Logan City, Quartier Sud de Brisbane. L’endroit est calme et ensoleillé aujourd’hui, pour le plus grand bonheur de la jeune brune. Son réveil n’avait pas été des plus agréables. Ne pas dormir dans son lit lui manquait énormément. Un non-sens car elle partageait actuellement ses nuits avec sa petite amie, Lola. Tout tournait étrangement depuis cette histoire d’Halloween. Soupirant doucement, elle avait pris une douche, un rapide petit déjeuner avant de quitter la maison des parents de sa copine. Sur le chemin, la cadette de la famille Reed avait envoyé un SMS à sa petite amie pour lui expliquer sa disparition soudaine. Une halte au supermarché s’imposait, mais elle n’avait pas spécialement envie de manger des sandwichs sous vide et des légumes lavés à la javel. Son choix se tourna donc vers une petite échoppe bio afin de faire le plein de bonnes choses – et de bières artisanales, oui oui – afin de passer un agréable moment ensemble. Munie d’un énorme sac – deux humains et deux chiens.. il faut assez de nourriture pour tout le monde – elle se dit que prendre le bus serait une excellente idée. Le trajet fut heureusement très rapide et elle se retrouvait enfin à l’entrée du parc. Il n’y avait plus qu’à retrouver Clément et les chiens. Plus facile à dire qu’à faire dans un tel endroit mais ses yeux se posèrent rapidement sur un beau jeune homme – oui, son ami quoi – et deux boules de poils qui s’amusent ensemble. Sirius et Moana jouaient ensemble, faisant grandement sourire la demoiselle qui avançait vers eux. D’ailleurs, ces deux-là interrompirent leur partie pour lever les yeux vers Jadyn avant de lui foncer dessus. « Wowo ! doucement les monstres ! » ria-t-elle en levant le sac pour éviter qu’ils ne mettent à mal leur pique-nique. Tendant une main vers eux, ils se précipitèrent pour avoir le plus d’attention de sa part alors qu’elle avançait toujours vers son ami. Posant le sac à terre, son sourire fut plus.. joueur alors qu’elle se jetait sur son brun préféré afin de mettre la pagaille dans ses cheveux. Une fois son chef d’œuvre achevé, elle s’assit à ses côtés non sans sourire fièrement de sa bêtise. « Bonjour » fit-elle sagement avant de repousser doucement les deux chiens qui cherchaient à jouer avec Clément et elle-même. Pour être honnête, elle avait faim et elle savait que les représailles de Monsieur Winchester n’allait pas tarder !
Assit à même l’herbe du parc, je me suis bien rapidement perdu dans la pièce de théâtre que nous sommes entrain de monter. Par intermittence, je lis quelques répliques puis lève le regard et récite les mots à mi voix. Bizarrement, aujourd’hui tout me rentre dans la tête sans problème. Ça fait à peine 30 minutes que je suis ici et j’ai déjà réussi à retenir toute une scène avec un bon gros monologue. Peut-être est-ce le fait que je révise à l’air frais et non enfermé dans ma chambre ? Que Moana et Sirius ne sont pas loin ? Ou que je sais que je n’ai pas le temps à perdre car Jadyn ne devrait pas tarder ? Peu importe, dans tous les cas je suis on ne peut plus concentrer sur ma pièce, je décide donc d’en profiter et ne remarque la disparition soudaine de Moana et Sirius que lorsque je me fais assaillir subitement.
Je ne sais pas ce qui m’arrive et, l’espace de quelques secondes je ne sais plus où je suis ni qui je suis alors qu’un poids humain se retrouve sur moi et qu’une main virulente vient me décoiffer copieusement. «jadyyyyyyyn! » me plaignais-je en repoussant la masse de cheveux qui se trouvent sur moi. Soupirant et grognant alors que j’essaie de me recoiffer, je lance un regard assassin à Jadyn avant de rigoler doucement lorsqu’elle me fait son ‘salut’ innocent. « Salut sale gosse » la saluais-je à mon tour en me frottant l’épaule qui en a prit un petit coup quand Jadyn a décidé de me tomber dessus. C’est à ce moment que Moana et Sirius décident de revenir à la charge et j’ai tout juste le temps de mettre mes mains en avant pour éviter de me prendre la boule de muscle qu’est la jeune staffy en pleine figure. Fort heureusement, Jadyn a tôt fait de réagir et repousse les deux animaux qui s’en font jouer un peu plus loin.
«Ils sont déchaînés aujourd’hui dis donc … » soufflais-je en secouant doucement la tête avant de me pencher et récupérer mon livre que je remet dans mon sac « T’es en retard Jadyn Reed, tu le sais ça ? Et qui dit retard dit…» je laisse ma voix en suspens, espérant que mon amie finisse ma phrase. Mais elle est occupé à libérer les pommes de leur sachet et m’interroge innocemment du regard. «UN GAGE ! Bon dieu Jadyn, réveil toi un peu ! Tu ne te rappelle pas de la règle qu’on avait instaurée ? » demandais-je en allant prendre un fruit, roulant des yeux «Bon ok, peut-être que je viens de l’inventer cette règle mais bon » marmonnais-je en croquant dans ma pomme avant de me pencher en avant et ressortir mon livre de mon sac et le lui balance sur les jambes « Tien. Page 36, le monologue de Créon. Tu vas me le jouer là, devant moi. Et si je décide que c’est concluant j’te payerai un café après » la mettais-je au défis avec un large sourire, amusé.
Spoiler:
pour plus de facilité, voilà le Monologue en question
Retrouver Clément lui permettait de respirer à nouveau. Comme s’il venait de lui donner de quoi ouvrir ses poumons et les blinder en oxygène. Oui, sans lui, elle ne ferait pas grand-chose. La jeune Reed n’est pas en sucre, mais avec son ami, elle est tout simplement elle-même et peut sentir ce goût de liberté qu’elle a tant de mal à retrouver parfois, en ce moment particulièrement. Alors lorsque la demoiselle put se jeter sur lui pour l’embêter quelque peu, elle ne se fit pas prier, malgré les protestations du danseur. Ses cheveux ne ressemblaient plus à rien – encore fallait-il qu’ils aient ressemblé à quelque chose un jour, vous voyez – mais cela ne l’empêchait pas de faire semblant que rien ne s’était passé. Sa remarque la fit rire de plus belle. « Tu abuses, je me suis lavée ce matin » marmonna-t-elle en vérifiant tout de même qu’elle n’ait pas trop transpiré en ayant pris les transports en commun. Quant à eux – les chiens – ils avaient du mal à rester à leur place avec l’apparition de l’étudiante, mais elle fit en sorte de les remettre à leur place, afin de ne pas manger des poils plutôt qu’autre chose. Elle laissait Clément récupérer son livre alors que le sac fut tirée à elle afin de préparer leur repas. D’une oreille à demi-attentive, elle ne comprit pas bien ce qu’il attendait d’elle, vis-à-vis de la suite de sa phrase. Son regard se plantait dans celui de son confident alors qu’elle haussait un sourcil à sa réponse. Depuis quand avaient-ils mis ceci entre eux ? Son rire s’élevait doucement alors qu’un livre atterrit sur elle. Bien. Et ? « Tu inventes des nouvelles règles et j’ai qu’un café en guise de récompense ? » râla-t-elle en ouvrant le livre à la bonne page. Sans prendre le temps de tout lire, Jadyn se mit debout afin de sentir la terre sous ses pieds, s’imprégner de l’énergie de l’énergie du sol pour entrer dans le personne. Non, elle était tout sauf actrice, mais le ridicule ne tue pas. « Mais bon Dieu ! Essaie de comprendre une minute, toi aussi, petite idiote ! J’ai bien essayé de te comprendre, moi » On dirait le début d’une dispute avec Lola, se dit-elle avant de se reprendre, voulant jouer ce monologue au mieux. « Il faut pourtant qu’il y en ait qui disent oui. Il faut pourtant qu’il y en ait qui mènent la barque. Cela prend l’eau de toutes parts, c’est plein de crimes, de bêtise, de misère… » fit-elle en mimant une barque avec une main, l’autre tenant le livre pour continuer la pièce. « Et le gouvernail est là qui ballote » s’exclama-t-elle en agitant la main vers un poteau qui ferait office de gouvernail. « L’équipage ne veut plus rien faire, il ne pense qu’à piller la cale et les officiers sont déjà en train de se construire un petit radeau confortable, rien que pour eux, avec toute la provision d’eau douce pour tirer au moins leurs os de là » Jade montra des gens se baladant dans le parc loin d’eux, tout en parlant de l’équipage et de ces êtres qui l’abandonnaient dans sa tourmente. « Et le mât craque, (fait le bruit d’un craquement) et le vent siffle, (siffle) et les voiles vont se déchirer, (mime qu’elle déchire son t-shirt) et toutes ces brutes vont crever toutes ensemble, parce qu’elles ne pensent qu’à leur peau, à leur précieuse peau et à leurs petites affaires » Son personnage lui collait de plus en plus à la peau. « Crois-tu, alors, qu’on a le temps de faire le raffiné, de savoir s’il faut dire « oui » ou « non », de se demander s’il ne faudra pas payer trop cher un jour et si on pourra encore être un homme après ? » Une main se posait sur son front, d’un air totalement dramatique. « On prend le bout de bois, on redresse devant la montagne d’eau, on gueule un ordre et on tire dans le tas, sur le premier qui s’avance. Dans le tas ! » Un bout de baton ramassé à terre, elle le brandit fièrement, affolant les chiens près à l’attraper. En guise de tire, la brune se lança pour faire partir les deux bébés loin d’eux afin de finir son texte. « Cela n’a pas de nom. C’est comme la vague qui vient de s’abattre sur le point devant vous ; le vent qui vous gifle, et la chose qui tombe dans le groupe n’a pas de nom. C’était peut-être celui qui t’avait donné du feu en souriant la veille » murmura-t-elle en se rasseyant auprès de Clément. « Il n’a plus de nom. Et toi non plus, tu n’as plus de nom, cramponné à la barre. Il n’y a plus que le bateau qui ait un nom et la tempête. Est-ce que tu le comprends, cela ? » finit-elle en fermant doucement le livre. « Tiens matelot ! » lança-t-elle en ouvrant une bière avant de la lui offrir. « Et non, je ne compte pas troquer la danse contre le théâtre, je ne suis pas aussi douée que ça » se flatta-t-elle en riant. Ça lui avait manqué de ne plus être en compagnie de son ami. Oui, il lui avait terriblement manqué et elle ne voulait plus jamais vivre un tel manque.
Se faire sortir du monde merveilleux d’Antigone aussi violement n’est pas très agréable, bien au contraire…sauf quand il s’agit de Jadyn Reed. Je crois qu’elle peut me déranger comme elle veut, me faire ce qu’elle veut, jamais je ne pourrais lui être méchant. Du moins pas consciemment. Tandis que je me recoiffe, je l’engueule ironiquement puis décide d’une nouvelle règle entre nous : celui qui arrive en retard se voit attribuer un gage. Et cette règle est mise en place dès maintenant et je tends mon livre de théâtre à ma partenaire de connerie afin qu’elle me lise le monologue de mon personnage.
Et quel show ! Mais quel show ! Cette Jadyn m’époustoufle toujours, autant qu’elle m’épuise. Elle est génial, son intonnation laisse réellement à désirer, mais son jeu est une pure merveille. Si on avait dans l’idée d’en faire une pièce comique, je pense que je lui aurais carrément piqué quelques idées. Son interprétation de la scène est totalement individuelle et lui correspond tellement bien que je ne peu m’empêcher de rigoler de bon cœur. Et bon dieu que ça fait du bien de rigoler de la sorte ! Un rire pur, simple, clair, non forcé et sans arrière pensées. Il n’y a qu’avec Jadyn que je peux être aussi libéré ces derniers temps, ma relation avec Ambroise étant à nouveau plus ou moins bancale. Rien de bien dramatique et je pense qu’avec une soirée à deux ça peut s’arranger. Je pense qu’en rentrant je lui en proposerais une ce week-end.
Je sors de mes pensées lorsque la jeune femme s’installe à nouveau à côté de moi et déclame la dernière tirade avant de refermer le livre et me le redonner, rigolant, elle aussi. « C’est dommage, le théâtre te va bien aussi !» dis-je, amusé «Enfin, à la base Antigone c’est tout sauf une pièce comique, tu sais ? » l’interrogeais-je «Y a pas de grands gestes comme t’as fait mais …bon, c’était ton interprétation et elle vaut de l’or, vraiment » rigolais-je doucement « J’aurais dû filmer, merde !» je me frappe le front en secouant la tête avant d’attraper un paquet de chips et le paquet de jambon.
Je roule une tranche de viande que je donne à Moana qui l’englouti en entier puis en donne une à Sirius qui est plus consciencieux dans sa dégustation. «Bon sinon, raconte moi » dis-je en attrapant la bière «quoi d’neuf dans ta vie ? ça fait trop longtemps qu’on s’est plus vu, ça devrait être interdit » je roule des yeux et hoche la tête «Et oui c’est ma faute, je sais » soupirais-je, las «Trop de boulot pour les cours, trop d’exam, trop de répète, trop de stress avec mon père, pas assez de temps pour mon meilleur ami, trop d’obligations avec Sirius … bref » je secoue la tête «Mais après ma crise d’angoisse sur scène la dernière fois j’ai pas le droit à une deuxième erreur, faut que je bosse à fond mon texte pour dimanche histoire que ça m’arrive pas une seconde fois, parce que celle-ci serait fatale pour ma future carrière » grimaçais-je alors que je prends une autre longue gorgé de ma bière «Bref, faut qu’on s’arrange pour se voir plus souvent » ce qui signifie pour moi de libérer une plage horaire et donc couper cours à quelque chose de mon quotidien. Mais quoi ? Tout ce que je fais est extrêmement important et il n’y a vraiment pas assez d’heures dans une journée.
L’art et la manière de faire les choses à sa façon, selon Monsieur Clément Winchester. Probablement qu’une autre personne l’aurait envoyé balader pour une telle idée, règle entre eux arrivée si soudainement et sans consentement de la jeune femme. Néanmoins, la jeune Reed était joueuse et un tel défi ne lui faisait pas froid aux yeux. Le théâtre n’était pas son fort, mais face à son meilleur ami, le ridicule ne lui faisait pas peur du tout. Au pire, il se moquerait un bon coup, elle se vengerait plus tard et le tour était fait ! En tout cas, son ami s’amusait bien vu qu’il en riait et cela rendait la brune heureuse. Le voir, sourire et éclater de rire, tout simplement. Elle n’avait pas besoin de plus pour se baigner dans un bonheur des plus revitalisants. Clément se moquait clairement d’elle, mais ça lui était égal. La danseuse souhaitait continuer d’entendre cette douce mélodie encore et encore. C’était si apaisant, réellement et sincèrement. En tout cas, son interprétation – bien qu’apparemment très.. personnelle – touchait progressivement à sa fin et elle en avait bien besoin pour prendre un verre d’eau, manger et faire autre chose que la pitre avec le plus merveilleux des hommes au monde.
Refermant le livre, la demoiselle se rassit pour déguster leur déjeuner et surtout écouter son brun préféré. Son regard se posait sur lui, en roulant des yeux. « Je pourrais faire humoriste si jamais je ne trouve pas de plan de carrière avant la fin de mes études » pouffa-t-elle. Ou alors jouer sur une chaîne de télé pour les enfants. « J’avais envie de te faire une interprétation des plus uniques » Histoire qu’il s’en rappelle jusqu’à la fin de sa vie. « Dommage, hein » s’amusa-t-elle en prenant de quoi faire se faire un sandwich. Mangeant tranquillement, elle regardait les deux boules de poil manger leur bout de viande offert par Clément. Que raconter et bien.. C’était aussi simple que brouillon dans la tête de la jeune femme. « J’ai pas mal de cours en ce moment, mon stage me prend aussi de longues heures mais ça se passe vraiment super bien, je trouve moins de temps pour danser en ce moment, j’ai retrouvé ma mère, je dors chez Lola parce que.. c’est un peu compliqué chez moi et puis voilà » déballa-t-elle d’un coup histoire de tout lâcher. Courage à lui pour faire le tri dans les informations.
L’écoutant d’une oreille attentive, Jadyn voyait bien qu’elle n’était pas la seule à avoir un rythme effréné en ce moment. « Ne t’en prends pas à Sirius, le pauvre » le taquina-t-elle pour le faire sourire et arrêter d’être si stresser sans cesse. Apparemment, celui-ci ne se calmait pas car il avait une pression incroyable sur ses épaules. « Tu vas y arriver, je crois en toi et même si je ne suis pas une superbe actrice, je veux bien te donner un coup de main » sourit-elle en douceur. « Ne te noies pas dans l’alcool » bouda-t-elle en le voyant boire sa bière avec un peu trop de rapidité à son goût. Ce n’était pas un reproche, juste qu’elle s’inquiétait pour elle et son état actuel de tension. « On prendra le temps de se voir dès que ça ira mieux, je ne veux pas imposer ma présence pendant que tu répètes ou quoique ce soit, je serais une piètre amie de faire une telle chose » Non pas que la brune se mettait en arrière plan, mais ce serait aussi compliqué pour elle de mettre certaines choses de côté. Ses cours, non. Son stage, non. Sa famille, non plus. Ils avaient besoin de temps, tous les deux.
Ça fait vraiment du bien d'être à nouveau en présence de Jadyn. Cette fille est merveilleuse et je remercie le destin que nos routes se soient croisées. On s'est tout de suite superbement entendu, il y a très rapidement eu une alchimie particulière entre nous. Nous avons le même genre d'humour, la même passion pour la danse, le même intérêts de faire des conneries et de se lancer des défis et dépasser nos propres limites. Mais peut-être que notre superbe entente vient aussi de plus profonds ? Car mine de rien, un de nos plus gros points communs est bel et bien le fait que nous ayons été tous les deux adoptés. La différence majeure réside toutefois dans le fait qu'elle l'a toujours su mais que moi je l'ai apprit il y a seulement un an. Enfin, cela importe peu en vrai.
Aujourd'hui, malgré le fait que nous ne nous soyons plus vu depuis plusieurs semaines, nous agissons exactement comme si nous nous étions quitté hier et je ne manque pas l'occasion de lui coller un gage pour cause de retard. Elle aurait très bien pu refuser, mais je sais que Jadyn est joueuse, donc elle n'aurait jamais pu dire non. Et elle me le prouve parfaitement bien en me faisant une démonstration merveilleuse, une interprétation très personnelle de la pièce que nous sommes entrain de monter et je ne la remerciera jamais assez pour ce fou rire. Lorsqu'elle revient s'installer, je la félicite tout en me moquant un peu d'elle et nous commençons notre pique nique. Les chiens, entendant les paquets s'ouvrir, accourent et quémandent leur morceau qu'ils recoivent très rapidement.
Je décide, alors que Jadyn me tend une bière, de reprendre la parole pour lui demander de me parler un peu d'elle, de sa vie et de ce qu'elle a fait depuis ces dernières semaines. Elle m'apprend avoir beaucoup de cours -ce pourquoi je compatie- que son stage, bien que génial, lui prend pas mal de temps aussi, temps qu'elle n'a donc plus pour danser et elle dort chez Lola, sa copine. «Je vois ... » dis-je doucement en grimaçant «De toute manière la danse s'est fini pour moi jusqu'à la prochaine saison, on verra bien l'année prochaine si mon genou me permet de reprendre le rythme » dis-je en haussant les épaules, prenant une gorgé de ma bière. «Et qu'est-ce qui se passe à la maison ? Pourquoi ça va pas ? J'le dis toujours, se mettre en colocataire avec son frère ou sa sœur ne rend jamais bien, encore plus quand tu dois te taper la gosse de ta sœur quoi ! Enfin… faut vraiment que tu te trouves un appartement, quoi. Tu n'en seras que plus heureuse » dis-je, sincère, comme à mon habitude.
Je fini par avouer pourquoi je n'ai, de mon côté, pas eu le temps. Me rassurant, Jadyn répond qu'elle croit en moi, que je vais y arriver et qu'elle veut bien qu'on se voit un peu moins jusqu'à ce que tout se tasse. «Putain ... » je souffle doucement et pose mon regard sur la jeune femme «T'sais que t'es la première à me dire ça ? Ambroise, Sybbie ou Paul me disent TOUS, sans exceptions, de prendre une pause, de décrocher, que j'en fait trop. J'ai l'impression d'avoir aucun soutient de personne, qu'ils veulent tous me voir abandonner le théâtre et mes rêves qui vont avec … bref, merci » je lève ma bouteille vers elle «Merci de me dire ça et de m'exprimer ton soutient » dis-je en souriant «Je sais que je peux compter sur toi ! » je lui fais un clin d'oeil puis prend un longue gorgé de ma bière «Et t'inquiète, je gères ma consommation d'alcool » reprenais-je en attrapant un paquet de chips « Faut juste que je mange un peu plus ou plus régulièrement en tout cas» dis-je en haussant les épaules «Au fait. Ta mère sait qui tu es ? » demandais-je brusquement en posant mon regard sur la jeune femme.
La relation que Jadyn entretenait avec Clément n’était comparable en rien avec ses autres relations. Certes, sa sœur Carter et sa fille Thaïs avaient ensemble la pôle position dans son cœur car la famille, c’est sacré, mais son ami danseur arrivait juste après. Depuis leur rencontre, tout avait collé d’une façon naturelle et logique. Tout n’est pas toujours complètement rose entre eux, mais les légères discordes se transforment souvent en plaisanterie ou s’apaisent très rapidement. Il n’y a qu’à les voir se retrouver actuellement, la jeune femme n’aurait jamais joué une pièce de théâtre ainsi, devant une personne si ce n’était pas son ami. Des points communs, il y en a une liste pleine et forcément, ça les rapproche et les soude entre eux. Une manière de se serrer les coudes dans les moments les plus compliqués. La brune était réellement ravie de retrouver son ami et elle espérait pouvoir passer le plus de temps possible en sa compagnie.
Après la magnifique performance théâtrale de la jeune femme, il était temps de déjeuner ensemble, tout en faisant attention à ce que les deux monstres ne nous piquent pas tout. C’était un instant très agréable car les deux amis pouvaient désormais discuter après des jours, semaines sans se voir ou se parler. Parlant d’elle, la demoiselle écoutait Clément par la suite et son sourire s’éteignait en entendant qu’il ne pourrait plus danser pour le moment. Il était tellement doué pour cela que c’était du gâchis d’avoir eu une telle blessure au genou. La suite fit un peu rire la danseuse. « Disons que Carter aime bien un homme mais.. Bon, bref, je ne peux pas le voir en peinture depuis qu’elle est rentrée en pleurs de chez lui un soir. Ça a créé un froid entre nous et.. Avec Thaïs, c’est compliqué aussi » Car son connard de père souhaite la reprendre et cela allait anéantir les deux jeunes femmes.
« Je ne me vois pas vivre toute seule dans un appartement » murmura-t-elle doucement, n’imaginant pas une vie entre quatre murs, sans personne avec qui échanger. Sa première remarque sur ses problèmes – son « putain » – la surprit car elle ne pensait pas avoir dit quelque chose de travers. La suite la rassura immédiatement. « Je ne pense pas qu’il veuille que tu abandonnes, juste que tu ne t’oublies pas. Tu sais, à force d’être dans le travail, beaucoup de personnes ne mangent plus, ne dorment plus, forcent encore et encore au point de craquer physiquement et/ou mentalement. Ils s’inquiète juste pour toi, comme moi, mais j’accepte tes choix, c’est tout » sourit-elle avec douceur. « Arrêt de me jeter des fleurs voyons » dit-elle en faisant un magnifique remake de la publicité l’Oréal avec son épaisse chevelure indomptée aujourd’hui.
Le sourire de la brunette s’étira progressivement. « Bière et chips, tu appelles ça gérer ? » s’amusa-t-elle grandement avant de lui proposer très simplement « Si tu veux sortir faire la fête, je suis prêt quand tu le souhaites » Mangeant tranquillement, les deux boules de poils avaient décidé de faire une pause en réalisant une petite sieste, tout contre nous. « Dommage que l’on ne soit ni colocataires, ni en couple, je suis bonne en cuisine » pouffa-t-elle en essayant de ne pas avaler de travers. Sa dernière question jeta un petit malaise chez Jadyn. Sa mère. Oh oui qu’elle savait qui c’était. « Oui, je travaille avec elle lors de mon stage.. » soupira-t-elle. Le sujet était tellement délicat et tout pourrait être tellement plus simple mais.. Trop complexe, trop de non-dit.
Je vois bien que, malgré son air jovial et marrant, Jadyn ne va pas parfaitement bien. C’est un peu pour ça que je la pousse à se confier, à me dire ce qui ne va pas. Et au final, ce qui la tracasse, c’est sa vie personnelle. Elle s’est prit la tête avec sa sœur car celle-ci aime un homme qui n’est pas au goût de mon amie et qu’en plus le père de Thaïs sa filleule veut la reprendre. « Je vois …» dis-je doucement en hochant la tête « C’est pas évident comme situation. Pour le mec que Carter aime eh bien … j’ai envie de dire que t’as pas forcément le choix, tu sais ? Tu ne l’apprécie peut-être pas, mais c’est sa vie. De toute manière vous n’allez pas vivre éternellement ensemble, non ? Je veux dire, vous avez chacune votre vie et vos vies vont évoluer. Un jour tu te marieras et t’auras aussi des gosses» j’hausse les épaules et lui lance un regard malicieux « Enfin, l’homme ou la femme qui voudra passer sa vie avec toi n’est pas encore né, donc t’as le temps de devenir une old cat lady» précisais-je en ricanant bêtement, absolument pas sincère. Jadyn a tellement de charme et beaucoup d’atout –pas seulement physique- qui font que beaucoup d’homme craqueraient facilement pour elle.
« Et je dis pas de vivre seule, tu sais» intervenais-je rapidement «tu peux te mettre en colocation par exemple, comme moi » j’hausse les épaules «je dis juste qu’une coloc de famille n’est pas forcément idéal. Il est évident que vos idées divergent, à Carter et à toi. Elle a une fille, elle a envie de stabilité, un père présent pour Thaïs. Toi t’as pas tout ça, je suppose que t’as pas forcément envie de te poser et tout. Donc un clash est inévitable si tu veux mon avis » expliquais-je tranquillement et sincèrement, comme à mon habitude. «Mais bon, c’est moi qui pense comme ça. Je sais que si Ambroise se mettait en couple avec quelqu’un je pourrais pas habiter avec eux » non seulement à cause de la jalousie et la haine que je ressentirais envers l’élu de son cœur qui ne sera pas moi mais aussi parce que nos vies seront bien trop différentes, ajoutais-je pour moi-même, prenant une gorgée de ma bière.
Je parle ensuite du théâtre et du fait que mes répétitions me prennent beaucoup de temps. Et Jadyn, contrairement aux autres gens, me soutient et me dit que je vais y arriver, qu’elle croit en moi. Et mon dieu ce que ça fait bien d’entendre ça et non des phrases telles que « tu travailles trop ! » ou « prend une pause » ou encore « mais t’as jamais le temps de toutes façon ». En vrai, la déclaration de mon amie est vraiment tout ce qu’il me fallait pour être content aujourd’hui et je n’hésite pas à le lui dire. Evidemment, elle se justifie et trouve même des excuses aux autres disant qu’ils sont juste inquiet car beaucoup de personne qui sont à fond dans le travail s’oublient trop facilement. « T’inquiète pas, je connais mes limites» assurais-je « je sais déjà quand je serais allé trop loin» assurais-je en finissant ma bière avant de plonger ma main dans les chips.
Décidant de changer de sujets, je demande à Jadyn des nouvelles concernant sa mère biologique. Elle me dit qu’elle travail avec elle lors de son stage, ce qui me fait légèrement soupirer et rouler des yeux « Je sais, tu me l’as déjà dit» dis-je avec une certaine douceur qui contraste avec ma réaction « Je veux juste que tu m’en disent un peu plus. T’as pu apprendre à la connaître un peu ? Elle est comment ? Elle te ressemble beaucoup ? » je pince les lèvres et entour mes genoux de mes bras «d’ailleurs je t’ai jamais demandé mais …tes parents adoptifs ont toujours été très ouvert avec toi concernant ton adoption, non ? Comment t’as réagis la première fois que t’as su que tu n’étais pas de leur sang ? » demandais-je, me rendant compte que je n’ai peut-être toujours pas digérer le fait que Sara et Allan n’aient jamais évoqués mon adoption à aucun moment et qu’il aura fallut que je l’apprenne par une lettre écrite par ma mère biologique.
Pouvoir se confier à Clément rassurait et apaisait la jeune danseuse. Elle trouvait en lui beaucoup de réconfort et leur discussion lui permettait de réfléchir et prendre du recul sur sa vie. Quoiqu’il en soit, les mots de son ami furent écoutés très attentivement par Jadyn et elle se rendait compte qu’elle ne pouvait pas contrôler la vie de sa sœur. C’était tout simplement impossible, en plus d’être néfaste pour leur bonne entente et le bonheur de son aînée. « Je sais bien mais je n’ai pas envie de la voir souffrir encore et encore pour un tête de nœud comme lui.. » soupira-t-elle doucement en regardant vaguement devant elle. La suite n’enchantait guère l’australienne mais une partie d’elle savait qu’il avait raison. « Arrête de me déprimer ouais » râla-t-elle avant de rire à la suite des paroles de on beau brun. « Insulte moi de couguar va, j’te dirais rien » ronchonna-t-elle faussement avec un petit sourire aux lèvres. « Je doute avoir quelqu’un dans ma vie un jour, de toute façon » murmura-t-elle plus sincèrement tout bas. Autant dire que toutes ses relations n’avaient jamais volé très haut donc bon. Au pire, elle aurait plein de chats et puis voilà. Sa mort sera lente et empreinte de solitude.
Une colocation ? Avec qui ? Jadyn relevait un sourcil tout en écoutant son ami parler. La seule personne avec laquelle elle se verrait habiter se trouvait devant elle. Lui était déjà en colocation avec Ambroise alors bon.. C’était clairement foutu. « Mise à part toi et Carter, je ne vivrais avec personne, tu sais » souffla-t-elle un peu. « Je sais que j’ai un rythme totalement différent de Carter, mais on est venue ensemble et.. Je ne me vois pas habiter seule, sauf si elle me met dehors » Ce dont la demoiselle donnait fortement. « Ambroise ? En couple ? » demanda-t-elle, un peu surprise de cette déclaration. Néanmoins, elle préférait ne pas en dire plus afin de ne pas dévier. Mieux valait rester plus général. « ça se passe bien avec lui, d’ailleurs ? » fit-elle, doucement afin de parler aussi de la vie de son ami et non uniquement de la sienne qui n’a rien d’exceptionnelle. Abordant aussi le sujet du théâtre, la brune souhaitait le meilleur à son ami malgré la fatigue et les répétitions à n’en plus finir. Elle ne pouvait que comprendre, au final.
L’ayant un peu repris sur la boisson, Jadyn sourit simplement, faisant toujours attention à ceux qu’elle aime pour qu’il ne lui arrive rien. Si des malheurs s’abattaient sur Clément, elle le vivrait très mal. En tout cas, le prochain sujet mettait l’australienne un peu mal à l’aise. Parler de sa mère aurait du être quelque chose d’excitant, de joyeux mais.. Vu qu’elle ne lui avait encore rien dit, la situation n’était pas des plus simples. « On s’entend bien oui, on discute souvent et je passe pas mal de temps avec elle » sourit-elle naturellement. Oui, Chadna était un modèle même si elle ne la connaissait pas encore complètement. « On se ressemble beaucoup, je trouve, même si je crois qu’elle ne l’a pas remarqué » ria-t-elle légèrement, un peu triste que sa mère n’ait pas remarqué leur similitude. « Enfin, elle est bien plus belle que moi, quoi » dit-elle humblement. La suite fit tiquer la danseuse car.. quelque chose lui disait que ça le touchait un peu. « Je l’ai toujours su.. tu sais, la couleur de peau et les attraits physiques déjà » Ses parents adoptifs n’étaient pas hâlés de peau, alors.. C’était assez simple. « Et on en a parlé très tôt, alors j’ai un énorme respect pour ça, d’avoir été si transparent avec moi t qu’on est pu en parler librement depuis toutes ces années » Oui, ses parents adoptifs étaient vraiment merveilleux et sa sœur, Carter, d’autant plus !
Je n'imaginais pas, en voyant mon amie aujourd'hui, que nous parlerons de sa sœur adoptive et de la fille de cette dernière. Ou plutôt de ses déboires amoureux qui est source de conflit entre les deux jeunes femme. Je pense, personnellement que, rien que pour le bien être mental de la jolie brune, il faudrait qu'elle quitte cette colocation. J'ai l'impression que ça lui ruine plus le moral qu'autre chose et je n'ai pas envie de devoir la ramasser à la petite cuillère un jour prochain. Toutefois, Jadyn n'est pas de mon avis, disant qu'elle n'a juste pas envie de voir sa sœur souffrir d'un amour à sens unique et que de toute manière elle ne pourrait vivre avec personne d'autre que Carter ou moi. J'avoue être un peu touché de cette déclaration et me dit qu'une coloc entre Jadyn et moi pourrait être pas mal. En vrai, avant d'emménager chez Ambroise un peu en panique, j'avais déjà réfléchis au fait qu'on pourrait ouvrir une coloc, elle et moi. Vivre avec nos propres règles, dans les idéaux que nous partageons et ne pas se soucier d'amours ou haine... je pense que cette coloc sera explosive par moment, que ça clacherais régulièrement entre nous, mais au final, nous nous entendrons toujours.
J'évoque rapidement le fait que si Ambroise se mettait en couple il serait impossible pour moi de rester habiter avec lui et Jadyn semble le prendre comme une affirmation. «Non, non ! » reprenais-je rapidement «Il n'est pas en couple. Du moins pas encore. Et en vrai je l'imagine mal finir en couple de si tôt...C'est juste que si jamais il se mettais avec quelqu'un et que cette personne passerait sa vie chez nous, je pense que j’abandonnerais rapidement ma chambre» je lance un coup d'oeil à Jadyn, agrémentant le tout d'un sourire malicieux « Et on s'ouvrira notre propose colocations !» m'exclamais-je avec un large sourire.
Sourire qui se fait plus doux lorsqu'elle me demande si tout se passe bien entre Ambroise et moi. « Très bien» dis-je, en hochant la tête «mieux que jamais à vrai dire » reprenais-je avec grande sincérité. Et c'est vrai en plus, je ne mens absolument pas, car effectivement, l'entente entre mon meilleur ami et moi est au plus haut point, compte tenu des derniers mois un peu chaotique. En espérant que ça se maintienne ainsi, je décide de changer de sujet, demandant des informations sur la mère biologique de ma Jadyn. Car effectivement, c'est un point que nous partageons aussi : l'adoption.
Contrairement à moi, les parents de mon amie ont toujours été très transparent avec son adoption, la couleur de peau différente de la leur aidant sans doute et les obligeant à répondre aux questionnements de la jeune femme. «Ouais, logique … » hochais-je finalement la tête, posant mon regard sur ma bière que je tiens en main. Je soupire doucement puis la fini d'une traite et me redresse. « Ecoute, je vais y aller» annonçais-je sur un ton un peu trop brusque et sûrement aussi un peu trop froid. «On se voit la semaine prochaine, ok ? » reprenais-je, posant la bouteille sur le sol « Bonne journée» et sans un mot de plus, même pas un câlin et encore moins un bisous sur la joue comme j'ai l'habitude de le faire, j'appelle les chiens qui arrivent en courant et part avec eux. Arrivé à la sortie du parc je me sens soudainement extrêmement mal, physiquement et moralement, d'en vouloir à celle que je considère comme ma meilleure amie d'avoir des parents compréhensifs et agréables.