1er Janvier 2014 2:35am Un jour de l’an en fonction, c’est forcément une garde mouvementé. C’est une des nuits où il y a le plus d’excès. Je sais que ça ne va pas être de tout repos, mais je suis rodé. C’est pas mon premier jour de l’an. De ce fait, je le fête que très rarement, préférant avoir Noël de libre. Il n’y a qu’une année où j’ai pu avoir des vacances à cette période, mais au fond, ça ne me dérange pas de pas faire la fête. J’ai de mauvais souvenirs de mes jours de l’an étant adolescent, y’avait toujours beaucoup trop de drama aux soirées. Sans parler du volume astronomique d’alcool qui est toujours prévu pour l’occasion. Ca promet jamais rien de bon.
Avec Isaac, on sort à peine de l’hôpital après avoir déposé un patient qu’un nouvel appel nous est envoyé. Direction un quartier de Toowong. On est pas loin. Pas le temps de mettre la musique ou quoi que ce soit cette nuit. On est à fond dans le boulot, y’a pas place aux conneries. Je suis content d’avoir fait une longue sieste dans l’après midi, je suis très en forme et c’est pas du luxe vu le rythme de la nuit. Faut être efficace pour aller vite et aider le plus de gens possible. Je dois avouer qu’ils ne méritent pas tous d’être secouru à mon avis. Ils sont pour la plupart complètement inconscient car oui, c’est pratiquement que des cas de coma éthylique dont il est question. Cette fois ci, ce nouvel appel, c’est une overdose. La première de la nuit. J’aurai bien dit qu’il a droit à une médaille mais c’est trop triste pour plaisanter là dessus. J’espère toujours que ces gens là qui finissent par s’en sortir gardent ces moments comme une leçon et qu’ils ne répéteront pas ce schéma. Je suis trop optimiste pour mon bien, je sais. Mais je garde l’espoir.
On se gare en double fil au plus près de l’adresse qui nous a été donné et je suis surpris de voir le mec porté par son pote. Il aurait mieux fait de ne pas le bouger.
« Comment il s’appelle ? »
Tout se passe vite. Je prends en charge Izaak avec mon Isaac à moi, l'infirmier, et on commence à le traiter à même le trottoir. Mes gestes sont précis et coordonnées avec ceux de mon partenaire.
« Il a pris quoi ? »
Je regarde le seul de nous quatre qui peut me donner plus de détails sur la situation. Les présentations n’ont pas été faites. Pas le temps.
Dernière édition par Kane Williamson le Jeu 22 Nov 2018 - 1:35, édité 1 fois
Le type n’a pas l’air très frais et je pense que le fait de cette situation d’urgence, ça n’aide pas non plus. Faut savoir faire dans le sociable souvent pour gérer au mieux les situations avec les proches des patients. Je ne soupire pas quand le gars se permet une réflexion parce qu’on bosse par terre. Je suis concentré dans mon boulot avec mon collègue infirmier Isaac.
Quand il parle de pizza je réalise qu’il est vraiment loin ce gars là. Heureusement il parle d’alcool ensuite. Il ne précise pas de quels trucs pas légaux il s’agit et tu secoue la tête. Surtout qu’il se met à se marrer. Mais putain. Comment tu peux rire dans une situation pareille ? Il doit vraiment être complètement défoncé lui aussi. C’est désolant.
« On est pas de la police. »
J’insiste pour qu’il crache le morceau parce que c’est important dans l’affaire. Il parle de cocaïne et ça me donne un peu plus d’indices à moi et Isy pour continuer nos traitements correctement. Sauf que le dit Isaak se met à convulser et aussitôt mon partenaire prend les décisions qu’il faut pour que ça passe. Le pote du gars au sol réagit vivement à tout ça et je me lève pour tenter de le rassurer comme je peux.
« Calme toi ! On fait ce qu’on peut. »
Et c’est très dur de pas faire la moral à ce genre de personne. Ils sont assez inconscient pour prendre de la drogue mais ils trouvent quand même le moyen d’avoir de quoi à redire sur notre boulot. S’ils étaient pas aussi bête, on en serait pas là en premier lieu. Je comprends pas ce besoin qu’on certains de se défoncer pour s’amuser. Ca me dépassera toujours. Ils tiennent pas à leur santé.
Isy a stabilisé Isaak et voilà qu’on le met sur le brancard pour enfin le porter dans l’ambulance. Je retourne vers le pote dont je ne sais toujours pas le prénom et je lui fais signe de nous suivre.
« On va à St Vincent. Tu veux monter avec nous ou tu nous rejoins là bas ? »
Aucune idée par quels moyens il irait mais je m’en fou un petit peu. Il est pas ma responsabilité et pour être honnête, si je lui offre la possibilité de nous rejoindre direct, c’est parce que j’ai pas très envie de faire le trajet avec lui… Il met du temps à réagir à ma question alors avec Isy on met Isaak dans l'ambulance alors que Joseph reste sur le trottoire. Je le questionne encore du regard et puis sans réponse de sa part, je me dis qu'il veut pas venir. Je ferme le véhicule et file direction l'hôpital. La nuit est assez éprouvante comme ça. Pas besoin qu’un gars défoncer en rajoute une couche. Je vérifie les constantes de Isaak alors que Isy mon coéquipier est en train de conduire.