« Tu sais je ne risque pas d’aller la voir pour lui parler de ce qu’on…peut faire ensemble. J’ai pas non plus envie que Thaïs soit au courant de quoi que ce soit. » Stephen glissa un regard à Carter dont il finissait par prendre la main, la pressant quelques secondes avant de la relâcher. Ils étaient sur la même longueur d'ondes. Pas de dispute à l'horizon. Une sortie entre amis maîtrisée. Au fond c'était comme ça qu'il se voyait passer les prochaines années : des aventures qui colmateraient son âme brisée et de belles amitiés. Là, Carter était les deux. Elle était proche de lui, et bien plus proche encore depuis ces dernières semaines. Tout était sous contrôle depuis leur mise au point, tout devait être parfait et pourtant il ne se sentait pas forcément mieux. Leur bulle n'avait rien d'extensible, mais pour le moment cette situation lui convenait parfaitement. Stephen n'avait pas besoin de répondre, la réplique de Carter se suffisait à elle seule si bien qu'il laissa couler pour revenir à des sujets plus légers. Devant eux, l'enclos des primates offrait un spectacle époustouflant pour les mirettes des deux fillettes. Stephen avait pris sa petite tornade dans ses bras pour lui glisser à l'oreille que l'orang outan qui se balançait s'appelait Carter. Réaction immédiate d'Anabel qui se mit à rire aux éclats. « C’est moche de mentir à sa fille. » Il haussait les épaules en retour : "une juste revanche" après tout, il plaisantait. « La nourriture à marcher sur la mienne, par contre la tienne… » Il se releva pour jeter un coup d'oeil à Thaïs qui dormait paisiblement sur l'épaule de sa maman. Ce n'était clairement pas le cas d'Anabel qui elle, courait après les singes sans montrer une once de fatigue. "On devrait rentrer, il est déjà près de trois heures. La sieste approche, même pour elle. Question de temps." Stephen connaissait sa petite. A force d'observation, il savait très bien que son enfant ne tombait pas de fatigue de façon progressive. Chez la petite brune, le sommeil lui tombait dessus comme un coup de massue, sans prévenir. Il ne suffisait que d'un moment plus calme pour que le charme de Morphée fasse effet.
Carter n’allait sûrement pas faire un truc pareil, pour expliquer un truc pareil c’était impossible surtout pour deux petites filles et ensuite parce que c’était juste un bon moyen de les traumatiser – voir les bouleverser un peu plus. Pas question, ils s’étaient mis d’accord de toute manière, en dehors de cette maison ils ne seraient que des amis et encore plus devant les deux petites. La photographe n’était pas prête à expliquer à sa fille que son père ne reviendrait jamais comme elle aimerait dans sa vie et encore moins de lui dire qu’un jour ou l’autre elle devrait continué sa vie. Tout ça s’était beaucoup trop abstrait, il fallait mieux qu’elle se concentre sur son anniversaire qui approchait à grand pas, c’était un événement que sa fille comprenait parfaitement, ça. Carter lui lança un sourire face à son geste, tout avait été mis au clair la dernière fois, pas besoin d’en reparler. Elle continua d’avancer vers les singes avec Thaïs dans les bras, c’était une journée aussi éprouvante pour les petites que pour les parents – la fatigue qu’elle accumulait dernièrement n’aider pas non plus, mais hors de question de prendre ses foutus somnifères qu’on avait pu lui prescrire. Elle secoua la tête rapidement face à la nouvelle bêtise qu’avait pu inventer son voisin et qui faisait rire Anabel – même elle avait un sourire en coin, tellement c’était idiot, mais jamais elle ne l’avouera. « T’es jaloux parce que j’ai pensée au singe avec toi, c’est tout. » Et que techniquement, elle avait le droit de se moquer ce qui n’était pas son cas – quoi qu’il avait dit simplement avec les hippopotames. « Au passage, t’avais promis. » C’est l’hôpital qui se fout de la charité pour le coup, elle était la première à promettre d’être gentille pour ensuite attaquer son ego par pur plaisir. Thaïs était en train de dormir dans ses bras, un peu de calme ne faisait pas de mal bien qu’Anabel était toujours en train de courir, apparemment rien ne pourrait l’envoyé dans les bras de Morphée. La photographe pencha la tête tout en le regardant. « C’est une pile électrique, jamais elle arrivera à dormir, si ? » Sa propre fille montrait des signes de fatigue, ce qui l’arrangeait bien, mais Anabel avait l’air réellement infatigable pour le coup. « Je dirais pas non à faire une sieste aussi. » La jeune maman plaçait un peu mieux sa fille contre elle tout en avançant vers la sortie du zoo, retrouver son propre lit ne pourrait pas lui faire de mal.
« T’es jaloux parce que j’ai pensé au singe avant toi, c’est tout. » Ben voyons. Stephen levait les yeux au ciel avant que la brune ne lui rappelle qu'il avait promis de ne pas se moquer. Pas de promesses qui tiennent lorsqu'il s'agissait des moqueries, surtout que Carter ne se privait pas. Après tout, cette plaisanterie n'était qu'un juste retour des choses. « C’est une pile électrique, jamais elle arrivera à dormir, si ? » Contrairement à Thaïs qui dormait dans les bras de sa maman, Anabel sautillait devant les baies vitrées qui cloisonnaient l'espace des primates. Stephen avait l'habitude. La petite fille faisait encore la sieste chaque après midi, et chaque fois c'était la même histoire. Elle passait de l'énervement le plus total au calme plat. "Ana viens ici" Rechignant à laisser ses amis les singes, l'enfant ne se fit pas prier et rejoignit son père pour de nouveau s'échouer sur sa jambe. "On rentre à la maison, Thaïs est fatiguée." de l'index il désignait la petite de Carter avant de reprendre : "puis toi aussi tu dois l'être." Pas de réponse mais une petite main qui se glissait dans la sienne et un pouce qui venait se nicher dans sa bouche. Évoquer l'heure de la sieste était radical pour calmer la fillette qui n'avait que trois passions ces derniers temps : jouer, manger, et dormir. Pour les deux premières c'était chose faite, et il y avait fort à parier qu'elle tomberait de sommeil dans la voiture. "Jadyn est chez toi ? A moins que tu ne préfères venir avec Thaïs à la maison." qu'il demandait finalement à sa voisine en prenant les allées qui les mèneraient à la sortie du parc animalier. Ils vivaient côte à côte, à moins de vingt mètres l'un de l'autre, ce qui rendait les choses beaucoup plus simples, où beaucoup plus compliquées tout dépendait du point de vue. Pour eux c'était clair. Des têtes qui explosent, des cœurs piétinés et des remords qui pointaient à tout va. Stephen et Carter n'avaient certainement pas la vie qu'ils s'étaient imaginés. Elle en pleine bataille et évincée par l'homme de ses rêves, lui veuf et prêt à tout pour garder avec lui une enfant qui n'est pas la sienne. Leurs rêves étaient brisés, mais au moins leur bulle leur permettait de respirer.
La fin de cette visite s’approchait de plus en plus, ce n’était pas plus mal dans le fond, tout le monde était fatiguée à commencer par sa fille qui était en train de dormir contre son épaule. Il était préférable de rentrer pour qu’elle puisse dormir dans une position un peu plus agréable et qu’elle puisse être un peu libérée. Carter avait du mal à croire qu’Anabel serait capable de s’endormir, mais après tout, elle pouvait toujours être surprise. La brune regardait la scène qui se passait sous ses yeux avec un sourire en coin, c’était plutôt mignon dans le fond, surtout de voir la petite coincée son pouce dans sa bouche, c’était adorable. La photographe finit par prendre la direction de la sortie avec son voisin à ses côtés. « Je crois qu’elle est à la maison, elle doit bosser pour ses cours. » Ou quelque chose dans le genre, elle faisait assez confiance à sa sœur pour ne pas être derrière elle puis elle ne voulait pas passer pour une seconde mère aux yeux de Jadyn alors elle la laissait assez libre – tout en surveillant de son côté, elle refusait de voir sa sœur sombrer comme ça avait été le cas pour elle. « Alors je crois qu’on va se rabattre chez toi. » Elle fit une moue boudeuse en le regardant tout en continuant le chemin vers sa voiture. De toute manière, il vivait à côté de chez elle, si elle avait besoin de quelque chose elle n’avait pas tellement de chemin à faire, ce qui était un avantage comme un inconvénient. La photographe n’avait pas envie de penser à tout ça, elle savait parfaitement ce qu’il allait se passer chez lui, ils se faisaient des allusions depuis un moment maintenant alors non, ils n’allaient sûrement pas se regarder dans les blancs des yeux. La jeune maman installa sa fille dans la voiture avant de regarder Stephen souriant en coin. « On se retrouve chez toi. » Un clin d’œil en plus et elle pénétrait dans sa voiture, avant de partir elle écrivit rapidement un message à sa sœur pour la prévenir et prenait la direction de son quartier pour rejoindre Stephen et sa petite tête brune.
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