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 Au bal pas masqué ohé ohé !

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Message(#)Au bal pas masqué ohé ohé ! EmptyMer 14 Nov - 10:03

Les regards que Koji coulaient vers lui auraient probablement dû le rassurer. Depuis qu’Adam était sorti de la salle de bain, ce soir-là, son compagnon l’observait avec un désir qui ne se dissimulait guère : les yeux du Japonais détaillaient les muscles que le tee-shirt noir d’Adam laissait facilement deviner, se perdaient sur son jean qui mettait ses courbes en valeur et remontaient jusqu’à sa coiffure soigneusement déstructurée. Il lui plaisait.

Physiquement. En réalité, plus le temps passait, plus Adam avait l’impression d’être pour son petit ami d’avantage un sex toy et un trophée physique qu’un compagnon de vie. Ce que Koji aimait chez lui, désormais, c’était sa carrure athlétique et sa « virilité d’hétéro », comme le Japonais disait, comme si être arrivé à séduire un homme qui échappait aux stéréotypes constituait en soi un accomplissement.

Jadis, au début de leur relation, Adam avait été flatté du désir que le musicien avait pour lui. Désormais, alors qu’ils traversaient en voiture les quartiers de Brisbane pour gagner Fortitude Valley, il se sentait rabaissé par un intérêt presque exclusivement charnel, qui ne lui faisait plus guère oublier les reproches presque constants que Koji lui adressait le reste du temps.

Ils se garèrent non loin du club et le Japonais posa une main sur sa nuque pour l’attirer dans un baiser brûlant, auquel Adam répondit presque malgré lui. Pour la première fois peut-être, il se rendit compte qu’il n’avait pas vraiment envie, au fond, de raccommoder sa relation avec Koji. Qu’il était aussi déçu par son compagnon que celui-ci n’était déçu par lui. Il le regarda quitter la voiture, avec un pincement au coeur, avant de couper le contact pour lui emboîter le pas.

La musique pop et électronique montait du club gay, surtout quand la porte s’ouvrait, sous le regard vigilant du videur, pour laisser entrer un nouveau danseur ou sortir un fumeur invétéré. Adam regrettait déjà d’être venu. Les boîtes de nuit, ce n’était pas son élément. Il n’y avait jamais été que deux ou trois de son propre chef, plus jeune, quand il s’était senti vraiment seul et qu’il avait eu envie de trouver un garçon pour un soir, sans se poser de questions. Mais le genre de relations qu’on y nouait convenait mal en général à son tempérament en la matière trop romantique.

Koji l’attira contre lui, dans la file d’attente qui s’étendait le long du mur de l’établissement. Pour le Japonais, au contraire, la nuit était une seconde nature. Adam était même prêt à mettre sa main à couper que Koji connaissait la moitié des danseurs qui les attendaient là-dedans. Tant mieux. Ça lui épargnerait de devoir le chaperonner toute la nuit.

Ils passèrent sans encombre la barrière du videur pour s’engouffrer dans la chaleur du club. A l’intérieur, sous les rayons stéréoscopiques, des corps se déhanchaient. Certains garçons, les mieux bâtis, avaient eu tôt fait de se débarrasser de leur haut, pour exhiber les muscles en sueur qui à coup sûr leur attireraient la proie de la nuit. D’autres jouaient les timides au bar, en adressant à la ronde des regards suggestifs et bien calculés. On s’observait, on se jaugeait et, parfois, à deux, on disparaissait dans les toilettes, pour soulager ses ardeurs, ou, pour les plus habitués, dans la backroom où d’autres danses encore moins catholiques venaient concrétiser les désirs nés sur la première piste.

Adam sentit des regards s’arrêter sur lui, et sur Koji, et les muscles de sa mâchoire se crispèrent aussitôt. Il se retint de proposer à son ami une soirée plus tranquille.

— Tu vas nous chercher à boire, lança le Japonais au creux de son oreille pour couvrir le bruit de la musique qu’un DJ d’ailleurs assez doué modulait pour les innombrables danseurs ?

Adam hocha la tête et s’éloigna en direction du bar. Quelques secondes plus tard, avec un soda pour lui et un mojito pour Koji, il fouillait la foule du regard, pour découvrir son compagnon beaucoup trop occupé à onduler tout contre le premier bellâtre venu pour pouvoir boire, et encore moins prêter attention à lui. Koji était volage. Adam l’avait toujours su, plus ou moins, mais depuis quelques semaines, il commençait à comprendre que, peut-être, son petit ami poussait bien au-delà du flirt.

L’amertume lui nouait la gorge, mais il prit une profonde inspiration pour s’en débarrasser. Il suffisait de prendre son mal en patience. Peut-être que ça finirait par aller mieux. Peut-être que Koji et lui pourraient parler. Le Polonais partit se percher sur un tabouret du bar, pour siroter son soda en ruminant ses pensées, une attitude mélancolique qui venait compléter le cliché du mâle ténébreux qu’il incarnait bien malgré lui et qui commençait à lui valoir des regards décidément bien insistants — et systématiquement ignorés.
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Message(#)Au bal pas masqué ohé ohé ! EmptyJeu 15 Nov - 18:09



Tu tires les dernières lattes de ta clope alors que tu remontes toute la file d’attente pour l’entrée du club. Tu ne t’abaisses pas à ce genre de truc. Toi tu rentres direct. T’es un habitué et après avoir écrasé ta clope par terre, le videur se décale pour te laisser entrer après t’avoir salué. T’avais pas vraiment envie de sortir ce soir mais il aura suffit de deux messages échangés avec Calvin pour que tu changes d’avis. Ce gars, tu l’as baisé y’a quelques semaines et voilà qu’il avait envie de te revoir. Il est clairement ton genre et c’est pour ça que tu t’es pas fait prier. Un vrai twink comme tu les aimes. Vous vous êtes donné rendez vous dans ce club parce que, cerise sur le gâteau, Calvin boy est aussi extrêmement friand des dancefloors. T’aimes pas afficher une liste de qualités d’un mec à la suite comme ça parce que certains commenceraient à dire que tu crush alors que pas du tout. Tu passes des bons moments. Nuance. Du coup tu te retiens d’ajouter qu’en plus de tout, le gars sait danser et ça te fait littéralement bander.

Il n’est pas encore arrivé quand tu t’installes au bar et tu check ton téléphone. Bingo. Un message de sa part. Il arrive plus tard que prévu. Pas de détails sur le pourquoi du comment. Ca tombe bien, tu t’en fou. Oui c’est un truc qui te plaît aussi chez lui. Il parle pas pour rien dire. Pas d’excuses inutiles. Mais tu ne le diras à personne. Tu vas te prendre une bonne Margarita en attendant et mater ce qu’il y a de beau à voir autour de toi. Tu risques d’aller sur la piste de danse sans Calvin et ses moves, parce que le DJ est particulièrement bon ce soir. Attendant d’être servi, tu captes le gars installé à côté de toi. Il a pas l’air dans son assiette mais il est sérieusement sexy, tu ne peux pas le nier.

« Si tu te mets à pleurer compte pas sur moi pour te consoler. »

Un coup d’oeil circulaire t’indique que y’en a un certain nombre intéressé par sa personne.

« Arrête de faire la tronche et profite de la soirée. Y’en a au moins trois dans le coin qui ne demande qu’à sucer ta queue. »

Et ton cocktail arrive devant toi à ce moment là. Tu remercies le barman et tu lui fais un clin d’oeil au passage. Tu trempes tes lèvres et ce mélange sucré salé te fait frétiller les papilles. Un délice.

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Message(#)Au bal pas masqué ohé ohé ! EmptyVen 16 Nov - 2:34

Quelque chose comme :

« Koji, je crois que nos vies ont pris des directions très différentes et qu’il faut savoir prendre les décisions courageuses que nous imposent les circonstances. »

Ou alors c’est lâche ?
C’est probablement lâche.

Plutôt :

« Koji, le problème, ce n’est pas toi, c’est moi, et il faut que nous restions amis. »

Cliché.
Et puis le problème, c’était bien Koji, n’est-ce pas ?
Adam voulait bien admettre qu’il n’était pas l’homme le plus chaleureux du monde, que sa couverture n’avait rien de palpitant, qu’il n’était pas très bavard et que son cercle d’amis était à peu près réduit à néant, mais, d’un autre côté, la fidélité plus que douteuse du Japonais, son arrogance et son côté drama queen auraient eu de quoi faire fuir n’importe qui.

Pas vrai ?
Pas vrai que ce n’était pas sa faute ?
C’était sans doute sa faute.
Il avait tout raté.
Encore.

Il finirait vieux et retraité avec quatorze chats dans une maison de campagne, à ressasser ses exploits militaires dans la solitude la plus entière, jusqu’à ce que ses siamois ne finissent pas dévorer son cadavre desséché dans l’indifférence générale. Voilà. C’était ça. À trente ans, Adam avait décidé du reste de sa vie, monacale, abstinente et désespéré.

Et tout ça, c’était de la faute aux garçons.

Adam manqua de sursauter quand un garçon, justement — quel hasard ! —, lui adressa la parole. Les yeux noisettes d’Adam, qui trahissaient toujours une intelligente perçante et perspicace, déformation professionnelle, se tournèrent vers lui. Une drôle de chaleur lui irradia aussitôt le bas ventre. L’autre, là, n’était pas mal de sa personne. Pas mal du tout. Pas le seul, évidemment, dans cette boîte de nuit, mais le seul à l’avoir approché de si près, et depuis le temps, Adam n’avait plus exactement l’habitude.

— Poétique.

En vérité, Adam, qui n’avait jamais fréquenté les clubs ou les bars avant de rencontrer Koji, qui ne s’était jamais inscrit sur la moindre application, n’avait pas vraiment l’habitude qu’on lui parle aussi directement de sexualité, et encore moins de sa sexualité. L’exubérance de Koji en la matière, qui vantait les exploits du Polonais à qui voulaient bien l’entendre, au point qu’Adam avait fini par penser que ses talents au lit étaient le seul mérite que son compagnon lui reconnaissait, le mettait toujours très mal à l’aise.

Il pivota néanmoins sur sa chaise.

— D’façon, j’suis ici avec mon mec.

D’un geste de tête, il désigna Koji, mais Koji, précisément, était collé à un autre type sur la piste de danse, et il l’embrassait à pleine bouche. La mâchoire d’Adam se contracta et, pendant une fraction de seconde, on aurait juré qu’il projetait des meurtres à court terme, avant de recouvrer son expression stoïque. C’était normal. Pas vrai ? Dans les clubs, on s’amusait toujours pas, ça ne voulait rien dire. Ça faisait partie du jeu.

Le spectacle obséda néanmoins Adam quelques secondes, histoire de remuer le couteau dans la plaie, avant que le jeune homme ne se décide à faire à nouveau demi-tour sur son tabouret, pour regarder son interlocuteur, parce que c’était plus prudent pour tout le monde.

— Bref…, lâcha-t-il, un peu honteux d’avoir désigné « son mec » dans une pareille situation. Au cas où ce soit pas super évident à cause de mon aisance sur-na-tu-relle en ce moment précis, j’suis pas exactement un habitué de ce genre d’endroits.

On ne l’aurait jamais deviné !

— Mais toi, là, t’as l’air plutôt dans ton élément.

Très dans son élément, même.

— Et je doute pas que y ait toute une cohorte de mecs qui veulent, euh… Faire comme t’as dit, là, hmbref.

Ses joues étaient même en train de rosir.

— Du coup, j’suis pas sûr que ce soit stratégique pour toi d’aborder le poids mort de l’assemblée.
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Message(#)Au bal pas masqué ohé ohé ! EmptyMer 21 Nov - 19:02



Il fait une remarque sur ta façon de parler et tu te dis que t’as le droit à une prude comme voisin de bar. How boring. T’es presque sûr qu’il va t’ignorer et continuer sa vie de son côté, sans ta poésie, mais non. Il t’accorde son attention. Il a dû aimer ça pour en vouloir d’avantage. Il t’annonce qu’il est avec son boyfriend et ouais ok t’es pas impressionné. Tu connais pas mal de gars en relation libre, mais vu son « de toute façon » ça ne doit pas être son cas. Dommage pour lui. Ca doit être triste d’être voué à baiser avec la même personne tout le temps. Tu prends quand même la peine de regarder son mec vu qu’il te l’indique. T’es pas complètement sûr de qui t’es sensé regarder vu que sous tes yeux, y’a deux gars en train de s’emballer. Okay? En fait peut être bien qu’il est dans une relation libre, mais vu la tronche qu’il tire… Ca ne doit pas être le cas. Il précise qu’il est pas habitué des clubs contrairement à toi. S’il le dit. Tu le connais pas. Il parle de gars qui veulent sûrement te sucer mais il n’ose pas dire les mots. How cute. Ca te ferait presque sourire.

Il parle de poids mort de l’assemblé et tu lèves un sourcil très haut. Tu comprends pas.

« Hein ? Le poids mort de l’assemblé ? »

Ton léger accent espagnol prouve bien que l’anglais n’est pas ta langue maternelle. De temps à autre tu dois demander aux gens de répéter ou de s’expliquer quand ils utilisent des jeux de mots ou autres expressions peu utilisé.

« Et c’est lequel ton boyfriend ? Le canon asiatique ou l’autre ? »

T’as clairement une préférence pour l’asiat’ dans l’affaire.

« Tu vas vraiment rester là avec cette face triste à le regarder ? »

Tu roules fort des yeux. Parce que relation libre ou pas, ça n’a pas l’air de lui plaire et à sa place, tu ferais tout pour emmerder l’autre de la même manière en retour. Mais sans l’avouer, bien évidemment.

« C’est quoi cette putain de relation sado maso ? »

Le mec il aime souffrir c’est clair. Tu trouves ça pathétique. T'en as oublié ton verre avec tout ça. Mine de rien ça fait passer le temps cette conversation et ces détails sur la vie de couple loin d'être parfaite de ce gars là à côté de toi. Un petit coup d'oeil à ton téléphone au cas où Calvin t'aurais mis à jour sur sa position actuelle. Nope. Toujours rien.

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Message(#)Au bal pas masqué ohé ohé ! EmptyJeu 22 Nov - 7:11

— Poids mort. Hmm…

Tout en cherchant à identifier l’accent de son interlocuteur — mais le monde hispanique, ce n’était pas vraiment son terrain de jeu ordinaire —, Adam se mit en quête d’une explication satisfaisante.

— Dans ce cas, quelqu’un qui va un peu contre l’ambiance de fête. Tu sais, comme dans l’expression plomber l’ambiance. Après, ça a d’autres explications.

Mais il se doutait que l’autre n’était pas là pour un cours de langue.
En tout cas, pas ce genre de cours de langue.

— Le Japonais canon.

Et, objectivement, Adam et Koji formaient un beau couple. En tout cas, un couple très esthétique, le genre à faire fantasmer beaucoup de clients du club, ce soir-là. Mais au-delà de ça, et d’une certaine osmose sexuelle, ils ne partageaient finalement pas grand-chose. Koji était un jeune flamboyant, pas encore très mature, qui vivait sa vie en batifolant à droite à gauche, dans le sexe comme dans son travail, et dont les loisirs étaient presque exclusivement constitué de clubbing ou de mondanité.

Adam est un type responsable et opiniâtre, méthodique et déterminé, qui aimait marcher dans la boue, s’isoler en pleine nature ou construire des meubles, dans le silence. Koji avait été attiré, au début, par cette virilité un peu typique, mais il avait rapidement fini par la trouver trop sérieuse, quand Adam, lui, n’avait pu s’empêcher de juger son compagnon superficiel. Tout ce qui leur restait, désormais, c’était le sexe. Beaucoup de sexe. Pour ne pas avoir à parler.

— Non mais t’as raison, faut qu’je fasse abstraction. Je suppose que l’essentiel, c’est qu’il s’amuse.

Adam pivota sur sa chaise pour tourner le dos à Koji et à sa conquête de la soirée. Est-ce qu’il exigeait vraiment la fidélité ? Est-ce qu’il était jaloux ? Un peu, peut-être, mais au fond, il avait surtout l’impression que ce qui le dérangeait, c’était que Koji l’ait traîné dans un club, après beaucoup d’insistance, pour finalement passer la soirée loin de lui.

— D’un autre côté, toi, je te vois pas cueillir tes soupirants, t’es en train de te focaliser sur ton téléphone, on peut pas exactement dire que tu profites totalement de ta soirée.

Derrière lui, Koji avait quitté la piste de danse avec l’autre garçon, pour disparaître dans la foule. Fort heureusement, Adam ne s’en était pas aperçu. Il n’avait pas saisi non plus que son compagnon avait commencé sa soirée avec un ou deux cachets d’ecstasy, et que, dans ces conditions, il aurait été illusoire d’attendre de sa part la moindre retenue. Comme quoi, on pouvait être agent secret, formé à la scrupuleuse observation de son environnement, et manquer parfois des détails essentiels.

— J’m’appelle Adam. Au fait.

Prénom tout aussi australien que polonais, et comme il n’avait pas d’accent, on aurait du mal à placer ses origines.

Une vague d’exclamations ravies interrompit la conversation, parce que le DJ qui avait ouvert la soirée venait de céder la place à une petite célébrité de la musique électronique, dont le nom avait été fièrement annoncé au micro, sans qu’Adam ne l’ait reconnu. De toute façon, il aurait été bien incapable de sentir une différence notable entre la musique de l’un et celle de l’autre. La ferveur, pourtant, redoublait sur la piste de danse.

— OK, on fait un deal, finit-il par décider. En attendant que ton mystérieux contact insaisissable se manifeste, tu me montres comment je suis censé m’amuser, et en échange, je te paie tes consommations. Dans la mesure du raisonnable, hein, j’te finance pas un concours de tee-shirt mouillé à base de vodka hors de prix.

Un couple heurta le bar tout près d’eux, l’un des garçons poussé par l’autre contre le zinc, alors qu’ils s’embrassaient à pleine bouche. Adam ne put s’empêcher de jeter un regard curieux à leurs caresses — un regard même un peu lubrique, parce qu’avec toute sa réserve et toutes ses réticences, il restait un homme dans la force de l’âge, très loin d’être indifférent à l’atmosphère érotique du club où il se trouvait.

Il détourna prudemment le regard.
Mieux valait garder la tête froide.
La tête, entre autres choses.
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Message(#)Au bal pas masqué ohé ohé ! EmptyVen 23 Nov - 6:15



Il prend le temps de t’expliquer ce qu’il a voulu dire et tu trouves ça cool. Tu hoches la tête à sa réponse. Tu sauras pour la prochaine fois. Tu as peut être vécu en Australie huit années de ta vie, tu en apprends quand même tous les jours sur cette langue qu’est l’anglais.

C’est donc le japonais canon dont il est question. Putain de merde. T’aimerais bien explorer son corps à celui là. Il t’excite grave. C’est pourquoi t’es un petit peu bloqué sur lui, kiffant en même temps de le voir si proche d’un autre gars. T’aurais presque envie de t’incruster pour faire un truc à trois. T’es perdu dans tes pensées quand monsieur sad face reprend la parole. Il a l’air d’être mené à la baguette dans sa relation et t’es pas franchement là pour lui dire que c’est complètement con de se laisser faire comme ça. T’en as rien à faire. Si ça lui plaît. Parce que oui, ça doit forcément lui plaire pour qu’il ne fasse rien pour changer ça.

Il change de sujet, parlant de toi et de ton téléphone. Tu tournes la tête vers lui. Ca t’amuse. Tu ne dis rien en réponse à ça. T’as pas besoin de te justifier sur comment tu passes ta soirée. T’es bien toi, contrairement à lui. Il se présente.

« Andy. »

Tu hoches la tête en rythme alors qu’une chanson que tu aimes particulièrement vient résonner dans les enceintes. Tu vas très certainement filer sur la piste de danse avant que Calvin n’arrive. Ton corps ne peut pas rester en place quand il est appelé par la musique. Tu bois une gorgée de ton verre quand Adam parle de faire un deal. Tu le regardes, attendant de voir ce qu’il a en tête. T’es open si c’est intéressant. Il remet sur le tapis Calvin, t’en aurais presque l’impression qu’il est jaloux. Un large sourire en coin se forme sur tes lèvres parce que ce qu’il t’a exposé, ça te plaît énormément.

« Deal. »

Tu termines ton verre cul sec, le pose sur le comptoir tout en te levant de ton siège. Tu remarques le coup d’oeil de Adam sur les deux gars qui viennent de débarquer et tu l’attrapes par le poignet pour le tirer sur la piste de danse sans qu’il en ait le choix. C’est un remix de « FRIENDS » de Marshmello et Anne-Marie qui passe et ton corps se laisse prendre par le rythme. Tu danses, vraiment bien. C’est pas pour te la péter mais c’est la vérité. Tes gênes latinos doivent en être pour quelque chose. Tu restes proche d’Adam, le touchant en même temps parce que oui, y’a rien de mieux que de danser avec un beau gosse sur une bonne chanson. Tu coches à ce moment là toutes les cases.

« Allé laisse toi aller. »

Toi tu connais toutes les paroles par coeur de la chanson, tu les lui chantes, en playback. T’es clairement en train de prendre ton pied. C’est dommage t’as pas de drogue ce soir. Tu lui aurais filé un cacheton assez rapidement pour qu’il en profite au maximum. Tu t’approches de lui, collant ton corps au sien, un bras filant dans son dos. L’asiat’ de la soirée vient d’arriver dans ton champ de vision. Parfait. Tu vas parler à l’oreille de Adam.

« Il est juste derrière. »

Il ne vous a pas encore remarqué, mais tu penses que ce n’est qu’une question de temps. C’est pourquoi tu continues à danser bien collé à Adam. Tu pivotes afin que ton partenaire de danse puisse voir l’homme de ses désirs. T’espères qu’il va agir en conséquence. En attendant, une de tes mains va se poser sur son cul. Tranquille. Tu profites. Tu passes du bon temps. Surtout que les tubes s’enchainent et ils sont remixés à la perfection. Tu kiffes trop.

« Tu devrais enlever ton t-shirt. »

Bien évidemment.



Dernière édition par Andy Rivera le Ven 23 Nov - 8:02, édité 1 fois
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Message(#)Au bal pas masqué ohé ohé ! EmptyVen 23 Nov - 8:02

Mais quelle idée stupide. Adam atterrit au milieu de la piste de danse, et se sentit comme pris au piège. Un piège dont il ne songeait pas manifestement à s’extraire. La vérité, c’était qu’il aimait bien danser. À combien de rave parties avait-il assisté, dans les usines désaffectées de la banlieue de Beijing, dans les recoins les plus improbables de Kiev, en se fondant dans la foule des danseurs, pour prendre contact avec tel dissident ou tel hacker ? Combien de fois avait-il endossé le costume d’un jeune branché, inoffensif, là seulement pour s’amuser, quand il arpentait les clubs de Varsovie ou de Taïwan, le temps de se faufiler dans les alcôves où on parlait moins de musique que de révolutions ?

Une vie d’agent secret, c’était une vie d’apprentissage improbable. Il avait appris à coudre, à cuisiner des racines, à se maquiller, à couper les cheveux, à teindre des vêtements, à jouer de la trompette et à danser sur de la musique électronique. Mais à chaque fois, c’était sous un autre nom, dans des circonstances exceptionnelles, loin de sa vie de tous les jours. Dans sa vie, il n’était qu’Adam, un type qui essayait d’échapper au regard, malgré sa carrure et l’intelligence redoutable qui brillait au fond de ses yeux.

Mais la musique, c’était plus fort que beaucoup de réticences, et la frustration aussi. Pour une fois, il avait envie de s’amuser, de lâcher prise, d’arrêter de faire semblant d’être un traducteur soporifique et sans personnalité, qui roulait en voiture banalisée et dont la vie était faite de manuels de blenders chinois à passer en anglais. Il avait envie de retrouver dans sa vie à lui les mêmes frissons qu’il éprouvait sur le terrain, quand il prétendait être quelqu’un d’autre, mais qu’il se découvrait en vérité en face-à-face avec lui-même.

Alors sa danse suivit vite celle d’Andy. Tout taciturne qu’il avait pu sembler, on voyait aussitôt qu’il avait l’habitude de ça. Lui qui censément n’aimait pas les clubs ne déméritait pas. Son corps épousait celui de l’inconnu. Son regard trouvait l’autre. Il sentait son coeur battre à toute vitesse. Mais ce n’était pas mal, n’est-ce pas, ce qu’il faisait ? Koji s’autorisait bien pire. Enfin, bien plus.

Le corps d’Andy l’excitait.
C’était incontrôlable.
Le bras dans son dos, le torse contre le sien, le souffle près de ses lèvres.
Il pose une main à sa taille, l’autre au creux de ses reins. Il sentait les muscles de l’étranger jouer sous le tissu et sous ses doigts.

Koji.
Koji était là.
Pivotement.
Le regard d’Adam, par dessus l’épaule de son partenaire de danse, se pose sur la silhouette du Japonais, qui se faufilait entre les danseurs, à la recherche d’une autre proie. Et pas de lui. Adam le vit jauger deux ou trois autres garçons. Comme si Koji avait tout à fait oublié qu’ils étaient venus là ensemble.

Une envie primaire, animale, stupide sans doute et ridicule, mais profonde et puissante, montait en lui de prouver à Koji qu’il en valait la peine, qu’il ratait quelque chose, et qu’il ne l’attendrait pas perpétuellement, comme la femme de marin assise sur la jetée. La main d’Andy sur ses fesses lui arracha un soupir de plaisir. Le regard d’Adam se détacha du Japonais pour se plonger dans celui de l’autre. Son nez frôla celui d’Andy. Ses lèvres s’approchèrent des siennes.

Puis il se recula d’un pas pour retirer son tee-shirt. Il se sentait idiot, comme tous ces abrutis qui paradaient leurs muscles, pour se faire valoir façon génisse de compétition au salon de l’agriculture, et en même temps c’était amusant, et simple, et loin du sérieux de toutes les responsabilités qui pesaient constamment sur ses épaules. Il se sentait…

Jeune.

Tous les muscles étaient dessinés sous sa peau : ses épaules et ses pectoraux, ses bras, ses abdominaux, son dos, le creux de ses reins. Tout annonçait une vie sportive intense. Un engagement physique quotidien. Et puis il y avait les cicatrices. Souvenirs de coups de couteaux, de balles extraites à temps, des mille et un dangers de la vie de terrain. Il les expliquait à ses amants par son passé de champion d’arts martiaux, par les aléas des excursions en pleine nature. C’était plus ou moins convaincant. En tout cas, ça lui donnait un côté guerrier et baroudeur. Une virilité primitive, mais redoutablement efficace.

Sans réfléchir vraiment, Adam attrapa Andy par la ceinture pour l’attirer à nouveau contre lui et ses lèvres se pressèrent contre celles de l’inconnu. Il dansait en même temps qu’il l’embrassait, ses bras se refermaient autour de lui, et il ne prêta même pas attention au regard de Koji qui s’était arrêté sur lui. Le Japonais les observa un instant, avant de disparaître dans la foule, frappé, pour la première fois de sa vie, par l’idée qu’Adam aussi pouvait aller voir ailleurs.
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Message(#)Au bal pas masqué ohé ohé ! EmptySam 24 Nov - 8:14


Tu n’aurais pas cru mais le gars a des moves. Encore mieux. Du coup tu ne cherches même plus à te retenir pour un geste ou un autre. Tu le touches là où tes mains ou ton corps se retrouve au rythme de la musique. C’est ça la danse. Ne pas se retenir parce que ça peut être inapproprié. C’est à ces moments là que c’est le meilleur. Sentir que Adam te rend la pareille, qu’il se laisse aller à te toucher tout autant, tu kiffes. Il n’est peut être pas aussi ennuyeux que tu le pensais. Il marque des points. C’est pour ça que tu le mets au courant de la proximité de son mec. Ca ne rentre pas dans l’oreille d’un sourd parce qu’il se fait encore plus entreprenant suite à ça. Vous êtes au plus proche tous les deux et quand tu proposes qu’il enlève son tshirt, tu t’attendais pas à ce qu’il le fasse véritablement. WIN. Le mec est putain de bien foutu et c’est un plaisir. Tu le mates ouvertement et tes mains retrouvent bien vite sur lui quand il te tire contre lui. Sauf que tes lèvres sont occupés par les siennes. Tu réponds au baiser sans sourciller, tes mains se baladant sur la peau d’Adam. Tu continues de danser voyant qu’il fait de même. Tu fais durer le moment parce que c’est très plaisant. La soirée commence parfaitement bien. T’es sûr que tu n’auras pas le plaisir de baiser avec lui, mais c’est pas grave, parce que Calvin arrive bientôt.

Tu te détaches de ses lèvres et tu lui fais un sourire en coin en le matant toujours autant.

« T’as envie de passer à la vitesse supérieure ou ça suffira pour faire chier ton boyfriend ? »

Et tu multiplies les contacts avec son corps, son torse nu et ses fesses surtout, non sans oublier que tu colles ton bas ventre au sien au rythme de tes hanches. Tes lèvres vont de nouveau sur les siennes. Tout cela est beaucoup trop agréable. T’as pas vraiment envie d’arrêter là et ça se sent.

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Message(#)Au bal pas masqué ohé ohé ! EmptySam 24 Nov - 8:33

Koji était parti.

Adam s’en rendit compte quand ses lèvres se détachèrent de celles d’Andy et que, le cœur battant, le corps en feu, il avait jeté un nouveau coup d’œil par-dessus l’épaule de son partenaire de danse. Le Japonais avait disparu sans dire un mot. Sans chercher à les séparer. Parce que… ? Trop timide ? Pas son genre. Parce qu’il approuvait ? Peut-être. Parce qu’il s’en fichait ? Probable. Adam était… vexé. Il s’était dit que peut-être Koji interviendrait. La jalousie aurait été une démonstration d’amour.

Les mains d’Andy étaient toujours sur sa peau. Sa respiration devenait courte. Adam était sensuel. C’était dans sa nature. C’était comme ça qu’il avait excellé dans les arts martiaux, parce qu’il en aimait toutes les sensations charnelles : la fatigue des muscles, le souffle difficile après un long entraînement, la sueur qui roulait le long de la peau, même la douleur et le goût du sang dans sa bouche. Peut-être qu’il était un peu trop animal. Ou primitif. Que sous l’esprit stratégique et méthodique, sous le calculateur bien formé par les services secrets, il y avait un fauve qui réagissait d’abord à tout ce qui se passait dans son corps.

Et Andy était contre son corps.
Et il était si frustré.
Si déçu.
Si…

— La vitesse supérieure…, répéta-t-il, d’une voix altérée par le désir, entre l’interrogation et l’acceptation.

Ils dansaient l’un contre l’autre et le baiser reprit, sans laisser vraiment à Adam l’occasion de réfléchir. Il était déjà allé beaucoup trop loin avec Andy, selon ses propres critères, mais c’était une spirale infernale : son corps en voulait plus, beaucoup plus. Ironiquement, c’était ce que Koji préférait chez lui. Il suffisait d’une caresse pour réveiller ses désirs. Même quand il était fatigué. Ou blessé. Un sourire parfois, même, suffisait à réveiller les instincts les plus conquérants de l’Australien.

Il savait se retenir, cela dit, avec tous les autres, tous les hommes qui n’étaient pas Koji, qui éveillaient un instant son désir et que son sens bien ancré de la morale le poussait à ignorer aussitôt. Il ne se sentait même pas frustré, c’était simplement comme ça que ça marchait. La règle de la société. Mais il était fatigué de ses propres règles, et les mains d’Andy sur ses muscles, la langue d’Andy contre la sienne, le bas ventre d’Andy qui épousait le sien, tout le poussait à bout.

Les lèvres d’Adam quittèrent celles d’Andy mais ce ne fut que pour se glisser dans le cou du jeune homme. Koji n’était plus qu’une lointaine excuse pour céder au désir dévorant qui dormait presque perpétuellement au fond de lui. Se battre et jouir : ses besoins primaires. L’ASIS comblait le premier. La vie frustrait perpétuellement le second.

La musique effrénée fut soudain remplacée par un slow. Officiellement, c’était pour permettre aux plus romantiques de danser doucement. Officieusement, c’était pour pousser les danseurs à une pause et, de préférence, une pause vers le bar, avec consommations hors de prix à la clé. La foule sur la piste se clairsema un peu mais Koji était toujours introuvable. Quelque part dans un coin de son esprit, Adam était presque sûr que son compagnon avait trouvé le chemin de la backroom. Pour le punir de l’avoir puni. Cercle littéralement vicieux.

— Andy…

Il était toujours collé à lui. Il avait glissé une main sous le tee-shirt de l’étranger, pour la poser sur sa peau, au creux de ses reins, et le tenir contre son torse puissant, et l’autre jouait avec les cheveux sur sa nuque. Leurs deux bassins pressés l’un contre l’autre ne permettaient guère d’ignorer, malgré leurs vêtements, le désir qui s’était emparé de lui.

— La personne que t’attends… Elle va arriver bientôt ou…

Dernière chance de faire marche arrière. De préserver ses principes. De sauver sa morale.

— … ou… tu penses que tu as le temps…

La timidité laborieuse avec laquelle il formulait sa proposition tranchait avec sa carrure athlétique et ses gestes assurés, comme si son corps savait pertinemment ce qu’il voulait, et comment le prendre, avec une conviction mâle et primaire, mais que son esprit bataillait toujours avec sa vertu.

— … d’aller ailleurs… ?

Il n’avait jamais mis les pieds dans une backroom, jamais franchi le seuil des toilettes qui servaient dans ces clubs souvent à autre chose qu’à se soulager, il était resté si sage, toute sa vie, si correct, si rangé…

Et tout ça pour quoi… ?
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Message(#)Au bal pas masqué ohé ohé ! EmptyDim 25 Nov - 11:19



Bordel de merde, voilà qu’Adam a envie de passer la deuxième. C’était pas du tout dans tes plans mais tu peux caser ça sans soucis. Tu vas pas laisser cette opportunité passer. Il est sérieux, il est pas en train de te faire marcher. Il commence à t’embrasser dans le cou. Oh bordel. Tu le laisses faire bien évidemment. Il prend ses aises. Il glisse une main sous ta chemise puis la musique change du tout au tout. Adam te demande à propos de Calvin et ça te fait sourire de voir qu’il s’en soucie, mais apparemment pas tant que ça. Ton célèbre sourire en coin se forme sur tes lèvres et quand il propose d’aller ailleurs tu prends sa main sans perdre de temps pour le tirer à ta suite vers les backroom.

Une fois à l’intérieur tu reprends de l’embrasser, le plaquant contre le mur et allant déjà ouvrir son pantalon parce que c’est par là que les choses sont vraiment intéressantes. Avec vos lèvres, avec vos mains, vous vous faites du bien. Tu mènes un petit peu la danse et tu décides que du sexe oral et autres masturbations mutuelles suffiront pour votre moment. Tu te préserves un minimum pour ton plan initial. Ok, peut être aussi que de n’avoir que deux capotes sur toi a joué dans ta décision.

Tu refermes ton jeans une fois l’instant passé. Tu prends presque aussitôt ton téléphone dans la main pour voir si t’as pas un message de Calvin. Non. Toujours pas. Parfait. Tu reportes ensuite ton attention sur Adam et tu lui fais un clin d’oeil. Certainement la dernière fois que tu vas le voir. C’était sympa avec lui mais pas ouf non plus. Une bonne mise en bouche sur une soirée qui promet. Tu es sur le point de filer mais t’as une idée en tête et tu t’exécutes. Plongeant sur le cou de Adam, tu entames un majestueux suçon. Ta main sur l'autre côté de son cou. Autant faire chier le boyfriend un peu plus. Tu prends grave ton temps parce que Calvin n’est toujours pas là.



Dernière édition par Andy Rivera le Mar 27 Nov - 5:56, édité 1 fois
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Message(#)Au bal pas masqué ohé ohé ! EmptyDim 25 Nov - 12:10

— Non.

En une fraction de seconde, l’ambiance changea du tout. À peine le suçon entamé, qu’avec quelques gestes précis, et une force bien dosée, Adam interrompit Andy en le plaquant contre le mur comme s’il avait cherché à neutraliser un agresseur, avant de se reculer d’un pas. Il porta une main à son cou, pour sentir sa peau. Pas de trace. Heureusement. Pas de trace.

Personne n’avait fait attention à son réflexe.
Tout le monde était occupé à ses affaires.

Quelques instants plus tôt, il avait été tout différent. Une main dans les cheveux d’Andy, des soupirs plein les lèvres. Une main refermée sur Andy, avec une poigne chaude et sensuelle. À genoux devant Andy, les yeux levés vers lui. Il savait faire tout ça presque aussi bien que se battre. C’était gravé dans ses os. Parfois, il repensait au mal qu’il avait eu à s’accepter, adolescent, alors que tout cela lui semblait désormais si évident, si précieux — si nécessaire.

Il s’était laissé entraîner dans la backroom. Dans la pénombre, éclairée par les lampes tamisées qu’on avait placées là en quelques endroits stratégiques, dans des alcôves où l’ardeur des danseurs avinés, et souvent droguées, ne risquaient pas de les faire voler à mille morceaux, il avait aperçu sans vraiment y faire attention d’autres corps, plus ou moins habillés. Il y avait une odeur de sueur et de sexe, des cris mal étouffés, des gémissements — à deux, à trois.

Cette ambiance, il ne le savait pas encore, allait l’obséder longtemps. Elle était comme une révélation dangereuse. Il s’était senti à sa place. Comme un animal parmi les siens. Lui qui avait toujours tenté d’être sage, réservé. Correct. Pourtant, pour la première fois depuis une éternité, il était rentré dans une pièce sans tout analyser. Compter les portes, les fenêtres, les gens présents, tout ce qui pouvait servir d’arme, juste au cas où. Pour une fois, ses réflexes professionnels l’avaient abandonné.

Jusqu’au suçon.

— Désolé, dit-il d’un ton soudainement posé, comme s’il n’avait fallu que cette initiative d’Andy pour que son cerveau accomplisse la transition totale entre une passion brûlante et un calme méthodique. C’est pas contre toi.

Il avait encore le goût d’Andy dans sa bouche, au fond de sa gorge.
Ça ne changeait rien.

Son corps devait demeurer neutre. Pas de tatouage. Pas de piercing. Pas de maquillage. Pas de suçon. C’était un instrument de travail qui, à part sa musculature et ses cicatrices, devait absolument demeurer passe partout. Si demain on l’envoyait à Taïwan pour débusquer un secret militaire ou sur les rives de la Vistule pour se faire passer pour Néo-Nazi, il ne fallait pas que les traces de ses frasques nocturnes pussent entamer sa crédibilité ou même simplement retenir l’attention.

Sa respiration, haletante quand il serrait Andy de sa main pour sentir palpiter son plaisir, était redevenu brusquement calme et son cœur s’était ralenti. Le professionnalisme avait repris le dessus. Foutus réflexes. Il n’était plus le gars mélancolique adossé au comptoir qui regardait son homme lui passait sous le nez, ni le fauve plein de désirs refoulés qui s’était laissé capturer sur la piste de danse.

— C’était bien, murmura-t-il, en renfilant son tee-shirt, avant de jeter un regard circulaire tout autour d’eux.

Voilà.
Portes comptées. Fenêtres recensées. Participants catalogués.
Objets contondants, tranchants, pour étrangler, pour immobiliser, soigneusement mémorisés.

Lui qui s’était laissé si facilement émoustillé par un couple qui s’embrassait au bar avait l’air subitement indifférent face aux hommes qui s’emboîtaient en poussant des râles de plaisir à quelques mètres de lui à peine.

— Très bien, même.

Il avait un ton à peu près aussi personnel que s’il avait contemplé Andy sur ses nouvelles chaussures.

Pendant une fraction de seconde, une paranoïa typique du métier lui fit se demander si, par hasard, Andy n’était pas un honeypot, un agent placé sur son chemin pour le séduire. Ses yeux se plissèrent légèrement et son regard se fit inquisiteur. Puis il rejeta l’idée.

— Désolé, répéta-t-il. Un réflexe. Ça m’a surpris.

Il avait des réflexes drôlement martiaux et drôlement millimétrés.

— J’crois que j’devrais y aller. Tout ça, c’était pas une riche idée.

Il avait eu l’air d’un avis bien différent, quelques instants plus tôt, en soupirant de plaisir entre les lèvres d’Andy.

Mais Adam restait Adam, et il se sentait gêné de partir comme un goujat.
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Message(#)Au bal pas masqué ohé ohé ! EmptyMar 27 Nov - 6:23



Il t’arrête dans ton élan. T’es vraiment surpris. Le gars il te suit au doigt et à l’oeil depuis tout à l’heure alors que tu pensais pas mais là, un suçon, il veut pas. Ouais bon ok. Tant pis pour lui. C’était juste des armes en plus contre son boyfriend. Il est vraiment con de pas en profiter. Il doit voir ton incompréhension sur ton visage parce qu’il s’excuse de son geste. Tu t’en fou, t’es juste très étonné. Il insiste disant que c’est pas contre toi.

« C’est bon je vais pas te faire une scène. Chill. »

C’était bien. Ouais. C’est le bon terme. C’était cool. Imprévu. Sympa. Tu le mates se rhabiller parce que bordel ce mec est quand même beaucoup trop plaisant à regarder. T’as encore son goût dans la bouche et ça te fais kiffer. Tu sais pas si c’est ton regard insistant sur sa personne qui a joué quelque chose là tout de suite mais Adam surrenchéri en disant que c’était même très bien. Ca te plaît qu’il te donne son feedback comme ça. T’es toujours là pour écouter combien t’es doué de tes mains et ta bouche. Peut importe qu’il n’ait pas l’air très enjoué. Il l’a dit. C’est ce qui compte. Il a l’air de cogiter pas mal vu ce regard qu’il te lance et il s’excuse de nouveau. Là tu commences à rouler des yeux. Tu vas pour dire un truc mais il lance qu’il va y aller. Il est même en train de regretter ce qu’il a fait. Double roulement d’yeux.

« Ouais allé bye. »

T’as pas le temps pour les gars qui se prennent la tête après avoir tiré leur coup sous une impulsion. Fallait y penser avant. Tu fais un pas en arrière avant de filer. Adam est encore planté là alors que c’est lui qui a dit qu’il devait y aller. Sûrement encore en train de se monter la tête avec les conséquence de ses actions. Pas ton problème. Toi t’as un petit Calvin avec qui passer une bonne soirée. Enfin, s’il est là.


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