Je reste là, un café a demi fumant en suspend entre mes lèvres et la table. Liquide qui n'a pas encore coulé dans ma gorge mais qui, pourtant, me brûle déjà au plus profond de moi. J'ai le regard ailleurs, pupilles un peu trop dilatés par un flux soudain d'émotions que je pensais pouvoir contrôler. Effet de surprise déroutant, j'ai le coeur qui s'affole, l'esprit qui divague. Parceque les quelques mots dans le journal face a moi, pages éparpillées sur la table du salon, me rappellent une vérité un peu trop difficile a assumer. Avaler. Humer les vapeurs toxiques d'un café aromatisé a l'acide, c'est psychologique. J'étais certainement le mieux placé pour dire que les douleurs mentales était les pires. Un couteau qui tournoie au dessus d'une plaie déjà fragilisée. Sauf que cette fois, je suis le seul responsable. J'avais fuis Brisbane pour me retrouver. Mais en me retrouvant je l'avais perdu. C'était le sacrifice. Le deal. Mais ce que je lis sur ce papier me retourne l'estomac car je n'avais pas fais que la perdre. Je l'avais abandonnée. Rompu ma promesse. Celle de la protéger. Et j'avais beau me dire que je l'avais protégé de moi même en m'éloignant de Brisbane, je n'arrive pas a me faire a l'idée que je l'avais laissée tombé probablement au moment ou elle avait le plus besoin de soutien. J'avais retourné les mots, chaque virgules, chacun des paragraphes dans tous les sens jusqu'a former un immonde charabia mais l'issue était toujours la même. L'imagination avait prit le relais. Alors, l'imaginer, peut être seule quelques part, les yeux rougis par de trop nombreuses larmes avait suffit a réveiller de vieilles envies un peu trop sombre contre lesquels je me battais depuis quelques minutes maintenant. Me faire payer mon absence par l'alcool ne rimait plus a rien a présent. Merde. J'avais laissé Zelda se préparer a son procès. Seule. A l'époque, j'avais plus ou moins su percer son histoire sans jamais être trop intrusive, tout comme elle l'avait fait pour moi. Mais imaginer cet homme faire subir ça a Zelda... non, je ne pouvais pas. Ce que je me voyais lui faire était bien pire mais j'avais changé. Du moins j'espérais assez pour ne pas m'en mêler. D'un geste un peu trop brusque, je pose mon café sur la table, renversant quelques gouttes, comme si il m'avait brulé soudainement les mains. Sans réfléchir, j'attrape mon portable, prêt a composer un numéro de téléphone. Son numéro. Lors de mon départ j'avais supprimé tout les numéros que j'avais en ma possession, ex comprit. Mes doigts comme possédés, je connais son numéro par coeur tant j'avais eu du mal a tourner la page. Mais l'avais je réellement tournée ? Et puis, soudain, c'est machine arrière. Tout effacer, revenir au point de départ. Je ne pouvais pas l'appeler. Pas comme ça. Je n'avais pas la moindre idée de comment revenir dans sa vie et pourtant il le fallait. J'imaginais déjà son regard plein de reproches. Tu m'as abandonné. Ouais, c'est vrai. Et ça fait mal. Peut être m'avait elle remplacé. Peut être m'avait elle oublié. Tout un tas de questions qui ne faisait qu'accentuer mon état de nervosité. Il fallait que je la vois. Il fallait que j'affronte ça. Et c'était ce genre de coup de tête qui me poussait a faire n'importe quoi sans avoir un minimum réfléchit avant. Comme quoi, certaines choses ne changeait pas. Quelques vrombissements plus tard, j'étais là. Spring Hill. J'ai les mains qui tremblent et j'essaie de repenser a la dernière fois ou j'étais dans cet état pour une fille. Je haissais les émotions. Je haissais les sentiments. Ultime faiblesse d'un coeur fatigué par des intempéries émotionnels. Je craignais le retour dans la tempête. Mais c'était ma faute. Maintenant j'étais là, tel un adolescent, a me demander si Zelda pourrait me pardonner un jour. Et j'ai l'étrange sensation de déjà vu. Ce n'était pas la première fois que j'attendais en bas de chez elle dans un état second semblable a celui ci. Ma violence, la mafia... elle m'avait pardonné pourtant. Et là, je craignais que ce soit la fois de trop. J'hésite a repartir, me dire que c'est stupide mais je n'ai qu'a tourner le regard vers ce satané journal pour me dire que c'était tout sauf stupide. Simplement un coup de tête de plus qui allait certainement m’amener au clash. Soupire profond, je tente de relacher la pression, claquant un peu trop violemment la porte de ma voiture, sachant pertinemment ou je dois allé. Comme si je n'avais jamais quitté Brisbane. J'annonce ma présence, réfléchissant a toute vitesse a ce que je pourrais dire mais j'ai le cerveau vide. Mais elle ne me laisse pas le temps. Le temps d'une demi minute et c'est son visage qui apparait dans l’entrebâillement de la porte, me clouant sur place, brisant mes cordes vocales. Impossible de reculer. Nos regards qui se croisent et je suis tout autant surprit qu'elle. Ma bouche qui s'entrouvre, je crois que je dois parler mais j'ai oublié comment.
- Je... hum...
Mal a l'aise, je change de position, voyant le visage de Zelda passer par toutes les émotions. Moi, je dois avoir l'air perdu. Et c'est ce que je suis. Perdu dans ses yeux. Je l'ai abandonné. J'essaie de communiquer mais rien de concret ne sort. Je finis par me racler la gorge, tentant de reprendre mes esprits.
- Zelda...
Je secoue la tête, imaginant a quoi je pouvais ressembler, je vais finalement droit au but. C'est peut être froid et brutal mais c'était finalement la seule chose que j'étais capable de faire tant les démonstrations d'affections était compliqués pour moi. Je lui tend la page du journal, m’apprêtant a pondre quelque chose de maladroit.
- J'ai vu ça et... je devais venir.
Voix neutre en total contradiction avec ce que je ressens mais ça n'a plus d'importance. C'est dit. La seule chose qui m'importait était sa réaction. Je suis désolé.
Voilà maintenant plusieurs jours, plusieurs semaines que l'affaire avait été lancé au grand jour. Cette affaire, ce procès qui coûtera à sa réputation, sa notoriété, mais elle n'en gardait pas les conséquences négatives. Non, car après tout ce procès allait être décisif, important pour la continuité de sa carrière, de sa vie même. Seul l'affaire a été révélée, le procès, lui, n'avait pas encore de date. Cette avalanche de gros titres dans les médias étaient simplement un moyen de coup de pression sur son agresseur, un message à lui faire passer par Zelda, mais aussi par toutes les autres victimes. Bien évidemment, au fond d'elle, elle savait impertinemment que cela allait être très dure à voir et à surmonter. L'idée de revoir son agresseur en face d'elle lui procure déjà des frissons glaçantes et une vision d'horreur. Zelda ne pouvait savoir à l'avance comme elle allait réagir à en le trouvant en face d'elle. Saura-t-elle rester professionnelle où aucune émotion n'apparaître sur son visage en porcelaine ou bien alors l'inverse, se mettra-t-elle à pleurer dû à une crise de panique ? Elle en avait déjà peur rien que d'imaginer cette scène loufoque pour les jurés et visiteurs. Pourtant, Zelda essayait de préserver cette étincelle d'espoir dans son cœur ainsi qu'un certain esprit optimiste. Si son avocate n'est plus Jameson Winters, elle espère la voir lors du procès et sentir cet aura de détermination qui la poussera, qui sait, à aller plus loin et gagner sa liberté. La liberté de ne plus jamais avoir peur de le croiser dans chaque rues où elle s'y trouve. La liberté de ne plus penser à ses agressions sexuelles. La liberté de revivre une vie normale sans jamais faire des crises d'angoisse la nuit. Depuis le calvaire qu'elle a vécu à ses vingt-ans, c'était comme si elle est restée prisonnière de son agresseur, qu'il avait encore les droits de contrôler son corps. Ses soirées à passer sous la douche, passant sans relâche du savon pour enlever la souille. Ses nuits à pleurer après une journée épuisante et longue de boulot. Tout ça, peut-être, ne seront plus que des mauvais souvenirs. Depuis les gros titres dans les journaux, la photo de sa tête ainsi que celui de son agresseur dans les magazines, beaucoup de personnes la contactent, jouent un rôle de "meilleurs.es amis.es" du jour au lendemain. Mais Zelda n'était pas dupe et savait pertinemment que tout cela c'était du faux. Néanmoins, elle répondait aux messages, appels pour ne pas se sentir seule. Si dans tous ses "amis.es" certain.s.es jouaient simplement un rôle, faisaient comme si cela les atteignait personnellement, peut-être que d'autres se sentaient réellement mal pour elle et voudraient à tout prix l'aider ainsi que les autres victimes. Zelda ne pouvait en être sûre, mais aimait l'imaginer bien pour ne plus se sentir seule pendant quelques minutes. Parmi les contacts il y a aussi ses parents et quelques membres de sa famille vietnamienne. Avoir son père et sa mère fut un coup dur pour Zelda. Elle qui n'avait plus entendu le son de leur voix, la voilà à se mettre à pleurer au téléphone. Zelda les a détestés, les a fuis pour ne plus avoir ce regard de culpabilisation, mais elle les aimera toujours énormément. Eux aussi n'en savaient rien de toute cette histoire, eux aussi allaient être là le jour de son procès pour soutenir leur seule fille unique. Entendre et parler le vietnamien lui a fait un bien fou, un moyen de s'écarter de sa vie australienne. Ses parents qui suivent sa progression depuis son départ, gardent tous les magazines dont elle y fait la couverture, ne se doutaient à aucun moment de ce terrible passé et se sentaient honteux d'avoir laissé leur fille adorée seule et sans prendre aucunes nouvelles. Finir par un simple "je t'aime", leurs voix manquaient déjà à Zelda dont elle colla son portable contre sa poitrine, imaginant une embrassade avec ses parents.
La journée battait de son plein et on y pouvait encore y apercevoir un soleil rayonnant, indiquant la venue de l'été en Océanie. Sur son balcon, Zelda regardait les quelques passants d'un œil discret, se demandant ce qu'ils pouvaient bien faire, ce qu'ils faisaient dans la vie et à quoi ils pensaient. C'était un jeu intime, qu'elle ne s'offrait qu'à elle-même entre un verre de café et une clope. Elle qui s'était promis l'arrêt de la cigarette, depuis l'affaire le stress et l'anxiété n'ont jamais été aussi présent. La cigarette était le seul moyen pour calmer ses tremblements et crises. Pourtant, si auparavant elle avait l'habitude de fumer un paquet entier en deux journées, désormais elle arrive à fumer qu'une clope tous les jours. Une fois l'affaire passée, elle reprendra son objectif, du moins, tout dépendra du résultat. Venant écraser sa cigarette contre son cendrier, buvant la dernière gorgée de café qui lui restait, Zelda avait bien l'idée de sortir, sa balader pour oublier, pour s'évader quelques instants. Rangeant la tasse de café, elle s'habille légèrement pour ne pas mourir de chaud et pris soin de prendre une paire de lunettes de soleil pour ne pas que les gens la reconnaissent dans la rue. N'oubliant pas d'attacher son chien, Zelda était fin prête à partir, pourtant ce qui se trouvait derrière sa porte l'empêchait de continuer dans sa lancée. C'est entre l’entrebâillement de la porte qu'elle vit ce qu'elle ne pensait plus jamais voir ; Liam. Bien trop surprise, elle ne disait rien, pas un mot. Qu'est-ce qu'il fait là ? Pourquoi maintenant ?. Liam ou l'homme qui avait réussi à donner ne serait-ce qu'un petit morceau d'espoir à Zelda de croire une nouvelle fois en amour, mais aussi l'homme qui lui avait bien prouvé une deuxième fois que l'amour était bien trompeur. Sa disparation du jour au lendemain, sans nouvelles, sans raisons lui a bien fait du mal et depuis elle en est restée trahie. Le revoir devant elle, sans prévenir et sans s'y attendre lui fit un choque. Pourtant, c'était bien la rancune qui régnait dans son cœur. Ce sentiment qu'elle se fera encore à voir, une troisième fois. Liam brisa le silence. Premièrement de simples mots, puis son prénom retentissait dans ses oreilles avec la voix de Liam, un sentiment horrible dont elle ne voulait plus sentir, puis enfin, la phrase qui fit déborder le vase. « Tu "devais"... tu te fous de moi j'espère.» Un petit rire sarcastique en découlait et Zelda continuait toujours sur ce même ton colérique et impulsif. « Tu disparais, comme ça, du jour au lendemain sans aucune raison et tu oses venir me voir, devant ma putain de porte pour me dire que « tu devais venir» ?! Alors, là c'est la meilleure Liam. » Dans ses dires elle accentua sur les verbes « oser » ainsi que « devoir » de par sa voix, un moyen de faire comprendre à Liam l'état dont il venait de lui mettre. Malheureusement, une fois en colère Zelda a cette mauvaise habitude d'augmenter le son de sa voix ce qui a égayé la curiosité de ses voisins pour venir voir si tout allait bien. Gênée, embarrassée, elle n'avait pas d'autres choix que de le faire partir. « Qu'on soit bien clair Liam, tu n'as rien à faire là. Le procès, l'affaire, ça ne te regarde pas. Si tu croyais que j'allais pleurer dans tes bras en te racontant tout..» D'une main encore tremblante, elle vient se coller contre son visage et essuyer sa fatigue avant de regarder Liam pour une dernière fois. « C'était une mauvaise idée que tu viennes ici, tu ferais mieux de partir.» Dit-elle en commençant à fermer la porte petit à petit.
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Dernière édition par Zelda Trần le Mer 21 Nov 2018 - 14:31, édité 2 fois
Et comme souvent ce sont les souvenirs qui prennent le dessus sur la réalité. Entamer une valse a travers les émotions plus déstabilisantes les unes que les autres. Mais je ne sais pas danser. De cet amour impossible je ne sais me raccrocher qu'a ses yeux et ce que j'y vois pourrais me faire plonger. Je me percute violemment a sa haine. Comme ci, soudainement, sa colère avait prit le dessus sur tout le reste. Se heurter a cette vérité troublante. Déchirante. Elle me déteste. Zelda me déteste. J'ai le coeur qui tambourine, je trébuche dans cette danse sournoise. Cette femme détient l'arme entre ses mains, braquée entre les deux yeux et je sais que l'orsqu'elle ouvrira la bouche, mon pion s'écroulera dans le jeu. Mourir a petit feu sous son regard emplit de haine. Cette colère je l'avais moi même construite. Envenimé. J'étais l'allumette que l'on jette sur l'essence. Le brasier qui s'enflamme. Zelda brulait avec moi. D'une tout autre manière. Le coeur au bord des lèvres, je reste interdit, accroché a ce mur tant la revoir me crispe. Cordes vocales brisées, quelque chose qui se déconnecte a l'intérieur de moi. Comme souvent, incapable de contrôler ce flux de différentes émotions. Esprit désarticulé a la merci d'une grenade prête a être dégoupillé a mes pieds. Ce silence qu'elle m'offre me parait durer une éternité. Une décennie a me demander si j'avais, finalement, bien fait de venir. Réveiller son amour pour l'abandonner le lendemain. J'étais cet homme là. J'étais ce monstre là. Mais ce qu'elle ne savait pas c'était que j'avais enduré le double de souffrance. Oui, j'avais eu mal pour elle. Mal de ne pas avoir eu le courage de lui expliquer la raison de mon départ. Mal de lui avoir laissé entrevoir qui j'étais réellement. La mafia, ma violence... Zelda l'avait accepté. Mais notre passage a la prison après cette nuit agitée m'avait conforté dans l'idée que j'étais bien trop dangereux pour elle. Si fragile, si innocente. Je ne voulais pas la faire sombrer dans la peur comme j'avais pu le faire avec Hannah. Faire de Zelda une énième relation destructrice... je ne pouvais pas. Mais maintenant qu'elle m'offrait sa faiblesse mêlée a sa haine envers moi, je me disais que fuir la femme qui s'était donnée a moi était surement la plus grosse erreur de ma vie. Ma bouche qui s'entrouvre alors que je me remémore les courbes de son corps, la blancheur de sa peau, pure et si douce. La texture de ses lèvres sur les miennes, sur mon corps. Ce n'était pas qu'une simple façon de lui prouver mon attirance, mon affection. C'était bien plus que ça. Nous avions fait l'amour ce soir là. Et cela signifiait bien trop de chose pour être avoué a demi mot. Trop détruit pour prétexter l'aimer mais je ressentais des choses pour cette femme. Je savais que c'était réciproque depuis cet instant ou nous avions joué a nous séduire, a nous connaitre, a ce bar. Elle n'était plus jamais sortit de ma tête. Me remémorer son dégout pour son propre corps, la cicatrice qui résidait au bas de son ventre. J'avais su lui faire oublier, comme elle avait pu me faire oublier les miennes. Les cicatrices de mon passé de mafieux sur mon corps mais aussi les cicatrices psychologiques. Invisibles et pourtant elle avait su les guérir le temps d'une nuit. Le temps de se prouver ce que nous n'aurions jamais pu avouer a voix haute l'un a l'autre. J'avais brisé ça. J'avais brisé ça. Zelda prend enfin la parole, me faisant détourner le regard tant ses mots sont difficiles a affronter, ses pupilles dilatés difficile a soutenir. Mais, au fond, je comprenais.
- Tu disparais, comme ça, du jour au lendemain sans aucune raison et tu oses venir me voir, devant ma putain de porte pour me dire que « tu devais venir» ?! Alors, là c'est la meilleure Liam.
Elle frappe là ou ça fait mal. Uppercut imaginaire, esprit déjà ko. Je vois du coin de l'oeil, des voisins curieux, attiré par la voix de la jeune femme. Elle semble les remarquer aussi mais ne prend aucune initiative, continue de boxer mon âme a coup de reproche, nous donnant en spectacle devant des voisins un peu trop voyeurs. Puis, elle cherche a fermer la porte. Je reprend mes esprit, bloquant soudainement celle ci avec vigueur a l'aide de mon pied et de mon bras droit. J'ai plus de force qu'elle et je parvins sans mal a m'extirper a l'intérieur de son appartement, dans un "attend" que je lui crache presque au visage dans la précipitation. Je suis déjà a l'intérieur lorsque la porte se ferme dans un bruit sourd, sous le regard hébété de Zelda. Je soupire, prenant mon courage a deux mains, le visage crispé par une souffrance émotionnelle bien trop palpable.
- Laisses moi au moins m'expliquer Zelda. Je ne suis pas le connard que tu crois, je ne suis pas comme eux ! Ca débite, incapable de m'arréter, ne prenant pas le temps de respirer, ne laissant aucune possibilité a la jeune femme de me couper. Je sens ma voix dérailler au fur et a mesure que les mots sortent. Je sais que ce que j'ai fais est impardonnable mais j'ai voulu te protéger. De la mafia... de moi. J'allais mal, j'avais changé, tu l'a vu toi même ce soir a la prison. Ce mec que j'ai frappé, dans ces moments là je contrôle pas, j'aurais pu...Le tuer. Mais je laisse ma phrase en suspend, incapable de prononcer le mot. J'étais dangereux Zelda, instable. Je ne voulais pas t’entraîner là dedans, je ne voulais pas te faire de mal. Je soupire, me calmant. Alors j'ai fuis... juste le temps d'allé mieux.
Et c'est a mon tour de passer ma main tremblante sur mon visage fiévreux. Le silence nous enveloppe, tout deux choqués par mes mots. J'ignorais si j'avais été convainquant, tout ce que je voulais c'était être dans ses bras. Qu'elle me pardonne.
Rien n'y fait, les souvenirs reviennent dans un tourbillon. Des beaux souvenirs de leur rencontre, de leur premier baiser, de leur première fois. Des mauvais souvenirs de sa trahison, de ses mensonges, de sa vraie nature et de sa disparition. Tout tourne autour de sa tête, comme un film qui ne s'arrête jamais, se rembobinant à chaque fois. Pourquoi fallait-il que ce soit maintenant ? Pourquoi fallait-il qu'il revienne ? Zelda était bien bête, naïve d'avoir pu penser une seule seconde à une belle histoire. Les belles histoires, les happy ending ça ne sera jamais pour elle. Maudite à rester seule, à errer dans les bras d'inconnus à inconnus sans jamais y trouver son bonheur. Elle y a pensé pour Winchester, elle y a pensé pour Sid, mais rien. Toujours rien. Finir seule l'effraie bien plus que de mourir. Ironiquement, Zelda préfère rester seule, écartée des autres, mais dans la solitude elle s'y perd, elle a peur. Pour Liam, elle en sait trop rien. Tout se mélange, tout s'éparpille dans sa tête. Liam, celui qui a réussi à briser sa rancune à en tomber dans ses bras nus, mais jamais n'avait-elle eu un si grand espoir dans son cœur. Elle mentirait si elle disait qu'il ne l'a pas manqué, qu'elle a réussi à l'oublier. Chaque jour, c'était des coups d'œil derrière son épaule en espérant voir sa silhouette, c'était des hallucinations en le voyant devant elle ou en entendant sa voix. Pourtant, elle a réussi à s'y faire de ce manque. Elle a réussi à s'en détacher peu à peu. Les silhouettes disparaissaient peu à peu, son cerveau lui arrêtait de lui jouer des tours et c'était sur un cœur plus tranquille qu'elle reprenait le cours de sa vie. Le voir, ici, chez elle, lui a retourné l'estomac, c'est le cerveau qui le rejoue des tours ? La colère, la rancune était toujours là, mais l'envie de toucher ne serait-ce qu'un bout de sa peau pour le savoir si c'est vrai. Alors que faire ? Le voir là, devant elle, à parler, à prendre sa défense, c'est beaucoup trop pour Zelda. Sans crier gare une larme vient se glisser contre sa joue gauche. Surprise elle vient vite l'essuyer pour ne pas qu'il voit, mais c'est trop tard. Puis une deuxième, une troisième, à ne pas s'en arrêter. Qu'avait-elle ? La joie de le revoir ou la peur de refaire les mêmes erreurs ? De ses deux mains elle vient essuyer toute trace de faiblesse avant de relever la tête vers Liam, les yeux rouges. Ses jambes avançaient lentement vers celui qu'elle pensait avoir aimé, machinalement sans aucun contrôle. Une fois proche de lui, c'est par ses deux bras qu'elle vient les enrouler derrière sa nuque pour l'enlacer. Il disait qu'il avait changé, pourtant son odeur reste la même. L'embrassade était brève, seulement le temps de se retrouver. Son corps se décala du sien et d'un raclement de gorge elle proposa d'aller sur son balcon, comme pour prendre l'air avant que Zelda ne s'étouffe. La mannequin ne savait pas ce qu'il lui avait pris de l'enlacer, mais elle se sentait obligée de le faire. Un sentiment de nostalgie venait s'en mêler.
Dehors, assise sur une chaise, le soleil commençait à se coucher petit à petit, offrant un magnifique spectacle de lumière et couleur. Zelda repensa aussitôt aux bras de Liam autour de son dos et si elle le voulait cela aurait été une cascade de larmes sur son épaule. Liam avait pris place à ses côtés, ne disant rien, regardant lui aussi le coucher de soleil. Elle profita de ce moment de tranquillité, de répit pour reprendre son calme et son souffle. Inspirant en exagérant sur le mouvement de son torse, elle expira une grande bouffée d'air tout en tirant sur sa cigarette. Il me faudrait quelque chose de plus fort... pensa-t-elle. « On ne pourra pas reprendre à zéro, tu le sais bien» Les mots pouvaient faire mal, mais ils étaient là, posés sur une table imaginaire. Elle le pensait, mais voulait que tout ça soit si différent, qu'il n'était pas parti loin de Zelda pour qu'elle se sente trahie. « Je ne sais pas si je te pardonnerai, du moins, si j'y arriverai totalement..» Son regard était toujours porté sur le soleil et seulement sur l'étoile. Et la néo-zélandaise pensa à leur dernier moment partagé ensemble avant tout ne dérape. Ils étaient si bien dans les bras de l'autre, pourquoi fallait-il qu'il gâche tout ? Les coins de ses yeux étaient encore rouges, asséchés par les larmes qui ont réussi à s'échapper et elle tenait un air presque dépité, vide. Après tout, elle a toujours ressenti ce sentiment de vide, sauf quand il était là, mais aujourd'hui tout était différent. Se remplissant les poumons d'une fumée toxique, elle prit un grand soupir avant d'écraser la clope contre un cendrier. Tout n'était que prétexte pour se sentir mieux. « Tu étais où ?» avait-elle sorti sans trop de détails. Liam avait les yeux tournés vers elle, la faisant penser qu'il n'avait pas compris. Sa tête fit volte-face vers lui. « Durant tout ce temps, où étais-tu ? Qu'est-ce que tu faisais ?» C'était un appel à l'aide dans son regard, un appel à ce qu'il réponde à ses questions qu'elle a toujours posées dans sa tête.
Ma poitrine s'abaisse et se soulève, presque essouflé par ma tirade. Marathon émotionnel. Improvisé quelque chose qui venait du coeur. Il n'y avait pas de barrière avec elle, seulement des fêlures dans lesquelles elle ne cessait de s'insinuer. Je n'avais jamais pu m'éloigner assez pour me sentir libre de ce qu'elle réveillait en moi. Et même dans l'ombre mon esprit continuait a dériver vers son image, au milieu d'un océan tumultueux. Et même si, a Sydney, mes quelques moments passés avec Aubrey avait pu m'offrir un instant de répis, c'était toujours le regard emplis d'émotions de Zelda qui revenait a moi lorsque la réalité reprenait le dessus sur nos séances. Nous nous reverrons Liam, pas vrai ? C'était ce que j'avais pu lire au fond de ses yeux lorsque nous nous étions quittés pour la dernière fois. Une manière de me prier de ne pas l'abandonner. Pas après ce que nous nous étions offert en se donnant l'un a l'autre, pas après tout ce qui avait pu se passer. Et d'un commun accord, mon propre regard lui avait offert cette promesse inexistante que je n'avais pas su tenir. Et même si Aubrey avait pu entamer un début de guérison, une partie de moi restait brisé quant a cette promesse douloureuse. Je m'en voulais d'être cet homme. A âme corrompue, actes irréparables. Comme si rien ne pouvait être normal en ma présence, je devais toujours me battre avec ce que mon père avait crée en moi. J'étais fatigué de tout ça. Fatigué de toujours devoir essayer de devancer mon instabilité, cette sorte de folie dévastatrice. Je voulais vivre. Vivre tout simplement. Et si Hannah avait pu être effrayé quant a ces défauts envahissants, je craignais que Zelda en prenne le chemin, elle qui m'avait pourtant accepté tel que j'étais alors que moi même je me rejetais. De cette difficulté a contrôler mes émotions, j'avais cette facheuse tendance a faire des femmes qui croisait mon coeur, des ennemies. Et je préférais quitter définitivement Brisbane que de faire de Zelda une ennemie quand je voyais la relation que j'avais avec mon ex depuis que nous n'étions plus en mesure de nous aimer. L'amour, si proche de la haine. Je refusais d'en faire les frais une seconde fois. Aujourd'hui j'étais plus sage et j'éspérais que ce nouveau Liam était en mesure de réparer les pots cassés plutôt que d'envenimer la situation comme j'avais pu le faire en revenant mainte et mainte fois vers Hannah. Voir Zelda pleurer me brise le coeur. Par ma faute. Je dois serrer les dents pour empêcher les premières larmes de rejoindre son désarroi. Nous avions chacun trop de fierté pour s'avouer ce que nous ressentions et pourtant pas assez pour cacher nos faiblesses l'un a l'autre. Je la laisse faire lorsqu'elle vient enrouler ses bras autour de mon cou, me baissant pour faire de même après un instant d'hésitation, humant son odeur a m'en donner le tournis, sentant son corps encore tremblant et je voudrais que cet instant ne cesse jamais bien que j'ignorais si c'était sa façon de m'offrir son pardon mais durant ce court instant je n'en avais plus rien a faire. Juste avant qu'elle ne prenne ses distances, je glissais ma tête dans ses cheveux, murmurant un "bébé" dans le creux de son oreille, presque m'échappant tant j’appréciais le moment. Éphémère pourtant, je me recule en même temps que Zelda, reprenant mes esprits, la situation me revenant. Elle n'était plus réellement a moi. Et même si la jeune femme restait silencieuse, je devinais que ce court moment lui avait fait du bien. Zelda propose de la rejoindre sur le balcon, m'exécutant, marchant sans réel but derrière elle, craignant ce que la suite de ces retrouvailles allait nous offrir. Je m'installe a ses cotés, sentant l'odeur de sa cigarette me titiller les narines. J'avais arrété de fumer en même temps que j'avais cessé de boire et, contrairement a l'alcool, je n'avais jamais ressenti le besoin de recommencer tant les fois ou je fumais était rare mais a cet instant je devais résister pour ne pas lui demander une clope. Juste me faire oublier que c'était ce genre de moment qui me poussait a boire. Je lance un regard en biais vers Zelda, inquiet de son silence, posant mes bras sur la balustrade, attendant que quelque chose se passe, ignorant si je devais reprendre la parole ou bien laisser faire le silence. Je n'avais jamais été doué pour parler si bien que j'avais appris a redouter les "il faut qu'on parle". Et je savais que Zelda était pareil que moi, a préférer les silences d'un regard profond aux mots. Il suffit de savoir écouter les silences, ils sont parfois bien plus parlant que des mots. Mais ce silence là, je ne savais réellement l'assimiler. Tandis que mon regard plonge vers la vue, j'entend Zelda le briser en premier. Le coucher de soleil qui m'éblouit et mon coeur qui s'effrite un peu plus sous ses constatations. Elle n'était pas certaine d'avoir la force de me pardonner. Douloureux et pourtant compréhensif. J'hoche lentement la tête, les yeux dans le vide, ne trouvant rien a répondre de concret, me contentant d'assimiler le poison qu'elle versait dans mes veines. Poison que je lui avais moi même offert. Et c'est lorsqu'elle me demande enfin des explications que mon regard se tourne vers elle. Je soupire, me préparant a parler d'une phase de ma vie que j'aurais préféré garder pour moi tant elle était délicate a accepter.
- J'étais a Sydney. J'allais tellement mal ici que j'ai décidé de... renouer avec mon père.
Je prononce presque le mot "renouer" dans une grimace. Ce n'était pas réellement le mot adéquate mais je n'avais rien trouvé d'autre. Zelda ne connaissait pas réellement mes relations avec mon paternel, elle savait simplement que je n'entretenais pas de bonne relation avec lui tant j'avais fuis plusieurs fois le sujet lors de nos discussions. Elle ne se doutait pourtant pas de l'ampleur des dégats.
- ... Tu sais, je ne t'en ai jamais parlé mais... on s'est fait du mal. Il m'a fait du mal.Et, je crois qu'on s'est pardonnés... juste avant qu'il ne se suicide.
Je ne cherchais pas a ce que Zelda s'apitoie sur moi, non. Simplement qu'elle comprenne comment j'en étais arrivé là. Tandis que le soleil disparaissait lentement sous nos yeux, je décide de poursuivre, ravalant mes larmes, cette faiblesse que je ne voulais pas montrer.
- J'ai vu une psychologue, qui m'a beaucoup aidé, je crois. J'ai entamé une cure pour arréter de boire, je suis allé a des réunions d'alcooliques anonymes et maintenant je suis sobre depuis plusieurs mois. Et quand j'ai été remis sur pieds, j'ai commencé un nouveau travail. Je ne veux plus de la mafia, je ne veux plus de cette vie. Je crois. Je suis devenu un chasseur d'héritier pour une entreprise de notaire. Je me tourne vers Zelda, osant enfin affronter son regard. Voila ou j'étais. Voila ce que je faisais...
« On ne pourra pas reprendre à zéro, tu le sais bien» Ses mots raisonnaient, tournoyaient sans cesse dans l'esprit de la mannequin. Regrettait-elle ses dires ? Non. Mais jamais elle n'aurait imaginé les prononcer devant lui. Jamais elle n'a espéré ne plus faire marche arrière. Pourtant tout recommencer était impossible désormais. Elle se détestait plus que tout, se haïssait d'être retombé amoureuse aussi naïvement. Elle savait pertinemment ce que ça faisait, à quel point ça pouvait faire mal un cœur brisé. Elle a encore une fois était naïve, n'a écouté que ses sentiments plutôt que la raison. Zelda se haïssait plus que tout. Ressentir une nouvelle fois cette atroce douleur dans la poitrine, l'effet d'être trahi, de se retrouver seule encore une fois. Mais Liam n'en savait rien de tout ça, il ne savait pas les sentiments qu'elle éprouvait quand bien même il a essayé de lire en elle à plusieurs reprises. Jamais il n'a entendu ces deux mots prononcés par Zelda et peut-être bien qu'il ne les entendra jamais. Du moins, plus au présent. Les yeux perdus dans le vide, la sensation étrange que les bruits de la ville n'atteignaient plus ses oreilles, tout était flou à présent. L'envie de pleurer, de crier voulait exploser, mais elle gardait tout en elle. Encore. Tout ça, elle le fera sûrement après qu'il soit parti. Et comme d'habitude, il en saura jamais. Elle tirait petit à petit sur sa cigarette afin de la faire durer le plus longtemps possible. Des petits pas vers l'intoxication, vers la mort comme ils le disent. Le regard toujours vers l'horizon, elle écoutait ce que Liam avait à dire sur sa disparition. Zelda l'écoutait attentivement, après tout, elle avait besoin de réponses. Sydney, son père, suicide, psychologue, sobre, notaire. Tous ces mots faisaient écho quand il en parlait. Liam parlait de renouer avec son père, celui dont il en avait à peine parler lors de leur première rencontre. Et Zelda s'en souvenait du regard qui avait soudainement changé sur son visage quand elle en demandait plus sur lui, sur son italien. Elle avait bien raison depuis cette soirée, quelque chose s'était passé entre eux, mais rien qui pouvait lui dire ce que c'était réellement. Puis vint le moment où il parla brièvement du suicide de son paternel. A ses mots, elle sentit une certaine tristesse, elle voulait lui donner ses condoléances, mais il lui coupa dans son élan. Puis il finit sur une certaine psychologue, la sobriété et la coupure avec la mafia, avec Mitch. Lui aussi, lui aussi faisait toujours aussi mal. Liam et Zelda firent volte-face en même temps, dans une synchronisation parfaite, comme s'ils se cherchaient encore. Puis l'ex mafieu finissait simplement en reprenant les mêmes mots que Zelda. Puis le silence, toujours ce même silence entre eux.
Elle se détacha enfin de son regard, écrase sa cigarette non-finie contre le cendrier. « Je suis désolée pour ton père.» avait-elle réussi à sortir. « Tu n'étais pas obligé de me le dire, mais merci.» Oui, Liam n'était pas obligé de tout lui raconter de A à Z, pourtant il l'avait fait jusqu'à lui raconter le suicide de son père. Sûrement dur à dire, Zelda ne pensait pas se sentir aussi spéciale, encore après tout ce temps, pour qu'il lui dise. Ça lui faisait du bien, en quelque sorte. La mannequin appuya son dos contre le mur de bon balcon, les deux bras croisés entre eux, la brise effleure ses cheveux. Et pourtant, le regard était toujours porté vers l'horizon. « Cela ne me dit toujours pas pourquoi tu ne m'as pas prévenu.» C'était le retour au premier problème posé, c'était le retour à l'amertume et à la colère. « Je suis contente que tu aies renoué les liens avec ton père, que tu as vu une psychologue, que tu sois devenu sobre et que tu as coupé les ponts avec la mafia, mais pourquoi tu es parti sans rien dire ?» Cette fois-ci le regard était posé contre le sol. « J'aurais pu attendre ton retour, on aurait pu ne pas en arriver là...» un léger rire sort d'entre ses lèvres. « On aurait pu...» avait-elle répété comme pour couler encore plus.
Mais je ne lui dis peut être pas tout. Pour la protéger peut être. Pour ne pas lui faire plus de mal que je ne lui en avais déjà fais. Certainement avais je encore trop de fierté pour oser lui avouer et également a moi même que si j'étais partis c'était pour échapper a ce mouroir permanent a l'intérieur de ma tête. Parceque si j'étais resté je me serais laissé mourir a petit feu de cette folie qui me rongeait. De cette hémorragie psychique. J'étais a présent certain qu'il était possible de mourir de blessure irréel. Une balle imaginaire avait entamé mon coeur. Un organe vital qu'Aubrey avait su guérir, bannir par les mots cette obscurité malsaine. Alors, non, je ne voulais pas lui faire peur. J'en avais déjà bien assez dit concernant ces derniers mois. Je n'étais même pas sur que Zelda avait été au courant pour mon alcoolisme ou peut être cela ne lui faisait rien. Elle avait une façon particulière d’appréhender la vie, comme rester de marbre face a l'idée qu'un membre de la mafia saupoudré d'illégalité et de dangerosité avait pu s'enticher d'elle avec tout les problèmes qui allait avec. Quand je me rappelais la réaction d'Hannah a ce sujet, je remerciais presque Zelda de ne pas en faire un drame. Mais ce procés, cette histoire, je comprenais lentement ces traits de personnalités quelle arborait. Je crois qu'elle avait, elle aussi, beaucoup de vécu. Et moi, j'étais passé a coté de tout ça. Ne faisant que deviner ses barrières sans jamais comprendre pourquoi elle les avait ériger. Je ne connaissais finalement que la partie visible de l'iceberg. Et ça, c'était troublant. On se retourne en même temps, comme si nos esprits était encore connectés. selon elle, je n'étais pas obligé de lui dire pour mon père. Peut être que si. Je crois qu'entre Zelda et moi il était temps de cesser de se mentir, de se cacher derrière ces faux visages. Il était temps de se connaitre. Réellement. Alors, je m'étais jeté a l'eau, espérant que la jeune femme allait suivre, mettre sa rancœur de coté et me laisser la protéger avec le peu d'information quelle serait d'accord pour me donner. Mais visiblement je ne lui avais pas dis ce que Zelda souhaitait entendre. Pourquoi ce silence ? Pourquoi cette absence de mot concernant ce départ précipité ? Et si je n'avais encore rien dis par rapport a ça c'était aussi parceque je n'avais pas encore de réponse. Alors je soupire, jouant la carte de la sincérité.
- Je ne sais pas... J'ai envie de m'arréter là mais je sais que ce n'est pas suffisant. Alors, je tente d'être un peu plus concret au milieu du désordre. Je ne sais pas pourquoi je suis partis sans rien dire. J'avais peur de t'abandonner, je ne savais même pas si j'allais revenir un jour ici, je me suis dis que ce serait peut être moins dur si on évitait les au revoir déchirants. Je la regarde. J'étais perdu, tu étais encore un peu en colère contre moi...
Je m'embrouille, ne sachant plus réellement quoi dire alors je m’arrête là, serrant les dents. Pourquoi tout était toujours si compliqué ? Finalement, je me retourne vers Zelda, prenant a nouveau la parole.
- Il n'y a pas eu un jour sans que je ne pense a toi et a ce que j'avais fais, Zelda. Tu m'as manqué...
La Zelda encore toute jeune, naïve et inconsciente de la vie réelle, sûrement, aurait voulu se jeter dans les bras du beau Liam, l'embrasser sans lendemain, lui dire à quel point elle est heureuse de le revoir. Dans sa tête, elle se moque d'elle-même pour y avoir pensé ne serait-ce qu'une seule fois, à son happy ending. Mais ça lui fait mal, ça la torture à en avoir le souffle coupé de se dire qu'elle est encore amoureuse. Rien que de sentir sa présence à ses côtés, réécouter le son de sa voix autre que dans ses pensées, le voir aussi changer mais en gardant toujours ce côté Liam qu'elle aimera toujours, tout ça, ça la rend folle. Au final, elle se demandait pourquoi avait-il pris la peine de venir la voir après tout ce temps ? N'avait-il pas mieux à faire ? N'avait-il pas trouver une autre conquête à voler le cœur ? D'ailleurs, qu'en est-il d'Hannah ? Elle aussi a dû faire du soucis en le voyant partir du jour au lendemain sans nouvelles, elle aussi aurait voulu des explications, sûrement. Ou alors Hannah avait mûrie, grandie et aurait passé à autre chose. Puis elle pense à Sid et de ses bras accueillants, chauds et remplis d'amour sincère. N'aurait-il pas été mieux pour elle de rester avec lui finalement ? Tomber amoureuse, rester dans ses bras, dans ses caresses sans se soucier de l'avenir. Sans ne jamais rencontrer Liam et Mitch. Pourtant quoiqu'elle puisse penser, jamais elle n'oserait chambouler son avenir, jamais elle n'irait faire du mal à Aisling alors qu'elle lui en a déjà fait, aveuglement. Zelda écoute ce qu'avait à dire Liam, ce qu'il avait à dire comme défense, comme explications, mais sans trop le faire. Puis vient le moment des sentiments, des "tu m'as manqué" et Zelda sourit. Pas qu'elle ne doute sur ses paroles, seulement, elle rigola en avance de sa bêtise. « Je t'ai aimé Liam, profondément. Et il se peut, que je t'aime encore.» Elle s'en voulait de l'avoir dit, de l'avoir annoncé ainsi, mais il fallait que ça sorte. Il fallait que ça éclate sinon elle n'allait plus tenir, sinon elle aurait regretté de ne pas l'avoir fait. Elle se leva d'un coup, le regard toujours vers l'horizon puis son regard vient se porter contre celui de Liam. Les cheveux dans la légère brise et le soleil venant taper contre son visage, elle sourit. « Pas comme on aime quelqu'un par amitié, non. Ta rencontre m'a fait du bien Liam, notre première engueulade aussi et quand nous avons fait l'amour, c'est à ce moment-là où j'ai réalisé que je te désirais autant. Pas comme on désire quelqu'un que pour le cul, mais quand on désire quelqu'un pour ses sentiments. » Elle déclare sa flamme un peu de façon brouillon, sans faire de jolies phrases dignes des plus grands poètes, mais elle le dit avec le cœur. « Que tu m'aimes, que tu n'aimes pas ou que tu ne m'aimes plus, qu'importe. L'important était d'enlever ce poids lourd de mes épaules. Et ne te sens pas obligé de vouloir tout recommencer à zéro, ne te sens pas obligé de revenir vers moi, ne te sens pas coupable pour mes sentiments. » Mais les émotions sont beaucoup plus fort qu'elle et une larme fuit de son œil qu'elle essuya au plus vite sous un rire gêné. « Je suis bien trop sensible quand il ne le faut pas..» suivit d'un petit rire. « Je suis sûre que depuis tu as trouvé quelqu'un d'autre et ne t'en fais pas pour moi, je ferai en sorte que mes sentiments pour toi... s'arrêteront un jour.» Puis, soudainement, elle pense au sujet principal de sa venue. Le fameux journal qui avait tout recommencé, le journal qui les avais réunis. « Je ne peux rien te dire pour l'affaire car ça ne te regarde pas, mais je ne t'empêcherai pas de t'y intéresser.» Le soleil commença à tomber, petit à petit il s'en alla pour laisser place à la lune de briller à son tour. Les nuances d'orange venaient se refléter contre leur visage et il était temps pour eux, de se dire au revoir. « Tu ferais mieux de me laisser toute seule dans ma honte ! Le soleil commence à se coucher, tu sais où est la porte.» Elle aimerait tant qu'il parte, elle aimerait tant le revoir un autre jour, même si c'est juste pour un "bonjour", mais elle aimerait tant se retrouver seule et pleurer pour évacuer.
Je n'étais même pas en mesure de pouvoir prétendre avoir tout gaché. Tout gaché au point que Zelda n'accepte pas ces excuses minables que je venais de lui déballer sans y croire réellement, je les avais vécu moi même sans en comprendre le sens tel un enfant incapable d'assimiler des sentiments trop complexe pour son age. Mais je le vivais. Le subissais. Tout gaché au point qu'elle ne souhaite plus jamais me pardonner après l'avoir fait tant de fois par le passé. La fissure était bien là, apparente et dangereuse, je craignais le dernier mot qui allait la faire voler en éclat, bruler ce potentiel pardon qui planait au dessus de nous, au bord des lèvres de Zelda, suintant d'un coeur éreinté par les aléas des hommes dans sa vie. Blessures immergées dans lesquelles je m'étais involontairement glissé. J'avais encore cette foutue trace de son procès dans la main, incapable de le lacher, et si elle me considérait comme eux ? Comme lui ? De ceux qui l'avait détruit. Je ne cherche plus a me défendre. Je reste silencieux, attendant le coup fatal du bourreau, l'ultime chatiment que j'avais cherché a l'abandonnant de cette manière. Peut être avais je été lâche dans mon courage. Je ne faisait que m'enfoncer en essayant de rétablir la douloureuse vérité qui m'appartenait. J'avais fuis sans aucune explication et c'était tout ce que Zelda allait garder de moi. Une silhouette de plus qui s'était payé sa tête. Je pourrais laisser la tristesse m'envahir, accompagnée de cette éternelle violence que je trimbalais comme des boulets a mes pieds. Mais je n'en fais rien. Restant là, le regard sur ce couché de soleil qui s'envolait avec nos sentiments, attendant un verdict qui peinait a tomber. Pardonnes moi Zelda. Ou je comprendrais et je disparaîtrais de ta vie. Pour toujours. Peu importe la douleur de me sentir bannis de son coeur, c'était certainement moins douloureux de la voir souffrir par ma faute.
- Je t'ai aimé Liam, profondément. Et il se peut, que je t'aime encore.
Mon souffle se coupe le temps d'encaisser ses paroles. Mettre enfin des mots sur ce que je croyais déceler dans ses yeux. Et moi, l'avais je aimer ? Je n'étais plus sur de rien et pourtant les mots de Zelda avait un écho particulier a l'intérieur de mon coeur. Je t'ai aimé aussi, je crois. Et maintenant je voulais l'aimer d'une manière différente de sorte a ne plus lui faire de mal. Jamais. Je voulais simplement la protéger. La soutenir. La suite de son monologue me clou encore un peu plus sur place. Je ne voyais jusqu'a présent les dégats que mentalement. Maintenant je les voyais physiquement. Je suis incapable de répondre mais elle se trompe. Je n'ai personne d'autre, si ce n'est une psychologue avec qui nous jouions l'un et l'autre a je ne sais quel jeu. Je n'ai pas fuis pour ça Zelda. Je baisse la tête, le chatiment enfin tombé. Du moins, je le croyais. Elle me prouve encore que je peux me tromper en me donnant le droit de m'intérésser a ce fameux procès. Une façon de me donner le droit de rester dans sa vie si je le voulais. Cette chance, je comptais bien la saisir mais je devine qu'il lui faut du temps pour assimiler mon retour et tout ce que cela impliquait. Je souris faiblement malgré moi tandis que je la vois disparaitre, me montrant le chemin de la sortie pour appuyer ses derniers mots. Moi, je reste planté là, sur ce balcon, le visage baigné par ces derniers rayons de soleil rasant, le souffle court et je met du temps a finalement me diriger vers cette porte, m'arrétant devant Zelda, cherchant de quoi apaiser ses larmes mais je ne trouve rien. Je passe simplement ma main sur sa joue, m'éternisant sur les minuscules cillons creusés par ses pleurs, mon regard lui cruyant que l'on se reverra. Puis, je disparais, rejoignant ma voiture alors qu'une larme s'échappe du coin de mon oeil. Je ne t'abandonnerais plus Zelda, je te le promet.