec son syndrome et refuse de grandir et d’accepter les responsabilités que la vie d’adultes vous met sur les épaules. « Après, t'as pas l'air de passer la soirée de ta vie non plus. Le vin est si mauvais ? » je le regardais, il touchait un point sensible. Non pas le vin qui n’était pas forcément à mon gout, mais le fait qu’en effet, ce n’était pas la soirée ‘de ma vie’. « Parfois, il y a des obligations qu’on a pas toujours envie d’honorer, et pourtant… »
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| | | | (#)Sam 13 Oct 2018 - 4:25 | |
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I'm steppin' around in the desert of joy, baby, anyhow I'll get another toy and everything will happen.Tu pouvais difficilement saisir le concept de mariage heureux. En quoi se lier ouvertement et inviolablement à une même personne jusqu'à ce que la « mort [les] sépare » était réjouissant ? L'idée d'appartenir à quelqu'un t'horripilait, l'optique d'être redevable perpétuellement à un individu, peu importe l'affection que tu pouvais lui vouer, te choquait. Tu rejetais en bloc cette idéologie de mariage, de promesse, d'union sacrée. Qui plus est, tu n'était pas naïf et savais pertinemment qu'une bonne partie des époux ne respectaient pas leurs engagements. Alors dans ce cas, à quoi bon bafouer sa parole ? A quoi bon formuler des promesses qu'on ne saurait tenir ? « La différence entre toi et moi Levi, c’est que l’un de nous a parfaitement sa place ici et l’autre est loin d’y trouver son compte. » « Je ne vais pas te contredire sur le fait qu'en effet, je n'envie absolument rien à ce mode de vie ! » Tu étais franc, brutal, à la limite peut-être même du manque de respect. Cependant, tu avais la décence de ne pas attaquer directement Eva, articuler tes doutes qu'elle aussi puisse prospérer au sein de tant de restrictions sectaires et étouffantes à ton sens. D'ailleurs, tu en rajoutais une couche, déclarant sans aucun scrupule que l'engagement n'était pas dans tes cordes. Tu perçois Eva sembler s'en désoler, supposer que tu n'aies jamais trouver « l'amour ». « Pas comme tu l'entends, non. » Tu bondis de manière à atterrir sur la véranda où se tient ton interlocutrice, entrant possiblement dans le champs de vision des badauds abrités dans l'onéreuse bâtisse connexe. « J'ai jamais trouvé l'amour des liens, des lois, des prisons, des règles. »Puis, tu enchaînes, t'étonnant que véritablement, la Adams propulse l'importance de son mariage à des sommets. Lorsque tu l'interroges sur les derniers moments phares de sa vie, elle n'a d'yeux que pour cette alliance prônant à son auriculaire. Plus tu l'observes, plus elle dispose d'une allure de collier étrangleur. « Tu attends quoi Levi ? Un moment canapé rouge où je m’allonge et je me mets à te raconter mes aventures ? » En guise de réponse, tu ris quelques secondes, avant de commenter que la brune était bien plus amusante dans tes souvenirs. « Les parties de caches-caches sont finies depuis longtemps pour moi. » Tu fronces les sourcils, te mords distraitement la lèvre inférieure, scrutes sans merci le visage de la trentenaire. « Et pourquoi, Eva ? » La réponse lui semble évidente, innée ; tu lèves un doigt pour la stopper. « Parce que tu ne le veux plus, ou que ton groupuscule le déplore ? » Quoi qu'il en soit, tu remarques qu'elle ne paraît pas passer une soirée phénoménale. « Parfois, il y a des obligations qu’on a pas toujours envie d’honorer, et pourtant… » Et tu t'agites, reprends cet air de gamin de cinq ans qui questionne tout ce qu'on lui dit. Toutes ces vérités générales qui agacent d'être explicitées, puisqu'elles sont sensées couler de source. « Et pourtant tu le fais. Pourquoi ? Franchement, ça t'apporte quoi d'« honorer tes obligations » ? »
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| | | | (#)Lun 22 Oct 2018 - 20:21 | |
| Je ne pouvais pas croire qu’il n’y avait pas une seule femme au monde qui ne rêvait pas à l’amour. L’Amour avec un grand A. Combien n’avait pas regardé les dessins animés de princesse tant désirées par leurs princes. Un homme pour combler l’amour d’une femme, un homme pour l’accompagner toute sa vie, un homme pour son bonheur. Gamine, mes yeux brillaient devant Blanche Neige, Cendrillon et la Belle au bois dormant. Quand j’entends de plus en plus que ces Disney qui ont bercé l’enfance de bien des femmes d’aujourd’hui sont tous aussi sexistes les uns que les autres, j’avais juste envie de rire. On cri au sexisme partout à présent. Un homme n’aurait-il pas le droit de convoiter une femme sans pour autant dire qu’il est sexiste ? Ces pseudos féministes qui ne trouvent pas leur place dans la société, surement des ratées qui ont une mauvaise relation avec leurs pères et donc se doivent de cracher sur tous les hommes. Quelle honte d’avoir ce genre de discours. J’étais une femme avec une belle carrière professionnelle, j’avais un mari qui m’aimait et la seule chose qui manquait à ma vie à présent, c’était bien de pouvoir fonder une famille. Ma sœur me reprocherait de ne penser qu’à pondre comme elle pourrait dire, de ne pas voir plus loin que cette place de femme que j’occupais parfaitement. Mais quoi d’autre ? Qu’étais-je censé faire d’autre ? N’est-ce pas le rôle d’une femme d’enfanter un jour ? Pour moi, c’était le but ultime, la mission finale qui ferait de moi aussi une mère et à mon tour je pourrais transmettre à mes enfants ces valeurs qui me sont si chères. Les valeurs de la famille, une famille heureuse, couvée par une mère et un père. « Je ne vais pas te contredire sur le fait qu'en effet, je n'envie absolument rien à ce mode de vie ! » chacun son mode de vie visiblement. Je me doutais bien que Levi était resté un grand adolescent, sans but précis dans la vie. Incapable de réfléchir au lendemain, incapable d’organiser sa vie. « Et alors ? Tu préfères dépendre des gens qui t’entourent, vivre d’eau fraiche… et pas d’amour, puisque tu n’es pas de ce genre-là, visiblement. » je lui piquais un grain de raisin qu’il avait entre les mains. « Pas comme tu l'entends, non. J'ai jamais trouvé l'amour des liens, des lois, des prisons, des règles.» l’amour des prisons donc ? J’arquais un sourcil, le regardant. « Donc l’amour est une prison pour toi ? » Je trouvais qu’il était très triste de penser ainsi. « tu as vécu un chagrin d’amour pour avoir une vision si triste de tout ça ? » Je n’y voyais d’autres réponse. Mais après tout, moi-même ayant subit une haute trahison amoureuse, j’avais fini par me remettre sur pied, aller de l’avant et surtout, ne pas mettre tous les hommes dans le même panier. Nous avions grandit tous les deux mais visiblement l’un d’entre nous était plus responsable que l’autre, plus mature, vivant dans une réalité plus encrée dans la société qui nous entourait, ce qui ne semblait pas convenir à Levi. « Et pourquoi, Eva ? Parce que tu ne le veux plus, ou que ton groupuscule le déplore ?» je levais les yeux au ciel devant tant d’arrogance. « C’est un monde qui me plait Levi. Un monde qui m’a toujours plu. Et bien plus que les partis de caches-caches que tes parents, mes parents et toi m’imposiez ! » qu’il n’aille pas croire que c’était une partie de plaisir pour moi… j’avais toujours été forcée de me coltiner ce petit merdeux sur le dos. C’est ce que je laissais croire, c’est ce que je m’efforcer aussi de croire, ce que j’avais toujours pensé car c’était comme ça qu’il fallait être. Tien toi droite Eva, soi polie Eva, ne mange pas trop, ne parle pas trop, reste à côté de ton père et fais toi discrète. Alors ce monde était le mien et parfois oui, je n’avais pas envie de me forcer, je n’avais pas envie de jouer à la parfaite petite fille du sénateur mais c’était ce rôle qu’on m’avait toujours collé sur le dos. Que je le veuille ou non, je devais être ici. « Et pourtant tu le fais. Pourquoi ? Franchement, ça t'apporte quoi d'« honorer tes obligations » ? » S’il y avait une chose que je n’appréciais pas et qui me mettais mal à l’aise, c’était qu’on me questionne de la sorte, qu’on m’oblige à réfléchir à ce contraste entre ce que je prétendais être et aimer faire et ce qui était réellement le cas. Lene était très douée pour ça. Levi s’y mettait. « Tu attends quoi de moi Levi ? Que je te prenne par la main, qu’on saute par-dessus la rambarde et qu’on aille voler quelques bouteilles à la cave pour les boires entre les pieds de vignes ? Passant la soirée à pleurer sur mon triste sort ? » |
| | | | (#)Ven 2 Nov 2018 - 3:17 | |
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I'm steppin' around in the desert of joy, baby, anyhow I'll get another toy and everything will happen.Tu avais nullement programmé cet échange avec Eva, néanmoins, maintenant qu'un débat s'installait pernicieusement entre vos deux âmes ayant migré vers des horizons bien distincts, tu te réjouissais d'avoir dérobé le vélo de ta cousine pour pédaler jusqu'à ce vignoble. Tu percevais qu'à mesure de tes paroles, la mariée devenait de plus en plus irritée. Elle conservait admirablement son sang-froid, mais tu reconnaissais pertinemment que tu l'agaçais. Comme il avait toujours été le cas, si on y réfléchissait. Enfant, tu lui tapais sur les nerfs. Adulte, ce comportement gagnait en vérité générale. Franc, tu proclamais à quel point tu rejetais cette société cadrée, sectaire, étouffante à tes yeux. Tu ne te permettais pas de dénigrer clairement un mode de vie qui était suivi par ton interlocutrice ; en revanche, tu ne t'autorisais pas à mesurer tes confidences ni tes avis. Tu respectais Eva mais honorais aussi tes sentiments. « Et alors ? Tu préfères dépendre des gens qui t’entourent, vivre d’eau fraîche… et pas d’amour, puisque tu n’es pas de ce genre-là, visiblement. » Tes sourcils se froncent, la femme extirpe un raisin de tes mains. Y aurait-il un souci de communication ? La brune dispose-t-elle d'une vision bien floue de la manière dont tu vis ? Tu inspires profondément avant de prononcer, interrogatif : « Explique-moi comment je dépends des gens qui m'entourent ? » Parce que s'il y a bien une chose que tu refuses, c'est justement être dépendant de qui que ce soit. En amour, financièrement, matériellement - peu importe le volet, tu ne souhaitais pas être à la merci de qui que ce soit. Tu faisais de la peine à tes proches pour cette même raison, mais c'était une valeur indéniable de ton être. La changer rimerait avec ta disparition, l'essence même de ton bonheur. La Adams enchérit, se questionne sur ta vie amoureuse, ton regard sur l'amour. Installé sur le bord de la véranda, tu poses tes mains sur tes genoux. « Tu as vécu un chagrin d’amour pour avoir une vision si triste de tout ça ? » « Tu as vécu la ségrégation pour être contre le racisme ? » Est-il vraiment nécessaire de subir soi-même des traumatismes pour garder ses distances de certains phénomènes ? Au fil de votre conversation, tu ne pouvais cesser de te questionner sur la trentenaire. Que trouvait-elle de si enviable à ces obligations qui la menaient sur cette véranda malgré elle de toute évidence, puisque force était de constater qu'Eva ne passait pas la meilleure soirée de sa vie et ta présence n'était pas l'unique facteur de ce fait. Ça te désolait qu'une personne puisse enchaîner les sacrifices alors que chaque homme peut mourir la minute suivante. Ça t'horrifierait d'être sur ton lit de mort et songer à toutes ces soirées, toutes ces journées, toutes ces actions à contrecœur que tu aurais pu poser pour le regard des autres. Tirait-elle son bonheur, sa sérénité, dans l'approbation de son monde ? Elle te répète que ce monde lui plaît à perpétuité puis remémore amèrement vos partis de cache-cache. « Pauvre petite Eva, condamnée à veiller sur l'abominable Levi pour faire bien. » Faire bien, tu te retenais de lever les yeux au Ciel par respect pour elle. Tu contraries l'australienne de plus en plus : « Tu attends quoi de moi Levi ? Que je te prenne par la main, qu’on saute par-dessus la rambarde et qu’on aille voler quelques bouteilles à la cave pour les boires entre les pieds de vignes ? Passant la soirée à pleurer sur mon triste sort ? » Un fin sourire étire tes lèvres, compatissant, sympathique. « Je t'accorde que ce plan a l'air fun. Sauf pour la partie où on pleure sur ton sort, pas trop mon style, surtout que c'est toi qui l'a décidé, ton sort. » Tu hausses les sourcils, appuyant tes paroles qui te semblent teintées de faits réels. Tu te retiens de qualifier le tout de syndrome de Stockholm. « J'attaque pas ta vie, Eva. J'essaie de la comprendre. Je vois pas le mal à ça. J'ai l'esprit ouvert. » Tu croises les jambes sous la planche sur laquelle tu t'es assis, ajoutant, ce côté provoquant ne te quittant jamais très longtemps : « Comment ils disaient déjà, tes parents ? Qui se sent morveux se mouchent ? J'ai l'impression que tu défends ton monde plus que de raison : t'es sûre qu'il te plaît tant que ça ? »
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| | | | (#)Lun 26 Nov 2018 - 16:07 | |
| « Explique-moi comment je dépends des gens qui m'entourent ? » Pour moi c’était simple, on ne pouvait pas se dire être ennemie du système si on en profitait pas. La seule façon d’être totalement indépendant, c’était de se lever le matin et d’aller gagner sa croute. Se donner tous les moyens pour grimper sur l’échelle sociale, aller le plus haut possible, faire reconnaître ses qualités, ses compétences, on a rien sans rien. Et si Levi pouvait vivre dans ce monde sans se donner la force d’aller travaille, alors de quoi pouvait-il bien vivre ? Son argent, d’où le sortait-il ? « Comment tu fais pour pouvoir te payer quoi que ce soit sans travailler ? » l’argent ne tombe pas du ciel. « Tu dépends des aides sociales, je suppose ou alors, tes parents te donnent suffisamment d’argent pour t’en amuser. On ne part pas naviguer sur les mers sans un sous en poche, sans dépendre de quelqu’un… » que ça lui plaise ou non. « Je peux me féliciter d’une chose, ce que j’ai, je ne l’ai que par mon travail, mes heures passées pour en arrivée là où je suis maintenant. Je ne le dois à personne. » et qu’on ne vienne pas me dire que si mon père n’avait pas été sénateur, je ne serai pas là où je suis maintenant, c’est totalement faux. Alors, que je cherche à savoir ce qui le rend si amer de l’amour, il me renvoie une remarque qui n’a rien à voir. « Tu as vécu la ségrégation pour être contre le racisme ? » je fronce les sourcils, l’excès toujours. « Ce n’est pas comparable. » Qu’avais-je donc fais au bon dieu pour que Levi débarque ici ce soir pour remettre une couche à cette soirée terrible. Mais je dois admettre qu’il avait le don de me faire réfléchir et de parfois me clouer le bec. Me mettant face à quelques absurdités mais je serai bien plus ridicule d’avouer quoi que ce soit. Je demande donc ce qu’il attend réellement de moi, donnant des exemples aussi ridicules. « Je t'accorde que ce plan a l'air fun. Sauf pour la partie où on pleure sur ton sort, pas trop mon style, surtout que c'est toi qui l'a décidé, ton sort. J'attaque pas ta vie, Eva. J'essaie de la comprendre. Je vois pas le mal à ça. J'ai l'esprit ouvert. » C’est pourtant ce sentiment que j’ai, invectives sur invectives. « Visiblement nous avons pris des choix différents, qui nous ont menés vers des modes de vies différents. J’ai du mal à comprendre comment on peut se foutre de tout et ne pas penser à l’avenir. Comment il est possible de garder une âme d’enfant, d’adolescent, passé la trentaine. » car pour moi, c’était la définition même de l’adolescence, ne pas être capable de se projeter, prendre la vie comme elle venait et n’en faire qu’à sa tête. Bien que j’avais du mal à me souvenir avoir été comme ça. Peut-être adulte avant l’heure mais je ne m’en plaignais pas. « Comment ils disaient déjà, tes parents ? Qui se sent morveux se mouchent ? J'ai l'impression que tu défends ton monde plus que de raison : t'es sûre qu'il te plaît tant que ça ? » Je secoue la tête. « tu confonds tout… » je ne me sentais en rien coupable de quoi que ce soit, n’ayant pas le besoin de me confesser sur ma vie actuelle qui avait repris son cours et malgré ce manque toujours présent en moi, cette famille que je n’aurai pas, je n’avais pas à me plaindre. « Je l’adore cette vie. » j’avalais ma salive, plongeant mon regard dans le sien, on ne pouvait être plus claire. « Maintenant… tu m’excuseras ? » j’avais d’autres chats à fouetter ce soir…
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| | | | (#)Jeu 27 Déc 2018 - 22:43 | |
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I'm steppin' around in the desert of joy, baby, anyhow I'll get another toy and everything will happen.Lorsqu'Eva sous-entend que tu dépends des gens t'entourant, tes sourcils se froncent instantanément. Jamais n'avais-tu recherché à obtenir quoi que ce soit de tes géniteurs pour la simple et bonne raison que tu ne t'étais jamais senti à ta place dans leur monde scintillant de règles et obligations et le rejetais en bonne et due forme. Certes, tu étais considéré comme le mouton noir de ta famille, celui qu'on avait enrôlé dans la Royal Navy sans scrupule avant que tu ne commettes un coup de grâce ternissant le blason aristocratique des McGrath ; toutefois, tu ne subissais pas cette désapprobation de ta famille, tu en croissais et depuis tes dix-huit ans, jamais n'avais-tu su extirper quoi que ce soit de tes parents. Quant au gouvernement, tu te gardais bien de le solliciter également. Probablement jouissais-tu d'un orgueil mal placé, mais tu tenais à ton indépendance totale, quitte à vivre dans la misère ou dans un imprévu constant. Tu te gardais bien d'être inscrit dans tes registres et listes d'individus qui devaient des comptes et nombreuses paperasses administratives. « Je peux me féliciter d’une chose, ce que j’ai, je ne l’ai que par mon travail, mes heures passées pour en arriver là où je suis maintenant. Je ne le dois à personne. » Un fin rire fila entre tes lèvres. Les préjugés de l'Adams te hérissaient le poil autant qu'ils t'attiraient de la sympathie pour elle. Comment pouvait-elle, du haut de ses trente-quatre ans, juger de manière si intransigeante en un seul regard superficiel ? « Hé bien, aussi étonnant cela puisse l'être pour toi, nous avons un point commun. » Tu marquais une pause, plantant ton regard dans celui de ton interlocutrice. « Je me félicite aussi de ne rien devoir à personne. » Tu inspires profondément, anticipant l'incompréhension de la jeune femme. « Quand on ne possède pas une immensité de biens matériels, d'ambition, de devoirs et de plan B en cas de pépin, on a tout de suite beaucoup moins de dépenses. J'ai pas de compte en banque, j'ai pas de baraque, j'ai pas de mutuelle, j'ai pas de sécurité sociale, j'ai quasiment pas de moyens de communication. J'ai juste mon bateau et ce que j'ai dessus. Quand j'ai besoin de quelque chose, je rends des services de manière à avoir assez d'argent pour me le payer cash, mais il s'avère que je vis du stricte minimum, que ça me convient très bien comme ça et que ça coûte pas cher. J'ai jamais profité de tes impôts ni de tes taxes, Eva, t'inquiète pas pour ça. » Et ça, tu en tirais autant de satisfaction que de besoin. Jamais n'accepterais-tu de profiter ou de dépendre de qui que ce soit. Ta liberté dans tous les sens du terme t'était essentielle. Cela signifiait aussi un lendemain constamment sur la sellette, mais c'était ton prix à payer auquel tu t'y pliais sans problème. Lorsqu'Eva insinue que pour refuser autant l'amour, tu devais en avoir souffert, tu ne peux t'empêcher de grossir les traits de son raisonnement. Un rictus narquois étire tes traits lorsqu'elle répond catégoriquement que ta comparaison est impertinente. Tu demeures admiratif de sa capacité à être si assurée tout en étant à tes yeux prisonnière d'un cadre soigneusement délimité. Tu hausses les épaules avant de commenter ce mode de vie, essayer de l'assimiler. « Visiblement nous avons pris des choix différents, qui nous ont menés vers des modes de vies différents. J’ai du mal à comprendre comment on peut se foutre de tout et ne pas penser à l’avenir. Comment il est possible de garder une âme d’enfant, d’adolescent, passé la trentaine. » Et tristement, sans doute étiez-vous condamnés à ne pas saisir l'entièreté de vos décisions existentielles diamétralement opposées. « Et j'ai du mal à comprendre comment on peut se charger autant au nom d'un avenir incertain aux dépens de son présent qui est, lui, bien certain. » Tu aurais pu te demander aussi comment passé trente ans, l'on peut être aussi fermé d'esprit. Mais tu as eu l'exemple de tes parents pendant une décennie et demi qui, sans que tu puisses élucider ce comportement, t'ont démontré qu'il était bien réel et concret. Tu ne peux pas t'empêcher de titiller Eva sur son mode de vie, cependant, tout comme l'air misérable qu'elle arbore en dépit de l'amour qu'elle déclame pour sa vie. Une prouesse de trop de ta part, sans doute, puisqu'exposant ses règles de bienséance impeccablement acquises, elle te fait part de ta confusion avant de formuler son ambition de disposer. Tu fais un signe de la main, soulignant son effort d'appliquer tant de bonnes manières. « Je t'ai jamais retenue. Prospère bien dans ta vie adorée. » Un large sourire contre tes lèvres, tu sautes du balcon sur lequel tu t'es installé et uses du moyen de locomotion de ta cousine pour pédaler vers d'autres horizons.
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