Mes doigts effleurèrent le grain léger du papier, laissant voguer mon esprit à travers les âges. Aussi loin que je m'en souvienne, j'avais toujours ressenti une émotion particulière au toucher du papier, à la lecture d'un ouvrage, quelque chose d'indescriptible. J'étais ce petit garçon qui préférait s'isoler dans les rayons de la minuscule bibliothèque que la maîtresse avait installée dans la salle de classe, qui n'aimait pas être dérangé - et qui savait aisément le faire comprendre, plutôt que de participer à des jeux de billes sans intérêt. Avec les livres, je voyageais. Je découvrais. J'apprenais. Je m'intriguais. Plus encore que mes parents, aussi bonne ait été leur éducation à mon égard, les livres m'ont fait grandir, mûrir. Et puis, comme une implacable logique, c'est à l'adolescence que je me mis à l'écriture ; quelques mots timides sur le papier coloré d'un journal intime qui n'en était pas un, des devoirs d'école sur des sujets imposés, des idées fugaces de projets inaboutis... puis, avec le temps et l'expérience, des mots percutants dans un carnet d'inspirations, des dissertations passionnées sur l'art, sur l'histoire, des articles engagés dans des revues professionnelles spécialisées et, dans une autre dimension, notre douce correspondance. Comme les livres qui m'eurent fait mûrir, les lettres d'Evie avaient gracieusement nourri mon esprit, lui octroyant quelques instants de flottement, d'apesanteur, dans l'épaisse fumée noire qui l'entourait depuis des mois. Je me souvenais encore des les lignes qui se mêlaient, des arabesques qui s'entrecroisaient. Et de ses mots, d'une justesse et d'une délicatesse à en faire pâlir Austen, Flaubert, Shakespeare, Zola, Balzac et bien d'autres. À la réflexion, j'aurais parié qu'elle n'avait guère conscience du poids de ses mots à une époque où tout était flou pour moi. Au fond, je restais persuadé que nos échanges épistolaires m'avaient aidés à avancer. La volupté de sa plume, la sincérité de ses propos ... tout ça m'avait mis un coup de pied aux fesses, en quelques sortes, en apportant de la lumière à ce monde noirci par des erreurs passées. Je devais beaucoup à celle que j'avais coutume d'appeler, intérieurement, mon héroïne des temps modernes. Une moue agacée s'afficha sur mon visage. Comment avais-je pu être à ce point inconstant, lors de nos retrouvailles ? La surprise, la joie et l'appréhension, mêlées à une pointe de mélancolie, s'étaient emparés de moi dans un tourbillon d'émotions que j'avais été incapable de contrôler. Heureusement, et en dépit de tout bon sens, Evelyn avait laissé la porte de notre relation, si fragile, entrouverte. Quittant mes pensées pour de bon, je m'engageai désormais dans l'action. Je repliai en deux le papier que j'effleurai depuis de longues minutes, préparé comme une ode à notre désormais révolue correspondance, et accostai un passant. « Monsieur ? Excusez-moi, puis-je vous demander un service ? » L'homme, plus jeune que moi, avait visiblement bien mieux à faire que d'écouter un inconnu. Il leva la main pour écourter ce qu'il croyait être une approche commerciale, mais j'avortai son départ en poursuivant innocemment : « Vous voyez les bureaux, là-bas ? » Je pointai du doigt l'immeuble juste au coin de la rue, celui où se tenaient les bureaux de la néo-zélandaise, à quelques pas à peine de la galerie où nous nous retrouvés - puis quittés - la veille. « Pourriez-vous déposer cette lettre à la gérante, s'il vous plaît ? C'est une surprise, je vous en serais vraiment reconnaissant. » Après une seconde d'hésitation, l'homme finit par céder. Je l'observai se diriger vers ces fameux bureaux, y entrer, en sortir, et me rejoindre. « Bien joué mec, elle est canon. » avoua-t-il, tout sourire, avant de reprendre le cours de sa vie. Un rictus amusé creusa une légère fossette sur ma joue droite, que le stress combla presque aussitôt. À l'autre bout de la rue, j'espérais apercevoir Evelyn sur le perron, curieuse de découvrir ce que signifiaient les quelques mots empruntés et griffonnés sur le papier qu'un inconnu venait de lui livrer :
Code:
"C’est à une fête infinie que nous invitent les plus humbles choses - les fruits comme les pierres, les herbes comme les astres - et il nous faut, pour en jouir, apprendre ce toucher immédiat de l’esprit dont les peintres ont le privilège."
Parce que l'immensité des terres qui nous séparaient quand nous habitions aux deux bouts de ce vaste univers n'était qu'un détail comparé à la maladresse dont j'ai su faire preuve hier, j'ai à coeur de me rattraper.
Et si donner vie à nos sages calligraphies dans cette galerie était un premier pas vers une fête infinie, alors, je ferai le second.
Si tu veux m'en laisser la chance, je t'attends sur le trottoir d'en face. (et je suis sûrement très mal à l'aise)
ÂGE : 35 ans (03.09.1989) SURNOM : alma est à peine utilisé par son entourage qui s’obstine à l’appeler lola depuis sa plus tendre enfance. c’est comme ça qu’elle jauge la valeur qu’elle a dans le coeur des gens qui se trouvent en face d’elle. lorsqu’on l’appelle alma, ça la met en alerte, et elle reste sur ses gardes STATUT : elle compte ses années de mariage comme d’autres comptes leurs années de captivité. ils en sont à six avec jake, et pourtant elle a le sentiment d’en avoir subi davantage. ça aurait pu s’adoucir depuis qu’elle est devenue maman : c’est pire, bien pire encore MÉTIER : récemment promue nouvelle directrice artistique des bijoux du géant de la joaillerie, michael hill, elle a travaillé longtemps au sein de l’entreprise en tant qu’acheteuse de pierres précieuses. elle garde un pied dans ce domaine aujourd’hui, assumant fièrement sa double casquette, ne tenant pas en place, plus que jamais motivée à redorer le blason de cette maison à laquelle elle tient malgré la réputation sulfureuse qui la précède LOGEMENT : #99 st pauls terrace, spring hill, dans une villa de type hacienda construite juste après son mariage. elle aimerait sans doute cette maison si elle n’avait pas autant l’allure d’une cage ; son mari y est heureux, leur fille aussi, mais le sentiment n’est pas partagé, de ce fait elle la fuit dès qu’elle le peut POSTS : 10419 POINTS : 620
TW IN RP : accident de la route, délit de fuite, mensonges, manipulation, jeux de pouvoir, chantage, mention d’alcoolo-dépendance, mariage plus ou moins arrangé, déni de maternité (j’adapte mes rps sans problème, contactez-moi si besoin) GENRE : Je suis une femme ORIENTATION : Ça ne m'intéresse pas. PETIT PLUS : cubaine par sa mère ◦ nepo-baby ◦ ex-employée chez vogue australia, surtout ex-assistante de son éditorialiste phare, nicole greene, sa tante ; cousine de micah tomlinson ◦ carnet d’adresses aussi précieux que les pierres qu’elle déniche depuis 8 ans pour le compte de la mhi ◦ as des codes sociaux, pas contre d'utiliser son physique pour atteindre ses objectifs, adepte de l’opportunisme et de la manipulation ◦ épouse par dépit, mère par obligation ; n’aime pas son mari, déplore la naissance de leur fille, claudia ◦ alcoolo-dépendance tapie entre ses mensonges, sa culpabilité et son déniDISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #7AA1D2 RPs EN COURS :
GREEDE ◦ so when i touch down call the amateurs and cut 'em from the team ditch the clowns get the crown baby i'm the one to beat cause the sign on your heart said it's still reserved for me honestly who are we to fight the alchemy?
MALONE ◦ what if i roll the stone away? they're gonna crucify me anyway what if the way you hold me is actually what's holy? if long-suffering propriety is what they want from me they don't know how you've haunted me so stunningly
JAKE ◦ i would've died for your sins instead i just died inside and you deserve prison but you won't get time you'll slide into inboxes and slip through the bars you crashed my party and your rental car (scénario libre)
Il y avait des moments où Evelyn se languissait de la présence de son assistant, Neal. Ça dépassait le stade du besoin d’un soutien professionnel infaillible comme le sien. Car même si elle lui reconnaissait des talents d’annihilateur de pression, de bout en train salvateur, une dimension plus intime et personnelle s’était crée entre eux au fil du temps, le rendant plus enclin que quiconque à s’occuper des fois où la frustration d’une situation donnait irrémédiablement envie à la jeune femme de se laisser aller de bien des façons. Aujourd’hui était un jour où elle aurait eu besoin de son épaule robuste et de la tiédeur de sa paume contre sa joue pour lui permettre d’accuser le coup. La veille avait été un désastre à ses yeux. Quand elle avait quitté Marius pour héler le taxi qui l’avait ramené chez elle, un sentiment cuisant d’échec personnel avait fini par la garder alerte une bonne partie de la nuit. Les restes de wedding cake qu’elle avait réservé au frais pour Chad n’avaient pas tenu la distance, et elle s’était finalement endormie avec une cuiller en travers du visage, du sucre cristallisé au bord des lèvres. Elle se reconnaissait des difficultés à envisager la spontanéité comme un comportement à adopter pour arriver à ses fins, aussi pour une fois qu’elle avait dérogé à sa propre ligne de conduite pour répondre à ce besoin immédiat de contact humain, elle avait eu l’impression de ne pas suffisamment maîtriser la manœuvre pour paraître crédible aux yeux de l’homme qu’elle avait cherché à surprendre. La spontanéité, la vraie, était une forme détournée d’art dans lequel elle excellait bien moins que ses sœurs, de quoi lui créer des complexes que seuls un passage chez le psy lui permettrait d’enterrer, et encore. La réaction de Marius avait été pénible à endurer et impossible à démêler lorsqu’elle avait essayé de se rejouer le film de cette soirée éprouvante qu’elle avait passée en sa compagnie. Elle s’était demandé si elle ne s’était pas montrée trop pressante en le mettant ainsi devant le fait accompli ; elle connaissait ses réticences aux contacts, sa réputation d’homme solitaire et taciturne le précédant. Seulement, elle avait tellement appris de lui en lui écrivant, confirmant que les on-dit n’étaient pas une source fiable de renseignements, et qu’en plus, ils rendaient rarement justice à qui que ce soit, et surtout pas à Marius Warren qui ne méritait pas qu’on le caste dans une catégorie aussi injuste que celui du professeur passionné par son travail uniquement. A ses yeux, il avait toujours été bien plus qu’une réputation. Mais peut-être s’était-elle méprise, en définitive.
Non, elle ne pouvait pas prétendre qu’une seule soirée ratée avait radicalement changée la façon dont elle le percevait. Et en vérité, tout ce sur quoi elle avait réussi à s’arrêter, ruminant son comportement autant que celui de la personne qui occupait toutes ses pensées depuis, c’était ces quelques instants où il avait paru sincèrement ravi de la revoir après tout ce temps. Comme il l’avait tenu dans ses bras pour lui rendre l’étreinte avec laquelle elle avait accueilli son avancée vers elle, la pression de ses doigts sur ses omoplates qu’il avait frôlé quelques fois pour accompagner son chemin vers la découverte progressive des œuvres dont il était le créateur par procuration. Soudain, elle secoua la tête, faisant riper le crayon à papier qu’elle tenait entre ses doigts, et transformer la croix qu’elle venait de tracer dans sa liste des taches en une forme abstraite et dégoulinante. La fatigue se faisait ressentir, et puisque la tache dans laquelle elle s’était lancée s’avérait des plus mortifères, elle perdait le fil de ses pensées avec une régularité singulière. Les noms d’une bonne centaine d’inconnus s’étalaient sous ses yeux, se mélangeant parfois pour ne devenir qu’un ramassis de lettres qui s’entrechoquaient dans son champ de vision, alors elle lâcha son crayon, le repoussant le plus loin possible avec le bout de ses doigts. Elle avait besoin d’une pause. Déchaussant ses lunettes de travail pour cligner plusieurs fois des paupières, et soulager la pression éreintante qui pesait sur ses paupières subtilement maquillées, elle laissa un soupir s’échapper de ses lèvres.
« Madame ? » Elle se laissa surprendre par la présence d’un jeune homme qu’elle n’avait pas entendu rentrer dans son agence, et qui lui tendait un bout de papier par-delà le comptoir derrière lequel elle se tenait, assise sur un haut tabouret. Elle le regarda lui, puis le morceau de papier qu’elle entreprit de déplier soigneusement une fois qu’il le lui remit « C’est l’homme de l’autre côté de la rue qui m’a demandé de vous le remettre. » Evie fronça subrepticement les sourcils, opinant du chef pour accueillir sa révélation et le remercier en même temps. Elle n’avait même pas besoin de lire ce qui était inscrit sur ce petit billet, la calligraphie qui lui sauta aux yeux lui permettait de savoir qui était le mystérieux rédacteur de ces quelques lignes qu’elle lut avec un sourire en demi-teinte. Elle avait fait de la calligraphie son domaine d’expertise pour des raisons vastes, la première étant que dans une simple phrase rédigée à la main, l’on pouvait déceler une intention et un état d’esprit. Marius avait sorti sa plus belle plume pour coucher ses pensées sur le papier – penchées, ses lettres étaient pourtant tracées avec la poigne d’un homme qui avait l’habitude d’user de sa rhétorique pour faire valoir son précieux avis, et sa poésie n’était pas forcée. Elle lui avait toujours envié cette façon si particulière de faire rimer ses pensées avec les mots qu’il lui écrivait. Grâce à ça, elle s’était sentie à de maintes fois plus proche de lui que n’importe qui d’autre, et parce que ça comptait pour elle, elle se leva de son tabouret pour vérifier s’il était vraiment parqué de l’autre côté. Il l’était. Dans toute sa stature d’homme important, les mains maladroitement fichées dans les poches de son pantalon, sans perdre pour autant l’élégance instinctive qui le rendait plus fascinant qu’il ne l’imaginait sans doute. Mal à l’aise, avait-il écrit. Il devait l’être, mais il parvenait à plutôt bien le cacher à cette distance. Pendant une fraction de seconde, Evelyn hésita. Encore sous le coup de cette demi humiliation qu’il lui avait involontairement fait subir la veille, elle se demanda si elle était prête à retenter l’expérience. La question ne se posait pas. Elle tourna les talons, se soumettant au panorama de sa vitrine pour se diriger vers l’extérieur de son agence, et glissa le billet qu’elle avait relu plusieurs fois dans sa poche de poitrine de son chemisier légèrement transparent.
Le bruit de ses talons résonnant sur les pavés de son coin de paradis, elle dépassa le trottoir de son côté de la rue pour rejoindre celui de Marius. Une légère brise faisait virevolter les petits cheveux échappés du chignon tressé qu’elle avait adopté comme preuve incontestée de sa coquetterie, et les frissons qui lui fit croiser les bras sur sa poitrine n’étaient pas uniquement dus au changement notoire de température devant lequel elle ploya volontiers. Pourtant, prudence est mère de sûreté, et se remémorant la façon avec laquelle Marius avait parfois réagit à ses démonstrations d’affection, elle se garda de faire un pas supplémentaire quand elle arriva près de lui. En fait, elle resta sur la portion de route qui les séparait, au bas du trottoir sur lequel elle ne grimpa pas, lorsqu’elle lui dit avec un sourire en biais « Tu devrais faire attention, je pourrais prendre l’habitude de me faire livrer quotidiennement des petits billets comme celui-ci. » Du bout de son index et de son majeur, elle extirpa le petit mot qu’elle avait glissé dans sa poche pour le lui agiter doucement sous le nez, puis pencha la tête sur le côté, avant de le ranger précieusement de nouveau, et de lui demander en le regardant fixement « Comment vas-tu ? »
they said the end is coming, everyone's up to something, i find myself running home to your sweet nothings. outside, they're push and shoving, you’re in the kitchen humming, all that you ever wanted from me was sweet nothing.
Rares étaient les fois où mon éternelle assurance se trouvait ébranlée. À ce jour, si je comptais ces désagréables instants sur les doigts d'une main, Evelyn en occupait deux à elle seule. Il y avait, bien entendu, nos retrouvailles de la veille où j'avais oscillé entre l'indicible joie de briser la distance qui nous paralysait depuis deux années et l'incommensurable angoisse que cela avait généré. Comme le déroulé d'un crime parfait, j'avais mis un point d'orgue à rendre cette soirée difficilement supportable, tant pour l'un que pour l'autre, ébranlant incontestablement la douceur espérée de ce moment. C'était avec un goût amer que cette soirée précocement avortée s'était tournée vers une longue nuit blanche à ruminer, à gribouiller, à tenter de poser les mots justes sur un papier que j'aurais souhaité plus spontané. Ainsi vint l'aube du second déséquilibre, sans doute le pire, de mon assurance que bon nombre se plaisait à critiquer - mon frère en tête de liste. De l'autre côté de la rue, comme un enfant puni qui craindrait que ses excuses ne soient à la hauteur de son pêché, j'attendais nerveusement. Les mains dans les poches, puis dehors, à tapoter furtivement sur mes cuisses, le souffle irrégulier, les joues pincées, le regard fuyant, puis soudainement fixe. J'oublis une bouffée d'oxygène lorsque j'aperçus la silhouette élancée, d'une élégance condamnable, de la femme qui n'avait cessé d'occuper mes pensées toute la nuit durant. Derrière la vitrine moderne et précise, à son image, de l'agence qu'elle avait fièrement créée, je crus percevoir une once d'hésitation qui m'étourdit davantage. Si je craignais qu'elle me pardonne difficilement mon comportement de la veille ou, pire encore, que rien ne soit plus jamais pareil, je n'avais toutefois pas envisagé qu'elle ne me rejoigne pas. Le déni, certainement. Le temps de ces quelques interminables secondes, je crains alors de quitter la peau de l'homme intellectuel, sûr et déterminé pour le quadra désemparé sous la fenêtre d'une Juliette qu'il s'était créée de toutes pièces. Puis, comme un petit coup de pouce du destin, je l'observai passer le perron de la porte pour me rejoindre de l'autre côté de la rue. Retenant un large mouvement ascendant des coins de ma bouche pour un sourire plus retenu et le plissement de mes yeux clairs, je ne pus lui cacher une certaine admiration. « Tu devrais faire attention, je pourrais prendre l’habitude de me faire livrer quotidiennement des petits billets comme celui-ci. » Du chemisier vaporeux qui lui seyait à ravir, elle extirpa ma dernière lettre et l'agita sous mon nez. « Ce serait tout à fait déraisonnable. » plaisantai-je en luttant, de crainte qu'elle n'ait un mouvement de recul, contre l'envie de l'enlacer. « Comment vas-tu ? » Mes yeux plissés s'arrondirent face à la potentialité d'une réponse partiellement honnête. « Bien, très bien. » lançai-je machinalement, sans la moindre conviction, avant de poursuivre : « Pas vraiment, en fait. » Ma main vint se loger sur ma nuque, la frottant nerveusement. Le malaise entre nous était perceptible et s'il y avait bien une chose pour laquelle j'étais pitoyable, c'était de remettre une relation bancale sur les rails. Je soupirai et d'un sourire toujours aussi crispé, je réduis considérablement la distance que ce foutu trottoir mettait entre nous en tendant la main à Evelyn pour qu'elle y grimpe. Le coeur battant, j'éprouvai un nouveau soulagement quand elle accepta cette infime, pour ne pas dire imperceptible, tentative de rapprochement. Sans commune mesure avec les femmes qui avaient, ou qui faisaient encore, partie de ma vie, Evelyn avait toujours joué hors catégorie. Et aujourd'hui, plus que jamais, je ne parvenais à mettre un mot sur les sentiments, parfois incohérents, qu'elle déclenchait en moi. Une chose était sûre : en l'espace de deux ans et de quelques dizaines de lettres échangées, elle était parvenue à faire voler en éclats des certitudes que la trahison puis la disparition d'Alice avaient ancrées en moi, comme celle d'oser re-faire confiance. J'avais confiance en Evie ; en sa sincérité, en sa loyauté, et j'étais prêt à redoubler d'efforts pour mériter la sienne. « Excuse-moi encore pour hier, c'était étrange. Enfin, je veux dire ... j'étais vraiment content de te retrouver, je, je le suis. Vraiment. » Mes sourcils froncés enterraient le moindre doute quant à la sincérité de mes propos. « J'ai été maladroit. » Un aveu clair et concis, quand bien même teinté d'une once d'agacement. « Tu sais, je suis plus à l'aise à l'écrit, caché derrière mon bouclier de papier. La déchirer d'un coup, d'un seul m'a perturbé. Tu m'as perturbée. » D'un regard fixe que j'aurais parié être incroyablement gênant, je fis preuve d'une rare franchise sentimentale. Sentant le stress d'une situation qui m'était tout à fait étrangère monter en moi pour former, petit à petit, une boule dans mon estomac, je m'empressai d'achever mon discours. D'un air nerveusement rieur, je pointai la lettre pliée dans sa poche de chemise du bout des doigts. « J'ai pas envie qu'on perde tout ça, ce qu'on a construit dans nos échanges. » C'est clairement ce que j'avais craint de nos retrouvailles ; que celles-ci entachent la relation si particulière que nous avions créée, à laquelle j'étais visiblement encore plus attaché que prévu. « Mais la nuit porte conseil, et me voilà devant toi. Si cette lettre était la dernière, alors je m'en réjouis, parce que ce sera l'occasion de venir te chercher directement au bureau. » J'haussai les épaules, le regard soudainement assombri par l'éventualité d'un refus catégorique de sa part face à l'éventualité de prochains rendez-vous ensemble. « Enfin, si ça te tente. » achevai-je avec une inquiétude aisément perceptible.
Spoiler:
"(...) elle s’était finalement endormie avec une cuiller en travers du visage, du sucre cristallisé au bord des lèvres."
Evie est trop parfaite
Alma Barton
le bonheur illusoire
ÂGE : 35 ans (03.09.1989) SURNOM : alma est à peine utilisé par son entourage qui s’obstine à l’appeler lola depuis sa plus tendre enfance. c’est comme ça qu’elle jauge la valeur qu’elle a dans le coeur des gens qui se trouvent en face d’elle. lorsqu’on l’appelle alma, ça la met en alerte, et elle reste sur ses gardes STATUT : elle compte ses années de mariage comme d’autres comptes leurs années de captivité. ils en sont à six avec jake, et pourtant elle a le sentiment d’en avoir subi davantage. ça aurait pu s’adoucir depuis qu’elle est devenue maman : c’est pire, bien pire encore MÉTIER : récemment promue nouvelle directrice artistique des bijoux du géant de la joaillerie, michael hill, elle a travaillé longtemps au sein de l’entreprise en tant qu’acheteuse de pierres précieuses. elle garde un pied dans ce domaine aujourd’hui, assumant fièrement sa double casquette, ne tenant pas en place, plus que jamais motivée à redorer le blason de cette maison à laquelle elle tient malgré la réputation sulfureuse qui la précède LOGEMENT : #99 st pauls terrace, spring hill, dans une villa de type hacienda construite juste après son mariage. elle aimerait sans doute cette maison si elle n’avait pas autant l’allure d’une cage ; son mari y est heureux, leur fille aussi, mais le sentiment n’est pas partagé, de ce fait elle la fuit dès qu’elle le peut POSTS : 10419 POINTS : 620
TW IN RP : accident de la route, délit de fuite, mensonges, manipulation, jeux de pouvoir, chantage, mention d’alcoolo-dépendance, mariage plus ou moins arrangé, déni de maternité (j’adapte mes rps sans problème, contactez-moi si besoin) GENRE : Je suis une femme ORIENTATION : Ça ne m'intéresse pas. PETIT PLUS : cubaine par sa mère ◦ nepo-baby ◦ ex-employée chez vogue australia, surtout ex-assistante de son éditorialiste phare, nicole greene, sa tante ; cousine de micah tomlinson ◦ carnet d’adresses aussi précieux que les pierres qu’elle déniche depuis 8 ans pour le compte de la mhi ◦ as des codes sociaux, pas contre d'utiliser son physique pour atteindre ses objectifs, adepte de l’opportunisme et de la manipulation ◦ épouse par dépit, mère par obligation ; n’aime pas son mari, déplore la naissance de leur fille, claudia ◦ alcoolo-dépendance tapie entre ses mensonges, sa culpabilité et son déniDISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #7AA1D2 RPs EN COURS :
GREEDE ◦ so when i touch down call the amateurs and cut 'em from the team ditch the clowns get the crown baby i'm the one to beat cause the sign on your heart said it's still reserved for me honestly who are we to fight the alchemy?
MALONE ◦ what if i roll the stone away? they're gonna crucify me anyway what if the way you hold me is actually what's holy? if long-suffering propriety is what they want from me they don't know how you've haunted me so stunningly
JAKE ◦ i would've died for your sins instead i just died inside and you deserve prison but you won't get time you'll slide into inboxes and slip through the bars you crashed my party and your rental car (scénario libre)
La nuance tranchante entre les deux réponses consécutives de Marius fit graduellement baisser la tête à Evelyn. Entrouvrant légèrement la bouche, elle ne sut pas si c’était pour laisser échapper le petit rire nerveux qui lui monta dans la gorge, ou pour faire évacuer le soupir las qu’elle retint finalement. S’apprêtant à croiser les bras sur sa poitrine pour contrer la légère brise qui lui donna la chair de poule, elle interrompit son geste lorsqu’il lui tendit la main, exactement comme il l’avait fait la veille. Il lui avait alors demandé si elle lui faisait confiance. Refusant de lui répondre sur le moment, elle s’était retranchée dans son ego blessé pour admettre sa défaite et battre en retraite comme la jeune femme bien élevée, et un peu lâche, qu’elle était. Relevant le menton et croisant son regard soucieux, elle prit conscience qu’elle ne pouvait pas réitérer son affront. Il était venu ici sans qu’elle ne lui demande, prêt à se faire pardonner sa réaction avec un courage qu’elle lui reconnaissait avec beaucoup d’admiration et de respect. A sa place, elle n’aurait sans doute pas été suffisamment audacieuse pour prétendre au pardon, peu rassurée à l’idée de perdre le contrôle alors qu’elle se savait en tort. Marius avait le mérite de mettre son amour propre de côté pour rattraper une erreur qui ne lui incombait pas totalement, puisqu’Evie le savait pertinemment : si elle n’avait pas été aussi bornée quant au fait de garder la main dans ce jeu qu’elle avait lancé aux dépens du jeune homme, les choses ne se seraient pas déroulées de cette manière. Mais peut-être que rien ne se serait passé non plus, et ils seraient restés chacun de leur côté de la ville, à se cacher derrière des mots et des arabesques par crainte de décevoir l’autre dans la vraie vie.
Sur son petit bout de bitume, elle laissa une longue minute s’égrener, la main en suspens près de celle de Marius. Puis la tension dans ses doigts commençant à les faire légèrement vaciller, elle accepta de la lui attraper, et de grimper sur ce trottoir dont la hauteur relative lui donna une perspective plus évidente pour quelqu’un de sa taille. Repoussant une fine mèche de cheveux du bout des doigts, elle lui adressa un sourire intimidé, et croisa les chevilles pour ne pas perdre l’équilibre sur ses chaussures à talons – elle connaissait sa maladresse, et n’était pas à l’aise avec l’idée de se vautrer en pleine rue ; une fois suffisait, et quelque chose lui disait que sa propension à la chute serait moins comique qu’en présence de Matteo. Debout face à Marius, dont la main s’attarda dans la sienne tandis qu’il continuait de parler, elle roula doucement les lèvres pour se donner bonne contenance. Ce n’était pas évident en l’observant, campée sur ses pieds élégamment croisés, mais à l’intérieur, elle se liquéfiait. Pas seulement à cause de la réverbération du soleil dans le regard de l’homme charmant qui la couvait des yeux, ou de la subtile fragrance que la brise diffusait gracieusement dans sa direction, et qui émanait du col entrouvert de sa chemise – encore que, elle n’aurait pas parié sur tout ça, plutôt de bonne foi quand il s’agissait d’admettre que Marius avait une quantité innombrable d’atouts à envier. Mais la vérité, c’était qu’être à découvert, à quelques mètres de bâtiments avec pignon sur rue l’indisposait autant que les meetings télévisés auxquels elle avait été forcée de participer durant toute son enfance, engoncée dans des tenues à l’opposée de ses goûts, et choisie par la matriarche.
« Eh bien, ça arrive aux meilleurs d’entre nous. » lui répondit-elle néanmoins à propos de sa maladresse, tachant de passer un peu de pommade sur l’agacement notable dans le son de sa voix. La veille, elle n’aurait pas hésité à tendre la main pour lisser la boutonnière de sa chemise dans une démonstration manifeste de son affection, mais aujourd’hui, elle ne fit rien, et rongea son frein avec un calme presque surjoué. Elle le regarda un court instant, clignant des yeux en comprenant que c’était effectivement sa précipitation qui l’avait rendu patraque à mesure que la soirée se déroulait. Il lui semblait s’être déjà excusée à ce moment-là, mais face à tant de bonne volonté de la part du jeune homme, elle ne pouvait décemment pas ne pas se plier de nouveau à l’exercice de son côté. Elle s’humecta prestement les lèvres, avant de dire entre deux bribes de phrases qu’il ajouta « Et je suis désolée de t’avoir forcé à sortir de ta zone de confort. J’ai été aussi maladroite que toi, mais… » Il la prit de court, et elle n’eut pas besoin de réfléchir à la réponse qu’elle lui accorda sans s’appesantir sur la meilleure forme à utiliser, bien qu’elle opinait du chef « Je sais, mais il n’a jamais été question de perdre quoi que ce soit. Plutôt de faire changer un peu les choses, de rendre la barrière du papier moins frustrante à supporter. » Le terme de frustration dépassa trop vite le seuil de ses lèvres, et cet électrochoc avec lequel elle s’autogratifia lui fit récupérer sa main, toujours laissée aux soins de Marius, et décroiser les chevilles pour descendre du trottoir. Elle prit une grande inspiration, puis fermant les yeux, elle lui proposa précipitamment « Tu veux bien entrer, s’il te plaît ? » L’attention qu’on portait sur elle à l’époque, la pauvre petite fille qui avait perdu son père en direct à la télévision, lui avait donné des sueurs froides. Aujourd’hui, de retour entre les murailles de cette ville qui l’avait couvée jusqu’à son envol, elle était persuadée d’une chose : « Les murs ont des oreilles quand on s’appelle Pearson. » fit-elle alors, pour expliquer son besoin soudain d’intimité – la curiosité d’autrui, reléguée au rang de discipline olympique par les férus de réseaux sociaux, ne jouerait pas à leur avantage si quelqu’un les surprenait dans cette conjoncture ; quelque part au-dessus de sa tête, planait la menace d’une certaine presse, et des tentatives de Celie de faire parler d’elle. Surtout, elle se sentirait nettement moins anxieuse dans un environnement où elle se savait totalement en sécurité – entre les murs d’un endroit qu’elle avait quasiment battit de ses mains, et qui rendait moins effrayante la perspective de s’épancher. Evelyn rouvrit les yeux, chassant une nouvelle fois une mèche échappée de sa coiffure, elle tourna la tête vers Marius, et lui tendit la main à son tour.
Spoiler:
Maiiiiiis l’encourage pas dans le pathétique
they said the end is coming, everyone's up to something, i find myself running home to your sweet nothings. outside, they're push and shoving, you’re in the kitchen humming, all that you ever wanted from me was sweet nothing.
La troisième. Ce n'était que la troisième fois que je me trouvais face à Evelyn et sa prestance naturelle, son regard profond et ses petites manies d'adepte du contrôle me déstabilisaient autant que la crainte d'avoir fait valser le semblant de relation réelle que nos retrouvailles avaient laissées transparaître. Mais à l'inverse de la veille, il me manquait une qualité essentielle : la spontanéité, celle-là même qui avait rayonnée lors du premier regard que nous nous étions échangés et qui, en dépit de toute émotion, s'était évaporée au fil de la soirée. « Eh bien, ça arrive aux meilleurs d’entre nous. » J'aurais pu m'excuser des dizaines de fois que cela n'aurait rien changé à la tournure des évènements ; aussi tendre eut-été mon enfance, j'avais toujours fait preuve d'une effroyable irrégularité sentimentale. Entre mes ressentis et le message que je m'autorisais à diffuser aux autres, il y avait tout un monde, et cela m'avait valu de nombreuses désillusions. C'était une des raisons pour lesquelles je tenais tant - et peut-être plus que de raison, à la relation épistolaire que nous avions créée : elle était vraie, sincère, sans détour. Les mots étaient rigoureusement étudiés, précisément choisis. Ils parlaient pour eux-mêmes, sans la double lecture qu'un langage non verbal aurait exigé. D'une certaine manière, cela m'avait épargné de nombreux efforts dont j'avais finalement payé le prix à la galerie d'art. « Et je suis désolée de t’avoir forcé à sortir de ta zone de confort. J’ai été aussi maladroite que toi, mais… » Je grimaçai, refusant catégoriquement qu'elle partage la culpabilité de cette pathétique fin de soirée dont j'étais l'auteur unique. Je soupirai, projetant mon regard au sol, tandis que mes mains fermées en deux poings se cachaient profondément dans les poches de mon jean. Si cela avait été possible, mon corps tout entier se serait caché dedans. « Je sais, mais il n’a jamais été question de perdre quoi que ce soit. Plutôt de faire changer un peu les choses, de rendre la barrière du papier moins frustrante à supporter. » Je relevai soudainement le regard, espérant trouver dans son regard, dans ses paroles, une lecture claire de la frustration qu'elle venait d'évoquer et qui la fit radicalement changer d'attitude. « Tu veux bien entrer, s’il te plaît ? » Son regard étonnamment fuyant et la distance qu'elle venait d'instaurer entre nous n'augurait rien de bon. Je fronçai les sourcils, aussi immobile qu'une statue de marbre, et l'observai sans comprendre un traitre mot de ce qu'il se passait. « Les murs ont des oreilles quand on s’appelle Pearson. » Mes yeux clignèrent nerveusement, cherchant la réponse dans le vide, et je répondis de manière automatique. « Je te suis. » J'appuyai cette affirmation en inclinant plusieurs fois la tête, comme pour m'auto-convaincre qu'il s'agissait d'une bonne idée. Mes mains quittèrent leur refuge pour venir lever brièvement leurs paumes vers le ciel et retomber bassement sur mes cuisses. Je soupirai, inquiet de comprendre que de toute évidence, Evelyn n'était pas à l'aise à l'idée d'être repérée dans la rue en ma compagnie. Mon égo en fut ébranlé, et c'est sans grand espoir que je traversai la route pour gagner les bureaux de son agence. Des bureaux résolument modernes, dont la douce clarté des murs se révélait par la chaleur de la décoration naturelle de son comptoir en bois, d'un haut tabouret sur lequel j'imaginais Evelyn calligraphier les projets de mariage de ses clients, et d'autres éléments qui lui correspondaient complètement. Je retrouvais de nombreux détails qu'elle avait pris soin de me conter par écrit. « C'est exactement comme je l'imaginais. C'est tellement toi, en fait. » Une constatation qui fit naître un rictus sur mon visage, aussitôt effacé par le souvenir du repli que nous venions d'opérer. « Dis moi, ce n'était pas le bon moment ? » lui demandai-je à demi-voix, tournant légèrement ma main droite en direction de la rue. Je cherchais les mots justes pour éviter de passer pour un homme plus vexé que je ne l'étais déjà. « Ou ça t'ennuie qu'on nous voit ensemble ? » Ma fierté avait beau être reléguée au second plan en sa présence, elle n'en était pas moins présente. La question pouvait paraître stupide, mais le besoin d'éclaircir la situation était tel que je mis mon orgueil de côté pour obtenir le fin mot de l'histoire - une petite boule se forma dans mon ventre à l'idée, justement, qu'une grande désillusion vienne me frapper en pleine face. Alors, comme une ultime offensive, je jouai cartes sur table. « J'ai pas su gérer à la galerie, et je comprendrais que tu m'en veuilles. Et peut-être que ce n'était pas la meilleure chose de me pointer là, le lendemain, en pleine rue, devant ton boulot... mais j'ai pas envie de tirer un trait sur toi sous prétexte qu'on habite la même ville. » Je réfrénai l'envie d'en dire plus, sous l'agacement palpable dont je faisais preuve à mon propre égard, quand je croisai le regard intense d'Evelyn qui me ramena sur le droit chemin. Je pris une courte inspiration et haussai les épaules, espérant que cette tentative de la dernière chance puisse remettre de l'ordre dans notre relation. « Enfin, ce serait pathétique. » Je lui adressai un sourire crispé, aussi sincère que nerveux, que seules ses paroles sauraient dénouer.
Alma Barton
le bonheur illusoire
ÂGE : 35 ans (03.09.1989) SURNOM : alma est à peine utilisé par son entourage qui s’obstine à l’appeler lola depuis sa plus tendre enfance. c’est comme ça qu’elle jauge la valeur qu’elle a dans le coeur des gens qui se trouvent en face d’elle. lorsqu’on l’appelle alma, ça la met en alerte, et elle reste sur ses gardes STATUT : elle compte ses années de mariage comme d’autres comptes leurs années de captivité. ils en sont à six avec jake, et pourtant elle a le sentiment d’en avoir subi davantage. ça aurait pu s’adoucir depuis qu’elle est devenue maman : c’est pire, bien pire encore MÉTIER : récemment promue nouvelle directrice artistique des bijoux du géant de la joaillerie, michael hill, elle a travaillé longtemps au sein de l’entreprise en tant qu’acheteuse de pierres précieuses. elle garde un pied dans ce domaine aujourd’hui, assumant fièrement sa double casquette, ne tenant pas en place, plus que jamais motivée à redorer le blason de cette maison à laquelle elle tient malgré la réputation sulfureuse qui la précède LOGEMENT : #99 st pauls terrace, spring hill, dans une villa de type hacienda construite juste après son mariage. elle aimerait sans doute cette maison si elle n’avait pas autant l’allure d’une cage ; son mari y est heureux, leur fille aussi, mais le sentiment n’est pas partagé, de ce fait elle la fuit dès qu’elle le peut POSTS : 10419 POINTS : 620
TW IN RP : accident de la route, délit de fuite, mensonges, manipulation, jeux de pouvoir, chantage, mention d’alcoolo-dépendance, mariage plus ou moins arrangé, déni de maternité (j’adapte mes rps sans problème, contactez-moi si besoin) GENRE : Je suis une femme ORIENTATION : Ça ne m'intéresse pas. PETIT PLUS : cubaine par sa mère ◦ nepo-baby ◦ ex-employée chez vogue australia, surtout ex-assistante de son éditorialiste phare, nicole greene, sa tante ; cousine de micah tomlinson ◦ carnet d’adresses aussi précieux que les pierres qu’elle déniche depuis 8 ans pour le compte de la mhi ◦ as des codes sociaux, pas contre d'utiliser son physique pour atteindre ses objectifs, adepte de l’opportunisme et de la manipulation ◦ épouse par dépit, mère par obligation ; n’aime pas son mari, déplore la naissance de leur fille, claudia ◦ alcoolo-dépendance tapie entre ses mensonges, sa culpabilité et son déniDISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #7AA1D2 RPs EN COURS :
GREEDE ◦ so when i touch down call the amateurs and cut 'em from the team ditch the clowns get the crown baby i'm the one to beat cause the sign on your heart said it's still reserved for me honestly who are we to fight the alchemy?
MALONE ◦ what if i roll the stone away? they're gonna crucify me anyway what if the way you hold me is actually what's holy? if long-suffering propriety is what they want from me they don't know how you've haunted me so stunningly
JAKE ◦ i would've died for your sins instead i just died inside and you deserve prison but you won't get time you'll slide into inboxes and slip through the bars you crashed my party and your rental car (scénario libre)
Que Marius n’attrape pas la main qu’elle lui tendit gracieusement en le suppliant presque de rejoindre l’intérieur était un juste retour des choses qu’Evelyn accepta avec une dignité qui lui était propre. La paume de sa main n’en fut pas moins brûlante pour autant, punie par l’affront dont elle l’avait elle-même alloué la veille. En d’autres termes, c’était bien fait pour elle. Tournant les talons, elle se la passa finalement dans le bas de ses cheveux tressés pour apaiser le feu qu’elle sentit brûler jusque dans le bout de ses doigts, surveillant à intervalles réguliers que le jeune homme la suivait bel et bien. Il aurait très bien pu prendre la tangente, considérer que tout ça n’était qu’un dialogue sans fin, et surtout, qu’elle avait eu tort d’abattre le mur de papier qui les séparait, les protégeant de leurs névroses qu’ils s’évertuaient à se cacher, alors qu’ils les partageaient. Tout devenait trop palpable, trop tortueux à gérer, et parce qu’ils étaient tous les deux peu adroits dans l’art de laisser parler leurs sentiments, quels qu’ils soient, le contrat tacite qu’ils avaient passé en s’écrivant régulièrement n’auraient jamais dû s’éteindre, tel aurait été leur idéal. Sauf qu’Evie n’avait pas seulement parlé trop vite en mentionnant sa frustration ; deux ans, c’était long pour poser les bases d’une relation qui se voulait platonique si bien, qu’à terme, elle s’était fait piéger par les règles de son propre jeu. Maintenant qu’elle voulait les modifier un peu, elle se confrontait à ce qu’elle n’avait pas su anticiper, trop empressée, trop enthousiaste, et sans doute trop peu modeste sur l’importance qu’avait ces lettres pour son correspondant attitré, car elles en avaient tellement pour elle, que quelque part, il ne pouvait en être autrement pour lui ; le sentiment devait être partagé. Seulement, elle avait la sensation fulgurante que Marius n’était pas prêt à lui faire une place dans la vie qu’il avait construit en dehors des lignes qu’il lui avait écrites ; c’était douloureux comme retour de bâton.
Néanmoins, elle le fit entrer dans son agence, et referma la porte derrière lui. Le laissant évoluer dans les lieux, elle respecta une distance sécuritaire entre eux, partagée entre la nervosité et la hâte de poursuivre ce qu’ils avaient commencé. Car il se trompait sur toute la ligne en supposant qu’elle tenait à se mettre à l’abri parce qu’elle avait honte d’être vue en sa compagnie. L’expression qui s’installa sur son visage lorsqu’il lui posa la question était une preuve tangible de la surprise qui la frappa à cet instant ; c’était tout le contraire, en vérité. Se rendait-il seulement compte de l’homme qu’il était ? Evelyn retint un soupir. Elle voulait seulement préserver l’équilibre précaire de leur rencontre dans la vraie vie, se montrant certes un peu paranoïaque quant aux vautours qui rodaient au-dessus de la ville, mais avant tout prévoyante et pudique. La discrétion si elle était une tare, faisait partie de la liste bien trop fournie de la jeune femme. Mais elle saisissait la subtilité du raisonnement, tout en masculinité, de Marius – il n’avait pas eu à vivre sous le feu des projecteurs, et sans doute que l’influence médiatique des Pearson lui échappait encore un peu. Pourtant, elle n’en rajoutait pas lorsqu’elle prétendait que son nom la soumettait au bon-vouloir d’une partie de la population, et de ceux qui couvraient l’évolution de l’empire battit par ses parents ; des stades de quartiers avaient été baptisés en l’honneur de son père, une bourse d’études avait été créée par sa mère, et ses sœurs passaient régulièrement à la télévision pour parler des actions de La Fondation Pearson : ils faisaient tous partie de la haute-société australienne, et quoi qu’elle était tentée de dire, elle l’était également. Evie inclina la tête sur le côté, battit des paupières pour chasser son expression d’incompréhension, et d’un geste de la main, invita Marius à rejoindre la causeuse de bonne facture qui trônait au centre de l’agence.
« Installe-toi, je t’en prie. » Elle l’imita, prenant place à ses côtés, et n’attendit pas pour reprendre, les mains prudemment posées sur ses genoux qu’elle serra doucement après s’être assise « Je pensais que tu me connaissais assez pour savoir que je ne suis pas du genre à avoir honte des gens que je côtoie, et surtout pas de toi. » prit-elle le temps de lui dire, la voix oscillant entre douceur et fermeté. Elle leva la tête pour l’écouter parler, puis serrant les lèvres en prenant sens de ce qu’il lui disait, un petit sourire remonta subtilement ses pommettes « Ce serait idiot, surtout. Ecoute... » Elle marqua un temps d’arrêt, baissant la tête dans la foulée. Pensant remettre un peu d’ordre dans ce qu’elle s’apprêtait à ajouter, elle savait cependant que creuser davantage ne lui avait jamais rendu service – tant pis pour ses travers de control-freak. Elle se hâta d’ajouter en desserrant les mains pour les lever très légèrement devant elle « Je t’apprécie beaucoup, Marius. » Un constat qui résonna juste, sitôt qu’elle le déclama « Ca me rend nerveuse pour tout un tas de raisons qui m’appartiennent, et que j’essaye de contrer en me montrant plus spontanée que je ne l’ai jamais été. Mais tu ne me rends pas la tache facile, et je comprends pourquoi j’ai eu tort de m’imposer hier soir. » Ou elle pensait le comprendre, se reposant sur ses récits manuscrits, et ses confidences timides sur la vie qu’il avait vécue. Elle lui adressa un long regard, et puis parce qu’elle ne supportait pas cette tension palpable entre eux, c’est après avoir balayé devant son nez qu’elle ajouta « Si on laissait cette histoire de côté, et qu’on se réjouissait juste d’être au même endroit, au même moment ? Sans rien prévoir, juste en partageant un dîner de temps à autre. » Elle serra brièvement les lèvres, puis marquant un autre temps durant lequel elle se rendit compte à quel point elle se montrait directive, elle conclut, d’une petite voix, et en haussant une épaule « Seulement si ça te dit. »
they said the end is coming, everyone's up to something, i find myself running home to your sweet nothings. outside, they're push and shoving, you’re in the kitchen humming, all that you ever wanted from me was sweet nothing.
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Dernière édition par Evelyn Pearson le Dim 11 Nov 2018 - 15:59, édité 1 fois
« Installe-toi, je t’en prie. » Je pris sagement place sur ce petit canapé du dix-neuvième siècle, dont j'effleurai le tissu avec l'intérêt certain d'un amateur des beaux-arts. Il n'y avait pas le moindre doute quant à la fabrication de ce meuble : comme la plupart des objets qui composaient l'environnement qu'il découvrait aujourd'hui, la qualité des matières et des finitions révélait la signature d'un fabricant de luxe. Le confort dans lequel les Pearson évoluaient n'était un secret pour personne et s'il faisait l'objet, comme la plupart des gens jalousés pour leur réussite, de quelques critiques, je n'en faisais guère partie. Tout au contraire, je considérais l'ambition, la détermination et l'envie de réussir comme de précieuses qualités, indispensables à la construction d'une belle carrière et donc, d'une vie équilibrée. Depuis toujours, ma carrière occupait le premier rang, la première place loin devant d'autres considérations personnelles que je n'avais jamais jugées suffisamment importantes pour la détrôner. Une fois elle avait vacillé, face à l'attachante spontanéité française d'une petite blonde à béret et je me félicitai encore aujourd'hui, au regard de la tournure des évènements, de ne pas avoir cédé. Ma carrière m'avait permis, maintes fois, de garder la tête hors de l'eau. Et la découverte des bureaux d'Evelyn, ceux-là mêmes dont elle me parlait en des mots intimes, me confortait dans l'idée que nous partagions la même vision du monde. Enfin, je le savais déjà. « Je pensais que tu me connaissais assez pour savoir que je ne suis pas du genre à avoir honte des gens que je côtoie, et surtout pas de toi. » Je me mordis discrètement l'intérieur des joues. Je savais qui elle était, nos échanges avaient été suffisamment éloquents ces dernières années et pourtant, la crainte de voir s'envoler une relation à laquelle je tenais précieusement m'avait aveuglé. L'espace d'un moment, j'avais douté de sa sincérité. « Ce serait idiot, surtout. Ecoute... » Je redoublai de concentration. « Je t’apprécie beaucoup, Marius. » Un très léger rictus, que seul un spécialiste du micro-langage aurait su déceler, parcourut ma joue droite. « Ça me rend nerveuse pour tout un tas de raisons qui m’appartiennent, et que j’essaye de contrer en me montrant plus spontanée que je ne l’ai jamais été. Mais tu ne me rends pas la tache facile, et je comprends pourquoi j’ai eu tort de m’imposer hier soir. » L'idée même qu'elle crut s'être imposée à moi me déplaisait fortement, mais je soupirai, les traits plus détendus, sans rien dire. Rien n'aurait pu davantage me mettre en confiance que les mots qu'elle venait de m'adresser. Ils étaient simples, timides, parfois tendus, un peu confus, mais ils exprimaient tous la même idée : notre attachement réciproque n'était pas une chimère. « Si on laissait cette histoire de côté, et qu’on se réjouissait juste d’être au même endroit, au même moment ? Sans rien prévoir, juste en partageant un dîner de temps à autre. » Même les lèvres pincées de la néo-zélandaise, presque aussitôt assouplies, n'auraient pu m'arracher le soulagement qu'elle venait de me procurer. « Seulement si ça te dit. » Sa petite voix, légèrement plus fébrile, m'arracha un franc sourire. Je l'observai quelques secondes, l'air taquin, avant de me lever pour me rapprocher sensiblement d'elle. « J'en serais ravi. » prononçai-je distinctement, sans quitter la profonde intensité de son regard ébène. Le renouvellement de la confiance qu'elle me portait, en dépit des humeurs qui avait menacées nos retrouvailles depuis la veille, m'avait touché en plein coeur. J'avais, moi aussi, des tas de raisons de me sentir ébranlé par la nouvelle page que nous nous apprêtions à écrire. Il était encore tôt pour dénouer les noeuds que mes émotions avaient lacées dans mon coeur et dans mon esprit, mais sa seule présence, indulgente, m'emplissait d'une émotion particulière. Conscient des efforts qu'elle venait de déployer pour nous sauver du naufrage, je m'autorisai le rapprochement qui scellerait, je l'espérais, notre nouveau départ. (Im)Prudemment, je vins l'entourer de mes bras jusqu'à ce que nos corps s'enlacent. Une sensation de chaleur m'envahit, accompagnée de l'extraordinaire sentiment d'être exactement là où je devais être à ce moment précis. J'ignorais si cet instant suspendu me mènerait dans les contrées émotionnelles que j'évitais soigneusement depuis toutes ces années, ou s'il ne s'agissait que la nouvelle page d'une infaillible amitié mais là, tout de suite, rompant définitivement la distance que nous subissions depuis - trop - longtemps, je me sentais mieux que jamais. Les paupières closes, je me laissai porter, le temps d'une longue inspiration, par le parfum délicat de ses cheveux soignés. Et puis, lentement, après ces quelques minuscules secondes que j'avais cru suspendues, je remis les pieds sur terre. Nos bras se délièrent, nos corps se détachèrent, et je lui souris sereinement. « Je me réjouis juste d'être au même endroit, au même moment. » conclus-je en haussant les épaules, l'air innocent, comme la justification ironique de cette étreinte surprise. « Je commande des pizzas et tu me fais visiter ? » ajoutai-je naturellement, bien loin des rencards plus chics que je proposai habituellement. Comment ça, un rencard ?
Spoiler:
C'est la reprise alors j'espère que ça ira quand même ... Marius a tout donné là
Tu m'as manquéééééée
Alma Barton
le bonheur illusoire
ÂGE : 35 ans (03.09.1989) SURNOM : alma est à peine utilisé par son entourage qui s’obstine à l’appeler lola depuis sa plus tendre enfance. c’est comme ça qu’elle jauge la valeur qu’elle a dans le coeur des gens qui se trouvent en face d’elle. lorsqu’on l’appelle alma, ça la met en alerte, et elle reste sur ses gardes STATUT : elle compte ses années de mariage comme d’autres comptes leurs années de captivité. ils en sont à six avec jake, et pourtant elle a le sentiment d’en avoir subi davantage. ça aurait pu s’adoucir depuis qu’elle est devenue maman : c’est pire, bien pire encore MÉTIER : récemment promue nouvelle directrice artistique des bijoux du géant de la joaillerie, michael hill, elle a travaillé longtemps au sein de l’entreprise en tant qu’acheteuse de pierres précieuses. elle garde un pied dans ce domaine aujourd’hui, assumant fièrement sa double casquette, ne tenant pas en place, plus que jamais motivée à redorer le blason de cette maison à laquelle elle tient malgré la réputation sulfureuse qui la précède LOGEMENT : #99 st pauls terrace, spring hill, dans une villa de type hacienda construite juste après son mariage. elle aimerait sans doute cette maison si elle n’avait pas autant l’allure d’une cage ; son mari y est heureux, leur fille aussi, mais le sentiment n’est pas partagé, de ce fait elle la fuit dès qu’elle le peut POSTS : 10419 POINTS : 620
TW IN RP : accident de la route, délit de fuite, mensonges, manipulation, jeux de pouvoir, chantage, mention d’alcoolo-dépendance, mariage plus ou moins arrangé, déni de maternité (j’adapte mes rps sans problème, contactez-moi si besoin) GENRE : Je suis une femme ORIENTATION : Ça ne m'intéresse pas. PETIT PLUS : cubaine par sa mère ◦ nepo-baby ◦ ex-employée chez vogue australia, surtout ex-assistante de son éditorialiste phare, nicole greene, sa tante ; cousine de micah tomlinson ◦ carnet d’adresses aussi précieux que les pierres qu’elle déniche depuis 8 ans pour le compte de la mhi ◦ as des codes sociaux, pas contre d'utiliser son physique pour atteindre ses objectifs, adepte de l’opportunisme et de la manipulation ◦ épouse par dépit, mère par obligation ; n’aime pas son mari, déplore la naissance de leur fille, claudia ◦ alcoolo-dépendance tapie entre ses mensonges, sa culpabilité et son déniDISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #7AA1D2 RPs EN COURS :
GREEDE ◦ so when i touch down call the amateurs and cut 'em from the team ditch the clowns get the crown baby i'm the one to beat cause the sign on your heart said it's still reserved for me honestly who are we to fight the alchemy?
MALONE ◦ what if i roll the stone away? they're gonna crucify me anyway what if the way you hold me is actually what's holy? if long-suffering propriety is what they want from me they don't know how you've haunted me so stunningly
JAKE ◦ i would've died for your sins instead i just died inside and you deserve prison but you won't get time you'll slide into inboxes and slip through the bars you crashed my party and your rental car (scénario libre)
Evelyn avait presque retenu sa respiration. En son for intérieur, elle était tétanisée par la question ouverte qu’elle venait de lancer à la dérobée, faisant de Marius le gardien de la suite des événements, de la suite de cette relation à laquelle elle tenait beaucoup trop. Il avait tous les choix possibles à sa disposition. Volontairement, elle se soumettait à l’agrément de quelqu’un d’autre, d’un homme qui plus est. Ça ne lui était plus arrivée depuis longtemps, quand elle réfléchissait bien, elle pouvait même affirmer sans se tromper que ça ne lui était jamais arrivée en vérité, de quoi la plonger dans un trouble qu’elle tentait tant bien que mal de cacher, privée d’air, dans l’attente d’un verdict qu’elle se mit à redouter, les yeux rivés sur le visage dont elle commençait à connaître les traits par cœur, sans pourtant jamais se lasser. A une époque, elle aurait insisté pour obtenir le droit de les esquisser sur l’un de ses précieux carnet de croquis, du bout d’un fusain bien taillé. Soucieuse de ne pas dénaturer ce qui le rendait si captivant à regarder, elle se serait appliquée. Est-ce qu’il savait au moins à quel point il l’impressionnait ? Ça dépassait la barrière de leur taille respective, et de leur silhouette à l’opposée l’une de l’autre ; de leur teint qui tranchait dans une salle remplie de monde, de la couleur de leurs cheveux aux reflets si différents à la lumière du soleil. Il ne devait même pas sans douter, retiré dans la bulle qu’il s’était crée pour se tenir éloigné de ce – et de ceux – qui l’avait déçu dans le passé. Mais elle, de son côté, avait assisté à l’effet Marius Warren en direct, se laissant contaminer par l’aura qu’il dégageait, et par la multitude de nuances de sa personnalité qu’elle avait appris à mieux connaître, s’y cassant parfois les dents comme la veille, mais avec laquelle elle avait su se familiariser derrière quelques phrases bien tournées, et des confidences qu’elle n’aurait partagées avec quiconque, pas même avec Neal s’il avait essayé de le lui arracher. Pendant un vague instant, elle se laissa déstabilisée par le silence qui les entourait, et puis la surprise de le voir se lever la fit se raidir sans qu’elle ne le décide réellement, et enfin lever la tête comme une petite fille qui attend, toute excitée, la suite d’une histoire passionnante.
« Oui, vraiment ? » fit-elle sur ce même ton incertain, opérant une volte-face mentale qu’elle exprima par un soulagement manifeste quand, d’un bloc, elle expulsa l’air qu’elle avait emmagasiné dans ses poumons, puis ajoutant dans un grand sourire, tout en dents bien alignées et fossettes creusées par la sincérité de sa joie « OK. » Elle se mit à rire un peu, engageant un geste pour remettre de l’ordre dans ses cheveux qu’elle savait attachés, mais que la nervosité lui avait fait oublier sur le moment. Elle ne fit donc qu’agiter les mains devant son joli nez, en secouant la tête de droite à gauche, et en répétant « OK, très bien. » Et la tiédeur l’envahit alors.
Les bras de Marius l’entourèrent avec plus d’assurance que la veille, tandis qu’elle ne sut pas tout de suite quoi faire de ses deux mains. L’une d’elle se posa sur sa nuque que sa paume frôla avec une extrême délicatesse, et que ses doigts finirent par agripper avec autant de grâce que s’il avait s’agit d’une pièce rare d’un musée ; l’autre sur un de ses genoux qui touchaient les siens, et qui pendant de longues secondes, elle somma de rester immobiles pour ne pas trahir l’agitation qui se déclencha à l’intérieur d’elle. Le nez enfouit à l’intérieur du col de sa chemise, elle se contraint à garder le contrôle de sa respiration pour que son oreille ne décèle rien de plus que le souffle léger qu’elle expulsa avant qu’il ne rompe leur étreinte. La main qu’elle avait posé sur sa nuque glissa doucement sur sa joue – dont la barbe lui râpa à peine la mâchoire lorsqu’elle se recula pour lui faire de nouveau face. Et le regard qu’elle lui adressa se voulut plus doux que sévère, beaucoup plus. Elle aurait pu se pencher – elle n’était qu’à quelques centimètres à peine de son visage, elle voyait ses longs cils blond-roux s’étirer par-delà la barrière de ses paupières, et la subtilité des marques laissées par le temps et les épreuves qu’il avait connu donner davantage de caractère à son charme naturel. Elle aurait pu, oui ; suivre la ligne tracé par ses yeux qui se posèrent sur le bas de son visage, et admettre que c’était sans doute ce qu’elle attendait depuis la veille. Sauf qu’elle avait passé un pacte avec elle-même : plus d’initiatives aussi impulsives que stupides, les répercussions n’en valaient pas le coup, et puis Marius s’éloignait déjà de toute façon. Evie récupéra ses mains, et en leva une pour venir réajuster son chemisier, et cette poche alourdie par le mot qu’il lui avait laissé. Pendant leur étreinte, elle aurait juré l’avoir senti palpiter.
« D’abord, une petite tradition que nous avons ici. » lança-t-elle en se levant comme pour échapper à d’autres manifestations de son petit émoi ; elle se sentait moite, elle espérait simplement que Marius ne l’avait pas remarqué. Ses talons cliquetèrent sur le sol impeccable de l’agence, tandis qu’elle se dirigeait vers un mur aux teintes pastels sur lequel des dizaines et des dizaines de clichés Polaroïd s’étalaient, fixés par des épingles en bois, et suspendus à des fils de lin qu’elle avait tressés pour un meilleur effet. La plupart d’entre eux représentaient des couples dont elle avait eu la charge, et qui par leurs sourires sincères et leurs mimiques expressives, lui faisaient part de leur gratitude éternelle pour s’être si bien occupée d’eux. Il y avait parfois la bouille d’un bébé, ou d’un enfant plus grand qui accompagnaient leurs parents, et juste dessous, remplissant l’espace blanc qui tenait gage de cadre, le nom et la date de la cérémonie. Evelyn aimait s’y arrêter, s’attardant longuement sur les souvenirs qu’elle avait de tel ou de tel mariage. Elle ne s’autocongratulait jamais, pourtant quand elle s’octroyait quelques instants pour admirer le travail qu’elle avait accompli, il y avait des moments où elle était bien tentée de se féliciter, transportée par les sourires qu’on lui renvoyait par-delà ce mur, par-delà son mur. Mais cette fois, elle ne prit pas la peine de contempler ces couples heureux qu’elle avait aidé, elle le ferait plus tard. Au lieu de quoi, elle empoigna directement l’appareil photo, un rien vintage, qui était posé sur un secrétaire chiné lors des Collective Markets, et toupilla immédiatement sur ses pieds, faisant sens inverse, pour rejoindre Marius à qui elle annonça « J’ai envie de t’avoir sur mon mur. Tu penses que tu peux me faire ton plus beau sourire, ou je vais devoir te prendre par surprise dans un, deux,… » Elle ne s’échina pas à prononcer le trois ; arrivant près de lui, elle déclencha l’appareil qu’elle avait placé devant son visage, et fit le point dans le viseur pour mieux cadrer la silhouette du jeune homme. Une photo de la taille d’une carte à jouer apparut dans l’interstice crée à cet effet. Pendant qu’elle posait l’appareil sur la table basse, elle agita le cliché pour la faire développer plus vite, et lui dit, s’installant de nouveau à ses côtés, et adoptant la même expression d’innocence qu’il lui avait servi après l’avoir pris dans ses bras « Ce sont les moments pris sur le fait qui font les plus belles photos. Si je t’avais demandé de poser, je suis persuadée que ça n’aurait rien donné de bon. » Elle alla jusqu’à hausser les épaules, comme il l’avait fait ; elle n’en était pas entièrement persuadée, mais elle mit de la volonté à le lui faire avaler. Souriant avec malice, elle baissa les yeux pour vérifier si quelque chose apparaissait enfin sur le petit cadre blanc. Le positionnant devant sa bouche et son nez pour que Marius ait une vue d’emblée sur le cliché qu’elle lui présentait, elle plissa les paupières en lui demandant avec un sérieux surjoué « Alors, verdict, professeur ? »
they said the end is coming, everyone's up to something, i find myself running home to your sweet nothings. outside, they're push and shoving, you’re in the kitchen humming, all that you ever wanted from me was sweet nothing.
Cette dernière étreinte avait éveillé en moi quelques sentiments inquiétants, de ceux que j'avais préféré enfouir au plus profond de mon être pendant des années. La tendresse. Le laisser-aller. La confiance. Et rompre cette étreinte n'avait rien arrangé car à peine fut-elle achevée, une toute autre forme de sentiment vint m'envahir : la gêne, pourtant bien différente de celle qui m'habitait fréquemment. Cette gêne là prenait sa source dans l'irrépressible besoin d'accepter une vérité qui me terrifiait : mes sentiments pour cette femme dépassaient largement ceux que l'on portent à ses amis, aussi proches soient-ils. Réfrénant l'envie de me laisser-aller à une confidence qu'elle pourrait aisément juger déplacée et qui risquerait de mettre définitivement à mal notre relation, je tentai de me convaincre qu'il ne s'agissait que de l'impression erronée que ces retrouvailles tant attendues avaient imprimées en moi. Après tout, notre histoire entière sortait de l'ordinaire - notre rencontre à Paris et nos lettres, ces mots qui nous avaient portés en des dimensions inavouables, notre lien si près et pourtant si loin. Ma relation avec cette femme était sans commune mesure, si ce n'est celle des grands classiques de la littérature, et il était hors de question que mes états d'âmes y portent préjudice. Retenant alors fermement l'envie de me laisser aller à davantage de proximité avec Evelyn, je focalisai mon attention sur mon smartphone pour passer, en quelques secondes à peine, ma première commande de pizzas en ligne. « Livraison dans dix minutes. » annonçai-je en verrouillant l'appareil qui, au lieu de glisser dans la poche arrière de mon jean, tomba bruyamment sur le sol. J'expirai maladroitement, m'agaçant de faire preuve d'autant de gaucherie face à elle, et grommelant une discrète onomatopée, me baissai pour rattraper l'objet qui trouva refuge dans l'asile qui lui était destiné. À peine eus-je le temps de retrouver un visage détendu qu'un très léger clic, issu de l'optique d'un appareil photo vintage menaçant, me prit au dépourvu. Je venais d'être victime d'une étonnante tradition qu'Evelyn, à en juger par les dizaines de Polaroïds ornant le mur qui se tenait derrière elle, se plaisait à perpétrer dès que l'occasion se présentait. En approchant de plus près sa petite galerie personnelle, je découvris l'identité de ses portraits : des hommes, des femmes, affichant le sourire communicatif d'êtres humains au paroxysme du bonheur. Si tant est qu'il y ait eu un doute quant à la provenance de ces heureux clichés, les robes blanches et les costumes trois pièces mettaient fin au suspens : ces mariés avaient eu la chance d'être accompagnés par Evelyn, et j'aurais mis ma main à couper qu'elle avait lié avec eux plus qu'une simple relation clients-prestataire. Après avoir balayé la plupart des photos, dont la prise sur le vif ajoutait au moment une valeur indéniable, je portai un regard malicieux à son auteure. « Tu sais que je ne suis pas client ? » Je levai ma main entre nous, caressant du bout du pouce mon annulaire, encore vide de toute alliance. « Je sais qu'à quarante ans passé, c'est pathétique mais tout de même ! » Un rire, de bon coeur, suivit cette autodérision bientôt assombrie par l'inquiétude de découvrir un horrible portrait sur le petit papier qu'Evelyn porta devant son visage. Je m'approchai et, étonnamment surpris par le rictus naturel qu'elle avait réussi à capturer, singeai une expertise pointilleuse. « Bien, voyons voir. La barbe de trois... six jours est plutôt séduisante, le sourire au coin des lèvres est à tomber. » Je tâchai de maintenir le sérieux d'un faussaire. « N'en déplaise au modèle toutefois, le regard, aussi beau soit-il, est un peu flou. Je dirais... A-. » J'opinai du chef, sourcils froncés, en révélant la conclusion de cette note plutôt tolérante, avant de rompre cette ode à Narcisse en pouffant légèrement. Je tendis la main pour observer de plus près l'appareil photo que, naturellement, Evelyn lâcha. « Il est hors de question que je sois le seul célibataire sur ce mur. » Je m'installai à ses côtés et retournai l'arme du crime contre sa propriétaire, et moi-même, pour en tirer un dernier cliché. Ma main vint entourer le haut de son bras et, du bout de mon autre bras, je tâchai d'obtenir le meilleur cadre. « Pour sceller nos retrouvailles. » dis-je simplement avant d'enclencher le mécanisme qui, en un clic, nous offrirait notre première photo ensemble. Éprouvant une nouvelle difficulté à me détacher d'elle, je serrai la mâchoire et inspirai nerveusement. Bordel, j'allais pas tout gâcher. Puis, sauvé par la sonnette de la porte d'entrée, je la quittai quelques instants pour (respirer calmement) récupérer les pizzas contre le paiement attendu avant de les ramener devant la petite galerie de la wedding planner, agitant encore le Polaroïd qui s'apprêtait à révéler ses derniers secrets.
Alma Barton
le bonheur illusoire
ÂGE : 35 ans (03.09.1989) SURNOM : alma est à peine utilisé par son entourage qui s’obstine à l’appeler lola depuis sa plus tendre enfance. c’est comme ça qu’elle jauge la valeur qu’elle a dans le coeur des gens qui se trouvent en face d’elle. lorsqu’on l’appelle alma, ça la met en alerte, et elle reste sur ses gardes STATUT : elle compte ses années de mariage comme d’autres comptes leurs années de captivité. ils en sont à six avec jake, et pourtant elle a le sentiment d’en avoir subi davantage. ça aurait pu s’adoucir depuis qu’elle est devenue maman : c’est pire, bien pire encore MÉTIER : récemment promue nouvelle directrice artistique des bijoux du géant de la joaillerie, michael hill, elle a travaillé longtemps au sein de l’entreprise en tant qu’acheteuse de pierres précieuses. elle garde un pied dans ce domaine aujourd’hui, assumant fièrement sa double casquette, ne tenant pas en place, plus que jamais motivée à redorer le blason de cette maison à laquelle elle tient malgré la réputation sulfureuse qui la précède LOGEMENT : #99 st pauls terrace, spring hill, dans une villa de type hacienda construite juste après son mariage. elle aimerait sans doute cette maison si elle n’avait pas autant l’allure d’une cage ; son mari y est heureux, leur fille aussi, mais le sentiment n’est pas partagé, de ce fait elle la fuit dès qu’elle le peut POSTS : 10419 POINTS : 620
TW IN RP : accident de la route, délit de fuite, mensonges, manipulation, jeux de pouvoir, chantage, mention d’alcoolo-dépendance, mariage plus ou moins arrangé, déni de maternité (j’adapte mes rps sans problème, contactez-moi si besoin) GENRE : Je suis une femme ORIENTATION : Ça ne m'intéresse pas. PETIT PLUS : cubaine par sa mère ◦ nepo-baby ◦ ex-employée chez vogue australia, surtout ex-assistante de son éditorialiste phare, nicole greene, sa tante ; cousine de micah tomlinson ◦ carnet d’adresses aussi précieux que les pierres qu’elle déniche depuis 8 ans pour le compte de la mhi ◦ as des codes sociaux, pas contre d'utiliser son physique pour atteindre ses objectifs, adepte de l’opportunisme et de la manipulation ◦ épouse par dépit, mère par obligation ; n’aime pas son mari, déplore la naissance de leur fille, claudia ◦ alcoolo-dépendance tapie entre ses mensonges, sa culpabilité et son déniDISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #7AA1D2 RPs EN COURS :
GREEDE ◦ so when i touch down call the amateurs and cut 'em from the team ditch the clowns get the crown baby i'm the one to beat cause the sign on your heart said it's still reserved for me honestly who are we to fight the alchemy?
MALONE ◦ what if i roll the stone away? they're gonna crucify me anyway what if the way you hold me is actually what's holy? if long-suffering propriety is what they want from me they don't know how you've haunted me so stunningly
JAKE ◦ i would've died for your sins instead i just died inside and you deserve prison but you won't get time you'll slide into inboxes and slip through the bars you crashed my party and your rental car (scénario libre)
Un tressaillement au-dessus du sourcil droit d’Evie pointa doucement. La bouche légèrement entrouverte, elle glissa son regard jusqu’à l’absence d’alliance que semblait déplorer Marius. Ne réfléchissant pas à ce qu’elle avança alors, la spontanéité de sa verve se détacha de ses lèvres maquillées avec un naturel déconcertant « Oh, tu sais. Il y a ceux qui se marient à vingt ans sur un coup de tête, persuadés que leur choix est le bon, qu’il le sera toute leur vie, et qui finissent par divorcer pas longtemps après, bourrés de regrets et d’amertume. » Elle pencha la tête sur le côté. Continuant sur sa lancée, elle plissa légèrement les yeux, qu’elle releva en même temps, pour adresser un regard fixe au professeur « Et puis il y a les grands sages qui préfèrent prendre leur temps et envisager le mariage comme un acte sacré qui demande beaucoup de réflexion, moins d’impulsivité. » Dans quelle case se trouvait-elle, de son côté ?
Evelyn préférait le priver de ses grands dialogues intérieurs à ce sujet, convaincue qu’elle ne réussirait pas à étouffer le cynisme latent de sa réflexion à propos du mariage, et des engagements inhérents à ce qu’elle considérait presque comme un vulgaire contrat à passer avec la personne qu’on était sensée aimer, à la vie, à la mort. Elle ne comprenait pas toujours ce besoin étrange de sceller son amour avec quelqu’un, persuadée dans le fond que les actes valaient mieux que les grands discours de fidélité, et d’implication engendrés par une Institution trop guindée, trop stricte et pernicieuses. Parce qu’elle les connaissait, elle pouvait donc se permettre de le penser : ses codes étaient dépassés, floués par le caractère systématique et socialement gratifiant d’atteindre ce but ultime de l’engagement sacré. Aujourd’hui, on se mariait pour impressionner, pour prouver qu’on était comme tout le monde, normal et intégré, prêt à tout pour suivre les conventions imposées par le monde qui nous entourait – rentrer dans le cadre à tout prix. Elle qui avait organisé des dizaines et des dizaines de mariages ne croyait pas qu’une signature sur un bout de papier, et qu’un anneau enfilé devant un parterre de proches étaient nécessaires à la survie d’une belle histoire d’amour. En vérité, elle trouvait que ça ne faisait que créer des attentes irréalistes, et à terme, des conflits qui menaient irrémédiablement à la détérioration d’une idylle qui avait pourtant tout pour perdurer, si seulement les promesses ne s’empilaient pas, au point de pencher sous son propre poids, et de s’écrouler en des centaines d’éclats difficiles à réassembler.
Semblable à un léger reniflement, elle laissa un rire échapper. Baissant les yeux pour vérifier la photo qui se développait sous son nez, elle ajouta avec douceur, mettant de côté tout ce qui lui tournait dans la tête à ce moment-là « Ca n’a rien de pathétique en tout cas. C’est peut-être même une bonne chose, qui sait ? » Elle ne saurait pas lui répondre s’il lui demandait pourquoi ça l’était, et puisqu’elle ne tenait pas vraiment à s’attarder sur le sujet, mal à l’aise à l’idée que sa phrase soit mal interprétée, elle se hâta de lui montrer la photo qu’elle flanqua devant son visage pour qu’il l’analyse de son regard d’expert « A- ? » fit-elle, fronçant le nez derrière la photo, et la retournant d’un même mouvement pour l’observer à son tour. Le haut de son nez conserva les plis qu’elle accentua en faisant la grimace, et malicieusement, elle ajouta « D’accord. Dans l’attente d’un meilleur cliché, j’imagine que je suis condamnée à conserver celui-ci dans mes archives personnelles, alors. » Et elle glissa la photo dans la poche de son chemisier, l’accolant au mot qu’il lui avait fait parvenir plus tôt, et projetant secrètement de les conserver précieusement dans l’une des boîtes qu’elle réservait aux lettres qu’ils s’étaient envoyés au fil des ans.
Se frottant théâtralement les mains, elle lui céda son appareil, et se prêta au jeu de la photo avec un sourire qui fit remonter ses pommettes, et briller ses yeux marrons. Elle n’était pas sûre du résultat final, mais la pression que Marius exerça sur son bras la fit se serrer davantage contre lui, et cambrer la courbure de son dos pour palier à la différence de taille qui les séparait. Elle ne savait pas si elle se ferait un jour à cette proximité qui s’installait toujours entre eux à un moment donné, seulement elle dénota une amélioration, et une prise notoire d’initiatives de sa part dont elle aurait aimé le féliciter, s’ils n’avaient pas été interrompu par la clochette de l’entrée. Récupérant la photo qui avait été prise, elle la secoua mesurément pour la faire se développer plus vite, tandis qu’elle reprenait une respiration plus calme. Elle se trouva bien impatiente de découvrir le résultat sur ce petit encart qui resta désespérément blanc quelques longues secondes, jusqu’à ce leurs contours apparaissent au fur et à mesure, sublimés par l’éclairage doux et chaleureux de l’agence. De nouveau, Evelyn remarqua leurs différences, mais elle ne s’y attarda pas plus que ça, attendrie par l’expression de leurs visages, et son propre sourire qu’elle reconnut comme étant sincère, et plus joyeux que tous ceux qu’elle avait laissé poindre tout au long des quinze dernières années. Levant brièvement les yeux, elle rejoignit Marius dans le petit coin salon. Lui tendit la photo, elle lui dit :
« Je t’en fais cadeau. Mais interdiction de la noter celle-ci, elle est trop précieuse. » Elle le gratifia d’un clin d’œil rapide, et les index pointés en avant, juchée sur la pointe des pieds, elle poursuivit sur le même ton enjoué « J’ai autre chose qui permettra de sceller nos retrouvailles. Tu peux attaquer, je reviens tout de suite. » Et elle n’attendit pas qu’il la questionne, elle toupilla sur ses escarpins pour rejoindre l’arrière de l’agence, où elle gardait un stock de bouteilles de champagne qu’elle réservait à ses clients les plus assoiffés. Harponnant deux flûtes en cristal au passage, elle revint avec un grand sourire sur le visage, et annonça sur un air inventé, laissant éclater un accent français parfait, malgré son manque de pratique ces dernières années « Champaaaagne ! »
they said the end is coming, everyone's up to something, i find myself running home to your sweet nothings. outside, they're push and shoving, you’re in the kitchen humming, all that you ever wanted from me was sweet nothing.
Il y a deux ou trois décennies de cela, dans ce qui me semblait aujourd'hui être une époque lointaine et révolue, j'accordais au mariage traditionnel une place de choix. L'éducation que j'avais reçue de mes parents, et plus largement de mes aïeuls, m'avait convaincu de la valeur inestimable d'un engagement solennel en présence de ses proches, avec toute l'institution que le mariage, le vrai, supposait ; l'échange des voeux des époux, les discours émouvants des témoins, les alliances apportées par la plus jolie des petites filles de la famille, le maître de cérémonie qui prononce l'inévitable "vous pouvez embrasser la mariée", les applaudissements des invités et la sortie des jeunes mariés sous les joyeux lancers de riz blanc ou de pétales de fleurs. À cette époque, j'accordais encore beaucoup de valeur à cette institution. Et puis, les grains de sable s'étaient écoulés dans le sablier, la vie m'envoyant valser d'un point A à un point B, me confrontant parfois à mes incertitudes, à mes craintes, à l'imprévu. J'avais maintenant quarante et un ans, et je n'avais jamais été aussi incertain quant à ce sujet - sans doute était-ce parce que j'avais trop longtemps cru en la promesse d'une vie sentimentale stable et passionnée, qui ne m'avait apportée que son lot de désillusions. Des deux théories avancées par Evelyn, je n'aurais décemment pu choisir la meilleure. La fougue et l'impulsivité ? La sagesse et la réflexion ? Contrairement aux apparences, je me situais plutôt dans l'entre-deux, dans l'antichambre d'un avenir méconnu étrangement consolé par la récente proximité partagée avec une belle métisse.
Mon assurance chancelant à chacun de ses sourires, je ne pus m'empêcher d'interpréter son avis concernant l'absence d'alliance à mon annulaire de quadragénaire, qu'elle supposait être une bonne chose, comme le signe d'un soulagement qui me fit vaciller. Qu'entendait-elle par là ? Je me redressai soudainement, secouant légèrement la tête pour chasser les interrogations prêtes à assaillir mon esprit, et lui offrit un regard plus éclairé. « Une lourde condamnation, je le crains. » ajoutai-je ironiquement tandis que ses doigts fins glissaient délicatement mon portrait instantané dans la poche de son élégant chemisier. Puis, suivant étonnament mon intuition, je sautai sur l'occasion de rendre ce moment plus solennel, de suspendre le temps, le temps d'un cliché, et de répondre à l'appel puissant d'une chaleureuse proximité. L'étrange besoin que je ressentais, depuis la veille, de céder à la tentation de lui frôler le bras, de lui passer la main dans le dos ou de profiter d'une douce étreinte avec Evie ne faisait que renforcer mon esprit de contradiction. En l'espace de vingt quatre heures, j'avais fourni d'incommensurables efforts pour ne pas perdre un iota de la confiance et de l'intérêt qu'elle me portait. En vingt quatre heures, j'avais fourni plus d'efforts pour une femme qu'en une décennie. Et ce, sans même m'en rendre compte. C'était beau, loyal et bienveillant, mais terriblement suspect. Quelles étaient les raisons qui me poussaient à ce point vers elle ? Je préférai croire qu'il ne s'agissait que l'envie de rattraper le temps perdu par la distance qui nous était imposée depuis deux longues années, plutôt qu'à la naissance d'une émotion que je ne savais plus gérer. Je profitai de l'opportunité du livreur de pizza pour faire quelques pas, me ressaisir et revenir frais comme un gardon. « Votre repas, madame. » dis-je en ouvrant la boîte en carton d'un geste théâtral, comme s'il s'agissait de la cloche en inox couvrant le plat d'un grand chef, avant de le déposer sur la petite table de l'agréable coin salon dans lequel nous avions pris place. Je portai ensuite un regard intéressé, puis flatté, sur le dernier cliché qui venait de révéler ses secrets. Si sur le plan technique, la photographie n'était pas parfaite, elle valait bien plus que n'importe quel cliché professionnel. Par mimétisme, un sourire fendit mes joues à l'étude de nos visages heureux et un peu gênés. C'était sans doute le meilleur cadeau qu'Evie pût me faire. Je la gratifiai d'un sourire franc et, de la pointe d'un stylo à encre noir, inscrit la date du jour sur l'encart blanc du Polaroïd. « Voilà. Comme ça, même si je perds la boule en maison de retraite, j'aurais toujours la preuve du jour où j'ai pu poser en compagnie de la célèbre Evelyn Pearson. » J'haussai frénétiquement les sourcils, singeant la fierté tordue d'un fan de la première heure glissant son précieux dans la poche intérieure de sa veste en cuir. J'étais persuadé qu'Evie avait des admirateurs, furent-ils secrets ou non, et je me plaisais à croire qu'elle n'était pas forcément à l'aise avec ça. Son nom avait beau être populaire, j'avais toujours eu l'impression qu'elle fuyait la vie publique qu'on voulait lui attribuer au profit d'une vie dont elle seule tenait les rênes. Pour ça, et bien d'autres choses, je pouvais compter parmi ses admirateurs. Et davantage encore quand elle s'échappa quelques secondes pour revenir avec une bouteille sombre à l'étiquette noble. Je laissai échapper un petit rire amusé devant sa tentative d'accent français qui, je devais l'avouer, avait tout son charme. « Excellent ! J'adore le champagne. » prononçai-je soigneusement dans la langue de Molière, si chère à mon coeur, et qui faisait habituellement son petit effet auprès de la gent féminine. Nous nous servîmes deux coupes du bon cru qu'Evie était allée chercher je-ne-sais-où, et levâmes nos verres. « À nos retrouvailles qui, j'en suis sûr, ne sont que le début d'une belle histoire. » lançai-je trop précipitamment, avant de me rendre compte du double sens de cette affirmation. Sentant mon coeur s'emballer devant la gêne que cela pouvait occasionner, j'ajoutai tout aussi rapidement, et en français : « Santé ! » Je bus aussitôt une gorgée pour laisser quelques petites secondes s'écouler, avant de pouvoir faire comme si de rien n'était. Hors de question de mettre en péril cette amitié, fut-elle à mon sens particulière, pour un malheureux double sens. Je m'occupai alors de couper la pizza en quarts, et en tendis une à Evie. « L'association met-champagne est étonnante. » Elle était un peu à notre image, finalement. Je dégustai ma part dans un silence religieux, adressant parfois un regard malicieux à ma partenaire. « Etonnante, mais plutôt agréable. » Là encore, je me perdis dans mes sensations : ce repas sur le pouce, notre relation, cette soirée, j'avais la curieuse impression que même les choses les plus insignifiantes s'imbriquaient entre elles. Si l'ombre de certaines craintes m'avait envahi la veille, ce n'était plus le cas aujourd'hui. D'autres doutes, évidemment, me poussaient à redoubler d'efforts mais j'avais la certitude que nous avions fait le bon choix, qu'Evie avait fait le bon choix. Elle avait eu le courage de me surprendre à la galerie, d'ouvrir une nouvelle page que j'étais désormais prêt à remplir avec elle.
Au prix de quelques mastications peu flatteuses, loin de la gastronomie raffinée que j'affectionnais habituellement, j'achevai ma part de pizza et bus une gorgée de ces délicieuses bulles dorées. Le gentleman que j'étais s'assura de la disponibilité d'Evelyn avant de lui partager mon ressenti quant à son lieu de travail : « Je me doutais que tu étais une chef d'entreprise hors-pair, et je sais comme tu as travaillé dur pour monter ton affaire, mais je reste impressionné. » L'ambition, la détermination et l'assurance de cette femme étaient d'ailleurs ce qui m'avait tapé dans l'oeil dès notre première rencontre, alors que rien n'était encore construit. Elle était une femme accomplie et, je l'espérais sincèrement, épanouie.
Alma Barton
le bonheur illusoire
ÂGE : 35 ans (03.09.1989) SURNOM : alma est à peine utilisé par son entourage qui s’obstine à l’appeler lola depuis sa plus tendre enfance. c’est comme ça qu’elle jauge la valeur qu’elle a dans le coeur des gens qui se trouvent en face d’elle. lorsqu’on l’appelle alma, ça la met en alerte, et elle reste sur ses gardes STATUT : elle compte ses années de mariage comme d’autres comptes leurs années de captivité. ils en sont à six avec jake, et pourtant elle a le sentiment d’en avoir subi davantage. ça aurait pu s’adoucir depuis qu’elle est devenue maman : c’est pire, bien pire encore MÉTIER : récemment promue nouvelle directrice artistique des bijoux du géant de la joaillerie, michael hill, elle a travaillé longtemps au sein de l’entreprise en tant qu’acheteuse de pierres précieuses. elle garde un pied dans ce domaine aujourd’hui, assumant fièrement sa double casquette, ne tenant pas en place, plus que jamais motivée à redorer le blason de cette maison à laquelle elle tient malgré la réputation sulfureuse qui la précède LOGEMENT : #99 st pauls terrace, spring hill, dans une villa de type hacienda construite juste après son mariage. elle aimerait sans doute cette maison si elle n’avait pas autant l’allure d’une cage ; son mari y est heureux, leur fille aussi, mais le sentiment n’est pas partagé, de ce fait elle la fuit dès qu’elle le peut POSTS : 10419 POINTS : 620
TW IN RP : accident de la route, délit de fuite, mensonges, manipulation, jeux de pouvoir, chantage, mention d’alcoolo-dépendance, mariage plus ou moins arrangé, déni de maternité (j’adapte mes rps sans problème, contactez-moi si besoin) GENRE : Je suis une femme ORIENTATION : Ça ne m'intéresse pas. PETIT PLUS : cubaine par sa mère ◦ nepo-baby ◦ ex-employée chez vogue australia, surtout ex-assistante de son éditorialiste phare, nicole greene, sa tante ; cousine de micah tomlinson ◦ carnet d’adresses aussi précieux que les pierres qu’elle déniche depuis 8 ans pour le compte de la mhi ◦ as des codes sociaux, pas contre d'utiliser son physique pour atteindre ses objectifs, adepte de l’opportunisme et de la manipulation ◦ épouse par dépit, mère par obligation ; n’aime pas son mari, déplore la naissance de leur fille, claudia ◦ alcoolo-dépendance tapie entre ses mensonges, sa culpabilité et son déniDISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #7AA1D2 RPs EN COURS :
GREEDE ◦ so when i touch down call the amateurs and cut 'em from the team ditch the clowns get the crown baby i'm the one to beat cause the sign on your heart said it's still reserved for me honestly who are we to fight the alchemy?
MALONE ◦ what if i roll the stone away? they're gonna crucify me anyway what if the way you hold me is actually what's holy? if long-suffering propriety is what they want from me they don't know how you've haunted me so stunningly
JAKE ◦ i would've died for your sins instead i just died inside and you deserve prison but you won't get time you'll slide into inboxes and slip through the bars you crashed my party and your rental car (scénario libre)
« La célèbre Evelyn Pearson. » fit-elle d’un ton faussement pincé. Rejetant en bloc, et d’un geste leste de la main, l’étiquette que Marius venait de gentiment lui coller, elle toupilla sur ses talons, secouant la tête de droite à gauche avec conviction. Même si elle surjoua le déplaisir, laissant échapper une toute petite grimace au passage, elle n’en ferait pas toute une histoire. Elle qui s’était si longtemps échinée à ce que les adjectifs servant la gloire de son père ne lui soient jamais accordés, profondément gênée par l’idée de profiter des honneurs, n’ayant jamais rien accompli qui vaillent la peine d’être considéré comme grandiose ou légendaire en vérité, elle laissa les choses couler, non sans démontrer un certain amusement à la tâche, pour une fois. C’était l’adrénaline, sans doute, car ce sujet était probablement le plus sensible à aborder avec elle. Modeste, elle l’était. Evie était avant tout si respectueuse du travail fourni par autrui qu’elle refusait de s’en accorder le mérite sous le prétexte que c’était son héritage, que c’était dans l’ordre des choses, qu’elle le méritait – célèbre, elle ne l’avait jamais été, et elle ne le serait jamais, fin de la discussion. S’il convenait plutôt bien à ses trois sœurs, du côté de la jeune femme, le népotisme était un style de vie qui ne lui avait jamais semblé très juste en définitive. Quand il s’agissait de se reposer sur l’image publique d’un homme qui avait travaillé dur toute sa vie pour devenir quelqu’un, et ce sans profiter d’une quelconque filiation prestigieuse ou de privilèges, ça coinçait ; ce n’était d’ailleurs pas maintenant que ça allait changer. Pourtant, portée par un enthousiasme nouveau, elle se laissa le bénéfice du doute. Charmée par le ton employé par son interlocuteur, qui n’avait besoin d’user d’aucun stratagème pour s’attirer l’intérêt de son auditoire actuel, elle compta sur son envie de bien faire les choses, et sur son envie de champagne aussi, pour se soustraire à son regard, et le laissa seul un instant. Sur le chemin, elle décida de passer l’éponge cette fois, pas vraiment disposée à lui raconter le combat qu’elle portait à bras le corps pour conserver son identité propre ; ce serait creuser dans des galeries trop étroites, intimes et lugubres. Même si elle lui faisait confiance, à l’aise avec les mots qu’ils avaient échangés par écrit, plus que ceux qu’ils avaient échangés à l’oral jusqu’à présent, il y avait encore des choses qu’elle ne sentait pas prête à partager avec Marius. Par crainte, mais par pudeur aussi – comme la complexité de ses rapports avec sa mère et ses sœurs, et surtout, le deuil perpétuel de son père dont elle sentait encore la présence partout où elle allait.
C’était lui qui lui avait appris à rendre à César ce qui lui appartenait. Aussi, quand Marius fit une pause dans sa dégustation pour reprendre la parole, elle se prépara mentalement à remettre les choses dans le bon ordre, avalant avant toute chose sa gorgée de champagne avec une délectation manifeste ; elle pétillait autant que les dizaines de milliers de bulles qui dansaient dans son verre – c’était à ce moment-ci qu’il aurait fallu sortir l’appareil photo. Elle n’avait pas vraiment faim en vérité, toutefois elle avait accepté la proposition du jeune homme parce que sa spontanéité l’avait touchée, et qu’elle n’avait pas envie qu’il s’en aille, pas quand elle se sentait aussi bien en sa compagnie. Elle était parfois un peu déboussolée par ses œillades, son sourire et ses maladresses, mais elle y répondait toujours avec esprit « La suite d’une belle histoire, tu veux dire. » avait-elle donc corrigé en levant sa coupe de champagne devant son nez légèrement retroussé, feignant de ne pas avoir remarqué la façon dont il avait piqué du nez dans son verre, même si ça l’avait fait rire. Neutralisant son sous-entendu en l’imitant à la perfection, assoiffée et exaltée en même temps, elle s’était tut un instant. Maintenant, elle se contentait de picorer la garniture de sa part de pizza avec indécision, le regard irrémédiablement attiré par la silhouette qui lui faisait face, et qu’elle ne cessait d’analyser avec l’air de ne pas y toucher « Tu ne devrais pas, on m’a beaucoup aidé. » C’était la seconde fois depuis ce matin qu’elle pensait à Neal. En la présence de Marius, ça lui semblait presque scandaleux de le faire. Principalement parce qu’elle lui avait vaguement parlé de lui, sans jamais oser ne faire rien d’autre qu’esquisser les contours de la relation qu’ils entretenaient en privée, et qui se résumait à bien plus que quelques verres vidés après le travail, comme elle s’était souvent contentée de lui faire croire pour des raisons nébuleuses, et probablement plus puériles qu’il n’y paraissait. Mais elle ne put s’en empêcher, et ajouta en se penchant en avant pour poser sa coupe sur le bord de la table basse, et attraper une serviette en papier avec laquelle elle s’essuya doucement les mains « J’ai eu de la chance de rencontrer Neal à l’époque. Sans lui, j’y serais arrivée, mais sans doute pas aussi rapidement. Le mérite lui revient de moitié, si ce n’est plus. » Un sourire en demi-teinte étirant ses lèvres qui crépitaient sous l’effet des bulles de champagne, elle repoussa rapidement une mèche de cheveux échappée de son chignon tressé, tandis qu’elle se redressait un peu pour croiser le regard de Marius « Je crois qu’il te plairait. » Les imaginer dans la même pièce avait quelque chose de particulièrement troublant pour la jeune femme. Et certainement que c’est ce trouble qui fût à l’origine du geste trop brusque qu’elle fit lorsqu’elle voulut réempoigner sa coupe de champagne pour la terminer. Sa main vint la heurter avec tellement de force, qu’elle fût projetée au milieu de la table-basse, et envoya valser tout son contenu sur le pantalon de Marius, alors qu’elle en reçut quelques gouttes au passage – elle maudit son choix de couleur pour son chemisier d’un blanc audacieux qui s’imbiba à certains endroits, accentuant la transparence du tissu, et le galbe de sa silhouette, et qui lui colla à la peau. Mais c’était le cadet de ses soucis à ce moment-là. Sa serviette en papier encore dans la main, elle se leva d’un bond ; elle ne mit pas longtemps avant d’en attraper un paquet d’autres. Ses gestes traduisaient une fébrilité qui ne fit que s’accroître quand, sans hésiter, elle s’inclina sur Marius, dont le pantalon souffrait davantage que son chemisier, dans l’espoir vain d’éponger les dégâts avec ses pauvres carrés de papiers. Sans surprise, ils se détrempèrent aussitôt, pendant que, toujours penchée en avant, elle chuchotait, un souffle rauque s’échappant de ses lèvres légèrement endolories par l’alcool et la confusion « Mon dieu, je suis… je suis désolée. »
they said the end is coming, everyone's up to something, i find myself running home to your sweet nothings. outside, they're push and shoving, you’re in the kitchen humming, all that you ever wanted from me was sweet nothing.
La suite d'une belle histoire, répétai-je intimement pour corriger les mots qui s'étaient trop vite échappés de ma bouche. J'avais pu compter sur la bienséance d'Evelyn, qui avait fait preuve d'une certaine retenue en corrigeant mesurément cette maladresse. Le nez plongé dans ma coupe en cristal, j'inspirais innocemment les fins arômes de fleurs blanches et les effluves de fruits frais de ce grand cru, dans l'espoir que notre conversation prenne un autre chemin. Le silence qui s'installa, aussi naturellement que ce fut, me mit dans une situation plus délicate encore. Une situation dans laquelle j'aurais aisément donné tort à Confucius puisque là, tout de suite, le silence était un ami qui trahissait : il trahissait mon incommodité, confirmait ma maladresse. J'attendis alors impatiemment que l'occasion se présente d'emmener nos échanges vers d'autres contrées, aussi lointaines que possibles.
Son entreprise, son premier enfant. Il était assez flagrant, à la lecture de ses lettres, qu'Evelyn réfutait catégoriquement qu'on attribue sa réussite professionnelle à la notoriété que lui imposait son nom de famille. J'avais toujours supposé, ce que sa réaction, quand bien même exagérément théâtrale, avait confirmé à la mention de sa potentielle célébrité, qu'elle détestait qu'on lie sa vie à son patronyme. Si certains considéraient sa naissance dans une famille aisée comme le droit d'avoir à bien des égards la faculté de faire ce qu'elle voulait, les certitudes de la néo-zélandaise étaient toutes autres. Comme elle, pour des raisons qui m'échappaient encore aujourd'hui, j'avais longtemps été assujetti à subir les critiques faciles de bon nombre d'individus. Mes facilités scolaires, les bonnes relations que j'entretenais avec mes parents, avec mes professeurs, mes succès professionnels et mon ambition permanente avaient gonflé le nombre d'envieux, année après année. Mon caractère solitaire, taciturne et un brin méprisant n'arrangeant en rien mes relations sociales, j'avais dû faire mes preuves, davantage encore que certains de mes collègues à la fibre amicale, pour gagner ma place dans le paysage de l'enseignement supérieur et la recherche. Seul, à la seule différence d'Evie qui mettait un point d'honneur, vraiment, à vanter les mérites de Neal. Mes lèvres se retroussèrent légèrement à l'évocation insistante de cet assistant que je n'avais jamais rencontré, mais dont la brune m'avait dessiné les contours par écrit. J'avais toujours imaginé ce Neal comme l'homme vertueux, l'associé honnête et solide sur lequel Evelyn avait pu compter depuis la création de son agence. C'était la première fois, en revanche, que je pressentais une étrange affection à l'égard de cet homme dont le souvenir semblait l'emplir d'une nostalgie perceptible, entérinée par sa manière de glisser maladroitement une mèche de cheveux fuyante derrière son oreille. Je plissai sensiblement les paupières devant cette supposition qui absorbait désormais toute ma concentration. « Certainement. » Feintant un intérêt déplacé pour cet inconnu dont je ne parvenais à saisir la réelle importance dans la vie de mon amie, je pris néanmoins le pari de croire en sa clairvoyance. « Nous serions peut-être amenés à nous croiser un jour. » supposai-je sans autre conviction que celle de prouver à Evie mon intention de rester dans les parages. Et alors que ma fonction humaine se réduisit de nouveau au sirotement du champagne pétillant, Evie fit valser sa flûte irisée sur la table désormais tapissée d'éclats de verre luisants et nappés d'un étincelant liquide doré. D'un bond, elle surplomba la scène de crime et épongea, tant bien que mal, l'alcool déversé entre nous. J'attrapai aussi vite un petit paquet de serviettes pour lui venir en aide lorsque, tendu par son affolement, je fis à mon tour vaciller ma coupe. D'un geste maitrisé, je parvins à éviter un absurde comique de répétition. La flûte mise en sécurité, je portai mon attention sur celle qui ne m'était jamais apparue aussi fébrile. Je me levai pour attraper ses mains, mouillées de champagne et légèrement collantes, en expirant un rire amusé. « Hey, ne t'en fais pas. Je n'aimais plus ce pantalon, de toute façon. » L'ironie palpable dont je fis preuve n'avait d'autre intérêt que celui de la détendre, ce qui ne semblait pas être une mince affaire à l'instant T. Je tâchai de la convaincre du fait que mon pantalon n'avait guère plus de valeur que le carton de pizza, à l'inverse de son chemisier dont la transparence s'était indubitablement accentuée. Prenant soin d'éviter de porter mon regard dessus, je balayai la pièce en quête d'autres serviettes sèches. « Sauve la vie de ton chemisier, je m'occupe du reste. » Je libérai ses mains et m'activai à blanchir la réputation de ce petit salon, faisant passer l'état de mon pantalon au second plan. La propreté des bureaux d'Evie passaient bien avant toute considération personnelle, c'était sa carte de visite et je savais à quel point cela comptait pour elle - peut-être autant que ma carrière comptait pour moi, c'était peu dire. En deux temps, trois mouvements, l'endroit avait retrouvé son état d'origine et je pus m'attarder sur mes vêtements. Une moue se coinça sur mon visage à la constatation suivante : le liquide avait déjà presque entièrement imbibé le tissu, si bien qu'il eût été impossible de lui rendre son éclat sans un passage en machine à laver. J'abandonnai l'idée d'un rattrapage express au profit d'un certain recul sur la situation, qui demeurait plutôt cocasse. « Tu as besoin d'aide ? » lançai-je au vent sans réaliser que non, Evelyn n'avait sûrement pas besoin d'aide pour nettoyer son chemisier, qui plus est transparent. Ma prise soudaine de conscience me fit rouler les yeux, les paumes de mes mains valsant silencieusement vers le ciel. Mais quel con. En quête d'une solution de secours, j'attrapai ma veste en cuir et m'approchai de la porte vers laquelle Evie s'était dirigée - sans doute étaient-ce les toilettes, ou une petite cuisine. Demeurant cloîtré derrière le mur jouxtant l'encadrement de la porte, restée entrouverte, je lui tendis mon trophée. « Tu risques de flotter dedans, mais ce sera sans doute plus confortable. » Son corps menu dans ma veste en cuir lui donnerait sans doute une drôle de dégaine, mais ce serait toujours mieux que de sortir de son agence avec un chemisier trempé... et ce serait le prétexte idéal pour un prochain rendez-vous.
Alma Barton
le bonheur illusoire
ÂGE : 35 ans (03.09.1989) SURNOM : alma est à peine utilisé par son entourage qui s’obstine à l’appeler lola depuis sa plus tendre enfance. c’est comme ça qu’elle jauge la valeur qu’elle a dans le coeur des gens qui se trouvent en face d’elle. lorsqu’on l’appelle alma, ça la met en alerte, et elle reste sur ses gardes STATUT : elle compte ses années de mariage comme d’autres comptes leurs années de captivité. ils en sont à six avec jake, et pourtant elle a le sentiment d’en avoir subi davantage. ça aurait pu s’adoucir depuis qu’elle est devenue maman : c’est pire, bien pire encore MÉTIER : récemment promue nouvelle directrice artistique des bijoux du géant de la joaillerie, michael hill, elle a travaillé longtemps au sein de l’entreprise en tant qu’acheteuse de pierres précieuses. elle garde un pied dans ce domaine aujourd’hui, assumant fièrement sa double casquette, ne tenant pas en place, plus que jamais motivée à redorer le blason de cette maison à laquelle elle tient malgré la réputation sulfureuse qui la précède LOGEMENT : #99 st pauls terrace, spring hill, dans une villa de type hacienda construite juste après son mariage. elle aimerait sans doute cette maison si elle n’avait pas autant l’allure d’une cage ; son mari y est heureux, leur fille aussi, mais le sentiment n’est pas partagé, de ce fait elle la fuit dès qu’elle le peut POSTS : 10419 POINTS : 620
TW IN RP : accident de la route, délit de fuite, mensonges, manipulation, jeux de pouvoir, chantage, mention d’alcoolo-dépendance, mariage plus ou moins arrangé, déni de maternité (j’adapte mes rps sans problème, contactez-moi si besoin) GENRE : Je suis une femme ORIENTATION : Ça ne m'intéresse pas. PETIT PLUS : cubaine par sa mère ◦ nepo-baby ◦ ex-employée chez vogue australia, surtout ex-assistante de son éditorialiste phare, nicole greene, sa tante ; cousine de micah tomlinson ◦ carnet d’adresses aussi précieux que les pierres qu’elle déniche depuis 8 ans pour le compte de la mhi ◦ as des codes sociaux, pas contre d'utiliser son physique pour atteindre ses objectifs, adepte de l’opportunisme et de la manipulation ◦ épouse par dépit, mère par obligation ; n’aime pas son mari, déplore la naissance de leur fille, claudia ◦ alcoolo-dépendance tapie entre ses mensonges, sa culpabilité et son déniDISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #7AA1D2 RPs EN COURS :
GREEDE ◦ so when i touch down call the amateurs and cut 'em from the team ditch the clowns get the crown baby i'm the one to beat cause the sign on your heart said it's still reserved for me honestly who are we to fight the alchemy?
MALONE ◦ what if i roll the stone away? they're gonna crucify me anyway what if the way you hold me is actually what's holy? if long-suffering propriety is what they want from me they don't know how you've haunted me so stunningly
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« C’est un très joli pantalon, pourtant. » Ses yeux incertains remontèrent le long de la silhouette de Marius, puis scannèrent consciencieusement son visage. Pensant y déceler quelques signes de contrariété, elle se sentit stupide de surréagir comme elle le faisait, puisque de son côté, il semblait plutôt serein avec l’action de s’être fait asperger avec du bon champagne. Sans doute y avait-il pire dans la vie, mais tout de même. Momentanément retranchée dans cet état de panique irrationnel, Evelyn anticipa vaguement son emportement supposé en serrant étroitement les mâchoires, au point que ses quenottes crissèrent de nervosité. Droite comme un piquet, le bas du dos douloureux à force de se tenir aussi raide sur ses pieds, elle n’osa pas remuer ses doigts, emprisonnés par ceux du jeune homme qu’elle évita soudainement de regarder. Elle exécrait le comportement qu’elle était en train d’adopter, celui de la femme-enfant prise sur le fait accompli, et qui attendait sagement d’être punie. Elle baissa même la tête, ce qui n’arrangea pas les choses, lui donnant une allure de fautive transie par la culpabilité, alors qu’il n’y avait pas mort d’homme. C’était contre tous ses principes, d’agir comme une petite chose fragile, et certainement eut-elle besoin de cet électrochoc pour retrouver bonne contenance. Précipitamment, elle récupéra ses mains.
Les lèvres réduites en une ligne trop mince pour être seyante, les paumes des mains poisseuses, refermées sur des serviettes en papier détrempées, et les battements de son cœur pulsant en rythme jusqu’à ses tempes, Evie se redressa encore un peu plus, accentuant la cambrure de ses reins qu’elle jurerait avoir entendu craquer sous la manœuvre. Marius avait l’air plus amusé qu’elle ne l’était ce qui, quelque part, la soulageait – mais juste un peu. S’obstinant à vouloir le nettoyer encore, elle se déroba, à son regard et au reste, en troisième vitesse, et continua à lui frotter le haut de la cuisse. Elle posa une main sur sa hanche pour avoir meilleur appui, et glissa malencontreusement ses doigts sous la boucle de sa ceinture pour ne pas tomber. En équilibre sur ses talons hauts, elle s’agenouilla presque, prête à donner de l’huile de coude. Ses serviettes en papier, trop humides, formèrent des bouloches qu’elle frotta, elles aussi. Se fichant comme d’une guigne de renvoyer une image erronée à celui qui passerait devant la vitrine de son agence, elle s’approcha davantage, posa ses genoux au sol, et ignora les conseils de Marius.
« Je n’aimais plus ce chemisier, moi non plus. » fit-elle en parfait écho, et elle lança un bref regard à son décolleté, constellée de gouttelettes dorées. Puis, ne s’apetissant pas sur le sujet, elle reprit son nettoyage. Le nez à quelques millimètres des cuisses de Marius, on aurait pu se méprendre sur la portée immédiate de ses gestes désordonnés. Seulement, aucune parade amoureuse obscène ne se jouait derrière la vitre. Evelyn frotta encore quelques secondes, mais rien n’y faisait, alors elle finit par abandonner, non sans éprouver un sentiment effroyable de gêne qui teinta ses pommettes, fit ressortir ses taches de rousseur sur ses joues et son nez, et augmenter sa chaleur corporelle d’un ou deux degrés. Aussi, les frissons qu’elle avait ressenti à cause de la fraîcheur du champagne qui imbibait son chemisier, et qui lui collait maintenant à la peau, disparurent aussitôt – à ce rythme-là, elle serait sèche en un rien de temps. Le dos toujours légèrement courbé, et les yeux valsant d’un coin à un autre du désastre qu’elle avait essayé de réparer, Evie soupira. La tache sur le pantalon de Marius restait dans son champ de vision, ça la poussa à dire de nouveau « Je suis désolée. » Pendant qu’elle s’apprêtait à enfin se lever pour se mesurer à sa stature, plus imposante que la sienne malgré ses 12 centimètres de talons, elle voulut marquer une halte au milieu de l’état d’effroi notoire dans laquelle elle venait de s’enfoncer ; reprends-toi, ma fille, sembla-t-elle se dire à elle-même, les mains posées sur les genoux, et des petits cheveux virevoltant devant son visage contrit par l’inquiétude d’avoir encore une fois tout gâché. Sa halte terminée, elle remua sur ses genoux, avant de se figer ; le flash d’un appareil photo, plus gros que le minuscule engin Polaroïd qu’elle avait dégainé tout à l’heure, l’aveugla sans qu’elle ne sache d’où il venait.
Il venait de l’extérieur, de derrière la vitrine de l’agence, plus exactement. Un homme bedonnant, d’une cinquantaine d’années, s’activa sur ses pieds, tout de suite après avoir croisé le regard d’une Evie interdite – et agenouillée au sol, la tête penchée devant l’entrejambe d’un homme dont la réaction restait un mystère pour la principale intéressée, toujours sous le choc de ce retournement de situation insensé, mais prévisible – n’avait-elle pas prévenu Marius, un peu plus tôt ? Cette intrusion, ça mettait à mal toutes ses modestes théories sur sa soi-disant célébrité. Elle se leva sans délai, et dans la foulée, amorça une remontée énergique vers la porte de l’agence. Elle se ravisa presque immédiatement. Dans ces cas-là, elle savait qu’il ne valait mieux pas se lancer dans une course effrénée pour rattraper les photographes ; ils étaient parés à la fuite, leur véhicule tournant à plein régime à quelques mètres du lieu du crime, le téléphone collé à l’oreille pour négocier le meilleur prix du cliché fraîchement tiré. Se stoppant net, elle ferma fort les yeux, et serra fort les poings, ses ongles formant des demi-lunes à l’intérieur de ses paumes, toujours collantes de champagne. Son inconscient, plus préparé à cette éventualité qu’elle ne le pensait, se mit soudain en route. Celie verrait rouge sitôt qu’on viendrait lui rapporter que sa fille faisait la une des journaux pour une histoire de gâterie au sein même de l’agence d’organisation de mariages qu’elle venait d’ouvrir après une longue absence sur le territoire australien. La scandaleuse Pearson, celle qui avait terminé dans un ensemble privé catholique pour s’être bagarré avec des petits garçons à la récréation, refaisait des siennes, et cette fois-ci, ça valait plus le coup que quelques points de sutures, et une vulgaire orgie d’hosties avec les copines ; cette histoire, on l’appellerait La Bagatelle de l’Année, elle en mettrait sa main à couper.
D’ailleurs, si elle prenait le temps de réfléchir davantage à la possibilité de se retrouver prise au milieu d’un scandale sexuel – qui n’en était pas un –, Evie ne mettrait sans doute pas longtemps à deviner le genre de titres qui s‘étalerait sur les manchettes des journaux à scandales, dès le lendemain matin. Ce n’était pas le genre de coup de publicité dont Celie rêvait pour La Fondation, mais elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même : c’était elle qui avait lancé des photographes aux trousses de sa fille, à peine avait-elle remis le pied en ville. Et Marius, dans tout ça ? Evelyn tourna la tête vers lui avec la mine de ceux qui savent quoi faire – ou pas, toujours est-il qu’elle s’approcha de nouveau de lui, et que n’hésitant pas, elle prit son visage dans ses mains pour lui murmurer sur un ton las, mais d’une douceur infinie « Tu comprends pourquoi je préférais qu’on entre tout à l’heure ? » Elle l’interrogea des yeux, et ajouta, lui demandant en opinant délicatement du chef « Juste au cas-où, tu as un bon avocat ? » Elle le regarda de nouveau fixement, avec dans les yeux, une lueur de tristesse – parce qu’elle s’attendait à ce genre de choses en décidant de revenir en Australie ; sa vie privée ne lui appartenait plus désormais. Néanmoins, elle attendit sa réponse avec patience, et le plus surprenant, c’était qu’elle ne paniquait même pas. Pendant qu’elle affrontait son pire cauchemar, elle restait étonnamment placide. Aussi étrange soit-il, Evelyn Frances Pearson paraissait plus à l’aise à l’idée de gérer une situation aussi alambiquée que celle-ci, alors qu’au contraire, elle s’était littéralement liquéfiée en étant confrontée à un incident aussi banal qu’un verre de champagne qui chute et vient souiller le pantalon de l’homme avec qui on l’accuserait bientôt de s’être adonnée à un Afternoon Delight.
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Une fraction de seconde. Il ne suffisait que d'une fraction de seconde pour qu'un cliché immortalise un moment, pour qu'il suspende le temps et dévoile, au tirage, les secrets d'un instant partagé dont seuls les protagonistes connaitraient la véracité. Cet homme à visage camouflé derrière l'énorme optique qui lui servait d'arme blanche, une arme susceptible d'avoir brisé des vies pour quelques centaines de dollars, n'avait sans doute pas plus de conscience que les paparazzis d'Hollywood prêts à vendre père et mère pour un bon scoop. Et aujourd'hui, en capturant la digne héritière des Pearson en charmante compagnie, dans une posture faussement embarrassante, il pouvait se féliciter d'avoir obtenu matière à négociation auprès d'influents tabloïds du pays. Evelyn s'était relevée sans délai et, depuis la porte de son agence, observa la scène avec un écoeurement notable. Les choses s'étaient déroulées rapidement, maladroitement, à tel point que mon corps s'était simplement tendu, jusqu'à la dernière vertèbre, pour tenter d'apercevoir l'homme qui venait d'affoler mon amie. Le mélange d'émotions qu'elle dégageait, à la fois de la colère et du dégoût, se lit aisément sur son visage déconfit. J'en déduisis que l'homme était tout à fait hors de portée, et que son cliché était la secousse sismique qui venait de déclencher un raz-de-marée. Un catastrophe qui se déverserait sur Evie, bien entendu, et sur moi. Ma main vint se plaquer contre mes yeux clos, puis glissa fébrilement sur ma bouche condamnée au silence. J'inspirai profondément, espérant peut-être que cela puisse me permettre de faire le vide dans mon esprit. Je venais d'être photographié dans une position compromettante avec une femme dont des milliers de personnes guettaient les moindres faits et gestes. L'inconnu du grand public que j'étais - ma notoriété s'arrêtait aux portes de l'enseignement, de la recherche et du monde de l'art - ne le serait plus pour très longtemps ; les gros titres seraient racoleurs, et les photos très consultées. Avec la puissance des réseaux sociaux, mon identité serait divulguée dans les minutes suivants la publication. Ici et là, des rumeurs feraient vent des frivolités décadentes d'un éminent professeur, le solitaire, le taciturne, avec la scandaleuse fille Pearson. J'entendais déjà les philosophes de comptoirs, bien cachés derrière leurs écrans ou leurs magazines, déformer nos ambitions professionnelles, débattre sur notre écart d'âge ou dénoncer un coup monté pour mettre les projecteurs sur l'entreprise d'Evie. La créativité des lecteurs n'avait pas de limite, et si je me contrefichais de ce que les autres pensaient de moi, je craignais néanmoins que cela puisse avoir un quelconque impact sur ma carrière. Si la pression des médias se faisait grande, le Président de l'Université me mettrait-il à pied le temps que l'affaire se tasse ? Perdrai-je en crédibilité auprès de mes étudiants ? Ces questions m'assaillirent, et j'en fus si déstabilisé que les tensions musculaires quittèrent subitement mon dos, ma nuque, mes bras, me laissant m'affaler dans le sofa. Et alors que mes pensées s'emmêlaient en un solide noeud, la tendresse d'Evie vint me happer. La douceur de ses doigts longilignes sur mes joues barbues contrastait avec l'intensité de son regard désolé, sur lequel toute mon attention se focalisa. Elle avait l'habitude de ce genre de mésaventures, des moments de vie qu'un inconnu venait dérober pour les exposer en place publique, mais cela semblait toujours être un coup de couteau dans le ventre. Je fronçai les sourcils, contaminé par son inquiétude, et maintins notre échange de regards. Je pris quelques secondes pour m'imprégner de ce moment, aussi délicat fut-il, et lui accorder la réponse qu'il méritait. La lueur de tristesse qui parcourut les yeux d'Evie me serra le coeur, peut-être plus encore que je ne l'aurais cru, et je ressentis l'irrémédiable besoin de lui prouver qu'elle n'était pas seule. J'étais là, désormais, en chair et en os, et toutes ces histoires à deux balles n'étaient peut-être pas si graves ? Je faisais peut-être preuve d'une jeune naïveté en la matière, mais à ce moment précis, rien ne comptait plus que la possibilité de rallumer l'étincelle des yeux de la néo-zélandaise, que ce fucking photographe avait éteint. Je me levai alors, sans un mot, brisant le lien visuel qui nous liait, pour venir la serrer fort dans mes bras. Une fois de plus. Je fermai les yeux et, sans relâcher mon étreinte, m'abandonnai à un moment de plénitude. Toujours sans un mot, je ressentis mes battements cardiaques s'emballer, mes pensées se démêler, nos respirations s'accorder. Pour la première fois de ma vie, je fis preuve d'un recul sur la situation, sans jugement, sans analyse, qui me fut particulièrement bénéfique. Quoiqu'il en fut, il n'y avait pas d'autre issue : le tsunami tabloïds frapperait sous peu, de plein fouet, mais c'était justement une raison supplémentaire de nous rappeler que les vagues étaient encore, à l'heure actuelle, loin des côtes. Je relâchai légèrement notre étreinte. « J'ai un bon tueur à gages. » soufflai-je ironiquement pour tenter de détendre un peu l'atmosphère. Je lui caressai le dos, avec la douceur qui ne me définissait plus depuis des années, et me reculai sensiblement pour constater si une once de sourire était apparu sur le visage d'Evie. Peut-être était-ce notre proximité inédite, nos retrouvailles éprouvantes, ou cette sensation d'être dans nos derniers instants anonymes, rien qu'à nous, mais mon regard resta accroché à ses lèvres. Le souffle court, le regard grave, perplexe devant le flot d'émotions qui me parcourait, je finis par fixer mes yeux dans les siens. Franchement, sans tabou. Une pulsion physique me poussa à approcher mon visage du sien, jusqu'à n'être plus qu'à quelques millimètres de ses lèvres. Je sentis son souffle sur moi, ce qui me perturba davantage, et l'immense envie de faire tomber l'ultime barrière qui se dressait entre nous... jusqu'à me rappeler que nous étions potentiellement à la vue de tous, derrière les vitres de l'agence. J'eus un léger mouvement de recul, le regard volontairement plongé vers le sol pour reprendre mes esprits, et d'un sourire non feint, mais teinté d'une certaine gêne, soupirai bruyamment. « Je ferais mieux d'y aller. » Je n'en avais pas la moindre envie, mais c'était sans doute la meilleure solution pour me ressaisir, éviter de mettre en péril notre relation amicale et prier pour qu'Evie ne m'en veuille pas de m'être égaré dans d'étranges sentiments. J'en avais presque oublié ce foutu photographe.