Allez savoir pourquoi, Owen reçoit régulièrement chez lui des invitations pour venir déguster gratuitement du vin au vignoble de Brisbane. La plupart du temps, il refuse ou plutôt, il ne donne pas suite à l’invitation. N’ayant pas le temps ou ne voulant simplement pas y passer sa vie, une invitation tous les quinze jours, ça faisait beaucoup quand même. Mais cette fois, il n’avait rien de prévu. Sortant de l’église après avoir célébré un mariage ce vendredi soir, Owen s’était rhabillé de son polo vert bouteille et de son jean couleur moutarde et pris un taxi en direction du vignoble. Pas bête, il n’allait pas s’y rendre par ses propres moyens. Impossible de monter sur sa moto ou dans sa voiture après un passage au vignoble. Pour y avoir déjà été deux ou trois fois, il sait très bien que le taux d’alcool qu’il a dans le sang ensuite est bien au-dessus du taux limite en Australie et sans doute partout ailleurs dans le monde. Il avait proposé à Priam de le rejoindre, puisque l’invitation était pour deux personnes, mais celui-ci n’était pas disponible et donc, a refusé la proposition. Owen devait ensuite préparer la célébration du mariage et n’avait pas eu le temps de proposer à quelqu’un d’autre, c’est donc seul qu’il s’y rendait.
Arrivé au vignoble, bien sûr, il n’était pas le seul invité, il y avait là une dizaine de personne dont une qu’il semblait déjà connaitre. Ce mec lui disait vaguement quelques chose et une chose est sure ce n’était pas quelqu’un qu’il avait croisé à l’église. « La dégustation va commencer, veuillez bien vouloir me suivre s’il vous plait. » cette jeune femme si bien habillée de son tailleur, conduit le groupe vers une salle décorée de tonneau en chêne avec une bonne odeur de cépage en suspension dans l’air. Dix bouteilles étaient présentées sur la table, avec toujours autant de verres que d’invité à côté de chacune d’entre elle. Avec dix verres de vins, aussi petits pouvaient-ils être, la soirée s’annonçait plutôt chaudement. Owen allait virer rouge, aussi rouge que le vin qu’il allait déguster. « Je vous invite à vous mettre par deux, nous vous avons préparé une surprise pour ce soir. » en effet, le prêtre fu surpris de cette demande, d’habitude c’était chacun pour soi. Il était venu seul et donc, ne savais pas bien avec qui il pouvait se mettre. Mais ce mec qu’il avait remarqué semblait être aussi seul, du moins, il était venu avec plusieurs personnes mais ils étaient en nombre impair et donc, il n’avait personne pour former son duo. Les deux hommes se retrouvèrent rapidement isolé et donc, forcé de se mettre ensemble et là, Owen se souvenu d’où il l’avait vu. Dans ce bar il y a quelques mois avec la forte sensation qu’il s’était fait draguer ce soir-là. « Bah, moi c’est Owen… » peut être qu’il s’en souvenait mais le prêtre n’était plus capable de mettre un prénom sur ce visage. « Alors, l’idée est de faire des dégustations à l’aveugle. Vous êtes donc par deux… l’un d’entre vous met un masque, l’autre choisi un vin sur la table et doit le faire gouter à celui qui est masqué… et ainsi de suite. Vous pouvez gouter à tous les vins… si vous avez des questions, je suis à votre disposition. » pourquoi n'avait-il vraiment pas insisté pour inviter quelqu'un d'autre avec lui?

Y’a eu quelques changements au boulot ces derniers temps. Un nouvel employé suite au départ à la retraite d’une collègue, et un étudiant qui est en alternance. Le big boss a voulu renforcer la cohésion entre tout ses employés. Vous êtes juste six, sept avec le directeur, ce n’est pas négligeable. C’est donc dans un élan de bonté qu’il a décidé d’organiser une activité afin de tous vous retrouver. Au début il avait proposé une randonnée, mais vous êtes beaucoup a avoir roulé des yeux alors il s’est tourné vers quelque chose qui rapproche plus. L’alcool. Quand l’idée de la dégustation de vin est venu sur le tapis, y’a que toi, Andrés Rivera premier du nom, qui a un peu râlé. T’es pas spécialement fan de vin. T’aurais voulu une dégustation de cocktail. De trucs bien sucré. T’es vraiment une pédale au fond. Mais bon, de l’alcool gratuit, tu ne diras jamais non. Surtout pendant les heures de boulot. Tu seras donc littéralement payé à boire. Ca c’est quand même super beau.

Une fois arrivé au vignoble, y’a l’alternant, Harry, qui prend un tas de photo. C’est bon mec, calme toi, on a compris que tu étais passionné par la photographie, pas la peine d’en faire des tonnes. Mais bon tu le laisses faire. Il est jeune. Il a 20 ans. T’es peut être un peu jaloux. La dégustation va commencer et tu suis le mouvement, étant content de prendre congés de tes collègues avec qui tu parlais de la pluie et du beau temps depuis le départ du Studio Photo. Tu traines un peu la pattes, restant derrière le groupe et c’est comme ça qu’ils se mettent tous par deux sans toi. T’es pas dérangé. Team building ou pas, tu vois assez leur têtes tous les jours pour avoir un peu de temps pour toi. Tu te retrouves avec un mec qui est aussi seul que toi et t’as l’impression d’avoir la chance de ton côté parce qu’il est pas dégueu du tout. Il se présente le Owen.

« Andy. »

Tu ne te souviens plus de votre brève rencontre il y a de longs mois. Des mecs que tu dragues dans des bars, y’en a eu des milliers. T’écoutes la meuf qui explique comment la dégustation va se dérouler et ça te fait marrer. A l’aveugle. Sérieusement ? Tu te tournes vers Owen, un sourire amusé aux lèvres.

« C’est assez sensuel comme façon de faire. »

Ton accent espagnol chante légèrement sur tes paroles. T’es content de pas faire ça avec un collègue, encore moins le big boss. Tu prends aussitôt le masque et tu le mets sur tes yeux.

« Allez Owen, choisit bien. Mes sens sont prêts. »

T’as une idée un peu conne, comme souvent, tu la soumets rapidement.

« Si j’aime pas j’ai le droit de te poser une question pour te connaître et je suis pas du genre à demander ta couleur préféré. »

Ca peut être très drôle et tu te dis qu’en fait avec un de tes collègues ça aurait été de bonnes munitions pour la suite de vos journées ensemble. Mais non, ça sera Owen, t’espères qu’il est cool et qu’il va se prendre au jeu même si clairement tu donnes l’impression d’avoir 16 ans.

Visiblement, le partenaire d’Owen ne semblait pas se souvenir de lui puisqu’il se présenta comme si de rien n’était à son tour et surtout, il ne montrait aucun signe qui laissait penser qu’il s’était déjà croisé avant. Certaines personnes ne se sont pas physionomistes et en même temps, leurs échanges avaient été bref et sans trop grande profondeur ce soir-là et aussi, ça commençait à faire un moment. Owen lui gardait en tête quasiment tous les visages qu’il croisait. Il ne les remettait pas forcément tout de suite lorsqu’il les croisait à nouveau mais il savait qu’il les avait déjà vu. Où et quand, ca venait toujours plus tard mais ça venait aussi. La guide explique comment va se dérouler la séance, dégustation à l’aveugle et en duo. « C’est assez sensuel comme façon de faire. » Owen n’avait plus de doute oui, il avait bien tenté de le séduire la première fois qu’il s’était vu et il avait surement oublié que le prêtre n’était pas rentré dans son jeu et cette fois, il recommençait… Owen allait adorer cette activité, c’était sûre… par contre, ce qui était aussi sûre c’est qu’il ne reviendrait plus tout seul ici. La prochaine fois, il viendra accompagné, d’une ou trois personnes, pas deux… non, hors de question qu’il se retrouve à nouveau seul à devoir faire équipe avec un inconnu qui pourrait profiter qu’il ai les yeux bander pour se jouer de lui. Owen avait presque peur de mettre ce masque maintenant. Mais Andy pris en premier le masque et le mis sur ses yeux, ca laissait un peu de répit au prêtre déjà. « Allez Owen, choisit bien. Mes sens sont prêts. » chacune de ses paroles raisonnait bizarrement dans les oreilles d’Owen, ayant cette sensation que chaque mot était choisi pour le mettre mal à l’aise. « T’es sûr que tu vois rien ? » s’assura le prêtre, préférant se concentrer sur l’objectif de cette dégustation et remettre Andy dans le droit chemin. La finalité était de gouter aux vins, pas à autre chose. Owen alla choisir une bouteille sur la table, un vin qu’il pensait que lui-même n’aimerait pas étant trop sucré mais peut être qu’Andy y trouverait son compte. Il servit le verre. « Si j’aime pas j’ai le droit de te poser une question pour te connaître et je suis pas du genre à demander ta couleur préféré. » Quelle fabuleuse idée… les amis d’Andy les regardaient en se marrant. « C’est plus fort que lui… » fit l’une de ses collègues à Owen comme pour l’excuser. Il lui fit un petit sourire sans rien dire et se tourna de nouveau vers son coéquipier. « Va pour ton jeu… » après tout, c’était pas si terrible comme proposition. Pour le moment… « fais attention… » Owen pris la main du jeune homme. « je te donne le verre. » il approcha le verre de sa main pour qu’il puisse le prendre et gouter ensuite. Il espérait ne pas s’être trompé sur le choix du vin et qu’il le trouvera à son gout mais finalement, quelques chose disait à Owen qu’il ne devait pas forcément apprécier le vin, si non, pourquoi proposer un tel jeu ?

Aucune réaction particulière de la part de ton binôme quand tu parles de sensualité, mais ça ne va pas t’empêcher de continuer tes remarques douteuses. Faut s’amuser dans la vie, pas se brider. Même si ce que tu racontes c’est légèrement déplacé. Oui légèrement. T’es un bon gars au fond. T’as juste pas le même humour que certains. Que Owen aussi visiblement.

« Nan je vois rien. »

Que tu réponds quand il te questionne. Tu ne serais pas étonné qu’il en profite pour se barrer. Trop effrayé par ta liberté d’expression. Tu en remets une couche avec un jeu à la con et t’es sûr que Owen a fait une tête bizarre parce que tu entends Josiah qui fait une remarque à tes dépends. Ça te fait marrer. T’as appris à la connaître ces derniers temps et vous rigolez bien tous les deux depuis qu’elle a chopé le wagon de ton sens de l’humour douteux. Depuis le match de basket qui s’est passé beaucoup mieux que tu ne le pensais. Tu la prenais juste pour une quarantenaire qui rêvait de ton corps pendant que son mari et ses poignées d’amours attendait simplement d’elle qu’elle mette le repas sur la table tous les soirs.

« On jouera ensemble Jo ! »

Tu parles à ta collègue alors que Owen accepte de prendre part à l’activité. Bien. Peut-être qu’il est fun après tout. Voilà que le premier verre arrive et un contact se crée entre vous. Tu portes le vin à tes lèvres pour en boire une petite gorgée. Oui. Petite. Tu ne comptes pas finir bourré de cette escapade. Vous allez très certainement continuer la journée dans un bar avec tes collègues et encore pas mal de boissons vont être à l’ordre du jour. Tu restes ce qu’il y a de plus sérieux quand il s’agit du boulot. Tu ne veux pas faire de frasque avec ces gens là. T’as assez de potes pour ça. Toutes tes conneries tu les fais sobre. Ou juste joyeux. Ok tout ça c’est surtout à cause d’une soirée de Noël il y a quelques années. Ils ont eu tellement de dossiers sur toi ce soir là que y en a pour une vie entière. C’est ça de bosser avec des photographes. Ils sont toujours prêt à enchaîner les clichés quand ils sont pas déjà en mode vidéo.

Le vin c’est pas ton truc. Tu ne prends pas le temps de le déguster comme il se doit. Tu avales direct. Comme souvent pour quelques privilégiés. Tu notes quand même que c’est fruité. Tu pourrais tout à fait volontiers te bourrer la gueule avec ce vin. Mais quand bien même c’est pas ce que tu préfères, tu fais une petite grimace pour le marquer.

« Ouais bof. »

Owen va gagner une question. Comme s’il en avait pu en être autrement.

« Et donc ça change vraiment quelque chose de goûter les yeux fermés ? »

Tu parles à qui veut bien te répondre. La femme du vignoble si elle t’entend. Pour l’instant tu trouves juste ça stupide, mais c’est sûrement parce que tu connais absolument rien en vin et t’es pas intéressé. Tu retires ton masque, Owen le beau gosse toujours à tes côtés.

« Owen. »

Tu vas poser ton verre en continuant.

« Quel genre pensées impurs tu as au travail ? »

Choix de mots soft. Tu ne veux pas lui faire trop peur. Clairement une question que tu poseras à Josiah quand vous entamerez une partie de ce jeu d’interrogations ensemble. T’as surtout très envie qu’elle avoue fantasmer sur toi dès que tu franchis la porte de Acton Studio tous les matins.

Pourrait-on parler du cliché du prêtre qui appréciait le vin ? Owen se trouvait parfaitement ridicule de répondre à ce stéréotype et pourtant, oui, il était fier amateur de jus de raisin alcoolisé. Mais, rien à voir avec le fait d’être prêtre à vrai dire. Non, il n’y avait pas de cours d’œnologie pendant sa formation. On ne lui conseillait seulement d’acheter le vin premier prix chez le grossiste du coin pour renflouer la cave de son église, pour servir ce qu’on appelait le vin de messe, le sang du Christ. Et si Jésus savait qu’on lui faisait honneur avec un vin bas de gamme… sacrilège, non ? Mais Owen avait été très surpris en arrivant dans l’Eglise de Redcliff de voir des centaines de bouteilles avec une plus ou moins fine couche de poussière dessus, et là il savait que le vieux Perkins portait bien sa réputation – d’après Evie en fait – qu’il aimait les bonnes choses, l’alcool, le vin en faisant partie et visiblement, il ne s’en cachait pas. Par contre, oui, pour faire plaisir à ces vieux qui ont le privilège de gouter le sans du Christ lors de ses messes, Owen choisissait un vin amer avec un gout peu prononcé. De la piquette. Il en avait presque honte mais le budget n’était pas extensible. Owen lui, aimait le bon vin et il se le gardait pour lui et ses amis.
C’était au tour d’Andy de déguster le vin qu’Owen avait choisi et il attendait avec impatience et un poil d’appréhension la réaction du jeune homme à l’accent sud-américain. « Ouais bof. » Owen soupira discrètement, il savait qu’une mauvaise réaction d’Andy le conduirait tout droit vers une question indiscrète à son égard. « Et donc ça change vraiment quelque chose de goûter les yeux fermés ? » Non, ca n’y changeait sans doute rien mais il semblerait que les organisateurs y trouvent du sens. Il fallait bien qu’ils attirent les clients, il avait aussi un chiffre à faire et faire des dégustations avec des activités en même temps, c’était sans doute plus lucratif.  Andy  retira son masque et le regard qu’il posa sur le prêtre en disait long sur ses intentions. « Owen… Quel genre pensées impurs tu as au travail ? » et là, si le prêtre avait eut du vin dans la bouche, il aurait sans doute tout recracher sur son interlocuteur. « pardon ? » fit il pour gagner du temps. Des pensées impures, vraiment ? Owen eut une ribambelle d’images qui lui défilèrent sous les yeux ne voulant absolument pas penser à tout ça. Il avait fait d’abstinence, vœux de chasteté mais il n’en restait pas moins un homme et parfois, ses pensées s’emballaient et ce même lorsqu’il officiait. « Qu’est ce que t’appelles pensées impures ? » toujours pour gratter quelques minutes, le temps de ficeler une réponse adéquate. « Mon travail ne m’autorise en rien d’avoir des pensées impures quelles-quelles soient… » Le prêtre se saisi à son tour du masque qu’il était prêt à mettre devant ses yeux. « et ma fonction m’oblige à garder une ligne de conduite stricte à chaque moment. Même lors d’une dégustation à l’aveugle. » ce qu’il se trouvait chiant parfois, mais il était loin de tout assumer et si ça se savait… « je suis un homme de foi. » fini-t-il par lacher mais à ce moment même il regrettait déjà, pensant avoir capter la personnalité d’Andy, qui maintenant avait cette information, n’en finirait pas de lui poser bien d’autres questions si mal placées. « On poursuit ? » Owen mis enfin le masque devant ses yeux, le plongeant dans le noir.

T’as du mal à retenir ton large sourire après cette question que tu viens de lui poser. Tu savais que ça allait le faire tiquer mais tu pensais pas à ce point là. C’est priceless. Tu aurais trop kiffé que Lene soit là avec toi pour torturer ce pauvre gars, tout comme vous aviez mis mal à l’aise les deux modèles lors de l’activité peinture sur seins. De bons moments.

Owen te questionne sur le fond de ta question et tu le regardes d’un air entendu. Est-ce qu’il a besoin d’un dessin ? Non. Apparemment pas parce qu’il reprend la parole en parlant de son job. Tu comprends qu’il n’est pas dans le milieu du porno d’après ce qu’il dit. Pour le reste, c’est vrai que c’est pas le boulot le meilleur endroit pour penser au cul, mais personne n’a jamais interdit personne de le faire. Tant que ça reste hors de la vue du boss, tu t’autorises à peu près tout. T’as même déjà baisé dans la petite pièce qui sert de cuisine, salle de repos. T’étais tout seul et puis y’a eu ce gars avec qui t’avais couché y’a quelques semaines. La tentation était trop grande. Il s’est facilement laissé aller, c’était un plaisir. Tu te souviendras longtemps de ce gars là. Même si t’as oublié son prénom.

Tu lèves un sourcil quand il parle de ligne de conduite strict dans son travail. Mais qu’est ce qu’il fait dans la vie ce mec là ? Il est flic ? Juge ? Professeur des écoles ? Il dit qu’il est un homme de foi et tu accentues l’effet d’incompréhension sur ton sourcil levé. Hein ? Un homme de foi ? Genre comme la foi, Dieu et tout ça ? Oh putain de merde. Putain de bordel de merde ! Il est pas sérieux ? Un putain d’homme de foi ! Un moine ! Un curé ! Un archevêque ou tu ne sais quoi encore. Ca se voit sur ta gueule que t’es sur le cul par la nouvelle. Owen veut enchainer l’activité et il met le masque direct sur ses yeux.

« Un homme de foi ! Tu vas pas me faire croire que tu as jamais des pensées interdites ? »

T’aurais du mal à le croire.

« Mais ouais tu vas pas me l’avouer, tu irais en enfer. »

Tu ris doucement. Toi t’es déjà six pieds sous terre avec ce genre de pensée. L’enfer, c’est un allé simple après la mort en ce qui te concerne. Tu vas servir un verre de vin au pif, y’a trop de choix de toute façon. Tu vas le mettre dans la main de Owen.

« Comment t’as trouvé la foi ? »

T'es sérieux quand tu demandes ça. Ca t'intéresse. Tu sais que ça fait une question de plus mais t’ose espérer qu’il se laisse aller à y répondre même hors du jeu établi. Putain qu’est ce que t’aurais aimé que Lene soit là avec toi pour questionner ce type. Enfin, encore faut il qu’il te réponde. C’est franchement pas gagné.

Peut être bien que finalement, Owen serait bien plus tranquille à s’inventer une autre vie quand il croisait des inconnus, surtout lorsqu’il savait qu’il n’allait pas en faire de futurs fidèles amis. Croiser Andy était sans doute un pur hasard et il espérait en réalité que ce soit la dernière fois qu’il le voit. Cette situation était très gênante pour lui. Il se souvenait comme il avait pu aussi être mal à l’aise la première fois qu’ils s’étaient rencontrés dans ce bar. Petit à petit, le voyant si à l’aise et avec ses questions rentre dedans, plus rien n’était surprenant, Andy tentait de le brancher et il n’y avait rien de plus compliqué à gérer pour lui. A la fois, il n’était pas homophobe et il n’était pas non plus intéresser. Mais il avait peur de le froisser et d’être catalogué comme intolérant aussi. Il se trouvait maladroit et bête à la fois de ne pas être capable de le remettre simplement à sa place ce qui pourrait éviter tout malentendu. Mais lâchant qu’il était prêtre, au moins, il ne laissait plus aucun doute paraitre, il espérait pouvoir compter sur le bon sens d’Andy pour qu’il se calme avec lui. Mais quelques choses lui glissaient à l’oreille que ça ne ferait que plus l’exciter et l’amuser. « Un homme de foi ! Tu vas pas me faire croire que tu as jamais des pensées interdites ? » Owen venait de comprendre qu’il avait donner matière à son partenaire pour se jouer encore plus de lui. « Mais ouais tu vas pas me l’avouer, tu irais en enfer. » Owen hocha la tête avec son masque sur les yeux. « C’est ça, je risque d’aller en enfer… c’pas que j’ai pas envie, mais y parait que c’est pas très fun la bas… » ou tout l’inverse selon le point de vue. « Alors, ce vin ? » s’impatienta le prêtre, tentant toujours de ramener l’objectif de cette dégustation au cœur de la conversation. Histoire qu’Andy ne s’éparpille pas plus longtemps. Le prêtre sentie le verre que Andy lui avait mis dans la main. Il pouvait enfin se concentrer sur celui ci. Mais Andy se montrait curieux sur la situation d’Owen. « Comment t’as trouvé la foi ? » et étrangement, Owen avait l’impression que la question était sincère, genres vraiment intéressés. Peut être qu’Andy ne pouvait pas comprendre comment un homme pouvait décider de jurer fidélité au seigneur et renier alors tout autre désir. Le prêtre ne mis pas longtemps à répondre, étant bien conscient qu’il allait sans doute jeter un froid dans la cave mais si c’était un autre moyen de calmer Andy, pourquoi pas. « Mon père est mort. Je suis devenu totalement dépressif. La foi m’a sauvé. » on ne pouvait pas faire plus court. En réalité, c’était plus complexe que ça avec plus d’embuche sur son chemin. Il avait pris tous les raccourcis possibles. « Le seigneur tout puissant m’a ouvert ses bras et sa charité. J’ai compris dans les livres sacrés qu’il n’y avait nulle part ailleurs aussi bon que lui. » et si on le faisait flipper avec ce genre de discours ? « Le Seigneur est notre Dieu tout puissant, il veille sur nous jour et nuit et nous protèges des pêchers. Grâce à lui, je ne suis que meilleur. » il fit une pause, pour reprendre son souffle et enfin goûter au cépage qui attendait depuis un moment qu'Owen ne le goutte. « hm...» le prêtre en faisant des tonnes pour finalement faire la grimace. « le Christ serait bien déçu de savoir quel goût ignoble peut bien avoir son sang sur terre...» et il pourrait être bien déçu de voir Owen se moquer ainsi d'Andy d'autant plus, qu'il avait adoré ce vin là. Il ne manquerait pas de le faire remarquer plus tard au viticulteur. « Donc, c'est à mon tour de te poser une question, n'est ce pas? » Il retira son masque regardant alors Andy. « N'as tu pas à te confesser mon enfant? » c'était quitte ou double. Soit Andy n'en avait rien à cirer du mélo drame que nouait Owen depuis qu'il avait repris le masque et il allait se foutre encore plus d'Owen, soit il allait flipper et il resterait à distance du prêtre au risque de se faire embarquer dans cette secte religieuse.

L'enfer pas très fun, je pense que ça dépend du point de vue, des centres d’intérêt. Quelque chose qui peut être un enfer pour l’un peut être le paradis pour l’autre. Mais tu vas pas réfléchir plus longtemps à ça parce que t’y crois pas vraiment. Quand on est mort, on est mort. Y’a plus rien. Alors autant profiter de la vie tant qu’elle est là et pas s’inquiéter de la suite.

Le verre dans les mains, l’homme de foi répond à ta question et t’es agréablement surpris. T’es habitué à te faire ignorer quand t’es lourd, ça t’aurais pas surpris. Mais non. La conversation va aller plus loin que tes petites remarques de merde par rapport à ce qu’il n’a pas le droit de faire dû à son boulot. Il est honnête. Il s’ouvre carrément à toi avec des trucs assez perso résumé en une courte phrase. Tu le regardes alors qu’il ne peut pas te voir faire à cause du bandeau. Il continue ses explications et tu l’écoutes avec attention. T’es pas mal fasciné par ce qu’il te raconte. C’est genre, incroyable. T’as été élevé dans la religion et ta mère est la personne la plus pieuse que tu connaisses mais ça t’a jamais vraiment touché plus que ça. C’était pas ton truc mais t’as jamais fait le rebel parce que t’aimes ta mère alors des messes t’en as bouffé tous les dimanches, tes communions tu les as toutes faites, mais ça remonte bien loin tout ça. Quand tu étais encore à Bogota.

Tu sens que Owen est à fond dans ce qu’il raconte vu les mots qu’il emploie pour désigner Dieu et la bible. Tu sais pas trop quoi lui répondre suite à tout ça, t’es pas mal impressionné en vrai. Ce mec est à fond. Au moins t’es sûr qu’il aime vraiment ce qu’il fait. T’espères juste qu’il s’en prend pas à des pauvres gosses, comme ça a été le cas pour certains hommes d’églises. Tu ne peux pas t’empêcher de penser qu’il est beaucoup trop sexy pour faire un métier de la sorte. C’est limite indécent comme tentation. Genre y’a pas plus inaccessible que lui dans le monde. Parce que s’il n’était qu’un mec hétéro, ça se détourne du droit chemin. Même un homme marié. C’est faisable. Mais un homme d’église ? Ce serait l’ultime victoire d’en choper un. Mais non. Tu ne vas pas l’emmerder, il est déjà bien cool d’avoir répondu à tes questions avec autant de sincérité.

Tu souris quand il dit qu’il n’aime pas le vin que t’as choisi. Parce que ça veut dire que tu vas avoir droit à une question à ton tour. Il est joueur. Ca te plaît. Tu confirmes que t’as le droit à une question et t’éclates de rire quand il parle de te confesser. Tu l’avais pas vu venir celle là et elle est vraiment bonne.

« Je crois que tes oreilles ne sont pas prête pour ce que j’ai à confesser. »

T’es toujours en train de te marrer à cette question. Ta journée est faite avec ça.

« Mais on ne se confesse que si on a honte de ce qu’on a fait nan ? Bon c’est vrai que y’a quelques trucs que je suis pas vraiment fier mais j’ai réussi à passer au dessus avec le temps. »

Autrement dit, pour que tu en aies honte, c’est quand même du lourd vu ton niveau. Ca te ferait pas trop de mal de te confesser, surtout que ce truc là, t’en as parlé à personne. Ca remonte à plus de 10 ans. Ta mère serait bien contente de savoir que tu t’es confié à Dieu. Malgré tout, tu l’aimes ta mère et faire un truc qui lui ferait plaisir, ça te botte plutôt pas mal. Non c’est pas du tout parce que tu crois un petit peu à ces trucs là au fond. C’est juste pour ta mère.

« Tu me diras où est ton églises et je viendrais me confesser. »

C’est décidé.

Owen avait mal misé ses cartes. Il l’avait pas vu venir celle-là. Il était pourtant certain que son discours allait faire peur à cet Andy, qu’il allait absolument pas accepter sa proposition de confession.  Qu’il allait en avoir assez avec la religion et faut croire que non… « Je crois que tes oreilles ne sont pas prête pour ce que j’ai à confesser. » Oh non, Owen n’était surement pas prêt à l’entendre. Il s’attendait à tout avec lui, sans forcément le connaitre, il avait l’impression d’avoir bien capté le personnage. Du moins, il ne savait plus trop quoi penser en réalité, lui qui était certain qu’il fuirait devant sa question. Même pas… Eh merde. « Mais on ne se confesse que si on a honte de ce qu’on a fait nan ? Bon c’est vrai que y’a quelques trucs que je suis pas vraiment fier mais j’ai réussi à passer au-dessus avec le temps. » Owen allait donc lui préciser que s’il s’était lui-même repenti de ses pêchers, il n’avait pas forcément besoin d’aller jusqu’à la confession, histoire d’être tranquille, de plus l’avoir sur le dos avec ça. Mais il enchaina aussitôt. « Tu me diras où est ton église et je viendrais me confesser. » Il avait l’air si déterminé. Comme si Owen venait de lui proposer de venir choper un harem de dix nanas toutes aussi sexy les unes que les autres. « Hm… » il allait donc encore devoir se coltiner un clown dans le confessionnal ? Et en même temps, il l’avait invité à le faire, sans se douter une seconde qu’il se pointerait jusqu’à son église. « Redcliff… » fit le prêtre ne prenant un verre de vin sur la table, ne se souciant plus de la dégustation. « Messieurs dames, la dégustation va prendre fin. » hein ? Owen regarda les bouteilles sur la table et il n’en avait goûté qu’une seule… Il regarda Andy, qui était au même compte que lui. « A force de trop parler… » ce n’était pas compté dans les règles à la base, cette histoire de questions, réponse. « Je vous invite à rejoindre l’étage où vous pourrez, si vous le désirez, acheter les vins que vous avez pu gouter. » Heureusement qu’Owen n’avait pas payé cette dégustation, contrairement à bon nombre d’autres personnes qui se trouvaient ici. « Du coup, au plaisir… » dit-il assez dépité de ce duo à vrai dire. Il ne doutait pas un instant qu’Andy était un mec sympa mais c’est juste que ça ne collait pas forcément entre eux. Peut être qu’Owen aimait les personnes plus subtiles, plus discrètes aussi. Il monta à l’étage supérieur et s’en alla sans même acheter une bouteille.